
Chapitre I : Les ambiguïtés de la croisade.
Les envolées patriotiques médiatiques et les cocoricos qui jaillissent des gosiers du commun des Français réchauffent le cœur. Droit, Justice, Ethique et Morale, prévalent enfin sur les basses préoccupations matérielles ordinaires.
Tout notre beau terroir, nos villes, nos campagnes, nos chaumières, nos sillons, retentissent de clameurs d’approbation enthousiastes et de dithyrambes enflammés.
Le maniement des encensoirs à l’adresse du combattant suprême nous enveloppe d’un nuage qui nous enfume délicieusement.
C’est plaisir que de voir le P.S (comme au bon vieux temps de la SFIO) animé d’une telle fureur belliciste, surtout lorsqu'il s'agit de courir sus à quelque Arabe trop arrogant.
Qui oserait, dans ce concert d'adhésions laudatives, observer que l'intervention en Libye n'est pas dépourvue d'ambiguïtés ?
Mais laissons s’exprimer toutes les opinions, même les plus saugrenues.
Le jocrisse bordelais : Alléluia ! Alléluia ! Super Lazare est ressuscité d’entre les morts !
Le pacifiste déçu par Juppé le Magnifique: Son tombeau n’était donc qu’une boîte de Pandore. Voici jaillir sous nos yeux médusés un matamore va-t-en guerre !
Le Rom refoulé (et vindicatif): Nicolacescu n’est ni le Génie des Carpates ni le Danube de la pensée. Ce n’est qu’un khaddafiste tardivement repenti !
Obama: Pour mordre les jarrets de Mouammar le maléfique, mon caniche anglais et mon roquet français feront merveille.
Panoramix: Une seule lampée de mon goulasch magique et le petit Sarkostérix deviendra tout uniment Guillaume le conquérant, Alexandre le grand et Al-Malik an-Nâsir Salâh ad-Dîn Yûsuf (Saladin…. pour les nuls).
L’antipatriote un peu hargneux : Au diable tous ces cocardiers franchouillards et leurs vibrants cocoricos ! Pas de quoi s’égosiller : à guerroyer sans péril on triomphe sans gloire.
Le bobo vertueux : Trêve d’indignation sélective: on massacre allègrement le peuple au Yemen, on assassine la démocratie à Bahreïn, et l’on se prosterne devant Abdallah d’Arabie.
Le Huron désorienté : C’est une chose bien étrange que de faire appel à des monarchies golfiques d’un autre âge pour aider à établir la démocratie en Libye !
L’Italien un tantinet nostalgique: Au temps béni de nos colonies, Cyrénaïque et Tripolitaine étaient pourtant fort bien pacifiées !
Le géopoliticien avisé : Je crois savoir que le pétrole abonde en cette contrée.
La courtisane emphatique (style Morano) : Génial Sarko, Dieu de la guerre, gloire à toi au plus haut des cieux !
L’historien grandiloquent : A n’en pas douter, la campagne de Libye du grand Nagy Bocsa effacera dans notre histoire la campagne d’Egypte du petit Corse désastreux.
Le père Le Pen (toujours à l’affût d’un bon mot) : Le général Pinocchio rétablira la démocratie au Chili, pardon, en Lybie !
Le cinéphile primaire: Zorro Sarko est arrivé !
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Le Comte de Gormas de Nagy Bocsa au bédouin Khadafi :
Te mesurer à moi ! qui t'a rendu si vain,
Toi qu'on n'a jamais vu les armes à la main !
Mouammar
Oui ; tout autre que moi
Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d'effroi.
Mais l’on pourrait tout aussi bien inverser les rôles :
Mouammar :
Te mesurer à moi ! qui t'a rendu si vain,
Toi qu'on n'a jamais vu les armes à la main !
Le Comte de Gormas de Nagy Bocsa au bédouin Khadafi :
Oui ; tout autre que moi
Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d'effroi.
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La Syrie n'a pas de pétrole : pas de croisade.
Les émirats et l'Arabie ont beaucoup trop de pétrole : pas de croisade. Alliance !
C'est à n'y plus rien comprendre.
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L'Angleterre ne s'est toujours pas remise de son éviction (et surtout de celle de B.P) lors de la révolution de 1969. Ceci explique largement son interventionnisme.
Par contre celui de la France s'explique plutôt par un besoin (purement électoral) de gloire circonstancielle au bénéfice de ...... qui vous savez.
P.S : lorsque l'on parle de révolution libyenne, il faut entendre bien sûr révolution des jeunes officiers de 1969.Par la suite il y eut (comme dans bon nombre de révolutions) confiscation du pouvoir par un Bonaparte local qui crut pouvoir devenir un Napoléon africain.
