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Channel: U ZINU alias l'oursin - Le blog de Jean Maïboroda.
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Des colonisations aux décolonisations

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Des colonisations aux décolonisations



 
Namibie, histoire d'un génocide peu connu

 
MEDIAPART
25 MAI 2014 |  PAR THOMAS75013
 

 
Un documentaire passé ce matin sur RFI (en deux parties) est tout à fait remarquable à plus d'un titre : historique et mémoriel (interventions de descendants de ces peuples). L'occupation de la Namibie par les colons allemands au tout début du XXème siècle ne fut pas, tant s'en faut, une partie de plaisir pour les ethnies allogènes (Hereros et Namas), certains blogs en ont déjà évoqué la cruauté ... Nous retrouvons des méthodes d'extermination de masse que le 3ème Reich mettra en place à plus grande échelle encore : les camps de concentration et d'extermination, mais aussi le travail forcé sur des cadavres afin de récupérer des os propres ! Ce "matériel" devait servir à étayer la supposée supériorité des sujets du kaiser sur ces peuples africains.
S'il n'y a pas de graduation dans l'horreur (les européens lors de leur quête de colonies n'ont de leçon d'humanité sur ce sujet à donner à personne) reconnaissons toutefois qu'en matière de crimes contre l'humanité, nos voisins allemands avaient une pratique tatillonne et bureaucratique du génocide, ce qui fait qu'ils devraient, en faisant un peu d'efforts, pouvoir rendre les crânes et les squelettes de leurs victimes aux namibiens (problème évoqué dans la deuxième partie)  http://www.rfi.fr/emission/20140524-1-namibie-allemagne-genocide-nama-herero-camp-swakopmund/#./?&_suid=1401027652042049667427458865964


"U ZINU" :

Si la France, n'a pas commis de génocide aussi caractérisé, elle ne saurait être exemptée de ses propres crimes coloniaux, tant lors de la constitution de son "empire" que lors des répressions qui ont accompagné les luttes de libération nationale.
Cf.  "
Massacres coloniaux. 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises", - Yves BENOT -  Paris, La Découverte, 1994.











Tiré de :   http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Massacres_coloniaux-9782707146335.html


Note de l'éditeur :


Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, de Sétif (mai-juin 1945) à Madagascar (1947), d'Haiphong (1946) à la Côte-d'Ivoire (1949-1950) et à Casablanca (1947), l'armée française a massacré des dizaines de milliers d'hommes et de femmes dont le seul tort était de revendiquer pour plus de libertés ou pour l'indépendance. Ce sont ces pages sanglantes de l'histoire de France, méconnues, voire effacées, qu'Yves Benot retrace dans ce livre. Mobilisant l'ensemble des documents disponibles, il montre comment et pourquoi les gouvernements de la IVe République, bien peu soucieux du respect de la légalité républicaine, ont choisi la voie de la répression sauvage pour préserver la cohésion de l'Empire français. Et il analyse aussi les débats auxquels cette politique a donné lieu en France même, en mettant en lumière l'opposition de certains intellectuels, de ceux des clercs qui n'ont pas trahi comme Jean-Paul Sartre ou Paul Ricœur.

 


BRÉSIL - AMÉRIQUE LATINE

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BRÉSIL - AMÉRIQUE LATINE
N'étant pas fin connaisseur des problématiques propres à l'Amérique latine, je me contenterai, au gré de mes découvertes sur la toile, de relever (et reproduire) les articles me paraissant traiter avec intelligence et objectivité de ces problématiques.  
 
Pour sauver son poste à la tête du Brésil, Dilma Rousseff saborde l’héritage de Lula

 
15 AOÛT 2015 |  PAR LAMIA OUALALOU - MEDIAPART.

 
 
Menacée de destitution, impopulaire, et à la tête d’une coalition défaite, Dilma Rousseff estime que la seule façon de terminer son mandat est de s’allier à l’élite brésilienne avec qui elle vient de passer un accord ouvrant la voie au démantèlement du fragile État-providence brésilien.
 
De notre correspondante à Rio de Janeiro (Brésil).
 
- On sait déjà qu’il fera très beau dimanche 16 août sur tout le Brésil. À Rio de Janeiro, la température atteindra 32 degrés, 27 à Sao Paulo, une douceur exceptionnelle en plein hiver austral. De quoi inciter la population à sortir en nombre pour manifester contre la présidente Dilma Rousseff, à l’appel de plusieurs partis et mouvements d’opposition. Combien seront-ils dans tout le pays ? Des dizaines, des centaines de milliers ? Ou passeront-ils le seuil symbolique du million comme en mars dernier, quand le gouvernement avait été effrayé par l’ampleur des protestations ?
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a longtemps que le Brésil n’avait pas eu à sa tête de chef d’État aussi impopulaire, depuis le rétablissement de la démocratie en 1985, à en croire l’institut de sondages Datafolha. La semaine dernière, 71 % de la population taxait ainsi le gouvernement de Dilma Rousseff de « mauvais ou catastrophique ». Elle fait pire que les 68 % d’insatisfaits de l’ex-président Fernando Collor, en 1992. Menacé d’être déposé par le Congrès à la suite d’un scandale de corruption, il avait été contraint à la démission. Une menace identique semble planer sur Dilma Rousseff. Toujours selon Datafolha, les deux tiers des Brésiliens approuveraient l’ouverture d’un processus de destitution.
« La rapidité avec laquelle la popularité de la présidente s’est effondrée est impressionnante », remarque Mauricio Santoro, professeur de sciences politiques à l’Université d’État de Rio de Janeiro. « Surtout, elle touche toutes les classes sociales, pas seulement les plus riches qui détestent Dilma Rousseff, son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva, et le Parti des travailleurs (PT), dont ils proviennent », poursuit-il. Dimanche, l’essentiel des manifestants viendra des classes aisées, mais l’insatisfaction est générale. D’ailleurs, l’autre stratégie de protestation adoptée ces derniers mois pour agresser le gouvernement, le concert de casseroles, a fait des émules au-delà des beaux quartiers. Convoqués via les réseaux sociaux à l’heure des discours de Dilma Rousseff et du PT à la télévision, des foyers ont fait résonner leurs ustensiles de cuisine même dans les faubourgs de la petite classe moyenne.
 
Les Brésiliens sont en colère. Contre une crise économique dont ils commencent à peine à comprendre l’ampleur, alors que les licenciements sont quotidiens, dans tous les secteurs. La récession est installée, et le produit intérieur brut (PIB) pourrait diminuer de 2 % cette année. L’inflation continue à galoper, flirtant avec la barre des 9 %, grignotant d’autant les revenus. Et le crédit, indispensable à la consommation des foyers modestes, a disparu, suite à la montée en flèche du taux de la Banque centrale. Il vient d’atteindre 14,25 %, sept points de plus qu’en mars 2013.
Les Brésiliens sont en colère contre la politique du gouvernement qui ne répond à la crise que par la rigueur, sous la tutelle d’un banquier, Joaquim Levy, ministre des finances. Les coupes budgétaires touchent tous les ministères, dont la santé, l’éducation, et les programmes sociaux, une première depuis l’arrivée de Lula en 2003. Les investissements publics sont gelés, notamment ceux qui finançaient la construction de logements sociaux. « Quelle que soit la raison de cette politique, le problème c’est que Dilma n’a jamais pris le soin de communiquer, d’expliquer pourquoi elle a ordonné des coupes budgétaires », pointe Renato Meirelles, président de Data Popular, un institut spécialisé sur l’opinion et la consommation des classes populaires. « En conséquence, les plus pauvres ont l’impression qu’ils sont les seuls à payer la note, sans voir le bout du tunnel », dit-il.
Un sentiment aiguisé par la vision, en haut de la pyramide, d’élus et de chefs d’entreprises qui ont empoché des centaines de millions de reais, détournés de la compagnie d’hydrocarbures nationale Petrobras. Car le pays est secoué depuis un peu plus d’un an par une opération policière, « Lava Jato », littéralement « karcher », qui révèle un système de corruption aux dimensions insoupçonnées. Principale entreprise du pays, Petrobras débourse chaque année plusieurs milliards d’euros en investissements d’infrastructures — raffineries, complexe pétrochimique, expansion des capacités — surtout depuis la découverte, fin 2007, de gisements de pétrole en eaux profondes susceptibles de propulser le Brésil parmi les premiers producteurs mondiaux d’or noir.
Ses fournisseurs, qui sont aussi les plus grands groupes du BTP du Brésil, se seraient, selon la police, organisés en cartel, surnommé « le club », pour se distribuer les contrats sur lesquels ils feignaient d’être en compétition. Le tout avec la complicité d’une poignée de cadres haut placés de Petrobras, qui gonflaient la facture, et recevaient en échange des commissions variant de 1 % à 3 % du montant des contrats. Ils empochaient une partie de ces fonds, et en reversaient le reste aux partis politiques de la coalition au gouvernement. Les enquêteurs estiment que ces surfacturations auraient coûté à Petrobras au moins 10 milliards de reais (2,5 milliards d’euros).
Entamée comme une simple enquête dans un commissariat de province, l’opération « Lava Jato » est aujourd’hui une boîte de Pandore, dont plus personne n’ose estimer les limites. Une cinquantaine de politiques, parmi lesquels le président du Parlement et celui du Sénat, sont cités par le procureur fédéral. Certains sont derrière les barreaux. Grande nouveauté, des PDG des plus grandes entreprises du BTP, auparavant considérées intouchables, ont été accusés et emprisonnés. Au Brésil, une expression populaire dit que toutes les poursuites judiciaires contre des corrompus s’achèvent « autour d’une pizza », en clair, qu’elles sont enterrées. « Lava Jato » semble faire exception. Ce serait le signe de l’indépendance et la professionnalisation croissante de la police fédérale, comme de la justice fédérale et du procureur général de l’Union, un des héritages des années Lula, selon Mauricio Santoro. « Il a considérablement revalorisé les salaires et conditions de travail de la police fédérale, qui a commencé à attirer des gens de qualité. Surtout, ni lui ni Dilma n’ont jamais tenté d’interférer dans les travaux de la justice », explique-t-il.
 
Ballet de prétendants pour remplacer la présidente
 
Le caractère explosif de « Lava Jato » est aussi, estime-t-il, le résultat d’une autre opération judiciaire, le « Mensalao ». Accusant des membres du PT d’avoir versé des pots-de-vin à des députés pour obtenir leurs votes au parlement, le procès, qui empoisonne la vie politique brésilienne depuis dix ans, s’est récemment conclu. Les politiques ont écopé de peines atteignant une dizaine d’années de prison. Elles sont plus lourdes pour les opérateurs intermédiaires, dont certains ont été condamnés à passer vingt, trente ans derrière les barreaux. « Cela fait réfléchir … Résultat, pour Lava Jato, beaucoup des opérateurs intermédiaires accusés font appel à la prime à la dénonciation, ils racontent tout, pour réduire leur peine », souligne Mauricio Santoro.
 
Le grand déballage sème la panique au sein de l’élite politique et économique, et elle exacerbe le courroux de la classe moyenne. « La corruption a toujours été un fléau au Brésil, elle est aujourd’hui perçue comme la principale responsable de tous les maux, y compris de la récession », affirme Renato Meirelles. Si le prix de l’essence augmente à la pompe, c’est que les politiques ont trop volé Petrobras, rumine-t-on dans la rue. Une sagesse populaire qui repose sur une réalité : à l’origine de 15 % des investissements du pays, un Petrobras fragilisé signifie un ralentissement de l’économie. Surtout quand s’y superpose une paralysie des grands groupes du BTP, un secteur à forte intensité de main-d’œuvre.
 
Une crise économique profonde, un scandale de corruption ébranlant principalement le Parti des travailleurs et le gouvernement, une absence de communication avec la population… À ce cocktail s’ajoute un effondrement progressif de la majorité au pouvoir. Gouverner le Brésil est une gageure, tant le système électoral favorise l’éparpillement au profit de quelques caciques. Pour Dilma Rousseff, la donne est plus compliquée encore. Elle a hérité le 1er janvier du Congrès le plus conservateur depuis le rétablissement de la démocratie. Et elle a accumulé les gaffes politiques pour tenter de le contrôler ou du moins de composer avec lui. Nominations de ministres et de hauts fonctionnaires irritant l’aile majoritaire de sa propre formation politique, le PT, mais surtout de son principal allié au pouvoir, le Parti du Mouvement démocratique brésilien (PMDB), une formation fourre-tout, de tous les gouvernements ces trente dernières années. « Le vide de pouvoir à la tête de l’État aiguise l’appétit des différents prétendants du PMDB, cela fait voler en éclats les équilibres », avance Stéphane Monclaire, politologue et brasilianiste à l’Université Paris I-Sorbonne.
 
Président de l’Assemblée nationale, Eduardo Cunha, le premier de ces prétendants du PMDB, a volé la scène les six premiers mois de l’année. Avec à sa botte des dizaines de députés, dont il a fait financer les campagnes électorales par des entreprises « amies », Eduardo Cunha a imposé un agenda extrêmement conservateur, incluant par exemple l’abaissement de l’âge de la majorité pénale à 16 ans. Profitant du vide laissé par Dilma Rousseff, ce militant évangélique s’est rapidement présenté à l’opposition comme celui capable, sinon de la faire tomber, au moins de transformer son mandat en enfer.
 
Atteint par les révélations de « Lava Jato » — il aurait reçu au moins 5 millions de reais de cadres corrompus —, Eduardo Cunha a radicalisé l’affrontement pour faire diversion. Maître de l’agenda au Parlement, un pouvoir considérable, il est favorable au vote d’amendements qui mettraient en péril l’équilibre budgétaire et il accélère la mise en place de commissions d’enquêtes parlementaires qui plaideraient pour l’éviction de la présidente. Alors que l’épée de Damoclès judiciaire se rapproche de lui, il privilégie une stratégie de destruction tous azimuts.
 
Face à la menace de destitution de Dilma Rousseff, c’est l’air grave que son vice-président, Michel Temer, autre leader du PMDB, se présente en recours. Faussement loyaliste, il a expliqué la semaine dernière aux Brésiliens qu’il y avait urgence de trouver une « figure pour unifier le pays ». Selon la Constitution, c’est lui qui hériterait de l’écharpe présidentielle en cas de sortie précipitée de Dilma Rousseff. À moins qu’il ne soit également destitué, si par exemple les comptes de campagne étaient invalidés. Dans l’incertitude, il souffle le chaud et le froid, un pied dans la coalition, un pied contre elle.
 
Un troisième larron vient chahuter un peu plus le jeu politique. Il s’agit de Renan Calheiros, le président du Sénat. Lui aussi est impliqué dans le scandale de « Lava Jato », mais il a opté pour la discrétion. Véritable représentant de l’élite brésilienne traditionnelle, il a comme priorité, pour exister, de fragiliser Eduardo Cunha, son compagnon de parti.
 
Excellent manœuvrier, Renan Calheiros a proposé à Dilma Rousseff de travailler avec elle à un programme baptisé « Agenda Brasil », censé remettre le pays sur les rails tant d’un point de vue économique que politique. Il rappelle qu’il a à ses côtés les principales institutions patronales. Après avoir soufflé sur le feu, elles ont d’ailleurs publié la première semaine d’août une lettre ouverte contre la destitution de la présidente et en faveur de la stabilisation du pays. Même changement de ton à la tête des Organisations Globo, dont les deux principaux médias, le canal Globo et le quotidien homonyme, ont diffusé des prises de position en faveur du « respect de la légalité ».
 
Le président du Sénat Renan Calheiros et le président de l'Assemblée, Eduardo Cunha, le 15 juillet 2015 à Brasilia
Le président du Sénat Renan Calheiros et le président de l'Assemblée, Eduardo Cunha, le 15 juillet 2015 à Brasilia © Antonio Cruz/ Agência Brasil
Désespérée, Dilma Rousseff a aussitôt accepté la main tendue. « À la veille des manifestations, l’urgence, pour elle, c’est de faire baisser la tension », analyse Stéphane Monclaire. « Avec le président du Sénat, Globo et le patronat, elle trouve des alliés opportuns dont les déclarations pèsent lourd, car ils signifient à la classe politique dont ils financent les campagnes électorales qu’ils ne sont pas prêts à accepter n’importe quel projet aventurier pour ramener la droite au pouvoir », ajoute-t-il. D’autant qu’à trop déséquilibrer le pays, ces tentatives mettent leurs affaires en péril.
 
Pour l’élite brésilienne, la situation est inespérée. Car Dilma Rousseff accepte, avec l’Agenda Brasil, une série de mesures qui, si elles étaient votées, démantèleraient les fragiles bases d’un État-providence difficilement édifiées depuis le rétablissement de la démocratie. « En mettant en place le programme de rigueur, la présidente avait déjà accepté une exigence du patronat, qui était de faire augmenter le chômage pour freiner la hausse de salaire et diminuer le pouvoir de négociations des employés », pointe Ricardo Summa, professeur-adjoint à l’Institut d’économie de l’Université fédérale de Rio de Janeiro. Il rappelle qu’à partir de 2006, sous Lula, la revalorisation des salaires en termes réels (après avoir retiré l’impact de l’inflation) s’était généralisée. « Conjugués à une politique sociale plus inclusive, ces changements dans la redistribution des revenus ont provoqué une réaction politique des élites, qui a poussé le gouvernement à changer de politique, pour en finir avec la croissance des salaires », explique l’économiste.
 
Pour se maintenir au pouvoir, Dilma Rousseff est devenue otage de la droite
 
L’« Agenda Brasil » va beaucoup plus loin. « On peut dire qu’il ouvre dans le pays une période de "constituante de droite", plaçant toute la discussion politique dans une optique conservatrice », se désole Gilberto Maringoni, professeur de relations internationales à l’université fédérale ABC, à Sao Paulo. Derrière les appellations pudiques de « sécurité juridique », et de « revitalisation des investissements », on trouve par exemple la proposition de la généralisation du recours aux entreprises de sous-traitants, pour en finir avec le salariat et les protections des employés, ainsi que le relèvement de l’âge de la retraite. Le texte demande également d’alléger la législation sur les terres indigènes avec l’objectif de « les mettre en compatibilité avec les activités productives ». Mêmes exigences concernant les « zones côtières, aires naturelles protégées et villes historiques », pour qu’on puisse y attirer « de nouveaux investissements productifs ».
 
L’accès universel et gratuit à la santé, sans doute le principal acquis de la constitution de 1988, est aussi en ligne de mire. L’« Agenda Brasil » suggère que le recours au système public soit rendu payant selon les niveaux de revenus, et veut interdire aux patients de poursuivre leurs mutuelles de santé privées en justice. Or la violation des contrats par les mutuelles est une constante. Même en payant tous les mois des sommes très élevées, nombreux sont les patients qui sont abandonnés par elles quand il s’agit d’opérations ou de traitements coûteux, d’où une avalanche de procès, gagnés par les consommateurs. La proposition est un parfait exemple de la puissance du lobby de la santé privée. En 2014, selon les calculs de deux chercheurs, Mário Scheffer et Lígia Bahia, respectivement de l’Université de Sao Paulo et de l’Université fédérale de Rio de Janeiro, les mutuelles ont financé les campagnes électorales de 131 candidats au niveau national. Parmi les élus, on trouve la présidente de la République, trois gouverneurs, trois sénateurs et 29 députés.
 
 « On se retrouve dans une situation totalement surréaliste », juge Mauricio Santoro. « Pour se maintenir au pouvoir, Dilma Rousseff est devenue otage d’un programme politique et économique qui n’est pas le sien et qu’elle a combattu pendant des années », estime-t-il. Dans ce contexte, son maintien au pouvoir est une aubaine pour le patronat et le secteur financier. « Pour eux, rien de mieux que Dilma pour mettre en œuvre leur programme et détruire les protections des travailleurs ; si elle était destituée, le PT passerait dans l’opposition et convoquerait des grèves, alors que là, ils ont la paix », ironise-t-il. Même furieux, les syndicats et les principaux mouvements sociaux sont impuissants. Ils voient le gouvernement qu’ils ont travaillé durement à élire en octobre dernier détruire systématiquement leurs acquis, y compris le droit de manifester. Une loi « antiterroriste » a été soumise dans l’urgence au Parlement cette semaine, mettant en péril les droits des militants des mouvements sociaux.
 
Pour Mauricio Santoro, malgré l’absurde de la situation, la présidente n’a pas d’autre issue si elle veut terminer son mandat. « Au Congrès, ses appuis sont trop faibles pour gouverner, et elle a tellement déstabilisé les mouvements de gauche qu’ils ont perdu leur capacité de mobilisation », dit-il. Surtout, alors que la droite a un programme clair à imposer au pays, le PT s’est réfugié dans le mutisme, sans offrir d’alternative. Un silence qui concerne aussi sa principale figure, Lula. On le voit un jour critiquant sotto voce le gouvernement, le lendemain, demandant aux Brésiliens de la compréhension à l’égard de Dilma, le tout en prenant soin de mettre de la distance entre sa dauphine et lui. Car Lula reste la seule chance pour le PT de se remettre en selle en 2018.
 
La popularité de l’ex-président, astronomique en fin de mandat (plus de 80 % des Brésiliens plébiscitaient son gouvernement), est aujourd’hui en chute, atteinte par les dénonciations de corruption sur certains de ses proches et par la mauvaise gestion de celle qu’il a désignée pour lui succéder. « Mais malgré son silence, malgré les attaques quotidiennes de la presse à son encontre, Lula garde un plancher de popularité de 30 %, dont aucun homme politique ne jouit aujourd’hui au Brésil », remarque Renato Meirelles. Précisant qu’il ne se prononce pas sur le bilan de l’ex-président, il ajoute : « Tous les derniers bons souvenirs des Brésiliens, toutes les opportunités qu’ils ont eues et qu’ils pensaient ne pas avoir, datent de l’époque de Lula, lui sait leur parler, leur raconter le Brésil », poursuit-il. En 2008, quand le pays était violemment frappé par la crise économique, le chef d’État était monté au créneau, rassurant, et demandant à la population de garder confiance. « Il offrait des perspectives », résume Renato Meirelles.
 
Le président de l’institut Data Popular se dit marqué par le résultat de ses dernières enquêtes. « Lorsqu’on demande aux sondés quelle est leur vision du futur, c’est le silence, puis ils disent la peur, l’incertitude », note-t-il. Il y a quelques années, à la même question, « ils répondaient aussitôt qu’ils rêvaient d’acheter une maison, de monter une entreprise, ou de voir leur fils à l’université. On connaît une crise de perspective grave », s’inquiète Renato Meirelles.
 
Elle est d’autant plus inquiétante que le paysage politique semble incapable de répondre, aussi bien au gouvernement que dans l’opposition. Pour Renato Meirelles, c’est ce fait qui repousse le risque de destitution de la présidente. « Les Brésiliens sont convaincus que les principaux opposants veulent sa place seulement pour avoir le pouvoir et ses privilèges, sans la moindre pensée pour l’intérêt public », assure-t-il. Les leçons des grandes manifestations de 2013, qui avaient jeté des millions de personnes dans la rue et montré l’ampleur du divorce entre la population et ses représentants politiques, n’ont pas porté leurs fruits, abonde Mauricio Santoro. « Les politiques, y compris le PT, continuent à parler de ce que les Brésiliens ont à manger, sans comprendre que la population est passée à autre chose. Les gens sont dans la rue pour exiger de la transparence, des services publics de qualité, en bref, d’être respectés comme citoyens », dit-il.
 
À moins que les manifestations de dimanche ne soient gigantesques, ce qui créerait une nouvelle pression, Dilma Rousseff a donc gagné du temps en embrassant l’agenda conservateur de l’élite. La crise politique n’en est pas pour autant écartée. Elle dépend de l’aggravation de la situation économique, de nouveaux rebondissements de l’opération « Lava Jato », de la course aux ambitions dans les principaux partis, du jeu des médias, et de la société civile. « Je ne crois pas que le soufflé soit retombé, la crise se nourrit aujourd’hui de l’interpénétration de tous ces éléments, tout est extrêmement fluide et poreux, l’incertitude est telle, et les interprétations si divergentes que tout peut encore se produire », raisonne Stéphane Monclaire. À supposer pourtant que Dilma Rousseff survive, et mène à bout son mandat, on sait déjà, à plus de trois ans de la prochaine élection présidentielle, que sa permanence au pouvoir aura coûté très cher aux classes populaires et au camp progressiste en général.



Suite à cet article , une commentatrice de MEDIAPART, ANNE-MARIE MILON OLIVEIRA, a publié le commentaire ci-après, reproduit intégralement :

 
Comme on dit ici au Brésil, Dilma est parvenue à mécontenter à la fois les grecs et les troyens. Mais votre correspondante a omis de parler de la féroce campagne de presse menée depuis l´ élection  de Lula, mais surtout à partir de la campagne électorale remportée par Dilma et qui vise à présent: 1) A abattre celle-ci afin de rendre le pouvoir à "qui de droit", c´est à dire aux élites qui gouvernent ce pays depuis toujours et 2) tant que cela n´est pas possible, à remettre le présidente "dans le droit chemin", c´est à dire celui préconisé par les "marchés". C´est à présent chose faite et ce que dit l´article est vrai: Dilma fait exactement la politique de ses adversaires qui rêvent encore, malgré tout, de la renverser..
Il faut dire que la presse et les media, dont la très puissante TV Globo sont ici ultra concentrés, oligarchisés, qu´il n´y a pas, à de très rares exceptions près, de presse d´opposition et comme disent ceux qui ne se laissent pas embobiner, que l´opinion publiée devient, de fait, l´opinion publique. C´est de cela que sera aussi nourrie la manif de demain. Malheureusement, ce n´est pas à l´école qu´on apprend à lire les journaux ou à interpréter le message politique diffusé par la télévision, un message clairement tendancieux et manipulateur.
Renverser Dilma, malgré toutes ses erreurs et trahisons ne viendrait pas renforcer la démocratie. Cela constituerait, dans la tradition politique brésilienne, un coup d´état de plus provoqué para la même élite qui gouverne depuis toujours le pays. Une propagande compétente alliée, pour les classes les plus pauvres à une police d´une rare brutalité, permet d´éviter l´utilisation de l´armée. Un coup d´état militaire ne ferait pas bien dans le tableau.  L´élite politique et financière brésilienne qui domine ces media est la principale alliée interne du grand frère américain et notamment des grandes compagnies de pétrole qui convoitent les formidables réserves en grande profondeur découvertes, justement, sous le gouvernement de Lula. D´où le battage autour d´affaires récentes, réelles et très graves de corruption dans la compagnie nationale des pétroles, la Petrobrás qu´on voudrait bien privatiser.
C´est pourquoi on ne peut accepter comme "normale" une éventuelle destitution de Dilma. Il faut envers et contre tout persévérer dans la critique et l´opposition qui sont des attitudes démocratiques.
Ceci dit, le dénominateur commun entre Dilma, Cristina, Alexis et même François le Pathétique c´est leur plus ou moins grande honnêteté, capacité et courage à résister au seul vrai gouvernement qui existe dans le monde, celui du TINA (There is no Alternative), cher à Margareth Thatcher.

Je relève dans un précédent article de Lamia (mars 2015):
"Si la corruption est endémique au Brésil, Lava-jato a permis, pour la première fois, d’en décrypter les mécanismes et d’en nommer les bénéficiaires politiques. Également inédite : la mise en cause des entreprises à l’origine de la corruption"
Il conviendrait de questionner ce "pour la première fois". Si cela signifie que la société a enfin pris conscience du fait de la corruption endémique, cela est vraiment salutaire.
Mais les faits dénoncés dans le procès "karcher" (nostalgie de Sarko!) sont malheureusement pour le moins entachés de secondes intentions. Dans mes conversations, surtout avec ceux des brésiliens qui n´ont pas eu accès à une scolarité complète, il semble que seul le PT est corrompu. Les journaux ne parlent que du PT et, ce qui n´était probablement pas prévu au script, des grandes entreprises, surtout de BTP qui financent les campagnes électorales des candidats et espèrent un retour de l´ascenseur une fois ceux-ci réélus. Le parlement vient d´ailleurs de rejeter la réforme proposée par les forces démocratiques visant à interdire le financement privé des campagnes électorales. Celui-ci est une importante source de corruption que la majorité des députés fait mine de dénoncer.
La corruption existe bien-sur depuis toujours au Brésil, mais curieusement, quand l´élite de toujours était au pouvoir, la presse n´en parlait pas.  Comme elle ne parle toujours pas ou très peu, tout au plus dans les pages intérieures, des scandales concernant les gouverneurs de l´actuelle opposition ou les anciens présidents situés du "bon côté" comme Fernando Henrique Cardoso qui a acheté des voix au parlement pour changer la constitution et pouvoir briguer un second mandat.
En outre nombre de dénonciations actuelles sont le fait de justiciables du "lava-jato" et sont le fruit d´un dispositif juridique destiné à "bénéficier" le dénonciateur ("dénonciation primée").
Sans exclure en aucune façon le gravité des faits dénoncés, dans quelle mesure ces dénonciations peuvent-elles être considérées comme l´exact reflet de la vérité?
Le martellement quotidien des media et de la presse sur ce thème tristement vrai ont un autre effet: selon de récentes enquêtes, les brésiliens dans leur grande majorité n´ont plus aucune confiance dans leurs élus. Sont ils murs pour une nouvelle dictature?


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Une autre approche de la problématique brésilienne est présentée dans MEDIAPART sous la plume de Marilza de Melo Foucher  ( blog) :

 
Un climat de haine anéantit la démocratie au Brésil
 
17 AOÛT 2015 |  PAR MARILZA DE MELO FOUCHER – MEDIAPART
 
Un  sentiment de tension constante semble être s’emparé de la vie politique brésilienne. Le plus inquiétant est le climat d’intolérance où les semences de la haine se propagent partout et la xénophobie se diffuse impunément. Ce climat de haine provient principalement de la droite. La Présidente Dilma Rousseff est la cible permanente d’une vaste campagne de déstabilisation.
Réélue avec une marge de voix étroite (51,64% de voix) sa victoire a été considérée par l’opposition comme une défaite. En fait, les moyens de communication, radios et télés ont présenté une « victoire de justesse » comme une défaite politique. L’opposition n’a jamais digéré sa défaite et a prolongé la bataille politique de la présidentielle jusqu'à créer une polarisation de la vie politique et une division dans le pays. Il faut préciser que la campagne pour la destitution est apparue lorsque les sondages au second tour ont tourné en faveur de Dilma. Le gouvernement venait à peine d’être élu et certains chroniqueurs des journaux conservateurs demandaient déjà sa destitution, alors que c’était juridiquement impossible. Sans accepter le résultat des urnes ils ont commencé à faire barrage à la gouvernabilité. Les partis de la droite brésilienne et les secteurs les plus conservateurs de la société, ont toujours eu le soutien inconditionnel du quatrième pouvoir- les grands médias au Brésil. Comme disait le Président du Mouvement Sans Terre « au Brésil le pouvoir médiatique a la capacité de prendre en otage les partis et les secteurs des institutions républicaines ». La tactique a été d’organiser une pression continue, afin de déstabiliser le pouvoir en combinant l’action parlementaire, l’action de rue et la dénonciation des scandales.
Tous les secteurs de la droite à l’extrême droite sont sortis du bois et avec l’appui des médias et des groupes politiques parfois fascistes ils ont intensifié l’agitation sur les réseaux sociaux de l’Internet dans  le but de renverser le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff.  Ils ont mis en place diverses stratégies, y compris la promotion de campagnes de diffamation, de désinformation, la propagation de la haine, de la peur et la dénonciation d’un système de corruption crée par le Partis de Travailleur-PT. Ces secteurs conservateurs on aussi su profiter de la détérioration économique du Brésil, pour faire monter la radicalisation de la classe moyenne brésilienne, la première touchée par la crise, la diminution de son pouvoir d’achat l’obligeant à freiner son euphorie consommatrice. Il faut souligner que la Présidente Dilma a été piégée par la durée d’une crise économique globale et systémique.
Le début de son gouvernement "Dilma II" a été désastreux, elle a mis en place une équipe pour gérer la gouvernabilité économique, plutôt libérale, qui a proposé des mesures qui ne correspondaient  pas aux promesses de campagne. La gauche a été déçue et la droite a crié à l’escroquerie électorale. Le silence de la présidente Dilma au début de son mandat sur l’aggravation de la crise économique et la justification de ces choix ont généré un certain malaise et ont créé un vide politique dont la droite a su profiter.
La Présidente Dilma Rousseff aujourd’hui ne dispose pas d’une majorité pour faire passer ses réformes. Depuis l’élection de 2014, le parlement élu au Brésil comprend le plus grand nombre de législateurs millionnaires, les plus riches de l’histoire républicaine. Selon le DIAP –Département intersyndical de conseil parlementaire, le PMDB est le parti qui rassemble plus de millionnaires, avec 39 candidats élus. Le PSDB est arrivé second, avec 32 députés. Les deux partis qui ont le moins de millionnaires sont les élus du PT, avec 13, et le PDT, avec 11. Les élus sont  des représentants des secteurs agricoles et agro-business (257 élus), des  hommes d'affaires (190 élus), les riches pasteurs et membres des églises évangéliques (52 élus), des anciens membres de la police (56 élus),  les  élus représentant des travailleurs sont passés de 83 à 46 élus. Au total 462 hommes et 51 femmes. La majorité de ces élus sont hostiles à la  continuité de la politique de développement avec inclusion sociale menée pas les gouvernements de Lula et suivi par Dilma lors  son première mandat.
Au cours des dernières élections, les candidats de droite et de l’extrême droite ont eu les meilleurs résultats au parlement brésilien. De plus, la droite se diversifie et se popularise. Elle n’est plus seulement présente dans des grands partis, ses alliés les plus réactionnaires et extrémistes sont présents aussi dans les petits partis. Beaucoup sont connus comme des partis « physiologique » (Au Brésil l'expression «Partis physiologique» décrit des partis politiques qui n’ont pas de philosophie ils sont structurés pour avoir des postes de pouvoir et toucher  des fonds publics). Ces partis politiques ne parviennent pas à connecter l'intérêt individuel et l'intérêt public, ils agissent plus comme des factions et sont capables de prendre possession de l'intérêt public pour satisfaire leurs intérêts privés et substituer ceux-ci à celui-là. Le résultat est le blocage de toutes les lois présentées par le gouvernement. Ainsi que la mise en cause des acquis sociaux, des programmes d’inclusion sociale, de la défense de l'égalité et de la promotion des libertés.
Le vice-président Michel Temer intègre le parti de la base allié, le PMDB -Parti du Mouvement démocratique Brésilien qui  dès le début du second mandat, maintient une posture ambiguë - soutenir le gouvernement pour partager le pouvoir et en  même temps  nourrir l'opposition. Cette posture, il l’a adopté depuis la démocratisation du pays en 1985. Avec sept gouverneurs, 66 députés y compris le Président de la chambre des députés le conservateur évangélique, Eduardo Cunha. Le PMDB dispose  au Senat de 18 sénateurs (y compris le Président du Sénat Renan Calheiros). Les deux Présidents font opposition à la Présidente Dilma. Le PMDB dicte aujourd’hui le rythme du gouvernement. Le but est de  fragiliser au  maximum Dilma Rousseff pour donner plus de pouvoir au Vice-président qui est aujourd’hui le porte–parole politique nommé par Dilma ! Pour compléter le cadre de la crise institutionnelle, les deux Présidents ont été accusés de corruption par l’opération « lava jato ». Ces politiciens aujourd'hui contribuent à l'aggravation de la crise politique et économique en organisant un complot visant à renverser le gouvernement accusé de corruption. Les scandales de corruption touchent l’ensemble des partis politiques de droite, mais les médias mettent en avant uniquement la participation des personnalités importantes du PT. En fait la corruption n’a pas véritablement augmenté ces dernières années, mais c’est la qualité du contrôle, la visibilité des accusations et l’accès aux informations révélatrices qui se sont accrus. Et c’est sous  le gouvernement de Dilma Rousseff que les moyens pour la lutte contre la corruption se sont accrus. La Présidente du Brésil a fait de la « culture de la transparence » son principal cheval de bataille.
Malheureusement la corruption est endémique au Brésil,  on la trouve partout. Elle n’est pas le propre de la classe politique ! Le détournement des deniers publics est connu comme un véritable « sport national » qui touche tristement toutes les strates de l’Etat, du secteur privé et même du secteur des organisations à but non lucratif. Le « jeitinho » brésilien est bien connu, ce sont des petites « combines » quotidiennes presque culturelles, qui permettent à nombre de brésiliens de tout simplement s’en sortir. Il suffit aussi de jeter un regard sur la trajectoire politique brésilienne depuis le début de la République pour constater que le virus de la corruption s’est épandu à l’ensemble de la société brésilienne. La majorité des hommes politiques sont tous empêtrés dans des systèmes de corruption, ils ont toujours alimenté le mélange entre les intérêts publics et privés. Cette habitude a été considérée comme inhérente à l’«être politique » ! Donc, ceux qui aujourd’hui semblent scandalisé par la corruption, sont les mêmes qui hier  ont voté le financement privé des campagnes politiques et ne souhaitent pas une vraie reforme du système politique au Brésil voulue par la majorité des brésiliens.
Démonter ce système et la culture de corruption est une affaire de tous  les brésiliens. La corruption n’a pas de partis politiques. Elle n’est pas née avec le PT comme la grande presse et la droite la plus corrompue essayent de le faire croire. Il faut aussi signaler que la question de la crise politique n’a pas été  déclenchée par l’enquête de la Police fédérale à propos du système de corruption lié à Petrobras, connu comme l’opération « Lava Jato », toutefois, l'environnement politique semble bouleversé par les révélations qui touchent le monde d'affaires et les politiques qui utilisent l'Etat à leur profit. Les grandes révélations qui jettent un doute sur l'élection des députés, des sénateurs, des gouverneurs, et de leur propre Président.  L’Opération « Lava Jato » (scandale de la Petrobras) démontre que le cœur du capitalisme brésilien  est entièrement corrompu. Si le scandale s’élargit et s’étend jusqu’à l’ère de Fernando Henrique Cardoso (prédécesseur de Lula)–ce qui est le moins que l’on puisse espérer – ce scandale touchera encore plus le PSDB que le Parti de Travailleurs. Pour se rendre compte de son niveau de corruption, il suffit de parler du scandale lié au cartel du Métro de São Paulo, par exemple qui a la même caractéristique que la crise à Petrobras. Une question se pose : Est-ce que la situation est pire aujourd'hui qu'elle ne l'était dans le passé? Est-ce-que la Présidente Dilma est intervenue pour bloquer les avancés des enquêtes judicaires ? Personne ne croit que la destitution de Dilma sera déterminée par le soupçon qu'elle a été personnellement impliquée dans un système de corruption.
Dans ce cadre complexe, truffé de contradictions, la droite avance tous ses pions pour empêcher la réussite du gouvernement Dilma car elle a  peur que Lula revienne au pouvoir. Selon les projections du gouvernement, la croissance sera de 1,5%, même avec ce taux croissance en baisse les signes de reprise sont là et la situation du Brésil n’est pas désespérée, contrairement à ce que décrivent les grands médias brésiliens, car le pays dispose de ressources naturelles abondantes et son économie est relativement diversifiée.
Le mois d’août, sans aucun doute marquera l’histoire de la polarisation politique au Brésil. Le 16 août les adversaires du gouvernement Dilma, ceux qui ont la haine viscérale du  PT et de toute la gauche brésilienne feront la troisième grande manifestation en faveur du coup d'Etat,  ils demandent la destitution de la présidente Dilma Rousseff. Ce sera le Brésil de "la république de ceux qui en ont." Ceux qui ne veulent pas un développement avec inclusion sociale. Le  Brésil  inégal n'a jamais affecté le Brésil des privilégiés. Plus de pauvreté et une  concentration toujours plus grande de la richesse. Tout cela est bénéfique pour les riches! Un salaire minimum plus bas pour de meilleurs profits des entreprises!
Le 20 août sera le tour de ceux qui n’acceptent pas le retour de la dictature et font de la résistance contre les fascistes. Ils occupent la rue pour défendre la démocratie et les acquis sociaux. Ils veulent une république citoyenne et sans corruption. Ce sera la République de des privilégiés le 16 août, face à la République de la citoyenneté active, le 20 Août.
Le jeudi (13/8), Dilma a reçu au palais présidentiel les centaines de représentants de divers mouvements sociaux brésiliens. UNE, CTB, CUT, MTST, MST et d'autres mouvements ont exprimé leur engagement envers la démocratie et la volonté de lutter contre le coup d'Etat, mais ils ont aussi demandé à la présidente des mesures efficaces afin que les travailleurs ne paient pas le compte de la crise économique.
Les organisations sociales ne permettront pas que l’agenda politique soit dicté par le Président du sénat et les membres du Congrès qui défendent seulement les intérêts de la République de privilégiés. La dernière enquête d’opinion publique de le confirme : La majorité de la population approuve les  programmes de distribution des revenus, les politiques de réduction des inégalités. Parmi tous ceux qui seront dans rue le 20 août prochain il y aura aussi ceux qui sont critiques vis-à-vis de la politique d’austérité du gouvernement de Dilma Rousseff.



