
La formidable campagne d'information/désinformation médiatique entreprise pour nous faire "admettre" l'intervention en Syrie nous contraint à d'étranges comportements.
Ainsi,me voici contraint d'écouter alternativement ou parallèlement les sons de cloche discordants émis en français par " La voix de l'Amérique" et " La voix de la Russie" pour me faire une opinion mieux « ajustée » quant aux tenants et aboutissants de la guerre civile syrienne.
Ainsi me voici contraint de courir de Marianne au Huff en passant par Rue89, l'Express et Médiapart pour avoir quelque idée des opinions divergentes de leurs lecteurs.
Une chose est certaine, toutefois : je ne saurais me satisfaire des analyses et commentaires distillés ou assénés par les chaînes françaises qui relaient la propagande officielle.
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"Pour la première fois, Hollande évoque des frappes aériennes en Syrie" titrait le HUFF voici peu.
Il n’y a pas si longtemps son prédécesseur les avait évoquées ….. et les avait même mises en oeuvre. C’était sous d’autres cieux. Mais une certaine continuité, d’autres diraient une continuité certaine, apparaît en ce domaine comme en d’autres.
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Message de Nabila :
"Hé ! Mélanchon ! Ton capitaine a quitté son pédalo pour un mirage ! Et tu dis rien" ?
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Aujourd'hui, en Syrie, il semblerait que le scénario irakien se renouvelle.
D'abord on diabolise et on criminalise. Puis on intervient sous les applaudissements de tous les lobotomisés.
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Colin Powell et John Kerry : l'histoire se répète: tous deux nous "terrifient" en évoquant les armes chimiques détenues, voire utilisées par l'adversaire (Irak jadis, Syrie actuellement) .
Kerry s'honore tout de même de l'adhésion inconditionnelle de deux indéfectibles pseudo croyants : Fabius et Hollande.
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Dans un passé récent nous connûmes le scenario Libyen avec Obama, Cameron et Sarkozy.
Aujourd'hui nous voyons se dérouler le scenario Syrien avec Obama, et Hollande.
Même commanditaire mais un caniche en moins.
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Les manipulations et les désinformations antérieures (Timisoara, Irak notamment) permettent d'être particulièrement sceptique. Le prétexte dont s’est servi l’Allemagne nazie pour envahir la Pologne fait figure de précédent historique.
Il y a de quoi s'étonner par ailleurs qu'il ait fallu attendre 100.000 morts pour que les interventionnistes réagissent par la menace des armes. Ces derniers, d'ailleurs, ont par le passé démontré, pour certains, que l'utilisation de l'arme chimique ne leur posait pas problème. (guerre Iran/Irak, Vietnam).
Une solution politique négociée constitue la solution la plus intelligente. Mais les intérêts des interventionnistes principaux (nos responsables actuels étant simplement et pitoyablement à leur remorque) font que l’objectif de l’affaiblissement militaire de Bachar El Assad au profit des rebelles qui sont leurs affidés est largement privilégié.
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Pour justifier par avance les bombardements de Damas, la presse a lancé le pilonnage médiatique. Les rumeurs sur l’utilisation des armes chimiques par le régime syrien sont devenues une vérité révélée.
En Grande-Bretagne, la presse britannique somme David Cameron de bien réfléchir avant de jouer au Tony Blair conservateur en fonçant tête baissée sur la Syrie. En Italie, tout le monde prend l’affaire des attaques chimiques avec des pincettes. En Allemagne, la prudence est de mise, au gouvernement comme dans les médias.
Aux Etats-Unis, nonobstant les déclarations d’un Obama que l’on a connu plus inspiré (c’était il y a longtemps, c’est vrai), certains éditorialistes, à l’image de l’opinion américaine, sont très sceptiques sur le soudain virage de la Maison Blanche. D’aucun vont même jusqu’à regretter qu’Obama se soit ligoté les mains en déclarant que l’usage des armes chimiques constituait « une ligne rouge. »
En France, rien de tel. A de très rares exceptions, la presse et les éditocrates se sont rangés derrière la version officielle comme des soldats derrière leur lieutenant. Chacun, à sa manière, reprend un discours répété en boucle. La fameuse « ligne rouge » a été franchie avec l’utilisation d’armes chimiques par Bachar Al-Assad. Il faut donc le « punir » - élément de langage conçu dans les agences de com de la Maison Blanche et repris tel quel par un François Hollande transformé en petit messager.