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La "révolte" de 2011 a sans doute été "préparée" par divers services secrets, dont bien sûr ceux des Etat-Unis, de la Grande Bretagne, de la France, et accessoirement de l'Italie (dont il ne faut pas oublier qu'elle colonisa la Libye de 1911 à 1943).
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Chapitre II : Saint Georges affrontant le dragon.
Vous aurez tous deviné qu'il s'agit de Sarko-le-magnifique affrontant courageusement son ancien ami Mouammar le maléfique afin de délivrer dame démocratie enchaînée par l'abominable dragon des sables (bitumineux).
Chapitre III : lettre à un ami.
Mon cher Mouammar,
Alors que voici peu mes jardins s’honoraient de voir se déployer ta tente de Bédouin, mon prompt retournement suscite ton émoi.
On m’oblige aujourd’hui à mener contre toi, avec l’étroit concours de la perfide Albion, un infâme combat qui te laisse pantois.
Le grand nobélisé m’a contraint fermement à te venir occire. Sans aller jusque là, à moins que tu m’y forces, je te ferai subir la juste punition que tes crimes nombreux appellent en retour.
Mon vil électorat et ma soif de grandeur nourrissent tes malheurs, mais je garde en mon cœur nos baisers d’autrefois.

Chapitre IV : La puissance et la gloire.
Notre bon Calife, mal conseillé par un piètre Iznogoud, du nom de Bey Achel (comprenne qui pourra), pensait tirer profit, gloire et honneur d'une campagne fulgurante.
Las ! Sarko n'est pas Napoléon, Juppé n'est pas le prince de Bénévent, (tout juste un médiocre duc de Bordeaux ), et le Longuet n'est rien du tout.
La croisade piétine donc, et Sarko piétine aussi .... mais de rage.
Bey Achel lui avait imprudemment promis des lauriers faciles. Le costume de général-président était pourtant taillé à sa mesure.
Certes, certes, les invendables "rafale" connaissent enfin la gloire des ( faciles) combats.
Las! trois fois hélas ! Mouammar est plus coriace que prévu.
Le rêve ( de gloire) passe.

Le célèbre tableau de Mantegna peut illustrer le "triomphe" de Jules César De Nagy Bocsa.
Vous pourrez y remarquer les trompettes de la renommée (embouchées par Copé et les hérauts de l'UMP) , ainsi que la vigueur du vaillant Juppé, lourdement chargé d'une urne emplie de trophées mais aussi de pétrole.
Il semblerait que Bey Achel figure aussi sur le tableau, précédant Juppé le magnifique, et portant pour sa part une urne plus petite, seulement emplie de sa propre suffisance.
On peut même y apercevoir un démocrate socialiste ordinaire chantant la louange du tyrannicide Sarko. Il s'agit, croyons nous savoir, du petit Manu Valls. Mais ce pourrait être tout autre candidat aux primaires.
Avec l'aimable autorisation de Racine et Bérénice, osons cette ode à la gloire du grand Sarko, libérateur de la Libye.
Il est fini le temps de notre connivence
Sinistre Khadafi, tout empli d’arrogance.
Tu verras les Libyens m'apporter leurs hommages,
Et le peuple de fleurs couronner mes images.
De ma tournée, maudit, as-tu vu la splendeur ?
Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de ma grandeur ?
Ces bravos, cet accueil, cette foule enflammée,
Ces tribus, ce troupeau, ce peuple, cette armée,
Cette pourpre, cet or, qui rehaussent ma gloire,
Et ces lauriers encor témoins de ma victoire ;
Tous ces rebelles heureux venus de toutes parts,
Confondre sur moi seul leurs avides regards ;
Ce port majestueux, cette forte présence.
Ciel ! avec quel respect et quelle complaisance
Tous les cœurs en secret m’assurent de leur foi !
Parle : peut-on le voir sans penser comme moi
Qu'en quelque obscurité que le sort m’eût fait naître,
Ton pays me voyant eût reconnu son maître ?
Fais des vœux pour ma gloire, et par ton sacrifice,
D’un règne finissant célèbre les prémices .

Chapitre VI.
Las ! Point de Khadafi vaincu, enchainé au char de triomphe de SarkoCaesar, et traîné pitoyablement sous les huées de la foule en furie, avant d'être étranglé cruellement, comme le fut ce brave Vercingétorix, notre glorieux ancêtre.

Chapitre VII
La justice sarkozienne et la vengeance cameronesque poursuivant le crime.
