
Publié par « Cui cui fit l'oiseau » (en LIEN sur « U zinu » ) et livré « tel quel », en précisant toutefois que le texte émane d’un compatriote corse que les uns trouveront lucide et d'autres excessif.
Derrière le rideau de l'humour noir, le lecteur attentif découvrira cependant la tendresse de l'auteur pour son île.
Lundi 9 juin 2014
Chapître 1 : les animaux errants. Un guide spécial pour vous dissuader de passer vos vacances en Corse.
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Amie touriste, compagnon randonneur, envahisseurs continentaux...
Vous avez donc décidé de passer vos vacances sur notre belle île malgré les tarifs prohibitifs des transports maritimes et le coût de la vie qui augmente systématiquement de 30 % lors de votre arrivée sur notre terre inhospitalière.
Fort bien.
Sachez que vous n'êtes pas les bienvenus, car non seulement nous détestons les cohortes de vacanciers mal élevés, mais de plus, nous jugeons que la transhumance est essentiellement réservée aux troupeaux de bêtes à cornes.
Aussi est-il de mon devoir de vous prévenir des nombreux dangers qui vous vous guetteront à chaque détour de chemin.
1) Les animaux errants ou en divagation.
- Les ânes
Tandis que vous roulez tranquillement dans votre véhicule sur les routes tourmentées et dangereuses de l'arrière pays montagneux, un paisible attroupement d'ânes corses attire votre attention, et surtout celle de vos charmants bambins.
Imprudemment, vous vous arrêtez, et c'est la joie au cœur que vous voyez nos charmants équidés galoper vers vous pour quémander une caresse, voire une gourmandise.
Or malgré de trompeuses apparences vous n'imaginez pas combien l'âne corse est fourbe - comme tous les insulaires qui habitent cette île diabolique -
Cependant en plus d'être rusée, cette brave bête est aussi butée qu'un apôtre du libéralisme, avec toutefois, à sa décharge, un côté infiniment plus humain.
Séduits par la tendresse de ces peluches vivantes, vous sortez un vieux morceau de pain rassis et lui tendez avec méfiance. Le filou s'en saisit délicatement et vous regarde de ses grands yeux émerveillés et concupiscents.
C'est ce moment fatal que vos enfants choisissent pour réclamer un vieux croûton ou un biscuit afin de repaître ces gourmands quadrupèdes.
Le drame est proche. Retenez votre respiration...
Lorsque les goinfres ont sectionné de leurs énormes dents affûtées comme des rasoirs les 5 doigts des deux mains de vos bambins, il est déjà trop tard !
Malheureusement, l'âne corse n'a jamais de propriétaires; tous les agriculteurs vous l'affirmeront mordicus. Donc, il est inutile de chercher un responsable pour établir un constat d'assurance destiné à couvrir le prix des prothèses de doigts en matériaux composites...
Cependant, vous devrez rouler à toute allure sur un minimum de 90 kilomètres de routes tortueuses pour trouver un hôpital sommaire. De toute manière, les dents et les gencives de ces braves bêtes sont si sales et infectées que vous vous en tireriez à bon compte si par un miraculeux concours de circonstances, vos enfants échappaient à la gangrène.
- Les cochons.
De plus n'oubliez pas que le porc est omnivore, c'est à dire qu'il ne dédaigne pas un petit en-cas de viande humaine prise sur le pouce !
Et la viande AOC de continental, surtout prélevée sur une jeune bipède bien en chair, représente pour lui un mets de choix.
Certains Corses vous avoueront même qu'il s'agit d'un des secrets, avec la châtaigne, d'une charcuterie exceptionnelle !
Amis vacanciers, si au detour d'un chemin, vous voyez débouler 4 à 5 furies au groin gourmand et conquérant, je vous conseille de prendre vos jambes à votre cou ou de vite grimper sur l'arbre le plus proche...
Votre survie en dépend...