Vous avez aimé les faux charniers de Timisoara (Roumanie) ? Les bébés assassinés dans leurs couveuses du Koweït par Saddam Hussein ? Les massacres arrangés de Racak (Kosovo) ? Les fioles exhibées par Colin Powell à l’ONU comme preuves de l’existence des armes de destruction massive de l’Irak ? Vous adorerez l’utilisation d’armes chimiques.
D’ailleurs, la confirmation de leur usage est imminente. Elle ne viendra pas de Damas où l’ONU a envoyé ses experts, mais de Washington, où la Maison Blanche a les siennes. Enquêter dans les rues de la capitale américaine, c’est quand même plus sûr que dans les quartiers de la capitale syrienne. Colin Powell aurait-il repris du service à l’insu de son plein gré ?
Que la Syrie possède des armes chimiques, nul n’en doute. Qu’elle puisse les utiliser, c’est possible. Bachar Al-Assad est capable de tout, surtout du pire. Son passé comme son présent sont là pour en témoigner. Mais pour l’heure, sur ce sujet explosif – au sens plein du terme – nul ne sait rien.
Le régime peut avoir utilisé ces armes prohibées par le droit international. Mais une partie des rebelles peut en avoir fait autant. Un dépôt où étaient entreposées ces bombes toxiques peut aussi avoir été touché involontairement. Aucune de ces hypothèses n’est à exclure. Mais aucune preuve formelle n’a pu être apportée. Et, dans tous les cas, l’important est de se demander si une éventuelle intervention étrangère servirait ou non à servir la cause de la paix.
Or, pour les va-t-en guerre du cirque médiatique, la cause est entendue. BHL s’est aussitôt exhibé sur les écrans pour dire tout le bien qu’il pensait d’une opération inspirée de celle qui a permis de tuer Kadhafi mais aussi de livrer la Libye au chaos. Bernard Kouchner a expliqué qu’il aurait fallu lancer l’assaut depuis longtemps.
Laurent Joffrin, du Nouvel Obs, ex-soutien enthousiaste de la guerre du Kosovo, a appelé à la mobilisation générale. Il a même expliqué dans un éditorial que « Saddam Hussein mis à part, aucun pays n’a fait l’usage de l’arme chimique au combat depuis près d’un siècle ». On en déduira donc que l’agent orange déversé par les Etats-Unis sur le Vietnam avait vocation à permettre l’embellie printanière de la flore locale, ou que l’aide apportée par la CIA à l’Irak de Saddam Hussein pour gazer les Iraniens lors de la guerre entre les deux pays relevait de l’intoxication au gaz de la désinformation.
Comme l’a écrit Nathalie Nougayrède dans un éditorial du Monde digne de passer à la postérité :« Le crime de trop appelle une riposte ».
Passons sur le « crime de trop », comme si 100.000 morts depuis mars 2011, ce n’était pas assez. Selon la directrice du Monde, l’emploi d’armes chimiques « ne fait guère de doute ». C’est donc qu’il y a doute. Mais tout le reste du propos consiste à expliquer qu’il n’y en a pas, qu’un « tabou »a été levé, que « le crime chimique d’ampleur change la donne », qu’il s’agit d’un « Srebrenica syrien » (sic), et qu’il faut agir au plus vie puisque de toute façon « le régime syrien s’est employé à détruire, depuis le 21 août, les éléments de preuve ».
En quelques lignes, on est passé du doute à la certitude, du conditionnel au présent. En fonction de quoi ? Des seuls éléments fournis par la faction intégriste des « rebelles » syriens contre qui l’Occident a mené la guerre en Afghanistan ou au Mali en expliquant qu’elle représentait le Mal absolu. Et aujourd’hui, par la grâce de Jésus et de Mahomet réunis, ils deviennent soudain fiables, crédibles, honnêtes ?
Comprenne qui pourra. En vérité, les adeptes de l’intervention humanitaire à géométrie variable sont retombées dans le schéma binaire qu’ils adorent par-dessus tout : les Bons contre les Méchants, le Bien contre le Mal.
