Quantcast
Channel: U ZINU alias l'oursin - Le blog de Jean Maïboroda.
Viewing all 284 articles
Browse latest View live

Cassez vous les Corses !

$
0
0

Après les résultats des Régionales en Corse, il apparaît que la "nouvelle donne" suscite tant chez les éditorialistes patentés que chez les "commentateurs" des forums nationaux, des réactions  fort peu amènes.
A lire les contributions dans lesquelles s'exprime une corsophobie virulente autant que stupide, on demeure stupéfait.
Il me vient des idées fort éloignées de la "bienpensance"  lorsque je découvre avec quelle hargne nombre de Franchouillards expriment leur opinion sur la Corse et les Corses. Je ne suis pourtant, si j'ose dire, que Corse "relatif",  ne l'étant que par ma filiation maternelle et ma naissance locale.



__________________________



Le texte qui suit, tiré d'AGORAVOX , me paraît constituer une réponse intelligente et appropriée aux contempteurs de la nouvelle assemblée en particulier et de la Corse en général.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            

Cassez-vous les Corses !



Repli identitaire ou repli jacobin ?
Depuis le 18 décembre c'est un déferlement anti corse qui se déchaîne dans certains cercles politiques mais surtout dans la sphère médiatique parisienne.
L’Élection des Nationalistes à l'assemblée territoriale de Corse est pratiquement passée inaperçue le soir du 13 décembre mais a contrario l'élection du président de l'Assemblée et de l'exécutif territorial a suscité une vague d'indignation très jacobine.
L'étendard de la République et celui de langue française sont brandis contre les hordes corses qui menacent la France.
 
Les mots d'injure et d'insulte se retrouvent partout avec les mêmes conclusions et les mêmes invectives ressassées par la plupart des dénonciateurs. Leur ignorance manifeste du « problème » corse apparaît d'autant plus profonde.
Le « repli identitaire », terme employé maintes fois, est dénoncé avec force par les pourfendeurs de l'unité nationale.
Donc un élu basque, breton, languedocien ou alsacien ne doit pas s'exprimer dans la langue de ses ancêtres dans une assemblée régionale ? L'ex-président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques, François Bayrou, qui s'est exprimé en béarnais n'a suscité aucune réaction à l'époque.
C'est une insulte à la France pourtant.

Les centaines de milliers de soldats « français » qui ont été massacrés sur les champs de bataille de Verdun ou de la Somme ne parlaient pas tous français et encore moins dans les troupes « coloniales ». La plupart des unités bretonnes, corses, basques, sénégalaises ou marocaines étaient bien dirigées par des sous-officiers qui parlaient leur langue et ce n'était pas le français !
Mais dans ce cas-là, ce n'était pas une insulte à la République bien sûr.
 
Pourtant que s'est-il passé ce 17 décembre à l'Assemblée de Corse pour ceux qui l'ont vécu ?
Le respect, la tolérance et la reconnaissance.
Respect envers tous les anciens, dirigeants, élus, militants de tous bords.
Tolérance envers toutes les opinions qui s'étaient exprimées lors de cette campagne électorale et reconnaissance sans équivoque de leur présence à l'assemblée.
Reconnaissance envers toutes les ex-majorités qui s'étaient succédées sur ces bancs, pour le travail accompli.
La courtoisie aussi, valeur bien « française », qui se vivait entre les perdants et les gagnants.
 
La liberté.

Dans ce cérémonial de passage de pouvoir, le mot de « démocratie » prenait réellement tout son sens, on la sentait poindre à chaque instant et elle se matérialisait sous nos yeux, dans nos coeurs et dans nos têtes. Instant unique, jamais ressenti à ce point auparavant. Le pouvoir du peuple par le peuple. La liberté d'élire ceux que l'on choisit en dehors de toutes les magouilles politiciennes et d'esprit clanique. Une réelle ferveur démocratique qui redonnait tout son sens au mot de « liberté » pour un peuple capable de choisir librement son destin.
 
L'égalité

Le sens des discours était bien sur orienté mais c'était surtout un appel à tous ceux qui voulaient se battre pour un avenir meilleur en y associant toute la population de cette île, quels qu’ils soient et d'où qu'ils viennent.
La volonté d'intégrer tout un peuple et ce peuple c'est simplement les habitants de cette île qui ressentent cette terre où ils travaillent, s'aiment, souffrent parfois comme l'entité naturelle de leur espace de vie : la Corse.
Tous sur le même bateau. Chacun à sa place mais tous présents.
 
La fraternité.

L'émotion et la fraternité aussi étaient bien présentes quand Gilles Simeoni est allé embrasser à bras le corps, juste après son élection, chacun des élus de tous les bords, du FN aux indépendantistes, la gauche, la droite, les centristes, tous et toutes bien sûr.
On a aperçu aussi un vieux briscard communiste conseillant affectueusement son collègue du FN assis à côté de lui et tout fraîchement élu.
Le président sortant embrassant avec émotion le nouveau président tout aussi affectueusement.
On ressentait que l'ensemble des conseillers des anciennes majorités disaient la même chose aux nouveaux dirigeants : « bonne chance ». Sans aucun esprit de revanche ni sentiment d'hypocrisie politique avec une sincérité bien réelle. On les sentait presque soulagés que les « Nationalistes » accèdent enfin au pouvoir. Ils reconnaissaient ouvertement leur légitimité.
Et puis surtout les discours des nouveaux présidents dans lesquels les mots d'ouverture, de tolérance, de respect des autres quelques soient leurs origines, leur religion ou leurs opinions étaient évoqués sans cesse. Qu'ils aient été prononcés en corse ou en français les mêmes mots revenaient : égalité, espérance, avenir, démocratie, fidélité, action, travail et jamais aucun chiffre, aucun esprit de revanche, aucun anathème, aucune exclusion.
 
Et puis le point d'orgue lorsque l'hymne corse, le Dio vi salvi Regina, cet hymne adopté par les révolutionnaires corses en 1735 a été chanté par tous les élus territoriaux, debouts, à l'exception d'une seule.
Hymne symbole d'une démocratie naissante en 1755, 35 ans avant 1789, que le souverain français s'est vite empressé d'écraser dans le sang.
Le Dio vi salvi Regina, chant d'église à l'origine, dont les paroles ont été modifiées pour devenir l'hymne national corse, n'offense pas la laïcité mais les radicaux laïcards.
 
Repli jacobin

Il y a donc eu ce 17 décembre toute la présence des valeurs de la République française au sein d'une assemblée présidée par les nationalistes corses. Le peuple corse se sent totalement impliqué dans les valeurs de cette République puisque ce sont les mêmes.
Se sentir offensé et dénoncer uniquement la forme sans tenir aucun compte du fond, tient plus de la posture jacobine et politicienne que de l'analyse objective.
Cela a permis à tous les frustrés et envieux de France de déverser leur haine des corses.
Leur stupidité, leur ignorance crasse, leur arrogance, ont abreuvé les commentaires des articles d'information sans parler de Facebook et de Twitter.
D'ailleurs la plupart manient la langue française aussi bien qu'un enfant de trois ans mais l'intensité des horreurs débitées est hystérique.
 
Il faut dire aussi qu'ils ont été bien relayés par la plupart des commentateurs de la sphère médiatique. Mace-Scaron cite Raymond Barre pour nous donner tout de suite l'indépendance, Christophe Barbier n'en parlons pas, il voit et s'habille de rouge quant aux autres je préfère les oublier.
Et il ne faut pas omettre la plupart de nos dinosaures politiques, Chevènement, Le Guen, Juppé, Lienemann, même Guedj s'y met. De quoi se mêle-t-il celui-là ? Le seul son de cloche différent c'est Cécile Duflot.
Fabrice d'Almeida a écrit « J'aime la Corse » après les élections du premier tour, va-t-il nous pondre un article intitulé « J'aime Les Corses » ?
 
Accuser les corses de repli identitaire alors qu'ils prônent les mêmes valeurs républicaines devient un exercice paranoïaque de l'expression ultime du repli jacobin.
Et pour lui donner plus de poids, on fait appel à la frustration des laissés pour compte de la société française. Les bobos médiatiques parlent des « corses ». On entend partout « si les corses », « les corses » alors que le vote nationaliste n'est que de 35%.
Tient, tient, l'amalgame si vite dénoncé par tous les sbires de la « laïcité »ne s'applique pas ici ? Il est vrai que dans leurs têtes nous ne sommes déjà plus français.
 
L'identité corse est basée sur une « entité » : la Corse.
Employé le terme de « repli » sur un territoire parfaitement délimité géographiquement depuis des millions d'années est aussi stupide que de refuser le droit à l'indépendance pour les catalans, les écossais qui n'aspirent qu'à une seule chose : être européens.
Le véritable repli identitaire existe bien mais en Hongrie, en Pologne, dans certains quartiers de la Seine St Denis mais certainement pas en Corse.
 
Le peuple corse a toujours été un précurseur des avancées politiques de l'Europe et cela depuis des siècles. Les hommes politiques corses ont donné à la France et à la République ses meilleurs éléments.
Les expatriés corses et leurs descendants ont réalisé dans le monde des carrières remarquables. En Amérique du Sud par exemple, trois présidents d'origine corse.
Qui se rappelle que l'homme d'Etat qui a fondé le FBI s'appelait Joseph Bonaparte ?
 
Alors nous n'avons à recevoir de leçons de personne, surtout sur l'expression démocratique, la liberté et l'égalité et certainement pas de la part de tous ces politicards jacobins qui ont voulu transformer cette terre pleine d'espoir en bronzoir pacifié pour les fesses ministérielles et celles des milliardaires au détriment des droits fondamentaux du peuple corse.
Nous ne sommes plus à l'époque d'Astérix mais les sbires bobos parisiens veulent donner leur pitance à une populace qui encourage la mise à mort du gladiateur corse.
Qu'ils gardent leurs menaces et leurs anathèmes, l'Histoire les oubliera et la Corse continuera d'avancer.
 
Liberté, égalité, fraternité, La France ne fait que le dire, les Corses le font.



Jean Charles Guerrini  



_________________________________________________________


 
LE F.N EN CORSE

U ZINU :

 
Le positionnement du FN en Corse est paradoxal.
Son idéologie « identitaire » nationale-française devrait le conduire  à condamner ..... les revendications identitaires locales. Or il les flatte, les utilise , voire même les justifie, alors que théoriquement il devrait les combattre.
Une idéologie « nationale-française » trop marquée détournerait de lui nombre de Corses et restreindrait son audience aux résidents « exogènes ».
Le FN vise par ailleurs, dans l'île comme à travers l'hexagone,  à s’attirer la sympathie de ceux qui cultivent ou pratiquent une politique de rejet à l’encontre des « arabo-musulmans », nombreux dans l’île, notamment en Haute Corse.
Mais, en dehors de cette contradiction locale, il en existe d’autres. Le meilleur exemple est celui de l’Ukraine, où Marine le Pen soutient Poutine et les Russes au détriment des partis ouvertement fascistes qui avec l’aide de l’OTAN se sont emparés du pouvoir à Kiev.
En fait, l’anti-américanisme traditionnel de l’extrême droite française l’emporte alors, chez MLP, sur l’idéologie nationale-socialiste de base que lui prêtent ses détracteurs.
Le FN n’est donc pas  exempt de contradictions idéologiques.





_________________________________________________________
 

 


NAPOLÉON "PIRE" QUE TALAMONI ?

$
0
0
NAPOLÉON
1. Napoléon "pire" que Talamoni ?
2. Le drapeau à tête de Maure.
3 L'implantation française en Corse.



I. NAPOLEON NATIONALISTE CORSE "PIRE" QUE TALAMONI ?
 
 
A l'âge de 18 ans, au sortir de ses études à l'école militaire de Brienne, de retour en Corse et espérant y jouer un rôle déterminant, le futur empereur des Français fut un ardent patriote corse qui tenait des propos qui n'ont rien à envier à ceux des nationalistes d'aujourd'hui.
En tenant compte, cela va de soi, du contexte de l'époque (guerre de Corse menée par Pascal Paoli contre la France, et ambitions locales du jeune Napoléon, le petit florilège ci-après n'est pas dépourvu d'intérêt :
 
a) cf. Site officiel de la ville d'Ajaccio - Histoire de Napoléon.
"Général, je naquis quand la patrie périssait. Vingt mille Français vomis sur nos côtes, noyant le trône de la liberté dans les flots de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint le premier frapper mes regards…Vous quittâtes notre île et, avec vous, disparut l’espérance du bonheur." (Lettre de Napoléon à Pascal Paoli -1786)
 
b) cf. "Napoléon, une enfance corse" –  Michel Vergé-Franceschi - Editions Larousse – 2014
"Les Corses ont pu, en suivant toutes les lois de la justice, secouer le joug génois et peuvent en faire autant de celui des français" (26 avril 1786)
"Quel spectacle verrais-je dans mon pays ? Mes compatriotes chargés de chaines et qui baisent en tremblant la main qui les opprime" (3 mai 1786)
"Français,  non contents de nous avoir ravi tout ce que nous chérissions, vous avez encore corrompu nos mœurs" (3 mai 1786)
 
 
II. LE DRAPEAU A TETE DE MAURE.
 
Plutôt que les sornettes et autres légendes plus ou moins farfelues qui courent sur le drapeau à tête de Maure, il est plus prudent de se référer aux études récentes d'un historien peu contestable et peu contesté : Antoine Marie Graziani.
Cf. Histoire de la Corse – Editions Piazzola –   2013 - volume 1 - Page 310
Ouvrage collectif sous la direction d'Ange Marie Graziani.
 
Aux origines de la tête de Maure sur le drapeau corse, on trouve la décision du Pape Boniface VIII de donner l'investiture de la Corse et de la Sardaigne au roi d'Aragon.
En réalité, celui-ci ne s'implante au début du XIV° siècle qu'en Sardaigne, délaissant la Corse, où les Génois détiennent en réalité le pouvoir.
En 1357, les Corses, soutenus par les Génois, se révoltent contre les seigneurs qui partent se réfugier dans les territoires aragonais. Là, ils organisent leur retour avec l'appui des Aragonais et reprennent le pouvoir en instaurant un drapeau avec une tête de Maure; Cette tête de maure […] symbole des infidèles vaincus lors de croisades et de la "reconquista" espagnole – devient la représentation de la Corse.
Sur son front trône la représentation d'un diadème, symbole de la monarchie.
Mais dès la fin du XIV° siècle […] le diadème a été remplacé par un long bandeau […]
Désormais […] dans les ouvrages où figurent les armes des différentes provinces et dans la cartographie, la Corse est représentée par cette figure héraldique, […]
Au XVIII° siècle, avec les Révolutions, apparaîtra l'histoire, belle mais fausse du bandeau sur les yeux*  [….]
Pascal Paoli, dans sa quête de construction d'un État corse, fera adopter officiellement le drapeau à tête de Maure, qu'il fait déjà arborer sur ses navires corsaires, comme drapeau national.
__________________
 
* qui aurait par la suite été relevé sur le front en signe de liberté
 
 
 
III. L'IMPLANTATION FRANCAISE EN CORSE.
 
 
Il ne faut pas circonscrire le point de départ de la présence de la France en Corse à l'intervention de 1768/69 qui s'est traduite, "in fine" par la défaite des Corses et l'annexion définitive de l'île.
Cette  implantation mérite une double approche:
- celle qui prend en compte les efforts déployés dès le XVI° siècle par la monarchie française pour supplanter Gênes en Corse.
- celle qui,  met en exergue les "intérêts" antagonistes, au XVIII° siècle, de Gênes, puissance déclinante, de la France, et de l'Angleterre, puissances impérialistes désireuses de s'emparer du "bastion" stratégique" que constituait la Corse en Méditerranée.
 
Dans ce contexte historique "élargi", et non réduit à celui de l'annexion définitive de l'île par la France, il paraît donc opportun de noter que dès 1529, l'alliance de la monarchie française (contre Charles Quint) avec les Turcs, a permis à ces derniers de naviguer librement à partir d'une logistique portuaire française (Marseille et Toulon) et au roi de France d'envisager (déjà) une conquête de la Corse.
Cela s'est réalisé en partie entre 1553 et 1559. Henri II a tenté de s'implanter en Corse  avec l'aide de Sampiero Corso, condottiere local, ….. et de la flotte Turque. La paix de Cateau Cambresis a mis un terme à cette aventure.
 
En 1768, après une série de révoltes corses qui ont culminé avec l'insurrection de 1730, la proclamation de l'indépendance en 1735, et son avènement effectif avec Pascal Paoli (1755) Gênes, a été contrainte de faire appel à la France pour venir à bout de ce que l'on peut considérer comme une guerre de libération ou d'indépendance.
La monarchie française, qui n'avait jamais abandonné son désir de supplanter Gênes, a répondu favorablement, cela va de soi, aux appels au secours de cette dernière.
 
En 1768, Gênes, ne pouvant rembourser les sommes engagées par la France lors de ses interventions successives, a abandonné la Corse “en gage” (Traité de Versailles, signé le 15 mai 1768).
La France a alors entrepris  de s’établir définitivement dans l’île.
Après avoir défait les troupes françaises à BORGO en 1768, Pascal PAOLI a été écrasé à Ponte Novo  le 8 Mai 1769.
 
Après la défaite de Pascal PAOLI, les ralliements à la France se sont  multipliés, dont celui du père du futur empereur Napoléon, Charles Bonaparte, récompensé par des gratifications diverses et par la "prise en charge" des études du petit Nabulione à l'école militaire de Brienne.
Il faut savoir en outre que, de 1794 à 1796,  la Corse est devenue momentanément un "Royaume anglo-corse" avec  l'assentiment de Paoli. Mais la nomination d'un Vice-roi de nationalité anglaise (Sir Gilbert Elliot) a vite fait de rompre l'allégeance de Pascal Paoli et surtout celle du peuple corse. Le retour des français en 1796 a sonné l'exil définitif de Paoli en Angleterre, où il mourra en 1807.
 
Les dernières tentatives des Corses pour rétablir leur indépendance sont caractérisées par des révoltes suivies d’impitoyables répressions (1774 dans le  Niolo,  1809 et 1815/16 dans le Fiumorbu) avant une pacification et une assimilation qui feront désormais se confondre l'histoire de la France et celle de la Corse… jusqu’au réveil du nationalisme actuel.
 
 
 
 
 
 

MEILLEURS VŒUX POUR 2016

$
0
0
MEILLEURS  VŒUX POUR 2016


Une caricature valant parfois mieux qu'un long discours, j'offre à mes lecteurs ce dessin de Dilem, caricaturiste algérien internationalement reconnu.
 
U ZINU

CHIITES-SUNNITES. Guerre de religion instrumentalisée?

$
0
0
CHIITES-SUNNITES. Guerre de religion instrumentalisée?

Il m'a paru intéressant de reproduire ici un article de MARIANNE accompagné d'un choix de commentaires permettant de laisser au lecteur une certaine liberté d'appréciation.

 
U ZINU



Chiites et sunnites : la nouvelle guerre de trente ans

 
Ce sanglant conflit religieux, cette guerre qui nous apparaît, aujourd'hui, aussi insensée que fratricide, n'aurait jamais dû dépasser ses frontières régionales mais elle finit par entraîner directement ou indirectement tous les royaumes européens dans la mêlée.
"Demain, c'est écrit hier", écrit le romancier allemand Günther Grass dans Une rencontre en Westphalie, roman bruissant de formules et de fulgurances. L'action se passe alors que s'éternisent les pourparlers pour mettre fin à la guerre de Trente Ans. Cette guerre plongea au XVIIe siècle notre continent dans le chaos en opposant la dynastie des Habsbourg d'Espagne et du Saint Empire aux Etats allemands mais, surtout, les catholiques et les protestants. Cette guerre où l'emploi de mercenaires était la règle (d'où le nombre de batailles, près d'une soixantaine) fit trois millions de morts (sans compter les victimes de la peste) dans une Europe centrale qui en comptait dix-sept. Elle commença par une révolte des sujets tchèques contre leur souverain viennois, obsédé par l'idée d'imposer dans tous ses Etats et au-delà l'hégémonie de la vraie foi catholique, quitte à expédier ad patres les hérétiques, comprenez les protestants. Ce sanglant conflit religieux, cette guerre qui nous apparaît, aujourd'hui, aussi insensée que fratricide, n'aurait jamais dû dépasser ses frontières régionales mais elle finit par entraîner directement ou indirectement tous les royaumes européens dans la mêlée.
Ils sont tous deux enfants de Mahomet, mais chiites et sunnites se détestent. Cette haine familiale a atteint un point de non-retour avec la mort d'Hussein, le 10 octobre 680. La commémoration de son martyre est le rite principal du chiisme. Depuis cette date, les deux écoles, dont l'une est majoritaire à près de 85% dans le monde musulman, se jaugent, se provoquent et parfois s'entre-tuent. Mais l'antagonisme prend un nouveau tour quand leurs étendards sont relevés par deux puissances régionales : l'Arabie saoudite pour le sunnisme et l'Iran pour le chiisme. Flotte alors un parfum de guerre froide, d'autant que les intérêts économiques liés aux réserves de pétrole attisent encore davantage les tensions. Depuis la fin du XXe siècle, l'histoire s'accélère avec l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeyni ; la guerre de 1980 entre Téhéran et Bagdad, qui fera près d'un million de victimes ; la violation de la trêve du pèlerinage de La Mecque, en 1987 ; la garde nationale saoudienne tirant sur les pèlerins iraniens ; la percée du Hezbollah au Liban ; la revanche chiite en Irak ; la guerre en Syrie, le printemps arabe conduit par la majorité de la population chiite sous domination sunnite, la guerre au Yémen menée par la dynastie saoudienne et ses alliés d'Al-Qaida contre les rebelles houthis soutenus par le Hezbollah et Téhéran... Bref, un chapelet de haines et d'exactions pour la plus grande "gloire" de la religion.
Dans l'Etat islamique, la décapitation se fait au couteau de cuisine ; en Arabie saoudite, elle se fait au sabre. Riyad a le bras plus long que la créature qu'il a mis bas. Samedi 3 janvier, les "pétro-autorités" saoudiennes ont exécuté le même jour des dizaines de radicaux sunnites, mais aussi quatre dignitaires chiites parmi lesquels le cheikh Nimr Baqr al-Nimr, présenté comme un "terroriste" impliqué dans des attentats. A l'annonce de cette exécution, des centaines de manifestations ont eu lieu dans le monde musulman. A commencer par Téhéran, où l'ambassade saoudienne a été en partie détruite, comme l'avait été celle de Grande-Bretagne en 2011. Le guide suprême, Ali Khamenei, a déclaré, dimanche 3 janvier, que "la main divine vengerait" le cheikh exécuté. En Irak, pays voisin à majorité chiite, on ne s'est pas contenté de protester dans la ville sainte chiite de Kerbala, des mosquées sunnites ont été visées par des attentats et un muezzin a été abattu. Au Liban, terre de jeu du Hezbollah, à Bahreïn dans la banlieue de Manama, au Pakistan à Lahore, à Karachi, à Islamabad, où le cinquième de la population est chiite, à Srinagar, principale ville du Cachemire indien, de violents affrontements ont eu lieu avec les forces de sécurité. A chaque fois, la même demande : que les pays rompent tout contact avec l'Arabie. En attendant, c'est plutôt cette dernière qui mène le bal en rompant toute relation diplomatique, économique et même sportive avec l'Iran (néanmoins les pèlerins chiites pourront toujours se rendre dans les villes saintes de La Mecque et de Médine, ne pas insulter le tiroir-caisse). En attendant la réunion de la Ligue arabe, sommée de se prononcer sur cette affaire, Riyad est parvenu à entraîner avec lui le Bahreïn, les Emirats arabes unis et... le Soudan, qui lâche son ami iranien de vingt ans pour bénéficier des milliards de dollars saoudiens. Un conflit qu'il est donc de moins en moins possible de qualifier de "régional".
Résumons : une dynastie affaiblie qui se raidit d'autant plus qu'elle sent le pouvoir lui échapper (pauvre roi Salman, si proche de Dieu, si loin des Etats-Unis, pourrait-on paraphraser), deux puissances régionales défendant deux religions devenues antagonistes, des spectateurs de plus en plus requis pour être des acteurs de ce morbide "je te tiens, tu me tiens...". Voilà de quoi refaire une nouvelle guerre de Trente Ans. Le parallèle est d'autant plus intéressant que de plus en plus nombreuses sont les voix qui s'élèvent pour tenir à peu près ce discours : au XVIIe siècle, la France de Richelieu avait eu l'intelligence politique de soutenir les protestants contre les catholiques. Le problème est que, à cette époque, le pays était assez fort pour ne pas être lié économiquement avec l'Europe des Habsbourg. Il n'est pas sûr, aujourd'hui, que nous ayons la même marge de manœuvre avec l'Arabie saoudite. Lorsque à Qatif, ville située sur la côte orientale du royaume où habitait l'imam, des manifestations ont éclaté, les forces de sécurité ont tiré au hasard et sans sommation, faisant plusieurs morts. Je ne crois pas avoir entendu Paris protester.

Aucun journaliste ne nous explique jamais les différences théologiques entre sunnisme et chiisme. Creuser la question, ce serait monter la médiocrité des divergences et n'expliquerait abolument pas les raisons de cette guerre, qu'il faut aller chercher les racines ailleurs que dans la religion
Par exemple dans la volonté occidentale de mainmise sur les ressources énergétiques, qui s'est manifesté depuis les temps héroiques de l'Aglo-Iranian Company, et de Mossadegh que la CIA a chssé pour installer son pantin de Shah Mohammed Reza Pahlevi.
DEpuis, tout l'occident attise les divisions dans tous les pays toujours dans cet unique but (Palestine dépecée pour faire de la place au gendarme, soutien à Saddam Hussein attaquent l'Iran, soutien des dictatures arabes ( encore que de nos jours on préfère les remplacer par des théocraties violents, supposées moins fragiles depusi que les Ben Ali ou Moubarak se sont fait ejecter, je ne peux pas détailler tout ici, mais on pourrait remprendre cette attitude constante dans chaque pays du moyen orient.
Ainsi, jusqu'à ce que ça devienne trop voyant, surtout après l'intervention russe, Washington, Londres et Paris soutenaient ouvertement les djihadistes quels s'ils soient pourvu qu'ils combattent le régime syrien. Idem en Libue, où on ouvre un boulevard à un extrémisme religieux largement pire en éliminant Khadafi.
La religion n'est pas la cause en elle-même, mais elle est habilement utilisée par l'occident pour déstabiliser la region . Laz question reste : au final, qui en bénéficiera ?
 
Oppy ali-3737
Le but de cet article comme beaucoup d'autres est de faire de l'anti-islamisme.
Ne pas attendre donc une présentation non-partisane des causes et des conséquences.

Siecle2Bilderberg ali-3737
Mossadegh ou Lumumba, la technique de la CIA est invariable :
1° dégommer un dirigeant progressiste nationaliste,
2° installer un dictateur impitoyable mais valet docile du Yankee
3° si le valet se rebiffe, l'éliminer au nom des Droits de l'Homme avec la bénédiction des opinions publiques
La trilogie a parfois différé avec Pinochet, Castro...
 
sergio velo

cornélien

maïboroda jean ali-3737

Vous suppléez aux silences ou aux carences de l'article.
Il y a en effet l'écume des choses, ou leur apparence, et leurs causes premières.
 
Cart Man ali-3737

"Admettons", déjà vous doutez du réel c mal barré puis pirouette pour éviter de répondre à votre affirmation fausse.
De nbs livres expliquent la guerre entre chiite et sunnite, l'histoire l'explique etcetc
Déjà la première chose de simple dans le chiisme il y a un clergé, ce qui permet une facilité dans la modernisation de son culte.
 
ali-3737 Cart Man
je dis admettons, parce que me plonger dans les dogmes et leur exégèse me semble d'une parfaite inutilité, et je comptais sur la science de quelque vulgarisateur. J'admets donc que j'ai la flemme de chercher la raison théologique de cette haine recuite. D'autant que ce genre d'animosité se retrouve chez toutes les religions avec la même stupidité et la même violence
Le clergé permet peut être une "modernisation", mais l'absence de clergé favorisera peut-être un abandon pur et simple, ce qui me paraitrait préférable.
 
Off the stage ali-3737
Ce que vous dites est vrai mais la séparation des musulmans en deux écoles antagonistes, le sunnisme et le chiisme, une partition endogène à l'Islam de ses pratiquants des premiers siècles, entre autres, est aussi vrai, idéoogiquement, historiquement, etc à moins que vous décidiez de mettre de côté des pans d'histoire agrémentés de nombres de preuves, artefacts écrits, etc.
La déresponsabilisation et l'infantilisaton de l'indigène, votre discours, comme sa surresponsabilisation, l'école idéologique de vos soit-disants opposants, c'était, c'est au temps de la/des colonisation, les discours qu'on fait pour les /la justifier quand on traitait/traite avec les dirigeants indigènes et colons, tous gardiens de camps.
Au fait, cette technique racialiste est aussi revalorisée pour l'alimentation de mouvements identitaires dits "traditionnels", via le régionalisme puis nationalisme et hypernationalisme régional puis national en Europe, afin de casser les états-nations et leur base populaire, en RF, l'Homme et le Citoyen et pas l'homme religieux, (contre les autres) le local seulement et refabriquer une Europe-empire.
Califat/ Papisme, superstructure(s), structure médiévales pour tous avec des hypercapitalistes pour eux aux commandes, dans tous les pays. Les empires arabo-musulmans successifs, là aussi des différences d'interprétation endogènes, et empire Ottoman, ont encouragé le papisme du fait des attaques qu'ils menaient contre les royaumes d'Europe, obligés de s'unir dès lors et de trouver les raisons d'une union. Pareil dans les pays dits arabes, arabes du fait des colonisations ( et ouii, les révoution sosn tsouvent accompagnés de vagues coloniales , pas qu'en France) je vous le rappelle. Reprenez l'histoire/les histoires des religions, au moins.
L'eurocentrisme de la gauche européenne et atlantiste est impressionnant......... ET cela aussi n'est pas nouveau.
De plus, les atlantistes incluent l'Arabie Saoudite. ET la France Occupée.
Une tentative de fabriques d'empires avec accords des diirgeants de toutes confessions et athéïsmesà travers les continents, rien de plus.
Et c'est du déjà vu et du déjà fait.
L'Europe n'est pas le seuil continent où les empires sont nés et morts, ou plutôt ont été neutralisés. Du fait de leurs excès. ET de leurs échecs.
La lecture empathique est nécessaire à la compréhension. Il faut y ajouter la lecture critique pour essayer de comprendre les problèmes qui nous sont soumis au plus juste, dans les détails.
L'Indigène est un humain comme les autres, ni plus ni moins. Le Bon sauvage ou le bon civilisé est une image, pas une réalité. L'indigène et le civilisé aussi, d'aileurs, mais les images figées pour l'éternité,sont bien défendues y compris par ceux qui prétendent être contre.
Mélenchon n'"a toujours pas proposé un discours d'alternatives démocrates modernes à la RF et à l'Europe.
Pas plus que Chevènement bien timide intellectuellement aujourd'hui. Il est vrai que l'audace, qui était juste, ne l'avait guère servie. Mais mieux vaut tard que jamais.
A l'Europe, on peut le comprendre étant donné la diversité des héritages politiques européens, laïcité en France, séparation importante des pouvoirs spirituels et temporels et pas en UK, par exemple: La reine est encore la dirigeante de l'Eglise anglicane......
Le projet européen, qui ne pouvait qu'être économique et financier a échoué, encore une fois.
On ne veut plus d'Empire et d'impérialismes, de démocratie antimoderne, en sauce orientaliste ou occidentaliste.
Les colons djihadises de Daech font la leçon islamique aux habitants et citoyens de SYrie, hein. (ECouter France Inter, émission du soir semaine, passée, interviews, me rappelle plus quand exactement) ET s'il ya des Français, il y a aussi des Tunisiens, des Marocains, etc..... Une facette d'un néoreïch sans frontières. Extrémistes musulmans, juifs, cathos, etc, identitaristes de tous bords, mëmes combats.
Le colonialisme et l'impérialisme n'est pas et n'a jamais été qu'européen.
Aujourd'hui il est le résultat d'une entente entre les dirigeants de certains états, qui constituent l'alliance.
ET la Russie aujourdhui est le pays qui défend une alternative du fait de sa lutte multicentenaire pour la fabrique d'un état moderne, (Y Mai sgare aux lectures trop naIves là aussi, ce uqi n'empècje pas de ocmprendre qu'elle est un allié de poids pour ceux qui veulent réorienter les choses, une alternative) même cause que les républicains français de droite et de gauche. Les républicains de l'origine de la Révolution française.
Non à la gauche et à la droite antirépublicaines, les mêmes qu'au XIX ème et début XXème.
Rien n'empèche Mélenchon de défendre avec Chevènement la tenue d'un référendum sur la sortie de l'Otan et de l'UE , contrairement à ce que prétend l'article Il n'est pas sûr, "aujourd'hui, que nous ayons la même marge de manœuvre".
Rien, si ce n'est la renaissance d'une gauche qui a confondu internationalisme et impérialisme comme en, et en.... etc.
La gauche que vous continuez à défendre, que j'ai aveuglément défendue jusqu'en 2005, et plus après) est cette gauche dite "3 ème voie" qui était en fait l'antirépublicaine renaissante, la gauche collabo, une gauche occidentaliste et orientaliste, qui reprend le racialisme des concepts de Bons sauvages et de Méchants civilisés ou de Méchants sauvages et de Bons civilisés, qui n'ont pourtant aucune justification concrète dans le réel, le monde vérifiable avec l'étude des pratiques quotidiennes sociales et politiques.
Cette gauche là n'a rien à voir avec la république des droits de l'Homme et du Citoyen.
Elle est idéologiquement racialiste et atlantiste.
Il est temps de s'en rendre compte.
POur empécher l'élimination de la gauche républicaine, les gouvernements d'Occupation à la Laval-Pétain, un processus bien entamé par Mitmit dans son adhésion à l'idée que le sacrifice du socialisme moderne ( qui est républicain en RF) était obligatoire pour fabriquer l'Europe, même obsession que les spdistes, les labouristes, etc. Gauche tranacendentaliste durant des décennies en EUrope et en Amérique du Nord, pareil alleurs. ON en a le résultat. C'est tout.
IL faut juste neutraiser le transcendentalisme.
ET renoncer à cette idée qui nous avait amené à la 1ère/2ème que les états-nations seraient le "Mal" absolu, quand ce sont les autres qui y pensent, quand ce sont les empires et les volontés impérialistes qui restent sources de banalisation du "mal"/des règles commerciales favorables aux grands commerçants et à personne d'autres.
Nombre d'états du Moyen Orient, bien que musulmans sont très prudents dans leur manifestation d'un soutien à l'Arabie Saoudite. Ils ne sont pas fous et ne défendent pas la refabrique d'un califat à tout prix, comme en Europe/amérique du Nord on défend son équivalent: l'Occident, l'UE, etc. ET je salue leur audace et leur courage en tant que républicaine française. (moderne) ET socialiste moderne. Califat/papisme/ Dictature d'une élite auto-élue . What's the difference en qualité et en résultats? Aucune.
Que la gauche réinvestisse l'Histoire humaine, les histoires humaines en dehors de la réécriture sans racines de la CIA, entre autres, hein (mêmes les Américains sont humains et donc susceptibles d'adorationn de lectures uniquement empathiques et d'erreurs, d'oublis beaucoup) justement, la longue, la notre. Quand on est autorisé à la prendre/l'apprendre.
NOn à la novlangue, non à la tabula rasa, impérialiste.
ET antidémocratique, ou démocratique antimoderne. A nouveau. Car financiers, souverains de droit absolu et divin, dans le droit européen. Sur la planète.
 