Une fois, alors que je me baladais avec mon fusil - on n'est jamais trop prudent - dans une châtaigneraie, mon chien, un grand et méchant terrier, tomba nez à nez avec 5 porcs de 90 kgs. Il ne s'en sortit qu'en sautant un mur de 2,5 mètres de haut, me laissant seul devant les fauves écumants, la bave aux lèvres.
Pour échapper à une mort atroce, je dus tirer deux coups de feu en l'air pour les effrayer, me gardant deux balles : une pour en abattre un, et l'autre pour moi, afin d'éviter un carnage épouvantable sur ma pauvre enveloppe charnelle.
Ceci dit, autant l'âne insulaire n'a jamais de propriétaire, autant le cochon corse que vous abattrez en possède bien un, qui vous poursuivra, avec ses descendants, de leur vindicte pendant au moins 6 générations ! On appelle généralement cette rancune, la vendetta.
Il faut examiner avec soin les gigantesques chicots noirâtres des cochons pour comprendre qu'une maladie nosocomiale avec germes pathogènes, attrapée dans un hôpital parisien serait une plaisanterie à côté d'une morsure de tels monstres...
Les pires représentants des suidés étant issus du mariage illégitime entre une truie et un sanglier : la progéniture héritant de l'intelligence de la mère et de la sauvagerie du père ! Un peu comme Marine Le Pen, quoi...
Certains cochons corses élevés en liberté m'apparaissant comme les animaux les plus féroces que j'ai jamais rencontrés. Surtout les truies avec leurs petits...
- Les vaches et taureaux.
Les vaches et taureaux corses ne sont pas bien gros, mais ils sont très véloces et particulièrement nerveux. Ces bovins sont destinés à se transformer en ragoûts, leur viande bien trop dure étant impropre pour un usage de grillades.
Si vous croisez un de ces troupeaux, je vous conseille de toujours garder un œil vigilant. Pour la plupart, ces animaux qui couchent dehors, en hiver comme en été, sont très méfiants et peu sociables.
Autant l'âne est fourbe, le cochon sournois, le bovin est quant à lui imprévisible... Malgré son poids raisonnable, ses cornes en guidons de moto sont redoutables. Son agilité est proverbiale et son agressivité n'est pas un mythe !
On ne compte plus les accidents dus à des charges de taureaux fous ! Surtout chez les touristes continentaux !
On ne compte plus les accidents dus à des charges de taureaux fous ! Surtout chez les touristes continentaux !
- Les autres bêtes.
En Corse, aucune espèce venimeuse n'est endogène? hormis le petit scorpion dont la piqure est douloureuse mais pas mortelle.
En général, il choisit la nuit pour se réfugier dans vos chaussures. Il suffira alors de supporter 3 jours de fièvre pour oublier ce mauvais moment.
Je ne vous parlerai pas des chiens galeux et errants, des boucs et béliers qui ne supportent pas la présence humaine pendant le rut, des dangereuses ruades des mulets.
Voilà, mes chers amis touristes potentiels, la description réaliste (je certifie que toutes mes anecdotes précédentes sont exactes) d'une Corse dangereuse? bien loin des images d'Épinal que les syndicats d'initiative veulent vous vendre.
En tant que Corse, j'espère vous avoir convaincu d'annuler le séjour que vous aviez prévu !
Sinon, mon prochain chapitre 2, consacré aux insulaires et aux incendies achèvera probablement de vous convaincre.
Vacanciers bien aimés, des dizaines de sites merveilleux vous attendent sur le continent.
Les Corses vous souhaitent de bonnes vacances !
mercredi 11 juin 2014
Chapître 2 : les insulaires et la situation politique. Un guide spécial pour vous dissuader de passer vos vacances en Corse.
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Amie touriste, vacancier randonneur, chers envahisseurs continentaux.
Vous et votre petite famille, avez donc survécu aux menus tracas exposés lors du 1er chapitre. De surcroît, vous avez échappé aux ravageurs feux de forêts qui, à cause du vent, se propagent par la cime des pins à la vitesse d'un cheval au galop. Ces incendies dégagent une fumée toxique qui vous asphyxie en quelques minutes.