C'est ainsi que nous fut présentée l'équipée otanienne en Libye.

Chapitre VIII.
Avertissement : il va de soi que toute ressemblance de l'insecte guerrier avec une personne existante ne saurait être que fortuite.
Si l’on considère la disproportion des forces en présence, c'est se glorifier à peu de frais que de se prévaloir de la victoire. Ce pauvre Mouammar n’était qu’une mouche enragée, que Fly Tox de Nagy Bocsa et son compère Cameron Exterminator ont proprement laissé occire.
Les gobe-mouches et le bas peuple, abusés par une gigantesque désinformation de masse, applaudissent à l’écrasement ....... et à l'assassinat du terrible dictateur.
De l'UMP au PS, en passant par Méluchon, les "responsables" politiques , sous la houlette de Démocrite Bey Hachel, se répandent pour leur part en félicitations, congratulations, odes et louanges à l'adresse du tyrannicide.

Chapitre IX ..... et fin.
« Vérité sortant du puits armée de son martinet pour châtier l’humanité ». Tableau de Jean-Léon Gérôme.
Sarkozy pourrait proposer des "frappes ciblées" sur la Libye.
Par L’Express.fr avec AFP, publié le 10/03/2011
L'agence officielle libyenne Jana a annoncé avoir "appris qu'un grave secret va entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale".
Puissions nous voir « La Vérité sortant (nue) du puits armée de son martinet » pour châtier le petit Nicolas ......espéraient les uns. Pourvu qu’une intelligente « frappe ciblée » vienne opportunément l’obturer jusques à la fin des temps pensaient les autres.
20/10/2011
Voilà qui est fait ! La vérité ne sortira pas du puits.
Un missile français bien ciblé a frappé le véhicule de Mouammar. Ce dernier a été prestement lynché. Ses sbires sont dans l'impossibilité de s'exprimer librement.
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Assis près de Carla, dévidant et filant,
Direz pleurant mon sort, et vous en repentant :
J'ai levé contre lui une armée de rebelles.
Je serai sous la terre, et fantôme sans os
Dans le désert libyen je prendrai mon repos ;
Ne serez à Neuilly..... qu' un roitelet déchu.
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20 octobre 2011
Kadhafi est tué par ses opposants et l'OTAN
Traqués par les rebelles, lesquels bénéficient d'un appui aérien massif des Occidentaux, Mouammar Kadhafi et le dernier carré de ses fidèles résistent à Syrte jusqu'à ce qu'une attaque aérienne de l'OTAN frappe la ville natale du dictateur libyen, le 20 octobre 2011. Blessé et traqué, Kadhafi est abattu par ses ennemis.
Pour la Libye, cette « libération » est le début d'un cauchemar au moins aussi effroyable que la dictature antérieure.
Les déboires du « printemps arabe »
Au Bhareïn, petit émirat du Golfe à majorité chiite mais gouverné par un souverain sunnite, la contestation est sauvagement réprimée le 15 mars 2011 avec le concours de l'armée séoudienne.
En Syrie, où les minorités religieuses (chrétiens et Alaouites, musulmans apparentés aux chiites) appréhendent la dictature de la majorité sunnite, le gouvernement alaouite de Bachar El-Assad réprime la rébellion sans état d'âme. Pas moins de 5.000 morts au cours de l'année.
Au Yémen, à la pointe de la péninsule arabique, des immolations par le feu, suivant l'exemple tunisien, débouchent sur de massives manifestations de rues. Mais le vieux président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, dont 21 à la tête du Yémen réunifié, résiste à la pression de la rue.
Rien de tel en Libye où une révolte éclate dès le 13 février 2011 à Benghazi, capitale de la Cyrénaïque, province orientale rivale de la Tripolitaine, laquelle demeure grosso modo fidèle à Mouammar Kadhafi. Celui-ci déclenche une véritable guerre contre la rébellion en faisant appel à des mercenaires africains. En suivant la côte méditerranéenne, ses troupes envahissent la Cyrénaïque en multipliant les exactions contre les populations civiles.
Une intervention occidentale mal avisée
En attendant que les avions de l'OTAN soient opérationnels, l'aviation française donne aussitôt la chasse aux colonnes blindées kadhafistes. Rapidement, l'OTAN déborde le cadre de la mission confiée par l'ONU et traque les kadhafistes jusqu'en Tripolitaine, permettant aux insurgés de lancer une contre-offensive laborieuse mais victorieuse.
La Russie, membre du Conseil de sécurité, qui a autorisé du bout des lèvres l'intervention en Libye, manifeste son irritation devant l'initiative de l'OTAN. Ses représentants promettent - mais un peu tard - qu'on ne les y reprendra plus !