Si l’on est contre Bachar Al-Assad (et il n’y a aucune raison d’être pour) il faut soutenir ceux qui le combattent, même s’il y a parmi eux de futurs Bachar Al-Assad en puissance. Toute approche circonstanciée est à bannir. Toute interrogation sur les conséquences d’un engrenage incontrôlable dans la région est hors de saison. Il faut in-ter-ve-nir, comme si la seule forme d’action possible était le bombardement, avec sa cohorte de morts civils.
On a pourtant entendu des voix fort diverses mettre en garde contre les dangers de l’intervention, de Jean-Luc Mélenchon au Pape François en passant par François Bayrou, Pierre Lellouche, François Longuet, Pierre Laurent, ou l’évêque catholique d’Alep. Des analystes ont resitué le conflit dans son contexte régional et son héritage historique, rappelant qu’en Syrie, la France et la Grande-Bretagne, les deux anciennes puissances coloniales, pouvaient vite susciter un phénomène de rejet.
Un homme comme Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller de Jimmy Carter, a relevé non sans raison que l’occident mobilisait son armada au moment même où Damas semblait prendre le dessus face à ses adversaires. Enfin, l’opposition laïque à Bachar Al-Assad a rappelé qu’elle s’opposait fermement à toute intervention étrangère.
Dans les médias, ces commentaires et ces réactions ont été balayés comme poussière après l’explosion de la bombe. Ne reste que la voix des adeptes de la guerre rajoutée à la guerre. « Ce n’est pas le doute qui rend fou, c’est la certitude », disait Nietzsche. Certains sont fous de leur certitude.
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Intervention en Syrie: Obama ne s'est pas décidé, Londres attend l'enquête de l'ONU
U ZINU :
Hier on nous annonçait qu’Obama avait pris sa décision sur la foi d’écoutes téléphoniques transmises par la NSA, écoutes faisant état d’échanges absolument édifiants (et accusateurs, cela va de soi) entre hauts responsables syriens.
Cela présentait un double avantage :
- justifier l’espionnage planétaire mis en place par la NSA.
- légitimer l’intervention et les « frappes punitives ».
Qu’en est-il du « contenu explosif » de ces écoutes ?
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Hier faucons, aujourd'hui colombes ? J'en doute.
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HOLLANDE sera-t-il contraint de ranger son martinet ?
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Ce tableau de Jean-Léon Gérôme (1896), me servit à illustrer l'intervention en Libye de notre précédent calife, le bien aimé Sarkozy, qui désirait châtier son ancien ami Mouammar.
Las ! Me voici contraint aujourd'hui d'illustrer de la même manière l'ardeur punitive qui anime son successeur, le docile affidé d’Obama, à propos de la Syrie.
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01/09/2013
Obama rentre momentanément son épée dans le fourreau.
Holllande continue à faire des moulinets avec son sabre de bois.
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"Pauvre démocratie française: seul pays où le parlement est considère avec tant de mépris".
Ma foi,après cette déclaration, Morin remonte quelque peu dans mon estime.
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"Si vous voulez un ami à Washington, prenez un chien": le président Barack Obama a suivi ce conseil attribué à son lointain prédécesseur Harry Truman en accueillant un second compagnon à quatre pattes à la Maison Blanche.
….. titrait LEXPRESS.fr en date du 20/08/2013
Relisant l’article en question dans mes archives …… il m’est venu quelques pensées pernicieuses.
Disons qu'il est difficile de mener en laisse deux caniches à la fois.
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RÉSEAU INTERNATIONAL
Site de réflexion et de réinformation
SYRIE: LA LETTRE D’UN ANCIEN AMBASSADEUR DE FRANCE À FRANÇOIS HOLLANDE8 septembre 2013 · par avic · dans France, Géopolitique,
U zinu se fait un plaisir de reproduire cette lettre à la fois cinglante et ironique.
Mexico, le 2 septembre 2013
Monsieur le Président de la République,
Dans l’épreuve que subit actuellement l’humanité du fait de la présence d’armes chimiques en Syrie, vous avez pris la tête d’un grand mouvement mondial au nom de « l’obligation de protéger » les populations civiles menacées. Vous avez très bien expliqué dans votre discours du 27 août devant vos Ambassadeurs que c’était là la vocation de la France, comme elle l’a fait en Libye récemment, et qu’elle ne manquerait pas à son devoir. Votre détermination exemplaire devrait rapidement convaincre vos partenaires européens flageolants et les opinions publiques pleutres, en France, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis et partout dans le monde, du bien-fondé d’une intervention militaire chirurgicale en Syrie.