Je vous en félicite, mais il va cependant vous falloir franchir l'étape suivante, autrement plus complexe et délicate : composer avec les habitants de cette île délicieuse - parce que Dieu, dans son infinie sagesse a souhaité équilibrer cette île enchanteresse par des habitants aussi pénibles que la nature est enjôleuse -
2) Les insulaires.
Chers amis, lorsque vous observez les panneaux de signalisation routière, vous vous apercevez qu'ils sont constellés de gros trous... Interloqués, vous vous demandez naïvement quel insecte aurait le dard assez puissant pour percer le métal ? Et bien, vous n'y êtes pas ! La tradition corse veut que lors d'une partie de chasse aux sangliers, alors que vous revenez bredouille, vous tiriez sur ces panneaux pour bien vérifier que vous n'avez pas perdu votre "vista" au tir !
Mais il ne s'agit là que d'un détail.
Le premier conseil que je donnerais à un continental en goguette, est avant tout la prudence.
L'idéal serait de se crever les yeux pour ne rien voir de compromettant pour un autochtone et de se couper la langue pour ne rien dire aux autorités ni à quiconque alentour, pas même à vous.
Il s'agirait bien entendu, d'un sacrifice bien trop lourd pour un vacancier moyen; aussi, la loi du silence devient-elle un gage de survie pour tout un chacun dans ce fieffé pays, que vous fussiez insulaire ou touriste.
L'idéal serait de se crever les yeux pour ne rien voir de compromettant pour un autochtone et de se couper la langue pour ne rien dire aux autorités ni à quiconque alentour, pas même à vous.
Il s'agirait bien entendu, d'un sacrifice bien trop lourd pour un vacancier moyen; aussi, la loi du silence devient-elle un gage de survie pour tout un chacun dans ce fieffé pays, que vous fussiez insulaire ou touriste.
Les Corses sont en général des gens charmants, mais la passion et les accès de colère emportent fréquemment leur placidité. Il est donc préférable d'éviter toute discussion sur la politique, sur leur famille, sur leur charcuterie, sur la politique régionale, sur la cause des incendies et sur les attentats...
En cas de début de dispute, esquivez l'escalade verbale et prétextez un rendez-vous urgent pour vous éloigner. En cas de différend routier, dû à une queue de poisson ou à un léger accrochage, restez surtout calme et détendu.
Parce qu'ici, en plus d'être très nerveux, presque tout le monde est armé comme un destroyer américain.
Parce qu'ici, en plus d'être très nerveux, presque tout le monde est armé comme un destroyer américain.
Mis à part ces petits désagréments, les Corses sont en général hospitaliers s'ils vous apprécient. Ils vous feront découvrir des moments intenses d'amitié et de partage, ainsi que de merveilleux vins et de délicieuses charcuteries locales, notamment dégustées au son de ces chants polyphoniques de bergers qui vous crispent tant.
À moins, cher ami continental que vous soyez tombés sans le savoir - car ils ne vous le dirons jamais - sur des autonomistes ou des indépendantistes.
3) Les forces politiques
Même pour un Corse sous pseudonyme, il est particulièrement délicat de parler politique sans prêter le flanc à des rétorsions particulièrement vicieuses ou des reflux désagréables. En tout cas, les mouvements indépendantistes sont largement minoritaires, cachés sous des structures clandestines concurrentes, très actifs et animés par de vieux cadres autonomistes épaulés de nombreux jeunes.
La grande majorité des Corses est viscéralement à droite, reconnaissant en Sarkozy dont les fils sont à moitié corses, une sorte de chef de clan. Rappelons hélas, que la gauche est assez peu représentée dans cette île ou le patriarcat règne en maître.
Chaque famille, je puis en témoigner, est un mélange détonnant (si je puis me permettre) entre des membres dont les opinions sont aux antipodes les unes des autres. Il faut assister à certains repas de familles corses pour observer mi-interloqué, mi-inquiet, combien la conception politique insulaire peut-être dévastatrice, voire à la limite de la violence du combat de rue.