Au bout de plusieurs mois de combats indécis et au prix de quelques milliers de morts, les opposants s'emparent de Tripoli.
L'anarchie s'installe. Les Occidentaux fuient le désordre qu'ils ont contribué à créer. Du fait de l'insécurité générale, la production pétrolière s'effondre d'1,5 million de barils/jour en 2011 à 200.000 en 2014. Le pays devient la proie de chefs de bande locaux qui tentent de s'approprier les ressources pétrolières ou spéculent sur le transit des migrants africains vers l'Europe.
Par ailleurs, les mercenaires africains de l'ancien dictateur, touaregs et autres, se sont repliés vers le désert avec armes et bagages et n'ont pas tardé à déstabiliser les pays du Sahel, du Mali à la Centrafrique, obligeant la France à intervenir une nouvelle fois en catastrophe.
La chute de Kadhafi restera dans l'Histoire contemporaine comme l'une plus belles démonstrations de Gribouille, ce héros de la comtesse de Ségur qui, pour échapper à la pluie, se jetait dans la rivière.
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Un article du grand journal algérien "El watan" (02.01.2015) illustre parfaitement la situation.
Nous le reproduisons " in extenso" ci-après.
La Libye s’enlise dans le chaos
Terminal pétrolier en feu, attentat à la voiture piégée, deux parlements qui s’affrontent, allégeance de certaines milices à Daesh, efforts vains de la communauté internationale. Rien ne va plus en Libye.
«Si la communauté internationale laisse la situation se détériorer d’avantage en Libye, nous assisterons à l’éclatement du pays en petits états hostiles à la démocratie, dangereux pour les pays limitrophes et une menace sérieuse pour les Occidentaux» alerte Aboubacari Daou, politologue et universitaire ayant vécu une décennie à Tripoli «Aujourd’hui il n’est pas juste question de sauver une population de son dictateur, mais remettre un état sur pied et faire fonctionner un système à l’arrêt depuis la chute d’El Gueddafi. Sans parler des derniers attaques sur les terminaux pétroliers qui vont coûter cher à la Libye !» pense-t-il.
Le 25 décembre, une roquette tirée par les miliciens sur l’un des 19 réservoirs d’Al-Sedra a provoqué un énorme incendie qui s’est rapidement propagé. La situation est très confuse dans ce pays riche en pétrole, dirigé désormais par deux gouvernements et parlements rivaux - les uns proches de la puissante coalition des milices d’Aube libyenne et les autres reconnus par la communauté internationale - qui se disputent le pouvoir. C’est en août qu’Aube libyenne, formée notamment de milices islamistes, a pris le contrôle de la capitale, Tripoli. Elle tente depuis d’étendre son influence en cherchant à s’emparer des richesses pétrolières du pays.
Selon la compagnie nationale libyenne de pétrole lundi, la production de pétrole est tombée autour de 300.000 b/j (alors qu’elle atteignait 800.000 b/j), mais selon des experts à l’étranger, les combats ne devraient pas se traduire par une nouvelle chute de l’offre mondiale à court terme. Les forces progouvernementales et les milices islamistes s’affrontent également violemment à Misrata, Benghazi et Derna.
A Tobrouk, devant l’hôtel où siège momentanément le Parlement élu, une voiture piégée a explosé, sans faire de blessés. Selon le porte-parole de l’Assemblée à Tobrouk Farradj Hachem, cet attentat a été perpétré par un seul kamikaze qui a fait exploser une voiture piégée dans le parking de l’hôtel qui héberge le Parlement alors que les députés étaient en session dans une salle située non loin de là. La déflagration a blessé trois députés et huit autres personnes.
Sanctuaire
La confusion qui règne en Libye s’approche de plus en plus du chaos le plus total et les menaces de l’ONU de poursuivre les chefs de guerre pour crimes de guerre semblent sans effet. L’émissaire spécial des Nations Unies pour la Libye a annoncé être parvenu à obtenir des différentes factions impliquées dans les combats, un accord de principe pour une reprise des négociations au début du mois prochain. «C’est un accord qui ne tiendra pas !» proteste Aboubacari Daou «il est urgent de désarmer tous les groupes avant d’entamer des pourparlers ou des négociations et d’impliquer la communauté internationale dans toutes les phases des pourparlers inter-libyens.» affirme-il.