Iseult ali-3737
Vous oubliez quand même l'essentiel, c'est que la plupart du temps ce sont ces pays qui appellent l'Occident à la rescousse. L'Occident est aussi manipulé par certains de ces pays.
 
Zahra-Mee Sarriette ali-3737
Une réponse qui me paraît intéressante ici :   http://www.croire.com/Definiti...
La thèse de la guerre de religion est extrêmement... réductrice, en effet.
 
Hugues AUPRAT ali-3737
bénéficaires : Israël et les USA

sergio velo Hugues AUPRAT

carte à l'appui

 

Bastienou Carcajou ali-3737
La cause première de l'affrontement entre chiites et sunnites est expliqué partiellement dans l'article. Il s'agit d'une histoire de succession au califat.
Qu'au XXIème siècle, des esprits éclairés expliquent que cette opposition n'a pas de sens parait un tantinet prétentieux. C'est faire fi du climat religieux dans lequel baignent les sociétés musulmanes.
Que l'on oublie que nombre de dynasties califales ont sombré par l'assassinat sans que les Occidentaux ne soient en quoi que ce soit partie prenante est stupéfiant.
Qu'aujourd'hui, les dissensions entre chiites et sunnites s'exacerbant, les Occidentaux les utilisent pour servir leurs intérêts ne fait aucun doute. Que le bordel dans le monde musulman (ce fameux printemps arabe dont on voit aussi les conséquences) ait été un instrument pour accentué la main-mise sur les ressources pétrolières est une constatation qui ne demande pas des connaissances géo-stratégiques
supérieures.
Condamné en 2015, Nimr Baqr al-Nimr n'était pas dans les précédentes charrettes des décapités. Il est peu probable que l'Arabie Saoudite ait transmis aux légations occidentales, avant l'exécution de la sentence, la liste des suppliciés.
Mais l'Arabie Saoudite connait des difficultés financières et les Saoudiens se voient sucrer un certains avantages. Détourner la colère du peuple en organisant un événement propre la diriger vers un ennemi extérieur (ou intérieur selon les circonstances) est une technique employé par tous les gouvernements sur les cinq continents.
 
Zahra-Mee Sarriette Bastienou Carcajou
Si "nous" n'y étions pour rien, les Saoudiens auraient évité la crise financière en
- réduisant le volume de pétrole qu'ils mettent sur le marché, pour maintenir son cours (le rival iranien étant sous embargo de l'Occident)
- en ne sponsorisant pas le "printemps syrien" (défense de rire)
- en ne finançant pas les achats d'armement des pays qu'''ils" voulaient pour alliés...
L'exécution de ce religieux chiite n'est pas seulement à usage interne. Elle est clairement une provocation pour pousser l'Iran à s'engager fortement dans le conflit régional. Une de plus, doit-on dire...
 
l'arsèneil y a 21 heures
"Chiites et sunnites : la nouvelle guerre de trente ans"
Oui , mais surtout Hollande et Fabius qui choisissent ouvertement de soutenir un camp , pour des raisons purement commerciales , et qui entrainent les conséquences que l'on sait sur notre propre sol .
Une faute majeure que nos médias n'osent jamais aborder , pour des raisons aussi purement commerciales , ces médias étant très liés au complexe militaro-financier .
Vendre des Rafale et prendre parti en Syrie ou rester neutre dans ce conflit : Hollande a choisi , et des français en ont payé le prix fort .
 
Bernard Marcelé l'arsène
Entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, apparemment la France ne choisit pas et cherche maintenant à s'insérer dans la queue pour y faire du commerce depuis la levée des sanctions.
En Syrie aucune de ces puissances ne sont directement impliquées en tant
 
sergio velo
depuis le temps que "l'Occident" fait tout et mème plus pour que cela arrive ......

Siecle2Bilderberg
On a la mémoire et l'analyse sélectives à Marianne.
IL faudrait rappeler :
- qui a poussé Saddam à attaquer l'Iran Chiite,
- qui a bombardé le pays de Saddam,
- qui refuse depuis 12 ans d’accueillir sur son territoire les réfugiés irakiens qui pique-niquent à Sangatte
 
Imhotep Siecle2Bilderberg
Vous devriez faire un petit peu d'histoire. La guerre entre sunnites et chi'ites date de 14 siècles et dure jour après jours depuis plus de 1 400 ans, pas un jour sans attentat. Et il y a 14 siècles il n'y avait ni CIA et même les tri-aïeux de Christophe Colomb n'étaient pas conçus. Pendant 14 siècles les assassinats entre sunnites et chi'ites ont été quotidiens. Les attentats entre ces deux branches de l'Islam sont innombrables et les guerres de religions en Europe sont des douceurs à côtés.
 
ali-3737 Imhotep
Vous n'avez pas répondu à la question : à part le désir de trucider l'autre, quelle différence dans le dogme ?
Parce que le problème est strictement le même dans la chrétienté. Connaissez-vous une seule décennie pendant laquelle ils ne soient pas massacrés entre eux depuis le IV° siècle ? Entre chrétiens et ariens, entre chrétiens et hérétiques, entre cathos et protestants, et même sans motif religieux, se massacrant au au nom d'une papauté, d'un saint empire, d'un prince contre un autre en vertu de l'adage "pousse-toi de là que je m'y mette", mais avec le prétexte religieux comme toujours..
de ce point de vue l'islam est une religion absolument comme les autres. L'article porte sur les trente dernières années, et pour celles là, les USA, la France et le royaume uni ont sérieusement contribué à
 
Bastienou Carcajou ali-3737il y a 14 heures
Mais ce n'est pas la question. Vous raisonnez en fonction de vos critères occidentaux.
Même si la différence ne vous saute pas aux yeux - à moi non plus, mais bref - reste qu'ils s'étripent joyeusement depuis lune et qu'aujourd'hui, nombre de commentateurs dont vous êtes, attribuent ce conflits aux Occidentaux. Hors, si ces derniers utilisent cette guerre à leur profit, ils n'en sont directement responsables.
Ce qui n'est pas le cas du premier conflit en Irak. Ou de la guerre stupide de Sarkozy en Libye.
 
ali-3737 Bastienou Carcajouil y a 14 heures
Effectivement maintenant les responsabilités occidentales sont établies et bien patentes ( Bush, sarko)
mais enfin, en cherchant bien, on peut remonter plus haut (Sykes-Picot, CIA, Balfour, etc.)
Directement responsables ou pas directement, ou responsables et pas coupables, vous faites dans la nuance. c'est bien !

Siecle2Bilderberg Imhotep
"Pendant 14 siècles les assassinats entre sunnites et chiites ont été quotidiens."
Ca c'est le type de commentaire bidon qui vise à saper toute réflexion constructive
 
Jean-Louis CHARPAL
Les guerres de religion ont fait un grand nombre de victimes depuis que l'homo sapiens a inventé les religions comme une façon de faire face à ses angoisses existentielles.
L'Europe en a fait l'expérience pendant des siècles.
La lutte sanglante entre les chiites et sunnites est une des composantes ( mais pas la seule, hélas ) des conflits qui embrasent le Proche Orient.
C'est pourquoi les américains et les pays d' Europe qui les soutiennent, devraient prendre conscience qu'ils ont pris une énorme responsabilité en réactivant par leurs erreurs et leurs interventions intempestives ( et pas seulement ces dernières années, loin de là ) une nouvelle guerre de religion.

samy levraiil y a un jour
Divide ut regnes, foin des nations, vive les courants religieux et autres communautés...
 
Bernard Marcelé
En fait cette guerre aurait commencé depuis les origines et durent depuis des siècles.
 
l'arsène Bernard Marceléil y a 13 heures
Oui , cette guerre de religion dure depuis environ 1400 ans , mais la question à un million de barils est de savoir qui a mis du charbon dans la chaudière pour la réactiver .

Off the stage 
Joseph Macé-Scaron, unarticle intéressant, mais à l'approcjhe partielle, un partialisme complété par les mariannautes,q ui vcou sreprochent la partalité mais se permettent largement d'y tomber eux-mêmes.
OUbié, le pas de deux poids deux mesures dans l'idéologie et la langage néolib.....
POur autant le pessimisme journalistique façon soutien au gouvernement de type Laval-Pétain, comme pour le TIna depuis des décennies, reste injustifié.
La France reste un pays riche avec de nombreux alliés potentiels, plus pauvres mais aussi riches, dans la résistance à 1) l'impérialisme 2) néroaryaniste.
J'ai donné des idées dans mon post à ali-3737. Par ex. Des idées qui flottent dans de nombreux textes, entretiens sur les radios, les journaux, en butinant comme on peut, à la recherche du temps perdu. Dans de nombreuses têtes.
Les crispations des dirigeants de l'Arabie Saoudite, les mêmes que celles de nos hypercapitalistes en Europe et en Amérique du Nord, par ex avaient été définies comme "poliques" par le roi Salman,avant l'intervention au Yémen.
Le fait que la crise environnementale planétaire amène les pays développés et les pays en voie de développement à s'orienter vers des sources énergétiques autres que le pétrole et le gaz justifient les craintes saoudiennes.
Les Nations Unies devraient être le lieu et le temps où les pays, tous, y compris l'Arabie Saoudite, au niveau international, realpolitik, on aide les peuples, habitants et citoyens, sont aidés et s'aident, sans plus de soutien à la compétition moins disante, mauvaise pour l'Humain, le citoyen mais aussi son environnement social et non humain à sortir du tout énergie carbone.

S BF 
Au delà des différence théologiques : 10% de chiites en Arabie Saoudite mais 35% dans la province du Hassa qui recèle les plus grandes réserves de pétrole du royaume......
 

ET cette guerre nous en sommes responsables aussi ou exceptionnellement ne sommes nous pour rien dans ces haines ancestrales ?
 

Depuis la révolution iranienne de 1979 l'occident attise le conflit



  
 

A PROPOS DU TSUNAMI MIGRATOIRE

$
0
0
A PROPOS DU TSUNAMI MIGRATOIRE

 

BBC-Magazine_Mega-Tsunami-_Sketch31


Note "u zinu":

L'article ci-après, tiré d'AGORAVOX , est en quelque sorte un « antidote ».
Chacun l’appréciera (ou non) en fonction de sa propre vision des choses..... et de son propre degré de « soumission » (ou de liberté).
L’origine de ce tsunami démentiel est fort bien indiquée par l’auteur. 
Quant aux « effets politiques collatéraux » , voire directs, ils sont fort prévisibles.
Reste à imaginer « l’au-delà »
.

 

Le chaos européen et la démonisation de l’islam

La démonisation de l’islam, propagée par de nombreux médias et politiques de la société française, incarne un marqueur politique, celui de potentiel préambule à la désintégration progressive des libertés individuelles et collectives dans ce pays, charriant en sous-main la volonté de lui imposer une réforme moderniste artificielle (quitte à inventer des imams de plateaux télévisés) sous la pression de violences perpétrées par des activistes directement financés par nos alliés économiques comme l’Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, ou encore les Émirats, processus de mise en scène terrorisante qui démontre à foison cette technique de gouvernance par le chaos ayant fait ses preuves certes précaires mais efficientes à court terme de l’autre côté de l’Atlantique, sous les mandats de Georges Bush notamment. Toujours trouver un diable à désigner pour diviser, régner, et éluder les sujets sociaux de fond que nos élites politiques s’avèrent bien incapables de solutionner.

Qui a instauré durablement le chaos en Irak ? De 1991 à 2003, ce pays a été mis sous tutelle au nom de la communauté internationale. Trois guerres du Golfe s’y sont déroulées menées par le camp occidental, sous couvert de lutte contre des armes de destruction massives parfaitement inventées, provoquant des millions de morts. Qui a instauré le chaos en Syrie ? Qui a instauré le chaos en Libye ? En Afghanistan ? 

 

Qui la France bombarde aux quatre coins du globe depuis plus d’une décennie ? 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_opérations_militaires_impliquant_la_France_depuis_2000

Avant de se déclarer victimes, autant observer nos théâtres d’intervention unilatéraux.

Chaos qui a provoqué ces flux de migrants non moins chaotiques provoquant encore peurs légitimes et replis identitaires logiquement instinctifs.

Nos manuels scolaires associent désormais de façon systématique cette religion à la violence, passant sous silence son apport civilisationnel s’étendant sur des siècles, et abreuvant toujours nos sciences et notre histoire. L’hétérogénéité de cette tradition religieuse est passée sous le boisseau, vulgarisée sommairement, pour en faire un épouvantail facilement agitable par tous les assoiffés du pouvoir, qu’il soit local ou national, médiatique ou mondain. Progressivement, l’on tente d’instiller l’idée que l’islam est incompatible avec le système européen dit démocratique occidental (dont l’actualité montre pourtant toute l’étendue totalitaire sous-jacente). En découle l’idée de camps de rééducation idéologique.

 Dans quel but ? Instaurer un ordre de moins en moins démocratique légitimé par le désordre ainsi induit. Un Patriot Act à la française, dont les ferments sont déjà en place, devant répondre à cette désorganisation apparente : La Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) entretient depuis des années une coopération active avec la NSA et le GCHQ, pratiquant une surveillance accrue des données numériques via un mémorandum signé en 2011  pour l'échange de millions de métadonnées. Plus de 90 millions de métadonnées ont été remis à la NSA par des agences françaises de renseignement.

Oui, le chaos est bien installé sur le continent européen, et ce sont aussi des européens qui l’ont provoqué.


SARKOZY TEL QU'EN LUI MÊME

$
0
0
SARKOZY TEL QU'EN LUI  MÊME
Je reproduis ci-après un article paru dans AGORAVOX  sous la plume d'un contributeur dont j'apprécie particulièrement les propos et le style.
Je remarquerai simplement que "photoshop" (ou autre logiciel de retouche) a considérablement  rajeuni et adouci les traits de notre ancien calife, rendant son expression aussi apaisée que celle  désormais affichée par Marine le Pen, candidate  non "primarisable" , pour ce qui la concerne, aux Présidentielles.

Ceci dit, notre actuel calife, faute sans doute d'avoir un bon "ghost writer" (évitons les expressions interdites par la bienséance), ne semble pas pour l'instant avoir quelque projet d'écriture.
Il est vrai qu'il lui faudrait, s'il devait  faire acte de repentance littéraire, non pas admettre quelques insuffisances ou quelques erreurs,  mais reconnaître que les éminentes qualités de faux-monnayeur qui lui sont prêtées sont difficiles à nier, de même que sa remarquable soumission aux volontés otaniennes.

u zinu

 



 

Une vie pour la France

 La France pour la vie et non une vie pour la France, la nuance est importante.

On peut se demander si c'est le fruit d'un subit assaut de modestie ou l'aveu cru d'un prédateur...

Sarkozy porte sur le visage un soupçon de jeunesse sur un masque chiffonné de souffrances simulées ou réelles, " le dépit de l'archer qui a manqué sa cible " méditant, assis, bras replié posé sur la cuisse et le dos de la main supportant un visage perdu dans ses rêveries.

Revoilà le nouveau Bonaparte au Pont de Neuilly mais rongé d'inquiétude, peu sûr de son fait, encore amaigri de quelques soutiens.

On devine le masque de la mort politique.

 

Un front très vaste, les cheveux ondulés, l'œil émeraude, des sourcils charbonneux, un air de petit marquis perfide, tout droit sorti d'un film de cape et d'épée des années 50 avec Gérard Barray. 

Parfois, au comble de l'excitation ou de la fureur, un mouvement irrépressible agite tous ses traits, relève ce sourcil comme une sorte de doigt vengeur et donne à ses épaules des trépidations de cavalier lancé à fond dans un galop d'apocalypse : ce n'est qu'un tic.

Ses lèvres sèches et coupantes marquées de plis d'amertume donnent un rictus de souffrance à son sourire et s'ouvrent sur deux rangées de dents d'une blancheur inaltérable comme sa conviction de partager un avenir avec la France ; deux rides profondes tombent des ailes frémissantes de son profil d'oiseau de proie. Juvénile , il dût être séduisant et il étonne encore : c'est l'image même du désespoir et du génie associé qui prétend donner sa vie en sacrifice à la France et aimerait tant être payé en retour .

C'est le propre des natures désespérantes de passer en un moment de la clarté à l'orage et de la fureur à la contrition !

On est parfois en droit de se demander si Sarkozy n'a pas sauté de l'adolescence à la décadence sans connaître la maturité dont a été exempte sa première mandature.

C'est un drogué au bling bling, il a le le goût du clinquant médiatique et quand il n'y a plus accès il se drogue de la souffrance d'être mal aimé.

Un point commun avec Donald Trump et ce n'est sans doute pas le seul mais il nous épargne encore de tomber en état de sidération cataleptique, il a multiplié les épouses mais quel besoin a-t-il donc de liaisons sinon pour échapper au poids de la solitude, entouré d'amis qui se veulent du bien et croient l'obtenir en parfaits courtisans ou compagnons de route avides de retombées.

 
Il trouve un certain assouvissement dans le fait d'avoir atteint à l'extrême le mécontentement de soi et de connaître l'orgueil bafoué par une multitude vile qui lui a préféré la médiocrité. Et il en fait le sujet d'un livre où il épanche, semble-t-il, ses états d'âme, un livre qui est un acte de contrition, de flagellation douce.

Il est dévoré par le feu de la revanche et apporte l'incendie.

Mais à quoi bon écrire tout cela, me direz-vous ?

Qui va le lire ? Amis ? Ennemis ? Pisse-copies de rédaction mis à la corvée de tirer la substantifique moelle de ce pensum.

Comment quelqu'un dont on aurait peine à croire qu'il eût le goût des belles lettres peut-il sacrifier au rite de la sortie d'un livre ? Quitte a récolter au mieux un admiratif mépris ou de méprisants succès d'estime !

Ah ! Il écrit sur le sable de la tradition nouvelle de ces hommes politiques qui transmettent leurs lettres d'invitation par le biais de la littérature dans l'espoir futile qu'ils pourront un jour être en capacité d'envoyer les lettres de cachet par le fait du prince

Sarkozy veut exister à nouveau, il cherche des soutiens, ils s'adoucit avant de remontrer les crocs.

Pauvre Sarkozy, Chatterton à soixante ans, ce grand feu de l'âme qui fit un temps illusion parce qu'il jeta oncques l'une ou l'autre étincelle de génie, le désenchantement le guette. 

 

GEOPOLITIQUE

$
0
0
GEOPOLITIQUE
STRATPOL



Centre d'analyses politico-stratégiques STRATPOL
www.stratpol.com/
 
Stratpol fournit des analyses politico-stratégiques et économiques sur toutes les zones, pays et continents, dans le but de permettre des prospectives réalistes. Le site s'adresse aux étudiants et aux chercheurs, aussi bien qu'aux décideurs politiques et aux acteurs économiques.


Dernières Analyses
 
- La spécificité de la France vis-à-vis de la Syrie
par Frédéric Pichon

- La stratégie chinoise pour l'Arctique
par Emmanuel Lincot


 
Le site a été créé par Xavier MOREAU, qui se présente de la manière suivante sur STRATPOL :
Saint-Cyrien et officier parachutiste, titulaire d’un DEA de relations internationales à Paris IV Sorbonne, spécialisé sur les relations soviéto-yougoslaves pendant la guerre froide.
Installé en Russie depuis 15 ans, il dirige la société LinkIT Vostok
Il est l'auteur de la "Nouvelle Grande Russie".
 
Quelques unes de ses analyses:
 
-  Quelles sont les positions de l'UMP vis-à-vis de la Russie ?
http://www.dailymotion.com/stratpol
Xavier Moreau analyse les différentes positions au sein de l'UMP vis-à-vis de la Russie
29 avril 2015
 
-  Le rôle de l’URSS dans le redressement français par le général De Gaulle à l’époque de la conférence de YALTA.
22 Juillet 2015
 
- De la Géorgie à l’Ukraine : Qui sont ces Géorgiens au pouvoir en Ukraine ?
06 Novembre 2015
 
 
_________________

 
Espace Librairie de STRATPOL:
 
- Ukraine, pourquoi la France s'est trompée
   Xavier Moreau
 
- Bouddhas et rôdeurs sur la route de la soie
  Peter Hopkirk
 
-  Syrie, pourquoi l'Occident s'est trompé ?
   Frédéric Pichon
 
- L'Europe, la Turquie, le Général Les relations franco-turques à l ...


______________________________________________________________

 

 
ANTIPRESSE


ANTIPRESSE 
www.antipresse.net/
         
L'information telle que vous l'espériez, par Slobodan Despot et Jean-François Fournier. Paraît le dimanche matin.
Lettre hebdomadaire gratuite.


Le numéro 8 de la Lettre, paru le 24/01/2016, contient notamment une intéressante interview de Xavier Moreau:
 
 

XAVIER MOREAU, LA RUSSIE VUE DE L'INTÉRIEUR

Xavier Moreau, homme d'affaires et essayiste français établi en Russie, cofondateur du siteStratpol.com, a réussi une remarquable percée avec son dernier ouvrage Ukraine, pourquoi la France s'est trompée (éd. du Rocher), réimprimé après quelques semaines seulement.

Avec une rigueur sereine, Moreau nous raconte le redressement de la Russie depuis l'ère Eltsine. Il livre un état des lieux de la Russie dans sa situation intérieure et sur ses théâtres de conflit qui ne ressemble pas beaucoup à ce qu'on vous raconte ailleurs. Du calamiteux «nazisme de transition» dans une Ukraine en banqueroute aux relations explosives avec la Turquie néo-ottomane, en passant par les coulisses des sanctions occidentales et la nature de l'intervention russe en Syrie, cet entretien d'une vingtaine de minutes constitue une belle leçon d'intelligence d'un monde en pleine transformation.


https://soundcloud.com/despotica/le-desinvite-dantipresse-n-8-xavier-moreau


______________________________________________________________
 
           
 
 
 

DIPLOWEB


Diplomatie, géopolitique, stratégie et relations internationales : articles d'analyse, cartes du monde et audiovisuel.
http://www.diploweb.com/

Géopolitique de la Russie et de son environnement

Par Pierre VERLUISE, le 23 janvier 2016  

Docteur en Géopolitique, Pierre Verluise est le Directeur du 1er site géopolitique, Diploweb.com. Auteur ou co-auteur d’une vingtaine d’ouvrages. Chercheur associé à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS).

429 pages de référence sur la géopolitique de la Russie, à travers l’espace et le temps. Un document pdf gratuit, désormais incontournable pour saisir les ruptures et les continuités d’un pays-continent bien décidé à s’imposer.

COMPRENDRE la géopolitique de la Russie – 17 millions de km2 – et de son environnement à la fois dans la profondeur de l’espace et dans l’épaisseur du temps. Voici l’objectif de cette sélection de 39 documents aux signatures prestigieuses. Il s’agit de proposer des points d’appuis et des références.

Par la grâce de la recherche et du numérique, voici rassemblés des auteurs comme Michel Heller, Irina Alberti, Stephan Wilkanowicz, François Thom, Céline Bayou, Jean-Sylvestre Mongrenier, Philippe de Suremain, Christophe-Alexandre Paillard, Maxime Lefebvre, Patrice Gourdin, Laurent Chamontin, Florent Parmentier, Cyrille Bret, Kévin Limonier et tant d’autres. L’abondance et la qualité de cet ouvrage pdf mis à disposition des lecteurs du Diploweb.com témoigne du soin apporté au suivi de ce pays-continent. 429 pages pour saisir - gratuitement - un pays-continent décidé à ne pas se laisser oublier.

 

 

UKRAINE - RUSSIE . Anthologie.

$
0
0
UKRAINE - RUSSIE . Anthologie.

S'agissant de l'Ukraine et(ou) de la Russie, je reproduirai ici des articles parus sous la plume de divers rédacteurs, articles contribuant à lutter contre la désinformation organisée par le pouvoir en place et orchestrée par la presse atlantiste qui domine le paysage français.

L'image choisie me semble illustrer parfaitement le "combat" entre la mère ourse russe et la "hyène démocratique"



Kevin Queral le 11/04/2015.    Article paru dans AGORAVOX.
 
Ukraine : vous en voulez plus ou ça vous suffit ?

Soyons clair d'emblée !

Cet article s'adresse avant tout aux anti-Russes ou anti-Poutine occidentaux. Je ne chercherai à aucun moment, c'est promis, à vous faire changer d'opinion à ce sujet.

Cet article ne vous parlera que de Kiev et du gouvernement ukrainien, ainsi que d'événements très récents.

Et de nous. Au choix : de notre indifférence, de nos doutes, de notre soutien actif ou passif. Voulons-nous continuer à fermer les yeux ou non ?

La seule question que je vous demande de vous poser en lisant ce papier est :

« stop ou encore ? » 

Kiev 2015, ou l'alliance renouvelée de l'oligarchie et du nazisme.

Vous vous dîtes que j'exagère ? Peut-être...voyez vous-même :

  • Le pays est à l'heure actuelle livré aux Oligarques les plus cyniques et amoraux1 : Victor Pinchuk, Piotr Porochenko, Igor Kolomoisky, Rinat Akhmetov, Dmitry Firtash, Rinat Akhmetov, Oleg Bakhmatyuk, etc.

    Tous ces hommes sont multimilliardaires et contrôlent aujourd'hui le pays, qu'ils vendent au plus offrant. Ils se livrent entre eux une guerre de rapine (voir lien 1).

    Belle révolution démocratique que celle de la place Maïdan !

    Ces hommes entretiennent des milices armées nazies, recherchées et connues pour leurs crimes de guerres, comme le bataillon Azov2 ou encore le bataillon Aïdar3.

dfgsdfg dfgjdfj 834248369a4f5384c6e6232ae891cef29148d103

sfghdghdfgh sdfgsdfg

Puisqu'on vous dit qu'il n'y a pas de nazis à Kiev ! N'insistez pas !

  • Le gouvernement nomme des nazis à des postes clés :

Artem Bonov au ministère de l'intérieur4,

11011521_1568250500112175_215695371039218929_n

Vadim Troyan, du bataillon Azov, à la tête de la police de Kiev5,

10624975_311174112409182_9081748202008947741_n

ou encore Dimitry Yaroch6, chef de Pravy Sektor, au ministère de la défense.

indeximages

  • Le parlement ukrainien, la Rada, comporte en son sein environ un tiers de nazis7 et vote des lois dictatoriales.

Le parti Svoboda8 y est très bien représenté. Son leader, Oleh Tyahnybok semble un homme convenable,

s0sR7dL

et possède des amis très sympathiques comme John Mc Cain ou Laurent Fabius ! Il a même été félicité pour ses idées et son courage par Lech Waleza9 !

TD6Nory

fabius_ukraine_cle822939

Cette assemblée législative vient de criminaliser le communisme10  : 5 ans de prison si vous tractez, chantez l'internationale ou affichez tout symbole lié de près ou de loin au communisme ?

Le président Poroshenko, par ailleurs, n'hésite pas à dire que la guerre est bonne pour la lutte contre le chômage11. Vous avez bien lu.

Il refuse aussi de condamner le nazisme à l'ONU12 !

1653698_391911584304934_5250009729205046040_n

Stop ou encore ?

ENCORE ?

Le gouvernement actuel n'a aucune envie de respecter les accords de Minsk 2, qu'il a pourtant signés lorsque son armée était encerclée dans le chaudron de Debaltsevo.

Poroshenko a ensuite déclaré le Donbass et la Crimée comme des territoires occupés ! Il parle même cette semaine de la remise sur pieds de la marine ukrainienne pour aller reprendre Sébastopol13 ! Il parle bien d'attaquer la Russie, vous avez bien lu !

Il ne cherche d'ailleurs tellement pas à les respecter, qu'ils ne cesse de les violer ! L'offensive a même repris ce 9 avril 14 , jour de la Pâques orthodoxe, à Spartak15, et Donetsk est à nouveau bombardée ! Des blindés s'accumulent au frontières et l'artillerie lourde16 s'est repositionnée dans un périmètre interdit par les accords de Minsk 2, même l'OSCE le dit ! La guerre va reprendre, et dans des proportions plus importante, car les deux camps sont désormais mieux équipés !

Le gouvernement prévoit aussi des camps de concentrations pour y enfermer les Russes17, ou d'autres étrangers durant la guerre à venir. Le gouvernement appelle à la délation de toute personne ayant des sympathie pour la Russie18.

10389326_954972021210347_4161258216093252522_n

Voilà ce qu'on peut lire dans les rues d'Odessa : « le séparatiste de la vie de tous les jours(БЫТОВОЙ) : souille la symbolique nationale / attend la venue d'un monde russe. / Sanction : 7 à 12 ans de prison. Appelez le 0800501482.

C'est très démocratique n'est-ce pas ? C'est occidental ? C'est quoi, ça, pour vous ? Comment on appelle ça ?

Voyez d'ailleurs comment le président Ukrainien est accueilli à Odessa, aux cris d'assassin et de nazi !

https://www.youtube.com/watch?v=2yQtVUIOSPQ &https://www.youtube.com/watch?v=e1jS4jkpDcU

Les rumeurs de disparitions et d'arrestations y vont bon train, à tel point que l'Oblast d'Odessa souhaiterait devenir indépendant19, en suivant l'exemple de Lougansk et de Donetsk.

Je vous épargne les vidéos des crimes de guerre perpétrés par les milices au services de Kiev dans le Donvbass, les vidéos de chasse à l'homme, etc. Vidéos que vous trouverez aisément sur youtube.


La guerre va reprendre en Ukraine. C'est une question de jours maintenant.

L'UE et l'OTAN le soutienne moralement, financièrement et militairement Kiev ?

Notre gouvernement aussi,

ET EN NOTRE NOM !

Détester Poutine ne nous contraint pas à défendre Kiev !

 


19http://cacaou3.blogspot.fr/2015/04/ukraine-declaration-dindependance-et-de.html?m=1


UKRAINE - RUSSIE . Anthologie.
 
Autre article (paru dans AGORAVOX )  à propos de l'UKRAINE et la RUSSIE.
 
Discrimination des mémoires : cas de l’Ukraine

par Gadjo  – via AGORAVOX
mardi 21 avril 2015
 
 
Voilà un titre bien surprenant que j'ai choisi volontairement tellement le sujet me paraît grave.
Personne ne se permettrait de remettre en question la Shoah ou s'il l'ose, aussitôt il se fera attaquer par les très nombreuses associations juives qui défendent pieusement la mémoire de leurs victimes contre toute forme de négationnisme. Par contre, qui penserait défendre la mémoire des victimes du stalinisme ? Personne. N'y a-t-il pas là une forme d'injustice ?
La question est d'autant plus d'actualité que dans le bourbier de l'Ukraine se mélangent fascistes, anciens communistes et une communauté juive de 200.000 personnes. N'oublions pas que des millions d'Ukrainiens furent victimes du génocide nazi et qu'ils furent aussi très nombreux à combattre dans les rangs de l’armée rouge et des partisans. Quant aux fascistes Ukrainiens, dont on parle beaucoup actuellement, d'où viennent-ils exactement et qui sont-ils ?

On les trouve essentiellement en Galicie et en Ukraine occidentale. Lors de la dernière guerre mondiale, ils étaient tous pro-Allemands et certains ont constitué les tristement célèbres brigades nazies de Bandera. Aujourd'hui, ils réapparaissent sous la forme de groupuscules nostalgiques de ces années sombres et ils ont réactualisé leurs fameuses brigades de la mort (Prawy Sektor, Svoboda, etc …). Le camp fasciste demeure présent dans cette région, mais aussi au Canada où il y a eu une forte émigration, et il est devenu très influent à Lvov et à Kiev depuis 1991. Grâce à ses moyens financiers, cette diaspora d’extrême droite domine les sites web par une propagande pestilentielle ainsi que les maisons d’édition qui réécrivent l’Histoire conformément à leurs thèses nationalistes.
Mais pour revenir au sujet je pose une question effroyable : Quelle est la différence entre un enfant juif mort de faim au Ghetto de Lvov (1941-43) et un enfant victime de l'Holodomor (famine soviétique en Ukraine 1932-33) ?
Certes, il n'y a pas de différence physique entre la mort d’un enfant et celle d’un autre enfant mais il peut y avoir une grande différence morale. Le génocide juif a été exécuté au nom de théories raciales décrétées officiellement par des gouvernements ; il a été planifié par ces mêmes gouvernements et programmé de façon industrielle. Les famines soviétiques sont une conséquence imprévisible mais terriblement meurtrière de la politique stalinienne dans l’URSS des années trente (collectivisation et confiscation des semences). Les deux régimes étaient exterminateurs mais l'un était prémédité et raciste, l'autre était fortuit et non raciste. Aucun enfant ne fut tué par le régime communiste du seul fait de sa race ou de sa religion.
Là encore, il faudrait tirer des conséquences de toutes ces abominations lorsqu'on voit des enfants tués dans le Donbass par les milices d’extrême droite de Kiev du seul fait qu'ils sont russophones. De même, quand un intégriste musulman assassine un enfant juif uniquement parce qu'il est juif, on est bien dans cette folie extrémiste. Ce n'est pas simplement l'acte d'un psychopathe dangereux mais la conséquence d'un certain discours où se mêlent religion et intolérance.
En Ukraine on se trouve au carrefour des horreurs car non seulement la famine soviétique a tué des millions de personnes dans les année 1930 mais, avant et après, des massacres de juifs se sont succédé (on en parle rarement dans les livres d'histoire) que ce soient les pogroms de Simon Petlioura en 1919 ou les massacres nazis des partisans de Melnik et de Bandera après 1941. Enfin, comme si cela ne suffisait pas, les SS de Galicie et autres milices Ukrainiennes ont également exterminé des tsiganes, des communistes et des prisonniers soviétiques.
Revenons quelques instants sur cette fameuse UPA (armée insurrectionnelle Ukrainienne) de Bandera, puisque les « bandéristes » nous sont présentés comme des gens très fréquentables par nos dirigeants occidentaux. On nous dit que cette extrême droite est sympathique mais on n'oublie de nous préciser que Bandera est responsable de multiples pogroms et qu'il s'est rallié aux nazis, à la fin de la guerre, contre l’armée rouge et les résistants polonais. Aujourd'hui, on nous présente ce monstre comme un héro, on lui dresse des monuments et on les fleurit. On laisse défiler les « bandéristes » avec la croix-de-fer, des décorations hitlériennes et des croix gammées.
Cette hypocrisie est très grave mais il est encore plus grave de faire des amalgames entre nazisme et communisme comme on le lit trop souvent dans les post d'Agoravox et d'ailleurs. Certains n'hésitent pas à confondre les Konzentrationslager avec les Goulags ou bien les exterminations massives des nazis avec l'assassinat des officiers polonais à Katyn. On nous serine avec le génocide juif mais on ne parle même pas de l’extermination des prisonniers de l’armée rouge et de populations slaves. Savez-vous combien de soviétiques les nazis prévoyaient de laisser crever de faim ? 30 millions ! Certes, ce chiffre est controversé par certains historiens mais il est confirmé par de nombreux autres et pas des moindres (Götz Aly, Suzanne Heim, Christian Gerlach, etc.).
Difficile de conclure un tel article, je vous le livre en vrac tel un cri de colère face à toutes les contre vérités que certains s'amusent à écrire avec une légèreté qui, lorsqu'il s'agit d'un sujet aussi grave, est une véritable insulte à l'humanité.
 