Naturellement, comme vous l’avez rappelé le 27 août, « l’obligation de protéger »s’inscrit dans une démarche très réglementée par les Nations Unies et incombe en premier lieu aux Etats concernés : protéger leur propre population. En cas de défaillance de leur part, c’est au Conseil de Sécurité qu’il appartient de décider des modalités de mise en œuvre de ce principe. Sous votre conduite, la France s’honorera si elle fait respecter à la lettre cette avancée importante du droit international. Je suis sûr que le Président Poutine sera sensible à vos arguments tout comme le Président Xi Jiping et qu’ils ne feront pas obstacle à vos projets en opposant un veto au Conseil de Sécurité. Peu importe que l’objectif final soit encore un peu flou, ce qui compte c’est la défense énergique de principes clairs.
De même, je suis sûr que d’autres pays suivront la France dans son intention de livrer des armes aux rebelles syriens, malgré les risques que cela comporte. M. Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères, a annoncé qu’il exigerait des destinataires des armes françaises qu’ils signent un « certificat d’utilisateur final ». Avec une telle fermeté nous aurons l’assurance que nos armes ne tomberont pas entre les mains des combattants Jihadistes du Front Al Nusra-Al Qaeda, qui font partie de la Coalition rebelle (encore très hétéroclite mais que avez le mérite de vouloir unifier, bon courage !) et ne se retourneront pas contre les pays occidentaux qui les ont aidé ou leurs rivaux au sein de la Coalition, voire des populations civiles.
Nous voilà rassurés. Al Qaeda devrait comprendre le message fort que vous lui envoyez. Il est important de bien expliquer que notre ennemi reste le Terrorisme International, même si de temps en temps il faut se montrer pragmatique, comme disent nos amis anglo-saxons, et tendre la main à ceux qui veulent notre perte. Ceux-ci ne devraient pas être insensibles à nos gestes amicaux. Vos services devraient pouvoir sans peine démentir l’information diffusée par l’agence Associated Press selon laquelle des armes chimiques livrées par notre allié l’Arabie Saoudite (le Prince Bandar Bin Sultan, chef des services saoudiens de renseignement) au Front Al Nusra-Al Qaeda auraient été manipulées maladroitement par ces apprentis-sorciers.
Une fois ce point éclairci vous aurez les mains libres pour agir sur la base des informations fournies par les Etats-Unis et Israël qui ont toute votre confiance. Toutefois il ne serait pas inutile d’éviter que se reproduise le scénario de 2003 aux Nations Unies lorsque Colin Powell a exhibé des photos truquées et un flacon de poudre de perlimpinpin comme preuves irréfutables de la présence d’armes de destruction massive en Irak ! Principe de précaution élémentaire. On vous fait confiance, c’est la crédibilité de la France qui est en jeu.
Quand aux objectifs militaires de cette opération, il paraît évident qu’ils doivent être en priorité de détruire par des moyens aériens les dépôts d’armes chimiques sans les faire exploser au nez de la population civile, ce qui serait un véritable désastre, et de neutraliser tous les engins qui permettent leur utilisation (missiles, chars, lance-roquettes etc.), sans mettre en péril la vie de nos soldats sur un terrain incertain. Si les Américains ont du mal à identifier les cibles, les services français de renseignement se feront un plaisir de leur fournir toutes les informations dont ils disposent, de telle sorte que l’opération soit courte et cinglante et que grâce à vous les armes chimiques soient définitivement éradiquées de la planète.
Les populations que nous allons protéger auront un prix à payer pour le service rendu et doivent accepter d’avance les quelques centaines ou milliers de morts que peuvent provoquer les effets collatéraux de cette opération et leurs conséquences en cascade. Mais c’est pour leur bien. Si vous prenez la tête de la manœuvre à la place de vos collègues Obama et Cameron, qui semblent rétropédaler avant même que le coup d’envoi ait été donné, Bashar Al Assad comprendra très vite à qui il a affaire. L’Occident ne doit pas de mollir, ce serait un mauvais signal au reste du monde, on compte sur vous pour tenir la barre fermement.