D’autre part, le ministre de la défense français, Jean-Yves Le Drian, a déclaré mercredi 31 décembre au Tchad, qu’il «ne faut pas accepter» le développement d’un «sanctuaire terroriste» en Libye. «Ce serait une erreur profonde pour la communauté internationale de rester passive face au développement d’un tel foyer de terrorisme au cœur de la Méditerranée. Il ne faut pas l’accepter », a-t-il dit tout en rappelant la responsabilité des pays voisins.
En marge des efforts de l’ONU et du G5, l’Algérie s’est engagée à «poursuivre sa mission qui consiste à accompagner les forces vives libyennes ayant marqué leur disponibilité à oeuvrer pour une solution politique à cette crise» selon Abdelkader Messahel, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. Il a souligné dans un entretien accordé à l’APS que les Libyens «sont les seuls habilités à définir les fondements et les contours de la solution politique, en dehors de toute forme d’ingérence étrangère», rappelant que l’Algérie «a toujours mis en garde contre les conséquences destructrices de la poursuite du cycle de violence sur le devenir du peuple libyen et sur la stabilité de la région».
Faten Hayed
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Bourbier libyen : Paris veut entraîner l’Algérie
El watan - 03.01.15
L’option d’une intervention militaire en Libye se précise. Les Français et leurs alliés du Sahel exercent une pression diplomatique pour que l’Algérie, seul pays à refuser catégoriquement l’idée, se résigne à accepter ce qui s’apparente désormais à une «fatalité». Du Niger où il rendait visite, vendredi, aux troupes de son pays, le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, a lancé des signaux qui vont dans le sens d’une intervention armée en Libye.
Jean-Yves Le Drian ne le dit pas clairement, mais le journaliste du Parisien, qui l’accompagne dans cette visite, rapporte des propos attribué à «un diplomate» selon lesquels la France «plaide avant tout pour une solution politique. Néanmoins, certains hauts gradés n’excluent pas la possibilité de frappes aériennes coordonnées, pour peu que l’Egypte et l’Algérie donnent leur feu vert». La même source ajoute néanmoins que «Le Caire est d’accord, Alger se montre nettement plus réticent pour le moment».
Auparavant, M. Le Drian, qui s’exprimait devant les soldats français, a affirmé que «ce qui se passe en Libye n’est ni plus ni moins, sur fond de chaos politique et sécuritaire, que la résurgence d’un sanctuaire terroriste dans l’environnement immédiat du continent européen. Ce serait une erreur profonde pour la communauté internationale de rester passive face au développement d’un tel foyer de terrorisme au cœur de la Méditerranée. Il ne faut pas l’accepter».
Les déclarations du ministre français de la Défense ont été relayées avec plus de précisions par Mahamadou Issoufou, le président nigérien, qui clame, en effet, qu’«une issue n’est pas possible sans intervention internationale en Libye (...). Une intervention internationale est indispensable à la réconciliation de tous les Libyens, y compris les Gueddafistes». «Je ne vois pas comment les milices terroristes armées vont créer les conditions de la réconciliation entre les Libyens», a-t-il ajouté.
Le refus catégorique de l’Algérie
Ces déclarations interviennent quelques jours seulement après la réunion, à Nouakchott, du Groupe des Cinq du Sahel (Niger, Mauritanie, le Mali, Tchad et Burkina-Faso) qui avait demandé, à la mi-décembre, une «intervention militaire urgente en Libye». Une position que le président tchadien, Idriss Déby, a tempérée lors de sa récente visite à Alger. A la sortie d’une discussion avec Abdelaziz Bouteflika, il a évoqué l’urgence d’une solution «politique».
L’Algérie, qui n’a pas assisté à la rencontre de Nouakchott, a toujours refusé une solution armée au bourbier libyen. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a clairement affiché son opposition à toute intervention militaire en Libye. «Le rôle des institutions internationales consiste à aider et non pas à se substituer (dans les affaires internes des pays souverains). Par conséquent, nous ne pouvons accepter l’intervention militaire étrangère en aucune façon en Libye», a-t-il récemment assuré.
«L’Algérie poursuivra, en dépit de l’adversité, sa mission qui consiste à accompagner les forces vives libyennes ayant marqué leur disponibilité à œuvrer pour une solution politique», a déclaré, pour sa part, Abdelkader Messahel, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. Plusieurs groupes ont déjà affiché leur intention de participer à des discussions de paix à Alger.
Des discussions initiées par les autorités algériennes et appuyées par l’envoyé spécial des Nations unies pour la Libye. Pendant ce temps, le chaos continue de régner en Libye. Attentats et guerre de factions sont le lot quotidien des populations. Le pays n’a ni gouvernement ni Parlement. Et les perspectives d’une solution s’éloignent à mesure que les groupes djihadistes se déploient.