 _________________________________________________________________________


 
 
La Guerre Froide, guerre non terminée !

 
par Virgile Thomas  (son site)  
mercredi 22 avril 2015 – AGORAVOX.

Les médias occidentaux posent souvent la question : sommes nous revenus au temps de la Guerre Froide ? Au delà de la facilité de langage qui séduit les paresseux, le concept même de guerre froide s’applique-t-il à la situation actuelle de tension entre les Etats-Unis et la Russie ?
Si l’on considère que la guerre froide n’était qu’une confrontation entre deux idéologies à vocation planétaire, la réponse est non. L’une des deux idéologies a disparu et elle a été remplacée en Russie par un système qui n’est ni le communisme, ni le libéralisme, et qui ne cherche pas à s’étendre. La Russie ne veut pas reconstruire un empire, elle le dit par la voix de son président et de ses politiques et le fait que l’Occident ait fait le choix de ne pas le croire ne transforme pas ces déclarations en mensonges.
 
Cela dit, il s’agit effectivement d’un système différent et au moment où surgissent des doutes sérieux sur l’efficacité et la légitimité du système libéral, les gens peut sûrs d’eux-mêmes ont du mal à accepter les différences. Ils se sentent menacés et donc deviennent agressifs.
La fin de la Guerre Froide a été annoncée à plusieurs reprises, mais elle a eu lieu dans des conditions qui manquent de clarté et c’est ce manque de clarté qui laisse penser qu’il n’y eut pas réellement fin. Essayons d’analyser les évènements pour mieux comprendre la situation actuelle.
 
L’erreur fondamentale, semble-t-il, a été de confondre la fin de la Guerre Froide avec la fin du communisme. Ce sont en fait deux évènements différents bien qu’ils soient tous deux la conséquence d’une seule et même politique lancée par Mikhaïl Gorbachev. Un seul homme, ou presque, a provoqué un changement radical du monde en cette fin de vingtième siècle.
Né le 2 mars 1931 dans la région de Stavropol, dans le sud du pays, entre la Mer Caspienne et la Mer Noir, Mikhaïl Gorbachev ne faisait pas partie de la « couche sociale intermédiaire[[1]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn1  » comme le mentionne Andrei Grachev[[2]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn2 .
 
Il fait des études de droit à l’Université de Moscou (МГУ) où il devient chef du bureau du Komsomol[[3]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn3  de l’Université avant d’être admis au parti communiste en 1952. C’est là qu’il rencontre celle qui va devenir son épouse, Raïssa, une brillante étudiante en philosophie.
De retour à Stavropol, Mikhaïl Gorbachev y gravira les échelons de l’administration locale jusqu’au poste de premier secrétaire du comité régional du Komsomol, en 1961. Puis, deux ans plus tard, il était à la tête du comité chargé des problèmes d’organisation du comité régional du parti communiste. En 1968, à trente sept ans, il devenait deuxième secrétaire du comité régional du parti.
 
Sa progression dans la direction du parti de la région de Stavropol lui permit de nouer des relations haut placées à Moscou, dans des conditions moins formelles qu’il n’aurait pu le faire dans la capitale. En effet, près de Stavropol se trouve la station thermale de Mineralnye Vody ou les dirigeants âgés aimaient venir se soigner. Stavropol était une sorte d’étape sur la route de la station.
 
C’est ainsi que, par exemple, Mikhaïl Gorbachev fit la connaissance de Iouri Andropov en 1969. Le chef du KGB se prit de sympathie pour le jeune dirigeant local et il protègera sa carrière jusqu’à sa mort. C’est en grande partie à lui que Mikhaïl Gorbachev devra sa progression au plus haut niveau de la hiérarchie à Moscou[[4]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn4 .
 
En avril 1970, il devenait secrétaire général du comité régional du parti communiste de la région de Stavropol, le plus jeune dirigeant de région de l’Union Soviétique.
Huit ans plus tard, il était nommé à Moscou comme secrétaire du comité central du parti. Il était, de nouveau, le plus jeune occupant de ce poste.
 
Mikhaïl Gorbachev est nommé secrétaire général du parti communiste d’Union soviétique à un moment où les dirigeants ont conscience que le système est sur le point de se bloquer complètement. D’autre part, le pays sort d’une série de funérailles nationales qui a sérieusement entamé son moral. Leonid Brejnev a été remplacé par deux secrétaires généraux qui ont tenu leur poste à peine un an chacun, soit trois enterrements en à peu près trois ans.
 
Ces deux éléments ont pesé dans la décision de choisir un « jeune » secrétaire. Mikhaïl Gorbachev a moins de 55 ans. Son arrivée provoque immédiatement un espoir extrêmement fort dans l’ensemble de la population. Le lancement de la « glaznost » encourage cet espoir et les stades se remplissent de jeunes qui scandent « peremen ! » (changement).
 
Mikhaïl Gorbachev lance aussi la « perestroïka », réforme économique qui autorise la propriété privée dans certaines conditions et aboutira en novembre 1986 à la loi sur les activités de travail individuel et à la création de sociétés privées.
 
La personnalité du nouveau secrétaire général et les premières annonces vont être à l’origine d’un immense espoir dans une population fatiguée d’entendre de vieux dirigeants répéter sans fin les mêmes discours auxquels plus personne ne croit, pas même ceux qui les prononcent. Les attentes de la population sont si fortes qu’elles en peuvent qu’être déçues.
 
En revanche, dans le domaine de la politique internationale, la vision avant-gardiste du nouveau maître du Kremlin fera des merveilles. Convaincu que l’énergie employée à entretenir la guerre froide pourrait être réorientée utilement vers les réformes intérieures et que la dissuasion nucléaire faisait courir un grand risque à l’ensemble de l’humanité, Mikhaïl Gorbachev lance alors des initiatives visant à provoquer une réelle détente dans les relations entre les deux blocs. A-t-il conscience à ce moment qu’il est en train de préparer la fin de l’Union Soviétique ? Certainement pas, car ce n’est pas son objectif. Il veut réorganiser et moderniser le système existant, pas le remplacer.
 
Pourtant, il s’agit d’un tournant stratégique de première importance. Il ne peut qu’être motivé par une nouvelle vision du monde en contradiction avec celle des dirigeants soviétiques qui l’ont précédé. Elle est d’ailleurs également en contradiction avec la vision qui domine dans le monde occidental. Certains analystes comme Gérard Grasset ont parlé d’intuition « l’intuition fulgurante des intérêts généraux, la conviction aussitôt acquise et fermement assurée[[5]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn5  ».
 
Dès le début de son mandat, il renvoie les dirigeants des républiques soviétiques à leurs responsabilités : « Je tiens à ce que vous sachiez que nous respecterons désormais les principes d’égalité entre les Etats et de non-ingérence dans la politique intérieure de nos voisins, principes que nous n’avons jamais réellement appliqués jusqu’ici. Vous êtes donc responsables du bon fonctionnement de vos institutions. Nous avons besoin de la perestroïka et nous allons l’appliquer chez nous. Libre à vous d’en faire de même[[6]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn6  ».
 
Il s’agit d’une prise de position de première importance. La Russie renonce à imposer sa loi par la force dans les pays du pacte de Varsovie. Ce jour là, vraisemblablement sans en avoir conscience, Mikhaïl Gorbachev vient de décider la fin de l’Union Soviétique. En effet, s’il avait employé la force, aucun de ces pays n’aurait pu résister.
 
La suite sera logique : le 8 décembre 1987, Mikhaïl Gorbachev et Ronald Reagan signent le traité de Washington sur les armes nucléaire à courte et moyenne portée. En mars 1988, les deux hommes se retrouvent à Genève. La Russie annonce son intention de se retirer d’Afghanistan. Le retrait sera effectif un an plus tard.
 
Le grand symbole sera, évidemment la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989. Elle a été la conséquence d’une évolution de la situation en Allemagne de l’Est que Moscou n’a pas cherché à bloquer. Fidèle à sa philosophie de non recours à la force, il a laissé la direction du pays libre de ses décisions. Mais cette direction n’était déjà plus maitresse de la situation. Mikhaïl Gorbachev avait la possibilité d’intervenir de façon décisive en Allemagne de l’Est. Il y avait là-bas à ce moment, en 1989, trois cent mille soldats d’élite soviétiques. Il ne l’a pas fait.
Ces évènements ouvrent une question d’importance capitale. Mikhaïl Gorbachev va-t-il accepter la réunification des deux Allemagnes et quelle sera la position de ce nouveau pays par rapport à l’Otan. Admettre une Allemagne réunifiée dans l’Alliance Atlantique, c’est y faire entrer un ancien membre du pacte de Varsovie.
 
La question sera discutée à plusieurs reprises entre la Russie et l’Allemagne et entre la Russie et les Etats-Unis. Finalement, Mikhaïl Gorbachev acceptera la réunification et même l’entrée de l’Allemagne réunifiée dans l’Otan si tel est le désir de sa population, mais en échange, il reçoit à plusieurs reprises la promesse que l’Alliance Atlantique ne cherchera pas à s’étendre à l’Est de ses limites du moment.
 
Le 2 décembre 1989, Mikhaïl Gorbachev et Georges H. Bush se retrouvent à Malte et cette promesse faite initialement par le chancelier allemand Helmut Kohl est confirmée par le président américain. Mikhaïl Gorbachev ne demandera pas de confirmation écrite de cette promesse. Ses concitoyens lui reprochent toujours ce qu’ils qualifient de « naïveté ».
Certains ont vu dans la réunion de Malte de la fin de la guerre froide. En effet, le communiqué final mentionne que « nous ne nous considérons plus comme des ennemis l’un pour l’autre ». L’enthousiasme de l’étranger vis à vis de Mikhaïl Gorbachev et de son action trouva une expression concrète dans l’attribution en 1990 du prix Nobel de la Paix.
 
Mais, parallèlement aux évolutions de la situation internationale, la situation générale à l’intérieur du pays se dégrade de plus en plus. Les choses bougent dans la République Soviétique de Russie sous l’impulsion de Boris Eltsine, l’adversaire intime de Mikhaïl Gorbachev. La République déclare sa souveraineté le 12 juin et Boris Eltsine se fait élire président de la République Soviétique de Russie. Il est élu au premier tour, au suffrage universel, ce qui renforce énormément sa position politique vis à vis de son adversaire.
 
Vers la fin de 1990 les attaques politiques contre Mikhaïl Gorbachev se multiplient, venant presque de tous les côtés du spectre politique. Anatoli Tcherniaiev, un de ses mentors politiques et fidèle entre les fidèles, remarquait dans son journal[[7]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn7  que « Mikhaïl Sergueievich commençait à présenter les symptômes de l’homme traqué ». Il faut dire que, sur le plan économique, la pérestroika était loin d’avoir donné les résultats espérés. Au printemps 1991, le souci principal de Mikhaïl Gorbachev était de trouver des devises pour acheter des vivres à l’étranger.
 
En politique internationale, Mikhaïl Gorbachev avait aussi de bonne raisons de se sentir abandonné par ses anciens « amis ». Après la dissolution du Pacte de Varsovie en mars 1991, les dirigeants occidentaux n’avaient plus grand-chose à attendre du Kremlin, ayant obtenu les concessions les plus importantes. De plus, ils commençaient à douter sérieusement de sa capacité à sauver la situation, même avec le soutien financier extérieur qu’il cherchait fébrilement. Au sommet du G7 de Londres, en juin 1991 où il venait demander une nouvelle aide économique, il fut traité avec condescendance et rentra les mains vides.
 
Le putsch d’août 1991 a fini de faire descendre Mikhaïl Gorbachev du piédestal sur lequel l’avaient fait monter les attentes et les espoirs de tout un peuple. Les événement de décembre paraissent maintenant, avec un peu de recul comme la suite logique de ce qui s’est passé alors. Le 8 décembre, les présidents des trois républiques slaves d’Union Soviétique[[8]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn8  se sont réunis dans la campagne biélorusse, à Belovejskaya Pouchia, près de Minsk et ont signé des documents constatant la disparition de l’Union Soviétique en tant que sujet de droit international.
 
Plus tard, le 21 décembre les présidents de onze des quinze républiques soviétiques (sans l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, et la Géorgie) entérinaient cette décision et s’entendaient pour que le siège de membre permanent du Conseil de Sécurité de l’Urss revienne à la Russie.
 
Suite à cette décision, Mikhaïl Gorbachev démissionnait de son poste le 25 décembre 1991 confirmant, si besoin en était la disparition de l’Union Soviétique.
 
Ainsi donc, en une période de moins de quatre ans, Mikhaïl Gorbachev a été la cheville ouvrière de la fin de la guerre froide et de la disparition de l’Urss. Pour Mikhaïl Gorbachev, l’origine de la fin de la guerre froide est la perestroïka de 1985 qui a tout rendu possible[[9]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn9 , et sa coopération ultérieure avec Ronald Reagan puis Georges H. Bush.
 
Comme nous le voyons, la fin de la guerre froide ne correspond pas à la disparition de l’URSS. De 1988 à 1990, les principaux leaders du monde occidental ont déclaré que la guerre était terminée. En décembre 1989, Georges H Bush et Mikhaïl Gorbachev l’ont annoncé à Malte, Jack Matlock, l’ambassadeur de Ronald Reagan à Moscou a écrit abondamment à ce sujet. Stephen Cohen[[10]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn10 , spécialiste américain de l’URSS et de la Russie l’a répété dans une interview en date du 17 avril 2015, confondre la fin de l’Union Soviétique et la fin de la guerre froide est une erreur historique.
 
Mais la date de la fin de la guerre froide n’est pas le seul problème qui reste à régler. Il y a aussi la façon dont cette guerre s’est terminée et qui ne ressemble pas à la fin d’un conflit.
En effet, la fin de la guerre de Cent ans a été marqué par le traité de Picquigny le 29 août 1475, les guerres d’Italie se terminent par La paix de Cateau-Cambrésis, conclue le 3 avril 1559, la première guerre mondiale se termine par l’armistice du 11 novembre 1918 et le traité de Versailles, la seconde guerre mondiale se termine par la signature de la capitulation sans conditions du IIIe Reich le 8 mai 1945, la guerre d’Algérie se termine le 18 mars 1962 par les accords d’Evian, la guerre de Corée le 27 juillet 1953 par la signature d’un pacte de non-agression, etc.
 
Mais la guerre froide qui n’en était pas une à proprement parler s’est terminée d’une façon non habituelle pour les guerres. Pas de vainqueur, pas de vaincu, ça on l’avait vu à la fin des guerres d’Italie, mais pas de conférence internationale qui règle la nouvelle situation, aucun accord formel. Cette absence de reconnaissance est à l’origine de beaucoup des problèmes posés aux relations entre la Russie actuelle et l’Occident.
 
En particulier le fait qu’il y ait ou non un vainqueur et un vaincu. En effet, les présidents Georges H. Bush et Mikhaïl Gorbachev avaient bien précisé à Malte que la guerre froide se terminait sans vainqueur ni vaincu. Du côté russe, Mikhaïl Gorbachev était simplement convaincu que c’est lui qui avait lancé ce processus.
 
Georges H. Bush s’en est tenu à cette position jusqu’à ce que les sondages le donnent second derrière Clinton pendant la campagne présidentielle américaine. A ce moment là, en 1992, il commença à expliquer que c’étaient les Etats-Unis et lui en particulier qui avaient gagné la guerre froide. Personne, alors, ne leur a disputé cette « victoire » car personne en Russie ne semblait vouloir prendre la responsabilité de la chute de l’Urss. Mais d’après le témoignage de Stephen Cohen et de sa femme Katrina vanden Heuvel[[11]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn11  qui connaissent bien Mikhaïl Gorbachev, ce dernier en fut profondément touché, se sentant trahi.
 
Cela ne suffira pas à Bush pour se faire réélire, mais cela ouvrira la voie à la politique de William Clinton, d’une incroyable arrogance, ligne favorisée par la faiblesse économique de la Russie des années 90 et son absence de direction politique. Les Etats-Unis ont commencé à considérer la Russie comme l’Allemagne ou le Japon de la fin de la seconde guerre mondiale. La Russie pourrait donc décider de sa politique intérieure dans une certaine mesure, elle serait autorisée à jouer un rôle dans les affaires internationales, mais comme un participant mineur soucieux des intérêts américains.
 
On retrouve cela dans les mémoires de Strobe Talbott, le secrétaire d’état adjoint de Clinton, pour qui les grandes déclarations d’amitié éternelle avec Boris Eltsine et de partenariat avec la Russie n’étaient que des bobards. Il y avait un courant fort de pensée dans l’administration Clinton pour qui la Russie était à terre et il fallait la maintenir là. Un des représentants de ce courant était Paul Wolfowitz[[12]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn12 , sous-secrétaire d’état de Georges H. Bush en 1992. Ce sont eux qui ont mené l’expansion de l’Otan vers les frontières russes.
 
Selon Stephen Cohen, une part de la responsabilité est également du côté russe et, en particulier du côté de Boris Eltsine. « Il était tellement désespérément à la recherche, non pas seulement de la reconnaissance de l’Amérique, mais de l’affection américaine. Il était si peu sûr de lui et, à mesure que sa santé déclinait de plus en plus captif des oligarques, qu’il voulait avoir autant d’importance pour Washington que Mikhaïl Gorbachev en avait eu. Il était près à faire et dire n’importe quoi pour Washington, jusqu’à la guerre de Serbie. C’est alors qu’il a réalisé que les Etats-Unis avaient leur propre programme et que ce programme incluait l’expansion de l’Otan. Mais il était trop tard, il avait usé tout son capital politique[[13]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftn13  ».
 
Après Boris Eltsine est venu Vladimir Poutine. Au début, en 2000, les médias système américain, particulièrement le « New York Times » et le « Washington Post » le présentaient comme un vrai démocrate qui, en plus, contrairement à son prédécesseur était sobre. Mais sous Vladimir Poutine, la Russie a commencé à relever la tête. Discrètement au départ. C’est la période où les problèmes intérieurs occupaient le plus clair du temps du président, celle où il a laissé les Etats-Unis gérer les problèmes du Moyen Orient à leur guise.
 
Comme le disait récemment Alexeï Poushkov, le président de la commission des affaires étrangères de la Douma fédérale, de passage à Paris, dans son style imagé, « A l’époque, nous étions encore des sortes d’écoliers face aux grandes capitales occidentales. » Mais l’écolier a grandi et même un peu trop vite au goût de ses professeurs. Un certain nombre d’habitudes avaient été prises dans les années 90, et quand la Russie a voulu siffler la fin de la récréation, son attitude a été considérée comme une agression, alors qu’elle ne faisait que réclamer la place qui, selon elle, lui revenait. Et le responsable de cette attitude arrogante était Vladimir Poutine. Il fallait absolument lui rendre le sens des réalités et le remettre à la place dont on avait décidé qu’elle serait la sienne.
 
Les maîtres du monde, occupés à gérer le chaos qu’ils avaient eux-mêmes organisés n’avaient pas vu la lente transformation de la Russie. Le premier coup d’arrêt organisé par la « Russie de Poutine », bien que cela se soit fait, d’ailleurs sous la présidence du « bon » Dimitri Medvedev, a été la guerre d’août 2008 avec la Géorgie. Puis sont venus les « affronts » politiques comme par exemple l’intervention de la Russie dans la crise organisée en Syrie, intervention qui a bloqué un processus d’intervention militaire presqu’enclenché.
 
La réponse des Etats-Unis a été une vaste entreprise de diabolisation de Vladimir Poutine. Ce n’était plus le vrai démocrate de 2000, mais un nouvel Hitler (rien que ça !). La diabolisation du président russe était la réaction quasi instinctive de gouvernants américains pris de cours et ne comprenant pas la Russie. A l’époque de la guerre froide, il y avait une école très forte de « soviétologues » qui comprenaient à peu près l’Union Soviétique. Cette école d’où étaient issus des gens comme Condoleezza Rice avait disparu. Comme le disait Henri Kissinger l’année dernière, la diabolisation de Poutine n’est pas une politique, c’est l’alibi d’une absence de politique.
 
Le drame, c’est que cette diabolisation interdit toute réflexion sérieuse sur ce qui se passe en Russie. Suivant la formule de Georges Bush junior, si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous. Si vous refusez la condamnation systématique de la politique russe, vous devenez automatiquement un suppôt, un espion de Poutine. On ne vous met pas en prison pour autant (McCarthy est mort) mais vous êtes rejeté de tous les médias système. Cela se passe ainsi en France aujourd’hui également. On ne discute plus, on condamne, on sanctionne. La situation est confortable pour les simples d’esprit, les paresseux et les peureux, car c’est justement le degré zéro de la réflexion. Comme l’explique Stephen Cohen dans l’interview mentionnée plus haut, « nous sommes comme des drogués en manque, nous ne sommes plus capables de penser à autre chose que notre obsession de Vladimir Poutine ».
 
Et de poursuivre, « notre politique post soviétique après 1991, en fait a été la poursuite de la guerre par d’autres moyens. A mon avis, la guerre froide n’est pas terminée. La tactique a changé, la stratégie aussi, peut-être, mais il n’y a pratiquement pas eu de pause ».
 
Que faire ? Laisser aller les choses jusqu’à la « guerre chaude » en Ukraine ? Attendre que les élections présidentielles donnent un nouveau président à l’Amérique ? Les candidats déclarés ou même potentiels ne donnent que peu d’espoir d’un changement de politique pour le meilleur.
 
L’Europe doit prendre son destin en main, s’éloigner d’un navire qui menace de sombrer avant qu’il ne l’entraine avec lui. Il ne s’agit pas de se retourner contre un ancien allié. Il s’agit de comprendre que cet allié n’a toujours eu qu’un objectif, son propre bien, son pouvoir. Quel homme politique responsable pourrait le lui reprocher ? Mais son programme n’est pas notre programme quoiqu’il cherche à nous faire croire.
 
Il se pourrait aussi que le navire Amérique ne sombre pas, que le dollar survive à la prochaine tempête, mais alors l’Europe resterait un vassal de cet empire diminué. La Russie s’est déjà tournée vers l’Est. Les Etats-Unis peuvent également se tourner vers le Pacifique. Que peut faire l’Europe ? Regardez une carte, elle restera isolée, une puissance de seconde zone, seule mais liée, peut-être, par un traité « commercial » qui aura terminé de couper les ailes de nos politiques.
 
Le monde ne peut rester dominé par les Etats-Unis. Ils n’en ont plus les moyens. Aucun autre pays ne rêve de prendre la place de nouvelle super puissance. Nous nous dirigeons vers un nouveau système multipolaire. Pour beaucoup en occident, le système multipolaire est considéré comme instable car il est associé au système qui a mené aux deux premières guerres mondiales. Il faudra donc faire évoluer les règles du jeu, ce ne sera pas simple, bien sûr, mais cela se fera, avec l’Europe ou sans l’Europe, avec la France ou sans la France. Je préfèrerais que cela se fasse avec la France !
 

[[1]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref1  « Dans le jargon du système soviétique, la couche des intellectuels qui n’appartenaient ni à la classe ouvrière, ni à la classe paysanne. Par extension, l’ensemble de l’élite, politique, artistique et culturelle. »
[[2]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref2  Andrei Gratchev in “Le Mystère Gorbatchev”, Editions du Rocher 2001.
[[3]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref3  Jeunesses communistes. La quasi totalité des étudiants faisaient parti du Komsomol jusqu’à l’âge de 24 ans environ. Ensuite, ils pouvaient devenir membres du parti communiste à condition d’être parrainés et après un stage de deux ans comme « candidat ».
[[4]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref4  Certains historiens russes ont écrit qu’une bonne partie des réformes introduites après 1985 avaient été ébauchées par Iouri Andropov.
[[5]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref5  Philippe Grasset, “Faits et Commentaires” du 6 décembre 2008, in www.dedefensa.org
[[6]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref6  cité par Nathan Gardels, in The WorldPost, 09/11/2014
[[7]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref7  Anatoli Tcherniaiev « Sovmestnyi iskhod. Dnevnik dvukh epokh 1972-1991 gody » Rosspen, Moskva, 2008. (en russe)
[[8]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref8  Boris Eltsine, pour la Russie, Leonid Kravtchouk, pour l’Ukraine et Stanislaw Chouchkievitch pour la Biélorussie
[[9]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref9  Interview de Mikhaïl Gorbatchev par Katrina vanden Heuvel et Stephen F. Cohen, publiée dans l’édition du 16 novembre 2009 du magazine américain “The Nation”
[[10]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref10  Professeur émérite de Princeton et de l’Université de New York.
[[11]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref11  Rédactrice en chef de l’hebdomadaire américain « The Nation ».
[[12]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref12  On se souvient de la « doctrine Wolfowitz », nom donné à un mémo sur la politique extérieure des Etats-Unis rédigé sous sa direction et qui a « fuité » dans le « New York Times » en 1992. Son caractère impérialiste ayant suscité un tollé général, le mémo a été réécrit sans lui.
[[13]]url:https://www.blogger.com/blogger.g?blogID=7184334934110441383#_ftnref13  Stephen Cohen dans une interview du 17 avril 2015 à Patrick L. Smith




___________________________________________________________
 

Le syndrome Tolstoïevsky
​Extrait de : 
http://blog.despot.ch/ 
Le blog de Slobodan Despot (en LIEN sur " u zinu"  :  
DESPOTICA Une plume dans les rouages Le blog de Slobodan Despot


 
Le problème, avec l’approche occidentale de la Russie, n’est pas tant dans le manque de volonté de comprendre que dans l’excès de volonté de ne rien savoir. 
Cette nation qui a donné Pouchkine et Guerre et Paix, Nijinsky et le Lac des Cygnes, qui a l’une des plus riches traditions picturales au monde, qui a classé les éléments de la nature, qui fut la première à envoyer un homme dans l’espace (et la dernière à ce jour), qui a produit des pelletées de génies du cinéma, de la poésie, de l’architecture, de la théologie, des sciences, qui a vaincu Napoléon et Hitler, qui édite les meilleurs manuels — et de loin — de physique, de mathématiques et de chimie, qui a su trouver un modus vivendi séculaire et pacifique, sur fond de respect et de compréhension mutuelle, avec ses Tatars et ses indénombrables musulmans, khazars, bouddhistes, Tchouktches, Bouriates et Toungouzes, qui a bâti la plus longue voie de chemin de fer au monde et l’utilise encore (à la différence des USA où les rails légendaires finissent en rouille), qui a minutieusement exploré et cartographié les terres, usages, ethnies et langues de l’espace eurasien, qui construit des avions de combat redoutables et des sous-marins géants, qui a reconstitué une classe moyenne en moins de quinze ans après la tiers-mondisation gorbatcho-eltsinienne, cette immense nation, donc, qui gouverne le sixième des terres émergées, est soudain traitée, du jour au lendemain, comme un ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie » civilisation ! 
L’Occident ressort la même guignolerie haineuse à chaque crise, depuis Ivan le Terrible à « Putler »-Poutine, en passant par le tsar Paul, la guerre de Crimée, le pauvre et tragique Nicolas II, et même l’URSS où tout succès était dit « soviétique » et tout échec dénigré comme « russe ». 
Des nations serviles qui accordent aux Américains un crédit illimité de forfaiture et de brigandage « parce-qu’ils-nous-ont-libérés-en-45 » n’ont pas un mot, pas une pensée de gratitude pour la nation qui a le plus contribué à vaincre l’hydre national-socialiste… et qui en a payé le prix le plus lourd. Ses élus sont traités en importuns, son président caricaturé avec une haine obsessionnelle, la liberté de mouvement et de commerce de ses citoyens, savants, universitaires et hommes d’affaires est suspendue au bon vouloir d’obscures commissions européennes dont les peuples qu’elles prétendent représenter ne connaissent pas le nom d’un seul membre, ni pourquoi il y siège plutôt qu’un autre larbin des multinationales. 
Mais tout ceci n’est encore rien. C’est dans l’ordre des choses. L’Occident et la Russie ne font que jouer les prolongations, à l’infini, du conflit Rome-Byzance en l’étendant aux continents voisins voire à l’espace interplanétaire. La vraie guerre des civilisations, la seule, est là. Barbare comme le sac de Constantinople, apocalyptique comme sa chute, ancienne et sournoise comme les schismes théologiques masquant de perfides prises de pouvoir. Tapie dans les replis du temps, mais prête à bondir et à mordre comme un piège à loups. C’est le seul piège, du reste, que l’empire occidental n’ait pas posé tout seul et qu’il ne puisse donc désamorcer. (Étant entendu que la menace islamique n’est que le produit des manœuvres coloniales anglo-saxonnes, de la cupidité pétrolière et de l’action de services d’État occupés à cultiver des épouvantails pour effrayer leurs propres sujets, puis à les abattre pour les convaincre de leur propre puissance et de leur nécessité.) 
La menace russe, elle, est d’une autre nature. Voici une civilisation quasi-jumelle, ancrée sur ses terres, consciente d’elle-même et totalement ouverte aux trois océans, à l’Arctique comme à l’Himalaya, aux forêts de Finlande comme aux steppes de Mongolie. Voici des souverains qui — depuis la bataille de Kazan remportée par ce même Ivan qui nous sert de Père Fouettard — portent le titre de Khans tatars en même temps que d’Empereurs chrétiens siégeant dans l’ultime Rome, la troisième, Moscou, qui fleurit au moment où Byzance gémissait sous l’Ottoman et le pape sous la verge de ses mignons. Voici une terre aux horizons infinis, mais dont les contours sont gravés dans l’histoire du monde, inviolables bien que diffus. Voici des gens, enfin, et surtout, aussi divers qu’on peut l’imaginer, mêlant au sein d’un même peuple le poil blond des Vikings aux yeux obliques et aux peaux tannées de l’Asie. Ils n’ont pas attendu le coup de départ du métissage obligé, les Russes, ils l’ont dans leur sang, si bien assimilé qu’ils n’y pensent plus. Les obsédés de la race au crâne rasé qu’on exhibe sur les chaînes anglo-saxonnes ont la même fonction que les coucous suisses : des articles pour touristes. 
Cela ressemble tellement à l’Europe. Et c’en est tellement loin ! Tellement loin que les infatigables arpenteurs des mers — génois, anglais, néerlandais, espagnols —, qui connaissent l’odeur de la fève de tonka et la variété des bois de Sumatra, ne savent rien de la composition d’un borchtch. Ni même de la manière dont on prononce le nom de cette soupe. Ce n’est pas qu’ils ne pourraient pas l’apprendre. C’est qu’ils n’en ont pas envie. Pas plus qu’ils ne veulent connaître, vraiment, l’esprit, les coutumes et la mentalité des immigrants exotiques qu’ils accueillent désormais par millions et qu’ils laissent s’agglutiner en ghettos parce qu’ils ne savent comment leur parler. 
J’ai dû, moi, petit Serbe, apprendre deux langues et deux alphabets pour entamer ma vie d’immigré. J’en ai appris d’autres pour mieux connaître le monde où je vis. Je m’étonne sincèrement de voir que mes compatriotes suisses ne savent pas, pour la plupart, les deux autres grandes langues de leur pays. Comment connaître autrui si vous ne savez rien de la langue qu’il parle ? C’est le minimum de la courtoisie. Et cette courtoisie, désormais, se réduit de plus en plus à des rudiments d’anglais d’aéroport. 
De même font les Russes, dont l’éducation intègre la culture ouest-européenne en sus de la leur propre. Où voit-on la réciproque, à l’ouest du Dniepr ? Depuis Pierre-le-Grand, ils se considéraient européens à part entière. Les artistes de la Renaissance et les penseurs des Lumières sont les leurs. Leontiev, le père Serge Boulgakov, Répine, Bounine, Prokofiev et Chestov sont-ils pour autant les nôtres ? Non, bien entendu. Parler français fut deux siècles durant la règle dans les bonnes maisons — et le reste encore parfois. Ils se sont intensément crus européens, mais l’Europe s’est acharnée à leur dissiper cette illusion. Quand les jeunes Russes vous chantent Brassens par cœur, vous leur répondez en évoquant « Tolstoïevsky ». L’Europe de Lisbonne à Vladivostok n’aura été réelle qu’à l’Est. Á l’Ouest, elle ne fut jamais que la projection livresque de quelques visionnaires. 
L’Europe de Lisbonne à Vladivostok ! Imagine-t-on la puissance, la continuité, le rayonnement, les ressources d’un tel ensemble ? Non. On préfère definitely se mirer dans l’Atlantique. Un monde vieillissant et ses propres outlaws mal dégrossis s’étreignant désespérément par-dessus la mer vide et refusant de voir dans le monde extérieur autre chose qu’un miroir ou un butin. Leurs derniers échanges chaleureux avec la Russie remontent à Gorbatchev. Normal : le cocu zélé avait entrepris de démonter son empire sans autre contrepartie qu’une paire de santiags au ranch de Reagan. Vingt ans plus tard, les soudards de l’OTAN occupaient toutes les terres, de Vienne à Lviv, qu’ils avaient juré de ne jamais toucher ! Au plus fort de la Gorbymania, Alexandre Zinoviev lançait son axiome que tous les Russes devraient apprendre au berceau : « Ils n’aimeront le tsar que tant qu’il détruira la Russie ! » 
« Ah, vous les Slaves ! » — ouïs-je souvent dire — « Quel don pour les langues ! » Je me suis longtemps rengorgé, prenant le compliment pour argent comptant. Puis, ayant voyagé, j’ai fini par comprendre. Ce n’est pas « nous les Slaves » qui avons de l’aisance pour les langues : c’est vous, les « Européens » qui n’en avez pas. Qui n’en avez pas besoin, estimant depuis des siècles que votre package linguistique (anglais, français, allemand, espagnol) gouverne le monde. Pourquoi s’escrimer à parler bantou ? Votre langue, étendard de votre civilisation, vous suffit amplement, puisqu’au-delà de votre civilisation, c’est le limes (comme au temps de César), et qu’au-delà du limes, mon Dieu… Ce sont les terres des Scythes, des Sarmates, des Marcheurs Blancs, bref de la barbarie. Voire, carrément, le bord du monde où les navires dévalent dans l’abîme infini. 
Voilà pourquoi le russe, pour vous, c’est du chinois. Et le chinois de l’arabe, et l’arabe de l’ennemi. Vous n’avez plus même, dans votre nombrilisme, les outils cognitifs pour saisir ce que les autres — qui soudain commencent à compter — pensent et disent, réellement, de vous. Ah ! Frémiriez-vous, si vous pigiez l’arabe des prédicateurs de banlieue ! Ah ! Railleriez-vous si vous entraviez des miettes de ce que les serveurs chinois du XIIIe dégoisent sur vous. Ah ! Ririez-vous s’il vous était donné de saisir la finesse de l’humour noir des Russes, plutôt que de vous persuader à chacun de leurs haussements de sourcil que leurs chenilles sont au bord de votre gazon. 
Mais vous ne riez pas. Vous ne riez plus jamais. Même vos vaudevilles présidentiels sont désormais commentés avec des mines de fesse-mathieu. Vous êtes graves comme des chats qui caquent dans votre quiétude de couvre-feu, alors qu’eux, là-bas, rient, pleurent et festoient dans leurs appartements miniatures, leur métro somptueux, sur leur banquise, dans leurs isbas et jusque sous les pluies d’obus. 
Tout ceci n’est rien, disais-je, parlant du malentendu historique qui nous oppose. La partie grave, elle arrive maintenant. Vous ne leur en voulez pas pour trois bouts d’Ukraine dont vous ignoriez jusqu’à l’existence. Vous leur en voulez d’être ce qu’ils sont, et de ne pas en démordre ! Vous leur en voulez de leur respect de la tradition, de la famille, des icônes et de l’héroïsme — bref, de toutes les valeurs qu’on vous a dressés à vomir. Vous leur en voulez de ne pas organiser pour l’amour de l’Autre la haine du Soi. Vous les enviez d’avoir résolu le dilemme qui vous mine et qui vous transforme en hypocrites congénitaux : Jusqu’à quand défendrons-nous des couleurs qui ne sont pas les nôtres ? 
Vous leur en voulez de tout ce que vous avez manqué d’être ! 
Ce qui impressionne le plus, c’est la quantité d’ignorance et de bêtise qu’il vous faut déployer désormais pour entretenir votre guignolerie du ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la « vraie » civilisation. Car tout la dément : et les excellentes relations de la Russie avec les nations qui comptent et se tiennent debout (BRICS), et le dynamisme réel de ce peuple, et l’habileté de ses stratèges, et la culture générale du premier Russe venu, par opposition à l’inculture spécialisée du « chercheur » universitaire parisien qui prétend nous expliquer son obscurantisme et son arriération. C’est que ce ramassis de brutes croit encore à l’instruction et au savoir quand l’école européenne produit de l’ignorance socialisée ; croit encore en ses institutions quand celles de l’UE prêtent à rire ; croit encore en son destin quand les vieilles nations d’Europe confient le leur au cours de la Bourse et aux banquiers de Wall Street. 
Du coup, la propagande a tout envahi, jusqu’à l’air qu’on respire. Le gouvernement d’Obama prend des sanctions contre le régime de Poutine : tout est dit ! D’un côté, Guantanamo, les assassinats par drones aux quatre coins du monde, la suspension des droits élémentaires et le permis de tuer sans procès ses propres citoyens — et, surtout, vingt-cinq ans de guerres coloniales calamiteuses, sales et ratées qui ont fait du Moyen-Orient, de la Bosnie à Kandahar, un enfer sur terre. De l’autre, une puissance qui essaie pas à pas de faire le ménage à ses propres frontières, celles justement dont on s’était engagé à ne jamais s’approcher. Votre gouvernement contre leur régime… 
Savez-vous de quoi vous vous privez en vous coupant ainsi, deux fois par siècle, de la Russie ? Du refuge ultime de vos dissidents, en premier lieu du témoin capital Snowden. Des sources d’une part considérable de votre science, de votre art, de votre musique, et même, ces jours-ci, du dernier transporteur capable d’emmener vos gens dans l’espace. Mais qu’importe, puisque vous avez soumis votre science, votre art, votre musique et votre quête spatiale à la loi suicidaire du rendement et de la spéculation. Et qu’être traqués et épiés à chaque pas, comme Snowden vous l’a prouvé, ne vous dérange au fond pas plus que ça. Á quoi bon implanter une puce GPS à des chiens déjà solidement tenus en laisse ? Quant à la dissidence… Elle n’est bonne que pour saper la Russie. Tout est bon pour saper la Russie. Y compris les nazis enragés de Kiev que vous soutenez sans gêne et n’hésitez pas à houspiller contre leurs propres concitoyens. Quelle que soit l’issue, cela fera toujours quelques milliers de Slaves en moins… 
Que vous a-t-il donc fait, ce pays, pour que vous en arriviez à pousser contre lui les forces les plus sanguinaires enfantées par la malice humaine : les nazis et les djihadistes ? Comment pouvez-vous songer à contourner un peuple étendu sur onze fuseaux horaires ? En l’exterminant ou en le réduisant en esclavage ? (Il est vrai que « toutes les options sont sur la table », comme on dit à l’OTAN.) Destituer de l’extérieur un chef d’État plus populaire que tous vos polichinelles réunis ? Êtes-vous déments ? Ou la Terre est-elle trop petite, à vos yeux, pour que l'« Occident » puisse y cohabiter avec un État russe ? 
C’est peut-être cela, tout compte fait. La Russie est l’avant-poste, aujourd’hui, d’un monde nouveau, de la première décolonisation véritable. Celle des idées, des échanges, des monnaies, des mentalités. Á moins que vous, atlantistes et eurocrates, ne parveniez à entraîner la nappe dans votre chute en provoquant une guerre atomique, le banquet de demain sera multipolaire. Vous n’y aurez que la place qui vous revient. Ce sera une première dans votre histoire : mieux vaut vous y préparer. 
Slobodan Despot 