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DE LA RUSSOPHOBIE FRANCAISE

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DE LA RUSSOPHOBIE FRANCAISE

u zinu :

Cultiver la russophobie semble actuellement être de bon ton dans l'opinion française. Cette russophobie est, à dire vrai, largement suscitée ou entretenue  par la doxa que diffuse un pouvoir totalement inféodé à l'Otan.
En matière d'orchestration médiatique, la presse de droite se révèle au demeurant moins "virulente" et se montre moins "dichotomique" en ses jugements que celle de la  gauche atlantiste  ou celle qui,  au nom des droits de l'homme ou de la démocratie confond allègrement anti-poutinisme et russophobie. Un russophile déclaré (ce que je conviens être) lira donc avec plus de plaisir en ce moment, s'agissant de la Russie, le Figaro et Valeurs Actuelles que "Libé",  "Le Monde" ou même, dans une certaine mesure, Médiapart.
 
Ne parlez pas de Russie à Hollande. Sa culture se situe ailleurs. Il ne comprend rien à ce pays, et encore moins à l'âme slave. Son champ de vision géopolitique ignore par ailleurs, ou feint d'ignorer, les  réalités de l'Eurasie. Tout ce qui touche à la Russie est conditionné par son atlantisme forcené. Ne mentionnons que pour mémoire son ministre des affaires étrangères, Fabius, caniche devant Obama et Netanyahu, aussi hautain, suffisant, et droit dans ses escarpins devant les Russes, qu'obséquieux et révérencieux devant les monarques et les émirs  golfiques.

S'agissant des  "Républicains" (les guillemets s'imposent), ils naviguent entre un antisoviétisme résiduel, un vague héritage gaulliste, leur désir de prendre le contre-pied de la politique menée par Hollande (Sarkozy), et la russophilie avérée de quelques uns de leurs ténors (Fillon et Mariani notamment).

Chez les Centristes, un européo-atlantisme viscéral fait qu'ils rangent irrémédiablement la Russie, à l'instar des néoconservateurs américains, dans  l'axe du mal.

Au FN, le "canal historique" du père et le "canal habituel" de la fille sont sur ce plan réunis. Ils sont animés d'un certain anti-américanisme hérité de l'idéologie traditionnelle de l'extrême-droite française, et apprécient dans le même temps les valeurs sociétales et "morales" prônées par Poutine (patriotisme, religion, mœurs, etc.)
De ce fait un regard bienveillant sur la Russie l'emporte désormais sur leurs préventions passées à l'encontre d'une Russie bolchevisée.

 
Bref, atlantistes forcenés, hollando-socialistes pernicieux ou cauteleux, "démocrates" circonstanciels ou professionnels style BHL ou Glucksmann junior, ont tout loisir d'exprimer des sentiments russophobes exacerbés qui trouvent écho chez les jocrisses béats et le vaste peuple des irréversibles benêts.
Les médias relevant de la gauche bobo/caviar ne sont pas les derniers à exprimer leur haine de la Russie et leur approbation enthousiaste des menées otaniennes étayées par une désinformation de masse systématisée.
Dans un tel contexte, oser prendre la défense de la Russie relève presque de l'innocence.

Je citerai donc simplement ici un extrait du dernier ouvrage de Sylvain Tesson , "Berezina", qui me semble traduire de manière assez juste à la fois le sentiment qu'ont les Français du peuple russe et celui qu'ont les Russes de leur situation dans le contexte géopolitique  actuel.
 " [...) Ô, nous aimions ces Russes. Chez nous, l'opinion commune les méprisait. La presse les tenait, au mieux, pour des brutes à cheveux plats, incapables d'apprécier les mœurs aimables des peuplades du Caucase ou les subtilités de la social- démocratie et, au pire, pour un ramassis de Semi-Asiates aux yeux bleus méritant amplement la brutalité des satrapes sous le joug desquels ils s'alcoolisaient au cognac arménien pendant que leurs femmes rêvaient de tapiner à Nice.
Ils sortaient de soixante dix ans de joug soviétique. Ils avaient subi dix années d'anarchie eltsinienne. Aujourd'hui, ils se revanchaient du siècle rouge, revenaient à grands pas sur l'échiquier mondial. Ils disaient des choses que nous jugions affreuses : ils étaient fiers de leur histoire, ils se sentaient pousser des idées patriotiques, ils plébiscitaient leur président, souhaitaient résister à l'hégémonie de l'OTAN et opposaient l'idée de l'eurasisme aux effets très sensibles de l'euro-atlantisme. En outre ils ne pensaient pas que la Russie avait vocation à s'impatroniser dans les marches de l'ex-URSS " 

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A propos de Poutine, de la Russie et de l'Occident, MARIANNE2 présentait ainsi un article de Mathieu Slama (8 août 2015):

Selon l'analyste Mathieu Slama, ce qui se joue entre Vladimir Poutine et les dirigeants européens, ne se situe pas simplement autour de la question ukrainienne mais au niveau des idées, "sur quelque chose de bien plus fondamental et décisif". Deux visions du monde qui s'entrechoquent, " la démocratie libérale et universaliste" côté européen et "la nation souveraine et traditionaliste, de l'autre ", côté Poutine.

Slama  écrivait (extrait)  :

[....]   On peut reprocher beaucoup de choses à Vladimir Poutine, mais il y a une chose qu'il est difficile de lui contester, c'est son intelligence et l'imprégnation qu'il a de la culture et de l'âme russes. D'un côté la démocratie libérale et universaliste ; De l'autre, la nation souveraine et traditionaliste. En cela, nous dit Hubert Védrine dans le dernier numéro du magazine Society consacré à Poutine, il se distingue très nettement de ses homologues européens : "C'est un gars [sic] très méditatif, qui a énormément lu. Vous ne pouvez pas dire ça d'un dirigeant européen aujourd'hui. Il y a une densité chez Poutine qui n'existe plus chez les hommes politiques". 

" u zinu" rédigeait le commentaire suivant :

1. Bel universalisme en effet que celui de l'Occident. Il n'est que de considérer les conquêtes coloniales des pays européens et les répressions qui ont accompagné les diverses luttes de libération nationale des peuples jugulés.
2. Si l'on prend comme référence première la nation qui est l’archétype ou le prototype du "monde occidental", les dernières manifestations concrètes de ses idéaux en Irak et au Moyen Orient ne plaident pas excessivement en faveur d'une exportation des "valeurs" de la démocratie libérale et universaliste.
3. S'agissant de la Russie, lorsqu'un pays se sent menacé d'encerclement, ou pire, par une coalition militaire, il paraît assez logique de voir ses dirigeants faire appel à des notions patriotiques et "souverainistes". Ce fut, me semble-t-il, le cas de la France lors de la dernière guerre.
4. Védrine, convenons en, c'était autre chose que le petit marquis Fabius. Lorsque j'aperçois dans quelque lucarne ce Gribouille suffisant et prétentieux, je ne puis m'empêcher de me remémorer son humiliation face à Chirac (qui n'est pourtant pas de mes idoles) lors d'un débat resté célèbre.

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COMMENTAIRE POSTE DANS  AGORAVOX  le 21/08/15 à la suite de la publication de ce billet

 
Elliot 21 août 17:35

[...]  synthèse [...]  de toutes les préventions qui prévalent pour dénigrer la Russie, non qu’elle ait jamais été sans reproche, notamment dans les errements qui ont suivi la chute de Gorbatchev et le calamiteux intermède Eltsine, mais enfin, malgré le peu de sympathie que j’éprouve pour Poutine qui me fait penser par de multiples côtés aux esbroufiques Sarkozades qui ont tant été moquées. 

Mais reconnaissons à Poutine d’avoir rétabli la Russie dans son rang, de lui avoir rendu sa fierté et ce rétablissement d’un grand pays qui était en train de sombrer est justement à l’orogine de cette Russophobie organisée par les médias [....]

Assez paradoxalement tant que la Russie fut un objet de risée, elle bénéficiait de préjugés très favorables dans la presse : c’était quasi le grand rêve gaullien d’un territoire apaisé de l’Atlantique à l’Oural qui prenait enfin corps, avec la Russie comme éternel homme convalescent de l’Europe, sympathique mais impotent..

On acheva de démembrer pour le grand bien de toutes les victimes de la guerre civile la Yougoslavie et l’élargissement de l’UE vers l’Est ( et maintenant toute honte bue de l’Otan ) se fit dans un esprit d’humiliation de l’ancienne puissance soviétique.

La solidarité était surtout truffée d’arrière-pensées nauséeuses.

L’Ukraine donnée en pâture aux néo-nazis est le point d’orgue de cette dérive où la Russie redevient l’ennemi dès lors qu’elle refuse de se coucher.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

LA FÊTE DE LA VIOLETTE "républicaine ta mère".

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LA FÊTE DE LA VIOLETTE
La fête de la violette se déroulant chaque année en les terres de La Ferté Imbault, fief de messire Guillaume Peltier, monseigneur Taurin nous pardonnera d'en utiliser les armoiries pour orner les épîtres qui suivent.
« U zinu » se fait un plaisir de les  retranscrire ici. Il a pu les découvrir en "visitant" le secrétaire d'une sienne cousine, hélas encartée à l’UMP devenue "Républicaine", mais qu’il affectionne tout de même, la parenté l’emportant , comme il se doit, sur les divergences idéologiques et l’esprit partisan.
 
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FETE DE LA VIOLETTE – AN III.
Quand la fête de la violette devient "républicaine".
( d'autres diraient : " Républicaine, ta mère ! "
4 juillet 2015.
 
 
Ma bonne amie,
 
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Voici un an nous étions réunis, dans l'enthousiasme et la ferveur, mais point tout à fait dans la sérénité, pour la seconde fête de la violette, toute dédiée à Nicolaescu, notre bien aimé conducator.
Je ne vous ferai pas l'injure de penser que votre culture vous laisse ignorer que ce titre de conducator fut porté, jusqu'à sa tragique exécution, par un Roumain de fière envergure, pharaon du Danube et maître de toutes les pensées de ses sujets. Il me plaît de l'attribuer à Nicolas en signe de ma profonde vénération.
La Roumanie fournit à notre belle France, vous le savez, à la fois de l'ivraie et du bon grain. Comptent, cela va de soi, parmi le bon grain, Lionel Luca et ce pauvre Copé, oublié de tous, malgré les éminents services qu'il rendit jadis à notre cause. Je vous laisse deviner, mais je pense que vous n'aurez aucun mal à le faire, ce que recouvre le terme d'ivraie.
Mais venons en à des considérations moins géographiques et surtout moins migratoires.
L'an dernier, un certain Bygmalion rôdait parmi nous, répandant sa pestilence et ses miasmes dans toute notre assemblée. Nous dûmes, pour chasser les remugles de sa présence, clamer à cors et à cris le nom de notre Chef, et nous prévaloir hautement de sa parfaite innocence.
Cette année, métamorphosés en Républicains, nous ne courons plus le risque de voir réapparaître les fantômes qui hantèrent notre demeure. Par les artifices habiles d'un subtil changement de terminologie, nous voici dépouillés de notre tunique de Nessus, et revêtus du lin blanc de la probité. Les Balkany, experts comme chacun sait, en vertu et sainteté, ne sont pas, soit dit en passant, les derniers à se réjouir de notre virginité retrouvée.
Cette année, disais-je, invités par les deux impétueux animateurs de notre Droite forte, à venir en masse nous rassembler autour de Nicolae(scu), nous nous comptâmes, en ce sabbat du 4 juillet, près de 4.000 en arrivant au port.
Ce fut une belle fête républicaine, et non un barnum festif, comme se plaisent à le colporter nos ennemis.
Je vous concéderai qu'elle ne rassembla pas une foule aussi massive que celle de la fête de la Fédération, qui se déroula, je crois, au Champ de Mars en l'an 1790. Mais qu'importe.
Notre conception de la République, vous le savez, n'est pas tout à fait celle des révolutionnaires de 1789, non plus que celle, soit dit en passant, de la diabolique Marine et de son compère Florian.
On y vit, bien sûr, celui que nous espérons voir redevenir bientôt notre prince, mais aussi quantité de délégués féaux et loyaux accourus de tous nos beaux départements, de toutes nos villes et de toutes nos campagnes, pour lui prêter serment d'allégeance.
Nous ne vîmes point Ganelon Fillon, ni pépé Juppé. Nous apprîmes que le jour même ce dernier avait tenté de rassembler quelques maigres troupes du côté de Suresnes pour ce que le bas peuple appelle une brochette-partie, ou un barbecue.
Il tint, comme à l'accoutumée, des propos qui laissèrent poindre ses malsaines ambitions de géronte atrabilaire et prétentieux.
Pire encore, il osa reprendre son antienne favorite sur la nécessité de ne point diviser les Français en modérés et excités, nous rejetant, cela va de soi, parmi ces derniers, et donnant inconsidérément à croire aux benêts et aux jocrisses, que nous serions proches en sentiments et idées de l'antirépublicaine Le Pen.
Toujours acoquiné avec le traitre Bayrou, ravalé au rang d'édile de bas étage, il ne manqua pas de flatter ce dernier. Nous fûmes nombreux à nous gausser de cette piètre alliance entre l'ambitieux et celui qui n'est plus qu'une sorte de Soubise cherchant le résidu de ses maigres troupes à la lueur d'une lanterne.
Pour subvenir aux besoins de sa campagne, le Girondin tendit la sébile. Mais, j'appris dès le lendemain, et cela me causa joie, que de maigres subsides tombèrent dans son escarcelle.
Quelques jours auparavant, notre cher Nicolas, fin stratège, avait opportunément conclu avec Jean Christophe, président d'un Centre qui nous est très proche, un pacte circonstanciel destiné à nous assurer une large moisson de régions et de provinces lors de la prochaine votation (terme que j'emprunte à nos amis Suisses).
Dans notre camp, en ce beau pays de Sologne, où nous accueillaient le bouillant Guillaume et le sémillant Geoffroy, Nicolas sut trouver la métaphore appropriée en évoquant les arbres dont les racines sont aussi fortes que l'est la Droite de nos deux amis.
Il eut, bien sûr, tout loisir d'évoquer aussi les thèmes qui lui sont ordinaires, l'identité nationale, les racines judéo-chrétiennes, et autres valeurs de notre vieille France.
Il nous invita à ne point bêler autour du mot diversité, cette diversité dont j'ose me souvenir qu'il chanta peut-être inconsidérément la louange du temps où il pensait utile de la promouvoir. Il nous enjoignit de nous préoccuper plutôt de notre identité, ce que je crois en effet plus salutaire pour notre pays et nos concitoyens.
Il étrilla copieusement les lézards grecs, leur fainéantise, leur légendaire paresse, et leurs coutumières prévarications, affirmant haut et fort que les pauvres contribuables français seraient les seules victimes expiatoires de leurs turpitudes.
S'élevant avec force contre les assertions mensongères des gauchistes et anarchistes de tout poil, il exonéra de tout péché les généreux banquiers venus depuis des lustres au secours du peuple grec et de ses dirigeants antérieurs.
Il n'omit pas de fulminer, comme à l'ordinaire, contre l'usurpateur hollandais et sa médiocre normalité, le fustigeant sévèrement, et observant qu'il traitait avec une maladresse inconvenante notre grande amie Merkel.
En une formule inédite et littérairement osée, mais lucide et vigoureuse, il déclara que l'usurpateur "se divisait" d'avec Angela en l'importunant avec sa recherche d'un compromis honteux et capitulard.
Les militants présents, au nombre desquels je comptais, ont vivement applaudi à son propos musclé, à ses saillies vigoureuses, à ses traits d'humour finement assénés, aux boutades assassines dont il est coutumier.
Le paroxysme de notre enthousiasme fut atteint lorsqu'il nous fit confidence, à propos de nos ennemis de l'intérieur, qu'il avait choisi délibérément "de ne pas tout entendre et de ne pas tout voir", mais que cette retenue n'aurait qu'un temps. Nous songeâmes, cela va de soi à Fillon, Juppé, Bertrand, Le Maire, et autres prétendants prétentieux et pernicieux qui n'ont en tête que de se produire dans l'arène de primaires inutiles autant que génératrices de fatales divisions.
Pour conclure, je vous dirai ma bonne amie, que malgré l'orage diluvien qui s'abattit sur l'immense chapiteau de notre rencontre, nous vécûmes dans l'union et la dévotion une belle et grande journée, et que nous fîmes honneur à notre nouveau sigle en répétant à l'envi, comme pour nous en persuader, que nous étions d'authentiques républicains.

P.S : paru dans AGORAVOX le 15 juillet 2015
 
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FÊTE DE LA VIOLETTE, AN II.
5 Juillet 2014
 
 
Ma bonne amie,
 
Bien que n’étant point de celles que l’on appelle communément, dans le commun du peuple, une femme forte, je me rendis, répondant à  l’aimable invitation de messieurs Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, au raout de "La France forte" organisé le 5 de ce triste mois de juillet 2014, en la campagne solognote.
Je ne vous y vis point. Mais, m'étant enquise des raisons de votre absence, j'appris que de petits tracas de santé en étaient la cause. Aussi m'efforcerai-je en quelques lignes de vous conter cette merveilleuse journée. 
Je n’ignore point que de viles gazettes gagnées à la cause de l’usurpateur parlèrent le lendemain de rassemblement de sarkolâtres hystériques et de sarkomania délirante. Certaines mêmes, prenant prétexte des gais propos que nous échangeâmes lors de nos libations, et de nos « santés » répétées en l’honneur de Nicolas, osèrent utiliser le terme sulfureux de sarkopride. Mais je vous confierai, ma chère amie, que ces termes certes inappropriés et condamnables reflètent tout de même avec assez de justesse notre amour infini et notre pieuse dévotion à l’égard de celui qui reste  dans la présente adversité, notre guide suprême et notre phare lumineux.
Exaspérés, irrités, courroucés, outrés, indignés par les viles attaques dont l’accable le clan qui s’est emparé du pouvoir, nous ne manquâmes pas, a contrario, tout au long de cette mémorable journée, d’encenser, d’honorer, et de glorifier notre bien aimé Nicolas.
Nous ne manquâmes pas non plus de vilipender ses  détracteurs, de les agonir, de les invectiver et de les vouer aux gémonies, tout en nous faisant violence pour ne pas tomber sous les coups d’une justice taubiresque toujours prompte à nous chercher querelle.
J’ai vécu pour ma part avec émotion et ferveur cette journée faite d’intense convivialité, qui nous a toutes et tous unis dans la célébration de notre magnifique chef.
La foule y fut très dense, car accourus de tous les coins et recoins de notre belle France, tous les affidés de la sarkozie avaient tenu à honorer de leur présence cette annuelle célébration. Nous nous comptâmes près de deux milliers, nombre que les argousins de l’usurpateur, dépêchés dans les fourrés environnants pour nous compter et recenser ne purent démentir, et qui témoigne éloquemment du grand crédit de notre coterie.
Il y avait là, bien sûr, tout le haut gratin de "l’Association des amis de Sarkozy". Nous pûmes y croiser aussi, au détour des tables et des étals, la garde rapprochée, le noyau dur, les plus fervents supporteurs, voire même quelques prétendus amis confits d’hypocrisie et de fausse dévotion. Gens de haute et basse lignée surent, je vous l’assure, tomber les uns dans les bras des autres dans une même communion à la gloire de Nicolas. Tous scandèrent avec force et vigueur, en chœur et à cris, le prénom tant chéri.
Seul manquait monsieur de Copé, qui l’an passé confondit, en un tragique moment d’égarement, la rose et la violette, pourtant fleurs devenues fort antinomiques. Une mienne voisine de table me confia que certains petits tracas passagers lui faisaient obligation pour l’instant d’être moins voyant et surtout moins prolixe qu’à l’ordinaire. L’honnête échevin de Meaux, qui n’en finit plus d’accumuler les médisances fillonesques, mais qui le lui rend bien en dévoilant pour sa part  les somptuaires frais d’aéronefs du renégat, était, m’a-t-on affirmé, en déplacement avec son onéreuse épouse.
A tout seigneur, tout honneur : Brice sut trouver les mots adéquats pour  nous réconforter, voire nous conforter en prononçant ces fortes paroles de circonstance :  "Certains diront qu'il y a les affaires. Ah, les affaires ! […] Ne vous laissez pas abuser, il n'y a pas d'affaires ». Nous n’en doutions point, mais l’entendre dire avec vigueur nous revigora de la plus belle manière.
Monsieur de Chatel, échappé à la surveillance de l’odieux directoire qui brime son office, clama en une envolée digne de notre sœur Morano : « ils veulent combattre Nicolas Sarkozy, parce que c'est le plus brillant, le plus déterminé, le plus courageux ». Vous confierai-je que la redondance de mes frénétiques applaudissements m’étonna moi-même lorsque, par-dessus la clameur des approbations, ces fortes paroles parvinrent à mes oreilles.
Je goûtai aussi les mots qu’il sut trouver pour fustiger les pisse-vinaigre, les envieux, les comploteurs qui osent, tels des traîtres parés en moines encapuchonnés, ourdir de sombres machinations contre Nicolas tout en murmurant de féales patenôtres. Au premier chef plaçons celui qui durant près de cinq années fit mine de le servir avec humilité. Mais n’oublions pas non plus l’ancien exilé québécois, plus sournois encore en ses dires et propos médisants.
Dans la remarquable péroraison de monsieur de Chatel, il fut question de morale, de loyauté, de vérité, toutes vertus qui sont propres à Nicolas et que nous nous faisons devoir de  nous mêmes pratiquer, imitant en cela le beau Geoffroy, que nous rémunérons modestement selon les uns, excessivement  selon les autres, pour ses brillantes prestations oratoires dans les lucarnes médiatiques, prestations que ses détracteurs qualifient méchamment de jacassin médiocre et partisan.
Toutes les dames de notre coterie étaient là.  Au nombre d’icelles, comme à l’accoutumée, se distingua par son langage fort et cru notre chère Nadine, toujours prompte à manier le dithyrambe, la louange et l’encensement à l’adresse de Nicolas,  mais aussi, comme il se doit, l’avanie, l’injure, l’apostrophe et la diatribe à l’encontre de ses ennemis.
Je vous dirai en toute franchise que son parler souvent vulgaire froisse parfois mon entendement, et que son allure de cantinière napoléonienne me chagrine quelquefois. Mais je me raisonne en me faisant rappel que nous sommes une Union pour un Mouvement Populaire, et que l’ardente Nadine fait assez peuple pour en constituer l’un des basiques fleurons.
Dame Dati, invitée d’honneur, toujours superbement autant que richement parée, sut se montrer digne de son glorieux passé de justicière, mais se fit toutefois remarquer par une passion téléphonique effrénée, usant et abusant de cet appareil que mon petit-fils appelle un mobile, et qu’il utilise, soit dit en passant, de manière quasi permanente au fil de ses journées et peut-être même de ses nuits. Interrogé par mes soins sur les conséquences financières d’une telle passion, voire d’une telle addiction, un convive averti des finances de notre mouvement me rasséréna, en m'assurant  que le coût des longues et fréquentes conversations de Rachida était pris en charge, malgré sa déliquescence,  par le trésor du parti. 
Dame Rosso Debord  et dame Tabarot, dont chacun sait la distinction physique mais aussi l’intelligence et la finesse du langage, étaient également de la partie, toujours aussi surprenantes en leur inconditionnelle adoration de Nicolas. Elles ne furent pas les dernières à scander ce prénom chéri, prenant soin, tout comme moi, d’en détacher longuement chaque syllabe. Nous pûmes une nouvelle fois vérifier  leur attachement, leur dévouement, leur ardeur, et leur flamboyante ferveur.
L’un de nos chers louveteaux, dont il ne me souvient plus s’il s’agit de Geoffroy ou de Guillaume, mais peu importe puisque ces deux vaillants garçons tiennent ordinairement le même langage, osa évoquer certaine tour penchée qui défie les lois de la gravité depuis déjà quelques siècles. «L'UMP c'est la tour de Pise, le sommet flageole, mais le socle est solide» s’écria-t-il en un moment d’enthousiasme non contenu.
Je fus initialement choquée par le rappel de la dangereuse inclinaison de la tour à laquelle il faisait allusion, mais je me ravisai promptement en ne retenant de son imprudente référence que l’évocation de la solidité du socle, socle dont je m’honore d’être une modeste composante.
Je ne sais quel libelle du parti hollandais s’étant dès le lendemain emparé de la comparaison en faisant insidieusement observer que désormais, et surtout depuis Bygmalion, la statue du Commandeur reposait sur un socle branlant, je me suis, depuis lors, revenue en mes occupations ordinaires, attachée à le consolider par un redoublement de zèle et d’affection.
Que vous dirai-je encore ?  Un "mur du soutien", surmonté d’une grande banderole portant les mots "Nicolas Sarkozy, on a besoin de toi" nous invitait à une apposition de signatures et de slogans. Il fut rapidement couvert d’appels, de prières, de suppliques, d’exhortations,  mais aussi de diatribes et d’injures dignes d’un autre mur, celui qui orne une officine honnie de tous, et dont la décence qui me caractérise m’interdit de citer le déterminant.
Au soir de cette mémorable journée, plus  ragaillardie que jamais, emplie de gratitude et d’espoir, j’ai rejoint ma demeure de Neuilly en me promettant de morigéner les  soldats désemparés qui jetaient aux orties leur armure d’antan, et de rassembler en une troupe résolument pugnace le dernier carré des grognards de mon entourage.
J’espère vivement, ma chère amie, que vous serez des nôtres, encore que je n’ose féminiser le terme de grognard  de crainte de froisser l’Académie, ou accessoirement,   les lecteurs habituels de notre cher Figaro.
Je vous invite, "in fine", ainsi qu'il se dit en bon latin, à prendre désormais pour devise, comme nous tous, le mot hardi de fortitude.
 
 
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LA GRAND MESSE DE LA VIOLETTE  - AN I.
6 juillet 2013 - En Sologne. 
 
 
 
EPISODE 1 
 
 
Il faut que je vous dise combien fut grand notre bonheur lors de la petite sortie champêtre que monsieur De Peltier organisa pour fêter le retour supposé de notre bon sire. 
Ce fut en vérité une merveilleuse journée, où nous nous pressâmes par milliers, n’en déplaise aux argousins du lieutenant général de police, toujours prompts, dans leur zèle réducteur, à diviser par dix, si ce n’est pas vingt, le nombre de nos affidés. 
Femmes et enfants ne furent pas les derniers à manifester leur attachement à notre estimé monarque et à chanter sa gloire immortelle. 
Certes, Monsieur De Copé commit une petite bévue en confondant la rose et le réséda, pardon, la rose et la violette. Mais nos cris et nos clameurs, ainsi que quelques sifflements, le ramenèrent prestement à la raison. 
..... A l'orée du champ se tenaient des frères quêteurs, dont nous remplîmes les sébiles de piécettes sonnantes et trébuchantes. 
La châtelaine de Bity, retenue en ses terres par les affres de la vieillesse, n’était point présente. Mais elle avait pris soin de nous mander un solide gaillard de sa connaissance ployant sous le poids d’une lourde charge de pièces jaunes qu’il déversa dans les caisses déposées aux fins de recevoir dons et offrandes. 
Frère Bertrand, pour sa part, agitait une sorte de tronc que quelques initiés affirmèrent être celui de la veuve. Mais n’étant point averti des us et coutumes de cette coterie je ne saurais vous en dire davantage. 
Le brave curé de notre paroisse, quant à lui, nous pria de considérer qu'il s'agissait là d'une sorte de denier du culte auquel il nous fallait absolument et religieusement souscrire. Je suppose, qu’en toute bonne foi, cela va sans dire, il parlait du culte de notre passé monarque. 
Je n’y rencontrai point, à mon grand étonnement, notre sœur Boutin. On  supposa qu’incommodée par la chaleur, elle était tombée en pamoison, ce que de méchantes langues prétendent être chez elle, entre deux transes, chose coutumière. 
Par contre, nous eûmes l’immense joie d’y voir et surtout d’y entendre les plus éminents thuriféraires de notre bon prince, tous dignitaires de l’opus regis, qui, vous le savez ou l’ignorez, est une institution qui se consacre à la diffusion des saintes pensées et même des silences de notre séculière divinité. 
Bref, si nous fûmes en moins grand nombre que lors des grandes manifestations contre les turpitudes du mariage gay, nous pûmes mesurer dans la plus parfaite communion, la force de notre conviction et l'ardeur de l'amour que nous portons à notre bien aimé sire. 
 
EPISODE 2 
 
Au lendemain de la grand messe des violettes, nous apprîmes que notre bon sire, lassé d’être, tel un innocent chevreuil, pourchassé en  chasse à courre, à cor et à cris, par une vile meute de robins enragés excités par les veneurs de l’usurpateur Hollande, notre bon sire disais-je, décida de rameuter, de son côté, ce qui lui restait de bons et loyaux serviteurs. 
Notre vénéré monarque, en un superbe hourvari dont il a le secret, sut forlonger la traque au point même de semer une saine panique parmi les sonneurs de trompe, qui en restèrent cois et pantois.  
Nous vîmes se presser en son office toute la cohorte de ses courtisans et de ses courtisanes, des rangs desquelles émergèrent, cela n'étonnera personne, dame Morano, dame Rosso Debord, dame Tabarot, et dame Montchamp,  toutes quatre toujours grandioses et dithyrambiques dans l’éloge, la louange, l’apologie et l’encensement de leur souverain.  
Nous y vîmes aussi  le duc de Bordeaux, rigide et droit dans ses bottes, qui nous rejoignit après un détour rapide (mais salutaire) par  la cité de Canossa. 
Le passé premier ministre,  monsieur De Fillon,  dut franchir sous les huées, une sorte d’arc, non point de triomphe, mais de repentance, que  les quelques lettrés de notre assemblée  assimilèrent, je ne sais trop pourquoi, à des fourches caudines. 
Monsieur de Copé, comme à l'accoutumée, entré en rampant, usa d’un langage reptilien pour exalter la grandeur de notre bien aimé Prince et ne manqua pas non plus d’enflammer la cour par des propos vipérins à l’encontre des ennemis de notre bon sire. 
En son ineffable bonté, ce dernier, à défaut de deniers, sut trouver les paroles de réconfort que chacun attendait, mais ne manqua pas non plus de morigéner les impatients, les envieux  et les traîtres qui, tels des moines encapuchonnés cachant mal leurs tristes desseins, ayant cru leur heure arrivée s’étaient empressés de crier à travers lucarnes et gazettes : «  le Roi est mort » !  
 
EPISODE 3 
 
Las ! Après cette belle et pieuse journée,  le docile Fillon, jugé jusqu'alors mouton bêlant,  devint en l'espace de quelques heures, un lion rugissant. 
Reconnaissons, à sa décharge, qu'il "en avait pris pour son grade", comme il se dit chez le bon peuple, lors du médiatique rassemblement des plus valeureux ligueurs de notre bord. 
Vilipendé, gourmandé, admonesté,  ce fut pour lui un vrai supplice que d'assister au Te Deum organisé à la gloire de notre Prince. 
Dès le lendemain, donc, à la surprise générale, il administra urbi et orbi  une  volée de bois vert à tous les obséquieux, les craintifs, les couards et les soumis qui persistaient à chanter des psaumes en lieu et place de réciter des actes de contrition, mais il osa  surtout , tel un indocile Artaban,  contester les légitimes  et persistantes prétentions de notre bien aimé monarque.
 

Voyage sur le web méditerranéen: une odyssée. Voyage à travers l'océan du web : une aventure.

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Voyage sur le web méditerranéen: une odyssée. Voyage à travers l'océan du web : une aventure.





"Celui qui visita les cités de tant d’hommes et connut leur esprit" , vous dirait que voyager sur le web est une odyssée.
On y rencontre notamment l'île des Lotophages,  qui vous invite à ne plus la quitter, l'île d'Aiaié, où l'on peut festoyer avec  l'enchanteresse Circé, les deux écueils de Charybde et Scylla, qu'il est préférable d'éviter.
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Au gré de mes propres pérégrinations, je suggérerai à mes visiteurs un voyage ulysséen leur permettant de fuir les îlots inhospitaliers et les récifs identiques à ceux que l'on peut découvrir sur la photo jointe,  mais leur permettant aussi de jeter l'ancre en des criques "où souffle l'esprit".

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Nous déborderons le cadre méditerranéen pour naviguer plus loin dans l'océan du web, allant d'île en île, mais aussi de continent à continent, hors du microcosme étriqué de l'hexagone cocardier français. 
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Voyage sur le web méditerranéen: une odyssée. Voyage à travers l'océan du web : une aventure.



21 juillet 2015 


Commençons notre périple par une incursion sur le site   
 
http://forum.setif.info/
 

ABI nous y offre une véritable encyclopédie richement illustrée (et quasiment quotidienne) de l'actualité algérienne, française et mondiale  sous le titre   "Politique et idées" ,  et le générique "DEBATTRE autour de Sétif, Algérie, France, Monde". 



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greek crisis

Carnet de notes d'un ethnologue en Grèce
Une analyse sociale journalière de la crise grecque

http://www.greekcrisis.fr/

Le blog de Panagiotis Grigoriou , qui se présente ainsi :


Historien et ethnologue, je porte plutôt d'un regard qui se veut a la fois ethnographique et de l'intérieur, compte tenu de ma formation (ethnologue et historien), de mon parcours analogue de correspondant en France pour la publication grecque NemecisMag(2000-2008), et in finede ma décision de retourner en Grèce, après plusieurs années de séjour en France. Depuis 2008, j'ai parcouru une bonne partie de la Grèce continentale, je me suis rendu sur plus d'une trentaine d'iles en mer Égée et Ionienne y compris Chypre, j'ai rencontré le quotidien de plusieurs milieux sociaux et culturels, toucher les fractures qui se multiplient tant au niveaux des syllogismes collectifs, qu' à celui des relations interpersonnelles dans un contexte où la culture de la proximité traverse également un temps de mutations.

Blog également repris dans MARIANNE.fr



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Voyage sur le web méditerranéen: une odyssée. Voyage à travers l'océan du web : une aventure.
7 LAMES LA MER 


D'une île l'autre.
De la Corse à la Réunion



Réalités émergentes - La Réunion - Océan Indien - Monde

http://7lameslamer.net/

Journal et impressions de Geoffroy Geraud Legros, éditorialiste, chroniqueur, chercheur, rédacteur en chef à "7 Lames la Mer"



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CHEMS EDDINE CHITOUR



"Je suis Ingénieur de l’Ecole Polytechnique d’Alger de l’IFP, Docteur Ingénieur et Docteur es Sciences. J’enseigne la thermodynamique et l’économie du pétrole à l’Ecole Polytechnique d’Alger" .

Le blog d'un Algérien dont les thèmes sont éclectiques et variés :
France - Algérie - Religions -  Islam - Histoire - International -  Europe -  Etats-Unis - Nouvel Ordre Mondial - OTAN - Irak - Syrie -  Ethique - Prospective et futur - Science et technologie. Energie.


http://chemseddine.over-blog.com/

Chems Eddine Chitour publie également dans : AgoraVox - le media citoyen.   http://www.agoravox.fr/



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Une bouteille à la mer dans l'océan médiatique : 
le blog de Jacques DEBOT (via MEDIAPART)


Romstorie : La vie des Roms et des Gens du Voyage


u zinu :

Pour les Roms, pas de lobby. Pas d'instrumentalisation du génocide. Seules quelques voix, apparemment. Mais des voix nécessaires, et d'autant plus méritoires qu'elles s'élèvent dans une sorte de "no man's land" médiatique et qu'elles vont nettement à l'encontre du discours ordinaire.



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Un blog particulièrement exhaustif, fortement recommandé 


http://bichau.canalblog.com/


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Un blog consacré notamment au Brésil


 

Le blog de Lamia Oualalou | Mediapart

blogs.mediapart.fr/blog/lamia-oualalou
Lamia Oualalou est  journaliste et  spécialiste de l'Amérique latine.



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oscar fortin


Libre penseur intéressé par tout ce qui interpelle l'humain dans ses valeurs sociales, politiques, économiques et religieuses. Bien que disposant d'une formation en Science Politique (maîtrise) ainsi qu'en Théologie (maîtrise), je demeure avant tout à l'écoute des événements et de ce qu'ils m'inspirent.  
Rédacteur AGORAVOX
BLOG  :    http://humanisme.blogspot.fr/ 
 

« POUR UNE SOCIÉTÉ AU SERVICE DE L'HUMAIN »

RÉFLEXIONS SUR TOUT CE QUI TOUCHE L'HUMAIN DANS SES RÉALITÉS SOCIALE, POLITIQUE, ÉCONOMIQUE ET RELIGIEUSE.




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Un propos pour le moins .... surprenant.

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Un propos pour le moins .... surprenant.

Glanée sur le web, cette vidéo " youtube" pour le moins surprenante:

https://www.youtube.com/watch?v=qM8nYBnlBmU

(justifier, puis clic droit pour accéder)



Entre expression personnelle et expression officielle ?
Précisons toutefois que l'orateur n'est pas tout à fait " Directeur du renseignement américain", mais simplement directeur d'une sorte d'officine proche des services de renseignement américains.
Il s'agit de George FRIEDMAN , que son organisation (Stratfor)  présente ainsi :


George Friedman founded Stratfor in 1996 with a pioneer's vision for bringing open-source intelligence analysis to the private market. Today Stratfor is a leading global intelligence and consulting firm that provides geopolitical analysis and forecasting to individuals and organizations around the world. [...]
Source : 
https://www.stratfor.com/about/analysts/dr-george-friedman

Heureux qui comme un immigré a fait un long voyage ....

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Heureux qui comme un immigré a fait un long voyage ....