Lorsque cette mission humanitaire sera terminée et que Bashar Al Assad aura fait amende honorable après la tripotée qu’on va lui mettre tout en le laissant au pouvoir, vous aurez la satisfaction d’avoir contribué à appliquer en Syrie la théorie du « chaos constructif » élaborée par des « think tanks » américains à l’époque de George Bush, en espérant que les grandes entreprises américaines, principales bénéficiaires du chaos, auront la bonté de laisser aux entreprises françaises la possibilité de tirer quelques avantages du désordre institutionnalisé qui a désormais vocation à se substituer à des Etats forts comme c’est le cas en Irak ou en Libye. Quelques contrats pétroliers feraient bien l’affaire de nos grands groupes.
Après cette victoire pratiquement acquise d’avance, il vous appartiendra de porter ailleurs le message humanitaire universel de la France. Les crises sont nombreuses dans le monde, la liste des dictateurs sanguinaires est longue, et des millions d’hommes, de femmes et d’enfants attendent avec joie que la France puisse les protéger comme elle s’en est donnée la mission. On pense toujours à l’Afrique qui arrive au premier rang de nos préoccupations. Mais il y a le feu dans de nombreuses régions du monde. Une intervention humanitaire en Palestine serait la bienvenue, vous y songez certainement.
Au Mexique, on estime à 70.000 les morts provoqués par la violence des groupes criminels et des forces de sécurité et 26.000 disparus durant de sexennat du Président Calderón (2006-2012). Après la première année du mandat du Président Peña Nieto, on dénombre déjà 13.000 morts. En toute logique avec de tels chiffres la population civile mexicaine devrait être éligible aux bénéfices du programme « obligation de protéger » concocté par la « communauté internationale », même si celle-ci se réduit aujourd’hui à la France seule. Au point où nous en sommes, il faut bien qu’un pays se dévoue pour être l’avant-garde agissante d’une communauté internationale amorphe et irresponsable, « ensemble gazeux et incertain » comme a dit Hubert Védrine à propos de l’Union Européenne. Mieux vaut être seul que mal accompagné. S’agissant du Mexique, on pourra tirer les leçons de l’intervention militaire française de 1862 et ne pas répéter l’erreur qui a conduit à la déconfiture les armées de Napoléon III : déclencher des opérations militaires injustifiées et lointaines qui dépassent nos forces.
Pour cela il faudra, mais vous l’avez évidement prévu, programmer davantage de moyens budgétaires, par exemple pour la construction de nouveaux porte-avions nucléaires, les avions et missiles qui vont avec. Le « Charles de Gaulle » rend de brillants services lorsqu’il n’est pas immobilisé dans nos arsenaux pour de trop longues périodes de révision, mais il aura du mal à répondre seul à toutes les demandes d’intervention surtout lorsqu’il devra croiser dans des mers lointaines, exotiques et dangereuses. Je suis sûr que vous saurez persuader nos compatriotes que dans les circonstances actuelles, le monde occidental, pour poursuivre sa mission civilisatrice, pilier de la globalisation, devra s’en donner les moyens budgétaires.
On se souvient des contraintes qui ont empêché les forces françaises de frapper encore plus massivement la Libye. Leurs stocks de missiles se sont rapidement épuisés et le budget de la Défense n’avait pas prévu que l’abominable Khadafi, pourtant ami intime de votre prédécesseur, serait aussi peu sensible à nos problèmes budgétaires en opposant une résistance aussi farouche qu’inutile. La population, si elle est bien informée, acceptera certainement de bon gré l’augmentation des impôts et les coupes dans les dépenses publiques, notamment sociales, comme les bourses scolaires pour les français de l’étranger, ainsi que la réduction des moyens du réseau diplomatique, consulaire, éducatif et culturel français dans le monde si c’est le prix à payer pour que la France garde son statut de grande puissance mondiale. Tout est question de pédagogie.
Monsieur le Président, vous n’êtes pas sans savoir que nos amis et alliés américains n’ont pas toujours une très bonne image dans le monde. La France, avec les Présidents De Gaulle, Mitterrand et Chirac, a joui d’un grand prestige international, justement parce ce qu’elle parlait d’une voix différente de celle de ses alliés occidentaux. Le Président Sarkozy a mis fin à cette tradition diplomatique, pensant que la France avait tout intérêt, dans le contexte de la mondialisation et face à la montée en puissance de nouveaux acteurs, à se fondre dans « la famille occidentale » et à réintégrer l’appareil militaire de l’OTAN, c’est à dire à mettre ses forces conventionnelles sous le commandement américain.