_______________________________________________________________________________________________________________________


ENTRETIEN POUTINE - Paul Craig Roberts


Par Paul Craig Roberts – Le 24 juin 2015 – Source : Counterpunch
Traduit par Gabriel, relu par jj et Diane pour Le Saker Francophone
 
Préambule
Mathieu 7-15 : Gardez-vous des faux prophètes... 7-16 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ? 7-17 Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits...
Face aux tombereaux d'invectives déversés sans répit sur Poutine, il est bon de prendre un peu de recul. Paul Craig Roberts présente ici, et commente, une entrevue entre Charlie Rose , journaliste animateur de télévision à CBS, néocon notoire, fréquentant assidûment le Club de Bilderberg, donc peu enclin à la mansuétude à l'endroit de Poutine. Ce dernier fait un tour d'horizon exhaustif de tous les conflits chauds en cours, sans langue de bois. L'entrevue est longue mais vaut le détour. Écoutez ce qu'il a à dire.
Le Saker Francophone
Les mensonges à propos du président de la Russie sont devenus si grossiers, menaçant le monde d’une guerre dévastatrice, que des Américains éminents se sont regroupés pour fonder le Comité américain pour l’entente Est-Ouest. Les membres fondateurs sont : l’ancien sénateur américain Bill Bradley, Amb. Jack Matlock qui était ambassadeur américain auprès de l’Union soviétique pendant la présidence de Reagan. À ces noms s’ajoutent les membres suivants de l’administration de George HW Bush : William J. Van den Heuvel, qui était ambassadeur américain à l’ONU pendant l’administration Carter, John Pepper, qui est l’ancien président et chef de la direction de Proctor Gamble, Gilbert Doctorow qui est un homme d’affaires avec un quart de siècle d’expérience en affaires avec la Russie, et les professeurs Ellen Mickiewicz de l’Université Duke et Stephen Cohen de l’Université de Princeton et New York University.
Il est extraordinaire que la coopération entre la Russie et les États-Unis forgée au fil des décennies par les gouvernements successifs, à commencer par John F. Kennedy et aboutissant à la fin de la guerre froide avec les accords Reagan-Gorbatchev, ait été détruite par une poignée de néoconservateurs américains bellicistes durant les dix-huit derniers mois. Le résultat d’un effort de 40 ans anéanti du jour au lendemain par une poignée de fauteurs de guerre insensés qui croient que Washington dispose d’un droit à l’hégémonie mondiale.
Le problème a commencé avec le président Clinton qui a violé la promesse faite aux Russes que l’Otan ne s’étendrait pas en Europe de l’Est. Cette violation de la promesse américaine a été suivie par la décision unilatérale de George W. Bush de se retirer du Traité sur les missiles anti-balistiques, et de changer la doctrine militaire des États-Unis, pour permettre une attaque nucléaire préventive sur d’autres pays, principalement la Russie.
Ces provocations ont été suivies par l’annonce du déploiement de bases de missiles américains aux frontières de la Russie.
Le régime Obama a ajouté un coup d’État en Ukraine, longtemps une partie de l’URSS, et la mise en place d’un gouvernement vassal des États-Unis qui menace la sécurité russe.
Dans le passé, de telles provocations auraient conduit, sinon à la guerre, au moins à des contre-provocations. Cependant, Vladimir Poutine est un personnage calme et réfléchi, heureusement pour l’espèce humaine. Il se plaint poliment des provocations, mais continue de se référer à Washington et aux pseudo-gouvernements des états vassaux de Washington comme à des partenaires, même si il sait qu’ils ont décidé la perte de la Russie.
Poutine répond aux menaces, aux sanctions illégales et à l’incessante propagande par des déclarations rappelant que les gouvernements doivent respecter les intérêts nationaux des uns et des autres et travailler ensemble pour leur bénéfice commun. Aucun homme politique en Occident ne parle plus de cette façon. Les politiciens occidentaux, y compris des non-entités telles que le caniche de Washington, le ministre britannique Cameron, profèrent des menaces et des insultes violentes qui rendent les menaces d’Adolf Hitler douces en comparaison. La Russie pourrait détruire le Royaume-Uni en quelques minutes, et nous avons le spectacle adressé par le crétin Cameron, Premier ministre britannique, à la Russie malgré le fait que le Royaume-Uni ne soit même pas capable d’apporter une force significative où que ce soit, afin d’affronter la Russie. Le caniche Cameron se repose sur Washington, tout comme le gouvernement débile polonais se repose sur la garantie britannique.
Les idiots de Washington pensent qu’ils isolent la Russie, mais ce que font ces imbéciles est de couper Washington et ses vassaux du reste du monde. Les grands pays importants de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique du Sud sont alliés avec la Russie, pas avec Washington. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont créé leur propre banque de développement et commercent entre eux dans leurs propres devises sans utiliser le dollar américain en faillite, la monnaie de réserve du monde .
Enregistrez bien l’adresse Web de la Commission américaine pour l’entente Est Ouest, suivez et soutenez leur travail. Ne comptez pas sur les médias de la presse prostituée. Robert Parry a récemment décrit, de façon précise, le New York Times comme étant la version washingtonienne du Big Brother de l’émission Deux Minutes de Haine décrite par Georges Orwell dans son livre 1984.
Le visage de Poutine est l’image que le vaisseau amiral de la presse prostituée, le New York Times, fait clignoter sur l’écran pour inculquer la haine de l’ennemi. La haine de l’ennemi entretient la poursuite des guerres de Washington et conditionne les Américains à accepter la perte de leurs libertés élémentaires telles que l’habeas corpus. Les procédure judiciaires légales et le droit inaliénable de vivre s’effritent sous leurs yeux vides, aveuglés par la propagande.
À Saint-Pétersbourg vient de se terminer le Forum économique international auquel j’étais invité, mais n’ai pas pu me rendre, ce que je regrette, j’aurais pu être présenté à Poutine. Ce dernier a donné une assurance crédible, à un large éventail d’entreprises étrangères présentes, que la Russie était concernée par la primauté du droit et que leurs activités en Russie sont en sécurité. Si vous croyez en tant soi peu à la propagande alimentée par les médias prostitués occidentaux, y compris Bloomberg, au sujet de l’effondrement de l’économie russe, vous pouvez vous libérer des mensonges en lisant le compte rendu de Poutine sur l’économie russe.
L’entrevue qu’il a accordée au champion de la presse prostituée américaine, Charlie Rose, est du plus grand intérêt. Pour votre information, voici l’entretien :
Entretien du président de la Russie et d’autres parties au Forum économique international de Saint-Pétersbourg
Charlie Rose : Monsieur le Président, je voudrais commencer par dire que je suis heureux d’être ici dans votre ville de résidence, l’endroit où vous avez commencé votre carrière politique. Ceci est aussi une ville historiquement importante – la Russie est née ici comme un empire. 
Il y a quelques problèmes très graves qui ne peuvent être résolus que si la Russie prend des mesures, si vous y prenez part. Nous parlons de la politique économique, de la politique étrangère, de l’Ukraine, des pays baltes, de l’Europe, de la Syrie, de l’Iran, de la Chine et de la Russie. Il y a beaucoup de questions, il y a des problèmes, et il y a des conflits. La Russie doit jouer son rôle dans la recherche de solutions à de nombreux problèmes. Il y a la question des frontières, la question de la Russie et de l’Ukraine. Pourriez-vous nous aider à comprendre comment vous le voyez ? Où en sommes-nous ? Comment y sommes-nous y arrivés et où allons-nous ?
Vladimir Poutine : D’abord, je tiens à vous remercier d’avoir accepté de travailler avec nous aujourd’hui et modérer cette réunion. Ce forum est appelé Forum économique international de Saint-Pétersbourg. Je voudrais me concentrer sur les questions économiques. Cependant, je suis d’accord avec vous que, sans résoudre un certain nombre de situations critiques aiguës, il est difficile de se faire un chemin dans le domaine économique.
Nous avons discuté des développements en Ukraine à de nombreuses reprises, et je comprends que cela est inévitable. Cependant, vous le savez, nous parlons de l’Ukraine tout le temps, il y a quelques années, nous parlions de la crise en Irak, par exemple et dans d’autres pays. Nous parlons sans cesse de choses qui sont déjà arrivées, mais nous ne discutons jamais des raisons pour lesquelles elles se sont produites. Et si vous voulez parler de ce sujet, et il semble en effet important, je préférerais commencer précisément par cela, les raisons.
Pourquoi avons-nous une crise en Ukraine ? Je suis convaincu que, après la disparition du prétendu système bipolaire, en 1991, lorsque l’Union soviétique a disparu de la carte politique du monde, certains de nos partenaires dans l’Ouest, y compris et surtout les États-Unis bien sûr, étaient dans une sorte d’état euphorique. Au lieu de développer de bonnes relations de voisinage et des partenariats, ils ont commencé à développer le nouvel espace géopolitique dont ils pensaient qu’il était inoccupé. Ceci, par exemple, a causé la poussée vers l’Est du bloc de l’Atlantique Nord, l’Otan, avec de nombreux autres développements.
J’ai beaucoup réfléchi sur les raisons de ce qui se passe et j’en suis finalement venu à la conclusion que certains de nos partenaires ont eu l’illusion que l’ordre du monde créé après la Seconde Guerre mondiale, incluant une puissance mondiale telle que l’Union soviétique, n’existait plus, qu’une espèce de vide s’était créé, qui devait être comblé rapidement. Je pense qu’une telle approche est une erreur. C’est comme ça que nous sommes retrouvés avec le problème irakien, et nous savons que, même aujourd’hui, il y a beaucoup de gens aux États-Unis qui pensent que des erreurs ont été commises en Irak. Et pourtant ils les répètent toutes en Libye. Maintenant, ils sont arrivés en Ukraine.
Nous n’avons pas provoqué la crise en Ukraine. Il n’y avait aucune nécessité de soutenir le coup d’État anti-constitutionnel, comme je l’ai dit à maintes reprises, qui a finalement conduit à une vive résistance sur le territoire de l’Ukraine, à une guerre civile, en fait.
Où allons-nous maintenant ? Je ne voudrais pas entrer trop profondément dans le sujet ici. Aujourd’hui, nous devons d’abord nous conformer à tous les accords conclus à Minsk, la capitale de la Biélorussie. Je voudrais réitérer que nous n’aurions jamais signé ce document s’il avait contenu quelque chose qui ne nous satisfaisait pas. Maintenant que nous avons signé, nous allons travailler pour atteindre sa pleine application.
Dans le même temps, je voudrais attirer votre attention et celle de tous nos partenaires sur le fait que nous ne pouvons pas le faire unilatéralement. Nous ne cessons d’entendre la même chose, répétée comme un mantra – que la Russie devrait influencer le sud-est de l’Ukraine. Nous le faisons. Toutefois, il est impossible de résoudre le problème par le moyen de notre seule influence dans le sud-est. Il doit aussi y avoir une influence sur les autorités officielles actuelles à Kiev, ce que nous ne pouvons pas faire. Ceci est la part de travail de nos partenaires occidentaux – celle de l’Europe et de l’Amérique. Travaillons ensemble.
Charlie Rose : Que voulez-vous du gouvernement de Kiev, que doivent-ils faire ?
Vladimir Poutine : Nous ne voulons rien. Les habitants de l’Ukraine devraient vouloir que le gouvernement ukrainien fasse quelque chose, ou pas.
Nous croyons que, pour régler la situation, nous devons mettre en œuvre les accords de Minsk, comme je le disais. Les éléments d’un règlement politique sont la clé ici. Il y en a plusieurs.
Le premier est la réforme constitutionnelle ; les accords de Minsk disent clairement : donner l’autonomie ou, comme ils disent, décentraliser le pouvoir, alors soit, appelons ça la décentralisation. Ceci est tout à fait clair, nos partenaires européens, la France et l’Allemagne, l’ont dit, et nous sommes tout à fait satisfaits avec cela, tout comme les représentants du Donbass le sont. Ceci est une composante.
La deuxième chose qui doit être faite : la loi adoptée plus tôt sur le statut spécial de ces territoires, Lougansk et de Donetsk, les républiques non reconnues, devrait être promulguée. Elle a été adoptée, mais toujours pas appliquée. Cela nécessite une résolution de la Rada suprême – le Parlement ukrainien – qui est également prévue par les accords de Minsk.
Nos amis à Kiev ont formellement respecté cette décision, mais en même temps que l’adoption de la résolution sur la promulgation de la loi, ils ont modifié la loi elle-même, l’article 10, je crois, ce qui rend pratiquement l’action nulle et non avenue. Ceci est une simple manipulation, et ils doivent arrêter les manipulations et agir sérieusement.
La troisième chose est une loi d’amnistie. Il est impossible d’avoir un dialogue politique avec des gens qui sont menacés de poursuites criminelle. Et enfin, ils ont besoin d’adopter une loi sur les élections municipales dans ces territoires et y organiser des élections. Tout cela est énoncé dans les accords de Minsk, et je voudrais attirer votre attention là-dessus, tout cela doit être fait avec l’accord de Donetsk et Lugansk.
Malheureusement, nous ne voyons toujours pas de dialogue direct, seulement quelques signes, mais trop de temps est passé après la signature des accords de Minsk. Je le répète, il est important aujourd’hui d’avoir un dialogue direct entre Lugansk, Donetsk et Kiev – cela manque. Enfin, ils doivent commencer la reconstruction économique de ces territoires, bien sûr.
Je voudrais répéter quelque chose que j’ai déjà dit à maintes reprises : l’excuse « nous n’avons pas d’argent » ne fonctionne pas ici. Si les autorités actuelles à Kiev estiment que le Donbass est un territoire ukrainien habité par des citoyens ukrainiens, ceux-ci ont le droit de recevoir, par exemple, les prestations d’invalidité ou les pensions qu’ils gagnaient en vertu de la loi ukrainienne existante ; les autorités de Kiev ne peuvent pas refuser de payer, ils n’ont tout simplement pas le droit de le faire. Ils violent leur propre Constitution. Tout cela doit être fait, non pas en paroles, mais dans la pratique.
Charlie Rose : Comme vous le savez, les États-Unis d’Amérique croient que vous armez les séparatistes, que vous les encouragez, que vous engagez les forces armées russes pour alimenter le conflit. Il existe une forte préoccupation que cela pourrait conduire à une nouvelle guerre froide.
Vladimir Poutine : Vous savez, ce ne sont pas les conflits locaux qui provoquent une guerre froide, mais les décisions mondiales – comme le retrait des États-Unis du traité de défense antimissile. C’est une étape qui nous pousse vers une nouvelle spirale de la course aux armements, car il change le système de la sécurité mondiale.
Comme pour les conflits régionaux, les parties en conflit – et je souligne – trouvent toujours des armes. Cela est vrai dans l’est de l’Ukraine aussi.
Je tiens à dire que si cette situation est résolue par des moyens politiques, les armes ne seront pas nécessaires ; mais elle exige de la bonne volonté et un désir d’entrer en dialogue direct, et nous aiderons à cela. Ce que nous ne pouvons pas faire et ne pourrions jamais accepter est que quelqu’un, quelque part, n’importe où, procède à partir d’une position de force : d’abord l’utilisation de la police (ils appellent ça la milice là-bas), puis des services spéciaux, enfin des forces armées.
Avant que les unités de l’armée et les soi-disant bataillons – unités armées nationalistes – ne soient apparus sur ces territoires, il n’y avait pas d’armes là-bas ; et il n’y en aurait toujours pas s’ils avaient essayé de résoudre la situation par des moyens pacifiques dès le début. Les armes ne sont apparues après qu’ils ont commencé à tuer des gens à l’aide de chars, d’artillerie, de systèmes de lance-roquettes multiples et d’aviation. Cela a donné naissance à une résistance. Une fois qu’une tentative sera faite pour résoudre le problème par des moyens politiques, les armes partiront.
Charlie Rose : Quelles sont les frontières acceptables pour l’Ukraine, pour la Russie ? Que frontières trouvez-vous acceptables ?
Vladimir Poutine : Que voulez-vous dire quand vous parlez des frontières : les frontières géographiques, les frontières politiques ?
Charlie Rose : Les frontières politiques.
Vladimir Poutine : En ce qui concerne la coopération, nous avons toujours dit et continuons à dire – il n’y a rien de nouveau ici – qu’avec toutes les difficultés actuelles, j’ai toujours pensé que les Russes et les Ukrainiens sont un peuple, un groupe ethnique, à tout le moins ; chacun avec ses propres particularités et caractéristiques culturelles, mais avec une histoire commune, une culture commune et des racines spirituelles communes. Quoi qu’il arrive, dans le long terme la Russie et l’Ukraine sont vouées à un avenir commun.
Nous avons procédé dès le début de l’idée que l’Ukraine a le droit de faire son choix – civilisationnel, politique, économique ou autre. Ce n’est pas un secret : nous savons tous que la Russie a effectivement été à l’origine de la désintégration de l’Union soviétique et a rendu leur souveraineté à tous ces pays. Rien n’a changé depuis lors. Cependant, en dehors des liens que j’ai mentionnés auparavant, ceux qui ont pris forme au fil des décennies, des choses très spécifiques dans le présent tiennent la Russie et l’Ukraine ensemble : nous avons une infrastructure commune d’ingénierie, d’énergie, de transports en commun, des règles communes, et ainsi de suite… Nous sommes tenus ensemble par la même langue. Maintenant, tout cela concerne la Russie et ses intérêts.
Nous sommes toujours partis de l’idée que nous allons résoudre tout, même les différends, par la voie des négociations – et il est naturel que des voisins aient des différends. Toutefois, si certaines tierces parties s’impliquent dans ces négociations, nous attendons d’elles qu’elles prennent en compte nos intérêts aussi, plutôt que de nous proposer tout simplement leur solution. Si vous demandez ce que nous attendons dans le sens politique, nous nous attendons à un dialogue global, égalitaire et fondé sur la confiance.
Charlie Rose : Je voudrais revenir plus tard à l’Ukraine, parlons des relations de la Russie avec un certain nombre d’autres pays, dont les États-Unis et la Chine. Pouvez-vous caractériser la relation avec les États-Unis : ce qui va, ce qui ne va pas, avec eux. Qu’est-ce-qui manque ?
Vladimir Poutine : En d’autres termes, où nous avons des développements positifs et où nous avons des problèmes.
Je vais commencer par les problèmes. Le problème est que nous sommes obligés d’accepter les normes et les solutions des autres sans tenir compte de notre compréhension de nos propres intérêts. On nous raconte qu’en fait, les États-Unis savent mieux que nous ce qu’il nous faut. Qu’on nous laisse décider nous-mêmes où sont nos intérêts et nos besoins, à partir de notre propre histoire et de notre culture.
Charlie Rose : Comment, exactement, est-ce que les États-Unis décident de ce dont vous avez besoin ?
Vladimir Poutine : En interférant dans nos processus politiques internes, y compris en finançant le secteur non public [les ONG pro-américaines, NdT], et en imposant des décisions de sécurité internationales.
Par exemple, je l’ai déjà mentionné précédemment en l’Irak, et cela avait immédiatement refroidi nos relations. Vous souvenez-vous de la déclaration « Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous » ? Vous appelez cela un dialogue ? C’est un ultimatum. Vous ne devriez pas utiliser des ultimatums en nous parlant.
Maintenant sur les choses qui nous unissent – et il y en a. Nous sommes unis par la volonté de lutter contre les menaces communes à terme, y compris le terrorisme, l’expansion de la drogue et une tendance très dangereuse à la prolifération des armes de destruction massive. Il y a aussi des problèmes d’interaction humanitaire, comme la lutte contre les infections sévères qui ont frappé des régions entières du monde. Il y a des questions relatives à l’économie mondiale, ce qui a à voir avec le secteur sur lequel nous avons une influence significative directe, l’énergie. Il y a aussi d’autres domaines où nous coopérons avec beaucoup de succès et j’espère que cela servira de base et rendra possible pour nous de rétablir nos relations antérieures et de progresser.
Quant à la République populaire de Chine, le niveau, la nature et la confiance de nos relations ont probablement atteint un niveau sans précédent dans toute leur histoire. Depuis 40 ans – je voudrais que chacun entende cela – pendant 40 ans, nous avons négocié les questions frontalières. Nous avons trouvé des compromis et des solutions ; nous avons rencontré l’autre à mi-chemin et réglé la question. Quarante ans ! Nous avons pas réussi à résoudre ces questions avec tous les pays. Par ailleurs, nous développons des liens économiques, nous coopérons activement au sein des organisations internationales et de l’Organisation des Nations Unies.
Nous créons de nouvelles organisations qui se développent très activement et sont de plus en plus attrayantes pour de nombreux autres pays : il s’agit de l’Organisation de coopération de Shanghai, par exemple. Elle a été initialement créée pour résoudre les problèmes frontaliers après la désintégration de l’Union soviétique, mais elle s’est ensuite développée et maintenant c’est une organisation que d’autres pays souhaitent rejoindre. Très probablement lors du prochain sommet à Oufa (notre prochain sommet est en Bachkirie), nous allons décider d’accepter l’Inde et le Pakistan. Nous développons également d’autres formes de coopération, avec les BRICS, par exemple.
Dans mon discours, je parlais de l’intégration de nos efforts au sein de l’Union économique eurasienne, de la ceinture économique et de la Route de la soie. En d’autres termes, nous développons nos relations dans ce domaine aussi. La Chine est notre partenaire économique et commercial majeur. Nos relations se développent de manière très efficace.
Charlie Rose : Certains disent que c’est une relation naturelle parce que la Chine a de l’argent et que la Russie dispose de ressources naturelles, il y a donc là une affinité naturelle.
Vladimir Poutine : Vous devriez lire ce que les analystes américains écrivent. Je suis sûr que vous le faites tout en prétendant que non. Les analystes américains, politologues et économistes, disent que les États-Unis se tournent également vers la Chine. La Chine est une économie en croissance. Si quelqu’un a des inquiétudes sur une baisse de leurs taux de croissance, le Premier Vice-Président du Conseil d’État de Chine a dit que 7% est la plus forte croissance économique dans le monde cette année, dans tous les cas.
Il n’y a pas que la Russie qui s’intéresse à l’Asie. Pourquoi ? Le monde entier regarde vers l’Asie, et l’Europe est également à la recherche des moyens de développer ses relations, alors que pour nous cela vient naturellement – nous sommes des voisins et c’est une affinité naturelle. En outre, il y a certaines valeurs que nous défendons en commun sur la scène internationale avec un certain succès, comme l’égalité d’accès à la résolution des grands problèmes internationaux.
Charlie Rose : Est-ce une affinité plus naturelle que l’Europe et les États-Unis ? La Chine est-elle à l’avenir une place où la Russie se sent plus à l’aise qu’avec l’Europe ou les États-Unis ? Et cela pourrait-il conduire à une alliance anti-occidentale ?
Vladimir Poutine : Anti-occidentale ?
Charlie Rose : Anti-occidentale, anti-américaine.
Vladimir Poutine  : Il n’y a aucun pays, y compris la Chine, contre lequel nous ou la Chine, pour autant que je comprends la politique de la Chine, allons construire notre politique. Nous ne formons pas d’alliance contre, nous construisons des alliances pour des réalisations – en faveur de la mise en œuvre de nos intérêts nationaux.
Je tiens à souligner : vous étendez le bloc de l’Atlantique Nord, l’Otan. L’Union soviétique a disparu, le bloc avait été mis en place pour contrebalancer l’Union soviétique. L’Union soviétique a disparu, le Traité de Varsovie a disparu, tandis que l’Otan non seulement existe encore, mais est en pleine expansion. Vous le faites, alors que la Chine et nous ne créons pas des blocs, nous ne disposons pas d’une mentalité de bloc, nous essayons, avec succès semble-t-il, de penser globalement, non seulement le partage des responsabilités, mais aussi de trouver des solutions et des compromis mutuellement acceptables. Nous ne procédons pas à partir d’une position de force. Nous recherchons toujours des solutions, des solutions dans le processus de négociations.
Charlie Rose : Nous avons lu beaucoup sur vous et votre pays ; il y a trois choses que je vois constamment. L’une est le sentiment de vouloir être respecté, une autre est d’avoir une conversation sur un pied d’égalité, une troisième est un sentiment, peut-être lié à votre histoire, une grande préoccupation au sujet des frontières nécessitant une zone tampon pour la Russie. Est-ce bien cela ?
Vladimir Poutine  : Vous savez, je l’entends tout le temps : la Russie veut être respectée. N’est-ce pas ? Qui ne le veut pas ? Qui veut être humilié ? C’est une question vraiment étrange. Comme si c’était un droit exclusif – la Russie exige le respect. Est-ce que quelqu’un aime à être négligé ? En fait, il ne s’agit pas d’une question de respect ou d’absence de celui-ci – nous voulons assurer nos intérêts sans pour autant nuire à nos partenaires. Cependant, nous comptons sur un dialogue constructif, direct et important. Quand on constate une absence de dialogue, ou une absence de désir de nous parler, cela provoque naturellement une réponse appropriée.
Je vais vous raconter une histoire intéressante, qui a à voir avec le partenariat dit oriental dont nos collègues en Europe occidentale font la promotion. Cette idée, d’ailleurs, est aussi activement soutenue aux États-Unis. Notre première réaction à l’idée d’un partenariat oriental a été très positive. Pourquoi ? Parce que nous sommes partis de la notion que la Russie et les pays de l’Est sont maintenues ensemble par mille liens, notamment économiques. Ce sont des règlements techniques communs, comme je le disais, des infrastructures communes, et ainsi de suite. Par conséquent, nous avons raisonné à partir de l’idée que si l’Europe a commencé à travailler avec eux, en les développant en quelque sorte, cela conduirait inévitablement à une interaction constructive avec la Russie. Et nous allions travailler ensemble. Nous discuterions, en opposition sur certaines choses, en accord sur d’autres, mais nous serions arrivés à des solutions communes qui nous permettraient de construire un nouvel espace économique et, finalement, humanitaire et politique.
Malheureusement, rien de tout cela n’est jamais arrivé. Comment la crise en Ukraine, que vous avez lancée, s’est-elle produite ? L’Ukraine s’est vu proposer un accord d’association. Magnifique. Cependant, tout le monde sait que l’Ukraine est un membre de la zone de libre-échange au sein de la Communauté des États indépendants, la CEI (que l’Ukraine, en fait, avait promue). Cette zone offre beaucoup de préférences et d’avantages.
Il nous a fallu 17 ans pour négocier les termes de notre adhésion à l’OMC. Maintenant, en un seul mouvement, l’UE a décidé d’entrer sur le territoire douanier de la Fédération de Russie via l’Ukraine. Est-ce la façon dont les choses doivent être faites ? Et quand nous avons suggéré la tenue de consultations, on nous a dit que ce n’était pas notre affaire. Est-ce la façon dont problèmes devraient être résolus, en particulier là où la Russie est concernée ?
Qu’est-ce que la confiance a à voir là-dedans ? Ce n’est pas une question de confiance – il s’agit de prendre nos intérêts en considération.
Charlie Rose : Permettez-moi de parler de quelques endroits où il y a un besoin dramatique de coopération entre les États-Unis et la Russie. L’un est l’Iran et les négociations nucléaires et la P5 + 1. Pensez-vous qu’il y aura un accord ? Et quel type d’accord voulez-vous voir ?
Vladimir Poutine : D’abord, je tiens à souligner ce que je considère comme le point essentiel ici, à savoir que nous avons une compréhension commune, avec tous les participants à ce processus, y compris les États-Unis et les pays européens, et l’Iran lui-même je l’espère, sur le fait que nous nous opposons tous catégoriquement à la prolifération des armes de destruction massive. Telle est notre position de principe et c’est ce qui nous permet de travailler de façon constructive avec les États-Unis dans ce domaine.
Nous sommes très heureux de voir que les Iraniens ont également considérablement changé leur position, ce qui a permis d’atteindre les accords que nous avons aujourd’hui. Nous soutenons très certainement ces accords. La seule chose dont je pense qu’elle serait contre-productive serait de nuire délibérément aux accords en exigeant de l’Iran des conditions qu’il ne peut pas remplir et qui ne sont pas pertinentes par rapport à la question principale – la question de la non-prolifération. J’espère, cependant, que les choses n’arriveront pas à ce point et nous allons signer l’accord bientôt. Je pense que [le ministre des Affaires étrangères] Sergueï Lavrov sait mieux que moi quand il sera signé.
Sergei Lavrov  : Quand il sera prêt.
Vladimir Poutine : Je demande : « Quand pouvons-nous signer ? », Et il répond : « Quand il est sera prêt. » Nos diplomates parlent toujours de cette façon. (Rires)
Je pense que la signature aura lieu bientôt. J’ai rencontré hier le directeur général de l’AIEA, et ce qui est le plus important de tout ici est qu’après la signature, le processus de l’exécution de ces accords doit commencer, et cela va prendre environ six mois.
Tout aussi important cependant pour votre pays, les États-Unis, est d’adopter une attitude positive à l’égard de ces accords et de leur donner votre appui, pour obtenir le soutien du Congrès. Nous connaissons les discussions qui se déroulent actuellement aux États-Unis, et nous savons que le président a le pouvoir de signer ces accords lui-même, ce qui signifie qu’ils n’est pas obligatoire de les ratifier. Cela n’est pas notre affaire et nous ne pouvons le décider. Il y a des questions que nous ne pouvons pas décider pour les autorités de Kiev, et il y a des questions que nous ne pouvons pas décider pour les autorités de Washington. La balle est donc dans votre camp. Mais nous espérons que le président américain va atteindre un résultat qui sera très certainement dans les annales comme l’une des plus grandes réalisations de politique étrangère de sa présidence.
Charlie Rose : Mais croyez-vous que cet accord va aller de l’avant, étant donné ce que M. Lavrov vient de dire ? 
Vladimir Poutine  : Je le crois, et nous travaillons dans ce sens. Nous pensons qu’il est absolument essentiel pour désamorcer la situation. Il est tout aussi important cependant, pour toutes les puissances régionales, d’avoir l’assurance qu’elles ne se trouveront pas face à une aggravation de la situation et à des menaces dans la région. Telle est la situation que nous devons absolument éviter. Je tiens à souligner que la Russie cherche à développer des relations de bon voisinage et d’amitié avec l’Iran et avec tous les pays de cette région.
Charlie Rose : Une autre question de politique étrangère avant de passer à l’économie et aux questions soulevées par un certain nombre de conférenciers.
La Syrie est un autre sujet qui occupe nos esprits aujourd’hui. Voyez-vous une solution à la situation actuelle ? La Russie soutient le gouvernement de Bachar al-Assad et l’a fait pendant de nombreuses années. L’Iran soutient également le gouvernement de Assad. Il semble que le balancier va ici et là. Quelle solution voyez-vous ? Comment pouvons-nous mettre fin à cette terrible guerre civile qui a créé des millions de réfugiés ? Quand pourrons-nous trouver une solution ?
Vladimir Poutine : Le plus tôt sera le mieux. Permettez-moi de répéter que notre position sur cette question est basée sur la crainte que la Syrie pourrait se retrouver dans le même genre de situation que ce que nous voyons en Libye ou en Irak.
Vous savez, après tout, qu’avant la destruction des autorités de l’État et de Saddam Hussein lui-même, il n’y avait pas de terroristes en Irak. Il ne faut pas oublier cela. Les gens préfèrent ne pas en parler aujourd’hui, mais est-ce vraiment si difficile de voir qui a créé les conditions pour que le terrorisme flambe dans ces lieux ? Après l’invasion de l’Irak, les anciennes autorités ont fui ou ont été détruites, et Saddam a été pendu. Et puis nous nous sommes retrouvés avec État islamique.
Regardez ce qui se passe en Libye. Elle a cessé d’exister en tant qu’État et se trouve dans un processus de désintégration totale. Même les diplomates américains y ont subi des pertes. Nous connaissons les événements tragiques qui ont eu lieu là-bas. Le principal problème, comme nous le voyons, est que nous ne voulons pas voir la Syrie prendre cette même route. Ceci est notre principale motivation pour soutenir le président Assad et son gouvernement. Nous pensons que c’est la bonne position. Il serait difficile de s’attendre à nous voir prendre toute autre ligne. En outre, je pense que beaucoup seront d’accord avec notre position sur cette question.
J’ai mentionné l’Irak à plusieurs reprises. Nous savons ce qui se passe là-bas. Les États-Unis soutiennent l’Irak, livrent des armes et forment l’armée irakienne. Dans deux ou trois attaques, État islamique a capturé beaucoup d’armes, probablement plus que l’armée irakienne en possède. Cela comprend des véhicules blindés et des missiles, bien que le grand public soit mal informé de tout cela. C’est récent. État islamique est maintenant mieux armé que l’armée irakienne. Et tout cela s’est produit avec le soutien des États-Unis.
Les États-Unis se sont prétendument retirés d’Irak, mais nos services spéciaux et les informations que nous recevons de l’Irak même indiquent que des milliers de militaires américains sont encore en Irak. Les résultats sont déplorables et tragiques.
Nous ne voulons pas que tout cela se répète en Syrie. Nous demandons à nos partenaires aux États-Unis et en Europe, mais surtout aux États-Unis bien sûr, de faire davantage d’efforts pour combattre ce mal absolu que sont l’intégrisme, État islamique et les groupes similaires qui essentiellement ont tous leurs racines dans des organisations mondiales terroristes bien connues qui ont déjà lancé des attaques répétées contre les États-Unis eux-mêmes. Notre appel est pour un règlement politique, qui devrait, bien sûr, garantir la transformation du régime, et nous sommes prêts à discuter de cette question avec le président Assad.
L’ONU a déclaré récemment l’importance de travailler avec le président Assad pour combattre État islamique et d’autres groupes terroristes. Nous sommes prêts à travailler avec le président syrien et à assurer que le processus de transformation politique puisse aller de l’avant de sorte que toutes les personnes en Syrie participent au pouvoir, afin de mettre un terme à cet affrontement armé. Mais nous ne pouvons pas atteindre cet objectif de l’extérieur et par l’utilisation de la force. Ceci est la vraie question.
Charlie Rose : Très bien, mais êtes-vous prêt à appeler le président Assad à démissionner si cela rendait une solution politique alternative possible ou aidait à combattre État islamique ?
Vladimir Poutine : Notre modérateur est un véritable Américain. J’ai dit « sans intervention extérieure », et il me demande si nous sommes prêts à « appeler le président Assad à démissionner » ? Seul le peuple syrien peut faire cela. Comment pouvons-nous ignorer des choses de base aussi élémentaires ? Comme je viens de le dire, nous sommes prêts à engager un dialogue avec le président Assad à propos de la mise en œuvre des réformes politiques avec les forces de l’opposition en bonne santé.
 