Je suis un honnête travailleur immigré séjournant (présentement dirait un Africain)  dans l'île de Corsica.
Lors de mon débarquement sur les rivages bénis de cette île, dans les premiers temps de mon séjour,  j'ai habité une résidence faite de tôles et de planches, meublée de bric et de brac, et ouverte à tous les vents mauvais de la contrée.
Depuis peu, une association locale de défense des immigrés - Dieu la bénisse -  m'a relogé dans une demeure supposée vacante. Il s'agit d'une bâtisse ancienne, une sorte de maison de campagne jamais ou mal restaurée. J'ai fait en sorte qu'elle ne soit plus truffée d'alarmes susceptibles de pousser des hurlements stridents à chacun de mes mouvements, et d'annoncer urbi et orbi le moindre de mes déplacements.
Je préciserai, à l'intention des Corsophobes malveillants, que je n'ai guère eu besoin, comme à Paris, d'occuper avec quelques déshérités l'église la plus proche ou de m'installer pour une grève de la faim symbolique dans la grande nef de la cathédrale d'Ajaccio. Le peuple de Corsica, quoiqu'en disent les mauvaises langues, est un peuple généreux, hospitalier, et peu dénonciateur par nature. 
Pour l'heure, donc, j'ai tout loisir d'effectuer des promenades peuplées de rêves d'avenir dans le jardin de ce qui est pour moi une sorte d'Alhambra de Grenade.
 
D'aucuns s'étonneront sans doute de ma relative maîtrise de la langue française, qu'en toute modestie je trouve supérieure à celle dont se prévalent nombre d'identitaires dits franchouillards.
J'ai appris cette belle langue en Algérie même, où, en dépit de l'indépendance, le français est enseigné de manière mieux structurée (et assurément plus généralisée) que l'arabe en France. Les cours du soir d'une association humanitaire insulaire, genre "partageux de la fraternité" (ou "fraternité des partageux"), ajoutés à mon désir d'intégration, ont fait le reste.
Du coup, je m'exprime en Français presque aussi bien que Tarik Ramadan, et je manie mieux le verbe gaulois que le jacassin oriental. L'autre jour, j'ai même aidé mon chef d'équipe à déchiffrer une note de service qu'il pensait écrite en javanais, tant est limitée sa connaissance de la langue française. Il est excusable, certes, car il est comme moi d'origine étrangère. Mais il est moins immigré que moi, puisqu'il est chrétien avéré et Portugais déclaré.
De mon côté, bien qu'étant un peu plus instruit que lui, mais ne pouvant cacher ma qualité d'Algérien, doublée de celle de supposé mahométan, je ne puis être, aux yeux de certains, que rien ou pas grand chose.
Je vous préciserai que j'occupe les fonctions d'ouvrier non qualifié, comme ils disent. En certains moments de grande camaraderie, mon contremaître, originaire pour sa part, du village de Morano, en Calabre, me tutoie d'abondance et s'imagine que cela me donne fierté. Pour ne pas être en reste, je le tutoie aussi, ce qu'il a l'air de prendre pour une plaisanterie d'assez mauvais goût ou pour une familiarité tout juste supportable. Il n'a jamais daigné partager avec moi son opulent panier (par respect sans doute pour la religion qu'il m'attribue, car le vin et le porc honni emplissent le dit panier), mais il accepte régulièrement les quelques dattes séchées que je lui offre, et ceci m'est grand honneur. En ces instants conviviaux, il consent même à échanger avec moi quelques propos sur la condition ouvrière et l'exploitation du prolétariat, car il se targue de pratiquer la solidarité de classe.
Il faut dire que ce pâle clone de Peppone est demeuré stalinien malgré la perestroïka et tous les avatars qui ont suivi. Les méchantes langues prétendent même qu'il s'agit d'un stalinien demeuré. Pour lui faire plaisir, j'ai consenti à prendre carte syndicale. Vous n'aurez je pense aucune peine à découvrir laquelle.
Le bénéfice de mon adhésion ne m'est pas encore apparu clairement, mais j'espère que ce viatique m'évitera de cotiser au comité des chômeurs, sorte de soviet qui se réactive chaque année à l'approche des fêtes de Noël et réclame de justes et substantiels secours au bénéfice de tous les traîne-savates désœuvrés, parmi lesquels je m'honore de ne pas compter.
Entre nous, je vous confierai qu'il manifeste aussi pour les différences de race un intérêt certain, car il ne cesse de répéter que Marine Le Pen est la seule qui puisse sauver la France des invasions barbares. Il vrai que l'on trouve toujours plus immigré que soi dès lors que l'on est tant soit peu "établi" dans une nouvelle nationalité. Je n'en veux pour preuve que l'illustre Sarkozy, les Roumains Luca et Copé, les Italiens Estrosi et Ciotti,  mais aussi le camarade Moscovici, le camarade Bartolone, et Manu le catalan, soi-disant fils de républicain espagnol.
 
Je m'efforce d'être pour ma part un immigré modèle. J'obéis aveuglément aux lois de ma nouvelle patrie la France, et j'en respecte les us et les coutumes, alors que nombreux sont les indigènes de Corsica qui les récusent fortement, allant même jusqu'à soutenir que leur situation est comparable à celle des colonisés que nous fûmes.
Vous savez bien sûr, que l'île vit naître un illustre empereur.  Vous savez moins qu'à l'âge de 20 ans, ce dernier écrivait au héros de l'indépendance Corse, Pascal Paoli en exil à Londres: "Général, je naquis quand la patrie périssait. Trente mille Français, vomis sur nos côtes, noyant le trône de la liberté dans des flots de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint le premier frapper mes regards".
La suite de son parcours et de sa carrière fit de lui ce que vous savez: le plus grand personnage historique dont  puissent s'enorgueillir les Français après ce pauvre Vercingétorix.
Il en va souvent ainsi des peuples colonisés : certains de leurs enfants deviennent des serviteurs éminents de leur nouvelle patrie. Nous connûmes nous mêmes cela, sous la domination romaine, avec le Berbère Saint Augustin.
En fait de berbérité, et non de barbarisme, je rappellerai en passant que l'ami Zemmour, autre Français notoire (et même fanatique), se vante d'appartenir à la descendance de la Kahena, célèbre reine d'une tribu berbère judaïsée ayant combattu les envahisseurs arabes, plutôt qu'à celle des Cohen. Mais ceci n'est point mon affaire.
 
Vous me permettrez de vous apprendre que les Maures du temps jadis firent grand apport à l'île de Corsica en venant, par des razzias multiples et soutenues, par des viols bénéfiques et répétés, répandre leur gènes jusque dans les villages les plus reculés. Ils y ont laissé de nobles traces, et il me plaît d'imaginer parfois certains natifs de l'île de Corsica, en visite chez nous, revêtus d'un burnous défraîchi et d'une chéchia, ou bien d'un burnous brodé et d'un turban immaculé, selon qu'ils soient gens du peuple ou notables infatués. Ils n'auraient certes aucune peine à passer pour d'authentiques fils du Maghreb. Il me vient même parfois l'idée saugrenue d'embrasser certains enfants de la terre de Corse, tant leur physionomie ressemble à celle de nos frères. Il m'arrive aussi de penser que s'ils s'étaient promenés sur les ponts de Paris du temps du préfet Papon, ils eussent pu terminer dans la Seine leur carrière de résidents français.
 
Je vous dirai, pour augmenter votre capital culturel et vous permettre de briller dans les cafés maures, que le drapeau local s'orne d'une tête résultant d'une décollation "à la manière antique", tête sans doute oubliée dans la précipitation de notre réembarquement sur la dernière felouque servant à notre retraite.
Me voici, humble descendant des fiers barbaresques qui abordaient en pillards ravageurs l'ile de Corsica, condamné à y laisser la sueur de mon front. C'est sans doute la volonté de Dieu, et je l'accepte, bien que cela ne soit pas tout à fait la mienne.
 
L'actualité de cet été finissant me contraint à vous dire par ailleurs que l'île de Corsica est épisodiquement peuplée de migrants que l'on appelle ici des touristes. Il y a ceux du plein été dominateurs et conquérants, mais aussi les vieilles personnes baptisées troisième ou quatrième âge. C'est ce que les marchands du bazar et les tenanciers de gargotes appellent l'apport d'avant ou d'après saison. Ces sages troupeaux vacanciers sont renvoyés dans l'hexagone après avoir été dépouillés des maigres deniers patiemment amassés pour leur séjour de rêve dans "la plus proche des îles lointaines".
 
Les belles (et moins belles) volailles estivales s'abattent, quant à elles, sur les plages de sable fin qui abondent dans l'île de Corsica. Dans leur grand désir de bronzer rapidement, elles rougissent intensément leurs croupions. Cette grande exposition de fesses ne laisse pas d'être, je le confesse, du plus bel effet.
Dieu me pardonne, cela ne manque pas de bouleverser parfois mes sens, car la gent féminine estivale est loin d'être couverte de hijab, de tchador, de niqab et de burqa. J'avoue, sans le crier sur tous les toits, et sans aller le clamer sur les parvis de la mosquée locale, que ceci ne me contrarie point outre mesure.
En ce domaine, ma lecture des écritures saintes n'est pas la même que celle des frères wahhabites : je n'y trouve point que tout cela soit rendu obligatoire par un quelconque verset, et je plains même les pauvres femmes ou jeunes filles qui sont enfermées par leur famille dans ces noires camisoles ou qui s'y calfeutrent par conviction.
Toutes ces vêtures qui visent à combattre l'impudeur se répandent, paraît-il, à travers l'Europe. J'en aperçois ici de plus en plus. Cela semble contrarier certains indigènes de Corsica, mais je fais mine de ne point entendre leurs récriminations, et pour certains, leurs invectives. Parfois même je donne à croire, par souci de ma propre sécurité, que je les approuve.
Mais revenons à notre volaille.
-  Je ne saurais vous décrire avec talent la beauté des blondes oies nordiques. Selon les statistiques de l'I.N.S.E.E, elles seraient toutes aussi peu virginales à leur arrivée qu'au départ.
- Je ne vous chanterai pas l'ardeur des sémillantes pintades parisiennes, encore que leur frénésie de vénériens plaisirs relève, dit-on, de la pure médisance des jeunes coqs de Corsica.
-  Je ne pourrai vous dire l'insatiable gourmandise des rubicondes dindes teutonnes, puisque je n'ai jamais pu, vu ma triste condition d'immigré, apprécier leurs bénéfiques ardeurs.
 
Actuellement, la saison des crudités et des nudités est presque passée. D'ailleurs j'évite d'utiliser ces termes trop voisins depuis que dans un restaurant local, après quelques libations interdites, demandant des nudités au lieu de crudités, j'ai failli subir la loi de Lynch. Le Corse en effet, je vous le confie mezzo voce, est un être ombrageux et susceptible, assez prompt à s'énerver lorsqu'il se croit offensé.
 
Du moins, ma terre d'exil est-elle moins agitée que notre pauvre Algérie. Ici, point de Groupes Intégristes armés, comme il en exista jadis chez nous, et point non plus d'émules de Daesh, comme il en apparait dans nos campagnes et nos sillons.
Simplement, de temps à autre, quelques explosions nocturnes ou diurnes, quelques résidences secondaires qui s'écroulent ou se fissurent. Des exécutions ponctuelles parfois, mais point de massacres organisés.
La vie locale, qui  s'était agrémentée de violence clandestine durant quelques décennies, sans pour autant revêtir la complexité de l'imbroglio irakien, ou la dure condition de la terre palestinienne, est devenue plus sereine depuis quelques mois.
Par contre, une brise marine ayant poussé jusqu'à nous les mœurs siciliennes ou calabraises, voilà que sévissent de petites bandes qui guerroient entre elles et importunent les honnêtes citoyens.
Voici quelques années, la puissance coloniale (je traduis ici la pensée des autochtones les plus virulents) avait envoyé dans l'île un vizir à la poigne d'acier qui s'était mis en tête de rétablir un ordre devenu défaillant. C'est dire l'émoi suscité chez les indigènes, qui fort peu respectueux des interdits, ont pris depuis des lustres quelques libertés avec les lois écrites de la nation française, préférant les leurs, encore à demi coutumières.
Les outrances de ce proconsul, jointes à une étourderie de l'un de ses pétroleurs, l'ont contraint au départ. Depuis, la gouvernance française bénéficie localement d'une moindre considération, sauf parmi ses serviteurs traditionnels et ses irréversibles affidés.
Côté représentation populaire, les listes d'électeurs, non encore expurgées de leurs parasites à votes pluriels, ni des innombrables défunts qui s'obstinent à remplir leur devoir électoral, accouchent d'assemblées territoriales ubuesques selon les uns, mais magnifiques selon les autres.
Ma mère actuelle la France est ici jugée par les uns comme génératrice de persistantes turpitudes et par les autres comme une généreuse dispensatrice de séculaires bienfaits. Aussi ne sais-je plus trop à quelle opinion me ranger. Par saine prudence me rangerai-je sans doute à la dominante. Le juste milieu, en de telles situations, n'est jamais la position la plus confortable, car chaque faction vous houspille, vous tourmente et vous contraint à sa manière.  
 
Pour ma part, très reconnaissant envers mes compatriotes corses – si j'ose me compter parmi eux – du bonheur relatif qu'ils m'accordent, je m'évertue à faire en sorte qu'ils n'aient pas à me considérer comme un islamiste réel ou potentiel, ce que tout musulman est condamné à être ou devenir, si l'on en croit les médias, les experts, les spécialistes en tout genre, et même les romanciers à la mode qui développent cette pernicieuse théorie.
Pour éviter un amalgame aussi grossier, il m'est arrivé de me promener en portant ostensiblement sous le bras quelque exemplaire du Figaro, ou de Valeurs Actuelles, voire même de "Minute". J'ai  pu observer, du coin de l'œil, cela va de soi, que cela suscitait chez certains passants un regard où l'étonnement le disputait à l'admiration. Sans doute ai-je alors été pris pour un Kurde, ou bien un Syrien chrétien.
 
Trêve de digressions. J'espère que la France, - bénie soit-elle - continuera d'accueillir en son sein généreux ses enfants perdus des terres maghrébines et africaines, sans souhaiter pour autant qu'elle accueille en Corsica tous les sans papiers qui peuplent l'univers, car il n'y aurait plus de place pour les bons immigrés de ma catégorie.
Les apatrides sans loi et les métèques sans foi, je préfère qu'ils s'installent à Paris, dans l'Ile Saint Louis, le Marais, le XVI°, et à Neuilly, quartiers où abondent leurs protecteurs, lesquels, à ce qui se dit dit, consomment à grandes louchées le meilleur caviar qui soit, tout en fustigeant avec véhémence les égoïstes qui refusent d'accueillir les migrants du tiers et du quart monde. Ces temps derniers ils versent, paraît-il, d'abondantes  larmes de crocodile, en apprenant, grâce aux médias bien pensants, que les migrants sombrent par milliers dans les eaux de l'Euro-Méditerranée.
Dans ce contexte, il m'est, je vous l'assure, fort pénible d'apprendre que nos petits frères beurs ou blacks des banlieues s'adonnent au commerce des stupéfiants, alimentent la chronique des faits divers, ou cassent à la moindre occasion les vitrines des bazars. Ce sont là des incivilités qui m'insupportent, car elles jettent un discrédit immérité sur les centaines de milliers de bons et loyaux immigrés. De plus, elles fournissent quantité de  "grain à moudre" à ceux qui se prévalent d'être Français de souche, (même lorsqu'ils ne le sont que de fraîche date), ou apportent en abondance une eau trouble au moulin d'une ligue sectaire que l'on appelle Front National.
Il s'agit là d'un rassemblement gouverné en parfait accord jusqu'à ces temps derniers par un père et sa fille sous les auspices du Saint Esprit.  Mais ils se sont disputés vivement pour un détail, et depuis, ils inondent les gazettes de leurs chicanes.
Je résumerai d'une manière lapidaire le fondement de leur controverse : le vieux avait pour ennemis déclarés ou boucs émissaires privilégiés, le Juif et l'Arabe. La fille, ayant décidé d'absoudre le Juif de tous ses péchés traditionnels, n'a plus que l'Arabe, ou l'arabo-musulman (et accessoirement le Rom) à se mettre sous la dent ou à transformer en épouvantail.
C'est je crois toute leur différence. Ajoutons-y, peut-être, une vague histoire de mignons du sérail dont je ne saurais vous dire les tenants non plus que les aboutissants, car je ne suis pas introduit dans ces mystères.
 
Je vous quitte car je crois entendre un muezzin, du haut du minaret restauré de la défunte usine Alban, me rappeler  à mes saintes dévotions. Vous me pardonnerez la courte explication suivante : l'usine Alban est une ancienne manufacture de tabac d'Ajaccio qui, au temps soi-disant béni des colonies, importait du tabac algérien pour fabriquer des cigarettes gauloises. Son fondateur avait cru bon de l'orner d'une sorte de minaret. Cette usine ayant laissé place à un immeuble prétendument dit "de standing", le promoteur a été sommé de préserver et même de restaurer le minaret au titre de la conservation des monuments historiques. Le résultat le plus évident de cette contrainte est que nombre de touristes hexagonaux qui passent fulminent et enragent à la vision de ce qu'ils croient être une insolente mosquée.
J'irai à présent de ce pas, car il se fait tard, déguster un plantureux couscous dans une sorte d'auberge orientale où se pressent ordinairement non point les immigrés de ma condition, mais ceux que l'on pourrait appeler les résidents locaux. Un Pied Noir repenti (si, si, il en existe quelques exemplaires) m'y invite parfois en souvenir de notre passé commun. Du moins c'est ce qu'il me donne à croire. En réalité il s'imagine, je pense, que le fait de partager publiquement un couscous avec un Algérien de bonne mine, lui conférera la réputation d'un citoyen tolérant, respectueux des différences, et idéologiquement acquis à la nouvelle diversité française.
  

Des colonisations aux décolonisations

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Des colonisations aux décolonisations



 
Namibie, histoire d'un génocide peu connu

 
MEDIAPART
25 MAI 2014 |  PAR THOMAS75013
 

 
Un documentaire passé ce matin sur RFI (en deux parties) est tout à fait remarquable à plus d'un titre : historique et mémoriel (interventions de descendants de ces peuples). L'occupation de la Namibie par les colons allemands au tout début du XXème siècle ne fut pas, tant s'en faut, une partie de plaisir pour les ethnies allogènes (Hereros et Namas), certains blogs en ont déjà évoqué la cruauté ... Nous retrouvons des méthodes d'extermination de masse que le 3ème Reich mettra en place à plus grande échelle encore : les camps de concentration et d'extermination, mais aussi le travail forcé sur des cadavres afin de récupérer des os propres ! Ce "matériel" devait servir à étayer la supposée supériorité des sujets du kaiser sur ces peuples africains.
S'il n'y a pas de graduation dans l'horreur (les européens lors de leur quête de colonies n'ont de leçon d'humanité sur ce sujet à donner à personne) reconnaissons toutefois qu'en matière de crimes contre l'humanité, nos voisins allemands avaient une pratique tatillonne et bureaucratique du génocide, ce qui fait qu'ils devraient, en faisant un peu d'efforts, pouvoir rendre les crânes et les squelettes de leurs victimes aux namibiens (problème évoqué dans la deuxième partie)  http://www.rfi.fr/emission/20140524-1-namibie-allemagne-genocide-nama-herero-camp-swakopmund/#./?&_suid=1401027652042049667427458865964


"U ZINU" :

Si la France, n'a pas commis de génocide aussi caractérisé, elle ne saurait être exemptée de ses propres crimes coloniaux, tant lors de la constitution de son "empire" que lors des répressions qui ont accompagné les luttes de libération nationale.
Cf.  "
Massacres coloniaux. 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises", - Yves BENOT -  Paris, La Découverte, 1994.











Tiré de :   http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Massacres_coloniaux-9782707146335.html


Note de l'éditeur :


Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, de Sétif (mai-juin 1945) à Madagascar (1947), d'Haiphong (1946) à la Côte-d'Ivoire (1949-1950) et à Casablanca (1947), l'armée française a massacré des dizaines de milliers d'hommes et de femmes dont le seul tort était de revendiquer pour plus de libertés ou pour l'indépendance. Ce sont ces pages sanglantes de l'histoire de France, méconnues, voire effacées, qu'Yves Benot retrace dans ce livre. Mobilisant l'ensemble des documents disponibles, il montre comment et pourquoi les gouvernements de la IVe République, bien peu soucieux du respect de la légalité républicaine, ont choisi la voie de la répression sauvage pour préserver la cohésion de l'Empire français. Et il analyse aussi les débats auxquels cette politique a donné lieu en France même, en mettant en lumière l'opposition de certains intellectuels, de ceux des clercs qui n'ont pas trahi comme Jean-Paul Sartre ou Paul Ricœur.

 


HOLLANDE 2010-2015. Du capitole à la roche tarpéienne.

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ACTUALISATION SEPTEMBRE 2015


HOLLANDE VU PAR " U ZINU" 

Parcours d'un Président normalement et banalement burlesque.

- Gribouille en Syrie, où , en compagnie de l'olibrius Fabius, il fait pire encore que Sarkozy et BHL réunis en Libye.
- Matamore doublé de Tartarin au Mali.
- Obséquieux et attentionné devant des monarques golfiques d'un autre âge financiers du salafisme.
- Fier-à-bras à Paris mais bas courtisan devant Merkel, Junker et Schäuble sitôt parvenu à Bruxelles ou franchi le Rhin.
- Caniche otanien en Europe, en Ukraine, et vis à vis de la Russie, comme eût dit son valet Fabius du temps où il parlait de Sarkozy.
- Parangon de tous les reniements en politique intérieure française.
- Libéral avéré couvert du manteau rapiécé d'un Arlequin socialiste de comédie.


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Voici ce qu'écrit à son sujet un commentateur à la suite de l'article de Marianne : "Oui, François Hollande sait très bien où il va" !  05/09/2015 - Dominique Villemot - Avocat, président d'honneur de l'association Démocratie 2012 et auteur de "La gauche qui gouverne" 



 
Roubachoff

Le fond du problème reste que nous n'avons pas élu Hollande pour ce qu'il est, mais pour barrer la route à Sarkozy. Afin d'éviter un désastre du type Jospin 2002 (dans lequel Hollande était mouillé jusqu'au cou) j'avoue avoir voté pour lui aux deux tours, contre mes sympathies et mes convictions. Stratégiquement, c'était d'ailleurs assez juste, puisque Hollande est passé très près d'être deuxième et de perdre quasiment toutes ses chances. Aujourd'hui, on veut nous resservir la même soupe. Choisir l'un parce qu'on veut éviter l'autre, ou vice-versa. Pour ma part, je ne jouerai plus à ce jeu de dupes. Et puisqu'il m'est impossible de peser sur le choix du candidat de droite, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir (très limité, hélas) pour que Hollande soit éjecté dès le premier tour. Même s'il est un peu tôt pour ça, et si ça peut sembler présomptueux, j'appelle tous ceux que les articles comme celui-ci révulsent (on croirait entendre la défense de Pétain à son procès) à ne plus jamais glisser dans une urne un bulletin PS, et ce quelle que soit l'élection. Face à la purge de toute façon inévitable qui nous attend (le retour de la droite) faisons au moins en sorte que l'avenir de la gauche reste ouvert.
D'autre part, je me demande si c'est bien utile, mais quand même, comment rester de marbre face à un tel déballage de mensonges.
1) La compétitivité
Outre que le présupposé de la compétitivité est absurde, le CICE et le Pacte de Responsabilité détériorent le tissu social sans la moindre contrepartie. Où sont les emplois promis par Gattaz ? Où seront ceux que devraient prétendument apporter les macroneries ?
2) La solidarité
Un transfert massif de charges des entreprises vers les ménages, l'abandon en rase campagne des collectivités, une politique de lutte contre le chômage qui repose essentiellement sur les radiations - et même ça, ça ne réussit pas à masquer le désastre. Peut-on citer une seule mesure économique ou sociale qui ait amélioré le sort d'une partie de la population ?
3) L'écologie
Là, l'auteur de ce triste article en est lui-même réduit à évoquer... du bla-bla, du bla-bla et encore du bla-bla.
Enfin, passons rapidement sur le bavardage européiste. Les 120 milliards de relance sont une farce (pour l'essentiel, des sommes déjà allouées mais présentées dans un nouvel emballage) et on sait ce qu'il faut penser du discours ordolibéral sur la dette. Cela dit, j'aurais appris quelque chose : c'est l'Allemagne qui nous a "autorisés" à reporter les 3% en 2017 ? Bizarre, je croyais qu'il y avait 28 pays dans l'EU. Mais l'auteur doit plutôt parler de l'Empire Germano-luxembourgeois.

u zinu :
 
Je vous avouerai, Roubachoff que, comme vous, j'ai voté pour lui au second tour par défaut, après avoir, au premier tour, accordé mes suffrages à Philippe Poutou, non par conviction trotskyste - tant s'en faut, car je m'efforce d'être social libertaire - mais parce qu'il était sympathique en sa candeur idéologique.
Devant les perspectives qui s'annoncent,à savoir un choix entre la peste, le choléra, et un mélange de ces deux calamités, j'irai vraisemblablement m'enfermer pour la journée dans quelque thébaïde.
Pour tout dire, lors de la primaire, je me suis laissé prendre au piège du verbe haut de Montebourg. Mais l'ayant plus tard découvert en ses œuvres brouillonnes et sa légèreté, j'ai quelque peu regretté mon égarement.


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UNE FORT BELLE (ET FORT PERTINENTE ) DESCRIPTION)

 
Hollande, président par défaut" Joseph Macé Scaron
Samedi 12 Septembre 2015 .
 
Hollande : un bon garçon de complexion naturellement rondouillarde bâti pour les jeux de l'amour et du hasard qui sait si bien faire les choses pour qui sait attendre que sa bonne étoile pousse ses adversaires à la faute. 
Qu' à cela ne tienne, tel qu'en lui-même, il s'efforce de ne lutter contre rien ni personne, surtout pas contre la vie qui s'écoule comme un long fleuve tranquille sans altérer son humeur étale. 
C'est le calme des campagnes quand Sarko apporte la fureur des tripots mal famés. 
Hollande n'a pas de théorie, il se laisse conduire par les vents, il s'entremettrait volontiers pour résoudre des conflits, mais c'est la conviction qui lui manque le plus. 
C'est un flegmatique flemmard qui tire le meilleur parti de son indécision chronique. 
Il craint plus que tout de quitter les chemins balisés par d'autres. 
En fait, il ne s'en fait pas trop et il aurait bien tort; bon pied, bon œil, le teint rosé, l'esprit vide, le cheveu lissé, le regard pétillant, la lèvre gourmande, il passe dans la fonction avec la lenteur de la caravane dans le désert, sans à-coups, en harmonie avec le vide. 
Il eût fait un bon marquis de cour. 
 


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La politique plastique de François Hollande

par Henry Moreigne  
AGORAVOX    -   jeudi 3 septembre 2015


François Hollande ne finit pas de nous surprendre. En grande partie parce qu'après s'être revendiqué l'opposé de Nicolas Sarkozy, il n'a de cesse de mettre ses pas dans les traces de son prédécesseur. Devenu à son tour omniprésident, intervenant sur tout et sur rien, l'actuel locataire de l'Elysée fait peut-être de la politique mais surtout de la com.
 
egos   ( commentateur Agoravox)
 
Hollande ne se contente pas de son rôle de passeur de plats élaborés au régime nwo, il marche consciencieusement ds les traces laissées par son prédécesseur afin d’en creuser l’empreinte.
Mêmes recettes, d’un côté strass, paillettes et pacotilles, de l’autre le noyau dur de sa garde rapprochée.
Un différence notable cependant,  l’un excellait à exhiber son tempérament mégalo et vibrionnant. Hollande agit dans la duplicité et la dissimulation.
 

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MAIS REPRENONS LE FIL DE NOTRE RETROSPECTIVE.
 


APRES LES PRIMAIRES


11/10/2011

 

1.Montebourg a déjà réussi à "vulgariser" un terme peu usité, (sinon en Droit ou en Franc-Maçonnerie), celui d'impétrant. La langue française est donc gagnante au sortir de ce premier tour des primaires.

2. Si j'étais de ses amis, je lui conseillerais:

- de ne pas se prononcer entre la chèvre et le chou (choisissez qui est la chèvre et qui est le chou).

- de laisser les deux compétiteurs restés en lice marier eux-mêmes la carpe et le lapin.

- de ne pas laisser parler, en cette affaire, ses sentiments personnels à l'égard ou à l'encontre des deux concurrents, mais plutôt de laisser les votants se déterminer en fonction de leurs propres jugements sur les qualités respectives de la figue et du raisin ( un caricaturiste illustrerait aisément l'une et l'autre)

- de ne pas oublier qu'il a obtenu les faveurs de sensibilités se situant plutôt "à gauche", aussi bien au sein du PS qu'à l'extérieur du PS.

- enfin, de se montrer exigeant, sinon sur la mise en œuvre d'une démondialisation impossible, du moins sur celle d'une mondialisation "contenue", de même que sur un contrôle mieux assuré des activités bancaires "nationales".

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Las ! Montebourg s'est malencontreusement précipité pour apporter à François son soutien "personnel."

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Au lendemain des primaires, Hollandreou, grand favori des sondages.

 

La gent médiatique  et sondagière  nous vend son nouveau favori, le social-démocrate utile François Hollande.

Las ! Un songe prémonitoire me l'avait fait apparaître à la veille des primaires sous les traits d'un Papandréou à la française, chargé par les agences de notation et le FMI de nous infliger demain un régime grec  des plus sévères.

Je me suis donc accroché aux basques de Montebourg l'espace d'un vote inutile.


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Duel Mélenchon-Hollande , ou  "Moins social-démocrate que moi, tu meurs"

 

1.Dans l'Allemagne des années 1918/33, la lutte entre les Spartakistes et les sociaux-démocrates  a débouché sur l'arrivée du ….. führer.

Certes, Mélanchon n'est pas Karl Liebknecht, et Hollande n'est pas Ebert, mais le combat de ces deux là risque de se terminer par le maintien de Sarkozy.

2. Mélanchon  s'est offert un bon mot, soit. Mais les bons mots peuvent-ils tenir lieu de programme ?

3. Si j'appartenais au clan sarkozien  (ce qu'à Dieu ne plaise), je me réjouirais fort de toutes ces disputailleries entre la gauche qui se veut dure, la gauche que l'on dit molle, le fondamentalisme vert à lunettes rouges,  et  le  vieux Jospinicide non repenti  ( je parle de l'indomptable Chevènement). 

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HOLLANDE 2010-2015. Du capitole à la roche tarpéienne.


PAUVRE FRANCOIS, PAUVRE MISERE !


Il avait fort bon teint et fort belle mine, le bougre ! 

 

HOLLANDE 2010-2015. Du capitole à la roche tarpéienne.

Il n'est plus  que l'ombre de lui-même ! Mine triste et joues blêmes !
Voilà ce qu'en ont fait :
- sa cure d'austérité,
- les perfidies de ses petits camarades du PS,
- les casseroles qui tintinnabulent dans les fédérations du Nord et du Midi.
- les rugissements, les vociférations, et les turlupinades de Mélenchon,
- les basses manœuvres de la Duflot et de Placé le diabolique,
- les propos inconsidérés de dame Joly
- le fantôme de Chevènement Jospinator.

Encore heureux qu'il n'ait pas eu recours aux services (on pourrait dire aux sévices) de ce bon monsieur Servier.

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HOLLANDE 2010-2015. Du capitole à la roche tarpéienne.



Le coup de pied de l'âne ?

 

Moscovici: "DSK est le mieux placé d'entre nous" pour 2012

AFP. 09/05/2010.

 

U zinu :

 

C'était en 2010. Mais fin octobre 2011, à la veille du jour des défunts, un proche de Moscovici aurait déclaré (si l'on en croit MEDIAPART) : "DSK, ce n'est plus un fait politique, mais un fait divers."

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Bref rappel de La brillante et sinueuse carrière politique de ce tournesol (actualisation avril 2015):
 

- De la LCR à Jospin, autre camarade trotskyste (O.C.I) infiltré au PS).
- Lieutenant de DSK en 2005.
- Pro-Delanoë jusqu'au forfait de ce dernier au congrès de Reims.
- Plutôt émule de Ponce Pilate à ce même congrès en évitant de prendre parti pour Aubry ou Royal.
- Tente ensuite un rapprochement avec Martine Aubry en compagnie de Montebourg et de la mère Lebranchu.
- Lance un ultimatum à Hollande avant les primaires.
- Velléité de candidature à la primaire (vite abandonnée devant le peu d'enthousiasme suscité dans le parti et chez les sympathisants)
- Après avoir claironné son soutien à DSK choisit vite de soutenir François Hollande pour la primaire socialiste.
- Devient coordinateur (empressé) de la campagne de ce dernier.
- Ministre de l'Économie et des Finances (2012– fin octobre 2014). Il fait mine, alors de "résister" aux diktats de Bruxelles.
- Depuis novembre 2014, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, à la Fiscalité et à l'Union douanière …. sous la houlette de Juncker. Il ne cesse désormais de "recommander" vivement à la France une politique ….. de "rigueur monétaire".



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Hamon à Montebourg: oui au rassemblement, non à " l'acrimonie ".

Par LEXPRESS.fr, publié le 19/12/2011

 

U zinu
 

Comment voulez vous que le pédalo de F. Hollande parvienne au port en évoluant parmi tous ces récifs, ces écueils,  et ces acrimonies ?

Ceci dit, entre d'une part le petit apparatchik sectaire, teigneux et dogmatique Hamon ,  et d'autre part le chevalier blanc Montebourg,  mes préférences vont à celui qui-lave-plus-blanc-que-blanc, encore surnommé "Ajax-nettoie-tout".

 

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HOLLANDE 2010-2015. Du capitole à la roche tarpéienne.


Au Bourget, Hollande fend l'armure et se révèle enfin «dur»
Gérald Andrieu - Marianne
Dimanche 22 Janvier 2012
 
U zinu :
 
Hollande serait-il un compromis entre Zorro Sarko et Don Quichotte ?
 
Quant à l'armure qu'il aurait fendue, laissons s'exprimer Cervantès :
 
"La première chose qu’il fit fut de nettoyer les pièces d’une armure qui avait appartenu à ses bisaïeux, et qui, moisie et rongée de rouille, gisait depuis des siècles oubliée dans un coin. Il les lava, les frotta, les raccommoda du mieux qu’il put. Mais il s’aperçut qu’il manquait à cette armure une chose importante, et qu’au lieu d’un heaume complet elle n’avait qu’un simple morion. Alors son industrie suppléa à ce défaut : avec du carton, il fit une manière de demi-salade, qui, emboîtée avec le morion, formait une apparence de salade entière. Il est vrai que, pour essayer si elle était forte et à l’épreuve d’estoc et de taille, il tira son épée, et lui porta deux coups du tranchant, dont le premier détruisit en un instant l’ouvrage d’une semaine. Cette facilité de la mettre en pièces ne laissa pas de lui déplaire, et, pour s’assurer contre un tel péril il se mit à refaire son armet, le garnissant en dedans de légères bandes de fer, de façon qu’il demeurât satisfait de sa solidité; et, sans vouloir faire sur lui de nouvelles expériences, il le tint pour un casque à visière de la plus fine trempe". 

P.S :  L'on voit  en retrait cheminer Sancho Mosco sur un âne juché.


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Situation 17/03/12


Pendant que les deux gauches s'étripent, pendant que des médias supposés de gauche encensent Mélanchon et dénigrent Hollande ..... notre bon sire grimpe dans les sondages.
Petite différence cependant : Mélanchon n'a aucune chance de devenir président de la République, Sarkozy le sera sûrement si ce cirque continue.
Je n'étais pas précisément "Hollandiste", la lecture de mon blog en témoigne.
Je voterai certainement pour lui "par défaut", sans satisfaire au premier tour mes inclinations personnelles. Elles m’auraient porté vers un candidat anarcho-libertaire, mais cette catégorie n’existe pas, hélas, dans le paysage politique dominant.
A la rigueur, POUTOU, qui  présente enfin une image sympathique du trotskisme, aurait pu servir de vote inutile. Mais en l’état actuel des choses, comme le diable s’habille en Sarkozy, nous voici contraints de nous asperger d’eau bénite de Lourdes, pardon , de Tulle..

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APRES LE DEBAT. 03/05/12.

1. Ma foi, je ne suis pas un fan de François Hollande, et je l'ai souvent décrié. Mais hier au soir il était en quelque sorte métamorphosé, au détriment de celui qui, à la manière d'un bateleur de foire, se vantait, voici quelques jours encore, de " l'exploser" (sic) littéralement.

2. "C'est un Sarko impulsif et trop nerveux qui a fait face à un Hollande sûr de lui et magistral. Face à face il y avait à mon avis : un candidat presque vulgaire et aux abois et un autre posé et respectueux mais non moins combatif et compétent".
Ceci n'est pas moi. Ce jugement est tiré d'un site algérien. Mais il exprime en un français très juste l'impression générale laissée par le débat/duel.

3. Le débat qui serait commenté à la manière du sieur  Lionnel LUCA : Un roquet frénétique contre un berger hollandais

4. Autres commentaires :

- Sarko-dynamite a fait long feu.
- Celui qui devait exploser se porte à merveille.

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TOUT EST  BIEN QUI FINIT BIEN.

-  Dans le Flamby se cachait un os.
-  L'explosé se porte à merveille.
-  Le diable s'était habillé en Sarko ..... mais Saint François l'exorciste est apparu.


Voici un an j'écrivais : PAUVRE PS,   PAUVRE François !
Me voici contraint d'écrire : François le Magnifique !


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Décembre 2012 : DE FRANCOIS LE MAGNIFIQUE A FRANCOIS LE RAMOLLI.
ou les lamentations de l'oursin ( u zinu)

Mi-chèvre mi-chou, mi-carpe mi-lapin, mi-figue mi-raisin, mi-matamore mi-Tartarin ( j'allais écrire Raffarin), mi-libéral mi-social. 
En définitive plus libéral que socialiste et plus tournesol que soleil.
Mais pour l'instant, le spectre de Sarko-loup et la vision de sa horde font  (encore ) de François et de sa suite (fort disparate),  une sorte de  moindre mal.


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HOLLANDE 2010-2015. Du capitole à la roche tarpéienne.


LE TEMPS DES REGRETS
ou le désespoir de l'oursin ( u zinu) 

En cette fin décembre 2012, la social-démocratie devenant extrême, je ne puis hélas que me lamenter et m'interroger sur l'inconscience qui me fit penser, début mai, que le salut pouvait venir de François Hollande,  le "mol" magnifique.
Las ! Il me faut déchanter. Me voici sans voix ! Je m'en remets donc au chant tragique d
e "Cui cui fit l'oiseau"  ( que l'on peut retrouver en "LIEN" sur une branche voisine).