Cependant, en dépit de leurs dissensions ces familles resteront toujours profondément unies face à la force publique ! C'est une des constante des peuples méditerranéens, rebelles à toute autorité et difficilement gouvernables.
4) Force publique et répression.
Dans ce pays à l'identité affirmée, une certaine résistance au pouvoir central de la république ainsi que des aspirations à l'autonomie ont entraîné - comme chacun sait, divers mouvements de contestation violente (attentats) ou carrément meurtriers (règlements de comptes).
Aussi dans ce pays agité, j'ai pu constater de visu ou apprendre par des amis les méthodes employées pour poursuivre et attraper quelques fugitifs soupçonnés ou surveiller tout simplement certaines activités.
Lignes téléphoniques espionnées, caméras autonomes posées sur des branches de sapins, micros canons, balises GPS de localisation, surveillance en plein maquis, envoi de touristes bidons pour repérer les lieux, surveillance incessante de chaque habitant de l'endroit suspect.
Jusqu'à la visite brutale à pied pour éviter le bruit d'une trentaine de gendarmes armés jusqu'aux dents, cagoulés et procédant à la fouille des maisons et bergeries d'un hameau dérisoire à la recherche d'un ancien habitant soupçonné d'attentat.
Lignes téléphoniques espionnées, caméras autonomes posées sur des branches de sapins, micros canons, balises GPS de localisation, surveillance en plein maquis, envoi de touristes bidons pour repérer les lieux, surveillance incessante de chaque habitant de l'endroit suspect.
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IFF signifie i francesi fora : les Français dehors. |
Jusqu'à la visite brutale à pied pour éviter le bruit d'une trentaine de gendarmes armés jusqu'aux dents, cagoulés et procédant à la fouille des maisons et bergeries d'un hameau dérisoire à la recherche d'un ancien habitant soupçonné d'attentat.
Chacun, jeune ou vieux, engagé ou non dans ce pays surprenant à compris qu'il faut se méfier des conversations téléphoniques, fussent-elles émises en langue corse.
La méfiance devient alors une habitude qui reste fichée dans votre comportement et dont vous ne parviendrez jamais à vous défaire.
La méfiance devient alors une habitude qui reste fichée dans votre comportement et dont vous ne parviendrez jamais à vous défaire.
Parfois quand je lis sur internet, les rodomontades de certains e-révolutionnaires, je ne puis m'empêcher d'esquisser un sourire moqueur sur leurs capacités à résister à une machine subtilement répressive de maintien de l'ordre établi mais redoutablement efficace malgré l'omerta qui règne ici.
Système terrifiant qui possède encore des failles sur lesquelles il est inutile de s'appesantir.
Chère touriste, ami randonneur, continental bien-aimé.
Pour votre bien, j'espère vous avoir définitivement dissuadé de passer vos vacances dans cette île paradisiaque qui aurait pu incarner l'éden sur terre si Dieu ou le Diable ou le hasard, n'y avait installé par mégarde un peuple de rebelles insoumis et caractériels.
On tente bien de se soigner mais la convalescence risque d'être longue...
En attendant, mes compatriotes et moi-même, vous souhaitons de bonnes vacances à la Grande Motte, à Nice ou à Saint-Tropez !
PS : Un célèbre éditeur, appâté par l'idée lumineuse consistant à concevoir des anti-guides touristiques m'a joint pour réaliser des livrets sur la Bretagne ou la Côte d'Azur : j'ai fermement refusé, les guides normaux suffisant à dissuader leurs lecteurs d'un tel séjour.
PS : Un célèbre éditeur, appâté par l'idée lumineuse consistant à concevoir des anti-guides touristiques m'a joint pour réaliser des livrets sur la Bretagne ou la Côte d'Azur : j'ai fermement refusé, les guides normaux suffisant à dissuader leurs lecteurs d'un tel séjour.
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