Paul Craig Roberts a été secrétaire adjoint au Trésor pour la politique économique et rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal. Il a été chroniqueur à Business Week, Scripps Howard News Service, et Creators Syndicate. Il a occupé de nombreux postes universitaires. Ses articles sur internet ont attiré l’attention mondiale. Les derniers livres de Roberts sont : L’échec du capitalisme du laissez faire et la dissolution économique de l’Occident et Comment l’Amérique fut perdue



________________________________________________________________________________________________________________________________________

 
 
 

 
Ukraine ​

Quand les nazis mènent le bal 
 
 

8 décembre 2013 - Geoffroy Géraud Legros




« Négros, youpins, ruskofs » ! Ils sont dans le collimateur de la 4ème force politique ukrainienne depuis 2012, le parti nazi et pro-européen ukrainien « Svoboda », locomotive des manifestations qui se déroulent en Ukraine depuis deux semaines. Un premier rôle qui couronne dix années de dédiabolisation — toute formelle... — et obtient un label « révolutionnaire » et « démocratique » grâce aux médias occidentaux.

JPEG - 156.5 ko
Un emblème omniprésent : trois doigts de la main couleur or sur bannière azur comme une promesse de victoire renouvelée. Des mots d’ordre et des drapeaux qui claquent au vent. Des porte-parole qui manient avec ardeur et habileté le langage « révolutionnaire ». Le parti « Svoboda » est la locomotive des manifestations qui, depuis deux semaines, secouent plusieurs villes d’Ukraine. Ainsi, ce sont ses militants qui ont fait franchir un cap décisif à la contestation ukrainienne, en occupant la mairie de la capitale, Kiev, transformée par leurs soins en « quartier général révolutionnaire ».
Pas une photographie, pas un reportage télévision qui ne donne à voir les insignes de cette organisation montante. Forte de 37 députés à la Verkhovna Rada (Assemblée nationale), « Svoboda » est devenu en 2012 la 4ème force politique de l’ancienne république socialiste. Une percée électorale et un activisme qui ont imposé Oleg Tiagnibok — au nombre des leaders de l’opposition — au président Viktor Ianoukovitch.
PNG - 578.9 ko
 
JPEG - 83 ko
L’ancien et le neuf : malgré l’adoption d’un symbole « neutre », les militants de « Svoboda » restent attachés à la rune « Wolfsangel », signe de l’« idée de nation » et insigne de la division SS « Das reich ».
Du nazisme au dialogue
Sobrement identifié comme « nationaliste » par la presse occidentale, le dirigeant de « Svoboda » parade dans les médias, aux côtés d’Arseniy Yatsenyuk, représentant de l’oligarque emprisonnée Ioulia Timoshenko, et de l’ancien boxeur, Vitali Klitchko, revenu d’Allemagne après avoir annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. C’est avec ce triumvirat que le ministre allemand, Guido Westerwelle, a souhaité entamer un « dialogue », après une visite sur la « Place de l’Indépendance » de Kiev (EuroMaïdan) en soutien aux « centaines de milliers de personnes dont le cœur bat en Europe ».
Stratégie de dédiabolisation
Pour « Svoboda », l’accès au leadership de « l’opposition démocratique » encouragée par les chancelleries occidentales couronne une stratégie de dédiabolisation engagée il y a 10 ans. En 2004, le « Parti national-socialiste d’Ukraine » néo-nazi, fondé en 1995, optait pour la dénomination plus consensuelle de « Svoboda » — « Liberté » en langue ukrainienne. Simultanément, la rune « Wolfstangel », symbole de « l’idée nationale » et insigne de la division SS « Das Reich », faisait place aux trois doigts couleur or, évocation « conviviale » du traditionnel trident ukrainien.
Mal acceptée par certains militants attachés à l’emblématique nazie, cette mue symbolique n’a en revanche guère affecté le discours du parti ultra-nationaliste. Ainsi, note la chercheuse, Halyna Bocheva, auteure d’une étude consacrée à l’extrême-droite ukrainienne, « Svoboda articule un discours ouvertement raciste à l’encontre des minorités visibles ».
JPEG - 131.3 ko
Née à kiev de père congolais et de mère ukrainienne, la chanteuse pop « Gaitana » a été prise pour cible par « Svoboda ».
« Négros » et « youpins »
Outre les étudiants africains, qui, comme en Russie, constituent des cibles permanentes pour l’extrême-droite, « Svoboda » vise les quelques Noirs et métis du pays, dont la chanteuse « Gaitana », native de Kiev, de père congolais et de mère ukrainienne. Une « négresse », aux yeux de l’extrême-droite, qui « représente un coin quelque part en Afrique », estimait Yuri Syrotiuk, porte-parole du parti. Juifs et Russes, sont quant à eux, selon « Svoboda » les « ennemis naturels de la Nation ».
Un Poutine « pédé » et « enjuivé »
« La « mafia judéo-russe » contrôle le Kremlin », expliquait en 2004 Oleg Tiagnibok. Des Juifs qui seraient, depuis la Révolution bolchévique, les agents de la « russification », mettraient aujourd’hui le pays en coupe réglée via le gouvernement Ianoukovitch aux ordres du « Juif Poutine » et prépareraient un « génocide » contre la population chrétienne du pays. Des thématiques racistes qui expliquent le soutien, a priori paradoxal, que reçoit « Svoboda » d’une partie de l’extrême-droite russe, elle-même en pointe des manifestations anti-Poutine de l’an dernier, laquelle pourfend sans répit un Poutine « pédé » et « enjuivé ».
JPEG - 269.6 ko
Oleg Tiagnibok, leader de Svoboda. À droite, le portrait de Stepan Bandera, chef collaborationniste ukrainien durant la Seconde Guerre mondiale.
Elle regrette la « fin de l’Apartheid en Afrique du Sud »
Au nombre de ses soutiens russes, « Svoboda » compte aussi l’ancienne dissidente, Valeria Novodvorskaya, qui, par ailleurs, dit « regretter » la « fin de l’Apartheid en Afrique du Sud ». En 2010, « Svoboda » appelait au boycott d’une exposition consacrée aux massacres de Polonais et de Russes par les Nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale : une « provocation judéo-polonaise », selon le bureau du parti, dont le dirigeant dissertait plus tôt, en séance parlementaire, sur la distinction entre « youpins » et « Juifs », « Russkofs » et Russes. Nostalgique de la collaboration ukrainienne, « Svoboda » soutient la réhabilitation de la division SS « Galicie », partiellement composée de volontaires ukrainiens sous l’occupation nazie.
« Voler l’or des Ukrainiens »
Le parti s’inscrit ainsi dans un courant mémoriel et culturel initié par la « Révolution orange » qui, en 2004, a consacré la victoire du tandem pro-européen composé de Viktor Iouchtchenko et de Ioulia Timochenko. Cette dernière avait d’ailleurs en 2004 pris la défense du journal raciste « Isti Visti », auteur — entre autre — d’un article selon lequel « 400.000 Juifs ukrainiens avaient rejoint les troupes nazies pendant la Seconde Guerre mondiale, afin de voler l’or des Ukrainiens ».
PNG - 499.7 ko
Militants de « Svoboda » lors d’une manifestation pro-européenne. photographie : Oxana Sozanova.
Un nazisme relooké
Outre la réhabilitation de plusieurs nazis notoires et la consécration du collaborationniste, Stepan Bandera, au rang de « héros national », la Révolution orange fut la matrice d’une culture d’extrême-droite underground, qui irrigue la confuse constellation de groupuscules qui, à la faveur de la crise, ont le vent en poupe en Europe : un nazisme relooké, qui mêle antisémitisme, suprématisme blanc, rejet des musulmans, hédonisme, post-modernisme et combine, en fonction des enjeux, discours social, féminisme, ultralibéralisme et appels à la tradition.
Aux portes du pouvoir ?
À la faveur de la crise de la corruption bien réelle du gouvernement en place, et de son recrutement caricaturalement favorable aux russophones, « Svoboda » met en avant des solutions économiques anti-libérales telles que la nationalisation des grandes industries, le protectionnisme économique, la sécurité de l’emploi, la protection de la paysannerie et l’extension du service public. Un agenda qui contredit en tous points le Traité d’intégration à l’Union européenne défendu par le parti, puisque celui-ci, rapporte la revue « Ekspert », exige de l’Ukraine la privatisation de son industrie gazière et le relèvement des tarifs individuels du gaz…
« Svoboda est devenu un acteur décisif du jeu politique ukrainien », observait en septembre dernier l’universitaire, Dustin Christensen, qui, déjà, voyait dans l’éventuel rejet de l’accord d’intégration avec l’Union européenne un facteur de crise politique susceptible de mener le parti de M. Tiagnibok aux portes du pouvoir. Nul doute que le bombardement de son parti au nombre des « forces démocratiques » par les médias occidentaux — et la diplomatie allemande, qui retrouve assez logiquement le fil de la Mitteleuropa — nourrira encore cette dynamique.
Geoffroy Géraud Legros 
L’auteur de cet article a vécu plusieurs années dans l’aire qu’il est convenu de nommer « Europe centrale et orientale ». Outre ses travaux de recherche, il s’est investi dans la vie civile et politique des pays où il a séjourné — notamment dans l’espace (ex-) yougoslave. C’est l’observation, appliquée à l’Ukraine, de constantes dans la démarche des médias occidentaux, et notamment français, qui a suscité l’écriture de ces quelques lignes.
Non, « Svoboda » n’est pas un « parti nationaliste », comme on peut le lire un peu partout. Non, Oleg Tiagnibok n’est pas le « chef du parti de la Liberté », avec toute l’équivoque que peut comporter, dans le texte, la traduction bien placée d’un label partisan adopté sur le tard.
M. Tiagnibok est un dirigeant nazi, « Svoboda » est un parti nazi, et ce sont des emblèmes nazis et des mots d’ordre nazis que répercutent journaux et télés qui font leurs choux gras de la crise ukrainienne.
De même, les groupes issus du mouvement « Panthères » (Panteri), qui ont assailli le Parlement slovène en 2010, n’étaient pas, comme on a pu le lire, des « jeunes révoltés  » : ce sont des néo-nazis, qui tabassent, voire tuent les « nègres » (Zamorc) et confondent dans leur détestation Juifs, Serbes, Bosniaques, Croates, rassemblés sous le terme de « čefur », lui-même issu du vieux turcisme « čifut » : « youpin ».
Les manifestants-type de Moscou et de Kiev ne sont pas des geek à barbiche et à la coule, des activistes LGBT et des bloggers férus de droits de l’homme : ces gens-làn’existent pas en terme de rapport de force politique — ou existent juste assez pour servir d’idiots utiles à la large masse des néo-nazis, ultranationalistes et nostalgiques de l’ère Brejnev qui occupent les rues et écrivent, par exemple, qu’un tunnel caché relie le Kremlin à des synagogues secrètes où se déroulent des meurtres rituels.
Pire : tout se passe comme si, sans le savoir, nos confrères avaient pleinement intégré les lieux communs de la littérature consacrée aux « transitions » post-communistes — dont la mesure du caractère démocratique d’une société, à sa seule aptitude à garantir le « marché libre et non faussé ».
JPEG - 49.5 ko
Ukraine : publicité pour la réhabilitation de la division SS « Galicie ».
Ainsi, l’extrême-droite hongroise au pouvoir, active de longue date, raciste, pan-ottomane, qui veut dresser des « listes de Juifs nuisibles à l’État » et affirme que « l’islamisme est la seule chance de l’Europe » n’a commencé à inquiéter les faiseurs d’opinion qu’au moment où il s’est avéré qu’elle pourrait — peut-être — nationaliser certaines entreprises.
À l’inverse, on tend la perche (de micro) à des dirigeants croates qui emprisonnent leurs opposants, font l’apologie du régime nazi des Oustachi, et exigeaient après 1992 de la part de fonctionnaires yougoslaves présents sur le sol du nouvel État la production d’une domovnica — certificat de nationalité impossible à décrocher pour qui n’était pas « purement » Croate.
On préfère zoomer les tresses de Mme Timochenko que les réhabilitations d’anciens nazis qui ont lieu en Ukraine, mais aussi en Estonie, en Lettonie et en Moldavie ; on ne veut pas voir l’édification d’Etats autoritaires en Géorgie, en Serbie, ni, dans un autre registre, les progrès du salafisme dans la Bosnie soi-disant multiculturelle. Tout cela parce que les dirigeants de ces Etats, souvent plus autoritaires encore que leurs prédécesseurs, procèdent à des privatisations favorables aux intérêts des pays occidentaux — ou plus exactement, aux multinationales.
Cette cécité a de graves conséquences : non seulement par le pouvoir de légitimation qui accompagne la parole des médias de l’Ouest dans une Europe orientale qui continue de se vivre, selon la formule de Conrad, « sous l’œil de l’Occident ». Mais aussi, parce que l’extrême-droite « moderne », qui, après la Hollande, trouve à l’Est ses fabriques idéologiques et symboliques, profite dans son ensemble de cette mondialisation des symboles, thématiques et postures que lui offre une presse pourtant affairée, chez elle, à traquer antisémitisme, racisme et nazisme jusque dans le coeur ténébreux de l’inconscient et de l’implicite…
GGL

Geoffroy Géraud Legros

Rédacteur en chef, Éditorialiste
.

______________________________________________________________________



MH-17 : Les dessous d’une enquête tronquée

par oscar fortin 
dimanche 16 août 2015 -  AGORAVOX.
 
 
En juin dernier, l’ébauche des résultats de l’enquête sur les causes de l’écrasement du vol MH-17 malaisien a été remise, selon leurs auteurs, à l’OACI et aux pays concernés par cette enquête. Chacun est invité à en prendre connaissance et à formuler, le cas échéant, ses commentaires. L’objectif étant de rendre public ce Rapport en octobre prochain, après avoir pris connaissance des commentaires et d’en avoir intégré les éléments jugés les plus pertinents.
Il importe de noter que les pays qui intègrent le groupe chargé d'enquêter sur l’écrasement du Boeing sont la Malaisie, les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, l'Australie et les Pays-Bas. Ce dernier est celui qui dirige cette enquête. Il est curieux que ces pays qui intègrent, par leurs spécialistes et techniciens ce groupe d’enquêtes, n’aient pas encore en main toutes les données de cette enquête ayant servi à la rédaction de ce Rapport.
La Résolution 2166 du Conseil de sécurité des Nations Unies
Pour bien comprendre le déroulement de cette enquête, il faut replacer à sa base cette Résolution 2166 du Conseil de sécurité des Nations Unies, votée à l’unanimité le 21 juillet 2014. Elle constitue la référence principale qui détermine l’encadrement et les objectifs d’une enquête internationale qui soit exhaustive, minutieuse et indépendante, conformément aux directives de l’aviation civile internationale (OACI).
Au point 4 de cette résolution, les membres du Conseil de sécurité apprécient le fait que l’Ukraine travaille déjà en concertation avec l’OACI (…) et engage tous les États à fournir, sur demande, une assistance pour les enquêtes civiles et judiciaires relatives à cet incident.
Au point 13, les membres se réjouissent que le Secrétaire général ait offert la coopération pleine et entière de l’Organisation des Nations Unies dans le cadre de l’enquête susmentionnée, et les prie de déterminer les options possibles pour l’appui de l’Organisation à cette enquête et de lui faire rapport sur les faits nouveaux pertinents.
Voilà donc le mandat et le cadre dans lequel le Conseil de sécurité des Nations Unies souhaite que se réalise cette enquête importante sur les causes de l’écrasement et les responsables qui en sont à l’origine.
 
Le jour même de l’adoption de la Résolution 2166, Kiev se préparait déjà à confier le mandat de l’enquête, non pas à l’OACI, comme le suggère la Résolution 2166 et la Convention de Chicago, mais aux Pays-Bas.
Faut-il voir dans la déclaration du Président de l’OACI, en date du 23 juillet, un rappel à Kiev du rôle de coordination que son organisme se doit d’assumer dans cette enquête ?
À la lumière de la Résolution 2166 : les dérives que nous pouvons noter.
À peine votée cette résolution 2166 du C.S. , Kiev s’est délestée de l’OACI pour confier la coordination de l’enquête au gouvernement des Pays-Bas. Cette décision se comprend mal à partir de cette volonté des membres du C.S. pour que cette enquête se réalise sous la coordination et en concertation avec l’OACI.
POURQUOI cette mise à l’ombre de l’OACI, renvoyée à un rôle secondaire et sporadique ?
Début aoûtquatre pays du groupe d’enquêtes signent un pacte de confidentialité. Il s’agit de l’Ukraine, des Pays-Bas, de l’Australie et de la Belgique. Faudrait-il y voir une certaine présence de l'OTAN dont le siège est justement à Bruxelles ? On se souviendra de témoignages sur la présence d'avions militaires dans les parages du vol MH-17 pouvait répondre à certains ordres de l'OTAN
POURQUOI ce pacte de confidentialité dont l’élément essentiel est qu’aucune information ne saurait être transmise sans l’accord des quatre et que vient faire la Belgique qui ne fait même pas partie du groupe de pays qui intègrent le groupe chargé de l’enquête ?
Certains pays dont les États-Unis et l’Ukraine se refusent de transmettre au groupe de pays impliqués dans l’enquête tous les documents sollicités par l’un ou l’autre de ces pays. Par exemple, l’intégralité des boîtes noires tout comme celle des bandes contenant les échanges entre la Tour de Contrôle et les pilotes n’ont pas été remises à la Russie. Il en va de même pour les photos satellites dont disposent les États-Unis lesquelles ne sont pas remises aux enquêteurs et aux pays membres. Les Pays-Bas refusent de déclassifier des documents.
POURQUOI cette mise à l’écart de la Russie, membre de plein droit du groupe d’enquêtes et pourquoi ces restrictions à l’information alors que le C.S. souhaite une enquête exhaustive, minutieuse et indépendante ?
Certains chercheurs indépendants qui poursuivent leur enquête sur le terrain trouvent certains objets de nature à avoir une incidence sur l’enquête. C’est, entre autres, le cas d’un chercheur qui a trouvé une pièce très importante pouvant permettre de découvrir des informations déterminantes sur les causes de l’écrasement. Il raconte son histoire ici.
On relève également le fait que les responsables de l’enquête n’ont fait à ce jour aucune démarche auprès des fabricants des missiles et lances missiles dont on soupçonne être l’arme utilisée pour attaquer l’avion civil. Je vous invite à lire cet article d’un avocat canadien portant sur cette enquête.
POURQUOI ce refus de preuves potentielles et pourquoi cette omission de consultation auprès du principal fabricant de ces armes ?
Cette liste d’irrégularités pourrait sans doute s’allonger encore plus, de nombreux autres faits y sont relevés ici et là, mais déjà, ceux signalés plus haut suffisent pour nous convaincre que cette enquête est loin de ce qu’en dit la Résolution 2166 à l’effet d’être exhaustive, minutieuse et indépendante. Quant à la transparence, inutile d’en parler, elle n’y est tout simplement pas.
Dans le cas de cette enquête , on ne peut qu’être d’accord avec la position de la Russie qui veut une enquête exhaustive et transparente, ne laissant rien au hasard et agissant en toute indépendance d’influences politiques.
À ce sujet, nous avons tous intérêt à prendre connaissance des propos du ministre des relations extérieures de Russie, portant spécifiquement, dans sa première partie, sur cette enquête.
La saga de cette enquête n’a pas fini de nous surprendre et risque de se perdre dans la nuit des temps. Trop d’éléments demeurent en suspens et tout laisse croire que ceux qui en ont le contrôle s’assureront à ce la seule vérité qui en résulte soit celle qu’ils auront initialement programmée. 
 
Oscar Fortin
Le 15 août 2015
 


UKRAINE - RUSSIE ou LES FRERES ENNEMIS

$
0
0
UKRAINE - RUSSIE  ou  LES FRERES ENNEMIS
Image en provenance dehttp://acturatons.blogspot.fr/
 


 

Le grand Ibn Sinà, alias Avicenne, dont un aphorisme sert de slogan à mon modeste blog, avait quelque raison de dire:
 "La vérité est comme l'eau, qui prend la forme du vase qui la contient".

Celle du "zinu " ne se situera pas dans la ligne du discours officiel, et ne chantera pas la louange des deux 
caniches européo-atlantistes qui alternent propos bellicistes "punitifs" et affirmations hypocritement pacifistes à l'adresse  des benêts, des jocrisses et des coquebins qui peuplent le paysage national.
La "vérité" du "zinu" ne sera pas celle des médias servilement alignés qui nous infligent un matraquage russophobe digne des plus beaux jours de la guerre froide.

Nos lecteurs pourront donc trouver ici des analyses en provenance de sites divers, et des articles plus ou moins "hétérodoxes". 
Il va de soi qu'ils ne participeront pas de la désinformation opérée par la presse écrite et parlée "aux ordres" de l'atlantisme (Nouvel Obs, Rue 89, Libé, Le Monde ..), et qu'ils ne reprendront pas la doxa officielle grossièrement ou subtilement diffusée à travers ses relais par l'actuelle majorité. 
 



Rappelons à ceux qui parlent des rapports entre l'Ukraine et la Russie sans tenir compte des contingences actuelles de la géopolitique (rivalité  États Unis - Russie)  et des données historiques  qui ont marqué leur histoire commune ou respective, faite "d'amour et de haine" , que :
1° La Russie est née de l'Ukraine (Varègues – Ruthénie - Principauté de Kiev)
2 °Lors de la révolution russe de 1917-21, a existé un mouvement anarchiste ukrainien qui s'est alternativement allié aux blancs contre les rouges et inversement, pour être finalement écrasé par les bolcheviques. Il s'agissait de la Makhnovshchina.
3° La Russie soviétique s'est rendue coupable d'un véritable holocauste en Ukraine, extermination  par la faim appelée Holodomor.
5°  Durant la période nazie, la plupart  des "kapos" des camps de concentrations étaient ukrainiens. Des dizaines de milliers de soldats ukrainiens ont servi dans les rangs allemands  (Division SS Galicie, Armée de libération ukrainienne, armée Vlassov)
6° Au lendemain de la guerre, le souvenir des atrocités nées de l'invasion allemande, celui des succès de la "grande guerre patriotique" ont, en dépit de cela,  "soudé" l'Ukraine et la Russie au sein de  l'URSSS.
5° A la suite des changements de frontières intervenus après la guerre, le territoire ukrainien s'est déplacé vers l'Ouest (Pologne – ligne Curzon) tandis que le territoire Polonais s'est lui-même déplacé vers l'Ouest au détriment de l'Allemagne (frontière Oder Neisse).
La situation actuelle doit donc être examinée en fonction de ces données, mais surtout en fonction du désir des Américains "d'encercler" littéralement la Russie et de l'empêcher de retrouver un statut de grande puissance, ce que n'admet tout simplement pas Poutine.


____________________________________
I. Tiré du site  "HERODOTE.NET" 


1er mars 2014

Gare à ne pas désespérer la Russie

 
 
Tandis que la crise ukrainienne menace la paix en Europe, notre éditorialiste Joseph Savès revient sur la genèse du conflit...
Vladimir Poutine montre ses muscles. Il occupe la Crimée pour déstabiliser l'Ukraine et la ramener dans le giron de Moscou. Faut-il s'en étonner ? Que nenni. C'est la même stratégie qu'il a employée à l'égard d'un autre satellite, la Géorgie, en 2008. Et l'opération a réussi au-delà de toute espérance, avec qui plus est la bénédiction des Occidentaux.
Mieux encore, le président de la République française de l'époque a donné un blanc-seing au gouvernement russe pour rééditer son coup, dans un entretien avec son homologue Dmitri Medvedev au Kremlin, mardi 11 août 2008. Qui s'en souvient ? Voici ce que nous écrivions à l'époque et que vous pouvez retrouver sur notre site  :
Extrait de notre éditorial du 18 août 2008 : Tout est dit dans une formule de Nicolas Sarkozy que les commentateurs, curieusement, n'ont pas relevé malgré son caractère stupéfiant : « Il est parfaitement normal que la Russie veuille défendre ses intérêts ainsi que ceux des Russes en Russie et des russophones à l'extérieur de la Russie ».
Cette formule empreinte d'un gros bon sens prudhommesque, dans la manière du président français, avalise de la pire façon qui soit le nouvel impérialisme russe. Elle légitime par avance une intervention russe dans les pays baltes, membres de l'Union européenne, pour le cas où des ressortissants russophones de ces pays viendraient à se plaindre d'être opprimés...

La Russie rejetée dans les confins

La crise ukrainienne est bien plus grave que la précédente car elle concerne un pays de 45 millions d'habitants au coeur de l'Europe et, qui plus est, suréquipé en installations nucléaires.
Cette crise est née d'une grosse maladresse des dirigeants européens qui ont fait un appel du pied à l'Ukraine sans mesurer l'importance vitale pour l'ensemble des Russes du lien qui les rattache à celle-ci. Nous l'avons souligné dans notre précédente analyse de la crise ukrainienne, en novembre 2013 :
Extrait de notre éditoral du 21 novembre 2013 : Mettons-nous un instant dans la peau d'un Russe de Moscou ou Vladivostok. Il n'est pas concevable pour lui que se dresse un « rideau de fer » entre son pays et l'Ukraine, entre la « Grande-Russie » et la « Petite-Russie ». Cela reviendrait à l'isoler complètement entre des mondes plus ou moins hostiles : l'Extrême-Orient chinois, l'Asie centrale turque, l'Europe atlantique.
On n'imagine pas davantage qu'il accepte un « rideau de fer » au sein même de l'Ukraine, entre une partie russophone qui reviendrait dans le giron russe et une partie occidentale, sans réalité historique, qui chercherait sa voie aux côtés d'une Union européenne désargentée et sans leadership.  
Quoi que pensent les Russes de leur président Poutine, de sa brutalité et de son autoritarisme, ne doutons pas qu'ils partagent sa volonté de conserver l'Ukraine - et la Biélorussie, ou « Russie blanche » - dans la sphère d'influence de Moscou. Si certains grands pays comme le Japon peuvent se délecter d'une solitude hautaine, il n'en va pas ainsi de la Russie qui, comme les autres États européens, a besoin d'être entourée d'amis et d'alliés.

La Russie intégrée à l'Europe

Après l'avertissement géorgien de 2008, il était proprement insensé de la part de Bruxelles de laisser croire à un partenariat avec Kiev qui replongerait Moscou dans une dramatique solitude.
Pour ne rien arranger, les principaux dirigeants européens ont snobé l'ouverture des Jeux de Sotchi, manquant l'occasion de rassurer le président russe sur les intentions de l'Union européenne. La Chine, le Japon ou encore la Turquie étaient quant à eux représentés au plus haut niveau, de même que l'ONU.
On me dira que le président et le vice-président américains ne se sont pas non plus dérangés à Sotchi. C'est qu'ils ont en commun avec les Russes d'agir selon ce qu'ils pensent être l'intérêt national. Tout le contraire des dirigeants européens qui seraient bien incapables de définir l'intérêt de l'Union, entre des Polonais qui rêvent de « libérer » les Ukrainiens, des Allemands qui veulent préserver leurs approvisionnements en gaz russe, des Français qui veulent on ne sait trop quoi etc.
Le gouvernement américain, donc, sait ce qu'il veut. Il veut attiser les cendres de la guerre froide selon la méthode employée avec brio en Géorgie et en Ukraine. De cette façon, il justifie la survie de l'OTAN et son protectorat sur le Vieux Continent. Qui plus est, il affaiblit la cohésion de l'Europe et son économie. Imaginons a contrario ce qu'il lui en aurait coûté si les Occidentaux avaient soutenu Mikhaïl Gorbatchev en 1991 quand il avait sollicité leur aide financière pour sauver son économie et ses réformes...
Plus près de nous, imaginons où nous en serions si nous avions accordé à Vladimir Poutine autant d'égards qu'aux autocrates du Quatar ou d'Arabie et si nous l'avions rassuré en démantelant l'OTAN, qui a perdu sa raison d'être avec la fin de la « guerre froide » (la vraie) et s'est discréditée au Kossovo, en Afghanistan et en Libye. « De l'Atlantique à l'Oural », selon le mot de De Gaulle, nous assisterions à l'ébauche d'un ensemble économique majeur, uni par l'Histoire et la civilisation... Mais sans doute n'est-ce pas ce que souhaitent les États-Unis et aussi la Chine, l'un et l'autre conscients de leur intérêt national.
Maintenant, bien malin qui peut dire le chemin qu'empruntera l'Histoire. On peut seulement être sûr de deux ou trois choses :
- Vladimir Poutine, avec sa brutalité coutumière et plus ou moins d'habileté, va tout mettre en oeuvre pour maintenir l'Ukraine dans l'orbite russe ; il bénéficie dans cette mission du total soutien de ses concitoyens,
- Le gouvernement américain va laisser pourrir la situation en veillant seulement à ce qu'elle ne dégénère pas,
- Comme à son habitude, l'Union européenne va tergiverser, soufflant le chaud et le froid (il est amusant qu'elle ait soudain trouvé dix milliards d'euros pour secourir l'Ukraine alors qu'il y a quatre mois, elle n'avançait que quelques centaines de millions, mais c'était avant le coup de force en Crimée).