Une version du petit chaperon rouge pour adultes de gauche plus ou moins consentants.
Jeudi 27 décembre 2012 - BLOG  http://cuicuifitloiseau.blogspot.fr )

 
Ami(e)s gauchistes, sociaux-démocrates et de tous bords.
Voici qui va réveiller vos consciences avachies.
À l'orée de cette année 2013, dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas d'idéologie véritable, il  présentera toujours sa candidature sous des auspices semi-révolutionnaires, il sera donc élu, et il gouvernera selon des préceptes bien différents des promesses électorales qu'il a faites. Cet adversaire, c’est la gauche molle. Sous nos yeux, en 7 mois, la gauche molle a pris le contrôle du pays, de la société et même de nos vies. Il est toujours possible en une fraction de seconde de déplacer des sommes vertigineuses, de menacer des États, car nous autres socialistes, n'avons pas eu le courage de réformer en profondeur le système bancaire et la spéculation à la micro seconde .
Cette emprise est devenue un système dans lequel nous sommes empêtrés sans savoir que faire pour en sortir.*
Vous avez évidemment reconnu le fameux discours électoraliste, légèrement modifié par mes soins, prononcé au Bourget par notre candidat président (voir l'original en bas de page)... Quand on le relit, on ne peut s'empêcher de sourire sardoniquement.
Quand je regarde ma situation matérielle depuis un an, rien n'a changé... Toujours la même vie de galère, à jongler avec des revenus médiocres et stagnants mais des dépenses en permanente augmentation.
Quant à l'espoir d'une vie meilleure pour 2013. Je préfère n'en rien dire.
Cette social-démocratie molle, qui pour nous distraire, accouche de réformes de société sans grande portée ne concernant qu'une minorité, ne s'attaque pas vraiment à la finance qu'elle a pourtant défini comme son ennemie.
Décidément le socialisme moscovicien, avatar bas de gamme du socialisme strauss-kahnien gonflé à coups de communication payée par de grands groupes, est une engeance innommable. Ce socialisme de connivence ; avec les acteurs des marchés, les communicants, les banquiers, les grandes entreprises, la ploutocratie européenne, sous un masque vaguement social ; cache sa véritable nature : un conservatisme financier et structurel ainsi que la trouille prodigieuse de se mettre les grands frères européens ou occidentaux à dos.
Bref, le pouvoir socialiste se caractérise par un manque patent d'imagination qui rappelle les programmes politiques de droite aussi lamentables que destructeurs. Dans ce monde ouvert où fourmillent les intelligences et les idées, n'y aurait-il qu'une voie pour résoudre la crise ? Cette hypothèse parait évidemment absurde !
Les réformes sociétales que le PS lance ne sont qu'un rideau de fumée pour cacher, sinon son impuissance pour peu qu'il souhaite sincèrement de véritables réformes économiques, du moins une adaptation molle au monde capitaliste tel qu'il existe actuellement.
7 mois ont suffit pour comprendre que le grand discours du Bourget était un attrape-nigaud, une sorte de piège à mouches gauchistes auquel quelques esprits simples ont cru. Pas moi.
Finalement, la grand-mère de Martine Aubry avait raison en déclarant que lorsque c'était flou, il y avait un loup. Les Français, innocentes victimes, naïfs petits chaperons rouges, ont invité le loup déguisé en gentil mou à partager leur pitance puis leur couche. Ils se sont endormis en toute confiance, se sont retournés puis... Dans la torpeur  douillette, l'irréparable outrage s'est produit dans la douleur et la consternation !
Les pauvres gens ne sont pas près de s'en remettre !
Mais après un épisode aussi traumatisant, revenons à des considérations plus décentes.
Quel blogueur de gouvernement peut encore croire qu'on peut appliquer le socialisme dont ils rêvent avec des Ayrault, Moscovici, Cahuzac, Pellerin, Sapin et j'en passe de moins pires !
Amis socialistes ou sympathisants de gauche, il serait temps qu'au lieu de béer d'admiration devant ce réformisme mou ou de défendre des mesurettes dérisoires, vous vous réveillassiez avant de prendre 15 ans de bagne avec la droite forte...
Il n'est pas trop tard, vous valez bien mieux que ceux qui sont censés vous représenter... Et puis après tout, "qui aime bien châtie bien."
CQFD.

 
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* "Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. Désormais, il est possible en une fraction de seconde de déplacer des sommes d’argent vertigineuses, de menacer des Etats. Cette emprise est devenue un empire."
François Hollande. Extrait du discours du Bourget du 22 janvier 2011.
 


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RAMOLLI A L'INTERIEUR, RAFFERMI A L'EXTERIEUR 
grâce au Mali

 


De la même manière que les jobards, les benêts, les gobe mouches, les tremblants  patrouillotes, et les valeureux patriotards, applaudissaient aux exploits du vaillant coq des sables (bitumineux) libyens, j'ai nommé Sarko/Soliman le magnifique, de la même manière icelles catégories applaudissent aux exploits de François, le lion du Mali, qui en l'espace de quelques heures est devenu foudre de guerre.



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HOLLANDE 2010-2015. Du capitole à la roche tarpéienne.
 
Les malheurs de Valérie

LES LAMENTATIONS DE MARTINE 

Y a un loup ! Je le croyais mou !
Las ! Il a du ressort !


LES LAMENTATIONS DE CHRISTINE.

Juste ciel ! Closer et damnation ! 

Le voilà chaud lapin !
Après le mariage pour tous, c'est l'infidélité pour toutes !


LES "SANS-DENTS"


Vaines dénégations. Le ver est dans le fruit. 
Las ! Mon pauvre François, pour cette  fatale expression  tu rejoindras Marie Antoinette et ses brioches, Mac Mahon et son histoire d'eau, et tant d'autres encore. 
En attendant, tu peux méditer ce propos de Zola : "La vérité est en marche; rien ne peut plus l'arrêter", ou cet autre propos prêté à Talleyrand : "Voila le commencement de la fin", un Talleyrand dont tu avais fait tienne, apparemment,  cette formule : "La parole a été donnée à l'homme pour déguiser sa pensée".  
Tu peux aussi, songeant à  la Trierweiler  paraphraser Richelieu et répéter : 
"Avec deux lignes de l'écriture d'un homme, on peut faire le procès du plus innocent". Il te suffit de remplacer "homme" par "femme". 
Mais ce sera là une  bien maigre consolation. 





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HOLLANDE 2010-2015. Du capitole à la roche tarpéienne.
MEA CULPA ! MEA CULPA !
Je ne voterai plus jamais pour François Hollande (et sa clique)
 
- Parce que le soi disant "ennemi de la finance" s’est mué rapidement (mais est-ce vraiment une mue?) en ami, voire en valet de la finance.
- Parce qu’à force de pratiquer la tergiversation, à force de ménager la chèvre et le chou, à force de dire tout et son contraire, à force de de palinodies, à force de remplacer l’action par l’incantation, il est devenu une sorte d’ectoplasme de la gouvernance et de champion de la duplicité.
- Parce qu’en politique extérieure il est totalement assujetti aux E.U,  à leurs valets européens, et à la machine de guerre de l’OTAN (notamment en Ukraine).
- Parce qu’il se rend complice de la  politique de terreur menée par Netanyahu, et  fait preuve d'une partialité évidente dans le conflit palestinien.
- Parce dans son désir de perdurer au-delà de 2017 il semble vouloir rejouer le scénario chiraquien d'une réélection par défaut en favorisant la montée du FN.

 Août 2014. 



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HOLLANDE 2010-2015. Du capitole à la roche tarpéienne.
LE PHENIX

Janvier 2015
 
Le voilà ressuscité ! 
Il était au plus bas.
A défaut d'être propulsé au plus haut, le voici propulsé à "moins bas".
Il a suffi de trois assassins illuminés pour faire de notre capitaine de pédalo un Tartarin planétaire. 



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Hillary Clinton jusqu'au bout de l'ennui...

Mercredi 12 Août 2015

Stéphane Trano – MARIANNE

 

"Qu’une fusillade de plus éclate et elle déroule le discours approprié sur le contrôle des armes. Qu’un attentat menace et la minute de fermeté est au rendez-vous. Qu’Obama donne le « La » sur la question environnementale et elle surenchérit. Que les Noirs américains défilent et elle promet l’égalité. Que les familles grondent et elle promet de nouveaux crédits. Sans surprise ni vision, sans audace ni indépendance d’esprit, Hillary se dirige vers la victoire sans chanter et au milieu des applaudissements de convenance".


 

Hillary, soit , mais Hollande, si ce n'était que l'ennui !



 

La description faite de dame Hillary par Stéphane Trano pourrait s'appliquer parfaitement (à peine paraphrasée) à celui que son ami Obama appelle Mister Houlland. 
Petite différence cependant : l'une risque de devenir Présidente par défaut, tandis que l'autre, ayant déjà bénéficié d'une telle conjoncture, et de 
surcroît, ne pouvant plus faire miroiter, comme en 2012 un "rêve du Bourget" ..... est pratiquement voué à une défaite annoncée.





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HOLLANDE  TEL QU'EN LUI-MÊME  
 
 - Tartarin (Afrique)
-  Matamore (Europe)
-  Caniche (E.U – Arabie saoudite – Émirats)
-  Fier à Bras (Russie)
-  Gribouille (Syrie)


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Lettre ouverte d’un électeur trahi au président Hollande





Tiré de AGORAVOX
 
par redrock  (son site)  
jeudi 13 août 2015
 
 
Monsieur le Président,
Vous avez trahi votre camp,
Vos promesses devant le peuple votant de France.
Vous vous êtes couché devant la Commission, les Allemands de Merkel rajoutant la veulerie au grotesque du diner de Cons.
 
Vous avez endossé avec délectation le costume de guignol aux armées avec le Brillant Ribouldingue.
Vous vous imaginez sans cesse dans les pas de Mitterrand : la rigueur de 83 en 2013, la guerre du golfe vite fait au Mali, même pas pu bombarder la Syrie, mais toujours sus à Bachar ou à l’Iran.
Quelle Yougoslavie au rabais pourriez-vous bien bombarder, comme votre maitre Mitterrand bien aimé, Bachar versus Milo ; dommage que Sarko ne vous ait plus rien laissé en Lybie !
Poutine, c’est un peu gros, peut être, mais vous avez bien su aboyer en chœur quand l’Obamatan a lâché tous ses valets européens au secours de cette pauvre Ukraine maintenant bien coupée en deux. Là, je ne sais pas si Mitterrand vous aurait suivi dans cette guerre froide New Age inversée.
Dans un vigoureux hochement de menton, vous en avez rajouté des sanctions zélées en privant Poutine de ses Mistral ; beaucoup en rit encore sous cape à l’Otan ! On se demande vraiment quelle est votre conception du rôle et des intérêts de la France ? On ose espérer que les propos prétentieux de BHL déclarant en Ukraine avoir l’oreille du président ne sont que rodomontades et billevesées. A moins que BHL en Ukraine ne soit qu’un remake du BHL en Bosnie version M.
La géopolitique française entre les mains de BHL et Fabius, contrôlée par les néo-cons américains, engluée dans les déshérences européennes et les russophobies galopantes de la Pologne et des pays Baltes, coincée par les vestiges du Drang nach Osten germanique, prisonnière de son soutien aveugle aux extrémistes israéliens et à la remorque des monarques fossiles du Golfe ; 
 
quel cauchemar et quelle faillite !
On parlait du flou de la politique de votre modèle M, mais alors vous ce n’est pas du flou, c’est en permanence l’erreur d’aiguillage, les mauvais choix assurés, le flop vaseux comme dans l’affaire de la petite Léonarda ou de l’écotaxe poids lourd morte dans le marais breton.
La crise du lait, de la viande, des abattoirs ? La faute aux grandes surfaces selon vous, pas à la politique de prix mondiaux de l’UE, ni à la spéculation sur les prix des matières, ni aux contre sanctions russes, bien sur ; le petit bout de la lorgnette toujours ou la démagogie de bas étage mais quand on vous entend demander l’accélération de la mise en place du Partenariat transatlantique on se dit que le Young Leader François Hollande fait montre d’une incompétence coupable.
Et votre satisfécit béat après l’accord sur la Grèce où vous allez jusqu’à vous poser en farouche défenseur sauveteur des Grecs face à l’inflexible Merkel ! Jusqu’à ce que l’ensemble des médias reconnaisse en cet accord une insupportable camisole imposée à la Grèce et s’accorde sur son échec inévitable. De sauveur et ami du peuple grec vous voilà ainsi reconnu complice d’une atteinte grave aux valeurs démocratiques de cette UE que vous prônez et certainement coresponsable d’une nouvelle dégradation de la situation grecque. Le Fiasco, le bide comme toujours en l’absence de projet, de vision, de volonté constructrice.
Comme M discutait avec le père vous avez alors choisi de discuter avec le fils Gattaz mais M avait quelques billes dans son sac, des entreprises nationales, des forces vives encore à gauche et il n’a donc pas tout lâché tout de suite. Il est vrai qu’il y a eu le tournant de la rigueur et le choix de l’austérité en 83. Le choix de l’Europe plutôt que le Socialisme expliquent M et Delors dans leurs mémoires. Mais vous, vous n’avez plus de billes, même pas un sac pour les mettre. Pour votre décharge on doit bien reconnaitre que les deux septennats de M post 83 ont largement contribué à la déplétion des forces vives de gauche.
Le début de votre mandat n’a été qu’une succession de reculades et de défaites en rase campagne devant tous les guignols victimaire et autres pigeons. L’unique point de résistance fut, le Mariage pour tous ou quelques uns, qui, pour vous, trouvait place au côté de la suppression de la peine de mort de votre inspirateur M. Chacun appréciera le décalage.
Vous ne pouviez alors offrir au fils Gattaz , sous la pression même pas discrète de la Commission et de Merkel, que cette usine à gaz du CICE et du pacte de responsabilité. Même la TVA sociale de Sarko pouvait tenir la route à côté. Vous nous avez doctement balancé de la politique de l’offre  alors que chacun sait que c’est la demande qui est en panne et que bien souvent l’investissement est d’abord potentiellement réducteur d’emplois sauf si la demande est dynamique. D’après Karine Berger on est à 250000€ pièce pour chacun des quelques 100000 emplois CICE créés, soit du même ordre que les fameux emplois crées dans la restauration lors de la baisse de TVA !
Ce choix de l’offre en Thomas Diafoirus de l’économie HEC vous permet alors de retourner complètement la veste et de libérer toutes ces mauvaises consciences qui hantaient encore un peu vos souvenirs socialistes de jeunesse et celles de votre entourage.
Les vannes de l’ultralibéralisme sont alors ouvertes en grand et le rapport Attali , après Sarko, reprend du poil de la bête sous la houlette du beau Causeur Macron qui a pris ses galons à la Banque Rothschild : dérèglementons tout et la main invisible du Marché (le Profit) reconnaitra les siens !
 
Les pharmacies, les notaires, les taxis, le contrat de travail, les autobus, le travail du Dimanche, tout est remis en cause sans aucune étude d’impact sérieuse sur l’emploi et la viabilité des entreprises. Le numérique, le Big Data, le codage, les nano particules deviennent les nouvelles pierres philosophales de la croissance à venir et font frémir de plaisir tous les requins frais émoulus des écoles de commerce et prêts à sauter sur tous les gogos à la recherche fantasmée du meilleur choix au meilleur prix avec le meilleur service en trois clics et moyennant 20% de commission. Quoi de plus smart que le développement durable, la finance éthique et solidaire, participative et collaborative permettant en fait le retour numérique du travail au noir et à la tâche ; rien de tel que le numérique et le net pour le blanchiment !
Mais sous votre sourire patelin, parfois benêt, vous nous cachez d’autres faces plus obscures comme votre loi sur le renseignement et ses énigmatiques boites noires ou votre rapprochement avec les émirs moyenâgeux du golfe ou le dictateur sanguinaire Sissi d’Egypte voire même l’ambigu président mexicain, hôte d’honneur du 14 juillet et dont le pays connait des exécutions et des disparitions de masse dans un contexte de corruption et de guerre de la drogue massives.
L’unique objet de ces rapprochements est-il de leur vendre des armes ou des Rafales ?
Rafales qui vont peut-être aller bombarder des cibles civiles au Yémen avec la coalition conduite par l’Arabie Saoudite ? A moins que ce ne soit pour aller bombarder votre ennemi perso haï, Bachar de Syrie * ? Faut-il encore chercher dans cet acharnement contre Assad la trace de BHL et de ses amis Israéliens ?
A moins que dans ce rapprochement mexicain du 14 juillet et dans cette inauguration en grande pompe du nouveau canal de Suez sur le Yacht d’Eugénie il ne fallait voir que des réminiscences nostalgiques du troisième Empire.
Alors, attention à la Commune de Paris !
 
* Faut-il, le rappeler, hôte d’honneur d’un précédent quatorze Juillet sous Sarko ; mais l’honneur, c’est comme les présidents, ça va, ça vient…


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D'une lucarne l'autre. De Public Sénat à Ruquier.

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D'une lucarne l'autre. De Public Sénat à Ruquier.


Les uns croiront y voir Morano, d'autres Salamé, voire même dame Lagarde.  Je n'y vois prudemment  pour ma part qu'une effraie des clochers.







Ces dernières 48 heures, deux émissions "lucarnières" assez éclairantes en matière de mœurs  politiques ont été offertes à notre libre appréciation.
Commençons par la plus sérieuse, celle de Public Sénat relative à l'affaire TAPIE, ou plutôt aux "affaires" du personnage.
Un journaliste investigateur dont je ne chanterai pas la louange pour ne point paraître trop flagorneur, journaliste dont il me faut cependant reconnaître qu'il fut clair, méthodique, scrupuleux en ses affirmations, implacable en ses conclusions, nous donna des  l'affairiste en question une description fort exhaustive en même temps que précise et argumentée.
S'il n'est pas question ici d'ajouter à l'adresse du Rastignac vieillissant l'invective ou l'expression des sentiments qu'il inspire, il ne me paraît pas inopportun de dresser quelques constats d'évidence :
- Lorsque certains parlent d'UMPS, il n'y a pas lieu de trop se scandaliser lorsque l'on apprend (ce que l'on savait déjà, mais qui est ici brillamment et méticuleusement exposé) que de Mitterrand à Sarkozy le bougre a su tisser un réseau relationnel remarquable de continuité autant que d'efficacité.
- Lorsque l'on constate les bredouillis répétés de dame Lagarde, l'on se demande comment les Français peuvent envisager de faire de cette personne une éminente compétitrice présidentiable.
- Lorsque l'on apprend qu'une sorte de camarilla (j'ai failli écrire camorrilla) sarkozienne aurait organisé dans un palace marocain "una  preparazione preventiva" (l'italien s'impose), on relativise fortement les quelques certitudes innocentes qui nous restaient quant à la probité ou l'intégrité de ceux qui naviguent dans les sphères du pouvoir.
L'exposé rigoureux de ces turpitudes effectué par l'investigateur, et les pertinentes observations d'un autre intervenant, spécialisé en "droit des arbitrages", m'ont heureusement donné à penser qu'il existait encore quelques "chevaliers blancs" dans le paysage médiatique et civique français.
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Le lendemain, je me suis aventuré chez Ruquier, bien qu'assuré de devoir supporter  comme à l'ordinaire les criailleries aussi véhémentes  que généralement stupides de la questionneuse de service, et les développements amphigouriques de son compère. Je ne voulais rien manquer des propos  de la "femme politique" qui nous était promise ce soir là.
A l'annonce de sa candidature aux primaires "républicaines" (on pardonnera mon obstination à utiliser les guillemets en la matière) je n'ai pu m'empêcher de rire (et de me gausser)  aussi bien  intérieurement qu'extérieurement.
Et puis je me suis demandé s'il ne s'agissait pas là d'un simple stratagème, ou d'une mise en scène digne de  quelque commedia dell arte, montée de toutes pièces  par maître Sarko et sa servante Morano.
Expliquons nous : si d'aventure la dame donnait suite à ses actuelles velléités, son langage et son propos valoriseraient de facto  son gourou Nicolas.
- Il n'aurait aucune peine à paraître plus intelligent et plus cultivé qu'elle malgré son propre déficit en ce qui concerne la seconde qualité.
- Il paraitrait surtout, dans la perspective d'un recentrage, moins excessif et plus "humain" que notre héroïne en matière de politique migratoire, car plus extrémiste et plus péremptoire qu'elle en ce domaine, " faut le faire" comme dirait un habitué de Café du Commerce.
Ceci étant, bien qu'elle se soit évertuée à paraître ce qu'elle n'est pas, ou le contraire de ce qu'elle est, la Nadine n'a dû convaincre que les jocrisses et les benêts.
Elle aurait désiré que l'on  retienne également d'elle que désormais elle était reçue par les "grands" du Liban et de Jordanie, qu'elle n'hésitait pas à visiter quelques camps de réfugiés et qu'elle avait acquis de petites lumières en matière de politique étrangère.
Las ! Ses progrès ne me sont guère apparus avec évidence,  bien que Ruquier ait suggéré qu'elle pouvait raisonnablement  envisager, Sarko revenu au pouvoir, de ne plus stagner dans des secrétariats d'État sans relief,  ou des sous-ministères sans grandeur, mais qu'elle pouvait prétendre  derechef au prestigieux ministère des affaires étrangères.
Ceci dit, ce soir là chez Ruquier, si Nadine a tout de même pu paraître quelques instants moins vulgaire et moins "madame sans-gêne" qu'à l'ordinaire, elle a également pu, à côté du journaliste de "Valeurs Actuelles" laudateur de Torquemada Zemmour, et pour qui Marine Le Pen est "trop à gauche", donner la fugitive impression qu'il y avait pire.
 
PS 1 : S'agissant de Morano, je m'étonne tout de même qu'étant elle-même, à ce qui se dit, fille d'immigrée piémontaise, et  portant par ailleurs le nom d'un village de Calabre, elle puisse se montrer aussi "expéditive" et intransigeante en matière de "migrance." Il est vrai d'une part que l'on trouve toujours plus immigré que soi et que, d'autre part,  tout immigré "installé" se montre généralement très exclusif (c'est le cas de le dire) à l'encontre des néo-arrivants.
 
Nous noterons qu'en présence d'un invité de race jaune, après avoir clamé que la France était un pays de race blanche et devait le rester, retrouvant un peu de sa délicatesse coutumière, notre pasionaria sut confier à ce dernier qu'elle lui trouvait un teint assez blanc malgré ses origines. C'est du moins ce que j'ai cru saisir de son acte de contrition.
 
P.S 2 : il ne me déplaît pas, j'en conviens, de voir en Zemmour un nouveau Torquemada. La connaissance biographique du célèbre inquisiteur permet en effet un tel rapprochement.

P.S 3 :  Lorsque j'écrivais ces lignes, je ne me doutais pas de l'énorme "retentissement" de son propos sur la "France judéo-chrétienne de race blanche" , galimatias ethnico-religieux destiné à exprimer les bas-fonds de sa pensée.


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COMMENTAIRES SUSCITES DANS " AGORAVOX"






Elliot  - 28 septembre
@ Maiboroda
 
[.....] 
Vous avez réussi avec humour à donner vie à un astre éteint : la Morano non seulement grande mais bête gueule que l’hémicycle national a réussi à refiler au parlement européen, juste reflet du déclin de notre civilisation et symbole de notre indignité.
Dans le vide sidéral de la pensée, la Morano occupe une place à part où le psittacisme tient lieu d’architecture.
Elle n’est sûrement pas Madame Sans-Gène qui fut experte en joutes verbales et sut faire passer des vérités avec une candeur feinte dont on ne lui tint jamais rigueur mais Morano, c’est autre chose : elle ratisse le caniveau et il serait étonnant que le balai qu’elle tient à la main lui valût les honneurs de l’histoire.
Il faut voir les étoiles s’allumer dans ses yeux quand elle débite des énormités en salves soutenues : sa notion du bonheur est simple, simplissime même, sa bêtise a la profondeur que n’ont pas ses pensées.
Comme un chien un peu benêt qui s’acharne sur son os, la Morano s’est trouvé une mission, je dirais même qu’elle s’est trouvée telle qu’en elle même.
De son insipidité elle tire parti pour la transformer en maligneries, ce qui est en soi l’exploitation d’un don : elle doit plaire aux distraits, aux scrongneugneux, aux cataleptiques de la pensée, aux amateurs fatigués de calenmbredaines, aux fielleux de tous acabits, aux pleutres qui confondent leur ombre avec le loup-garou, elle est experte en marmelade,  aux éternels contrits ictéreux elle offre le baume apaisant de la haine, elle se trémousse entre verres de pastis et gros rouge qui tache, son discours est une resucée de clichés ; dans sa bouche tout est terne, empuanti par un opportunisme de harengère affalée sur son étal.. ;
Seul le ridicule de sa personnalité est élevé : elle est comme ces grotesques ornant des villas romaines. Sauf que l’étrangeté de ses galimatias visant à créer l’angoisse ne devrait susciter que moqueries et dérisions.
Elle assaisonne les plats dont se repaît le FN et fait mijoter la soupe à la grimace qui restera sur l’estomac de ses « camarades » de parti.
 
 
Gabriel - 28 septembre 
@Elliot

Votre description de cette erreur de la nature est un sublime velouté littéraire. J’en redemande. Il est vrai que mémère, par son langage fleuri aux chrysanthèmes parfumés à l’eau croupie, fait plus pour la promotion du hareng saur que pour la profession de dentelière. Cette hussarde de la dialectique à le don naturel de la simplification grammaticale afin qu’il soit accessible et compréhensible pour les néanderthaliens au temps de cerveau disponible. La nature l’a tout de même doté d’un neurone supplémentaire au cheval ce qui lui permet d’éviter de déféquer durant les réunions et défilés. A Nadine, Nadine et dire qu’il y en a qui vont étudier les cellules basiques dans des contrées éloignées alors qu’avec vous, ils ont sous la main un gisement inépuisable.
 
 
Elliot
@Maiboroda

Je trouverais difficilement un point de désaccord avec vous : l’expert en filouterie Tapie nous rassemble et la Morano nous accable.
Aussi bien, à la recherche d’un bémol, je crois que j’en ai peut-être trouvé un avec les deux chroniqueurs de Ruquier que vous jugez bien sévèrement.
J’aime bien Léa, elle est rigolote surtout quand elle pouffe à l’écoute d’une Morano libérée par la prise de substances ; d’ailleurs qu’était-ce au juste ce discours de la ci-devant ? Un prêche plutôt prêchi-prêcha, une péroraison, une infâme logorrhée, un assemblage de tous les lieux communs que charrie le Café du Commerce abandonné aux ivrognes.
Et Ian Moix n’est-il pas divertissant quand il se lance dans des digressions dont les volutes savantes touchent aux espaces infinis dont on n’atterrit jamais ?
L’important n’est pas alors ce qu’il peut ou veut dire mais la valse des mots qui vous bercent, la langue recherchée, chatoyante qu’il utilise pour ne rien dire.
Morano meuble l’infini de sa sottise, Moix remplit le néant avec des mots : ils n’étaient pas faits pour s’entendre mais je préfère le jongleur de mots.


 


Quand une caricature vaut mieux qu'un long discours.

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Quand une caricature vaut mieux qu'un long discours.
S'agissant de François Hollande, de sa "normalité présidentielle", et de sa "politique extérieure", les images et  les caricatures sont aussi parlantes ou "éclairantes" que de longs discours.
Qu'on en juge :

 

Quand une caricature vaut mieux qu'un long discours.

Quand une caricature vaut mieux qu'un long discours.

Quand une caricature vaut mieux qu'un long discours.

On aura aisément reconnu dans les grenouilles Fabius et Hollande.
" u zinu" eût aimé remplacer le bœuf soit par un ours russe soit par un bison américain

Moyen Orient : l'imbroglio

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Moyen Orient : l'imbroglio

A l'heure où les problématiques du  Moyen Orient font irruption avec force dans notre actualité, il me paraît opportun de regrouper ici divers articles, tirés de différents médias, qui font référence à ces problématiques. Ils seront assortis, éventuellement, de mes propres commentaires et ceux de certains habitués des forums ouverts par les médias concernés.






carte linternaute.com












 
DES KURDISTANS ...... AU KURDISTAN 
VIVE LE KURDISTAN LIBRE !
Un article tiré de  http://www.sciencespo.fr/ceri/fr/  paraît faire un point assez objectif sur cette problématique. 
Cf.      http://www.sciencespo.fr/ceri/fr/content/dossiersduceri/ce-que-le-kurdistan-d-irak-fait-au-grand-kurdistan-enjeux-et-modalites-de-la-constitution-d-

Ce que le Kurdistan d’Irak fait au « grand » Kurdistan. Enjeux et modalités de la constitution d’un espace transfrontalier
Auteur(s) :
Olivier Grojean et Merve Özdemirkiran
Date :
2014/04


Ce dossier est le fruit du colloque Le Kurdistan d’Irak et la question kurde au Moyen-Orient. Nouvelles dynamiques, nouveaux enjeux, qui s’est tenu à Paris au Centre d’études et de recherches internationales (CERI), le 22 novembre 2013 sous la direction scientifique de Nazand Begikhani, Hamit Bozarslan, Olivier Grojean, Akil Marceau et Luis Martinez, ce colloque a été organisé en partenariat avec le CERI (Sciences Po – CNRS), la Représentation du Gouvernement régional du Kurdistan en France, l'Université du Kurdistan, et le Centre d’études et de recherches internationaux et communautaires (CERIC, UMR 7318 - Aix-Marseille Université/CNRS). A l’initiative de Nazand Begikhani, une délégation de Sciences Po a été invitée, en octobre 2013, à Erbil afin d’établir un partenariat entre l’Université du Kurdistan et Sciences Po. Le colloque est la mise en œuvre du volet recherche de ce partenariat. Réunissant près de vingt chercheurs travaillant sur les quatre parties du Kurdistan et consacré aux évolutions récentes de la question kurde, il a permis d’évaluer les conséquences de la formation d’un quasi-État kurde en Irak sur l’ensemble de l’espace kurde au Moyen-Orient et au sein de la diaspora.
 
La fin de la Première Guerre mondiale et la défaite de l’Empire ottoman ont offert de nouvelles opportunités aux cercles nationalistes kurdes. Ces derniers cherchent alors à obtenir l’indépendance du Kurdistan, cet espace divisé entre ce qui reste de l’Empire ottoman, la Perse et les régimes mandataires français en Syrie et anglais en Irak. Cette option, avalisée par le traité de Sèvres (1920), ne survivra néanmoins pas à la guerre d’indépendance turque (1919-1922) ni au traité de Lausanne (1923). Les logiques d’empires cèdent alors la place à des projets d’Etats-nation dans les quatre pays concernés. La République est proclamée en 1923 en Turquie, le nationalisme turc devient le fer de lance d’une modernisation à marche forcée et toute expression culturelle ou politique kurde est interdite. En Syrie sous mandat français, les Kurdes peuvent être encouragés dans leurs activités culturelles, mais ne disposent d’aucun statut. En Irak, la Grande-Bretagne accorde un certain nombre de droits aux Kurdes, mais combat toutes leurs revendications d’autonomie. Enfin, en Perse, le nationalisme persan devient avec Reza Shah l’idéologie officielle du pays et les Kurdes ne disposent d’aucun droit ni d’aucune reconnaissance spécifique. En dépit des différences notables existant entre les quatre pays, le nouvel ordre étatique devient ainsi synonyme de centralisation, d’assimilation et de répression des Kurdes. Ces politiques vont peu ou prou se poursuivre après l’indépendance de l’Irak (1932) et de la Syrie (1946), aussi bien qu’en Turquie et en Iran.
 
Dès lors, si les frontières sont régulièrement contestées, voire dépassées (par les révoltes, les activités de contrebande mais aussi les solidarités linguistiques, confrériques, tribales ou familiales, les influences politiques et culturelles, etc.), elles contribuent néanmoins à inscrire les questions kurdes dans leurs « Etats-nations » respectifs. D’autant plus que des phases plus importantes d’ancrage nationaux, ou de « nationalisation », peuvent être repérées quand les Etats sont plus forts et peuvent s’allier aux autres Etats de la région afin de conserver un statu quo durable (entre les années 1930 et 1960 pour tous les acteurs kurdes, et dans les années 1960 et 1980 pour les Kurdes de Turquie par exemple, quand l’Etat turc est parvenu à isoler ses propres populations kurdes du contexte moyen-oriental).
Néanmoins, des phases de « régionalisation », c’est-à-dire de passage à une échelle intégrant l’ensemble du Kurdistan, peuvent également intervenir à des moments où les Etats sont en crise ou plus faibles : les acteurs kurdes peuvent alors monnayer le soutien d’un autre Etat afin de faire avancer leur cause (durant la guerre Iran-Irak ou dans la Turquie des années 1990 par exemple)1 . Ces dynamiques, qui ont parfois eu pour corollaires de très violents conflits intra-kurdes (notamment dans les années 1980 et 1990) comme des événements liés ayant eu des répercussions importantes à l’échelle internationale (révolution iranienne, coup d’Etat en Turquie, guerre civile en Syrie) et les interventions militaires extérieures (les guerres du Golfe de 1991 et 2003) ont conduit les chercheurs à concevoir un Kurdistan à géométrie variable selon les enjeux et les acteurs impliqués.
 
Les années 1990 et 2000 ont été marquées par une régionalisation sans précédent de la question kurde, régionalisation liée à l’action des Etats mais aussi à celles des acteurs « kurdistes ». Mais au delà, il semble que l’on assiste depuis une à deux décennies à la constitution d’un espace transfrontalier singulier : depuis 1992, et surtout depuis l’intervention américaine en Irak en 2003, la construction d’une entité kurde autonome en Irak est en effet un phénomène inédit, qui a des répercussions importantes sur l’ensemble du Kurdistan. La transformation d’un acteur contestataire en acteur quasi-étatique, qui vise le monopole de la violence légitime sur son territoire, doté de véritables moyens économiques et diplomatiques, et capable de négocier d’égal à égal avec les Etats, bouleverse la donne régionale. Couvrant un territoire de plus de 40 000 km22  et possédant 17% des revenus pétroliers de l’Irak, le Kurdistan d’Irak possède en effet presque tous les attributs d’un Etat : un gouvernement, un parlement, une armée, des services de sécurité, un budget, un système fiscal, etc.3  Et avec le déclin spectaculaire de l’Union patriotique du Kurdistan de Jalal Talabani (UPK), le Kurdistan Regional Government (KRG) est aujourd’hui largement dominé par le Parti démocratique du Kurdistan de Massoud Barzani (PDK), une position qui l’autorise à faire pression ou à négocier avec les autres acteurs kurdes de Turquie, d’Iran ou de Syrie dans une certaine continuité avec le système d’interaction jusque-là en vigueur entre les partis kurdes au Moyen-Orient (soit une relation d’égal à égal avec les autres partis). Ajouté au soutien turc et à la marginalisation du gouvernement central irakien sur la scène régionale, le cumul de ces deux « statuts » – ou plus précisément cette double légitimité – fait ainsi du KRG-PDK un acteur incontournable au Moyen-Orient pour les Etats mais également pour les partis « kurdistes » autorisés en Turquie, l’opposition syrienne ou iranienne et les institutions internationales. Rien d’étonnant alors à ce qu’il cherche à constituer un pôle idéologique et politique régional puissant - qui ne lui est d’ailleurs contesté que par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) - afin de (re)devenir l’acteur de référence du mouvement kurde dans son ensemble. L’articulation complexe entre politiques internes, processus régionaux et dynamiques internationales est donc cruciale pour comprendre les récentes évolutions de la question kurde. Celles-ci sont précisément l’objet de ce dossier, fruit du colloque Le Kurdistan d’Irak et la question kurde au Moyen-Orient. Nouvelles dynamiques, nouveaux enjeux du 22 novembre 2013. Notre dossier comprend six articles rédigés par des chercheurs qui travaillent sur différents phénomènes et dimensions de l’espace kurde autour de la question de l’influence de l’autonomisation des Kurdes d’Irak sur la construction d’un espace transfrontalier régional 4 .
 
Le KRG a donc en effet obtenu le statut d’Etat fédéré par l’entrée en vigueur de la Constitution du nouvel Irak fédéral en 2005. Ce texte lui accorde le contrôle de 13% des revenus pétroliers de l’Irak, permettant ainsi aux dirigeants kurdes de renforcer l’autonomie de la région. Dans un texte-manifeste intitulé Kurdistan is Possible!, Khaled Salih, vice-président de l’Université du Kurdistan - Hewler (Erbil, Kurdistan d’Irak), décrit les interactions existant entre le processus historique de construction politique de la région depuis la première Guerre du Golfe et la nature de l’Etat kurde dans le système fédéral irakien. Comme nous l’avons souligné plus haut, les dimensions politiques ne peuvent être dissociées des questions économiques : c’est aussi grâce à ses revenus pétroliers que le Kurdistan d’Irak peut se construire en véritable acteur politique, capable de traiter d’égal à égal avec les Etats voisins. Dans son article, Gareth Stanfield, professeur à l’Institut of Arab and Islamic Studies de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni), analyse les conséquences des accords pétroliers et gaziers signés par le gouvernement d’Erbil. En rappelant les origines historiques du partage des ressources naturelles au Moyen-Orient, ce texte met en évidence à la fois les enjeux liés au nouveau statut de la région kurde d’Irak et les tensions qui en découlent. Dans la continuité de ces dimensions économiques, Merve Özdemirkiran, maître de conférences à l’Université Bahçesehir à Istanbul et chercheuse invitée au CERI, étudie les échanges économiques entre la Turquie et le Gouvernement régional du Kurdistan et montre, à partir de l’action des hommes d’affaires, les conséquences politiques et sociales que pourrait avoir une éventuelle intégration économique régionale sur le Kurdistan de Turquie. Clémence Scalbert Yücel, chargée de recherches à l’Institute of Arab and Islamic Studies de l’Université d’Exeter, quitte le terrain économique pour investir celui de la culture. Elle analyse dans son texte les dynamiques transfrontalières de la littérature pan-kurde, en insistant tout à la fois sur les obstacles à la constitution d’un véritable champ littéraire transfrontalier et sur les singularités de cet espace en formation. Dans une optique davantage politique, Yohanan Benhaim, doctorant à l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne et pensionnaire à l’Institut français d’études anatoliennes (IFEA) à Istanbul, examine dans son article les nouvelles relations entre le quasi-Etat kurde d’Irak et Ankara : la nouvelle politique étrangère turque, impensable il y a encore quelques années, a en effet des incidences importantes sur les Kurdes d’Irak, mais aussi sur ceux de Turquie et de Syrie. Enfin, Olivier Grojean, maître de conférences à Aix-Marseille Université, s’attache à décrire et à analyser le processus de régionalisation qui affecte le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) depuis le début des années 2000. Il montre ainsi les liens de dépendance entre le PKK et ses organisations sœurs en Iran, Irak et Syrie, tout en soulignant la fluidité des agendas politiques de chacun de ces partis : il semble bien que l’on assiste surtout à la constitution d’un pôle idéologique régional pro-PKK visant à contrer l’influence grandissante du Parti démocratique du Kurdistan.
 
Ce processus de régionalisation ne signifie par pour autant un rétrécissement des marges de manœuvre des Etats, qui continuent généralement de dominer les sphères militaires et diplomatiques, et peuvent toujours tenter de contenir ces dynamiques transfrontalières. L’« instrumentalisation du fait minoritaire » et la « diplomatie parallèle » autorisent toujours les revirements d’alliances soudains et spectaculaires, le plus souvent aux dépens des acteurs kurdes5 . Tous ces textes, qui n’épuisent évidemment pas les multiples dimensions de la question kurde aujourd’hui, soulignent néanmoins la densification des interactions entre les acteurs à l’échelle régionale et sonnent comme une invitation à mieux comprendre les enjeux et les modalités de la constitution d’un espace transfrontalier singulier. Le cas kurde est ici presque idéal-typique, mais de nombreux autres espaces pourraient lui être comparés, qu’il s’agisse de l’espace palestinien au Proche-Orient, de l’espace afghano-pakistanais ou encore de l’espace sahélien, qui sont tous traversés par des dynamiques régionales associant États et acteurs contestataires pouvant déboucher sur des engrenages particulièrement violents.

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1. Voir Bozarslan, Hamit, La question kurde. Etats et minorités au Moyen-Orient, Paris, Presses de Sciences Po, 1997, p. 301.
2.  Sur les frontières de la région voir Roussel, Cyril, « Le Kurdistan irakien : le défi des cartographes », Moyen-Orient, n°21, janvier-mars 2014, p. 79.
3.  Le gouvernement kurde ne délivre pas de passeport mais il appose son propre tampon sur les passeports des étrangers qui entrent en Irak par le Kurdistan. Il est aussi encore relativement dépendant de Bagdad dans ses accords pétroliers avec l’étranger.
4.  Le format des Dossiers du CERI interdisait la publication de l’ensemble des communications. Mais ce dossier doit beaucoup à toutes les discussions lancées au cours de ce colloque, et notamment aux interventions d’Alex Danielovic, Nazand Begikhani, Said Shams, Michael Leezenberg, Gilles Dorronsoro, Jordi Tejel, Joseph Bahout, Hamit Bozarslan, Laurence Louër   et Alain Dieckhoff. Qu’ils en soient tous ici remerciés.
5.  Bozarslan, Hamit, op. cit., pp. 311-321.