« O tempora ! O mores ! » comme a dit Ciceron en son temps. Mais vos Ambassadeurs ont déjà du vous signaler que dans de nombreux pays la France est désormais perçue comme un relais servile de la politique américaine. Des épisodes récents, comme l’affaire Snowden avec l’interception du Président Evo Morales lors de son survol de l’Europe, ont pu donner cette impression fâcheuse, mais je suis convaincu que vous n’aurez aucun mal à persuader vos interlocuteurs du monde entier que cette perception est erronée, car c’est en toute indépendance que vous avez confirmé l’ancrage de la France dans sa « famille occidentale ».
Enfin, je pense que vous avez réfléchi à la meilleure manière de protéger les populations mondiales des catastrophes humanitaires provoquées par le capitalisme mafieux et prédateur à l’origine des dernières crises économiques et financières. Il est probablement dans vos intentions de proposer à vos collègues du G7 et du G20 que vous allez rencontrer au Sommet de Saint Pétersbourg de changer de cap pour mettre fin à l’économie-casino et à l’empire de la finance sans contrôle. L’opinion publique mondiale, les chômeurs en Grèce, au Portugal, en Espagne, en France et ailleurs, apprécieraient vraisemblablement des frappes chirurgicales sur le FMI, la Banque Centrale européenne, la City de Londres, quelques paradis fiscaux « non-coopératifs » ou d’improbables agences de notation qui font plier les gouvernements.
Une telle cohérence dans l’application de « l’obligation de protéger » honorera la France et son Président. En continuant sans relâche sur cette voie et en défendant comme vous le faites le droit international et les normes fixées par les Nations Unies, il ne fait aucun doute qu’avant la fin de votre mandat vous rejoindrez votre collègue et ami Barack Obama dans le club très sélect des Prix Nobel de la Paix. Vous l’aurez bien mérité.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma très haute et respectueuse considération.
Pierre Charasse, Français de l’étranger, contribuable et électeur
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REFLEXIONS SUR L'INTERVENTIONNISME PRESIDENTIEL
De Gaulle disait : « la politique de la France ne se joue pas à la corbeille ».
Il se dira peut-être plus tard: "Sous la Présidence de Hollande, la politique de la France se jouait .... à Washington".
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Une politique de Gribouille : une succession d'errements et de contradictions ne constitue pas une politique.
Exemples : comment peut-on à la fois « pourchasser » les Islamistes au Mali et se faire leur allié en Syrie ?
Comment peut-on, après avoir critiqué l’atlantisme de Sarkozy, aller plus loin que lui dans l’inféodation aux E.U
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La "tuerie confessionnelle" est alimentée, si ce n'est attisée, par des stratèges extérieurs qui jouent alternativement, successivement, ou parallèlement, avec les antagonismes religieux et les cultures traditionnelles. Ces stratèges sont assez connus pour qu’il soit inutile de les nommer.
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Les raisons de l’interventionnisme présidentiel en Syrie :
1. Les investissements qataris en France.
2. Les ventes d'armes aux monarchies golfiques, notamment de certains avions invendables.
3. Les ordres venus des E.U
4. Peut-être une tractation pour avoir la paix dans les cités (calcul assez sot).
5. Une possible négociation pour la libération de certains otages.
6. Un échange du style préservation des intérêts occidentaux en Afrique sahélienne contre dépeçage de la Syrie.
7. L'inscription dans un plan de recomposition de la carte géographique du Moyen Orient imaginé par le Pentagone et la CIA.
8. Le choix (supposé plus "avantageux") des Sunnites au détriment des Chiites.
9. La participation à la déstabilisation de l'Iran, en accord avec Israël et les E.U.
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Syrie: l'ONU ordonne la destruction des armes chimiques
Le HuffPost/AFP | Publication: 28/09/2013
"La fermeté a payé", a estimé Laurent Fabius en rappelant cette menace. "La coopération de la Syrie devra être inconditionnelle, la transparence totale".
u zinu :
Et Fabius qui continue à jouer les gros bras, alors que tout le monde sait désormais qu’il a fait vainement antichambre et qu'il a été totalement écarté de la négociation bilatérale États Unis –Russie.