Reste l'imprévisible : une manifestation de rue, des tirs de chars intempestifs, toutes choses qui échapperaient aux dirigeants.
                                                                                                                                                                                                                       Joseph Savès

II. tiré de http://www.diploweb.com/
La revue géopolitique on line

Kiev défie Poutine

Par Xavier GUILHOU , le 28 février 2014 




De nouveau , la presse occidentale titre avec exaltation et toujours avec un certain romantisme sur cette nouvelle « révolution » ukrainienne : « Timochenko libérée ! Ianoukovitch démissionné ! Une nouvelle ère débute ! … ». Pour autant tous les chroniqueurs font preuve cette fois-ci de prudence et nuancent leurs analyses en se demandant avec un peu d’inquiétude si les événements de la place Maïdan ne seraient pas une « révolution de trop  », « la goutte d’eau qui pourrait faire déborder le vase », compte tenu du niveau de tensions qui règnent sur cette région de la Mer Noire, du Caucase, de la Caspienne et de la Méditerranée orientale. Tous, forts des enseignements récents et des convulsions en Lybie, en Egypte, en Tunisie, mais aussi actuellement dans les Balkans, s’interrogent sur les dérivées de ce nouvel épisode. La plupart savent par ailleurs que le rêve européen n’est qu’un miroir aux alouettes pour l’Ukraine et que l’UE ne pourra pas réellement l’assumer. Par ailleurs certains font remarquer que la plupart des signaux géopolitiques sur ces régions ne sont pas sans nous rappeler étrangement les causes de la Grande guerre dont nous célébrons le centenaire… Pour reprendre ce fameux mot de Marcel Achard : « La grande illusion , c’est la guerre, - La grande désillusion, c’est la paix !" Telle est désormais l’équation que Poutine doit traiter face à ce défi ukrainien.
Il est clair que le temps long de l’Histoire n’a rien à voir avec le temps court des médias. L’émotion twittée de l’infirmière, qui se meurt puis revit sur la place Maïdan, parait désormais bien fugace face à l’arrivée des bataillons d’experts occidentaux au chevet d’une Ukraine en défaut de paiement et sans réelle gouvernance. Pour autant, face à l’inexpugnable ours russe qui se sent encerclé et assailli dans sa tanière, à la réémergence discrète du Sonderweg [1] de Mme Merkel ou au basculement historique des Etats-Unis vers le Pacifique incarné par Obama, la réalité est d’un autre ordre. Certes il y a cette indéniable aspiration des peuples à rejoindre d’autres modèles de société et de gouvernance où la liberté, la démocratie, le bien être, la sécurité sont portés en exergue face à l’oppression, la pauvreté, les dictatures… Elle est non seulement légitime mais estimable. Pour autant nous ne pouvons pas conjointement sous-estimer l’instrumentalisation médiatique, portée par les tenants des droits de l’homme, qui l’accompagnent au titre de la modernité avec tous leurs réseaux. La place Maïdan n’a pas échappé à cette scénarisation très bien rodée auprès de nos opinions avec les divas habituelles des plateaux TV et ces agents d’influence de toutes les révolutions dites libérales de ces dernières décennies [2]. Maintenant, face au crescendo militaire auquel nous assistons, et qui n’est pas s’en rappeler la crise de Cuba (1962), nous ne pouvons nous satisfaire de ces formes récurrentes de catharsis collective et ignorer ce que sont les fondamentaux de la géopolitique, surtout sur une région aussi sensible pour l’équilibre de la sécurité mondiale.

Un agenda chargé

Les événements de la place Maïdan (novembre 2013-février 2014) convergent, comme par hasard, avec un agenda très dense et sensible au niveau mondial. Bien entendu personne n’a occulté le fait qu’ils se sont déroulés pendant les jeux olympiques d’hiver de Sotchi, contraignant Vladimir Poutine à un apparent silence pour ne pas gâcher sa fête et sa volonté d’affirmer au monde que la grande Russie était de retour. Etrange parallèle de l’Histoire, si nous rapprochons cette actualité avec celle des jeux olympiques de Pékin lorsque, dans la nuit du 7 au 8 août 2008, au moment de la cérémonie d’ouverture, Poutine lança une guerre éclair en Ossétie du sud pour répondre aux tentations d’émancipation de la Géorgie [3] , bien conseillée entre autre par les américains, et qui manifestait le souhait de rejoindre l’OTAN… Match nul : les réseaux occidentaux, qui soutiennent et conseillent début 2014 les opposants ukrainiens dans leur volonté de rejoindre l’Europe, ont bien retenu la leçon de leurs échecs sur le Caucase. Ils avaient à l’époque sous-estimé le coup de patte de l’ours russe qui ne négocie plus lorsque l’on s’amuse à toucher de près ou de loin à son « étranger proche », celui qui conditionne sa place, son rôle, sa sécurité et désormais son hégémonie dans les grands jeux mondiaux. En l’occurrence ce corridor caucasien constitue un nœud géostratégique pour le pétrole et le gaz de Bakou, d’Asie centrale, du Moyen-Orient et de l’Iran vers l’Europe et surtout vers la Chine. C’est aussi un nœud sécuritaire très sensible pour Moscou qui doit faire face aux groupes islamistes de Tchétchénie et du Daguestan. Poutine avait planifié dès 2006 l’opération sur Tbilissi pressentant cette obsession, notamment anglo-saxonne, de lui amputer son espace vital. Qu’a-t-il planifié pour l’Ukraine ? Est-il cette fois-ci surpris et déstabilisé ? Ou bien attendait-il les occidentaux pour les piéger ? Les scénarios sont ouverts y compris celui, forcément inconcevable pour les européens, d’un retour de la guerre.
Pourquoi cet emballement de nouveau sur Kiev ? Les experts en énergie diront : « pour les mêmes raisons que dans le Caucase et en Syrie», et nous pourrions ajouter « qu’en Asie centrale  » où les réseaux, notamment néo conservateurs américains, ont maintenu sans cesse la pression depuis 20 ans pour tenter d’obtenir des anciens satellites de l’URSS qu’ils basculent sous obédience occidentale, certes pour la démocratie mais surtout pour la richesse de leurs sous-sols… Ils n’y sont jamais arrivés, Vladimir Poutine étant plus coercitif et fin manœuvrier sur le terrain… En revanche sur la Mer Noire les manœuvres se sont durcies depuis un an avec une remise en cause des grands projets de gazoduc et de pipe-line sur l’ensemble de la région, surtout avec le règlement en cours de l’affaire iranienne qui clôt la stratégie du « Great Middle East » de la politique étrangère américaine.
Nabucco, South Stream et North-Stream : chacun de ces gazoducs a une signification géopolitique différente.
Les tracés adoptés modifient la carte des équilibres géostratégiques et ne sont pas neutres pour comprendre la sensibilité que revêt le verrou ukrainien. Jusqu’au mois de juillet 2013 deux projets s’affrontaient de part et d’autres de la Mer Noire pour alimenter l’Europe du sud. Le projet Nabucco au sud [4] était porté jusqu’à présent par la commission européenne, avec la bénédiction de Dick Cheney et de ses réseaux d’influence [5]. Il permettait au gaz de transiter par la Turquie, les Balkans, la Hongrie jusqu’à l’Autriche. Son concurrent, le projet South Stream passe plus au nord et est porté par un consortium Gazprom/ENI via la Mer Noire, la Bulgarie et la Serbie [6]. Les décisions entre autre de l’Azerbaïdjan de se rallier à South Stream et du Turkménistan de privilégier la demande chinoise, ont donné de fait à Vladimir Poutine une main considérable pour ses négociations avec l’Europe, mais aussi pour monter en puissance son projet d’Union eurasiatique [7]. Rappelons qu’il contrôle aussi au nord le réseau North-Stream qui transite par la Baltique pour approvisionner l’Allemagne au travers d’un consortium Gazprom, EOM, GDF [8]. La mise en échec de Nabucco, conjuguée au verrouillage du nœud syriaque par la diplomatie russe (avec l’accord discret des chinois) a radicalisé le jeu d’un certain nombre de réseaux européens et anglo-saxons dont les intérêts marchands et financiers sont menacés. Il faut ajouter à ce dossier les découvertes récentes de poches de gaz au large de Chypre, de la Syrie, du Liban, d’Israël et de Gaza avec le champ dit du Léviathan, dont les potentiels seraient aussi, sinon plus important, que les gisements qui sont exploités par le Qatar et l’Iran dans le golfe d’Oman...
Au premier degré nous retrouvons tous les jeux d’acteurs des opérateurs du monde de l’énergie, avec un certain nombre de majors américains et européens qui sont très visibles et actifs autour de Nabucco. Au deuxième degré il y a les éternels jeux discrets de la diplomatie d’affaire allemande qui joue son double jeu classique en bilatéral vis-à-vis de la Russie (ne jamais oublier que G. Schroeder est le conseiller de Gazprom), mais aussi en parallèle avec la Turquie, l’Iran, la Chine. Au troisième degré il y a les anciens équilibres que l’Occident a noués avec la dynastie saoudienne et les pays du Golfe autour de la sécurité énergétique, mais qu’Obama n’a plus envie désormais d’incarner et de soutenir. Au quatrième degré il y a tout ce repositionnement du barycentre énergétique qui est en cours depuis vingt ans sur le Tigre et l’Euphrate (Irak, Iran) avec l’affirmation d’un nouveau nœud géostratégique sur la Syrie, le Kurdistan et l’Asie centrale où la Russie joue un rôle de pivot incontournable notamment vis-à-vis des besoins de la Chine et de l’Europe [9]. Enfin il ne faut jamais oublier quel est le poids actuel de la Russie dans les marchés mondiaux du gaz et du pétrole [10], surtout dans cette phase post Fukushima (2011) qui génère des débats politiques aigus sur la transition énergétique au sein des pays européens.
Cette tectonique des plaques s’accompagne par ailleurs d’un repositionnement de plus en plus explicite de l’actuelle administration américaine sur l’Océan indien et sur le Pacifique, avec un transfert très conséquent de leurs moyens militaires, doublé d’un repli monétaire et économique au profit du continent nord américain et d’une volonté d’un retour à une autosuffisance énergétique, grâce aux gaz de schiste, pour assurer la survivance de leur modèle et la résistance de leur leadership. Ce basculement géostratégique voulu par Obama depuis son premier mandat ne fait pas l’unanimité à Washington. Il est notamment contesté par la plupart des milieux néoconservateurs, entre autre par les lobbies israéliens, qui voient d’un mauvais œil un affaiblissement de la posture américaine sur la zone du Proche et Moyen-Orient, en particulier pour le complexe militaro-industriel. De fait, ce repositionnement de la diplomatie américaine se traduit par une réémergence fulgurante des grandes puissances centrales sur l’ensemble de la région (Turquie, Egypte, Iran et Russie) qui conversent désormais entre elles en s’affranchissant des tutelles occidentales [11]. Elle se caractérise aussi par une implosion identitaire et religieuse du Moyen et Proche-Orient, avec le retrait progressif du parapluie américain. Cela se traduit par une radicalisation de cette Fitna [12] qui déchire le monde sunnite, à laquelle il faut ajouter cet affrontement historique et de plus en plus violent entre sunnite et chiite qui, des faubourgs de Bahreïn à ceux de Beyrouth, endeuille quotidiennement le monde arabo-musulman [13].

Vu de Moscou

Pour toutes ces raisons Moscou ne peut rester insensible aux évènements en Ukraine et à l’échec patent d’Ianoukovitch dans la maitrise de la violence sur cette place Maïdan, surtout si un « emballement démocratique » et une volonté de stigmatisation débouchait, comme dans les Balkans, sur des affrontements en ravivant les griefs ancestraux entre les communautés uniates et slaves [14]. Encore plus si l’agitation diplomatique et médiatique en cours suscitait une escalade avec une éventuelle scission de l’Ukraine en deux, voire en trois en jouant sur une velléité d’indépendance des Tatars sur la Crimée. Ces développements ne peuvent qu’être inacceptables pour Vladimir Poutine qui ne peut admettre les menaces sous-jacentes pour les intérêts vitaux de la Russie, mais aussi en termes d’effets collatéraux sur les autres pays d’Asie centrale et surtout vis-à-vis de son propre leadership personnel à Moscou. D’une part les exhortations de I. Timochenko, dans sa prise de parole très médiatisée du 22 février 2014, pour dupliquer cette révolution partout… jusque sous les murs du Kremlin, ne peuvent être ressenties que comme une provocation pour V. Poutine. Par ailleurs Vladimir Poutine ne pourra jamais admettre que la Crimée puisse passer, avec une indépendance ou une partition de l’Ukraine, sous contrôle de l’Europe et des intérêts occidentaux. Ce serait un casus belli ! Sébastopol, ne l’oublions pas, concentre une grande partie de la flotte russe [15], celle justement qui est en Abkhazie en appui de la stratégie caucasienne et surtout celle qui est sur les rivages alaouites du côté de Tartous en appui de l’allié syrien, ainsi qu’au large des zones grecque et chypriote en soutien des communautés orthodoxes. Ces navires de guerre qui croisent en Méditerranée orientale sur le flanc sud de la Turquie, et de fait de l’Otan ont ne l’oublions jamais leur base arrière en Crimée... Or l’Ukraine a passé un accord de 30 ans avec la Russie sur ce point contre un accord préférentiel sur les approvisionnements gaziers. Toucher à ce dossier sensible c’est s’attaquer aux racines les plus profondes de l’histoire russe [16]. C’est ignorer tous les fondamentaux de cette civilisation slave issue entre autre de l’histoire de l’empire byzantin et incarnée par le triangle historique « Novgorod, Saint-Pétersbourg, Kiev » [17]. Medvedev dans ses prises de position depuis le 23 février 2014 ne cesse de le préciser comme s’il s’agissait d’un avertissement solennel qui va bien au-delà les usages sémantiques pratiqués par les diplomates. La mobilisation de 150 000 hommes, 90 avions, plus de 120 hélicoptères, 880 tanks, 80 navires sur le flanc ouest de la Russie et la mise en alerte de la flotte de la Mer Noire n’est pas qu’une figure de style, notamment pour l’Otan…
Certes en jouant sur ce verrou ukrainien, les chancelleries et réseaux d’influence, qui sont vexées par l’échec de Genève II sur le règlement de la question syrienne, qui sont obligées d’assumer désormais une délocalisation dramatique de la gestion de cette crise sur le Liban, et qui ont perdu leurs capacités de gesticulations sur le Bosphore avec l’abandon de Nabucco, imaginent qu’ils vont faire plier Vladimir Poutine en l’obligeant à négocier cette fois-ci sur Kiev. C’est méconnaître l’intéressé et sous-estimer sa fierté, son cursus et sa pugnacité en matière géostratégique. C’est jouer avec l’ours en voulant le harceler dans sa tanière. Certes l’Occident a de nombreuses cordes à son arc dans cette bataille : la dette ukrainienne qui n’est pas sans conséquence sur l’économie russe, elle-même mise sous tension avec la guerre monétaire entre le dollar et le rouble [18] (comme toutes les monnaies des pays émergents), sans compter les cours du pétrole et du gaz qu’américains et saoudiens peuvent encore et de nouveau manipuler, ainsi que les taux d’intérêts qui dépendent de la politique plus ou moins accommodante de la FED, tout ceci se négociant actuellement dans les coulisses du G20…

La Russie se veut de nouveau une puissance

Mais Poutine n’est pas naïf. Il sait tout cela et il n’a pas oublié, lorsqu’il était encore au KGB, tous les enseignements qu’il a pu tiré de la chute de l’Union soviétique et de toutes les opérations menées par le couple Reagan-Bush dans les années 1980 pour casser l’hégémonie du système communiste. Depuis la Russie s’est redressée, elle détient des ressources énergétiques, financières, économiques mais aussi militaires qui ne peuvent être sous-estimées. Elle est aussi devenue une puissance globale au même titre que les Etats-Unis avec une présence géostratégique affirmée sur le Pacifique vis-à-vis de la Chine, en Méditerranée orientale vis-à-vis des grands jeux énergétiques mais aussi vis-à-vis de l’Arctique dans la perspective de l’ouverture de la route nord qui changera beaucoup de choses dans les rapports de force sur ce XXIème siècle. Elle contrôle avec beaucoup de fermeté et de proximité ses intérêts en Asie centrale. C’est une puissance spatiale, engagée dans l’univers des cyber-stratégies, bien au-delà la maitrise balistique des ADM. C’est surtout une puissance qui n’est plus seulement régionale, comme ce fut le cas après l’effondrement du communisme, mais de nouveau mondiale et qui entend bien exister avec sa singularité dans les grands jeux qui se reformulent notamment sur le Pacifique nord.
C’est ce que Poutine a voulu démontrer au travers des jeux de Sotchi. Néanmoins avec la place Maïdan, un certain nombre d’acteurs, qui aiment bien jouer depuis quelques temps avec des boites de Pandore, ont voulu le ridiculiser et l’enfermer dans un jeu régional. La fenêtre de tir était il faut l’avouer tentante. Est-ce que l’opportunité va se transformer en piège, notamment pour les européens ? Où est ce que le "tsar" va admettre qu’il a perdu une bataille en acceptant de se replier en deçà du Dniepr ? N’oublions pas que Poutine détient l’arme du gaz, pratique l’effet de surprise et surtout n’a peur de rien ! C’est un patriote au sens où il entend incarner de nouveau l’histoire de la Sainte Mère Russie (Родина-Мать). Ces critères sont bien entendu très éloignés de nos référentiels démocratiques et des modes de représentation véhiculés par les médias occidentaux. Pour autant ils constituent un préalable incontournable pour bien cerner le personnage dont la longévité politique et l’audace géopolitique défient jusqu’à présent tous les pronostics.

La situation reste ouverte

La plupart des grands experts de la Russie et plusieurs grands diplomates ont appelé à la plus grande prudence et à un retour à une certaine modération dans l’exaltation démocratique du moment. D’autant que les termes de la nouvelle gouvernance de l’Ukraine, avant les éventuelles élections de mai 2014, sont loin d’être fiables et stabilisés. Tous sont unanimes pour avouer que les niveaux de corruption pratiqués par l’ensemble des leaders ukrainiens sont irrecevables et qu’ils posent concrètement de vraies questions de stabilisation pour ce pays désormais profondément divisé. Problèmes de gouvernance qu’aucun pays européen, il faut bien l’avouer, n’est à même d’assumer réellement, encore moins sur le plan sécuritaire. Par ailleurs le niveau de défaillance financière avec un défaut de paiement de l’ordre de 35 milliards de dollars et la quasi disparition d’un Etat ne sont pas de nature à faciliter une sortie de crise par le haut. Tous ont par ailleurs rappelé que Vladimir Poutine n’était pas n’importe qui, que nous avions affaire à un nouveau « tsar » et qu’il serait très aventureux, entre autre pour l’Europe, de générer sur ce verrou ukrainien les germes d’une nouvelle guerre civile ou division civilisationnelle, comme en ex-Yougoslavie. Elle ne ferait qu’enflammer la fierté russe, la solidarité panslavique et ranimer la discorde entre le monde chrétien et le monde orthodoxe. Cela mettrait en échec vingt ans d’efforts bilatéraux pour apaiser les relations entre ces deux civilisations, berceaux de toute l’histoire du continent européen. Dans le jeu ambivalent de la diplomatie américaine, et même allemande, à laquelle les anglais apportent une fois de plus leur quitus ambigu (comme si les expéditions dans les Dardanelles et en Crimée ne leur avaient rien appris), il est clair que certains essayent de calmer leurs réseaux d’affaire et leurs lobbies sur ce dossier comme le demande Sergueï Lavrov [19], alors que d’autres allument joyeusement les mèches, les polonais et français n’étant pas parmi les derniers…
Il n’est pas certain que cette agitation soit totalement du goût de Barack Obama et de John Kerry qui passent actuellement beaucoup de temps sur le Pacifique nord pour calmer les coréens et japonais face à la montée de l’hégémonie chinoise. Ils ont par ailleurs sur leurs propres zones d’intérêts stratégiques en ASEAN et dans les Caraïbes d’autres évènements tout aussi sensibles à gérer avec le Venezuela et la Thaïlande dont les pics de colère font autant de victimes que l’Ukraine (mais avec beaucoup moins d’échos dans nos médias européens). Il n’est pas certain que ce réchauffement géostratégique sur cette région de la Mer Noire soit vraiment opportun pour eux alors qu’ils essayent de se dégager par tous les moyens et en souplesse de cette zone complexe où tous les prétextes sont bons pour les obliger à revenir en termes d’arbitrage et de régulation [20]. Ils ont à peine réussi à se sortir momentanément du piège syrien (paradoxalement grâce aux russes) qu’ils se retrouvent de nouveau embarqués dans le piège ukrainien… Pour autant ils ne peuvent pas déjuger J-M Barroso et leurs alliés à la veille d’élections importantes pour la survie du projet européen, mais aussi à la veille d’importantes négociations sur une éventuelle signature d’un accord de libre échange entre les Etats-Unis et l’UE [21]. Le jeu est complexe côté occidental et Vladimir Poutine le sait parfaitement. Il sait que personne n’ira se battre militairement pour l’Ukraine, excepté les soldats russes qui ont la mémoire de Stalingrad.
Qui est prêt à mettre plusieurs dizaines de milliards d’euros sur la table pendant plusieurs dizaines d’années ?
Il sait qu’aucun argentier occidental ne fera un chèque de 35 milliards à fonds perdu sans un minimum de garantie de bonne gouvernance. A commencer par le FMI qui est actuellement poussé en avant pour jouer le rôle de pompier après le passage des pyromanes. Il sait surtout que l’Ukraine ne peut pas exister sans le gaz et l’aide de la Russie dans tous les domaines… Pour qu’une OPA, voire une OPE, fonctionne il faut que les fondamentaux de l’opération soient sains et durables. Or le "tsar" sait que ces derniers sont explosifs et sans avenir immédiat. Le temps joue pour lui et paradoxalement contre les occidentaux : s’il coupe le gaz, s’il commence à jouer sur les irrédentismes civilisationnels de part et d’autre du Dniepr et s’il décide de monter la pression sécuritaire en dénonçant les menaces sur les populations russophones de la région (Transnistrie, Crimée,…) nous n’aurons plus qu’à nous replonger dans les livres d’histoire pour revisiter nos expéditions désastreuses en Orient [22] à moins que nous soyons tout simplement ridiculisés par notre incapacité chronique à répondre à ce type de défi…
Dans ce jeu de poker menteur oublier la Russie ou la mépriser constituerait une grave erreur dans le traitement de cette crise très sensible. Rien ne pourra être envisagé sur ce dossier sans Vladimir Poutine. Qu’elle que soit l’opinion que l’on a de l’intéressé et de ses méthodes de gouvernance, mais aussi qu’elle que soit l’admiration que l’on puisse porter vis-à-vis de tous ces ukrainiens qui se sont levés pour plus de dignité et de liberté, la solution n’est pas qu’à Bruxelles, à Berlin ou Washington, elle est aussi et surtout à Moscou ! Les relations internationales ne sont pas qu’une pièce de théâtre médiatique, elles peuvent être aussi à la base de grandes tragédies historiques qui commencent toujours quand l’hubris et l’hégémon sont utilisés sans discernement. Plus que jamais sur l’ensemble de cette partie orientale de la Méditerranée, de la Mer Noire et de la Caspienne, il faut faire preuve de prudence et d’intelligence. Toutes les mèches sont en train de s’allumer sur de multiples barils de poudre qui rappellent à tout le monde que le temps long de l’Histoire est plus dimensionnant que le commentaire médiatique. Gare au coup de patte de l’ours s’il se sent acculé. Il peut se dresser pour grogner mais il peut aussi se défendre parce qu’il se sent attaqué sur l’intégrité de son territoire… La mise sous tension de l’ensemble des forces russes sur le front occidental pour des manœuvres d’envergure de la Baltique à la Mer Noire surprend tous les commentateurs sauf ceux qui connaissent bien Vladimir Poutine !
Maintenant, au-delà les discours romantiques et vertueux de la place Maïdan, avons-nous le courage d’aller réellement l’affronter sur les rives du Dniepr, nous qui n’avons même plus les moyens d’aller en Syrie, qui ne sommes pas capables de monter de véritables coalitions européennes pour traiter les crises africaines et qui nous confinons dans une velléité réduite aux plateaux télévisés ? Poutine le sait mieux que quiconque, il connait parfaitement l’impuissance de nos puissances [23]. Il sait aussi que nous sommes dans une phase très délicate de déconstruction de l’ordre mondial issu de Yalta, et qu’il doit préserver ses capacités de manœuvre pour consolider l’avenir. Mais peut-il admettre pour autant l’offense et les germes de déstabilisation sous-jacents vis-à-vis de sa stratégie de restauration du rayonnement de la grande Russie ? La guerre n’est jamais une finalité en soi sans un but politique, mais une déstabilisation géopolitique légitime toujours une guerre. En Syrie, Poutine a réussi à mettre en «  échec » le jeu des occidentaux et de leurs alliés du Golfe. Sur Kiev ces derniers viennent de pratiquer une manœuvre aventureuse pour « roquer [24] » les pièces maitresses du Kremlin. Désormais Poutine n’a plus le choix, il doit mettre l’Europe, et les actionnaires de cette opération Maïdan, en « échec et mat  » en les divisant et en les effrayant, voire en les brutalisant afin qu’ils comprennent qu’il y a des limites à ne pas franchir... Il en va tout simplement de sa survie politique ! L’affrontement parait inévitable et la bataille du Dniepr ne fait que commencer.

Manuscrit clos le 27 février 2013
Copyright Février 2014-Guilhou/Diploweb.com


 

[1 ] « Sonderweg » : « le chemin particulier de l’Allemagne »- cf. Jean Pierre Chevènement 1914-2014 « L’Europe sortie de l’Histoire ? » Fayard – déc. 2013

[2 ] cf. les actions menées par la fondation Freedom Zone et comment les Etats-Unis préparent les révolutions colorées : agoravox.tv/actualites/international/article/comment-les-usa-preparent-les-43719

[3 ] Suite à cette opération sur l’Ossétie du Sud et Abkhazie, 20% du territoire national géorgien est contrôlé par les forces russes. La Russie a reconnu l’indépendance de ces deux régions et a installé de nouvelles bases militaires dotées d’une forte présence militaire russe avec un armement lourd offensif. Cela signifie que la Russie est aujourd’hui à 50 kilomètres de la capitale géorgienne, Tbilissi.

[4 ] rfi.fr/emission/20130627-gazoduc-nabucco-verra-pas-jour

[5 ] fr.ria.ru/analysis/20080903/116530047.html

[6 ] south-stream.info/ ?L=1

[7 ] institut-thomas-more.org/fr/actualite/de-la-communaute-des-etats-independants-a-lunion-eurasienne-un-projet-russo-turcique.html

[8 ] nord-stream.com

[9 ] Voir Diploweb – Xavier Guilhou : « l’énigme syrienne » http://www.diploweb.com/L-enigme-sy...

[10 ] institut-thomas-more.org/fr/actualite/la-russie-leurope-et-le-gaz-une-guerre-de-lenergie-.html

[11 ] Cf. Les dernières rencontres entre le général Sissi et Vladimir Poutine sur l’aide à apporter à l’Egypte en substitution à celle des USA : rfi.fr/europe/20140213-russie-egypte-poutine-soutien-sissi

[12 ] « Fitna » signifie en arabe la division fr.wikipedia.org/wiki/Fitna

[13 ] Cf. Diploweb Xavier Guilhou : « Un islamisme séculier ? Au-delà des « révoltes », quel devenir pour le monde arabe » http://www.diploweb.com/Un-islamism...

[14 ] regard-est.com/home/breve_contenu.php ?id=167 la-croix.com/Religion/Actualite/Staline-a-voulu-la-fin-de-l-Eglise-greco-catholique-d-Ukraine-_NG_-2009-08-10-538085

[15 ] lefigaro.fr/international/2010/04/21/01003-20100421ARTFIG00458-la-flotte-russe-reste-a-sebastopol-pour-trente-ans-.php

[16 ] fr.wikipedia.org/wiki/Marine_imp%C3%A9riale_de_Russie

[17 ] Cf. Edward Rutherfurd, « Russka » Les Presses de la cité 2008

[18 ] globalresearch.ca/the-bricso-vs-the-us-dollar-what-will-happen-to-the-global-economy-if-brics-announce-launch-of-new-currency/5353714

[19 ] Le ministre des affaires étrangères russe qui est en première ligne sur tous les fronts syriens, chypriotes, caucasiens, et ukrainiens orientlejour.com/article/856193/lavrov-critique-ceux-qui-voudraient-forcer-la-main-de-lukraine.html

[20 ] Cf. édito Xavier Guilhou : « Crash ou guerre ? » août 2012 xavierguilhou.com/clients/guilhou/site_xavier.nsf/005546776102f9f0c1256d09002800c8/a44948df9340ad3cc125730900514c51/$FILE/Crash%20ou%20guerre.pdf

[21 ] lemonde.fr/economie/article/2013/11/11/libre-echange-les-negociations-entre-les-etats-unis-et-l-europe-s-annoncent-longues_3511519_3234.html

[22 ] Cf. Pierre Miquel « Les poilus d’Orient » Fayard fevrier 1998

[23 ] Cf. Bertrand Badie « L’impuissance de la puissance » chez Biblis sept 2013.

[24 ] fr.wikipedia.org/wiki/Roque_(%C3%A9checs)



________________________________________________________________________
 


 


Tiré du site : http://www.ahmedbensaada.com/





Ukraine: autopsie d’un coup d’état

EnvoyerImprimerPDF


Le mouvement de contestation  (baptisé « Euromaïdan ») qu’a récemment vécu l’Ukraine, est intéressant à plusieurs égards. Il montre comment un coup d’état civil contre un gouvernement démocratiquement élu peut être fomenté avec succès avec un appui étranger et sans intervention militaire. Il dévoile la flagrante partialité et le manque d’intégrité des médias mainstream occidentaux qui, avec une argumentation fallacieuse, appuient aveuglément l’interventionnisme occidental et, avec une vision dichotomique de la situation, qualifient les uns de bons et les autres de mauvais. Plus grave encore, il dessine les contours, jusqu’alors vaporeux, de la renaissance de la guerre froide qu’on croyait enterrée avec la chute du mur de Berlin. Finalement, il nous offre une projection probable de la situation des pays arabes « printanisés » dans la mesure où l’Ukraine a connu son « printemps » en 2004, printemps communément appelé « révolution orange ».

Mais pour comprendre la situation ukrainienne actuelle, il est primordial de passer en revue quelques dates importantes  ainsi que les noms des acteurs majeurs de la politique ukrainienne de l’après ère soviétique.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

1991

L’Ukraine se sépare de l’URSS.

1991-1994

Leonid Kravtchouk (ancien dirigeant de l’ère soviétique) est le 1er président de l’Ukraine.

1991

Ioulia Timochenko crée la « Compagnie du pétrole ukrainien »

1992-1993

Leonid Koutchma (pro-russe) est Premier ministre sous la présidence Kravtchouk. Il démissionnera en 1993 pour se présenter aux élections présidentielles de l’année suivante.

1994-1999

Leonid Koutchma est le 2e président de l’Ukraine.

1995

Ioulia Timochenko réorganise sa société pour fonder, avec l’aide de Pavlo Lazarenko, la compagnie de distribution d'hydrocarbures « Systèmes énergétiques unis d'Ukraine » (SEUU).

1995

Pavlo Lazarenko est nommé vice-Premier ministre chargé de l’énergie.

1996

La SEUU fait 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires et rapporte 4 milliards de profits.

1996-1997

Pavlo Lazarenko est Premier ministre sous la présidence Koutchma.

1997

Pavlo Lazarenko est congédié par le président Koutchma.

1998

Lazarenko est arrêté par la police suisse à la frontière franco-helvétique et accusé par les autorités de Berne de blanchiment d’argent.

1999

Lazarenko est arrêté à l'aéroport JFK de New-York. Il est condamné en 2004 pour blanchiment d'argent (114 milliards de dollars), corruption et fraude.

1999-2005

Leonid Koutchma est président de l’Ukraine après sa réélection.

1999-2001

 

Viktor Iouchtchenko est Premier ministre sous la présidence Koutchma.

Ioulia Timochenko est vice-Premier ministre chargée de l’énergie (poste qui a été déjà occupé par Lazarenko).

2001

 

Ioulia Timochenko est congédiée par le président  Koutchma en janvier 2001. Elle est accusée de « contrebande et de falsification de documents », pour avoir frauduleusement importé du gaz russe en 1996, lorsqu’elle était présidente de SEUU.

Timochenko est arrêtée et fera 41 jours de prison. La justice se penche sur son activité dans le secteur de l’énergie durant les années 1990 et sur ses liens avec Lazarenko.

2002-2005

Dauphin de Koutchma, Viktor Ianoukovytch (pro-russe) est Premier ministre sous sa présidence.

2004

 

L’élection présidentielle oppose le Premier ministre en poste Viktor Ianoukovytch et l'ancien Premier ministre et leader de l'opposition Viktor Iouchtchenko (pro-occident). Le 2e tour est remporté par Ianoukovytch (49,46 contre 46,61) %. Le résultat est contesté car, selon l’opposition, les élections sont entachées de fraude.

Révolution orange : Mouvement de protestation populaire pro-occidental largement soutenu par les organismes occidentaux d’ « exportation » de la démocratie, en particulier américains. Ioulia Timochenko est considérée comme l’égérie de ce mouvement. Principal résultat de cette « révolution » : annulation du second tour des présidentielles.

Un troisième tour des élections présidentielles est organisé : Iouchtchenko est élu (51,99 contre 44,19%)

2005-2010

Viktor Iouchtchenko est le 3e président de l’Ukraine.

2005 (7 mois)

Ioulia Timochenko est Premier ministre sous la présidence Iouchtchenko

2006-2007

Viktor Ianoukovytch est Premier ministre sous la  présidence Iouchtchenko.

2007-2010

Ioulia Timochenko est une seconde fois Premier ministre sous la présidence Iouchtchenko.

2010

Élections présidentielles.

Résultats du premier tour : 1er - Ianoukovytch (35,32%);

2e - Timochenko (25,05%) et 5e -Iouchtchenko (5,45%).

Second tour : Ianoukovytch bat Timochenko (48,95% contre 45,47%).

2010-2014

Viktor Ianoukovytch est le 4e président de l’Ukraine.

2011

Ioulia Timochenko est condamnée à sept ans d'emprisonnement pour abus de pouvoir dans le cadre de contrats gaziers signés entre l'Ukraine et la Russie en 2009.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Leonid Kravtchouk Leonid Koutchma



Viktor Iouchtchenko Ioulia Timochenko
Pavlo Lazarenko Viktor Ianoukovytch

 

 

 

Un coup d’État plébiscité par l’Occident

Ce qui vient de se passer en Ukraine ces derniers jours est un véritable coup d’État. En effet, le président Viktor Ianoukovytch a été démocratiquement élu le 7 février 2010 en battant Ioulia Timochenko au second tour des élections présidentielles (48,95 % des voix contre 45,47 %).

Évidemment, Timochenko n’avait pas immédiatement accepté le verdict des urnes [1].  Il y a sûrement eu fraude quelque part puisqu’elle était, lors des élections, Premier ministre en exercice et que Viktor Iouchtchenko était président du pays. Les deux figures emblématiques de la Révolution orange, très largement soutenus par les pays occidentaux, ceux-là même qui étaient supposés faire entrer l’Ukraine dans une ère nouvelle, celle de la démocratie et de la prospérité, ont été largement battus par un candidat pro-russe. Et quel candidat! Ianoukovytch! Celui qui avait été « conspué » par les activistes de la vague orange de 2004. En moins de six ans, les Ukrainiens avaient compris que cette « Révolution » colorée n’en était pas une.