 
COMMENTAIRE " U ZINU"
 
Le premier drame a été celui du partage du peuple kurde en 4 "entités" confiées à des États eux-mêmes  issus du démembrement de l'empire ottoman par les grandes puissances (Angleterre, France, Italie) après 14-18, et, pour ce qui concerne l'Iran,  aux  vicissitudes historiques antérieures puis à celles  nées de la guerre 39-45 (appui des Russes  aux pouvoir central iranien) .
A  titre personnel, en vertu d'un principe qui m'est cher, celui du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, mes sympathies se sont toujours portées vers le peuple kurde plutôt que vers ses dominateurs.
Il ne m'est donc pas indifférent, (et je dirai même que je me réjouis)  qu'aujourd'hui parvienne à se reconstituer la nation  kurde  historique, une nation dégagée des frontières héritées des volontés respectives (nous pourrions dire aussi des appétits) des "grandes puissances" et de leurs "créations" étatiques artificielles.
Je reste toutefois sceptique quant aux intentions réelles de ceux qui au motif d'une intervention humanitaire, viennent en aide à une partie des Kurdes (Irak et Syrie) sans trop se préoccuper de ceux qui continuent à subir  l'oppression turque, voire iranienne.

 
Ceci dit, je ne me suis pas mis à aimer les Kurdes dès lors qu'ils sont devenus les auxiliaires contraints des Occidentaux. Ma sympathie pour eux est commandée par mes convictions relatives au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes
Vive le Kurdistan libre, aussi bien en Turquie qu'en Irak ou en Iran !
Vive la Palestine libre !
Vive aussi, soit dit en passant, l'Azawad libre, ou tout au moins autonome, au Mali.


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Etat islamique : l’Arabie saoudite en guerre contre elle-même

 
Vendredi 12 Septembre 2014    -   RÉGIS SOUBROUILLARD - MARIANNE


Dix pays arabes ont accepté de rejoindre la coalition bricolée par Barack Obama pour aller combattre l'Etat Islamique. Pour la première fois, l'Arabie saoudite paraît se porter à l'avant-garde du combat contre cet ennemi. Menacé à ses frontières, le royaume saoudien combat en fait un adversaire qu'elle a contribué à faire naître. Car il ne faut surtout pas oublier que la montée en puissance de l'EI doit beaucoup à l'Arabie saoudite et à sa volonté de répandre le wahhabisme dans le monde musulman.

L’histoire a connu des coalitions hétéroclites mais celle que tente de bricoler Barack Obama pour combattre l’Etat islamique s’annonce comme un modèle du genre. L’Iran a ainsi immédiatement exprimé ses doutes quant à la volonté réelle de la coalition internationale de lutter contre les djihadistes sitôt le discours du président américain achevé : « Certains membres de la coalition internationale ont soutenu ces dernières années financièrement et militairement des groupes terroristes en Irak et en Syrie », a déclaré Marzieh Afkha, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, dans une claire allusion au Qatar et surtout à l’Arabie saoudite 
  
Le président américain s’est lui montré plus optimiste puisqu’en marge de son allocution du 10 septembre, ses conseillers ont annoncé que l’aide de l’Arabie saoudite se manifesterait notamment par l'accueil de camps d'entraînement de rebelles syriens dits « modérés »… Un accord censé témoigner de la préoccupation des Saoudiens face à la menace constituée par l'Etat islamique dans la région. 
  
L’Arabie saoudite, incubateur historique de salafistes, aurait-elle enfin choisi son camp ? Il était temps compte tenu de ses anciennes relations pétrolifères avec les Etats-Unis et des milliards d’euros d’armes que la France lui refourgue depuis des années (En 2013, l’Arabie saoudite a été le premier client de la France avec 1,92 milliard d'euros d’achat d’armes). C’est surtout que la menace se fait plus pressante à ses frontières.  

Une « ligne Maginot 2.0 » à la frontière irako-saoudienne 
  
Déjà en juillet, la lettre spécialisée Intelligence online décrivait un royaume saoudien en « état d’alerte » :« Riyad craint que les troupes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL ou Daech) ne décident de fondre sur le royaume. Celles-ci ne sont plus qu'à 100 kilomètres de la frontière irako-saoudienne et ne cessent d'avancer vers le sud. Après plusieurs années passées à s'équiper en matériel de combat dernier cri et à nouer de discrètes alliances militaires, Riyad se prépare à subir l'épreuve du feu ». Près de 30 000 soldats de la garde nationale avaient alors été dépêchés à la frontière avec l’Irak, épaulés par des unités pakistanaises d’élite et encadrés par une société militaire privée américaine (Vinnell). 
  
L’Arabie saoudite s’est même équipée d’un véritable mur anti-jihadiste, une sorte de « Ligne Maginot 2.0 » : ce rempart de 900 kilomètres, comprend cinq épaisseurs et est équipé de matériel de sécurité ultrasophistiqué. Caméras infrarouges, senseurs, radars (au nombre de 50), tours de surveillance, le système peut en principe détecter toute intrusion extérieure. Le système qui répond au doux nom de « Saudi border guard development program » (SBGDP) a été installé et est encore contrôlé par des expatriés européens, travaillant pour Cassidian, une filiale de défense du groupe Airbus.
  
Depuis que la menace se fait sentir, le royaume saoudien se montre donc un peu plus regardant quant à ses relations avec les mouvements islamistes de la région et le changement de discours est net. Le royaume saoudien craint pour ses puits de pétrole mais redoute autant la puissance mobilisatrice qu’aurait l’EI auprès de jeunes musulmans que le risque d’une hypothétique offensive sur les sites sacrés de La Mecque et Médine.  
  
La sortie la plus virulente a été celle du grand mufti d’Arabie saoudite, la plus haute autorité religieuse du pays. Une fois n’est pas coutume, celui qui appelait régulièrement à la destruction de toutes les églises chrétiennes du Golfe s’est trouvé un autre ennemi avec l’Etat islamique :  « Les idées extrémistes, militantes et terroristes qui répandent la ruine sur la terre détruisant la civilisation humaine, ne font en aucune façon partie de l’Islam mais sont son premier ennemi et les musulmans en sont ses premières victimes » a-t-il déclaré le 20 août dernier, probablement sur ordre de la famille royale saoudienne.  

L'Etat Islamique, clone idéologique de l'Arabie saoudite
  
Mais les preuves de la bonne volonté saoudienne arrivent bien tardivement, comme le rappelait récemment le chercheur Ed Husain,   au parcours iconoclaste pour avoir lui-même était enrôlé dans un groupe islamiste lors de ses études en Angleterre et avoir passé plusieurs années dans le royaume. Dans une tribune au New York Times il rappelait combien le refus de l’Arabie saoudite,en novembre 2013, d’occuper un siège provisoire au Conseil de sécurité de l’ONU était symbolique de l’ambiguïté du royaume :    « Cette posture est le reflet de sa paralysie interne dans le traitement du radicalisme islamiste sunnite. Al-Qaïda, l’Etat islamique, Boko Haram, Al-Shabab sont tous des groupes sunnites salafistes violents et pendant cinq décennies, l’Arabie Saoudite a été le sponsor officiel du salafisme sunnite dans le monde entier. L’Arabie saoudite a créé le monstre qu’est le terrorisme salafiste. C’est aussi aux racines théologiques et idéologiques de cet extrémisme qu’il faudrait s’attaquer ».   
  
Ce n’est que très récemment que l’Arabie saoudite a changé d’ennemi prioritaire : après la mort de Zarqaoui, en 2006, le chef d’Al-Qaïda en Irak, soit la préhistoire de l’Etat islamique, l’organisation a été reprise en main par son chef actuel qui a continué de bénéficier du soutien actif des services saoudiens dans la perspective de s’opposer à la mainmise totale des chiites sur le pouvoir irakien et à la connivence de plus en plus marquée entre Bagdad et Téhéran. 
  
« Les choses se sont compliquées début 2011 avec l’émergence des troubles en Syrie. Les services spéciaux saoudiens du Prince Bandar Ben Sultan et le Qatar se sont lancé dans des initiatives rivales pour accélérer la chute de Bachar al-Assad. Les Saoudiens ont organisé en Syrie l’émergence d’un front salafiste anti-régime sous la désignation de Jabhat al-Nosra tandis que les Qataris ont lancé une "OPA hostile" sur l’EIIL en diversifiant ses activités sur la Syrie en complément de l’Irak et en concurrence avec les autres groupes djihadistes »commente Alain Chouet, ancien responsable de la DGSE.
  
Selon certains observateurs, c’est néanmoins dans la dualité de la doctrine historique du royaume saoudien que l’EI trouve ses origines : « C'est grâce à son adoption volontaire de cette langue wahhabite que l’Etat islamique porte en lui le potentiel d’une grande explosion régionale. Cet idéal puritain et prosélyte a été formulé  par al-Wahhab, le "père" de l'ensemble du "projet" saoudien. L’Etat islamique tend aujourd’hui un miroir à la société saoudienne en revendiquant cet héritage. Aujourd'hui, le travail de sape de l'EI contre le royaume saoudien n'est pas perçu comme un problème, mais comme un retour aux véritables origines du projet wahhabite saoudien » écrit le diplomate et historien anglais Alastair Crooke dans une longue étude sur l’histoire parallèle de l’Arabie saoudite et de l’Etat islamique. Une enquête qu’il conclut par une sentence qui dit le combat intérieur que représente la lutte du royaume saoudien contre l'EI : « Depuis sa renaissance dans les années 1920, le projet saoudien porte en son sein, le "gène" de sa propre destruction ».




COMMENTATEURS MARIANNE


Posté par Jean-Pierre BRAX
http://twitter.com/JeanPierreBRAX

citant   Le Monde Diplomatique de septembre 2014:

« L’Etat islamique a peu à offrir. La situation désastreuse à Mossoul l’illustre amplement. » (…) « Ses principes de gouvernement relèvent de l’anachronisme : une résurrection des pratiques du prophète de l’islam, ce qui serait incommode même si elles étaient bien comprises. Au-delà de cette utopie mal dégrossie, il ne s’appuie, paradoxalement, sur aucune théorie de l’Etat islamique – une lacune dans le monde sunnite en général, par contraste avec le chiisme de la révolution iranienne. » (…)
« Au fond, il se contente surtout de combler un vide. L’Etat islamique occupe le nord-est de la Syrie parce que le régime, pour l’essentiel, l’a abandonné, et parce que l’opposition qui aurait éventuellement pu y suppléer a été laissée en déshérence par ses parrains présumés, notamment les Etats-Unis. » (…) « Hormis en Tunisie, les espoirs nés des soulèvements de 2011 ont viré, pour l’instant du moins, au désastre. Vers qui se tourner pour trouver une source d’inspiration, de confiance en soi, de fierté ? Les réactionnaires du Golfe et de l’Egypte ? Les Frères musulmans, aujourd’hui laminés ? Le Hamas palestinien, pris au piège d’une sempiternelle impasse dans sa résistance à Israël ? » (…)
« Le plus inquiétant, peut-être, c’est que l’Etat islamique est devenu le cache-sexe d’une vacuité politique généralisée. » (…) Représentant peu de chose en lui-même, L’Etat islamique se nourrit d’un effet de système. Il peut tout à la fois constituer une forme de rédemption par défaut, un allié de circonstance, un ascenseur social ou une identité en prêt-à-porter pour des milieux sunnites qui traversent une crise profonde. Il sert de repoussoir ou de distraction utile à ses détracteurs les plus cyniques, et d’épouvantail concentrant les peurs d’acteurs confrontés à leurs propres échecs. Cette polysémie, dans la confusion qui caractérise cette ère des changements chaotiques, est ce qui fait son succès. » 

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Fifibrindacier
http://twitter.com/FifiBrind_acier
 
 
[...] Ce que nos Mamamouchis de la Coalition ne nous expliquent pas, c'est comment on reconnaît un islamiste modéré d'un islamiste radical? Silence radio sur la question.
 
[…] L'Arabie Saoudite a été soumise aux USA […]
La question qui se pose est plutôt: les USA ont -ils encore besoin des Saoudiens, cette famille pléthorique et divisée? Ou veulent-ils s'en débarrasser? Ce qui expliquerait que les mercenaires du Califat soient arrivés jusqu'aux frontières....
La survie de la famille Saoud se compte peut-être désormais en semaines, sinon, en mois....
http://www.voltairenet.org/article180699.html
 
[…) Questions subsidiaires: s'agit-il de se débarrasser du Califat ?  Ou d'intervenir en Syrie, sous couvert de s'attaquer au Califat ?
L'ONU est d'accord pour que soient larguées des "bombes démocratiques" en Syrie, pays souverain? Qui va contrôler sur qui tombe exactement ces missiles ?
Le projet des néos cons américains est de faire éclater tous les pays du Moyen Orient, Arabie Saoudite comprise. Et créer d'abord 3 états: un kurde, un chiite, un sunnite, à cheval sur la Syrie, l'Irak et bien sûr la Turquie.
Le New York Times publie la nouvelle carte du Moyen Orient rêvé par les dirigeants américains:
14 pays au lieu de 5. Diviser pour mieux régner, ça ressemble aux euro-régions...

http://www.mondialisation.ca/new-york-times-publie-la-nouvelle-carte-du-moyen-orient/5352850 

 

"Les Etats-Unis d’Amérique réapprennent aux peuples du Moyen Orient la nouvelle géographie de leur région en publiant dans les colonnes de New York Times une “nouvelle carte de la région”!! Le Moyen Orient rêvé par les Etats Unis est composé de 14 pays issus de la dislocation de 5 pays le composant à l’origine!

Suivant donc les stratèges américains , ” la Syrie se divisera au moins en trois entités, selon les divisions ethno-confessionnelles. les trois entités auront respectivement une identité alaouite, kurde et sunnite . les alaouites contrôleront , fidèles à la tradition en vigueur depuis des décennies les régions côtières de la Syrie. les kurdes syriens s’en sépareront pour rallier avec les kurdes irakiens . l’entité sunnite pourrait aussi faire sécession du reste de la Syrie et se fusionner avec les provinces sunnites irakiennes”  le journal s’intéresse ensuite à l’Irak à proprement parler : ” les kurdes du nord de l’Irak rejoindront les kurdes syriens . les sunnites du centre de l’Irak se rallieront aux sunnites syriens et le sud de l’Irak sera exclusivement chiite” mais le journal n’oublie pas non plus la Libye qu’il place au cœur du Moyen Orient à naitre(!!!) :

” En raison des rivalités régionales et tribales très intenses n la Libye peu se diviser en deux entités historiques , Tripolitaine et Cyrénaïque avec un troisième pays , Fezzan” le journal n’oublie évidemment pas l’Arabie saoudite où ” il y a depuis très longtemps des divergences internes (ndlr : depuis que les Etats Unis s’y sont intéressés ) et cette question pourrait en cas du transfert du pouvoir à la prochaine génération des princes des Saoud être résolue . En fait, les divergences tribales, les divergences sunnito chiites et les défis économiques menacent l’intégrité territoriale de ce pays”.

NY Times s’intéresse ensuite au Yémen et écrit : ” un référendum aura lieu dans le sud du Yémen et puis ce pays arabe le plus pauvre sera scindé en deux. une partie ou tout le sud du Yémen pourrait rejoindre l’Arabie Saoudite.” et le journal finit cette analyse en beauté en annonçant la raison de tous ces changements géographiques et géostratégiques : ” l’Arabie saoudite  commerce avec le monde extérieur via la mer et un accès direct à la mer d’Arabie réduira la dépendance de ce pays (gros producteur du pétrole) au Golfe persique et neutralisera en grande partie le pouvoir de nuisance de l’Iran qui menace de fermer le détroit d’Hormuz.”

Cf  article initial et carte :
http://www.nytimes.com/interactive/2013/09/29/sunday-review/how-5-countries-could-become-14.html?_r=0

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VIRGINIE ALBA SIMM
 
[…] Le financement du libéralisme économique, de la libéralisation de la circulation des capitaux financiers, par la cooptation des élites dirigeantes des nations, pour briser les éventuelles démocraties MODERNES naissantes dans les pays qui sortaient de la colonisation: un colon en remplace un autre, un calife, un autre, etc. Un tyran est remplacé par un socialiste tyrannique, etc.
Sans libéralisme politique, voilà ce que l'on a eu et ce que l'on a encore.
Il est temps de s'adresser aux problèmes de notre planète: l'utilisation du pétrole est devenue problématique pour notre environnement à tous, pour notre planète (voir les dernières analyses sur les évolutions climatiques beaucoup lus rapides qu'espérées et dans le mauvais sens) et les Arabes sont bien conscients que l'abandon du pétrole est de plus en plus programmé, en tout cas en Europe, pour des motifs de protection de notre environnement et de nos engagements internationaux à diminuer notre production de gaz à effet de serre (certains disent qu'on l'utilisera jusqu'à plus soif du fait des intérêts des multinationales). Les Arabes ont le droit de s'assurer un moyen de survie économique, politique et même culturel, comme tout le monde.
De plus, vous avez oublié le Qatar, monarchie gazière, qui n'a pas fait mieux et ne fait pas mieux que l'Arabie saoudite, en termes de financement de troupes pour gagner du territoire, ce qu'il faut souligner même si les Qataris sont plus les potes de nos "néoaristos" que les Arabes d'Arabie Saoudite.
[…] Et n'oublions pas, bien sûr, les signatures de traités bilatéraux et multilatéraux, reprise du package AMI bouté hors de l'horizon politique par les oppositions populaires, "once upon a time" dans lesquelles nos multinationales à tous se vautrent pour rémunérer les gros actionnaires sur le dos des autres humains et de leur environnement........
Car tous ces mouvements sont bien le fruit de la libéralisation de la circulation des capitaux. Ils carburent tous au cash et font du cash, du commerce […]
FMI, OMC, Banque mondiale, Commission, "démocratures" vs/ Nations unies pour une société des nations, des peuples, hommes et citoyens.

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MICHAEL SPECHT
 
La Turquie est également très impliquée dans le financement et l'équipement de l'État Islamique en Irak et au Levant, d'où ses réticences actuelles à l'endroit des opérations de neutralisation décidées par les États-Unis.
 
Jérôme HOULLE
 
En effet pour la Turquie, mais il ne faut pas oublier que c'est la future existence d'un état kurde qui les inquiète le plus, L'EEIL étant bien confiné derrière la frontière turque.
Israël et les USA s'étant déjà entendus sur une partition tripartite de l'Irak et ses voisins du sud (comprenant l'Arabie saoudite).


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AMAL NEDA
 
En fait, c'est Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud qui chassa le Sherif de La Mecque et créa l'Arabie saoudite. Les guerres ayant permis l’accession au pouvoir d’Ibn Saoud ont fait 500 000 morts entre 1901 et 1932 ( je n'ose pas parler de la manière dont ces 500 000 personnes ont été tuées : elle ne diffère guère de celle employée par les égorgeurs de l'EIL)


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PICABRAQUE
http://twitter.com/PICABRAQUE
 
Pourquoi pas le vrai titre. Les États-Unis en guerre contre eux-mêmes?

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Le Siècle DE BILDERBERG

La réalité de la posture des Saoudiens est évidente pour qui veut se pencher sur le problème. Toutes les cartes sont ouvertes sur le tapis. Il n'y a que les Media aux ordres pour tourner autour du pot espérant noyer le poisson. Attitude ridicule d'autant que chacun est au fait du jeu trouble de cette monarchie (archaïque) du Golfe.


 
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La leçon d'Histoire-géo de "l'État islamique"
Lundi 22 Juin 2015
Eric Conan    - MARIANNE
 
Pourquoi refuser le statut d'État à une puissance qui a déjà effacé les frontières de deux autres ? Pourquoi ne pas voir que derrière cette question de géographie, c'est aussi l'Histoire longue qui reprend son cours dans cette région du monde. Avec la même obsession : le leadership de l'islam.
 
Cet anniversaire n'a guère retenu l'attention. Le 10 juin 2014, « l'État islamique » prenait Mossoul, deuxième ville d'Irak. Un an après, l'embarras tranche avec la logorrhée provoquée par l'irruption d'Abou Bakr al-Baghdadi, se proclamant nouveau calife. Un « épiphénomène », avait diagnostiqué la fine fleur de la géopolitique, ne donnant que quelques mois à ces « barbares ». Ces « fous ». Mais il ne suffit plus, comme le préconisait un ministre, de leur refuser « le cadeau » de les désigner par leur nom. « Ce n'est ni un Etat ni l'islam ! », disait-il, pensant qu'une guerre sémantique suffirait à les réduire au rang de « terroristes ». Mais les ennemis, comme les choses, n'ont pas besoin qu'on les nomme pour persévérer.
« L'Etat islamique » a déjà beaucoup d'un État. Son territoire. Un tiers de l'Irak, la moitié de la Syrie. Une armée. Avec d'ex-officiers de Saddam Hussein disposant d'armes et de matériel américains, abandonnés par l'armée irakienne « qui ne veut pas se battre », ou français, livrés à la fantomatique Armée syrienne libre, plus présente dans les tribunes de la presse européenne que sur le champ de bataille. Des ministres dirigent le nouveau pays en déléguant habilement son administration à des gouverneurs locaux. Et cet « Etat islamique » qui massacre trouve une assise populaire. Ceux qui approuvent l'épuration par la charia et ceux qui se satisfont du nouvel ordre. Services publics remis en route. Fonctionnaires payés. Une monnaie a été émise et l'économie exporte. Du coton et du pétrole à prix cassés attirant les spéculateurs. Le Quai d'Orsay n'exclut pas que les pompes françaises distribuent du pétrole « Etat islamique »...
Il devient cocasse de refuser le statut d'État à une puissance qui a déjà effacé les frontières de deux autres. Elles dataient d'un monde ancien. Dessinées par les Français et les Anglais qui se partagèrent en 1916 les restes du cadavre de l'Empire ottoman par les accords Sykes-Picot. En reproduisant leur modèle d'États-nations que la décolonisation transformera en nationalismes arabes plus ou moins progressistes. Une Histoire finie. Ces régimes dictatoriaux mais laïques et protecteurs des communautés constituaient la dernière trace de cette présence coloniale. Ils ont tenu jusqu'à ce que l'intervention américaine, plus prétentieuse (importer la démocratie), fasse tout exploser. Et débouche sur le pire.
« L'Etat islamique », privant les accords Sykes-Picot de leur centenaire, veut fermer la courte parenthèse de ce XXe siècle d'humiliation. Cette colonisation qui a brièvement suspendu les convulsions du monde musulman dont l'Histoire longue reprend. Avec la même obsession : le leadership de l'islam qui, jusqu'à son abolition en 1924 par l'islamophobe Atatürk, a toujours connu l'autorité suprême d'un califat. Etabli selon les époques à Médine, Bagdad, Damas, Le Caire ou Constantinople. La géographie reste la même. Les prétendants aussi, bien que mis au goût du jour : l'archaïsme bling-bling de l'Arabie saoudite, le modernisme autoritaire de la Turquie d'Erdogan, les envies de puissance de l'imprévisible Iran. Seule nouveauté, la brutale proposition vintage de « l'État islamique » avec pour modèle nostalgique la fulgurante progression par le glaive du califat des Abbassides. Une surenchère puriste issue du wahhabisme saoudien qui a enfanté ses chefs.
L'islam glisse vers une triple guerre civile. Entre chiites et sunnites. Et entre sunnites. Les salafistes pensent leur heure arrivée. Persuadés d'avoir provoqué la chute de l'URSS en Afghanistan, ils espèrent une nouvelle victoire avec un retrait américain. Obama répugne à une nouvelle opération de gendarmerie coloniale. Il réfléchit au bilan désastreux des dernières décennies d'interventions : l'islamisme progresse partout. Il découvre la « naïveté » de croire que le modèle occidental est désiré dans le monde entier. Il prend conscience de la relation vénéneuse avec l'Arabie saoudite dont il s'éloigne. D'où sa prudence : se limiter à des bombardements aériens et s'en remettre pour la finition à des forces locales. Mais qui, à part les peshmergas kurdes très déterminés à rattraper l'étape d'avant - créer leur nation - et qui n'iront pas plus loin ? Obama ne parvient même pas à faire respecter ces sympathiques et courageux combattants par l'Irak sous son contrôle et par la Turquie membre de l'Otan.
Tentation américaine : laisser faire l'Iran, seul à même de contrer le califat autoproclamé. En prenant la précaution d'éviter un dérapage nucléaire par un accord avec Téhéran. Mais les méthodes des chiites ne sont guère plus aimables que celles de leur ennemi. Ils ont inventé les camions-suicides bourrés de TNT utilisés par l'Etat islamique. Deux cent quarante et un soldats américains et 58 parachutistes français en sont morts pendant la guerre du Liban. Symbole de cette marge de manœuvre occidentale rétrécie, l'offre d'alliance d'Al-Nosra, représentant local d'Al-Qaida : les successeurs de Ben Laden se positionnant comme modérés ! La charia chez eux, mais sans menace djihadiste en Europe. Ils sont soutenus par l'Arabie et le Qatar, les amis de la France. Autre signe de ces temps difficiles : la nostalgie qui s'exprime de plus en plus pour Saddam Hussein et Kadhafi. Il fallait les détester, mais avec eux, finalement, c'était mieux que pire. L'Histoire n'est pas seulement tragique. Elle est compliquée.



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Un autre "son de cloche" (on pourrait dire une autre voix de muezzin) 
à propos de la coalition anti E.I.L  

Le média "alternatif"  (http://www.alterinfo.net/ ) fait pour sa part  entendre une musique particulière par rapport à la coalition qui se met en place sous  l'égide des E.U.
Faute de pouvoir reproduire ici l'ensemble des articles consacrés à cette coalition, nous en indiquerons les titres les plus significatifs :

- La coalition contre l'Etat islamique est "absurde et dangereuse", dit l'ancien Premier Ministre français  Dominique De VILLEPIN
 
- Irak: Jean-Luc Mélenchon "désapprouve totalement" la perspective de bombardements

- La coalition américano-arabe contre l’EI est née un 11 septembre.

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u zinu : 


Soyons clair : les méthodes de terreur employées par l'E.I.L permettent – à juste titre - de crier à l'horreur et à la barbarie.
L'islamisme prôné par ces intégristes s'apparente à une tragique dérive de l'Islam, identique à celle que la Chrétienté a connue durant les siècles passés.
 
- Car c'est un fait  que la Papauté ne s'est pas privée de prêcher de multiples guerres saintes et d'impitoyables croisades  en "terre sainte" contres les "infidèles".
- C'est un fait que l'Église romaine  a commis en Europe, au temps  joyeux de l'inquisition,  contre les hérétiques ou déclarés tels, puis contre les juifs et les maures, de cruelles abominations.
- C'est un fait qu'au XVI° siècle, l'apparition et la diffusion de la pensée protestante et la réaction catholique ont provoqué des guerres civiles accompagnées de massacres, de mises à sac, de tueries à grande échelle,  d'exactions respectives, qui ont ravagé la France, l'Allemagne, la Suisse,  l'Angleterre, les Pays Bas  durant de tragiques décennies.
 
Mais ces crimes perpétrés au nom du Christ ont pour eux une vertu : celle que confère le rejet  dans les oubliettes de l'histoire. Cela permet aux contempteurs de l'Islam de crier aujourd'hui à l'inhumanité des méthodes de terreur utilisées par les intégristes de l'EIL ou d'ailleurs.
 
En fait d'horreur, cependant, les atrocités commises par les nations "civilisées"  durant les décennies récentes devraient les inciter à clamer leur indignation de manière moins tonitruante.
Sans en dresser une liste exhaustive, rappelons entre autres, l'holocauste perpétré par les nazis, le goulag soviétique, mais aussi les bombardements massifs des populations civiles sur les villes allemandes par les anglo-américains, l'utilisation de l'arme nucléaire au Japon, les répressions coloniales lors des luttes de libération, l'utilisation systématique de napalm et de produits chimiques au Vietnam, etc.
 
Alors, dénoncer la barbarie des islamistes, oui. Mais le faire au nom des valeurs de la civilisation occidentale: prudence !

 
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Il paraît opportun de rappeler que déjà Thomas d'Aquin, s'agissant des guerres,  avait distingué les "causes justes" et les "causes injustes", ces dernières étant la plupart du temps entachées de causes cachées.
Lire ou relire : " De jure belli ac pacis" (1625), ne serait pas non plus inutile
Les meneurs de guerre (pour ne pas employer le terme galvaudé de "fauteurs") y trouveraient certainement (si ce n'est déjà fait) de quoi justifier ou légitimer leur entreprise, chacun pouvant interpréter les écrits de  Grotius, de ses prédécesseurs et de ses épigones, en fonction de ses propres visées guerrières.
Mais que l'on ne vienne pas, alors, nous seriner que les démocraties répondent par une sainte et juste croisade à un abominable et injuste djihad.


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EL WATAN 
Newsletter du 22/09/2014

«Le Daech se retourne contre ceux qui l’ont armé et financé»



Le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), Eric Denécé, commente, dans une déclaration faite à El Watan, l’actualité liée à la coalition anti-Etat islamique, communément appelée Daech.
 
Cette organisation terroriste est dirigée par un certain Al Baghdadi et sévit dans plusieurs pays, dont la Syrie et l’Irak. Eric Denécé note d’emblée que «les Etats-Unis n’agissent que pour défendre leurs intérêts» et explique que «Washington est en train de dessiner la carte de la région sans l’aval des Etats ni des populations locales». Le directeur du CF2R relève également que «les USA interviennent pour assurer la sécurité de leurs alliés locaux (Arabie Saoudite, Jordanie, Israël, etc.)».
Pourtant, l’Arabie Saoudite est accusée d’avoir participé au financement et à l’armement de l’EI. «Les terroristes de Daech se retournent désormais contre les Saoudiens. L’Arabie Saoudite et la Jordanie, en particulier, se sentent menacées, par les terroristes qu’elles ont aidé à évoluer et à obtenir une capacité de nuisance», explique Eric Denécé. «Pour les pétromonarchies qui financent les terroristes dans le monde entier, ceux-ci n’ont d’intérêt que s’ils obéissent à leurs sponsors», ajoute le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement. Ce n’est pas tout. Eric Denécé tient les Etats-Unis pour «doublement responsables» dans la création et la fortification de Daech.
«Washington est doublement responsable de la situation actuelle : d’une part, en raison de l’invasion illégale de l’Irak en 2003, qui a, entre autres, donné naissance au groupe d’Al Zarkawi, précurseur de l’Etat islamique, et, également, en raison du retrait total des troupes américaines, alors que le pays n’était pas encore stabilisé. Cela a été une formidable ‘‘porte ouverte’’ pour Daech», explique notre interlocuteur.
Le directeur du CF2R accuse certains pays d’avoir aidé à la création d’organisations terroristes, dont l’Etat islamique. «Ces groupes ont été directement financés, formés et armés par le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie, mais aussi par les Etats-Unis», dit-il, tout en accusant la Turquie d’Erdogan de «permettre aux terroristes de passer par ses frontières pour continuer à s’acharner contre Damas».


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​ Désigner l’ennemi  
 
Mercredi 24 Septembre 2014 - MARIANNE 
Un article de Joseph Macé-Scaron

 

"La mise à mort d'Hervé Gourdel ouvre les yeux à ceux qui en doutaient encore : il existe bien désormais une internationale de l’épouvante [...]


En réponse, un commentaire dissonant dans l’hystérie ambiante
 
10.Posté par DARRACHE FRANCOIS le 24/09/2014 – 
 
Quel conformisme de la pensée. Quelle vision étriquée.
On ne fait là que ressasser tout ce qu'on peut lire et entendre partout et qui ne vole pas plus haut que la légitime nausée qui saisit tout discoureur de comptoir en ce moment.
On attend plus d'un "éditorialiste".
Si l'"autre" n'a pas raison, oublier qu'il a SES "raisons" est stupide et suicidaire.
Aussi vais-je me faire l'avocat du diable.
C'est bien beau de s'horrifier devant le barbare assassinat droit issu de l'antiquité d'un civil. Mais le djihadiste peut répondre " ho Macé-Scarron" qu'est ce que toi et tes confrères en avez à foutre des milliers de civils assassinés par drône ou missile interposés, ventres éclatés, membres arrachés, mâchoire arrachée, enfants hurlant de douleur et de terreur, dans des dégâts collatéraux assumés par le salop aux mains propres qui ordonne ça à des milliers de km de là?". Là, tu t'en fous, Mace-Scarron, ces civils là, ces milliers de civils là, ces dizaines de milliers de civils là ne valent pas UN SEUL des tiens de civil.".
Voilà ce que pense le djihadiste selon moi.
De la même manière qu'à lire qu'il s'agit d'un "lâche assassinat"(comme s'il y en avait des courageux...) dans la bouche de ceux qui envoient bravement des avions bombarder à 12 000 mètres et aussi envoient courageusement des missiles de leur bureau capitonné, le djihadiste doit être pris d'un dégout mobilisateur face à cette tartuferie occidentale.
Depuis 20 ans, l'occident fait TOUT pour nourrir le terrorisme, Afgha anti-Russe, guerre d'Irak, d'Afgha, soutien à Plomb Durci et autres saloperies à Gaza , Guantanamo, prisons secrètes, torture, enlèvements, assassinats, drônes, missiles.
Et l'occident prétend donner des leçons et s'ériger en père la morale?
Je comprends aisément qu'un djihadiste puisse être plein de haine et de mépris pour cette tartuferie.
Alors aujourd'hui, ils sont l'ennemi? OK! alors combattons les, éradiquons les, mais de grâce, évitons les cris de pucelles outragées. Nos chaussures sont pleines de sang et de ……
N'en rajoutons pas.
Sinon nous renforcerions nos ennemis.

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u zinu :

Il ne saurait être question de minimiser l'horreur et l'abomination d'une décapitation, et son exploitation à des fins d'auto-glorification par un groupe aussi sanguinaire que sectaire dont l'autre visée est sans doute le prosélytisme et l'édification de candidats potentiels au djihad.
Mais faut-il pour autant sombrer dans une exploitation inverse visant à justifier une guerre aux motifs incertains et douteux ?
Par ailleurs, y-a-t-il des degrés dans l'indignation et la réprobation face à l'horreur et à la barbarie ? N'est-il pas condamnable, par exemple,de massacrer comme cela fut fait récemment à Gaza près de 500 enfants innocents ?



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Un nouveau «Sykes-Picot» en préparation ?

 
Un nouveau «Sykes-Picot» en préparation ?
Le chercheur Amir Nour vient de publier son ouvrage sur le conflit au Moyen-Orient
 
EL WATAN      le 29.09.14 


Que se passe-t-il au Moyen-Orient ? Pourquoi cette région s’est-elle installée durablement dans l’instabilité ? Y a-t-il une main invisible qui tire les ficelles et qui attise le feu qui ne cesse de mettre en difficulté tous les pays arabes ? Ce sont quelques questions que se pose, en permanence, l’opinion publique nationale et internationale.
Le flux d’analyses et d’hypothèses produites pour comprendre les origines de cette situation n’a fait que rendre encore plus complexe la situation qui prévaut aujourd’hui au Moyen-Orient. Alors que le débat autour de ces faits s’oriente souvent vers le projet américain du «Grand Moyen-Orient» (GMO), d’autres lectures commencent à émerger. Elles tendent, en se référant à l’histoire de la région, à développer une nouvelle analyse sur la question. Cette opposition entre l’Orient et l’Occident pourrait préparer le terrain à un nouveau «Sykes-Picot».  C’est la lecture que suggère, aujourd’hui, Amir Nour, chercheur algérien en relations internationales, qui vient de publier, aux éditions Alem El Afkar, un nouvel ouvrage sous le titre accrocheur de L’Orient et l’Occident à l’heure d’un nouveau «Sykes-Picot».
L’auteur compare la situation internationale actuelle et son évolution à celle qui a donné naissance aux accords franco-britanniques de 1916, appelés communément les accords de Sykes-Picot qui ont conclu le partage du Moyen-Orient après la fin de la Première Guerre mondiale.  «Depuis les invasions de l’Afghanistan en 2001 et de l’Irak en 2003, un nouveau “Sykes-Picot” semble se mettre en place dans la région. Mais alors que les accords franco-britanniques de 1916 visaient à ‘‘faciliter la création d’un Etat ou d’une Confédération d’Etats arabes’’, le processus en cours a pour objectif de démanteler les Etats existants, notamment en y suscitant ou en approfondissant les clivages ethno-religieux», explique Amir Nour. Alors que les bénéficiaires des accords du 16 mai 1916 étaient les Français et les Britanniques, les futurs gagnants de la nouvelle reconfiguration seront sans conteste les Etats-Unis d’Amérique (USA).
«Cette nouvelle stratégie de “désintégration massive” permettrait aux Etats-Unis, leader actuel du monde occidental, de réaliser un triple objectif : garantir la préservation de leurs propres intérêts stratégiques dans la région ; renforcer la position de leur allié israélien et assurer par là même la prolongation de sa survie en tant qu’Etat juif ; réorienter l’essentiel de leurs efforts et de leurs moyens vers la région du monde la plus importante : l’Asie-Pacifique», souligne encore l’auteur.

Madjid Makedhi


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Une analyse intéressante de l'imbroglio moyen-oriental
 

Pierre Conesa : "Le terrorisme ne se combat pas par la guerre"

Lundi 13 Octobre 2014 
 
PROPOS RECUEILLIS PAR RÉGIS SOUBROUILLARD - MARIANNE

 
Maître de conférences à Sciences Po et à l'ENA, ancien haut-fonctionnaire au ministère de la Défense, Pierre Conesa dit toute sa perplexité sur l'engagement de la France dans la "guerre" contre l'Etat islamique, la coalition baroque montée en urgence par les Américains avec l'Arabie Saoudite et le Qatar, l'attitude de la Turquie ainsi que l'inquiétude que lui inspire actuellement la politique étrangère de la France.
 

 
Marianne :
La France est en « guerre contre le terrorisme », a déclaré plusieurs fois François Hollande, reprenant une expression popularisée par George W. Bush, mais il semble que la plus grande perplexité règne dans les milieux militaires sur les objectifs de cette guerre avec une zone conflictuelle qui va du Pakistan à la Guinée, un ennemi décidé à internationaliser l'affrontement et une campagne militaire qui se réduit à des frappes aériennes, sans parler de contraintes budgétaires. La France devait-elle, selon vous, entrer dans ce conflit ? 
Pierre Conesa :
Les militaires sont en train de rouler sur la jante, parce que nous avons rarement été confrontés à un champ d’intervention aussi large. Nous menons actuellement quatre guerres qui disent assez bien les contradictions de la coalition.
- Il y a la guerre des Turcs contre les Kurdes. C’est la priorité turque bien avant l’Etat islamique. 
- La deuxième guerre, c’est une guerre entre sunnites et chiites. Neuf pays de la région sont déchirés par cette affrontement (L'Afghanistan, le Pakistan, la Syrie, l'Irak, le Yémen, Bahreïn, le Liban, la Somalie et même la Malaisie). C’est une guerre de religion et nous pensons que comme nous sommes une tierce partie, nous pouvons intervenir dans ce conflit. C’est une aberration intellectuelle.
- La troisième guerre qui est en train de s’ouvrir et qui est peut-être la plus « intéressante » c’est une guerre entre islamistes, il y a de plus en plus de dissidents ou d’anciens d’Al-Qaïda qui se rallient à l’Etat islamique, mais qui, de fait, suscitent une opposition forte des islamistes en place. Si j’étais complètement cynique — ou réaliste, c’est selon — je dirais que la solution, c’est de les laisser se massacrer entre eux.
- La dernière guerre enfin, c’est la guerre que les Occidentaux mènent contre les pays de la région : c’est d'ailleurs la quatrième guerre que les Etats-Unis mènent dans cette région. On voit aujourd’hui ce que ça donne : les Occidentaux sont devenus des cibles dans cette partie du monde et c’est le groupe islamiste qui coupera le plus de têtes qui remportera la partie sur le terrain médiatique.
Ce que l'on peut dire et déduire, après avoir listé toutes ces guerres, c'est que chacun des participants a son agenda propre et inévitablement celui-ci entrera inévitablement en conflit avec l’agenda de la coalition.   
 