Si les Français ont quelque peu oublié ses antécédents en politique intérieure, ils sauront lui rappeler ( et rappeler à Hollande) en temps opportun qu'il s'est prêté avec une complaisance empressée à la manipulation montée par les "services spécialisés" anglo-américains,et les pétromonarchies golfiques.
Il en a même tellement rajouté dans la « commedia dell’arte » que cela a pris des allures de sketches à répétition.
En somme, un mélange de Matamore et de Gribouille.
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Guerre en Syrie: la géopolitique du conflit
Ce billet est la suite du billet Syrie: le départ de Bachar al-Assad changera-t-il quelque chose? de Milad Jokar.
SYRIE - La guerre civile en Syrie est bien plus complexe qu'on ne veut le croire. Il ne s'agit plus d'un simple mouvement démocratique contre une dictature. Cela va même au-delà d'une guerre civile entre une opposition contre un régime. Désormais, il s'agit d'un conflit régional qui déborde chez les pays voisins, le tout entremêlé de conflits sectaires. La Syrie est devenue un théâtre de guerre dans lequel les puissances régionales tentent d'imposer leur influence et défendre leurs propres intérêts géostratégiques et économiques.

La France aussi se doit de tirer son épingle du jeu. Le gouvernement a fondé son discours politique sur une rhétorique dure qui appelle à ce que Bachar al-Assad "dégage". Car suite aux massacres, le régime a effectivement perdu sa légitimité et ne peut rester au pouvoir. Cependant, la crise est tellement profonde que le départ du dirigeant syrien ne stoppera pas la montée de l'islamisme radicale ni l'infiltration d'Al-Qaïda causée par l'érosion de l'Etat. Par ailleurs, son départ ne stoppera pas le bain de sang causé par cette guerre civile qui est alimentée principalement par le Qatar, l'Arabie Saoudite et la Turquie d'un côté, et par l'Iran, la Russie et certains groupes irakiens chiites de l'autre.
La France et ses deux principaux alliés européens, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, ont choisi leurs alliés et continuent d'œuvrer pour la chute du régime Syrien pour plusieurs raisons qui sont plutôt d'ordre géostratégique et économique qu'humanitaire. Bien que l'Union Européenne souhaite montrer sa force sur la scène internationale en termes de résolution de conflit, les différents gouvernements de l'EU défendent leurs intérêts et utilisent un discours politique idéalisant en appelant à la paix et la démocratie.
Cependant, d'un point de vue réaliste, il existe trois enjeux stratégiques principaux: l'isolement de l'Iran, le maintien de l'alliance stratégique et économique avec des alliés arabes comme le Qatar, et enfin assurer les besoins énergétiques en gaz vers l'Europe.
Isolement de l'Iran
L'un des piliers de la politique étrangère de la France consiste à isoler l'Iran à cause de son programme nucléaire. La chute d'un allié stratégique de Téhéran tel que Bachar al-Assad serait un coup dur pour la République islamique dans son bras de fer qui l'oppose à l'Europe et les États-Unis. En effet, l'alliance stratégique avec Damas permet à l'Iran de conserver son "axe de résistance" chiite Irak-Syrie-Liban (Hezbollah).
D'une part, ces partenariats permettent à Téhéran de contrer l'isolement infligé par les sanctions européennes et américaines. D'autre part, ils permettent à Téhéran de conserver des "proxies" qui lui servent de levier pour les négociations sur le nucléaire et pour contrer les menaces d'attaques israéliennes. Dans cette optique, la chute de Bachar al-Assad en faveur d'un pouvoir qui accepte d'isoler l'Iran va dans l'intérêt de l'Europe et des pays arabes rivaux dans le Golfe Persique (principalement l'Arabie Saoudite, le Qatar et les Emirats Arabes Unis).
Maintenir l'alliance stratégique et économique avec les alliés du Golfe Persique
La France a privilégié le partenariat avec l'un des principaux rivaux de l'Iran, le Qatar. Déjà sous la présidence de Nicolas Sarkozy, L'Emir Hamad Ben Khalifa al-Thani fut le premier chef d'Etat arabe à être reçu au Palais de l'Elysées en 2007. C'est désormais François Hollande qui continue cette relation spéciale. Depuis son élection, le Qatar est le pays qui a le plus été reçu à l'Elysée avec une visite de l'Emir le 22 août et deux visites plus discrètes du Premier ministre Hamad Ben Jasem al-Thani.