Le 8 février 2010, Joao Soares, le président de l'Assemblée parlementaire de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) déclara : « L'élection a offert une démonstration impressionnante de démocratie. C'est une victoire pour tout le monde en Ukraine. Il est temps maintenant pour les dirigeants politiques du pays d'écouter le verdict du peuple et de faire en sorte que la transition de pouvoir soit pacifique et constructive » [2].

Sans trop de conviction, mais placée devant l’évidence du verdict des observateurs internationaux, Timochenko finit par retirer son recours en justice visant à invalider le résultat de l'élection [3].

Les « révoltés » de la place Maïdan reprochent à Ianoukovytch d’avoir décidé de suspendre un accord entre son pays et l’Union Européenne (UE). Et une question fondamentale se pose : en démocratie, et dans le cadre des prérogatives de sa fonction, un président en exercice a-t-il le droit de signer les accords qu’il juge bénéfiques pour son pays? La réponse est oui, d’autant plus que de nombreux spécialistes pensent que cet accord était néfaste pour l’économie de l’Ukraine.

Ainsi, selon David Teurtrie, chercheur à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO, Paris): « La proposition faite à l’Ukraine a été, comme je l’appellerais, une stratégie perdant-perdant. Pourquoi? L’accord correspondait à la mise en place  d’une zone de libre-échange entre l’UE et l’Ukraine. Mais cette zone de libre-échange était très défavorable pour l’Ukraine parce qu’elle ouvrait le marché ukrainien aux produits européens et elle entrouvrait le marché européen aux produits ukrainiens qui ne sont en majeure partie pas concurrentiels sur le marché occidental. Nous voyons donc que l’avantage est assez peu évident pour l’Ukraine. Pour simplifier, l’Ukraine prenait sur elle tous les désavantages de cette libéralisation du commerce avec l’UE et ne recevait aucun avantage » [4].

L’économiste russe Sergueï Glaziev est lui aussi du même avis : « Toutes les estimations, incluant celles des analystes européens, font part d’un ralentissement inévitable dans la production de biens ukrainiens dans les premières années suivant la signature de l’Accord d’association, puisqu’ils sont condamnés à une perte de compétitivité par rapport aux produits européens » [5].

Nonobstant la sensibilité pro-russe de Ianoukovytch, il est clair que la proposition russe était beaucoup plus intéressante pour l’Ukraine que celle avancée par les Européens.  « L’UE ne promet pas la lune aux manifestants... juste la Grèce » titrait ironiquement le journal l’Humanité [6].

Après les émeutes sanglantes de Kiev, de nombreux pays occidentaux se sont curieusement empressés de déclarer qu’ils étaient prêts à soutenir « un nouveau gouvernement » en Ukraine [7], c’est-à-dire de reconnaître implicitement un coup d’état. Au lieu d’attiser la violence et de financer les barricades, ces pays n’auraient pas dû offrir leurs services pour calmer les esprits et attendre les prochaines élections, comme le dicte les  fondements de la démocratie qu’ils essaient d’exporter en Ukraine et ailleurs dans le monde?

 

Petites précisions sur la « révolution » orange

La « révolution » orange fait partie d’une série de révoltes baptisées « révolutions colorées », qui se sont déroulées dans les pays de l’Est et surtout les ex-Républiques soviétiques durant les années 2000. Celles qui ont abouti à un changement du gouvernement en place ont touché la Serbie (2000), la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005).

Dans un article exhaustif et très détaillé sur le rôle des États-Unis dans les  révolutions colorées, G. Sussman et S. Krader de la Portland State University mentionnent dans leur résumé : « Entre 2000 et 2005, les gouvernements alliés de la Russie en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizistan ont été renversés par des révoltes sans effusion de sang. Bien que les médias occidentaux en général prétendent que ces soulèvements sont spontanés, indigènes et populaires (pouvoir du peuple), les « révolutions colorées » sont en fait le résultat d’une vaste planification. Les États-Unis, en particulier, et leurs alliés ont exercé sur les États postcommunistes un impressionnant assortiment de pressions et ont utilisé des financements et des technologies au service de l’aide à la démocratie » [8].

Une dissection des techniques utilisées lors de ces « révolutions » montre qu’elles ont toutes le même modus operandi. Plusieurs mouvements ont été mis en place pour conduire ces révoltes: Otpor (« Résistance ») en Serbie, Kmara (« C’est assez! ») en Géorgie, Pora (« C’est l’heure ») en Ukraine et KelKel (« Renaissance ») au Kirghizistan. Le premier d’entre eux, Otpor, est celui qui a causé la chute du régime serbe de Slobodan Miloševic. Après ce succès, il a aidé, conseillé et formé tous les autres mouvements par l’intermédiaire d’une officine spécialement conçue pour cette tâche, le Center for Applied Non Violent Action and Strategies (CANVAS) qui est domiciliée dans la capitale serbe. CANVAS forme des dissidents en herbe à travers le monde à  l’application de la résistance individuelle non violente, idéologie théorisée par le philosophe et politologue américain Gene Sharp dont l’ouvrage « From Dictatorship to Democracy » (De la dictature à la démocratie) a été à la base de toutes les révolutions colorées.

 


Manifestants de la "révolution" orange

Aussi bien CANVAS que les différents mouvements dissidents ont bénéficié de l’aide de nombreuses organisations américaines d’ « exportation » de la démocratie comme l’United States Agency for International Development (USAID), la National Endowment for Democracy (NED), l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), la Freedom House (FH), l’Albert Einstein Institution et l’Open Society Institute (OSI). Ces organismes sont financés par le budget américain ou par des capitaux privés américains. À titre d’exemple, la NED est financée par un budget voté par le Congrès et les fonds sont gérés par un conseil d’administration où sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la Chambre de commerce des États-Unis et le syndicat American Federation of Labor-Congress of Industrial Organization (AFL-CIO), alors que l’OSI fait partie de la Fondation Soros, du nom de son fondateur George Soros, le milliardaire américain, illustre spéculateur financier. Il est aussi intéressant de noter que le conseil d’administration de l’IRI est présidé par le sénateur John McCain, le candidat défait de la présidentielle américaine de 2008. L’implication de McCain dans les  révolutions colorées est clairement établie dans l’excellent documentaire que la reporter française Manon Loizeau a consacré aux révolutions colorées [9].  On comprend alors aisément pourquoi le sénateur s’est récemment précipité à  Kiev pour soutenir les émeutiers ukrainiens. On comprend aussi pourquoi la Russie a durci le ton concernant les ONG étrangères présentes sur son sol et la raison qui a motivé l’expulsion de l’USAID de son territoire [10].

La relation entre le mouvement ukrainien « Pora » et ces organisations américaines est explicitée par Ian Traynor dans un remarquable article publié par The Guardian en novembre 2004 [11].

« Officiellement, le gouvernement américain a dépensé, pendant une année, 41 millions de dollars pour l'organisation et le financement de l'opération qui a permis de se débarrasser de Miloševic […]. En Ukraine, le chiffre doit tourner autour de 14 millions de dollars », explique-t-il.

Ioulia Timochenko et Viktor Iouchtchenko sont considérés comme les figures de proue de la révolution orange. Soutenu par les Occidentaux, ce mouvement obtient l’annulation du second tour de l’élection présidentielle de 2004 initialement remporté par Viktor Ianoukovytch contre Viktor Iouchtchenko. Le « troisième » tour donne finalement la victoire à Iouchtchenko qui devient le 3e président de l’Ukraine à la grande joie des Américains et des Européens.

Fier de ses réussites « révolutionnaires » colorées, le belliqueux sénateur McCain a déclaré qu’il avait proposé au prix Nobel de la Paix les candidatures de Viktor Iouchtchenko et de son homologue géorgien pro-occidental Mikhail Saakashvili [12]. Il fit un voyage à Kiev en février 2005 [13] pour féliciter son « poulain » et peut-être aussi pour lui montrer qu’il avait quelque chose à voir avec son élection.

À peine nommé président, Iouchtchenko s’empressa de nommer Timochenko au poste de Premier ministre mais la « lune de miel » entre les compagnons de la  révolution ne fit pas long feu. Bien qu’encensé par l’Occident, le couple Iouchtchenko-Timochenko s’avère boiteux et ses résultats sont très décevants.

Voici comment Justin Raimondo décrit le bilan de la magistrature  Iouchtchenko (2005-2010): «  Aujourd’hui, l'éclat orange de sa révolution étant révolu depuis longtemps, son régime s'est avéré être tout aussi incompétent et truffé de copinage comme ses prédécesseurs corrompus et vénaux, si ce n'est plus. Une grande partie de " l'aide " monétaire occidentale a disparu […]. Pire encore, l'économie a été paralysée par l'imposition de contrôles des prix et corrompu par un trafic d’influence éhonté. Sous l'accord de partage de pouvoir entre M. Iouchtchenko et la volatile Ioulia Timochenko, la «  princesse du gaz » et oligarque amazone, le pays s'est désintégré, non seulement économiquement mais aussi socialement […]. La baisse radicale de l'économie et les scandales en cours qui sont devenus des événements quotidiens pendant l'administration de M. Iouchtchenko ont conduit à la marginalisation complète du vénéré orange révolutionnaire: au premier tour de l'élection présidentielle [2010], il a obtenu un humiliant 5 pour cent des voix. Hors de la course, et sans avoir besoin de faire semblant plus longtemps, M. Iouchtchenko a lancé une véritable bombe dans l'arène politique en honorant Stepan Bandera, le nationaliste ukrainien et collaborateur des nazis, comme un " Héros de l'Ukraine " » [14].

Notons finalement que les organisations américaines d’ « exportation » de la démocratie ont été largement impliquées dans ce qui est communément appelé le « printemps » arabe. Les jeunes activistes arabes ont été formés à la résistance individuelle non violente par CANVAS  et à la cyberdissidence par des organismes américains comme l’Alliance of Youth Movements (AYM) elle-même sponsorisée par le Département d’État ainsi que les géants américains des nouvelles technologies comme Google, Facebook ou Twitter [15].

 

 

Les « gentils » émeutiers de la place Maïdan

Malgré la grande diversité de la  « faune » révolutionnaire qui a occupé la place Maïdan à Kiev, les observateurs s’accordent à reconnaître que la dissidence est composée de quatre différents groupes positionnés sur un spectre politique allant de la droite à l’extrême-droite.

Tout d’abord, il y a « Batkivshina » ou Union panukrainienne « Patrie » qui est un parti politique dont le leader est Ioulia Timochenko, secondée par Olexandre Tourtchinov, un ami de longue date, considéré comme son « fidèle écuyer » [16].  C’est ce dernier qui a été récemment nommé président intérimaire de l’Ukraine après le départ de Ianoukovytch.


Olexandre Tourtchinov et Ioulia Timochenko

Fondé en 1999, Batkivshina est un parti libéral pro-européen. Il est membre observateur du Parti populaire européen  (PPE) qui rassemble les principaux partis de la droite européenne dont le CDU (Union chrétienne-démocrate d'Allemagne) de la chancelière allemande Angela Merkel. À noter que la Fondation Konrad Adenauer (Konrad Adenauer Stiftung), think tank du CDU, est aussi affilié au PPE. D’autre part, le PPE entretient des relations étroites avec l’International Republican Institute  (IRI). Wilfried Martens, le président du PPE de l’époque, a soutenu John McCain  lors de l’élection présidentielle américaine de 2008 [17].  Bien sûr, comme précisé précédemment, John McCain est aussi et surtout président du CA de l’IRI.

Selon un des responsables du « Mejlis of the Crimean Tatar People », mouvement associé au parti « Patrie », l’IRI est actif en Ukraine depuis plus de 10 années, c’est-à-dire qu’il n’aurait jamais quitté le territoire depuis la révolution orange [18].

Arseni Iatseniouk, personnalité pro-occidentale de premier plan de la vie politique ukrainienne, est considéré comme un   « leader phare de la contestation en Ukraine » [19].  Pur produit de la révolution orange (il a occupé des postes ministériels sous la présidence Iouchtchenko), il a d’abord créé son propre parti (le Front pour le changement) avant de rejoindre les rangs de Batkivshina et de se rapprocher de Timochenko. Iatseniouk, qui vient d’être désigné premier ministre, a été plébiscité par les émeutiers de la place Maïdan. Il a pour mission de diriger un gouvernement d'union nationale avant l'élection présidentielle anticipée prévue le 25 mai 2014 [20].


Arseni Iatseniouk

Le second parti impliqué dans la violente contestation ukrainienne est l’UDAR (Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme). Ce parti, libéral et pro-européen lui aussi, a été créé en 2010 par la fusion de deux partis dont l’un est le parti Pora, issu du mouvement de jeunes qui avait été à l’avant-garde de la révolution orange dont on a discuté auparavant. UDAR (qui veut dire « coup » en Ukrainien) est dirigé par le boxeur et ex-champion du monde des poids-lourds Vitali Klitschko . Né au Kirghizstan, Klitschko est ukrainien mais a vécu à Hambourg et Los Angeles pendant plusieurs années, de sorte que ses trois enfants sont de nationalité américaine car nés aux États-Unis [21].

 


Vitali Klitschko

Une rapide navigation sur le site du parti permet de se rendre compte qu’UDAR compte parmi ses uniques partenaires étrangers : l’IRI (de McCain), le NDI (présidé par Madeleine K. Albright, l’ancienne secrétaire d’État américaine) et le CDU (de Merkel). Notons ici que l’IRI et le NDI sont deux des quatre organisations satellites de la NED.

 


Les partenaires de l'UDAR  (Photo de la page publiée sur le site officiel du parti)

 

Dans un rapport du German Foreign Policy intitulé « Notre homme à Kiev » datant de décembre 2013, on peut lire à propos de Klitschko et de son parti : «Selon les rapports de presse, le gouvernement allemand aimerait que le champion de boxe Vitali Klitschko brigue la présidence pour l'amener au pouvoir en Ukraine. Il souhaite améliorer la popularité de la politique de l'opposition en organisant, par exemple, des apparitions publiques conjointes avec le ministre des Affaires étrangères allemand. A cet effet, une réunion est également prévue pour Klitschko avec la chancelière Merkel lors du prochain sommet de l'UE à la mi-Décembre. La Fondation Konrad Adenauer a, en effet, non seulement soutenu massivement Klitschko et son parti UDAR, mais selon un politicien de la CDU, le parti UDAR a été fondée en 2010 sur les ordres directs de la fondation de la CDU. Les rapports sur les activités de la Fondation pour le développement du parti de Klitschko donnent une indication de la façon avec laquelle les Allemands influencent les affaires intérieures de l'Ukraine via UDAR » [22]. Ainsi, UDAR serait une création du CDU, ce qui explique la forte implication de la diplomatie allemande dans le « bourbier » ukrainien. Cette information est confirmée par de nombreux autres articles [23].

Un troisième mouvement a participé à l’insurrection ukrainienne pro-occidentale. Il s’agit de « Svoboda » (liberté en ukrainien) qui est un parti d’extrême-droite ultranationaliste dirigé par Oleh Tyahnybok. Svoboda a fait couler beaucoup d’encre à cause de ses positions xénophobe, antisémite, homophobe, antirusse et anticommuniste [24]. Ce parti, qui n’est ouvert qu’aux Ukrainiens « pure laine », glorifie des personnages historiques ukrainiens ouvertement fascistes et pro-nazis comme le tristement célèbre Stepan Bandera. Pendant la seconde guerre mondiale, ce dernier a combattu les Soviétiques tout en ayant des liens avec l’Allemagne nazie [25]. Ajoutons à cela que Svoboda est étroitement lié à une organisation paramilitaire,  les « Patriotes de l'Ukraine » [26]. Considérée comme néo-nazie, elle a été très active durant les récents évènements qui ont ensanglanté les rues de Kiev.

 


Oleh Tyahnybok

Les trois partis cités précédemment ont formé une alliance appelée « Groupe d’action pour la résistance nationale » pour mener à bien la déstabilisation du gouvernement Ianoukovytch. En plus, on vient d’apprendre qu’une nouvelle coalition a été créée au parlement ukrainien post-Ianoukovytch. Nommée "Choix européen", elle réunit 250 députés de différents groupes parlementaires dont Batkivtchina, UDAR et Svoboda [27].

 


Les leaders du « Groupe d’action pour la résistance nationale »: Klitschko, Tyahnybok et Iatseniouk

 

Et pour compléter la mainmise du nouveau pouvoir sur les institutions ukrainienne, Oleg Mahnitsky vient d’être nommé Procureur général de l'Ukraine, poste d’importance capitale en cette période de soubresauts « révolutionnaires » et d’évidents règlements de comptes « démocratiques ». Petite précision : Mahnitsky est membre du parti Svoboda [28]. La cerise sur le gâteau? Dans le nouveau gouvernement post-Euromaïdan largement dominé par le parti Batkivshina de Timochenko, trois portefeuilles ont été octroyés à des membres de Svoboda : Oleksandr Sych, vice-Premier ministre; Andriy Mokhnyk, Ministre de l’environnement et Oleksandr Myrnyi, Ministre de l’agriculture [29].

 


Oleg Mahnitsky
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Oleksandr Sych Andriy Mokhnyk Oleksandr Myrnyi

 

Une autre nomination n’est pas passée inaperçue dans ce gouvernement : celle de Pavel Sheremeta qui, de 1995 à 1997, était directeur de programme à l'Open Society Institute de Budapest, la fameuse fondation de George Soros [30].

 


Pavel Sheremeta

 

Le quatrième groupe factieux présent sur la place Maïdan est probablement le plus violent de tous. Connu sous l’appellation « Pravy Sektor » (Secteur de Droite), il représente la coalition d’une multitude de groupuscules de l’extrême-droite radicale et fasciste qui considère que Svoboda est « trop libéral » (sic) [31]. Créée en novembre 2013 [32], l’organisation a pour leader Dmitro Yarosh, le chef d’une organisation d’extrême-droite nommée « Trizub » (Trident) qui est réputée être le noyau dur de la brutale dissidence [33].  En plus de Trizub, on y trouve, en particulier, les « Patriotes de l'Ukraine », l’« Ukrainska Natsionalna Asambleya – Ukrainska Narodna Sambooborunu – UNA-UNSO » (Assemblée Nationale Ukrainienne – Autodéfense Nationale Ukrainienne), Bilyi Molot (Marteau Blanc) ainsi que l’aile radicale de Svoboda [34].

 


Dmitro Yarosh

Dans une interview au magazine TIME publiée le 4 février 2014, Yarosh a déclaré que « ses cohortes antigouvernementales à Kiev sont prêtes à la lutte armée » [35].  « Nous ne sommes pas des politiciens, nous sommes des soldats de la révolution nationale », a-t-il ajouté. Il faut dire que le meneur du Pravy Sektor a passé quelques années dans l’armée soviétique et que, pour lui, la « "révolution nationale" est impossible sans violence et qu'elle devrait conduire à un état "purement ukrainien" avec, pour capitale, Kiev » [36].  Il a aussi révélé dans son interview que sa coalition avait amassé un arsenal d’armes létales. Et de préciser : « Juste assez pour défendre l’Ukraine des occupants internes [i.e. les membres du gouvernement] ».

En effet, de nombreuses photos et vidéos montrent des militants du Pravy Sektor en tenues paramilitaires en train de s’entraîner publiquement sur la place Maïdan [37], impliqués dans des échauffourées d’une extrême violence  avec des forces de l’ordre ou utilisant des armes à feu contre les « Berkout » (police antiémeute) [38].

 

 
 
Actions illégales des manifestants "pacifiques" à Kiev
 

En reportage à partir de Kiev, le journaliste britannique David Blair nous donne son point de vue sur l’organisation du Pravy Sektor: « Ce qui est clair, c'est qu'ils sont très organisés. Un approvisionnement régulier des masques à gaz, de la nourriture et des surplus de camouflage de l'armée arrivent aux bénévoles sur les barricades. D'anciens soldats offrent une formation  de combat à mains nues en dehors de la tente qui sert de petite base de Pravy Sektor sur la place de l'Indépendance à Kiev. Les bénévoles ont décrit un système de commande avec plusieurs dirigeants qui commandent l'armée hétéroclite déployée à la barricade principale sur la rue Grushevskogo à Kiev. La question qui vient à l’esprit de beaucoup de gens est qu’est-ce qu’un groupe aussi puissant, en dehors du contrôle des politiciens traditionnels, ferait si la révolution réussit et le gouvernement tombe » [39].

 


Milices d'autodéfense montées par le groupe d'extrême-droite Pravy Sektor (Source: Le Monde)

 


Un manifestant arme au poing pendant un affrontement avec la police, place de l'Indépendance, à Kiev, le 22 janvier (Source: Libération)

 

Personne ne peut dire si la révolution a réussi ni même si cette insurrection peut être considérée comme telle. Mais ce dont on est sûr, c’est que le gouvernement est réellement tombé et que Dmitro Yarosh a été nommé adjoint au président du Conseil de sécurité et de défense nationale d’Ukraine [40], organisme consultatif d’état chargé de la sécurité nationale dépendant du président du pays. Et qui est le président de ce conseil? Nul autre qu’Andriy Parubiy, « le commandant du Maïdan » [41], « le chef d'état-major de la révolution ukrainienne » [42] qui, le temps d’une « révolution », a rangé ses vêtements de député du parti Batkivshchyna pour enfiler celui de « généralissime » de l’« armée » des émeutiers de l’Euromaïdan. Mais, le plus intéressant est de savoir  que Parubiy est un transfuge du parti Svoboda. En effet, il est, avec Oleh Tyahnybok, cofondateur en 1991 du Parti Social-Nationaliste d'Ukraine (SNPU), rebaptisée Svoboda en 2004 [43]. Comme quoi, les barricades, les émeutes, la désobéissance civile, la violence et le fascisme  peuvent mener très haut en Ukraine.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Andriy Parubiy

 

Il faut reconnaître que les évènements de Kiev ont fait saliver un grand amateur de guerres « sans les aimer ». Ainsi, tel un squale attiré par le sang, Bernard-Henri Levy (BHL), le fameux « rossignol des charniers », est allé à Kiev rencontrer les émeutiers. Toute honte bue après le fiasco libyen et mentant comme un arracheur de dents, il s’y exclama : « Je n’ai pas vu de néo-nazis, je n’ai pas entendu d’antisémites » [44].

 

 

BHL à Kiev: "Je n'ai pas vu de néo-nazis, je n'ai pas entendu d'antisémites"

 

Pour contredire le « dandy » aux chemises blanches échancrées, voici ce qu’en dit l’Ukrainienne Natalia Vitrenko, présidente du Parti socialiste progressiste d'Ukraine : « Au début, [les meneurs] étaient les députés de l’opposition Iatseniouk, Klitschko et Tyahnybok. Ces trois personnes menaient le Maïdan. Mais, ensuite, c’est le Pravy Sektor qui a pris les choses en main. Depuis la mi-décembre, la politique du Maïdan a été dictée par Pravy Sektor qui est une alliance de différents partis et mouvements néo-nazis. Ce sont des groupes paramilitaires, des terroristes très bien entrainés » [45].

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

BHL posant à Kiev
Caricature de "l'événement"

 

Mais la meilleure réponse, celle qui correspond le mieux au niveau de la déclaration de BHL, est à mettre au compte de la journaliste Irina Lebedeva : « Il [BHL] est chanceux, les militants de Svoboda et du Pravy Sector, organisations prônant la pureté raciale, ont certainement reçu des instructions claires de ne pas toucher à celui-là » [46].

 

Timochenko: blonde ou brune?

La figure politique ukrainienne la plus médiatisée par les organes de presse occidentaux mainstream est incontestablement Ioulia Timochenko. Traitée comme un personnage historique plus grand que nature, elle bénéficie de surnoms élogieux mais surtout pompeux : la « Marianne à la tresse », la « Princesse du gaz », la « Jeanne d'Arc ukrainienne » ou la « Dame de fer ». Mais même si d’aucuns ont remarqué une statuette de Jeanne d'Arc et les mémoires de Margaret Thatcher trôner dans son bureau [47], son parcours est loin d’être si vertueux. En fait, sa pratique politique relève plus des romans à scandales politico-financiers (voire maffieux) que de l’abnégation pour la patrie et le peuple ukrainiens. Jugez-en.

À propos de romans, commençons par Olexandre Tourtchinov qui est, paraît-il, un vrai romancier spécialisé dans le genre « science-fiction ». Oui, celui qui est actuellement président de l’Ukraine, qui a été qualifié de « fidèle écuyer » de Timochenko et qui est né, comme elle, dans la ville de Dnipropetrovsk .

 


Timochenko brune

En 1994, Tourtchinov crée avec Pavlo Lazarenko, un notable de Dnipropetrovsk, le parti Hromada dont Timochenko deviendra la présidente en 1997. Une année plus tard, en 1995, la « Marianne à la tresse » qui avait humblement commencé sa carrière de chef d’entreprise avec un prêt de 5000$, réorganise sa modeste « Compagnie du pétrole ukrainien » (créée en 1991) pour fonder, avec l’aide de Lazarenko, la compagnie de distribution d'hydrocarbures « Systèmes énergétiques unis d'Ukraine » (SEUU). Cette même année, Lazarenko est nommé vice-Premier ministre chargé de l’énergie. Très certainement favorisés par les leviers politiques inhérents au poste de Lazarenko, les résultats de SEUU explosent : 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 4 milliards de profits pour l’année 1996! Et tout cela grâce à des contrats très lucratifs reliés à la vente en Ukraine de gaz naturel russe [48]. Les années de bonheur continuent avec la promotion de Lazarenko au poste de Premier ministre en mai 1996, bien qu’il échappât à un attentat à la bombe à peine 2 mois plus tard [49]. Au début de l’année 1997, la SEUU contrôlait plusieurs banques, avait des participations dans des dizaines d'entreprises de la métallurgie et la construction mécanique, était copropriétaire de la troisième plus grande compagnie aérienne de l'Ukraine et de son deuxième plus grand aéroport, celui de Dnipropetrovsk, en plus de participation  dans le développement de gazoducs turcs et boliviens, ainsi que le contrôle de plusieurs journaux locaux et nationaux [50].

 


Lazarenko et Timochenko

 

Comme l’enrichissement « exponentiel » est souvent synonyme d’affaires louches, des soupçons  ont commencé à peser sur Lazarenko  et la SEUU. En avril 1997, le New York Times rapporta que Lazarenko possédait des parts dans cette compagnie. D’autres affaires furent dévoilées et, en juillet de la même année, le président Koutchma congédia Lazarenko. La suite est rocambolesque. En 1998, Lazarenko est arrêté par la police suisse à la frontière franco-helvétique et accusé par les autorités de Berne de blanchiment d’argent et relâché après le paiement d’une forte caution. Dans un article publié en 2000 et  intitulé « Les comptes fantastiques de M. Lazarenko », Gilles Gaetner parle d’un détournement des deniers publics ukrainiens de l’ordre de 800 millions de dollars, « sans doute la plus importante affaire de blanchiment de l'après-guerre » [51]. Lazarenko fuit alors aux États-Unis où il cherche à obtenir l’asile politique, mais il y est arrêté en 1999.

Bien qu’élus sous la bannière Hromada, Timochenko et Tourtchinov quittent ce parti en 1999 après les déboires de Lazarenko pour créer, ensemble, le parti Batkivshina [52].

Poursuivi par la justice américaine, Lazarenko est condamné en 2006 à neuf ans de prison pour extorsion de fonds, blanchiment d'argent par les banques américaines et fraudes [53]. Un rapport 2004 du « Transparency International Global Corruption » classe Lazarenko parmi les 10 leaders politiques les plus corrompus du monde [54]. La justice ukrainienne poursuit toujours Lazarenko pour l’assassinat du député Evguen  Scherban et de sa femme en 1996. Selon l’accusation, le groupe de Scherban était en concurrence avec la SEUU et gênait ses activités.

 


Evguen  Scherban

Lazarenko a été libéré en novembre 2013, mais il a été placé dans un centre de détention pour migrants à cause de l’expiration de son visa [55].

L’arrestation de Lazarenko n’entame en rien l’opportunisme politique de Timochenko. Dès que Viktor Iouchtchenko accède au poste de Premier ministre en 1999, elle est nommée vice-Premier ministre chargé de l’énergie, poste occupé par Lazarenko quelques années auparavant. Néanmoins, elle est finalement touchée par le scandale Lazarenko et accusée en 2001 de « contrebande et de falsification de documents », pour avoir frauduleusement importé du gaz russe en 1996 lorsqu’elle était présidente de SEUU [56]. Timochenko est arrêtée et fera quelques semaines de prison [57]. En 2002, elle est victime d’un grave accident de la route qu’elle interprètera comme une tentative d’assassinat [58].

 


Timochenko blonde, mais sans tresses

C’est pendant cette période qu’elle change de look. De brune, elle devient blonde. « Ioulia troque son style de femme d'affaires sexy cheveux libres et tailleurs moulants contre celui, plus sage, de parlementaire en col Claudine, jupe au-dessous du genou. Elle adopte sa coiffure actuelle, la fameuse tresse blonde disposée en couronne autour de sa tête » [59].

 


Timochenko et son look actuel

En 2004, la « révolution » orange éclate et Timochenko en devient l’égérie. Iouchtchenko accède à la magistrature suprême en 2005 et, elle, au poste de Premier ministre par deux fois. Toutes les accusations sont, comme par enchantement, oubliées.

 


Le couple Iouchtchenko – Timochenko

 

Divulgué par Wikileaks, un rapport au congrès américain datant de 2005 décrit ainsi la « princesse du gaz » : « Timochenko est un leader énergique et charismatique avec un style politique parfois combatif qui a fait une campagne efficace pour M. Iouchtchenko. Cependant, elle est un personnage controversé en raison de son lien au milieu des années 1990 avec les élites oligarchiques, dont l'ancien Premier ministre Pavlo Lazarenko, qui purge actuellement une peine dans une prison américaine pour fraude, blanchiment d'argent et extorsion. Timochenko a servi en tant que chef d'une entreprise de négoce en gaz et de vice-Premier ministre dans le gouvernement notoirement corrompu de Lazarenko. On dit qu’elle est extrêmement riche []Elle a ensuite été l’objet d’une enquête pour corruption et blanchiment d'argent et a été brièvement emprisonnée. Toutes les accusations ont été officiellement abandonnées après l'élection de Viktor Iouchtchenko. La Russie a également déposé des accusations de corruption contre elle peu de temps avant la campagne électorale » [60].

L’accès au pouvoir du couple Iouchtchenko – Timochenko (grâce à la vague orange), permet à Tourtchinov d’occuper le poste de chef des Services secrets ukrainiens (SBU) en février 2005. Toutefois, en 2006, une enquête le vise ainsi que son adjoint. Il leur est reproché d’avoir détruit le dossier d’un dangereux parrain du crime organisé ukrainien, Semyon Mogilevich  [61]. Ce maffieux est soupçonné de diriger un vaste empire criminel et est décrit par le FBI, en 1998, comme « le gangster le plus dangereux du monde » [62]. Les accusations furent étonnamment abandonnées quelques mois plus tard. Il obtint même une excellente promotion. En effet, à son deuxième mandat de Premier ministre (2007), Timochenko lui octroie le poste de vice-Premier ministre, fonction qu’il occupera jusqu’en 2010, date à laquelle elle perd les élections présidentielles contre Ianoukovytch.

 


 

Les relations conflictuelles du couple Iouchtchenko – Timochenko donna le coup de grâce aux mirages de la « révolution » orange. Timochenko est accusée d'avoir trahi l'intérêt national pour préserver ses ambitions personnelles [63].

L’arrivée de Ianoukovytch au pouvoir mit fin à l’impunité de la candidate battue par les urnes et son dossier judiciaire est ressorti du placard pour des anciennes et nouvelles « affaires ». Timochenko est poursuivie dans de nombreux dossiers: mauvaise utilisation de fonds perçus en 2009  pour la vente de quotas d'émission de CO2,  abus de pouvoir lors de la signature en 2009 de contrats sur le gaz avec la Russie considérés défavorables à son pays, fraude fiscale et détournement de fonds relatifs à l’affaire Lazarenko et sa responsabilité dans la gestion de la SEUU [64].  Plus grave encore, elle est accusée de complicité de meurtre (avec Lazarenko) dans l’affaire Scherban (1996). Selon le procureur général adjoint, «  la victime était en conflit avec Mme Timochenko, qui s'occupait alors de la distribution du gaz russe en Ukraine et tentait de contraindre des entreprises de la région industrielle de Donetsk (Est) à acheter cette matière première à sa société Systèmes Énergétiques Unis d'Ukraine (SEUU), grâce au soutien du Premier ministre à l'époque, Pavlo Lazarenko »; « Evguen Chtcherban, un homme fort de la région et dont le groupe était un concurrent de la société de Mme Timochenko, s'était publiquement opposé à l'expansion de SEUU, et l'a payé de sa vie » [65]. Il ajouta à cela « qu'il y avait des témoins qu'elle et l'ancien Premier ministre Pavlo Lazarenko avaient payé pour les meurtres ». Ces allégations sont soutenues par Ruslan, le fils de M. Shcherban, qui a survécu à l'assassinat de ses parents. Dans une conférence de presse, il a déclaré avoir remis des documents au bureau du procureur général impliquant les deux anciens premiers ministres (Lazarenko et Timochenko) dans les meurtres [66].

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le bureau du procureur général d'Ukraine a publié un document

explicatif du rôle de Timochenko dans le meurtre de M. Shcherban.

 

Cliquez sur le lien ci-dessous pour le lire:

 

 

La complicité de Timochenko est aussi envisagée dans deux autres assassinats: l’homme d’affaires Alexander Momot (tué en 1996, quelques mois avant Shcherban) et l’ancien gouverneur de la Banque nationale d’Ukraine, Vadym Hetman (tué en 1998) [67].
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Alexander Momot Vadym Hetman

 

Timochenko a été condamnée à sept ans de prison en octobre 2011 et placée en détention pour son implication dans l’affaire des contrats gaziers [68].

 

 

"The rise and fall of Yulia Timoshenko"

 

Les événements inespérés de l’Euromaïdan sont venus extirper « la princesse du gaz » de sa geôle. Et de quelle manière! Le samedi 22 février 2014, à 12h08, Tourtchinov, le bras droit de Timochenko, est élu président du Parlement ukrainien. Trente minutes plus tard, comme s’il s’agissait de l’affaire la plus urgente à régler dans un pays en pleine insurrection, le parlement vote la libération « immédiate » de Timochenko. À titre de comparaison, ce n’est qu’à 16h19 que ce même parlement votera la destitution de Ianoukovytch [69].

Avec la nomination du militant d’extrême-droite Oleg Mahnitsky comme procureur général, ainsi que celle d’un très grand nombre de membres du parti Batkivshina à des postes-clés au sein de l’appareil de l’état, on peut aisément prédire que Timochenko n’aura plus, au moins pour un certain temps, à s’inquiéter de ses problèmes judiciaires.