Les Etats-Unis ont monté dans l’urgence une coalition inédite et assez baroque avec notamment l’Arabie saoudite et le Qatar. Qu’est ce que vous inspire cette alliance improbable ?  
Le processus décisionnel est complètement irrationnel. Est-ce qu’il faut sauver le docteur Frankenstein. L’Arabie saoudite est largement responsable de ce qu’il se passe et on est en train de la défendre alors que c’est un Etat — là au sens strict du terme — qui applique les mêmes méthodes que l’Etat islamique. L’Arabie saoudite, c’est des dizaines de décapitations publiques chaque année, les femmes réprimées, l’interdiction de tout autre culte sur le territoire. C’est un exemple qui prouve que nous n’avons aucun objectif politique. Nous avons un objectif militaire qui est de réduire l’Etat islamique, ce sera très long et l'on ne peut pas espérer le réduire complètement sans troupes au sol. On est là face à une autre contradiction : les Occidentaux sont, pour l’instant, opposés à l’envoi de troupes sur le terrain. Mais qui va faire le boulot ? Qui peut penser que les Saoudiens vont envoyer des troupes pour défendre le régime chiite de Bagdad ? C'est impensable. 
 
Il était donc pour vous urgent de ne rien faire ?
Une intervention militaire ne peut pas détruire autre chose qu’un Etat. Or, contrairement à ce que son nom indique, l’Etat islamique n’est pas un Etat. Nous sommes engagés dans une guérilla qui sera longue avec des alliés qui interviendront pour sauver ponctuellement des villes et d’autres qui laisseront tomber d'autres villes en fonction de leurs intérêts politiques et stratégiques. 
Nous sommes entrés dans ce conflit suite à l’émotion suscitée par la décapitation de certaines de nos ressortissants. Le pouvoir du politique, c’est quand même d’être courageux. La guerre d’Algérie a commencé suite à l’assassinat d’instituteurs, les époux Monnerot, qui venaient enseigner en Algérie. A partir de ce crime commis par le FLN, les perspectives d’un règlement politique de la guérilla menée par le FLN ont été enterrées. L’exécutif a commencé à déclarer : « l’Algérie c’est la France » ou encore « La négociation c’est la guerre ». Résultat, sept années de guerre, 120 000 hommes sur le terrain pour aboutir à l’indépendance de l’Algérie. C’est aux politiques de dire que les assassins seront punis mais que la guerre n’est pas une solution. Nous sommes en train de faire la même connerie que George Bush après le 11 septembre.
Par ailleurs, aucun conflit n’a jamais été gagné par une campagne aérienne. Le Kosovo, c’est 2 500 frappes aériennes, la comparaison vaut ce qu’elle vaut, mais si vous rapportez ça à la dimension des territoires conquis ou menacés par l’Etat islamique, ça vous donne une idée du temps que ça prendra de réduire le potentiel de cette organisation…
La seule alternative, c’est une conditionnalité politique forte. Il faudrait afficher des objectifs clairs notamment vis-à-vis des pays qui ont donné naissance au salafisme, en particulier l’Arabie saoudite. On vous aide à vous sauver mais en retour vous acceptez la tolérance religieuse. D'ailleurs, comment voulez-vous justifier le fait de combattre des islamistes en s’alliant avec les soutiens historiques de ces islamistes ?
 
Cela nous contraint à regarder l’Etat islamique avancer car malgré tout il conquiert des villes chaque jour… 
Ce que je veux dire, c’est que le terrorisme ne se combat pas par la guerre. Le terrorisme, c’est un concept. Notre ennemi, il faut le qualifier : c’est le salafisme djihadiste, c’est-à-dire l’idéologie qui s’est répandue à partir de l’Arabie saoudite pour combattre les frères musulmans. C’est un conflit interne au monde arabo-musulman. Quand il y a eu la guerre en Afghanistan, toute l’aide américaine passait par l’Arabie saoudite et les services secrets pakistanais. Une des conditions mises, à l’époque, par le prince Turki qui était chef des renseignements saoudiens, c’était que les madrasas pakistanaises (les écoles coraniques) enseignent l’islam hanbalite, c’est-à-dire l’islam que l’on retrouve en Arabie saoudite. C’est comme ça que l’on a créé les talibans et l'on n'a pas vu le coup venir. Le risque, c’est de repartir dans le même engrenage fatal.   
 
Comment comprenez-vous l’attitude des Turcs alors que le Kurdistan est en train de devenir un des enjeux majeurs du conflit ? 
Cette attitude de la Turquie traduit les fragilités de la coalition. La priorité de l’agenda turque c’est de se débarrasser du problème kurde plus que de se débarrasser de l’Etat islamique. Pour la Turquie, le premier danger terroriste, c'est le PKK mais la seule force kurde structurée est aussi le PKK. Les forces policières turques sont plus mobilisées contre les émeutiers kurdes que contre l’Etat islamique. La meilleure preuve, c’est que beaucoup de combattants qui ont rejoint l'Etat islamique sont passés par la Turquie — qui est certes une frontière difficile à surveiller — mais Ankara a laissé faire parce qu'ils cherchaient à faire tomber Assad, ce qui reste encore leur priorité. On est exactement dans le scénario de la coalition où deux alliés se battent entre eux et font encore le jeu de l'ennemi désigné. Cela traduit l’absence de consensus politique sur cette opération militaire. 
 
Vous pensez que la Turquie va donc laisser tomber la ville de Kobané ?
La Turquie possède la deuxième armée conventionnelle de l’Otan, elle serait en capacité pour intervenir et sauver cette enclave. Or, elle ne le fait pas, bien qu’elle ait promis de s’engager. Kobané est la partie centrale du Kurdistan syrien. Si Kobané tombe, les populations seront poussées vers la Turquie, c'est pour cette raison que la Turquie demande une zone-tampon avant toute intervention armée, mais cela serait surtout le signe d'un net affaiblissement du PKK. Dans les faits, la Turquie et l'EI sont des alliés de circonstance.
 
La réponse du politique à vos critiques consiste à dire que « la guerre que l'on mène là-bas, c’est une guerre que l’on mène aussi pour la sécurité de la France ». Vous n'êtes pas sensible à cet argument  ?
Ce discours est désespérant de bêtise, car c’est le contraire qui se passe. En intervenant, en nous mêlant d’un conflit religieux qui ne nous concerne en rien, nous suscitons quasi-mécaniquement des vocations terroristes. C’est un basculement stratégique qu’il est aujourd’hui impossible de faire entendre à nos décideurs, compte-tenu de l’émotion suscitée par ces décapitations. En entraînant l’Occident dans la guerre, l’Etat islamique a obtenu ce qu’il voulait sans doute dès le départ. Et le piège s’est refermé. Aujourd’hui, nous ne savons pas comment mener cette guerre sans renforcer soit le régime syrien, soit le régime iranien. Nous leur rendons un sacré service car fondamentalement nous ne pouvons pas faire sans ces deux pays que Laurent Fabius avait mis sur sa liste noire. Je vous avoue que je suis très inquiet quand je vois la politique étrangère que nous menons actuellement.

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SYRIE : UNE POLITIQUE DE GRIBOUILLE


 
u zinu
Mai-août 2015

 
Dans son désir de "gloire démocratique", le pouvoir hollando-socialiste n'avait pas manqué de saluer le départ de combattants non moins démocratiques qui, catalogués comme tels en quittant la France, se retrouvèrent djihadistes en arrivant ..... au port. Se lamenter à présent sur le nombre élevé de Français "séjournant" en Syrie relève donc soit de l'hypocrisie soit d'une politique à tout le moins "gribouillesque".

Au 15 août 2015 l'on apprend que l'inénarrable Fabius, "veut mobiliser en faveur des minorités du Moyen Orient"  (LIENS - MEDIAPART-  info " Le Figaro")
 
Faire mine de se préoccuper  du "sauvetage" des minorités menacées, qu'elles soient chrétiennes ou autres, après avoir clamé et réclamé, pour complaire à qui l'on sait,  qu'il fallait abattre le régime du "boucher de Damas", relève soit  du cynisme soit de l'inconséquence.
Est-il inconvenant de dire que la fameuse "armée syrienne libre", pure création des officines occidentales, armée  qui a guerroyé au demeurant davantage dans les médias que sur le champ de bataille, n'est qu'une sorte de golem d'argile appelé à s'effondrer sans rémission ?
Voir un pyromane crier au feu et revêtir les habits du pompier est toujours un spectacle plus ahurissant que plaisant, disait souvent  ma mère-grand.


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ACCORD AVEC L'IRAN SUR LE NUCLÉAIRE
 
u zinu:

Curieuse dialectique que celle qui présente l'accord avec l'Iran comme une grande avancée dans la non-prolifération de l'arme nucléaire. 
1. Il s'agit davantage d'un diktat que d'un accord. Les précédents historiques de ce genre d'accord sont légion. 
2. Cet accord n'est pas établi sur la base de considérations éthiques ou morales, mais sur la base de considérations économiques et de considérations purement stratégiques. 
3. Cet accord préserve largement les "droits" des détenteurs d'ogives, qu'ils soient "autorisés" ou non. Par contre, il fait en quelque sorte de l'Iran le baudet d'une fable de La Fontaine ("Les Animaux malades de la peste") où l'on voit un Lion administrer un jugement inique applaudi par une cohorte d'animaux soumis autant que flagorneurs. 


 


Intox autour d'un livre de Khamenei qui appelle à détruire Israël

Mercredi 05 Août 2015 - MARIANNE
 
Paul Conge     
 
La semaine dernière, la presse américaine a fustigé un livre écrit de la main de l'ayatollah Khamenei, autorité religieuse suprême en Iran, qui viendrait de paraître. Mélange d’incantations et de géopolitique, le livre appelle à expurger l’ancienne Palestine des Juifs israéliens, et à déjouer l’influence du « Grand Satan américain ». En réalité, c'est une exhumation : l'ouvrage est paru il y a quelques années. 

U zinu 
  
Cela fait sans doute partie de la campagne organisée par les officines spécialisées pour tenter de discréditer l'Iran. C'est, comme eût dit ma mère-grand, "de bonne guerre". L'accord sur le nucléaire " ne passe pas" chez les faucons israéliens et leurs relais américains. Exhumer des écrits anciens est une méthode facile. 
Dans le même ordre d'idées, un antisémite patenté exhumerait le "Protocole des Sages de Sion". 


 

John Kerry au Qatar: "Nous allons accélérer certaines ventes d’armes"

Mercredi 05 Août 2015 - MARIANNE
Mathilde Régis

U zinu: 

C'est ce qui s'appelle organiser le désordre. 
On pactise avec l'Iran pour des raisons purement économiques, au grand dam des  amis traditionnels, Israël, Arabie Saoudite, Émirats,  et l'on "calme" ces derniers par des ventes d'armes décuplées et des promesses de soutien inconditionnel. 
Certaines logiques sont illogiques. Et pourtant elles existent, eût dit un certain Galilée. 



 
LA DIPLOMATIE  FRANÇAISE  ET L'IRAN :  CHANGEMENT DE PARADIGME

u zinu :

Le petit marquis Fabius, droit dans ses escarpins face à l'Iran jusqu'à ce que la diplomatie américaine change d'attitude et de comportement envers ce pays, s'en va donc à Canossa, chaussé de babouches commandées à la hâte chez quelque bazari de Téhéran.
Nous le vîmes pourtant ces jours derniers se prosterner devant le très sunnite roi d'Arabie, l'assurant, de concert avec Hollande, de sa parfaite loyauté et de sa solidarité face aux "menées chiites" au Yemen.
Les Iraniens ne sauraient oublier son obstination passée à durcir les conditions d'un accord sur le nucléaire, non plus que ses récentes génuflexions devant les monarques golfiques.
Il lui faudra sans doute faire acte de vive repentance et multiplier les courbettes, voire les "aplatissements".
C'est un exercice qui requiert une certaine souplesse de corps et d’esprit, que de passer brusquement de la position verticale du donneur de leçons hautain et intransigeant, maniant un verbe autoritaire et menaçant...... à la position horizontale et plate du quémandeur couché. Mais cela s'effectue sur un tapis persan. La gymnastique devrait être moins pénible.


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FRANCE - ARABIE SAOUDITE : ENTRE AGENOUILLEMENTS, PROSTERNATIONS ET APLATISSEMENTS
 

u zinu :
 
C'est plaisir que de voir Hollande et Fabius se prosterner devant les monarques golfiques wahhabites et salafistes et se vanter de mener en d'autres lieux des combats contre les affidés de ces mêmes émirs.



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" U zinu" : 

Je ne suis pas,  tant s'en faut, un nostalgique ou un épigone du marxisme-léninisme. Mais l'analyse ci-après, émanant du PCRF (Pôle de Renaissance Communiste en France) présente l'avantage, même s'il est partisan, d'offrir un point de vue assez exhaustif et surtout "hors sentiers battus" de la situation qui caractérise le Moyen Orient.

 



 

Syrie : Assad Poutine et nous

 

Dans la confusion et la désinformation sciemment entretenue par les radios, télés, faux experts et vrais agents de l’OTAN, tentons de clarifier les choses.

Le président légal de la Syrie, Bachar el-Assad, n’est pas exonéré de la loi qui est le moteur de l’histoire : la lutte des classes. Comment se situe-t-il dans ce cadre ? Assad représente la bourgeoisie nationale syrienne et des fractions de la moyenne et petite bourgeoisie. A ce titre il est porteur des contradictions de ces classes dans le contexte d’un pays en proie aux menées de l’impérialisme mais aussi des luttes de la classe ouvrière, de la paysannerie, de son peuple. Le baasisme fut une réponse de la bourgeoisie pour tenter de maîtriser cette tension, cette contradiction. Comment ? En se proclamant pan-arabe et nationaliste, anti-impérialiste et même socialiste (le pétrole est nationalisé et échappe, sinon à la bourgeoisie locale, du moins aux sociétés capitalistes pétrolières étrangères). Cependant le pan-arabisme a fait long feu, le nationalisme arabe est attaqué et miné par les impérialistes et par leurs alliés religieux de l’intérieur (Frères Musulmans etc…), par les pays où la bourgeoisie semi-féodale et surtout compradore (vendue aux impérialistes) veut affaiblir ou détruire ces « mauvais « exemples. En effet le baasisme est laïque  : pour unifier les peuples arabes divisés sur le plan religieux, la laïcité devient un facteur de cohésion nationale. L’anti-impérialisme est à géométrie variable : avec l’Union Soviétique inscrite dans le rapport de forces, certains pays arabes tentent de se ménager un espace de manœuvre face aux pressions impérialistes, mais simultanément les intérêts de classe du baasisme l’amènent aussi à chercher des terrains d’entente avec les impérialistes. La chute de l’URSS favorise une dérive « libérale » sur le plan économique en aggravant la contradiction entre le pouvoir, qui taille dans les acquis sociaux, et les masses populaires.
Quant au « socialisme arabe »du baasisme il est dès les origines antimarxiste et anticommuniste, le communisme critiqué pour être athée, internationaliste et qui prône la lutte des classes alors qu’elles devraient collaborer pour le bien de la nation arabe. Anticommunisme qui prend à certains moments historiques des formes violentes. Nasser, Assad père ou Saddam, sans parler de Kadhafi qui livra le secrétaire général du PC Soudanais à la potence, répriment, emprisonnent, torturent, assassinent des milliers de communistes. A d’autres périodes des marges d’action sont octroyées aux communistes selon les rapports de forces entre le pouvoir et les impérialistes.

USA guerre impérialisme ukraine front antifascisteEt c’est ce rapport des forces qui détermine aussi la politique économique des pouvoir baasiste : on constate en effet une politique de nationalisations et de réforme agraire au début du processus lorsque le bourgeoisie nationale possède un potentiel dynamique et qu’elle a besoin de l’alliance avec les masses. Puis au fur et à mesure que le pouvoir de la bourgeoisie s’affirme on aboutit à une politique de privatisations et de libéralisation, à une rupture avec l’URSS (Égypte) , un rapprochement avec les États-Unis (Irak contre l’Iran) et une débandade après la chute de l’Union Soviétique.

Pourtant même ces demi-mesures, même ces marches-arrières et ces capitulations ne suffisent pas à l’impérialisme qui veut la domination totale sur cette région du Proche-Orient qui est stratégique.

 

Et l’impérialisme utilise toute les occasions pour pouvoir se débarrasser de ces régimes insuffisamment soumis et qui en outre, s’opposent à l’expansionnisme israélien et au projet US de « nouveau Moyen-Orient ». Par la guerre dans le cas de l’Irak ou de la Libye, par la dépendance économique et militaire en Égypte et par la subversion et la guerre civile en Syrie. Non pas que des luttes populaires n’aient pas eu lieu en Syrie, la vision complotiste d’une CIA omnipotente et tirant toutes les ficelles est aussi naïve que celle qui consiste à nier le rôle essentiel de la subversion impérialiste. Celle-ci a investi et dévoyé un mouvement populaire pour en faire le support d’une intervention militaire de l’impérialisme en finançant des créatures intégristes soutenues par les Etats ultra-réactionnaires et clients des États-Unis que sont la Turquie, l’Arabie Saoudite ou le Qatar. La répression indistincte et brutale de la police d’État syrienne n’a sans doute pas amélioré la situation.

USA la guerre permanenteMais très vite ce sont les bandes intégristes qui deviennent la véritable force anti-Assad. L’ensemble des forces patriotiques s’est trouvé devant une situation d’agression et de danger vital pour la Syrie. Quant aux forces anti-impérialistes mondiales elles ont exprimé leur refus de l’ingérence impérialiste et leur soutien à la souveraineté de la Syrie. Pour le reste cela regarde le peuple syrien et ce ne sont pas les bourreaux des peuples que sont les impérialismes qui peuvent faire croire qu’ils interviennent en Syrie par bonté d’âme.

D’autant que l’apparition de Daesh ne tombe pas du ciel : il est le résultat direct de la politique des puissances impérialistes, États-Unis en tête, depuis des décennies au Proche-Orient. Et en particulier de l’agression américaine contre l’Irak et de la volonté de la Turquie de prendre appui sur l’islamisme sunnite pour écraser le régime Assad, proche de l’Iran, et pour empêcher le développement des revendications nationales kurdes portées par le PKK en Turquie même. Daesh ne doit pas occulter des groupes qui ne valent pas mieux tel Al-Nosra (Al Quaida en Syrie) qui ont le soutien actif des monarchies pétrolières. Ceux qui, comme Hollande n’ont de cesse de condamner vertueusement la « brutalité » d’Assad mais qui se taisent quand l’Arabie saoudite coupe des mains, crucifie des opposants de 18 ans, écrase le mouvement populaire du Bahreïn ou s’ingère grossièrement dans la guerre civile au Yémen, méritent-ils d’être pris au sérieux par les véritables progressistes français ? En quoi le régime brutal certes, mais favorable à la mixité et à la laïcité d’Assad vaut-il mille fois moins que le régime esclavagiste, grossièrement phallocrate, véritable bastion mondial du Moyen Âge, qui règne à Riyad, si ce n’est parce que le régime saoudien plombe toutes les luttes des pays producteurs de matières première (au premier chef, la Russie et le Venezuela), parce qu’il rachète les « Rafales » français en se cachant derrière le régime égyptien ou parce que, comme le Qatar, il est de plus en plus présent dans les conseils d’administration du CAC-40 « français » ?

USA renseignement MH17 syrie guerreA l’occasion de ces événements le gouvernement français a pris un virage funeste entamé avec Sarkozy et confirmé avec Hollande. Un atlantisme et un néo-colonialisme bellicistes animent le pouvoir en France : les mêmes qui attaquent toutes les conquêtes sociales du peuple français chez nous adoptent une posture de recolonisateurs en Afrique (Mali, Burkina Faso, Centrafrique, Côte d’Ivoire) ou au Proche-Orient, où le capital financier français est très lié au capital financier libanais, ennemi traditionnel du Baas syrien et de la gauche nationaliste et communistelibanaise.

Face à cette situation la Russie, alliée depuis la fin des années cinquante de la Syrie, a tenté de préserver la paix et l’indépendance de la Syrie. Également d’empêcher la déstabilisation et le chaos au Proche-Orient. Objectivement le rôle de la Russie conforte le front anti-impérialiste et le combat pour la paix, même s’il ne faut pas se leurrer sur les motivations de classe à long terme de la Russie postcommuniste.

elkabach interview de vladimir poutinePlusieurs facteurs expliquent ce positionnement de Poutine . La Russie est menacée par cette déstabilisation voulue par l’impérialisme. Le sud de la Fédération russe et des anciennes républiques soviétiques orientales sont menacées par les islamistes manipulées par l’impérialisme et ses agents locaux comme la Turquie ou l’ Arabie Saoudite. L’offensive de l’OTAN en Ukraine démontre et confirme la volonté hégémonique des impérialistes vis à vis de la Russie : et de même qu’au Proche-Orient l’impérialisme US a soutenu les monstrueux talibans, Ben Laden, etc., avant d’en perdre partiellement le contrôle, de même en Ukraine la CIA et l’OTAN, applaudis par une partie de la « gauche » atlantique française (Libé, le Monde, Bernard Guetta sur France-Inter, etc.) ont encensé le pouvoir « orange » pro-nazi de Kiev qui provoque la Russie et qui s’appuie sur les néonazis de Pravy Sektor et de « Svoboda ». A moins d’affaiblir dangereusement la Russie et de la laisser se faire encercler par l’OTAN et par les bases US de la Baltique à la Mer Noire et du Caucase à l’Asie centrale, Poutine ne peut pas rester inactif car les impérialistes, qui ne se sont pas contentés de l’éclatement de l’URSS, de la disparition du camp socialiste, de l’annexion de la RDA et de l’intégration de toute l’Europe de l’Est à l’OTAN, ne seront contents que quand ils auront dépecé la Fédération russe elle-même. D’autant que, dans les conditions actuelles, le renversement d’Assad signifierait la prise de pouvoir des factions intégristes et une guerre de religion permanente dans la région. Guerre aussi entre les puissances régionales comme l’Iran et les satellites des États-Unis, comme on le voit au Yémen en ce moment même.

picasso congrès mondial de la paix colombeEst-ce à dire que la Russie de Poutine est redevenue l’Union Soviétique ? Soyons clairs, certainement pas. Mais il serait irresponsable d’établir une équivalence absolue entre la Russie et le bloc impérialiste qui domine et écrase le monde et qui est constitué, à l’Ouest, par l’Union transatlantique en formation (Amérique du nord plus U.E. dominée par Berlin) et à l’Est par l’Union transpacifique en gestation, où Washington fraie avec la Corée du sud (en voie de fascisation) et avec le Japon (en voie de remilitarisation). D’autant que même ce dernier est travaillé par des contradictions internes. On le voit avec les positions respectives passablement dissonantes de la France, de l’Allemagne ou de la Grande-Bretagne (c’est d’ailleurs Hollande qui est le plus belliciste de tous en ce moment : pauvre Jaurès !). Le rôle des communistes, des anti-impérialistes, des forces de paix est de s’appuyer sur ces contradictions pour créer un rapport de forces favorable à la lutte des peuples et c’est d’ailleurs ce que fait intelligemment le PC syrien qui, sans cesser de maintenir sa position de classe indépendante, privilégie la lutte contre l’ingérence impérialiste en Syrie et adopte une position résolument anti-impérialiste et patriotique.

Quant à nous, ici et maintenant, notre responsabilité est de dénoncer notre impérialisme et de faire comprendre que rien de bon ne peut sortir d’une position qui laisserait croire que les incendiaires peuvent se transformer en pompiers. Dénonçons aussi ceux qui sombrent dans ce que Lénine appelait le social-impérialisme, « socialistes dans les mots, impérialistes dans les actions » de même que ceux qui ne voient pas la nécessité de tenir compte de la dynamique anti-impérialiste à laquelle les BRICS – Brésil, Russie,Inde, Chine, Afrique du Sud- peuvent objectivement contribuer en laissant des espaces d’intervention aux peuples, même si la plupart des régimes en question sont bel et bien contrôlés par la grande bourgeoisie nationale, avec toutes les inconséquences que cela comporte (le cas de la Chine doit être analysé spécifiquement).

Unir et rassembler sur cette base est donc notre responsabilité.

AM secrétaire de la Commission internationale du PRCF.

www.initiative-communiste.fr

http://www.initiative-communiste.fr/articles/international/syrie-assad-poutine/


DE LA RUSSOPHOBIE.

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DE LA RUSSOPHOBIE.
"u zinu" :

Je reproduirai tout simplement ici, sans commentaire, un article paru dans AGORAVOX sous la plume du contributeur "VICTOR" 


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Poutine le diable ou Russie mon amour ?

Actuellement, dans les cercles de la bien-pensance atlantique, c’est plutôt Russie grand méchant loup…Son président est affublé de tous les défauts, considéré comme un infâme dictateur liberticide et sanguinaire. Et la Russie présentée comme un pays de brutes illettrées et alcooliques représentant une terrible menace pour l’Europe et le monde. Réalité ? Ou propagande ?


Toutes les informations dont nous abreuvent les merdias à la solde des marchands de canon et de béton nous sont présentées, systématiquement, sous un angle antirusse. Que ce soit pour l’Ukraine, la Syrie, ou encore la situation économique de ce pays, ses rapports avec le monde.

Cette russophobie n’est pas nouvelle. Chez les Français, elle date évidemment de la pâtée prise par Napoléon. Pour les Anglais, elle vient de la rivalité impérialiste britannique de domination de l’Asie qui s’est heurtée à la puissance russe. Pour les Allemands elle vient de leur prétention « d’espace vital à l’Est » ayant sombré dans la terrible défaite hitlérienne. Quant aux Etazuniens, ils se sont retournés contre leur allié antinazi dès la guerre gagnée (surtout par les Russes !). Depuis, leur stratégie consiste à encercler le territoire russe par des bases militaires hostiles dans des pays à la remorque de l’Otan. Et leur politique tend à être toujours antagoniste de ce pays, à tenter de casser ses initiatives, à l’humilier et à tenter de le piller autant que faire se peut.

La russophobie étazunienne prend deux aspects : - une forme idéologique autour de la soi-disant défense de la démocratie et des droits de l’homme ; - une rivalité géopolitique car ils ne supportent pas que d’autres puissances osent contester leur « hégémonie » et font tout ce qui est en leur pouvoir pour faire passer la Russie pour une puissance hostile à l’Europe. Ce qu’elle n’est pas. Et nous, Européens veules, serviles et puants d’ingratitude, nous nous faisons les complices de toutes les forfaitures des Etats-Unis sous prétexte « qu’ils nous ont sauvés en 45 », oubliant que c’est l’URSS - c’est-à-dire les Russes - qui ont le plus donné de vies pour délivrer le monde du monstre nazie…

 

Pourtant, la Russie est évidemment européenne. De Gaulle ne parlait-il pas de « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural » ? Elle est européenne par la géographie, par la population, par la (les) religion(s), par la civilisation, par l’histoire. Que représentent les Etazuniens, « passés directement de la barbarie à la décadence en oubliant la civilisation », par rapport à cette grande nation qui a donné au monde les écrivains Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski, mais aussi les musiciens Borodine, Rimski-Korsakov, Moussorgski, Rachmaninov, Tchaïkovski, mais encore Mendeleïev, génie de la physique qui a réalisé la classification des éléments de la nature, etc., etc. et - cerise sur le vatrouchka – le pays qui a envoyé le premier homme dans l’espace et le seul actuellement capable de ravitailler la station internationale orbitale !

C’est une civilisation jumelle, imbriquée depuis toujours à la nôtre. Ils connaissent nos penseurs, nos artistes, nos idées. Ils ont parlé français dans les hautes sphères pendant deux siècles. Et que savons-nous d’eux ?

Ce sont des terres infinies, de l’Arctique au Pacifique, de la Sibérie à la Mer Noire. C’est une mosaïque de peuples mêlant les blonds vikings des terres du froid aux yeux obliques des steppes d’Asie. Et nous les méprisons ?

Vous imaginez la puissance d’une entité Europe-Russie de Lisbonne à Vladivostok ? Un bloc continu, possédant toutes les matières premières voulues, fort d’une population de 700 millions de personnes éduquées, dynamiques, fruit de la filiation civilisationelle allant d’Athènes, Rome et Byzance à la Renaissance, aux Lumières, à la Science moderne, aux Droits de l’Homme, à la Liberté. Le cœur, la quintessence de la civilisation occidentale. La Russie de devrait-elle pas être invité à la réalisation de ce grand dessein ? La Russie manque à l’Europe comme l’Europe manque à la Russie. Si on ne l’y invite pas, c’est par lâcheté, veulerie, vassalité, servitude volontaire envers ces Etats-Unis lointains, méprisants et nuisibles prédateurs du globe.

En fait, nous leur en voulons d’être ce que nous ne sommes plus : un pays fier, conscient de sa force. Un pays qui croit encore à l’instruction, au savoir, en ses institutions. Qui croit en son destin quand nous confions le nôtre aux cours de la Bourse et aux banquiers de Wall Street, de Francfort et de la City.

Nous nous coupons de notre destin pour obéir aux injonctions de ces grands « démocrates » qui font Guantanamo, qui assassinent par drones aux quatre coins du monde, qui embastillent sans procès, qui assassinent légalement leur propre peuple, qui par de sordides guerres jamais gagnées ont semé l’enfer sur terre de Kaboul à Bagdad, qui pillent le monde à l’aide de leur dollar. Qui nous espionnent, nous épient et nous méprisent.

Mais non. Le méchant c’est Poutine. La menace, c’est la Russie.

Aux fous !

 


Heureux qui comme un pauvre migrant a fait un long voyage ....

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Heureux qui comme un pauvre migrant a fait un long voyage ....
Première lettre


Je suis un honnête travailleur immigré séjournant (présentement dirait un Africain)  dans l'île de Corsica.
Lors de mon débarquement sur les rivages bénis de cette île, dans les premiers temps de mon séjour,  j'ai habité une résidence faite de tôles et de planches, meublée de bric et de brac, et ouverte à tous les vents mauvais de la contrée.
Depuis peu, une association locale de défense des immigrés - Dieu la bénisse -  m'a relogé dans une demeure supposée vacante. Il s'agit d'une bâtisse ancienne, une sorte de maison de campagne jamais ou mal restaurée. J'ai fait en sorte qu'elle ne soit plus truffée d'alarmes susceptibles de pousser des hurlements stridents à chacun de mes mouvements, et d'annoncer urbi et orbi le moindre de mes déplacements.
Je préciserai, à l'intention des Corsophobes malveillants, que je n'ai guère eu besoin, comme à Paris, d'occuper avec quelques déshérités l'église la plus proche ou de m'installer pour une grève de la faim symbolique dans la grande nef de la cathédrale d'Ajaccio. Le peuple de Corsica, quoiqu'en disent les mauvaises langues, est un peuple généreux, hospitalier, et peu dénonciateur par nature. 
Pour l'heure, donc, j'ai tout loisir d'effectuer des promenades peuplées de rêves d'avenir dans le jardin de ce qui est pour moi une sorte d'Alhambra de Grenade.
 
D'aucuns s'étonneront sans doute de ma relative maîtrise de la langue française, qu'en toute modestie je trouve supérieure à celle dont se prévalent nombre d'identitaires dits franchouillards.
J'ai appris cette belle langue en Algérie même, où, en dépit de l'indépendance, le français est enseigné de manière mieux structurée (et assurément plus généralisée) que l'arabe en France. Les cours du soir d'une association humanitaire insulaire, genre "partageux de la fraternité" (ou "fraternité des partageux"), ajoutés à mon désir d'intégration, ont fait le reste.
Du coup, je m'exprime en Français presque aussi bien que Tarik Ramadan, et je manie mieux le verbe gaulois que le jacassin oriental. L'autre jour, j'ai même aidé mon chef d'équipe à déchiffrer une note de service qu'il pensait écrite en javanais, tant est limitée sa connaissance de la langue française. Il est excusable, certes, car il est comme moi d'origine étrangère. Mais il est moins immigré que moi, puisqu'il est chrétien avéré et Portugais déclaré.
De mon côté, bien qu'étant un peu plus instruit que lui, mais ne pouvant cacher ma qualité d'Algérien, doublée de celle de supposé mahométan, je ne puis être, aux yeux de certains, que rien ou pas grand chose.
Je vous préciserai que j'occupe les fonctions d'ouvrier non qualifié, comme ils disent. En certains moments de grande camaraderie, mon contremaître, originaire pour sa part, du village de Morano, en Calabre, me tutoie d'abondance et s'imagine que cela me donne fierté. Pour ne pas être en reste, je le tutoie aussi, ce qu'il a l'air de prendre pour une plaisanterie d'assez mauvais goût ou pour une familiarité tout juste supportable. Il n'a jamais daigné partager avec moi son opulent panier (par respect sans doute pour la religion qu'il m'attribue, car le vin et le porc honni emplissent le dit panier), mais il accepte régulièrement les quelques dattes séchées que je lui offre, et ceci m'est grand honneur. En ces instants conviviaux, il consent même à échanger avec moi quelques propos sur la condition ouvrière et l'exploitation du prolétariat, car il se targue de pratiquer la solidarité de classe.
Il faut dire que ce pâle clone de Peppone est demeuré stalinien malgré la perestroïka et tous les avatars qui ont suivi. Les méchantes langues prétendent même qu'il s'agit d'un stalinien demeuré. Pour lui faire plaisir, j'ai consenti à prendre carte syndicale. Vous n'aurez je pense aucune peine à découvrir laquelle.
Le bénéfice de mon adhésion ne m'est pas encore apparu clairement, mais j'espère que ce viatique m'évitera de cotiser au comité des chômeurs, sorte de soviet qui se réactive chaque année à l'approche des fêtes de Noël et réclame de justes et substantiels secours au bénéfice de tous les traîne-savates désœuvrés, parmi lesquels je m'honore de ne pas compter.
Entre nous, je vous confierai qu'il manifeste aussi pour les différences de race un intérêt certain, car il ne cesse de répéter que Marine Le Pen est la seule qui puisse sauver la France des invasions barbares. Il vrai que l'on trouve toujours plus immigré que soi dès lors que l'on est tant soit peu "établi" dans une nouvelle nationalité. Je n'en veux pour preuve que l'illustre Sarkozy, les Roumains Luca et Copé, les Italiens Estrosi et Ciotti,  mais aussi le camarade Moscovici, le camarade Bartolone, et Manu le catalan, soi-disant fils de républicain espagnol.
 
Je m'efforce d'être pour ma part un immigré modèle. J'obéis aveuglément aux lois de ma nouvelle patrie la France, et j'en respecte les us et les coutumes, alors que nombreux sont les indigènes de Corsica qui les récusent fortement, allant même jusqu'à soutenir que leur situation est comparable à celle des colonisés que nous fûmes.
Vous savez bien sûr, que l'île vit naître un illustre empereur.  Vous savez moins qu'à l'âge de 20 ans, ce dernier écrivait au héros de l'indépendance Corse, Pascal Paoli en exil à Londres: "Général, je naquis quand la patrie périssait. Trente mille Français, vomis sur nos côtes, noyant le trône de la liberté dans des flots de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint le premier frapper mes regards".
La suite de son parcours et de sa carrière fit de lui ce que vous savez: le plus grand personnage historique dont  puissent s'enorgueillir les Français après ce pauvre Vercingétorix.
Il en va souvent ainsi des peuples colonisés : certains de leurs enfants deviennent des serviteurs éminents de leur nouvelle patrie. Nous connûmes nous mêmes cela, sous la domination romaine, avec le Berbère Saint Augustin.
En fait de berbérité, et non de barbarisme, je rappellerai en passant que l'ami Zemmour, autre Français notoire (et même fanatique), se vante d'appartenir à la descendance de la Kahena, célèbre reine d'une tribu berbère judaïsée ayant combattu les envahisseurs arabes, plutôt qu'à celle des Cohen. Mais ceci n'est point mon affaire.
 
Vous me permettrez de vous apprendre que les Maures du temps jadis firent grand apport à l'île de Corsica en venant, par des razzias multiples et soutenues, par des viols bénéfiques et répétés, répandre leur gènes jusque dans les villages les plus reculés. Ils y ont laissé de nobles traces, et il me plaît d'imaginer parfois certains natifs de l'île de Corsica, en visite chez nous, revêtus d'un burnous défraîchi et d'une chéchia, ou bien d'un burnous brodé et d'un turban immaculé, selon qu'ils soient gens du peuple ou notables infatués. Ils n'auraient certes aucune peine à passer pour d'authentiques fils du Maghreb. Il me vient même parfois l'idée saugrenue d'embrasser certains enfants de la terre de Corse, tant leur physionomie ressemble à celle de nos frères. Il m'arrive aussi de penser que s'ils s'étaient promenés sur les ponts de Paris du temps du préfet Papon, ils eussent pu terminer dans la Seine leur carrière de résidents français.
 
Je vous dirai, pour augmenter votre capital culturel et vous permettre de briller dans les cafés maures, que le drapeau local s'orne d'une tête résultant d'une décollation "à la manière antique", tête sans doute oubliée dans la précipitation de notre réembarquement sur la dernière felouque servant à notre retraite.
Me voici, humble descendant des fiers barbaresques qui abordaient en pillards ravageurs l'ile de Corsica, condamné à y laisser la sueur de mon front. C'est sans doute la volonté de Dieu, et je l'accepte, bien que cela ne soit pas tout à fait la mienne.
 
L'actualité de cet été finissant me contraint à vous dire par ailleurs que l'île de Corsica est épisodiquement peuplée de migrants que l'on appelle ici des touristes. Il y a ceux du plein été dominateurs et conquérants, mais aussi les vieilles personnes baptisées troisième ou quatrième âge. C'est ce que les marchands du bazar et les tenanciers de gargotes appellent l'apport d'avant ou d'après saison. Ces sages troupeaux vacanciers sont renvoyés dans l'hexagone après avoir été dépouillés des maigres deniers patiemment amassés pour leur séjour de rêve dans "la plus proche des îles lointaines".
 
Les belles (et moins belles) volailles estivales s'abattent, quant à elles, sur les plages de sable fin qui abondent dans l'île de Corsica. Dans leur grand désir de bronzer rapidement, elles rougissent intensément leurs croupions. Cette grande exposition de fesses ne laisse pas d'être, je le confesse, du plus bel effet.
Dieu me pardonne, cela ne manque pas de bouleverser parfois mes sens, car la gent féminine estivale est loin d'être couverte de hijab, de tchador, de niqab et de burqa. J'avoue, sans le crier sur tous les toits, et sans aller le clamer sur les parvis de la mosquée locale, que ceci ne me contrarie point outre mesure.
En ce domaine, ma lecture des écritures saintes n'est pas la même que celle des frères wahhabites : je n'y trouve point que tout cela soit rendu obligatoire par un quelconque verset, et je plains même les pauvres femmes ou jeunes filles qui sont enfermées par leur famille dans ces noires camisoles ou qui s'y calfeutrent par conviction.
Toutes ces vêtures qui visent à combattre l'impudeur se répandent, paraît-il, à travers l'Europe. J'en aperçois ici de plus en plus. Cela semble contrarier certains indigènes de Corsica, mais je fais mine de ne point entendre leurs récriminations, et pour certains, leurs invectives. Parfois même je donne à croire, par souci de ma propre sécurité, que je les approuve.
Mais revenons à notre volaille.
-  Je ne saurais vous décrire avec talent la beauté des blondes oies nordiques. Selon les statistiques de l'I.N.S.E.E, elles seraient toutes aussi peu virginales à leur arrivée qu'au départ.
- Je ne vous chanterai pas l'ardeur des sémillantes pintades parisiennes, encore que leur frénésie de vénériens plaisirs relève, dit-on, de la pure médisance des jeunes coqs de Corsica.
-  Je ne pourrai vous dire l'insatiable gourmandise des rubicondes dindes teutonnes, puisque je n'ai jamais pu, vu ma triste condition d'immigré, apprécier leurs bénéfiques ardeurs.
 