Cette puissance économique investit des milliards dans l'immobilier de luxe, dans le capital des entreprises du CAC 40 (comme Total, Vivendi, Veolia, Lagardère, Suez, LVMH ou encore Bouygues et Vinci pour les différents chantiers du mondial 2022 au Qatar), le sport (avec l'achat du PSG -foot et hand), les médias et dernièrement dans des projets dans les banlieues parisiennes.
L'Europe est en crise économique et ces investissements permettent au Qatar d'influencer la politique de la France. Il en est de même pour l'Allemagne où le Qatar détient 17% du capital de Volkswagen, 10% de Porsche, 9% du géant de construction Hochtief ou encore plus récemment 3% de Siemens.
Les investissements Qataris en Grande Bretagne sont également importants, voir plus. Avec 20% des parts du London Stock Exchange, il est le principale actionnaire de Barclays. Par ailleurs, l'émirat a investit massivement dans les Jeux olympiques, il a financé à 95% le plus haut building de Londres (le Shard) et il fourni à hauteur de 95,5% la Grande Bretagne en Gaz Naturel Liquéfié (GNL), alimentent ainsi les foyers britanniques.
Par conséquent, le Qatar sait mettre en avant sa vision sur le long terme en influençant les gouvernements européens en crise à adopter une ligne dure contre Bachar al-Assad. En appelant à une intervention militaire contre le régime de Damas, le Qatar tire sur la corde afin que ses alliés européens durcissent le ton.
Géopolitique du gaz
L'Europe a des besoins énergétiques en gaz importants. Par conséquent, l'acheminement du gaz qatari vers l'Europe représente l'un des multiples enjeux géostratégiques de la crise syrienne.
Le Qatar partage avec l'Iran le plus grand champ gazier du monde, le South Pars (côté iranien) / North Dome (côté qatari). Il existe des tensions entre les deux pays car l'Iran ne peut pas exploiter le gaz à la même allure que le Qatar, principalement à cause des sanctions et l'Iran voit donc d'un mauvais œil que le Qatar "vide" le champ commun.
L'Iran, l'Irak et la Syrie ont signé il y a plus d'un an un accord pour la construction du gazoduc (le pipelineistan ) qui a pour objectif d'acheminer le gaz du Golfe Persique jusqu'en Méditerranée, et ainsi alimenter l'Europe.
De son côté, le Qatar passe par le détroit d'Ormuz et se trouve donc tributaire de l'Iran pour l'exportation de son gaz naturel liquéfié (par méthaniers). L'émirat avait pour projet de construire un gazoduc passant par l'Arabie Saoudite, la Jordanie et la Syrie. Seulement, Bachar al-Assad avait refusé ce projet, préférant signer un accord avec son allié iranien mais surtout pour conserver ses échanges énergétiques sur le long terme avec la Russie.
Par conséquent, l'Europe -qui est en grande partie dépendant du géant russe Gazprom pour ses besoins énergétiques - a intérêt à voir un pouvoir sunnite qui pourrait protéger un gazoduc Qatar-Arabie Saoudite-Jordanie-Syrie afin de diversifier ses sources et diminuer sa facture de gaz. Par ailleurs, ce chemin permettrait à l'Europe d'isoler d'avantage l'Iran en empêchant de s'approvisionner par un "gazoduc chiite" Iran-Irak-Syrie. La pièce maîtresse est donc la Syrie et le Qatar, l'Arabie Saoudite et la Turquie sont prêts à alimenter le conflit en armes pour qu'Assad quitte le pouvoir.
Alors que les diplomates des Nations Unis s'accordent pour une solution diplomatique fondée sur une transition politique en Syrie, les intérêts géostratégiques changent la vision des acteurs politiques qui axent leur rhétorique sur une paix qui dépend du départ de Bachar al-Assad.

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S'apercevant qu'en Syrie, la guerre contre Bachar El Assad est surtout menée par les islamistes, en passe d'éliminer les "démocrates" télécommandés par le camp occidental, voici que la donne change: sus aux islamistes et soutien exclusif aux "affidés".