Actuellement, la saison des crudités et des nudités est presque passée. D'ailleurs j'évite d'utiliser ces termes trop voisins depuis que dans un restaurant local, après quelques libations interdites, demandant des nudités au lieu de crudités, j'ai failli subir la loi de Lynch. Le Corse en effet, je vous le confie mezzo voce, est un être ombrageux et susceptible, assez prompt à s'énerver lorsqu'il se croit offensé.
 
Du moins, ma terre d'exil est-elle moins agitée que notre pauvre Algérie. Ici, point de Groupes Intégristes armés, comme il en exista jadis chez nous, et point non plus d'émules de Daesh, comme il en apparait dans nos campagnes et nos sillons.
Simplement, de temps à autre, quelques explosions nocturnes ou diurnes, quelques résidences secondaires qui s'écroulent ou se fissurent. Des exécutions ponctuelles parfois, mais point de massacres organisés.
La vie locale, qui  s'était agrémentée de violence clandestine durant quelques décennies, sans pour autant revêtir la complexité de l'imbroglio irakien, ou la dure condition de la terre palestinienne, est devenue plus sereine depuis quelques mois.
Par contre, une brise marine ayant poussé jusqu'à nous les mœurs siciliennes ou calabraises, voilà que sévissent de petites bandes qui guerroient entre elles et importunent les honnêtes citoyens.
Voici quelques années, la puissance coloniale (je traduis ici la pensée des autochtones les plus virulents) avait envoyé dans l'île un vizir à la poigne d'acier qui s'était mis en tête de rétablir un ordre devenu défaillant. C'est dire l'émoi suscité chez les indigènes, qui fort peu respectueux des interdits, ont pris depuis des lustres quelques libertés avec les lois écrites de la nation française, préférant les leurs, encore à demi coutumières.
Les outrances de ce proconsul, jointes à une étourderie de l'un de ses pétroleurs, l'ont contraint au départ. Depuis, la gouvernance française bénéficie localement d'une moindre considération, sauf parmi ses serviteurs traditionnels et ses irréversibles affidés.
Côté représentation populaire, les listes d'électeurs, non encore expurgées de leurs parasites à votes pluriels, ni des innombrables défunts qui s'obstinent à remplir leur devoir électoral, accouchent d'assemblées territoriales ubuesques selon les uns, mais magnifiques selon les autres.
Ma mère actuelle la France est ici jugée par les uns comme génératrice de persistantes turpitudes et par les autres comme une généreuse dispensatrice de séculaires bienfaits. Aussi ne sais-je plus trop à quelle opinion me ranger. Par saine prudence me rangerai-je sans doute à la dominante. Le juste milieu, en de telles situations, n'est jamais la position la plus confortable, car chaque faction vous houspille, vous tourmente et vous contraint à sa manière.  
 
Pour ma part, très reconnaissant envers mes compatriotes corses – si j'ose me compter parmi eux – du bonheur relatif qu'ils m'accordent, je m'évertue à faire en sorte qu'ils n'aient pas à me considérer comme un islamiste réel ou potentiel, ce que tout musulman est condamné à être ou devenir, si l'on en croit les médias, les experts, les spécialistes en tout genre, et même les romanciers à la mode qui développent cette pernicieuse théorie.
Pour éviter un amalgame aussi grossier, il m'est arrivé de me promener en portant ostensiblement sous le bras quelque exemplaire du Figaro, ou de Valeurs Actuelles, voire même de "Minute". J'ai  pu observer, du coin de l'œil, cela va de soi, que cela suscitait chez certains passants un regard où l'étonnement le disputait à l'admiration. Sans doute ai-je alors été pris pour un Kurde, ou bien un Syrien chrétien.
 
Trêve de digressions. J'espère que la France, - bénie soit-elle - continuera d'accueillir en son sein généreux ses enfants perdus des terres maghrébines et africaines, sans souhaiter pour autant qu'elle accueille en Corsica tous les sans papiers qui peuplent l'univers, car il n'y aurait plus de place pour les bons immigrés de ma catégorie.
Les apatrides sans loi et les métèques sans foi, je préfère qu'ils s'installent à Paris, dans l'Ile Saint Louis, le Marais, le XVI°, et à Neuilly, quartiers où abondent leurs protecteurs, lesquels, à ce qui se dit dit, consomment à grandes louchées le meilleur caviar qui soit, tout en fustigeant avec véhémence les égoïstes qui refusent d'accueillir les migrants du tiers et du quart monde. Ces temps derniers ils versent, paraît-il, d'abondantes  larmes de crocodile, en apprenant, grâce aux médias bien pensants, que les migrants sombrent par milliers dans les eaux de l'Euro-Méditerranée.
Dans ce contexte, il m'est, je vous l'assure, fort pénible d'apprendre que nos petits frères beurs ou blacks des banlieues s'adonnent au commerce des stupéfiants, alimentent la chronique des faits divers, ou cassent à la moindre occasion les vitrines des bazars. Ce sont là des incivilités qui m'insupportent, car elles jettent un discrédit immérité sur les centaines de milliers de bons et loyaux immigrés. De plus, elles fournissent quantité de  "grain à moudre" à ceux qui se prévalent d'être Français de souche, (même lorsqu'ils ne le sont que de fraîche date), ou apportent en abondance une eau trouble au moulin d'une ligue sectaire que l'on appelle Front National.
Il s'agit là d'un rassemblement gouverné en parfait accord jusqu'à ces temps derniers par un père et sa fille sous les auspices du Saint Esprit.  Mais ils se sont disputés vivement pour un détail, et depuis, ils inondent les gazettes de leurs chicanes.
Je résumerai d'une manière lapidaire le fondement de leur controverse : le vieux avait pour ennemis déclarés ou boucs émissaires privilégiés, le Juif et l'Arabe. La fille, ayant décidé d'absoudre le Juif de tous ses péchés traditionnels, n'a plus que l'Arabe, ou l'arabo-musulman (et accessoirement le Rom) à se mettre sous la dent ou à transformer en épouvantail.
C'est je crois toute leur différence. Ajoutons-y, peut-être, une vague histoire de mignons du sérail dont je ne saurais vous dire les tenants non plus que les aboutissants, car je ne suis pas introduit dans ces mystères.
 
Je vous quitte car je crois entendre un muezzin, du haut du minaret restauré de la défunte usine Alban, me rappeler  à mes saintes dévotions. Vous me pardonnerez la courte explication suivante : l'usine Alban est une ancienne manufacture de tabac d'Ajaccio qui, au temps soi-disant béni des colonies, importait du tabac algérien pour fabriquer des cigarettes gauloises. Son fondateur avait cru bon de l'orner d'une sorte de minaret. Cette usine ayant laissé place à un immeuble prétendument dit "de standing", le promoteur a été sommé de préserver et même de restaurer le minaret au titre de la conservation des monuments historiques. Le résultat le plus évident de cette contrainte est que nombre de touristes hexagonaux qui passent fulminent et enragent à la vision de ce qu'ils croient être une insolente mosquée.
J'irai à présent de ce pas, car il se fait tard, déguster un plantureux couscous dans une sorte d'auberge orientale où se pressent ordinairement non point les immigrés de ma condition, mais ceux que l'on pourrait appeler les résidents locaux. Un Pied Noir repenti (si, si, il en existe quelques exemplaires) m'y invite parfois en souvenir de notre passé commun. Du moins c'est ce qu'il me donne à croire. En réalité il s'imagine, je pense, que le fait de partager publiquement un couscous avec un Algérien de bonne mine, lui conférera la réputation d'un citoyen tolérant, respectueux des différences, et idéologiquement acquis à la nouvelle diversité française.
  

 seconde lettre

 
Mon très cher frère,
 
Je t'avais déjà complaisamment décrit ma situation dans l'île de Corsica lors d'une précédente épitre.
 
Tu me permettras aujourd'hui de t'adresser quelques informations nouvelles, qui éclaireront j'espère ta connaissance de mon état présent, de manière aussi parfaite que s'est illuminée la caverne d'Ali Baba sous l'effet de la merveilleuse petite lampe d'Aladin.
 
Bien qu'ayant été largement "déculturé" (comme ils disent) par suite de mon long séjour chez les incroyants, j'ai conservé, tu peux le constater, quelques réminiscences héritées de mon intérêt pour le patrimoine culturel arabo-persan, patrimoine qui au demeurant établissait un pont fraternel entre les sunnites et les chiites aujourd'hui rendus ennemis grâce notamment aux bons offices de leurs excellents amis américains.
 
Ou en étais-je ? Ah, oui,  je voulais t'informer de mon actualité en terre chrétienne. Cette terre ne me semble plus très catholique, comme aurait dit le défunt Frèche, pour qui l'absence de cette éminente qualité caractérisait la tête de Fabius.
En effet,  passant dimanche dernier sur le coup des dix heures, devant la cathédrale d'Ajaccio, à l'instant où les cloches sonnant à toute volée achevaient d'appeler les fidèles à la "grand messe", j'ai pu constater que s'y pressaient seulement une trentaine de personnes, dont plus des deux tiers relevaient de ce qu'ils appellent charitablement en occident le troisième, voire le quatrième âge.
 
Par contre, à ce qui se murmure jalousement dans les sacristies, les églises évangéliques prolifèrent et seraient au nombre d'une quinzaine pour la seule ville d'Ajaccio. En ce moment, vu les circonstances, nos frères gitans et manouches y chantent force cantiques à connotation biblique afin que le ciel lave de leurs péchés tous les chasseurs de Roms qui abondent dans l'hexagone.
 
Dans la chaleur caniculaire de juin-juillet  2015, nos frères immigrés, sur de multiples chantiers, en dépit du ramadan, ont converti en sueur le peu de graisse qui les enrobait,  tandis que leurs contremaîtres portugais, entre deux vociférations incompréhensibles, se sont inondé le gosier de  rafraichissantes et tentatrices boissons. Mais ceci ne saurait constituer une information inédite ou capitale. Abandonnons donc la relation de ces banalités.
 
Je suis pour ma part momentanément réduit au chômage, et fort parcimonieusement rémunéré par "Pôle Emploi", mon dernier patron n'ayant "à l'insu de mon plein gré" déclaré que la moitié de mon salaire.
 
J'ai  donc tout loisir d'aller jeter un œil  par dessus le parapet qui surplombe la plage St François, plage située en plein cœur de la cité d'Ajaccio. Mon humaine faiblesse me conduit quelquefois à longuement attarder mon regard dans la contemplation des créatures touristiques qui rougissent leurs seins d'albâtre, ou s'efforcent de noircir leurs blanches fesses sous un soleil infernal.
La plage Saint François, plage sans doute honnie par ce brave saint vu sa destination présente de rôtissoire estivale, est semble-t-il, moins qu'auparavant couverte de détritus, moellons, ferrailles et autres matériaux insolites abandonnés par les tempêtes de l'hiver. L'ancien maire de la Cité, uniquement préoccupé de son avenir électoral, n'avait  pas songé à y envoyer régulièrement une petite escouade de Frères éboueurs municipaux.
Certes, je crains toujours qu'un Frère intégriste de passage, ivre de colère à la vue d'un mécréant contemplant des créatures totalement dépourvues de voiles, ne me jette par-dessus bord, ou qu'à l'opposé, un Français jaloux de ses origines (même si ces dernières relèvent uniquement d'un incertain droit du sol) ne fasse de même, mais pour d'autres raisons.  Cette crainte salutaire écourte parfois ma contemplation, car mon regard est contraint de se porter alternativement sur les promeneurs de la corniche, et (plus longuement) sur  les splendeurs qui rôtissent au bas de la jetée. Je cède donc comme tout un chacun aux peurs sécuritaires.
 
A bien y réfléchir, mes craintes relèvent un peu du fantasme, car en Corsica les mauvais barbus ne sont pas légion. Mais il n'est nul besoin d'être barbu pour muer un jour ou l'autre en terroriste aveuglé par une foi malsaine ou de méchantes prédications, diront certains. Ce genre de propos est colporté, cela va de soi, par les émules de Charles Martel, encore qu'ils ne soient pas non plus en nombre dans notre île (ce possessif que d'aucuns trouveront abusif me sera, j'espère,  pardonné).
Ceci dit, la Corse offre un paysage particulier, en ce sens qu'elle est composée de factions dont les effectifs respectifs n'ont pas grand-chose à voir avec ceux des partis hexagonaux.
Ainsi, ceux qui après une salutaire immersion sont devenus miraculeusement "républicains" grâce à un habile prédicateur, clone ou ersatz de celui que les Chrétiens appellent Jean le Baptiste et les Musulmans le prophète Yahyâ ibn Zakariya, ceux-là, disais-je, sont largement majoritaires en Corsica.
Par contre, les socialistes, qu'ils soient légitimistes ou frondeurs, sont quantité négligeable, préfigurant ainsi le devenir de leurs homologues continentaux, tandis que les communistes résiduels peuvent être considérés comme relevant d'un folklore révolutionnaire révolu. Subsiste à l'état de fossile encore remuant une sorte de mouvance électorale accrochée aux fiefs du passé radical insulaire.
Enfin, ceux que l'on appelle ici les "natios", divisés en ce qu'en d'autres lieux et d'autres temps on aurait appelé mencheviks et bolcheviks, donnent au  paysage local une spécificité très particulière.
Voilà ! Je t'ai décrit peut-être avec quelque excès de longueur la coloration politique locale. Il est temps, je crois, de revenir à des choses plus immédiates.
Au 15 août dernier, donc tout récemment, les actuels édiles, républicains et bonapartistes tout à la fois, ont célébré avec solennité l’Assomption en même temps que l'anniversaire de la naissance du grand Nabulione. Ceux de l'ancienne équipe, bien que socialistes et même communistes pour certains, chassés hors de l'hôtel de Ville en février 2015, célébraient aussi ce double anniversaire. Ils faisaient mine de prier, psalmodier et chanter sous les voûtes ancestrales de la cathédrale, puis défilaient à travers les rues de la vieille ville pour témoigner de leur foi, ce qui ne laissait pas de me surprendre.
 
Les anciens combattants des guerres coloniales (fort nombreux en cette contrée) ont sorti, comme à l'accoutumée, pour les cérémonies patriotiques, les bérets de leurs cartons. Ainsi les mites ravageuses ont cessé momentanément leur combat traditionnel contre  la naphtaline.
 
Ces combattants en retraite, mais s'honorant (disons le vite) de ne jamais avoir battu retraite, ont orné leurs vaillantes poitrines de médailles gagnées sur  des champs de bataille authentiques ou glanées sur des champs de batailles plus hypothétiques. Il faut te dire en effet, mon bien cher Frère, que nombre de décorations, si j'en crois mon boucher hallal, aussi médisant qu'une concierge portugaise, ont été obtenues à force de suppliques adressées aux élus locaux introduits dans les hautes sphères parisiennes.
     
Le 15 août a vu aussi, en vertu d'une persistante coutume locale, les ménagères d'Ajaccio se ruer vers la poissonnerie qui jouxte l'édifice municipal. Elles y ont fait  ample moisson de langoustes censées provenir du golfe, mais souvent importées de Mauritanie, langoustes dont elles ont  fait en sorte que la queue ou les antennes débordent  généreusement de leur panier à provision, afin que nul n'ignore, surtout parmi leur voisinage, qu'elles ont pour leur part les moyens de s'offrir ce crustacé de luxe.
 
Mais voici que je cède à la tentation du bas commérage ajaccien ou bien encore à des propos dignes de "Voici" ou de "Gala" alors qu'en bon immigré qui se respecte, ma lecture quotidienne est celle du "Figaro". Revenons donc à des choses plus sérieuses.
 
Les indigènes de cette île qui se considèrent (à tort ou à raison) comme des colonisés, viennent pour leur part de terminer leurs "journées" cortenaises, journées au cours desquelles quelques peuples ou nations sans État ont pu exprimer leurs désirs d'identité et vilipender l'oppresseur. Je m'y serais certainement rendu si quelque Frère palestinien y avait été invité. Mais ce ne fut pas le cas cette année.  Il faudra sans doute qu'ils y remédient l'an prochain. On y aperçut un frère Azawad, et cela m'a réjoui, car j'ai pour cette nation sans Etat quelque faiblesse idéologique.
Il n'a pas été fait mention, même à titre posthume, du noble et fier Khadafi, pourtant apparenté par cuisse paternelle, au peuple de Corsica. Il était en effet le fils d'une princesse du désert et d'un Corse pur sang, aviateur de la France libre, mort en Lybie durant la seconde guerre mondiale après avoir connu le bonheur d'une liaison secrète avec cette belle bédouine présumée descendante de la reine de Saba. Ayant moi-même comparé les photos de Mouammar et du capitaine Preziosi, son présumé père,  j'avoue avoir retrouvé dans celle de ce pauvre Mouammar le portrait craché du héros corse.
Il n'est plus possible d'envoyer dans l'île le fameux Clavier-Palmer, grand ami du prince déchu Sarkozy,  pour explorer cette piste digne de l'enquête corse. Le célèbre détective y est interdit de séjour. Je n'ai guère le temps aujourd'hui de te conter les péripéties qui ont entouré l'occupation de son domaine corse, mais je te promets de le faire un jour.
 
Pour revenir à des considérations plus immédiates, ma modeste condition de travailleur immigré m'interdisant une intolérable intrusion dans les affaires de la France et surtout l'expression de mon sentiment sur sa gouvernance, tout au plus te dirai-je ma vertueuse indignation devant la campagne qui vise à nous présenter tous comme des voleurs, des assassins, des narcotrafiquants, des incendiaires et des voyous, si ce n'est comme l'avant-garde d'une invasion pire que celle des Huns qui ravagèrent l'Europe voici quelques siècles.
"Plus français que moi tu meurs", telle est la devise qui semble avoir  remplacé la célèbre formule républicaine qui a longtemps fait la réputation universelle de la France.
Sous le règne de Sarközy Nagy Bocsa, et de son épouse la ravissante Carla, dont le filet de voix m'enchantait, ma condition n'était pas des plus agréables. J'ai donc espéré, comme tout un chacun,  un changement radical lors des dernières présidentielles françaises. Las ! Les promesses du l'anormal que les Français ont  choisi pour les diriger se sont évanouies comme le ferait neige au soleil du Sahara. Je ne t'en dirai pas plus pour aujourd'hui, réservant pour une prochaine lettre les faits et méfaits de son règne maléfique. 
Simplement te confierai-je que l'avenir me paraît bien sombre, et qu'il me faudra envisager peut-être une nouvelle migration, en sens inverse celle-là, en direction d'un quelconque émirat paradisiaque, celui d'Abou Dhabi ou celui du Qatar, tant prisés par les Présidents français, à défaut de celui de Daesh, qui me parait un peu  trop rigoureux en ses pratiques.
En effet, les prochaines échéances présidentielles laissent entrevoir l'arrivée au pouvoir de notre pire calomniatrice et de ses partisans. Ce sont les plus acharnés à vouloir nous bouter hors de leurs frontières. Aussi ai-je déjà fait emplette de l'un de ces sacs de plastique rayé qui servent ordinairement et généralement de valises aux migrants de mon espèce.
A plus, comme disent les djeuns en leur patois, et Dieu te garde des djinns, mon très cher Frère.

  

  
  

Troisième lettre


 
Mon bien cher Frère,
 

            Ne comptant pas finir mes jours dans cette île où m'ont conduit les hasards de la migrance, et caressant l’espoir de revoir le pays une fois fortune faite (fol espoir, j’en conviens), il me plaît assez, dans cette attente, de t’entretenir des conditions de mon existence en terre étrangère.
 
            J'ai quelques réminiscences du sabir que nos grands parents utilisaient en Algérie française, mais je n'en n'use qu'en des circonstances précises, lorsqu'il s'agit pour moi de répondre à quelque policier qui me tutoie comme si j'étais son frère, ou de me gausser (intérieurement, cela va de soi) de quelque troupier de la franchouillardise dont l'expression relève d'une langue que je trouve fort approximative, alors même qu'il clame haut et fort sa grande fierté d'appartenir à l'identité nationale française.
Le sabir, pour mémoire, était une sorte de langue véhiculaire largement répandue en Algérie, langue faite d'un mélange de parler pied noir où le maltais, l'espagnol et l'italien le disputaient au français, mélange mâtiné d'un arabe dit dialectal fort éloigné de l'arabe classique enseigné en la prestigieuse université Al-Azhar. Le tout était complété par des gestes nombreux, variés et expansifs qui donnaient aux discussions l'allure de disputes véhémentes ou de controverses dignes de celle de Valladolid.

            Je n’ai pas pour autant abandonné,  tu peux t'en apercevoir,  la coutume orientale qui veut que des préliminaires et des circonvolutions inutiles précèdent l’essentiel du propos épistolaire. Ceci étant, j’en viens à la relation de mon actualité immédiate dans l’île de Corsica, île pour l’instant toujours tributaire de l’hexagone français, contrairement à ce qui semble s'annoncer dans la Catalogne voisine par rapport à l'Espagne.
 
            Ici, après un été caniculaire, nous voici plongés dans un automne estival. Les jeunes sauterelles touristiques ont laissé place aux vieilles sauterelles. Limonadiers, cafetiers et gargotiers fulminent comme à l'accoutumée contre la pingrerie de la clientèle saisonnière, mais à voir les signes extérieurs de richesse qu'ils affichent, et les 4 x 4 rutilants dans lesquels se promènent leurs épouses sur le cours Napoléon, je doute fort de leur misère.
 
            Mon emploi dans le bâtiment  s'est révélé aussi  intermittent que celui des gens du spectacle. Du moins ai-je eu le bonheur de me loger de manière plus orthodoxe, et ai-je abandonné l'occupation illicite d'une demeure qui n'était pas mienne. Moyennant juste loyer, je bénéficie d'une masure dotée d'un arpent de terre. J’ai pu transformer ce petit morceau de sol en un potager médiocrement productif. Cela m'a permis de récolter quelques modestes courgettes et quelques poivrons décharnés qui ont agrémenté mon couscous quotidien, ainsi que deux pastèques dont Enrico Macias n’aurait certes  pu dire  qu’elles étaient "comme là-bas".
 
            Alors que je qualifiais un peu sottement d'été indien les ardeurs solaires de ces premiers jours de septembre, de miens amis chrétiens, fort instruits en histoire des saints, m'ont éclairé sur  le caractère erroné de ma formulation. Ces bons croyants (que nous appellerions chez nous de bons incroyants), m'ont expliqué que l'on devait plutôt à Saint Martin le Miséricordieux, la douceur de l'automne. Saint Martin, soit dit en passant, était un officier hongrois au service de Rome, qui fit don de la moitié de son manteau à un pauvre hère mourant de froid rencontré sur sa route.  Je connais un autre Hongrois devenu calife en terre étrangère, mais il n'y a pas lieu d'épiloguer longuement sur cette similitude, car le Magyar en question est loin d'avoir les excellentes qualités prêtées à Saint Martin.
            Où en étais-je avant de m'embarquer dans cette digression?  Mon petit pré carré, disais-je, se dessèche dans l’ardeur d'une canicule interminable. Il exige chaque soir une abondante ration d’eau salvatrice. Mon boucher hallal prétend que mon obstination maraîchère risque de me conduire tout droit à la ruine. Je suis en effet tributaire de "l’eau du robinet" dispensée par la puissante société Veolia, muée ici en Kyrnolia. Il s’agit là d’une sorte de vampire qui n’a souci que de dividendes tout en protestant de son désir constant de préserver l’environnement et de promouvoir un développement durable (le sien en priorité je présume).
 
            Reviens à tes blancs moutons, et ne t’égare pas dans des  exégèses économiques qui échappent à ton entendement limité d'immigré, dirait mon patron, qui, se targuant de  bien connaître les coutumes maghrébines à défaut du Coran, ne cesse de colporter à travers  la ville des histoires de moutons élevés sur des balcons puis atrocement égorgés dans des baignoires au grand dam de dame Bardot.
   
            Localement, rien de bien extraordinaire. Deux partis se disputent toujours les faveurs du peuple corse résiduel, l’indépendantiste et l’autonomiste. Pour le reste, nous trouvons ici les mêmes chapelles que sur le "continent" (comme il se dit dans l’île), à savoir la sarkoziste, qui n'a rien perdu de sa superbe passée, la communiste (qui bouge encore un peu, contrairement à celle de l’hexagone), la radicale (indéracinable mais amoindrie par des disputes internes), et la socialiste (réduite à une expression fort exigüe).
 
            Je me garde bien sûr de dévoiler en public mon sentiment sur les évènements locaux, les évènements nationaux et les évènements internationaux, car les mœurs de la contrée interdisent aux allogènes d’exprimer une opinion trop tranchée. Je réserve donc mes avis et mes commentaires à mes coreligionnaires, dans le secret de nos conversations privées. Certes, sur les chantiers, il m’arrive d’échanger quelques bribes de conversation avec mon contremaître portugais, mais je m’astreins à une certaine prudence. Je crains en effet que son désarroi devant les qualités de ma dialectique, largement supérieure à la sienne, ne le conduise à me "débaucher" illico.  Mais laissons là ces considérations personnelles, et intéressons nous plutôt aux choses de ce monde.
 
            J'ai suivi, comme tout un chacun, les déboires des pauvres cigales grecques qui, ayant chanté durant tous les étés durant les années écoulées, se trouvent fort dépourvues à présent que s'abattent sur elles les rigueurs de la sainte ligue bruxello-germanique.
Les voici sommées de devenir fourmis et de boucher prestement le tonneau des Danaïdes qui leur sert de budget national. Adieu feta, ouzo, olives, sirtaki ! Place aux pleurs et aux lamentations dignes de tragédies antiques.
 
            J'ai bien sûr suivi avec grand intérêt les merveilleuses "révolutions" qui ont agité le monde arabe.
 
            Nos Frères Yéménites, dont le seul tort est d'être plus ou moins chiites, après avoir presque conquis la péninsule toute entière au détriment de leurs dominateurs sunnites, ont vu une étrange coalition menée par leur puissant voisin saoudien et d'autres émirs golfiques de moindre importance, sous la houlette bienveillante et bienfaitrice de l'inévitable yankee, entreprendre de châtier leur folles velléités émancipatrices.
 
            En Libye, ce pauvre Mouammar s'était révélé, il t'en souvient sans doute, de plus en plus imprévisible, mais il avait surtout manifesté la sotte prétention de vendre son pétrole au plus offrant. Il a donc subi les foudres d'une  justice occidentale toujours plus  prompte à poursuivre les supposés crimes arabes que les méfaits de Monsanto.
Le grand nobélisé, je veux parler de l'infidèle Barack Hussein, avait donc enjoint à ses deux caniches de l'époque, Cameron et Sarkozy, d’aller mordre les jarrets du récalcitrant Mouammar. Au motif que ce dernier était devenu un abominable tyran, les bonnes âmes occidentales ont recruté des Benghazis authentiques et des Qataris déguisés en Benghazis pour garnir les maigres rangs de combattants affidés promptement baptisés "démocratiques".
Un tapis de missiles, de bombes et d’obus est venu secourir ou seconder ces vaillants insurgés. Mouammar a été proprement lynché par des patriotes justiciers parmi lesquels on a cru reconnaitre quelques agents spéciaux occidentaux.
Au final, le pétrole appartient on ne sait plus trop à qui, mais il est exploité par diverses factions locales, (l'islamiste se taillant la part du lion), Sarkozy ne craint plus les médisances de son ex-ami Mouammar, et le pseudo philosophe Bey Hachel promène en d'autres lieux sa suffisance, ses chemises immaculées et ses troubles desseins. Mais surtout, le désordre et le chaos les plus absolus règnent en cette contrée.
 
            Nos Frères Égyptiens, après avoir pendant quelques semaines mené grand barouf sur la place Tahrir,  sont parvenus à chasser un Moubarak déjà branlant. Mais il semblerait que rien n’ait beaucoup changé à l’heure où j’écris ces quelques lignes, car l’armée, comme toute armée qui se respecte, prend dame Démocratie pour une femme de chambre de Sofitel et maintient d’une main de fer un ordre souverain.
 
            A propos de Sofitel, je t'apprendrai qu'il en existe également un à Ajaccio, mais de moindre renommée que celui de New York , et dans lequel, à ma connaissance, il ne s'est jamais déroulé d'abominables turpitudes, et moins encore de scènes orgiaques du genre de  celles qui ont illustré le Carlton de Lille. Il se dit à ce propos que, soucieuse de sa vertu, dame Aubry n'a jamais mis les pieds dans le fleuron hôtelier de la ville qu'elle administre.
Je te confierai que j’ai admiré en leur temps les exploits du vigoureux Djawad Saddam Khan, alias DSK, qui a trouvé le moyen de transformer en quelques minutes torrides et précipitées une femme de chambre assez ordinaire en une Shéhérazade planétaire dont les récits épicés ont tenu en haleine tous les peuples de la terre. Bon, il est vrai qu’après avoir imaginé que son innocente proie avait été une frêle et chétive, mais fort belle  soubrette noire, j’ai découvert une personne de forte corpulence au visage massif, que la bienséance et l’éthique m’empêchent de qualifier plus avant. Il est vrai aussi qu’après avoir cru initialement au récit policier d’une pauvrette violemment agressée par un satrape démoniaque, j’ai,  l'ayant mieux aperçue à travers diverses lucarnes, tempéré mon jugement initial. J’accorde donc quelque crédit aux rumeurs selon lesquelles Nafissatou aurait été - excuse ce langage de basse police -  une "chèvre" destinée à appâter celui que dans les couloirs du FMI on avait surnommé complaisamment The French Rabbit et dans les bonnes sacristies le bouc lubrique et malfaisant.
Mais quittons prestement ces  contes merveilleux dignes de Mille et une nuits, et revenons à nos révolutions.
 
            Que dire de la Syrie ? Désirant rivaliser en ardeur démocratique avec son prédécesseur Sarkozy, le coryphée Hollande, auquel les Français ont inconsidérément accordé leurs derniers suffrages, avait décidé d'en chasser le frère Bachar, accusé opportunément de toutes les turpitudes dictatoriales. Secondé par le très catholique Fabius (qualificatif volontiers attribué à ce dernier par le défunt Frèche), le "Président normal" tenait absolument à  vaincre sans péril, mais avec une gloire qu'il pensait certaine, l'abominable "boucher" de son peuple. Le résultat est pire encore que celui de Libye. Accourues de toutes parts, et même de France, des cohortes de démocrates libérateurs se sont muées en troupes islamistes virulentes sitôt parvenues en terre syrienne, et des centaines de milliers de migrants affluent désormais, en conséquence, vers ce qu'ils croient être un eldorado salvateur.
            Las ! L'accueil qui leur est réservé en terre chrétienne (que  d'aucuns se plaisent curieusement à qualifier de judéo-chrétienne) n'est pas à la hauteur de leurs attentes ingénues et de leurs espoirs  innocents.
            Certes, démentant à la fois sa propre réputation et les tristes antécédents historiques de son pays, l'Allemande Merkel s'est employée à réveiller les consciences des autres nations d'Europe, mais ces dernières parmi lesquelles s'est distinguée la hongroise, se sont solidement calfeutrées en leurs égoïsmes et leurs peurs sécuritaires.
            En France, une méchante personne que la charité m'interdit de nommer est allée jusqu'à proposer de remettre illico dans leurs bateaux tous les immigrés échoués sur les côtes d'Europe.
D'autres, sans doute instruits du fameux épisode des noyades de Nantes, qui virent sous la grande Révolution française, quantité de femmes, d'enfants, de vieillards et de fanatiques  de l'ordre ancien embarqués dans des barges et coulés par centaines dans les eaux de la Loire, ont suggéré de confier à la Méditerranée le soin de ramener en une sorte de voyage retour vers les côtes de l'Orient les heureux rescapés du voyage aller.
            Ici même, un édile téméraire ayant proposé que la Corse renoue avec ses traditions séculaires et prenne sa part dans l'accueil des migrants, n'a obtenu pour toute réponse que des discours alambiqués dans lesquels le cynisme du refus le disputait à l'hypocrisie larmoyante et aux protestations charitables.
            Bref, comme vous le voyez, en pays chrétien,  les préceptes évangéliques semblent ne plus avoir cours, et la haine de l’étranger tient désormais lieu de ciment national.
            Je me promets pour ma part, en souvenir de ma propre errance migratoire, et non pour faire mine de cultiver des valeurs et des idéaux humanitaires, de secourir dans la mesure de mes modestes moyens tout frère migrant que les flots jetteraient sur les rivages de Corsica.
En cela,  j'imiterai  le ressuscité Jean François Copé qui vient de rappeler vertement à son ancien calife l'oubli de ses propres origines.
Saint Copé, puisque désormais il mérite cette noble appellation, aurait en effet tout crûment déclaré: "Sarko, dont le grand-père maternel était juif, oublie vraiment d’où il vient."
Du coup, je crois à la rédemption, et je te quitte sur l'annonce de ma quasi conversion aux sages préceptes d'un syncrétisme islamo-judéo-chrétien digne de celui que connut Al Andalus aux temps heureux de sa splendeur.


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Quatrième lettre


 

 
               Vous trouverez ici, en même temps que  mes affectueuses pensées, une relation succincte des événements ou des situations que je vis en ma qualité d'immigré dans l'île de Corsica, île pour l'instant toujours rattachée à la "grande" nation française. Vous observerez au passage que je pare de guillemets le qualificatif de "grande". Ils s'imposent car ils nuancent tant soit peu un qualificatif que certains, ici,  trouvent immérité.

            Dois-je vous rappeler que j'exerce en Corsica, "à l'insu du plein gré de ma volonté", comme le disait un vélocipédiste de grand renom, les fonctions intermittentes d'ouvrier du bâtiment. Elles sont toujours aussi mal reconnues que  mal récompensées.
J'ai failli employer le terme de demeure pour qualifier ma case, car, semblable à tout immigré qui se respecte, pour paraître avoir réussi, j'aurais plutôt  tendance à enjoliver un peu, auprès de ceux qui ont eu la malchance de rester au pays, la description de mes conditions d'existence à l'étranger.
En réalité, je vous le dirai en toute franchise, il s'agit d'une cabane (relevant du développement non durable) que mon employeur a eu la bonté de m'octroyer moyennant une petite retenue sur mon salaire, afin que je lui sois attaché par des liens de reconnaissance et de fidélité. C'est ce que faisaient paraît-il au XIXème siècle les patrons des Houillères du Nord, avec les mineurs qu'ils employaient. Je tiens cela du secrétaire du syndicat, personnage très instruit en matière d'histoire ouvrière à défaut d'être parfaitement soucieux de mes droits d'immigré.
Ma résidence est agrémentée de quelques mètres carrés de terrain que j'ai pu transformer, je crois vous l'avoir déjà dit, en potager que l'ancien Ministre du redressement productif aurait été sans doute heureux de visiter et de louanger, car il témoigne de la  haute contribution légumière d'un représentant de la diversité maghrébine à l'effort national.

            Mais quittons la relation de mon opulence domiciliaire pour nous entretenir de sujets moins terre à terre, (c'est le cas de le dire)  et venons-en à l'actualité d'ici, de là-bas et d'ailleurs.

            Il vous apparaîtra sans doute que ma pratique de la langue française s'est légèrement perfectionnée. C'est que chaque soir, plutôt que de jouer aux dominos comme la plupart de mes frères immigrés, sitôt l'arrosage de mon jardinet terminé (ce qui ne me prend guère de temps vu son extrême exiguïté), je me plonge dans l'étude acharnée de la grammaire et de l'orthographe. Mes deux petits livres rouges sont le Bled et le Bescherelle, ouvrages que ne consultent plus guère les jeunes générations, voire certains "contributeurs" de forums, ce qui pourtant limiterait le massacre indécent, par iceux, de leur langue nourricière.
Je complète le tout par la lecture d'auteurs maghrébins de langue française, comme les illustres "anciens", Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Mouloud Feraoun,  ou les "modernes" comme  le prestigieux Tahar Ben Jelloun, le polyvalent  Rachid Boudjedra,   la regrettée Assia Djebar , le sulfureux Yasmina Khadra, l'iconoclaste Boualem Sansal, et le très lucide Kamel Daoud.
            Je n'omets pas cependant de me livrer, parallèlement, à une studieuse lecture de versets fondamentaux, afin que mon ignorance des saintes écritures ne m'attire d'aventure les attentions  bienveillantes de coreligionnaires aussi fraternels qu'extrêmement rigoristes.
            Je ne disserterai que  prudemment sur  la situation locale, ponctuée de règlements de comptes qui situent, au niveau de la statistique, l'île de Corsica, à une place d'honneur dans le bassin méditerranéen. En ce domaine, l'omerta étant ici de mise, je la pratiquerai en signe de parfaite intégration. Et, au risque d'être accusé de sautillage (terme qui signifie entre autres passer d'une idée à une autre) je vous dirai à présent mon appréciation des  grands événements nationaux et internationaux.
            L'actualité nationale française, est surtout marquée par les incohérences du nouveau califat, dont je ne puis vanter les mérites, vu qu'ils ne m'apparaissent en aucun domaine.
Mon ami chrétien, qui  tient une sorte de gazette personnelle appelée blog, dont le titre évoque l'oursin de méditerranée, oursin que l'on nomme "zinu" en langue vernaculaire locale, (langue à distinguer de la véhiculaire, la française), mon ami chrétien, disais-je, pour peu que vous sachiez naviguer dans les méandres d'internet, vous apprendra par le menu, en ses chroniques,  le quoi, le pourquoi et le comment de toutes ces affaires de basse politique et de haute économie.
            Pour évoquer des problèmes plus élevés en intérêt que ceux du petit hexagone, je voudrais à présent, ce qui vous passionnera sans doute davantage, vous glisser deux mots des bouleversements intervenus sur toute l'étendue du Machrek et du Maghreb.
            J'ai, bien sûr, suivi avec un vif intérêt les évènements de Tunisie, qui ont vu s'enfuir la famille Ben Ali, avec plus de succès apparemment que ne le fit Louis XVI, honnête et bon roi dont nul n'ignore qu'il fut rattrapé à Varennes. C'est, vous en souvient-il, ce que nous racontait notre grand-père, qui,  au temps béni des colonies, fut obligatoirement, "laïquement" et  gratuitement instruit de cette escapade manquée. Nos mœurs étant plus civilisées que celles des révolutionnaires français, il n'est pas encore venu à l'esprit des Tunisiens d'aller quérir la tête de ce Ben Ali en Arabie où elle se cache pour la présenter à une foule en furie sur un quelconque échafaud populaire.
            Pour l'Égypte, il apparaît que l'armée de ce pays, avec la bénédiction de ses protecteurs américains, après avoir chassé l'impopulaire raïs, n'a pas, pour autant, cédé aux Frères musulmans qui les avaient conquis à l'occasion d'une imprudente consultation démocratique, les pouvoirs de gouvernance auxquels ils aspiraient.
            S'agissant de la Libye, il devient de plus en plus évident qu'il s'agissait davantage d'une croisade que d'une rébellion spontanée. Certes, le soi disant philosophe Bey Hachel, que ses détracteurs tiennent pour un irréversible bouffon, s'est démené et se démène encore dans les salons parisiens, dans les officines, dans les studios et dans les déjeuners mondains, dont ceux du CRIF, pour donner à penser qu'il s'était agi d'y établir la démocratie, mais cela ne convainc que les jocrisses et les benêts.
J'y ai vu pour ma part, je crois vous l'avoir déjà dit,  une expédition destinée à faire tomber dans l'escarcelle des grandes compagnies occidentales les richesses énergétiques de la contrée, et accessoirement une opération visant à éliminer un  "ami qui en savait trop". Dès lors qu'il a été plus prestement que proprement lynché, le voici à jamais hors d'état de médire.
            Pour la Syrie, contrairement à l'opinion générale, une opinion soit dit en passant soigneusement manipulée par une campagne de désinformation aussi massive, sinon plus, que celles de Yougoslavie, d’Irak, et de Libye, j'incline à penser qu'il s'agissait  d'y installer un régime "aux ordres", d'y contrecarrer l'influence russe, voire chinoise, et surtout d'y constituer aux marches de l'Iran, une base opérationnelle "de proximité" au profit des puissances occidentales et d'Israël, avec l'aide de nos frères qataris et saoudiens, exonérés  pour la circonstance de tout péché wahhabite  ou fondamentaliste.
            Une autre région est en passe de connaître quelque agitation inquiétante : il s'agit du Sahel, où s'opposent désormais de multiples factions rivales. Les frontières héritées de la colonisation contraignaient nos frères Touaregs à être Maliens. Ils avaient décidé de s'ériger en Azawad indépendant, (ce que je considérais avec quelque sympathie), mais voilà qu'ils ont été "doublés", comme il se dit de manière triviale, par des Jihadistes  qui ne rêvent que d'installer des mœurs  talibanesques en ces contrées où régnait jusqu'ici un Islam relativement débonnaire.
            Mais bon, voilà que je me perds en considérations contraires à la retenue qui sied tout immigré de bonne composition.
            Vous me permettrez, avant de vous quitter, de vous confier une sorte de secret intime. Peu importe si cette information parvient aux oreilles de la toute puissante NSA.
J'ai dernièrement refusé de partager un couscous avec notre cousine Morano. Vous serez surpris de ce cousinage. Je tiens Nadine pour une parente par alliance, car le patronyme qu'elle se plaît à porter est également celui d'un village calabrais, village qui doit certainement son nom au fait d'avoir en des temps reculés été visité par des Mores de notre famille. J'ajouterai à cela que la dite Morano serait de surcroît, par sa mère, plutôt piémontaise que lorraine.
Il en va généralement ainsi des nationaux de fraîche date, qui dans leur désir absolu de faire oublier d'où ils viennent, se montrent souvent plus patriotes et plus exclusifs que les natifs. Nous avons connu cela, autrefois, avec les Berbères enrôlés sous notre bannière, qui nous aidèrent à porter en Andalous et jusqu'à Poitiers notre gloire et notre foi.
Je me fie pour affirmer cela, aux éminentes compilations du grand historien persan al-Balādhurī, qu'il ne faut pas confondre avec un al-Balādhurī de bien moindre envergure, oublié de tous, qui est notre contemporain, et dont les parents auraient  francisé le nom en Balladur.
Celle qui clame dans toutes les lucarnes qu'elle n'est pas raciste, car elle a "des amis arabes, et que sa meilleure amie est tchadienne, donc plus noire qu'une arabe", (ce qui est une évidence, car les Arabes sont en général plus blancs que les noirs), nous voue une détestation particulière, et bien qu'elle se défende de pactiser avec notre pire contemptrice, en est fort proche par les sentiments et les idées.
Sans aller, comme l'excellent Guy Bedos, jusqu'à lui accoler un qualificatif judicieux mais judiciairement pénalisable, il me semble que ce qui reste d'opinion  publique intelligente en France, n'a pas tout à fait tort de la trouver tout à fait digne de deux professions hautement estimables, celle de poissonnière et celle de cantinière napoléonienne.
J'ajoute napoléonienne, vous le comprendrez aisément, pour faire honneur aux indigènes de  mon île d'adoption, celle de Corsica, qui pour l'instant ne m'ont pas encore prié de faire appel à quelque passeur pour me transporter à mes risques et périls (et non aux siens, cela va de soi) vers les deux récifs chantés par une antique odyssée.
 
  

 
 
 

  


Y A QU'A - FAUT QU'ON

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Y A QU'A -  FAUT QU'ON
LA PRESSE 
 
Laurent Wauquiez veut ouvrir des "centres d'internement" (Huffington) ​
Wauquiez : "ce ne sera pas Guantanamo, car on ne torturera pas" (Marianne) 


 u zinu :
 
Avant de proposer n'importe quoi pour complaire à un électorat bouleversé et scandalisé par les tragiques événements de Paris, ce brave homme dont je découvre qu'il est démocrate et de surcroît chrétien, devrait réfléchir aux implications juridiques certes, mais également aux modalités de mise en œuvre et aux effets induits des camps de concentration qu'il préconise.
 
Vous comprendrez que visitant ces jours-ci quelques forums supplémentaires en dehors de ceux qui me sont coutumiers, je sois émerveillé par le nombre de suggestions du type "y qu'à", "faut qu'on" émanant de grands stratèges anti-terroristes (on n'ose dire éradicateurs) parmi lesquels je ne m'attendais pas à trouver l'honorable monsieur Wauquiez.
 
En dehors de considérations relevant de l'éthique, du souci humanitaire ou simplement démocratique, il est permis de réfléchir sur les "effets induits".
Le remède préconisé ne serait-il pas pire que le mal ?
En effet, une concentration d'individus "internés" est propice à un enracinement dans leurs convictions, à la facilitation du prosélytisme, à une contagion aggravée de l'extrémisme "in situ", et dans les sphères familiales ou civiles respectives, etc.
En ce domaine, Guantanamo semble n'avoir rien résolu malgré les conditions pour le moins draconiennes ou drastiques ayant caractérisé son fonctionnement.
Il est déjà difficile d'opérer un "cloisonnement" dans les prisons, alors comment pourrait-on le résoudre dans un camp d'internement ?
Par ailleurs, sur la base de quels critères s'effectueraient d'une part "l'admission" (euphémisme), d'autre part la "sortie" ou la fin d'internement ?
Donc, avant de réclamer cette mesure, même s'il cela a été assorti d'une restriction concernant l'usage de la torture, il eût été préférable que Wauquiez, qui me semble plutôt animé de préoccupations électorales immédiates, se livre à une analyse de ses modalités, de ses tenants et aboutissants, de ses effets pervers..... et tourne 7 fois la langue dans sa bouche.

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Triste et pitoyable spectacle que celui de ces députés ne songeant qu'à instrumentaliser les événements au profit de leurs préoccupations partisanes.
Vous me direz que "côté médias" et "côté forums" ce n'est guère plus réjouissant.
Pour les forums signalons un article (circonstancié) du "pure player" BASTA. Les uns le trouveront excellent, les autres "indigne" :


 
"Après les attentats de Paris, une modératrice de sites de presse en ligne raconte le déferlement de messages haineux."
 


Tiré de : http://www.bastamag.net/
par Valérie
 
 
 
Les victimes des attentats du 13 novembre seraient « des bobos parisiens multiculturalistes qui l’ont bien cherché » ; des photos montages qui font croire à des scènes de liesse en banlieue parisienne ; des appels à interdire l’islam ou à donner le pouvoir à l’armée... Ce n’est qu’un échantillon des milliers de réactions et commentaires postés dans les forums des journaux en ligne ou les réseaux sociaux, après les attentats de Paris, nous raconte Valérie, une modératrice de ces forums. Elle témoigne d’un déferlement de propos haineux, de jugements à l’emporte-pièce, à l’heure des réactions instantanées, où chacun veut commenter à tout prix.
 
 
Lorsque j’ai été avertie des attentats de ce vendredi 13 novembre, je suis arrivée en soutien et support des modérateurs déjà présents. Je suis modératrice pour des sites de presse en ligne depuis plus de dix ans. J’ai vu passer des élections présidentielles, des faits-divers sordides, des lois qui ont déchaîné les passions. J’étais donc également à mon poste lors des attentats de cette année 2015. La société pour laquelle je travaille est chargée pour le compte de certains journaux français de modérer les réactions postées par les internautes sur le site même du journal, et parfois sur son compte facebook selon la charte établie par le journal.
Je suis à peu près aguerrie face à ce que je vais lire. Il est parfois malheureux de constater qu’à la parution d’un article, je peux prévoir les réactions selon le journal qui le publie. S’il est difficile de donner l’orientation politique des gens qui commentent les journaux en ligne, il est facile de constater qu’un grand nombre de commentaires est réactionnaire, peu réfléchi, fondé sur l’émotion et non sur la raison et s’alimente de beaucoup de rumeurs.
 
Après les messages de peine, de condoléances, la haine.
 
Lors des précédents attentats du 7 Janvier 2015, nous avions immédiatement été prévenus de l’attaque contre Charlie Hebdo et nous nous sommes donc préparés à ce que nous allions lire. Les messages de peine, de condoléances, attristés, ont duré quelques heures puis ont été rapidement remplacés par des messages haineux, racistes, islamophobes. Les internautes ne se sont évidemment pas privés de sortir des photos de l’attentat ou d’autres, afin d’alimenter leur haine et leur colère. Nous devions maîtriser ce qu’il se passait sur les journaux : amalgames entre musulmans et terroristes, appels à interdire l’islam en France. L’attentat dans le magasin casher a ajouté une couche de sordide puisqu’il a alors été question de complot antisémite, de « juifs cherchant à se faire remarquer » et autres horreurs complotistes malheureusement habituelles en modération.
Lors de cette funeste soirée du 13 novembre, les commentateurs ont accordé peu de temps au recueillement et aux victimes pour très vite donner libre cours à la haine, aux rumeurs et aux complots. J’ai peu de temps en ce moment pour réfléchir à ce qu’il vient de se passer, à ce que cela implique, et à réserver une partie de mes pensées aux victimes de ces attentats, tant mes pensées sont prises par ce que je lis. Je ne sais jamais si je dois parfois en copier une partie publiquement pour que les gens puissent se rendre compte. Cela ne serait qu’une infime partie de ce qu’on lit et il serait en plus paradoxal de publier ce que je viens de modérer en tant qu’appel à la haine.
Dans de telles circonstances, les modérateurs ont aussi le devoir de vérifier les informations diffusées dans les commentaires. Nous avons parfaitement conscience que ce qui est écrit peut avoir un impact sur les proches qui cherchent à tout prix des nouvelles. Cela peut aussi créer une psychose et des mouvements de panique, ce qui pourrait potentiellement gêner les forces d’intervention. Enfin nous devons contrôler les accusations sans fondements ciblant untel ou untel ; en quelques minutes personne ne sait rien, tant de monde diffuse et beaucoup en profitent pour distiller, à dessein ou non, des informations au mieux erronées, au pire orientées pour servir des intérêts politiques, idéologiques. C’est ainsi qu’on a vu des photos-montages censés illustrer des scènes de liesse en banlieue parisienne après les attentats.
 
Une constante complotiste : « les juifs » auraient été prévenus des attentats.
 
Les internautes dont les propos sont supprimés sont dans leur immense majorité persuadés que l’islam est en lui même porteur de haine et qu’il faut l’interdire en France. Certains pensent que les musulmans qui se désolidarisent des attentats ne sont pas sincères. D’autres pensent que « les juifs » étaient prévenus des attentats – constat que l’on retrouve quasiment à chaque attentat – et n’en ont pas averti les autorités françaises. Énormément de réactions appellent à fermer les mosquées, les frontières et demandent la création de milices.
D’autres profèrent des propos encore plus haineux en employant des mots racistes pour qualifier les musulmans et en souhaitant des actes violents à leur égard. Les agressions envers les femmes portant le foulard sont ainsi régulièrement justifiées ; si elles ne l’avaient pas porté, rien ne serait arrivé. Nous avions pu lire les mêmes propos lors des attentats de Toulouse : si les enfants n’étaient pas allés dans une école juive, ils n’auraient pas été assassinés. Certains pensent qu’il faut traduire notre gouvernement devant un tribunal militaire. D’autres veulent que l’armée dirige le pays.
 
Alors que les policiers risquent leurs vies, des internautes commentent leur travail.
 
Beaucoup font de l’humour raciste et affligeant – et l’on a malheureusement constaté que certains n’en sont pas restés aux paroles – en prétendant qu’ils ont orné leurs commerces de têtes de cochons. Ainsi, pensent-ils, aucun musulman n’y rentrera plus. Une place importante est, comme toujours, accordée à Madame Taubira, accusée de ne pas avoir chanté la Marseillaise, accusée de soutenir les terroristes, accusée de laxisme judiciaire.
Un de mes collègues lui aussi présent ce vendredi souligne que nous devons déterminer extrêmement rapidement des lignes à adopter et que nous devons suivre l’information par tous les canaux possibles. L’émotion et la compréhension viendront plus tard. Nous nous retrouvons donc à regarder des chaînes d’information où les policiers risquent leur vie en se faisant tirer dessus à l’arme de guerre. Nous lisons dans le même temps des commentaires expliquant qu’ils « ne font pas bien », « pas assez vite », qu’ils sont « trop occupés à verbaliser les honnêtes gens sur la route au lieu d’assurer notre sécurité ».
 
Les victimes : « Des bobos parisiens multiculturalistes qui l’ont bien cherché »
 
Dans les heures qui suivent les événements, nous lisons que les victimes sont « des bobos parisiens multiculturalistes qui l’ont bien cherché », qu’à « toute chose malheur est bon et enfin ils vont comprendre ». Officiellement, on parle d’union nationale et de suspension de campagne. Les réactions d’internautes sont majoritairement à contre courant de ces idées. Rien n’arrête les militantismes, au contraire. Dans les minutes qui suivent l’information, chacun la récupère à des fins partisanes et les clivages, les haines, les violences verbales, n’en sont que plus exacerbées.
Cela ne s’arrête pas là, tout doit être commenté. Ainsi, même les témoignages de proches des victimes ont droit à la critique. Les internautes n’hésitent pas à juger des réactions des parents de victimes afin d’estimer de leur sincérité ou à déterminer s’ils ont trop ou pas assez pleuré devant les caméras. Certains publient des photos des corps de victimes pour mieux « dénoncer la barbarie ».
 
Les appels à la haine : la grande majorité des contenus reçus.
 
Il ne s’agit pas de quelques réactions. On ne peut pas dire que ce sont quelques égarés, quelques imbéciles, lorsqu’on compte par jour des milliers de réactions de ce type. Un de mes collègues souligne que peu de gens imaginent ce que nous lisons tous les jours. Plus encore dans ces moments car il est impossible de l’imaginer sans être immergé dedans. Beaucoup pensent qu’il s’agit de « trolls », que cela reste rare, mais ce n’est pas le cas. Les quelques exemples évoqués à demi-mots représentent une large part de ce que nous recevons tous les jours. C’était le cas vendredi soir durant plusieurs heures, les appels à la haine devenant la grande majorité des contenus reçus.
Face à cela je me sens démunie. Il n’y a pas de réelle solution ou, du moins, pas de solution rapide et efficace. Il serait vain de penser que la justice a les moyens de poursuivre toutes celles et ceux qui tiennent des propos illégaux. Rappelons que le racisme n’est pas une opinion mais un délit. Il est parfois intéressant – même si c’est rare – de constater que certains internautes, après voir été modérés, nous remercient. Ils nous disent qu’ils se sont rendus compte de ce qu’ils avaient écrit et qu’ils n’avaient pas pris conscience de la gravité de leurs propos. Même si on peut douter de leur sincérité, on sait aussi que l’effet de meute et de masse joue. On le constate clairement sur les pages facebook des journaux où les réactions sont publiées avant modération : ces réactions sont beaucoup plus violentes et il est à supposer que lire des propos extrêmement violents et racistes peut donner l’impression à certains que ce qu’ils pensent n’est au fond pas si grave car dit par d’autres.
 
Se jeter sur son téléphone ou son ordinateur pour commenter à tout prix.
 
Je ne sais s’il est indécent face à l’infinie douleur des familles de victimes et des blessés de dire que je suis vraiment très fatiguée de cette haine ; elle m’use. Je sais que je ne la banalise pas – ce qui pourrait être un risque – puisqu’elle continue à me toucher et, malheureusement quelquefois, à m’atteindre. J’aimerais parfois m’adresser à celles et ceux qui commentent les journaux en ligne, ou sur les réseaux sociaux – et je m’inclus parmi eux – pour nous demander si nous avons besoin d’autant parler et pourquoi. Est-il nécessaire de se jeter sur son téléphone, sa tablette ou son ordinateur pour commenter à tout prix ?
Ce que nous modérons a énormément changé en dix ans, tant dans son contenu qu’évidemment dans sa quantité. Il y a dix ans, pour pouvoir commenter un article de journal, il fallait le lire à partir de son ordinateur fixe puisqu’il n’existait pas de smartphone et pas de 3G. Il fallait s’inscrire sur les forums du journal le plus souvent avec un email valide. On devait ensuite chercher le forum idoine pour poster sa réaction. Aujourd’hui on découvre les news sur son smartphone, souvent grâce à facebook ou twitter, et l’on poste rapidement sous un article. On est donc face à une double instantanéité : celle de la nouvelle qu’on reçoit en direct où qu’on se trouve et celle de la réaction qu’on peut instantanément et facilement poster.
 
La libre expression, la pire ennemie de notre liberté d’expression ?
 
La presse en elle même a connu une évolution. En crise, énormément dépendante des revenus publicitaires, face à un public qui lit souvent davantage des brèves sur des faits-divers que des articles de fond sur l’actualité internationale, elle succombe parfois aux articles racoleurs qui ne peuvent qu’alimenter ce genre de réactions épidermiques.
Pour l’un de mes collègues, commenter reste une activité futile. Il lui semble que chaque internaute n’a aucune conscience individuelle du climat auquel il participe. Peu d’internautes se posent la question de l’impact réel qu’ils peuvent avoir au sein de cette foule de réactions. Finalement, ils ne font que profiter de leur libre expression. Mon collègue qui travaille lui aussi depuis dix ans dans cette société se demande un peu plus chaque jour si cette libre expression n’est pas aussi la pire ennemie de notre liberté d’expression.
 
 


PENSÉES HÉTÉRODOXES .... PENSÉES MALSAINES?

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PENSÉES HÉTÉRODOXES .... PENSÉES MALSAINES?

 


 

 

Un  média  affiche en ce moment un titre racoleur : "Djihad : les visages des prêcheurs d'aujourd'hui". On y dénonce (à juste raison) l'influence néfaste des imams stipendiés par l'Arabie et le Qatar, nos excellents amis démocrates golfiques, acquéreurs d'armement et investisseurs appréciés. 
Ayant parcouru l'article ainsi titré, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'un des plus célèbres prédicateurs "d'en face" : Zemmour. 
Pour Onfray, les avis sont partagés : voici à peine un mois il était encensé, flatté, adulé par ceux-là mêmes qui aujourd'hui le vilipendent, l'abominent, l’exècrent. Il a suffi qu'il énonce quelques vérités premières. Il faut dire qu'en parfait libertaire, mais aussi en parfait philosophe, sa pensée autant que sa parole sont ....libres, et dégagées de la gangue de la nouvelle religion des "bien-pensants", religion pétrie de haine et faite de dogmes aussi simplistes que racoleurs. 
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Convenons qu'il est facile de faire preuve de réflexion lorsque l'on n'est pas soi-même "engagé" dans une situation de conflit, de détresse, d'atteinte personnelle ou familiale. Mais s'efforcer d'aller au delà d'une émotion logique, voire justifiée, constitue une réaction moins "primaire" (terme non connoté péjorativement) que celle de la vengeance et de la loi du talion. 
Chacun de nous est en droit de se poser la question de sa propre réaction "immédiate" dans l'hypothèse d'une atteinte à son intégrité physique ou à celle des membres de sa famille. Mais chacun de nous, lorsqu'il a eu la chance ou le bonheur de ne pas être frappé par un drame, est également en droit de prêcher la sagesse, la retenue, la compréhension et le respect de l'autre, même si ce dernier relève d'une communauté dont certains membres ont fait le nécessaire pour être stigmatisés, voire honnis. 
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Les notions de guerre et de "légitime défense" avancées pour justifier les mesures d'exception restent tout de même problématiques en ce sens qu'une telle argumentation répond à des visées gouvernementales bien précises, notamment en matière d'indices "sondagiers", mais aussi à des visées partisanes, aussi bien chez les "Républicains" que chez le FN. 
 
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Certains politiciens, et nombre de commentateurs, ont des préconisations qui s'apparentent au discours  des exterminateurs qu'ils veulent exterminer. 
Faut-il obligatoirement se mettre au niveau de l'adversaire, tant dans son idéologie que dans ses pratiques, pour prêcher une élimination de "l'ennemi " et un totalitarisme similaires aux siens ?   
Mener contre lui un combat légitimé par les méthodes de ce dernier est certes rendu nécessaire. Pour autant, faut-il l'imiter en tous points et prendre pour devise "tuez les tous, leur Dieu reconnaitra les siens" ? 
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La plupart de ceux qui crient à la guerre oublient d'en considérer les causes mais aussi, hélas, les développements imprévisibles, ainsi que les conséquences et les effets induits ou collatéraux, tant au Moyen Orient et en Afrique que sur notre propre sol. 
Ils ne voient notamment pas que certaines "réponses" sont précisément celles qu'attendent les djihadistes de tout poil, aussi bien ceux de Daech que ceux des mouvances entretenues ou  soutenues par les Occidentaux. Est-il utile de rappeler au sujet de ces derniers le "bon boulot" dont parlait Fabius ? 
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Les guerriers armés de leur clavier qui prêchent l'éradication du djihad, en France et ailleurs, devraient songer : 
- d'une part à connaître les motivations de l'adversaire déclaré ou décrété, pour tenter de les réduire (au sens plein du terme). 
- d'autre part à réfléchir sur les moyens d'éviter les engrenages, les haines respectives, et surtout les amalgames porteurs de clivages irrémédiables. C'est peu de dire en effet que les conséquences prévisibles relèvent de la chronique d'une guerre civile annoncée. 
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La guerre (car c'en est une) qui se déroule sur les champs de bataille du Moyen Orient, d'Afrique, et désormais sur notre territoire, a de multiples causes. 
Elle est certes sous-tendue par une idéologie extrémiste qu'il serait absurde de nier, mais elle a également des origines et des facteurs d'ordre historique, économique et géopolitique généralement occultés ou peu abordés. 
Son "appréhension" (ou sa compréhension) mérite une analyse approfondie et ne doit pas se contenter d'affirmations simplistes ou de considérations expéditives dénonçant les caractéristiques mortifères de la religion considérée (ou dénoncée). 
Pour espérer la gagner, il ne suffira pas de dresser l'opinion contre l'Islam par prédictions romanesques apocalyptiques ou des commentaires de forums, mais il faudra en examiner les fondements et, sinon prévoir, du moins envisager ses développements futurs en tenant compte des réalités démographiques, culturelles, religieuses et socio-économiques de la France d'aujourd'hui. 
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In fine, reconnaissons  qu'il est difficile de faire entendre la voix de la raison et de la modération lorsque les hurlements des  loups répondent aux cris des hyènes (ou inversement). 
 
 

VOYAGES A CANOSSA

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VOYAGES A CANOSSA
Le petit marquis Fabius, droit dans ses escarpins face à l'Iran jusqu'à ce que la diplomatie américaine change d'attitude et de comportement envers ce pays, s'en est allé  à Canossa/Téhéran, chaussé de babouches commandées à la hâte chez quelque bazari.

Nous le vîmes pourtant récemment se prosterner devant le très sunnite roi d'Arabie, l'assurant, de concert avec Hollande, de sa parfaite loyauté et de sa solidarité face aux "menées chiites" au Yémen.
Les Iraniens ne sauraient oublier son obstination passée à durcir les conditions d'un accord sur le nucléaire, non plus que ses récentes génuflexions devant les monarques golfiques.
Il lui faudra sans doute faire acte de vive repentance et multiplier les courbettes, voire les "aplatissements".
C'est un exercice qui requiert une certaine souplesse de corps et d’esprit, que de passer brusquement de la position verticale du donneur de leçons hautain et intransigeant, maniant un verbe autoritaire et menaçant...... à la position horizontale et plate du quémandeur couché. Mais cela s'effectue sur un tapis persan. La gymnastique devrait être moins pénible.
 
 
Voici Fabius, contraint de manger de nouveau son chapeau à plumes et d'aller à Damas en babouches.
Après avoir l'avoir vu mener une politique de gribouille et l'avoir entendu clamer, pour complaire à qui l'on sait, qu'il fallait abattre le régime du "boucher de Damas", voir désormais Fabius préconiser une alliance avec l'armée de Bachar El Assad permet de le taxer soit de cynisme soit d'inconséquence.
- Certes, la fameuse "armée syrienne libre", pure création des officines occidentales, armée qui a guerroyé au demeurant davantage dans les médias que sur le champ de bataille, n'est plus.
- Certes, les islamistes un instant "modérés", tant chantés et loués par le même Fabius ont prestement fait allégeance à ceux d'Al Qaeda.
Mais un tel retournement est proprement ahurissant.

DES VOYAGES DE FABIUS A CANOSSA

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DES VOYAGES DE FABIUS A CANOSSA
Le petit marquis Fabius, droit dans ses escarpins face à l'Iran jusqu'à ce que la diplomatie américaine change d'attitude et de comportement envers ce pays, s'en est allé  à Canossa/Téhéran, chaussé de babouches commandées à la hâte chez quelque bazari.

Nous le vîmes pourtant récemment se prosterner devant le très sunnite roi d'Arabie, l'assurant, de concert avec Hollande, de sa parfaite loyauté et de sa solidarité face aux "menées chiites" au Yémen.
Les Iraniens ne sauraient oublier son obstination passée à durcir les conditions d'un accord sur le nucléaire, non plus que ses récentes génuflexions devant les monarques golfiques.
Il lui faudra sans doute faire acte de vive repentance et multiplier les courbettes, voire les "aplatissements".
C'est un exercice qui requiert une certaine souplesse de corps et d’esprit, que de passer brusquement de la position verticale du donneur de leçons hautain et intransigeant, maniant un verbe autoritaire et menaçant...... à la position horizontale et plate du quémandeur couché. Mais cela s'effectue sur un tapis persan. La gymnastique devrait être moins pénible.
 
 
Voici Fabius, contraint de manger de nouveau son chapeau à plumes et d'aller à Damas en babouches.
Après avoir l'avoir vu mener une politique de gribouille et l'avoir entendu clamer, pour complaire à qui l'on sait, qu'il fallait abattre le régime du "boucher de Damas", voir désormais Fabius préconiser une alliance avec l'armée de Bachar El Assad permet de le taxer soit de cynisme soit d'inconséquence.
- Certes, la fameuse "armée syrienne libre", pure création des officines occidentales, armée qui a guerroyé au demeurant davantage dans les médias que sur le champ de bataille, n'est plus.
- Certes, les islamistes un instant "modérés", tant chantés et loués par le même Fabius ont prestement fait allégeance à ceux d'Al Qaeda.
Mais un tel retournement est proprement ahurissant.

DE LA CONVERSION MIRACULEUSE DE BERTRAND ET D'ESTROSI

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DE LA CONVERSION MIRACULEUSE DE BERTRAND ET D'ESTROSI


DE LA CONVERSION DE BERTRAND ET D'ESTROSI


 
Force est de convenir que le "changement" de BERTRAND paraît pour l'instant plus crédible que celui d'ESTROSI.
Mais, sait-on jamais, le Christ rédempteur, après être passé par Eboli, s'est peut être arrêté à Nice ?
Je crois à la rédemption. Cette faiblesse me vient non pas d'un christianisme sociologique qui serait évangélique, mais de la fréquentation de grands auteurs russes.
Encore que ces derniers soient sans doute redevables à l'orthodoxie de la célébration romanesque de cette vertu.
- S'agissant de BERTRAND, traité fréquemment de "minus" par Sarkozy, le voilà au moins président de Région, tandis que son passé maître est condamné à gravir le Golgotha des présidentielles en s'exténuant à pousser devant lui un rocher nommé Marine.
Ceci étant, il n'est pas sûr que Frère Bertrand, en bon assureur, tienne ses promesses mirifiques.
François Fillon n'aurait-il pas (jadis) dit de lui : "Maçon, il l'est sûrement, mais franc..."
- S'agissant d'ESTROSI, il se dit qu'un bon motard décélère un peu avant d'aborder un virage, surtout si celui-ci est difficile. Mais il se dit aussi qu'une fois la route redevenue droite, voire extrêmement droite, la conduite antérieure reprend ses droits.
Qui vivra verra.



DE LA   RIVALITÉ  
ESTROSI-CIOTTI

 
1. On trouve toujours plus immigré que soi. Les "nationaux" relativement récents sont souvent plus "nationaux" que les "souchiens" de vieille date.
Mais bon ! Là n'est pas le moindre moindre défaut de nos deux Atrides.
Perso, me trouvant un peu dans leur cas, j'essaie de ne pas verser dans une franchouillardise excessive et de n'être pas plus français que les bons français qui peuplent l'hexagone et les forums.
2. Entre le Ciotti et celui qui, sur le chemin de la Région, ayant rencontré une foi nouvelle, a obtenu la rémission de ses péchés, mes sympathies vont tout de même au second. Tout simplement parce qu'il me semble au moins paré d'une vertu: celle de la repentance, même si cette dernière risque de durer comme les roses : l'espace d'un printemps électoral.
J'ajouterai, mais cela doit rester entre nous, que la russophilie d'Estrosi et son amitié avec Depardieu ne m'indignent pas, bien au contraire. Si j'avais été Niçois, je lui aurais sans doute accordé mon suffrage de second tour pour cette seule et unique raison, et non pour complaire à Manu, à Hollande et à leur bande.

 
 


La Corse en quelques lignes.

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La Corse en quelques lignes.
LA CORSE   - Texte 2010 revu 2015
 
 
 
1. Eléments géographiques
 
Insularité, Méditerranée, Montagne. Ces trois données géographiques caractérisent la Corse et suffisent presque à la définir dans toute sa complexité.
La Corse est située à environ 180 km du continent français mais seulement à 80 km de la péninsule italienne.
Elle est, comme le disait le géographe allemand RATZEL “une montagne dans la mer”.
Elle culmine à 2710 mètres,  et cinq de ses sommets dépassent les 2000 m.
Sa superficie est de 8.680 km2.
Elle s’étend sur 183 km dans sa plus grande longueur et sur 84 km dans sa plus grande largeur.
Elle comporte 1.047 km de côtes, dont 400 km de plages, ce qui en fait une destination touristique appréciée.
 
2. Eléments démographiques
 
- Au recensement de 1999, sa population s'élevait à 260.196 habitants, avec une assez forte proportion d'étrangers: 25.673, dont : 13.735 Marocains, 2.136 Tunisiens, 3.730 Portugais et 2.523 Italiens).
La moyenne d'âge de la population est plus élevée que celle de la France prise dans son ensemble (41,3 ans contre 38,9).
La densité au km² est de 30 habitants (La Corse est donc faiblement peuplée).
- Au recensement de 2013 la Corse comptait 305.674 habitants.
 
3. Eléments historiques.
 
 
Pour comprendre la Corse actuelle, il faut également faire référence à des données historiques.
Retraçons les donc aussi brièvement que possible:
 
Le  peuplement préhistorique  de la Corse est encore indéterminé. Il se serait effectué entre 90.000 et 10.000 ans avant J-C, à partir du continent européen. Quoiqu’il en soit, les premières traces évidentes d’une présence humaine remontent à 8.000/7.000 ans avant J-C.
Certains historiens situent vers 6.000 ans avant J-C l'arrivée de navigateurs venus des actuelles côtes libanaises ou de Libye, les “peuples de la mer”, qui auraient guerroyé contre les premiers occupants du sol. 
Toutefois cette thèse est assez controversée.
A l’aube de l’histoire, et de manière beaucoup plus certaine, la Corse a été abordée par les  Etrusques  puis par  les Grecs phocéens  qui  y ont fondé ALALIA (565 av. JC) après avoir fondé Massilia, l'actuelle Marseille en 600 av J-C.
Les Carthaginois  ont  également occupé épisodiquement la Corse.
Les  Romains, vainqueurs des "guerres puniques"  menées contre les Carthaginois, ont entrepris  une difficile conquête de la Corse  à partir de  259 avant J-C.  Ils y sont demeurés jusqu'en 455 après J-C.
Leur ont succédé  les Vandales (455) (tribu germanique), puis les Byzantins (534 à 754).
L'occupation byzantine a été contrariée par les incursions des Wisigoths (566-70) et des Lombards (725-754).

Une donation effectuée en 754 par Pépin le Bref, père de Charlemagne, a fait de la Corse une possession pontificale. En 774, cette donation a été confirmée par le futur Charlemagne.

A l'aube des “temps modernes”, la Corse a suscité les appétits des deux grandes cités  rivales de la Méditerranée occidentale : PISE ET GENES.
La Papauté, détentrice théorique de la souveraineté en Corse mais incapable d’en assurer l’exercice réel, a tenté de jouer le jeu de l’une ou l’autre puissance en fonction de la conjoncture. C’est ainsi qu’elle  a favorisé dans un premier temps la pénétration pisane (1.077).    Mais les deux siècles de présence pisane (une colonisation relativement douce) ont pris fin avec la défaite navale de La Meloria (1.287) qui  a permis  à Gênes de supplanter définitivement Pise.
La Papauté ayant accordé  en 1.296 une “investiture”  sur la Corse  à la maison d’ARAGON,   autre impérialisme se développant  en Méditerranée, Gênes a dû guerroyer à plusieurs reprises sur le territoire de Corse contre les incursions d’Aragon, appuyées sur des ralliements  de féodaux locaux.
En 1434, Gênes parviendra à bouter définitivement les Espagnols hors de Corse.
Entre temps, de 704 à 1185, l’île connaît les terribles incursions sarrasines.

Entre 1553 et 1559 la monarchie française tente une première fois de s'implanter en Corse (et d'y supplanter Gênes)  avec l'aide de Sampiero Corso. Cette tentative se révélera vaine.

De 1729 à 1769 Gênes s’efforcera de réprimer dans l'île une révolte généralisée. " In fine" , elle fera appel à la France pour en venir à bout. Celle-ci acceptera d'y envoyer un "corps expéditionnaire" mais toujours avec la secrète intention de supplanter Gênes.

De 1755 à 1768, se situe la seule période de véritable indépendance de l’île, administrée par le “Père de la Patrie” Pascal PAOLI. En fait, Paoli ne gouvernera que la Corse de l’intérieur, les villes littorales demeurant sous le contrôle des Génois.
Pascal PAOLI,  élevé à Naples où son père avait été exilé, était féru d'histoire ancienne, pétri de culture italienne, lecteur de Montesquieu.
Les institutions - progressistes pour leur temps -  qu'il donna à la Corse, furent inspirées à la fois par  ses lectures et par certaines pratiques  traditionnelles locales.
La Corse doit aussi  à Pascal PAOLI la création d’une Université à CORTE, université destinée à “former les élites de la Nation”.

En 1768, Gênes, ne pouvant rembourser les sommes engagées par la France lors de ses interventions successives, abandonne la Corse “en gage” (clause du traité de Versailles, signé le 15 mai 1768).
La France entreprend de s’établir dans l’île.
Après avoir défait les troupes françaises à BORGO en 1768, Pascal PAOLI est écrasé à PONTE NOVO le 8 Mai 1769. Il doit s'exiler à Londres.

Après la défaite de Pascal PAOLI, les ralliements à la France se sont  multipliés, dont celui du père du futur Napoléon : Charles Bonaparte, alors petit nobliau local.
Napoléon naît le 15 août 1769. Il écrira plus tard, alors qu'il était jeune homme (et nationaliste corse)  être né "alors que sa patrie gémissait sous les fers" (ceux de la France).
 Sorti de l'Ecole Militaire de Brienne et devenu officier dans l'armée française il épousa la cause de la France en même temps que celle de la révolution de 1789… et devint ce que l'on sait.
Il faut aussi savoir que de 1794 à 1796 la Corse est devenue momentanée en "Royaume anglo-corse" avec  l'assentiment de PAOLI. Mais la nomination d'un Vice-roi de nationalité anglaise (Sir Gilbert Elliot) a vite fait de rompre l'allégeance de Pascal PAOLI et surtout celle du peuple corse. Le retour des français en 1796 sonne l'exil définitif de PAOLI en Angleterre, où il mourra en 1807.
Les dernières tentatives des Corses pour rétablir leur indépendance sont caractérisées par des révoltes suivies d’impitoyables répressions (1774 dans le  Niolo,  1809 et 1815/16 dans le Fiumorbu) avant une pacification et une assimilation qui feront désormais se confondre l'histoire de la France et celle de la Corse… jusqu’au réveil du nationalisme actuel.
 
4. Eléments socio-économiques  et socio-culturels
 
La société corse actuelle est le fruit de la géographie et de l’histoire, mais elle est aussi le reflet du substrat économique local.
Au niveau démographique la Corse est caractérisée  par une extrême faiblesse. Elle est la moins peuplée des îles de la Méditerranée occidentale eu égard à sa superficie.
L’accroissement du nombre de personnes nées hors de l'île avait été fortement alimenté, de 1960 à 1982,  par des arrivées continentales (dans la foulée du néo-développement économique insulaire) et par l’arrivée de rapatriés d’Afrique du Nord (majoritairement, il est vrai, d’origine Corse).
Le recensement de 1999 fait apparaître que sur une population ayant la nationalité française de près de 220.000 habitants, 155.000 habitants environ sont nés en Corse et seraient donc peu ou prou issus de la population d'origine.
L’agriculture corse présente des types d’exploitation très divers, allant de l’agriculture traditionnelle basée sur l’élevage et la polyculture à échelle réduite, jusque aux exploitations du littoral (côte orientale) reposant sur les productions viticoles et fruitières (agrumes et vigne)
Quatre exploitations sur dix sont orientées principalement vers l’élevage, ce qui correspond d’ailleurs à une vocation traditionnelle (Corse, “peuple de bergers”).
 
Le secteur secondaire est pratiquement inexistant, quoique en légère expansion, tandis que le secteur tertiaire est hyper développé.
 
L’évolution démographique récente  et  la nouvelle économie insulaire, se superposant aux données résiduelles des anciennes structures, permettent de conclure désormais à l’émergence d’une sorte de pluri - culturalité locale.
 
A la culture corse traditionnelle, encore vivace, surtout dans les zones de l’intérieur, culture dans laquelle la famille est plutôt clanique, se superpose la culture française, culture dans laquelle le modèle familial est largement nucléaire.
 
Nous ajouterons à cela que la culture héritée de la longue domination italienne (Pise et Gênes) fait également sentir ses effets, rendant par exemple plus facile l’intégration des immigrants de Toscane ou de Sardaigne que celle des “continentaux” venus du Nord ou de l’Est de la France, ne fût-ce que par la compréhension  de la langue corse.
 
Ainsi, ce que l’on pourrait appeler la culture corse des années 2010/15 résulte du mélange complexe d’une culture locale traditionnelle (fortement coutumière) qui ne veut pas disparaître, d’une culture méditerranéenne ambiante, d’une culture dominante française répandue par l’Ecole, et d’une culture planétaire américanisée essentiellement véhiculée par les médias, la publicité et les séries télévisées (civilisation du "jean", du fast food, du coca-cola, du MacDo, etc…).
 
 
                                                                                                                                 
 

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