Il faut reconnaître qu’à deux reprises Timochenko a été arraché des mains de la justice grâce à des émeutes populaires de grande ampleur : la « révolution » orange en 2004 et, maintenant, l’Euromaïdan.

En plus de ses talents de romancier, il paraît que le président Tourtchinov est aussi pasteur évangélique. Serait-ce à ce titre qu’il a « sauvé » son amie de toujours?

Mais « Kiev vaut bien une messe », non?

 

 

L’insolente ingérence occidentale

L’Euromaïdan peut être considéré comme une « révolution » colorée, revue et corrigée à la sauce « printemps » arabe, arôme syrien. En effet, bien que de nombreuses similitudes puissent être trouvées entre la « révolution » orange et l’Euromaïdan, deux différences fondamentales sont à noter. La première, déjà discutée précédemment, est relative à la violence des émeutes qui est essentiellement due à l’omniprésence de manifestants de l’extrême-droite fasciste et néo-nazie. Par comparaison, la « révolution » orange était basée sur les théories non-violentes de Gene Sharp. La seconde différence relève de l’insolente présence physique de personnalités occidentales, politiques et civiles, sur la place Maïdan, haranguant les foules et incitant à la désobéissance civile, en complète contradiction avec le principe fondamental de non-ingérence dans les affaires internes d’un pays souverain, dont les dirigeants ont été démocratiquement élus.

Commençons par John McCain, président du conseil d’administration de l’IRI qui, à Kiev, est en terrain connu. Effectivement, après (et non pendant) la « révolution » orange, il s’était déjà rendu en Ukraine (en février 2005) pour y rencontrer ses « poulains » qu’il avait largement financés.

 


Iouchtchenko et McCain (février 2005)

Le sénateur américain s’est aussi rendu dans les pays arabes « printanisés » : Tunisie (21 février 2011), Égypte (27 février 2011), Libye (22 avril 2011) et Syrie (27 mai 2013). Lors des deux premiers voyages, les gouvernements étaient déjà tombés. Dans les deux derniers, la bataille faisait rage (elle le fait encore en Syrie).

À Kiev, McCain s’adressa aux révoltés du Maïdan le 14 décembre 2013. « Nous sommes ici pour soutenir votre juste cause, le droit souverain de l'Ukraine à choisir son propre destin librement et en toute indépendance. Et le destin que vous souhaitez se trouve en Europe », a-t-il claironné [70].

Il y rencontra le « triumvirat du Maïdan », c’est-à-dire Iatseniouk,  Klitschko et Tyahnybok. Il n’a pas été embarrassé de poser avec Tyahnybok, alors que ce dernier aurait été interdit, l'année dernière, d'entrer aux États-Unis en raison de ses discours antisémites [71]. Non, rien ne l’a gêné de traiter avec le leader de Svoboda, un parti ouvertement ultranationaliste, xénophobe et prônant des valeurs néo-nazies, tout comme rien ne l’a dérangé de soutenir de sanguinaires terroristes en Libye ou en Syrie. La fin justifie les moyens : l’important est de soustraire l’Ukraine du giron russe.

 


McCain rencontre Klitschko, Iatseniouk et Tyahnybok (décembre 2013)

 

L’ingérence américaine s’est aussi illustrée par « l’affaire Nuland » qui a montré que le vocabulaire diplomatique utilisé par certains hauts fonctionnaires américains n’avait rien à envier à celui des charretiers. « Fuck the UE! », s’est-elle exclamée. Ce qui en dit long sur la lutte d’influence qui oppose l’oncle Sam au vieux continent.

Et comment Victoria Nuland, la sous-secrétaire d'État pour l'Europe et l'Eurasie,  appelle-t-elle les leaders de l’Euromaïdan? « Yats » et « Klitsch » [72]? Comme « Jon » et « Ponch » dans la populaire série américaine « CHiPs »? Utiliser un langage si familier suppose une évidente proximité et une indéniable connivence entre les membres du triumvirat et l’administration américaine, c’est le moins qu’on puisse dire.

 


Tyahnybok, Victoria Nulan, Klitschko, et Iatseniouk

 

En plus de L’IRI, la NED est présente à Kiev. Pour s’en rendre compte, il n’y a qu’à suivre Nadia Diuk qui écrit à partir de Kiev et dont les articles sont publiés dans « le Kiyv Post » et d’autres fameux journaux. Les titres de ses articles sont idylliques : « La révolution auto-organisée d’Ukraine » [73], « Les visions du futur de l’Ukraine » [74], etc. Déjà, en 2004, en pleine « révolution » orange, elle écrivait « En Ukraine, une liberté indigène » [75] pour prouver que la « révolution » était spontanée, ce qui contredit toutes les études (occidentales) qui ont été publiées subséquemment. Il faut se rendre à l’évidence que la teneur de ses articles n’a guère changé avec le temps. Et pour cause, Mme Diuk est vice-présidente à la NED,  chargée des programmes pour l’Europe, l’Eurasie, l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes [76].

Les rapports annuels de la NED montrent que, juste pour 2012, les montants octroyés à une soixantaine d’organismes ukrainiens s’élevaient à près de 3,4 millions de dollars [77]. Dans ce rapport, il est indiqué que l’IRI de McCain et le NDI d’Albright ont respectivement bénéficié de 380 000 et 345 000 $ pour leurs activités en Ukraine.

Cette évidente implication américaine en Ukraine a été signalée par Sergueï Glaziev qui a déclaré que « les Américains dépensent 20 millions de dollars par semaine pour financer l'opposition et les rebelles, y compris pour les armer » [78].

Le second pays occidental largement impliqué dans l’Euromaïdan est l’Allemagne. Une dizaine de jours avant McCain, Guido Westerwelle, le chef de la diplomatie allemande, a pris un bain de foule au milieu des manifestants de la place Maïdan en compagnie de ses « protégés » « Yats » et « Klitsch » ou, plus poliment, Iatseniouk et Klitschko. Après s’être entretenus avec eux à huis clos, il déclara « Nous ne sommes pas ici pour soutenir un parti, mais nous soutenons les valeurs européennes. Et quand nous nous engageons pour ces valeurs européennes, il est naturellement agréable de savoir qu'une grande majorité des Ukrainiens partagent ces valeurs, veulent les partager et souhaitent suivre la voie qui mène à l'Europe » [79]. En parlant de majorité, Westerwelle n’a certainement pas consulté les récents sondages qui montrent que seuls 37% de la population  ukrainienne est favorable à une adhésion de leur pays à l’Union Européenne [80]. D’ailleurs, les citoyens européens le sont-ils? Pas si sûr. Par exemple, un très récent sondage montre que 65% des Français sont opposés à l'idée d'une aide financière apportée par la France et l'Union européenne à l'Ukraine et 67% sont contre une entrée de ce pays dans l'UE [81].

 


Klitschko, Guido Westerwelle et Iatseniouk

 

D’autre part, la chancelière allemande a, comme son ministre, reçu Iatseniouk et Klitschko le 17 février 2014 à Berlin. Le candidat sur lequel ont misé Merkel, le CDU et son think tank, la Fondation Konrad Adenauer, est Klitschko [82]. Néanmoins, le parti de Timochenko est aussi considéré comme un allié du PPE et du CDU ainsi que l’avait affirmé M. Martens lors d’un discours au Club de la Fondation Konrad Adenauer en 2011 : « Ioulia Timochenko est une amie de confiance et son parti est un membre important de notre famille politique ». Dans ce même discours, il avait déclaré que sa position était similaire à celle de McCain quant au soutien à Timochenko (pour sa libération lorsqu’elle était emprisonnée) [83].

 


Klitschko, Merkel et Iatseniouk

Il faut souligner que cette convergence de vue entre l’IRI et la Fondation Konrad Adenauer n’est ni fortuite, ni récente. En réalité, elle remonte à la création de la NED comme nous l’explique  Philip Agee, l’ancien agent de la CIA qui avait quitté l’agence pour vivre à Cuba [84]. Tout d’abord, il faut comprendre que la NED a été créée pour prendre en charge  certaines tâches qui relevaient originalement de la CIA, en l’occurrence la gestion des programmes secrets de financement de la société civile étrangère. Après avoir consulté un vaste éventail d'organisations nationales et étrangères, les autorités américaines furent intéressées par les fondations des principaux partis de l’Allemagne de l’Ouest qui étaient financées par le gouvernement allemand : la Friedrich Ebert Stiftung des sociaux-démocrates et la Konrad Adenauer Stiftung des démocrates-chrétiens. Nous trouvons actuellement une structure analogue dans le paysage politique américain. L’IRI et le NDI, les deux satellites de la NED, sont respectivement reliés aux partis républicain et démocrate américains et, comme ses homologues allemands, sont financés par des fonds publics. Comme la CIA collaborait avec ces « Stiftungs » allemands pour financer des mouvements à travers le monde bien avant la création de la NED par le président Reagan en 1983, les relations sont restées solides jusqu’à nos jours.

Bien que plus discret que les deux précédents, le troisième pays impliqué dans les événements ukrainiens est le Canada. Cet intérêt est probablement dû au fait que le Canada abrite la plus grande diaspora ukrainienne dans le monde après celle de la Russie. Plus de 1,2 millions de canadiens sont d’origine ukrainienne [85].

John Baird, le ministre des affaires étrangères canadien a rencontré le triumvirat ukrainien le 4 décembre 2013 à Kiev et, comme les autres, a effectué un « pèlerinage » à la place Maïdan. Le chef de la diplomatie canadienne est revenu à Kiev le 28 février 2014 pour y rencontrer les nouvelles autorités : le président Tourtchinov, le Premier ministre Iatseniouk et la « Jeanne d'Arc ukrainienne ». Questionné sur son soutien « inconditionnel » de l’Ukraine et ses conséquences sur les relations avec la Russie, il répondit : « Nous n’allons certainement pas nous excuser pour avoir soutenu le peuple ukrainien dans sa lutte pour la liberté » [86]. À noter que Paul Grod, le président du Congrès des Ukrainiens-Canadiens (UCC) a accompagné Baird dans ses deux voyages. Ses positions sont calquées sur celles de la diplomatie canadienne.

 


Tyahnybok, Iatseniouk, Baird, Klitschko et Grod

 

Les positions et les réactions de tous ces politiciens laissent cependant perplexes. Certes, les vies perdues lors de ce sanglant conflit sont à déplorer, mais qu’auraient-ils fait si des manifestants violents, appartenant à des groupes extrémistes, avaient occupé le centre-ville de leur capitale, tué des membres des forces de l'ordre, kidnappé des dizaines de policiers, occupé  des locaux officiels et troublé l’ordre public pendant des mois? Et n’ont-ils pas une part de responsabilité dans l’augmentation du nombre de victimes en venant jeter de l’huile sur le feu du Maïdan?

En France, par exemple, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls s’est insurgé contre une récente manifestation de « Black Bloc » qui a fait six blessés parmi les policiers, le 22 février 2014. Voici ses commentaires : « Cette violence venant de cette ultra-gauche, de ces Black Bloc, qui sont originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers est inadmissible et elle continuera à trouver une réponse particulièrement déterminée de la part de l’État ». Après avoir rendu hommage «au préfet de la Loire Atlantique, aux forces de l’ordre, policiers et gendarmes, qui avec beaucoup de sang froid et de professionnalisme ont contenu cette manifestation », il ajouta : « Personne ne peut accepter de telles exactions » [87].

Et les Ukrainiens, doivent-ils les accepter? Et comment aurait réagi la classe politique française et occidentale si ces « Black Bloc » avaient été financés, formés ou soutenus par des organismes et politiciens étrangers, Russes, Chinois ou Iraniens venus à Nantes pour les soutenir?

Je vous laisse le soin d’y répondre.


En définitive, il faut se rendre à l’évidence que l’Euromaïdan, tout comme la « révolution » orange, est un mouvement largement soutenu par des officines occidentales. Cette conclusion ne doit pas éclipser la réelle corruption de toute la classe politique ukrainienne. Vouloir nous présenter, comme le font les médias occidentaux mainstream, les « bons » avec Timochenko et les « mauvais » avec Ianoukovytch  est une vision biaisée de la réalité. Le gouvernement Ianoukovytch ayant été démocratiquement élu, les évènements récents sont, sans équivoque, un coup d’État.

Ce coup d’État a permis à des militants de l’extrême-droite ukrainienne, ultranationaliste fasciste et néo-nazie, de faire partie du nouveau gouvernement ukrainien. Cette présence, ouvertement appuyée par les gouvernements occidentaux est néfaste pour l’avenir et la stabilité du pays. La hâtive, expéditive, controversée et incompréhensible abrogation de la loi « sur les bases de la politique linguistique de l’État » est un exemple patent [88].

En outre, ce rapprochement « forcé » de l’Ukraine avec l’Union Européenne et son corollaire l’éloignement de ce pays de la Russie n’est pas bénéfique pour le peuple ukrainien. Selon des spécialistes occidentaux et non-occidentaux, la proposition russe était de loin plus intéressante que celle conjointe de l’Union Européenne et des États-Unis qui n’ont d’autre alternative que d’offrir la « médecine FMI » à ce Pays [89].

Contrairement aux vœux pieux de Timochenko clamés au Maïdan, il serait utopique de penser que l’Ukraine fasse partie de l’Union « dans un avenir proche» [90], au vu de la situation désastreuse de certains pays européens comme la Grèce, par exemple. La « Marianne aux tresses » n’a probablement pas entendu le ministre français des Affaires européennes, Thierry Repentin. « Dans toutes les négociations pour offrir à l'Ukraine un accord d'association, nous avons bataillé ferme pour retirer toute allusion à une adhésion à l'UE. Pas question de changer de position » a-t-il déclaré dans un article publié le 3 février dernier [91].

Si l’Ukraine ne peut prétendre à une adhésion à l’Union Européenne et que les défenseurs occidentaux de sa « révolution » ne mettent pas la main à la poche, tout semble indiquer que ce pays n’est qu’un « cheval de Troie » pour gêner la Russie qui prend trop de place et beaucoup d’aisance dans les enjeux internationaux, à l’instar de son rôle dans le conflit syrien. Une façon comme une autre d’ouvrir une nouvelle ère de guerre froide. Les troubles en Crimée et les menaces de l’exclusion de la Russie du G8 [92] n’en sont que les prémices.

Les Ukrainiens doivent savoir qu’ils sont condamnés à vivre en bon voisinage avec la Russie avec laquelle ils ont une frontière commune et des liens historiques, commerciaux, culturels et linguistiques.

Une chose est sûre, cependant: le réveil « postrévolutionnaire » sera douloureux pour les Ukrainiens.

 

Références

  1. AFP, « Élection présidentielle - Ioulia Timochenko refuse de reconnaître sa défaite  », Le Point, 9 février 2010, http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2010-02-09/election-presidentielle-ioulia-timochenko-refuse-de-reconnaitre/924/0/422135
  2. AFP, « Ukraine : l'OSCE reconnaît la bonne tenue de l'élection », Le Monde, 8 février 2010, http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/02/08/ukraine-ianoukovitch-revendique-une-courte-victoire_1302464_3214.html
  3. AFP, « Présidentielle en Ukraine : Timochenko retire son recours en justice », RTL, 20 Février 2010,http://www.rtl.be/info/monde/france/308688/presidentielle-en-ukraine-timochenko-retire-son-recours-en-justice
  4. David Teutrie, « L'accord d'association de l'UE avec l'Ukraine est une stratégie perdant-perdant », Institut de la Démocratie et de la Coopération, 4 février 2014, http://www.idc-europe.org/fr/-Accord-d-Association-avec-l-Ukraine-est-une-strategie-perdant-perdant- -
  5. Sergeï Glaziev, « L’Union économique eurasiatique n’aspire pas à devenir un Empire comme l’UE », Solidarité et Progrès, 18 janvier 2014,http://m.solidariteetprogres.org/actualites-001/article/sergei-glaziev-l-union-economique-eurasiatique-n.html
  6. Gaël De Santis,  « Ukraine. L’UE ne promet pas la lune aux manifestants... juste la Grèce », l’Humanité, 24 Février 2014,http://www.humanite.fr/monde/ukraine-l-ue-ne-promet-pas-la-lune-aux-manifestant-559788
  7. AFP, « Ukraine : Washington et Londres prêts à soutenir "un nouveau gouvernement" », Le Monde, 22 février 2014,http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/02/22/ukraine-londres-pret-a-soutenir-un-nouveau-gouvernement_4371763_3214.html
  8. G. Sussman et S. Krader, « Template Revolutions : Marketing U.S. Regime Change in Eastern Europe », Westminster Papers in Communication and Culture, University of Westminster, London, vol. 5, n° 3, 2008, p. 91-112,http://www.westminster.ac.uk/__data/assets/pdf_file/0011/20009/WPCC-Vol5-No3-Gerald_Sussman_Sascha_Krader.pdf
  9. Manon Loizeau, « États-Unis à la conquête de l’Est », 2005. Ce documentaire peut être visionné à l’adresse suivante :http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=120:arabesque-americaine-chapitre-1&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
  10. BBC, « Russia expels USAID development agency », 19 septembre 2012, http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-19644897
  11. Ian Traynor, « US campaign behind the turmoil in Kiev », The Guardian, 26 novembre 2004, http://www.guardian.co.uk/world/2004/nov/26/ukraine.usa
  12. VOA, « Senator McCain Tells Ukrainians of Nobel Nomination for Yushchenko », 4 février 2005, http://www.insidevoa.com/content/a-13-34-mccain-intvu-4feb2005/177965.html
  13. Archives du Gouvernement ukrainien, « Orange Revolution Democracy Emerging in Ukraine »,http://www.archives.gov.ua/Sections/Ukraineomni/ukrelection030905a.htm
  14. Justin Raimondo, « The Orange Revolution, Peeled », Antiwar, 8 février 2010, http://original.antiwar.com/justin/2010/02/07/the-orange-revolution-peeled/
  15. Ahmed Bensaada, « Arabesque américaine : Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe », Éditions Michel Brûlé, Montréal (2011), Éditions Synergie, Alger (2012),
  16. Maud Descamps, « Ukraine : le nouveau président par intérim est un pasteur », Europe 1, 23 février 2014, http://www.europe1.fr/International/Ukraine-le-nouveau-president-par-interim-est-un-pasteur-1809869/
  17. DW, « McCain Feels the Love From European Conservatives », 4 septembre 2008, http://www.dw.de/mccain-feels-the-love-from-european-conservatives/a-3618489-1
  18. Mikhail Mikhaylov, « Zair Smedlyaev: The Crimean Tatars should have self-autonomy », World and We, 10 juillet 2013,http://www.worldandwe.com/en/page/Zair_Smedlyaev_The_Crimean_Tatars_should_have_selfautonomy.html#ixzz2uUeETy00
  19. Faustine Vincent, « Arseni Iatseniouk, leader phare de la contestation en Ukraine », 20 minutes, 28 janvier 2014,http://www.20minutes.fr/monde/1283098-20140128-arseni-iatseniouk-leader-phare-contestation-ukraine
  20. AFP, « Ukraine: Iatseniouk, désigné premier ministre, face à une tâche herculéenne », Le Devoir, 26 février 2014,http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/401165/des-echauffourees-eclatent-en-crimee-pendant-que-poutine-ordonne-des-manoeuvres
  21. Centre Européen pour une Ukraine Moderne, « Élections ukrainiennes –Informations », 10 octobre 2012, http://www.modernukraine.eu/wp-content/uploads/2012/10/Elections-Ukrainiennes-Newsletter-7-10-octobre-2012.pdf
  22. German Foreign Policy, « Our Man in Kiev », 10 décembre 2013, http://www.german-foreign-policy.com/en/fulltext/58705/print
  23. Lire, par exemple, Olivier Renault , « Ukraine : Klitchko, ou la construction d'un président par l'OTAN », La voix de la Russie, 24 janvier 2014,http://french.ruvr.ru/2014_01_24/Ukraine-Klitschko-ou-la-construction-dun-president-par-lOTAN-3540/
  24. Palash Ghosh , « Svoboda: The Rising Spectre Of Neo-Nazism In The Ukraine », International Business Times, 27 décembre 2012,http://www.ibtimes.com/svoboda-rising-spectre-neo-nazism-ukraine-974110
  25. Palash Ghosh, « Euromaidan: The Dark Shadows Of The Far-Right In Ukraine Protests », International Business Times, 19 février 2014,http://www.ibtimes.com/euromaidan-dark-shadows-far-right-ukraine-protests-1556654
  26. Tadeusz Olsza?ski, « Svoboda Party – The New Phenomenon on the Ukrainian Right-Wing Scene », Centre for Eastern Studies, 4 juillet 2011,http://www.isn.ethz.ch/Digital-Library/Publications/Detail/?lng=en&id=137051
  27. Ria Novosti, « Ukraine: la coalition "Choix européen" créée au parlement  », 27 février 2014, http://fr.ria.ru/world/20140227/200603490.html
  28. 62, « Rada appointed the new Attorney General », 24 février 2014, http://www.62.ua/news/482461
  29. Katya Gorchinskaya, « Kyiv Post: The not-so-revolutionary New Ukraine Government », Novinite , 27 février 2014,http://www.novinite.com/articles/158543/Kyiv+Post%3A+The+not-so-revolutionary+New+Ukraine+Government
  30. IPO Forum, « Pavlo Sheremeta », http://www.ipoforum.com.ua/en/speakers/?pid=422
  31. BBC, « Ukraine crisis: Key players », 27 février 2014, http://www.bbc.com/news/world-europe-25910834
  32. BBC, « Groups at the sharp end of Ukraine unrest », 1er février 2014, http://www.bbc.com/news/world-europe-26001710
  33. Simon Shuster, « Exclusive: Leader of Far-Right Ukrainian Militant Group Talks Revolution With TIME », TIME, 4 février 2014,http://world.time.com/2014/02/04/ukraine-dmitri-yarosh-kiev/
  34. Global Security, « Pravy Sektor / Praviy Sector (Right Sector) »,6 février 2014, http://www.globalsecurity.org/military/world/ukraine/right-sector.htm
  35. Voir référence 31
  36. Ibid.
  37. Le Parisien, « La tortue du Pravy Sektor 25/01/2014 Kiev Ukraine », 28 janvier 2014, http://who-when-where-photo.blog.leparisien.fr/archive/2014/01/27/le-secteur-droit-sur-la-place-maidan-25-01-2014-kiev-ukraine-14727.html
  38. RT, « Acciones ilegales de 'manifestantes pacíficos' en Kiev », 18 février 2014, http://www.youtube.com/watch?v=byAi0vMSSHs#t=34
  39. David Blair  and Roland Oliphant, « As Kiev violence escalates, opposition leader says 'a foreign power' wants to divide Ukraine », The Telegraph, 25 janvier 2014, http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/ukraine/10596968/As-Kiev-violence-escalates-opposition-leader-says-a-foreign-power-wants-to-divide-Ukraine.html
  40. Alexei Korolyov, « 'Commander' of Ukraine protests: Let parliament lead », USA TODAY, 27 février 2014,http://www.usatoday.com/story/news/world/2014/02/27/ukraine-opposition-parubiy/5844437/
  41. Yann Merlin et Jérôme Guillas, « Ukraine : "Nous sommes là pour la révolution" », Metronews, 19 février 2014, http://www.metronews.fr/info/ukraine-andriy-parubiy-nous-sommes-la-pour-la-revolution/mnbs!cSw0WJ6VjTN8/
  42. Roman Olearchyk, « Arseniy Yatseniuk poised to become Ukraine prime minister », Financial Times, 26 février 2014,http://www.ft.com/intl/cms/s/0/88987cf8-9f12-11e3-8663-00144feab7de.html?siteedition=intl#axzz2ufydXR5l
  43. Liga, « Andriy Parubiy », 28 février 2014, http://file.liga.net/person/866-andrei-parybii.html
  44. Euronews, « Ukraine : Bernard-Henri Levy parmi les opposants au Maïdan  », 10 février 2014, http://fr.euronews.com/2014/02/10/ukraine-bernard-henri-levy-parmi-les-opposants-au-maidan
  45. Natalia Vitrenko, « Ukraine: un putsch néonazi poussé par l'OTAN », Dailymotion, 25 février 2014, http://www.dailymotion.com/video/x1di876_ukraine-un-putsch-neonazi-pousse-par-l-otan_news
  46. Irina Lebedeva , « Bernard-Henri Lévy: Harangues of Ignorant Buffoon », Strategic Culture Foundation, 15 février 2014, http://www.strategic-culture.org/news/2014/02/15/bernard-henri-levy-harangues-of-ignorant-buffoon.html
  47. AFP, « Timochenko: dame de fer et "princesse du gaz" », La Libre, 22 février 2014, http://www.lalibre.be/actu/international/timochenko-dame-de-fer-et-princesse-du-gaz-5308d0f335709867e404dc0b
  48. Oleg Varfolomeyev, « Will Yulia Tymoshenko be Ukraine's first woman prime minister? », PRISM, Volume 4, Issue 3, 6 février 1998, The Jamestown Foundation http://web.archive.org/web/20061125034223/http://www.jamestown.org/publications_details.php?volume_id=5&issue_id=249&article_id=2820
  49. Marta Kolomayets, « Lazarenko escapes assassination attempt », The Ukrainian Weekly, 21 juillet 1996,http://www.ukrweekly.com/old/archive/1996/299601.shtml
  50. Voir référence 47
  51. Gilles Gaetner, « Les comptes fantastiques de M. Lazarenko », L’Express, 1er juin 2000, http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/les-comptes-fantastiques-de-m-lazarenko_491978.html
  52. Voir référence 16
  53. BBC, « Former Ukraine PM is jailed in US », 25 août 2006, http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/5287870.stm
  54. Transparency International Global Corruption Report 2004, « World's Ten Most Corrupt Leaders », http://www.infoplease.com/ipa/A0921295.html
  55. Arielle Thedrel , « Ukraine : Ioulia Timochenko accusée de meurtre », Le Figaro, 22 janvier 2013, http://www.lefigaro.fr/international/2013/01/22/01003-20130122ARTFIG00336-ukraine-ioulia-timochenko-accusee-de-meurtre.php
  56. Libération, « La vice-Première ministre ukrainienne limogée », 20 janvier 2001, http://www.liberation.fr/monde/2001/01/20/la-vice-premiere-ministre-ukrainienne-limogee_351716
  57. BBC, « Ukraine: opposition leader injured », 29 janvier 2002, http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/1788924.stm
  58. Marie Jégo, « Ioulia Timochenko, la "marianne à la tresse" », Le Monde, 24 février 2014, http://www.lemonde.fr/europe/article/2005/09/09/ioulia-timochenko-la-marianne-a-la-tresse_687380_3214.html
  59. Ibid.
  60. Wikileaks, « CRS: Ukraines Political Crisis and U.S. Policy Issues », 1er février 2005,http://wikileaks.org/wiki/CRS:_Ukraines_Political_Crisis_and_U.S._Policy_Issues,_February_1,_2005
  61. Voir référence 16
  62. Robert I. Friedman , « The Most Dangerous Mobster in the World », The Village Voice, 26 mai 1998, http://www.villagevoice.com/1998-05-26/news/the-most-dangerous-mobster-in-the-world/
  63. Reuters, « Crise au sommet en Ukraine, menace d'élections anticipées  », Le Point, 3 septembre 2008, http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2008-09-03/crise-au-sommet-en-ukraine-menace-d-elections-anticipees/924/0/271036
  64. AFP, « Ukraine : nouvelle inculpation de Timochenko pour des délits financiers », l’Express, 11 novembre 2011,http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/ukraine-nouvelle-inculpation-de-timochenko-pour-des-delits-financiers_1050142.html
  65. AFP, « Ukraine: le parquet va inculper Ioulia Timochenko dans une affaire de meurtre », RTBF, 19 juin 2012,http://www.rtbf.be/info/societe/detail_ukraine-le-parquet-va-inculper-ioulia-timochenko-dans-une-affaire-de-meurtre?id=7789919
  66. BBC, « Tymoshenko rejects Ukraine murder link as 'absurd' », 9 avril 2012, http://www.bbc.com/news/world-europe-17658811
  67. Newspepper, « Prosecutor General of Ukraine examines the involvement of Timoshenko to the three murders », 7 avril 2012,http://newspepper.su/news/2012/4/7/prosecutor-general-of-ukraine-examines-the-involvement-of-timoshenko-to-the-three-murders/
  68. Thomas Vampouille , « Ioulia Timochenko condamnée à sept ans de prison », Le Figaro, 11 octobre 2011,http://www.lefigaro.fr/international/2011/10/11/01003-20111011ARTFIG00517-ioulia-timochenko-condamnee-a-sept-ans-de-prison.php
  69. Iris Mazzacurati , « En direct. Ukraine: Ianoukovitch démis de ses fonctions, Timochenko libérée », L’Express, 22 février 2014,http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/en-direct-ukraine-vers-la-fin-du-regne-de-viktor-ianoukovitch_1494265.html
  70. Richard Balmforth et Gabriela Baczynska, « Nouvelle manifestation à Kiev, l'UE suspend les négociations  », Le Point, 15 décembre 2013,http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/nouvelle-manifestation-a-kiev-l-ue-suspend-les-negociations-15-12-2013-1769842_240.php
  71. Bill Van Auken, « Leaked phone call on Ukraine lays bare Washington’s gangsterism », WSWS, 10 février 2014,http://www.wsws.org/en/articles/2014/02/10/pers-f10.html
  72. BBC, « Ukraine crisis: Transcript of leaked Nuland-Pyatt call », 7 février 2014, http://www.bbc.com/news/world-europe-26079957
  73. Nadia Diuk, « Ukraine's self-organizing revolution », Kyiv Post, 3 février 2014, http://www.kyivpost.com/opinion/op-ed/nadia-diuk-ukraines-self-organizing-revolution-336155.html
  74. Nadia Diuk, « Ukraine's visions of the future », Kyiv Post, 4 décembre 2013, http://www.kyivpost.com/opinion/op-ed/nadia-diuk-ukraines-visions-of-the-future-333037.html
  75. Nadia Diuk, « In Ukraine, Homegrown Freedom », Washington Post, 4 décembre 2004, http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A34008-2004Dec3.html
  76. NED, « Nadia Diuk, Vice President, Programs – Africa, Central Europe and Eurasia, Latin America and the Caribbean »,http://www.ned.org/about/staff/nadia-diuk
  77. NED, « Ukraine 2012 Annual report », http://www.ned.org/publications/annual-reports/2012-annual-report/central-and-eastern-europe/ukraine
  78. Michel Viatteau et Olga Nedbaeva, « Le président ukrainien à Sotchi sur fond de tensions », La Presse, 6 février 2014,http://www.lapresse.ca/international/europe/201402/06/01-4736241-le-president-ukrainien-a-sotchi-sur-fond-de-tensions.php
  79. Philippe Pognan, « Bain de foule de Westerwelle à Kiev », DW, 5 décembre 2013, http://www.dw.de/bain-de-foule-de-westerwelle-%C3%A0-kiev/a-17272897
  80. Samuel  Charap et Keith A. Darden, « Kiev Isn’t Ready for Europe », The New York Times, 20 décembre 2013,http://www.nytimes.com/2013/12/21/opinion/kiev-isnt-ready-for-europe.html?_r=0
  81. Atlantico, « 65% des Français opposés à une aide financière à l’Ukraine », 27 février 2014, http://www.atlantico.fr/decryptage/65-francais-opposes-aide-financiere-ukraine-jerome-fourquet-ifop-994234.html
  82. Ralf Neukirch, Nikolaus Blome et Matthias Gebauer, « UKRAINE : Klitchko, l’opposant coaché par Merkel », Der Spiegel, 11 décembre 2013,http://www.presseurop.eu/fr/content/article/4396161-klitchko-l-opposant-coache-par-merkel
  83. Konrad Adenauer Stiftung, « Speech by EPP President Wilfried Martens, Club of the Konrad Adenauer Stiftung », 14 septembre 2011,http://www.kas.de/ukraine/en/publications/28776/
  84. Philip Agee, « Terrorism and Civil Society as Instruments of U.S. Policy in Cuba », Cuba Linda, mai 2003,http://www.cubalinda.com/English/Groups/TerrorismandCivilSociety.htm
  85. Statistics Canada, « 2011 National Household Survey: Data tables », http://www12.statcan.gc.ca/nhs-enm/2011/dp-pd/dt-td/Rp-eng.cfm?
  86. Sonja Puzic, « 'We don't apologize for standing with Ukrainian people,' Baird says », CTVNews, 28 février 2014, http://www.ctvnews.ca/politics/we-don-t-apologize-for-standing-with-ukrainian-people-baird-says-1.1707909
  87. AFP, « Valls cible «l’ultra-gauche» et les «Black Bloc» après les heurts de Nantes », Libération, 22 février 2014,http://www.liberation.fr/societe/2014/02/22/valls-cible-l-ultra-gauche-et-les-black-bloc-apres-les-heurts-de-nantes_982282
  88. RIA Novosti, « Ukraine: la Rada abroge la loi sur le statut du russe  », 23 février 2014, http://fr.ria.ru/world/20140223/200560426.html
  89. AFP , « Une équipe du FMI mardi en Ukraine pour discuter du plan d’aide », Libération, http://www.liberation.fr/monde/2014/03/03/une-equipe-du-fmi-mardi-en-ukraine-pour-discuter-du-plan-d-aide_984175
  90. Le Journal du siècle, « Timochenko : "L’Ukraine va devenir un membre de l’Union européenne" », 23 février 2014,http://lejournaldusiecle.com/2014/02/23/timochenko-lukraine-va-devenir-un-membre-de-lunion-europeenne/
  91. Alain Franco, « Ukraine : l'Union européenne sans boussole », Le Point, 3 février 2014, http://www.lepoint.fr/monde/ukraine-l-union-europeenne-sans-boussole-03-02-2014-1787567_24.php
  92. Kevin Lamarque, « Une première étape vers une exclusion de la Russie du G8 », RFI, 3 mars 2014, http://www.rfi.fr/europe/20140303-une-premiere-etape-vers-une-exclusion-russie-g8-obama-poutine-france-union-europeenne-allemagne-g7/

 

 _______________________________________________________________________________________



Crimée, ou l'hypocrisie occidentale

 
Rédigé par Elie Arié le Mardi 18 Mars 2014 
 
http://www.marianne.net/elie-pense/xml/syndication.rss
 
Crimée, ou l'hypocrisie occidentale
Toute la diplomatie occidentale (États-Unis et Europe) refuse d’accepter le verdict des urnes du  referendum de Crimée, par lequel la majorité de ses habitants ont choisi de quitter l’ Ukraine pour réintégrer la Russie, le déclarant illégal parce que réalisé sans l’accord du gouvernement central ukrainien  - contrairement à  celui, donné en exemple,  par lequel les Écossais se prononceront sur leur indépendance en septembre prochain, et réalisé, lui, avec l’accord de la Grande-Bretagne. 

Mais l’ Occident a la mémoire très courte, et une interprétation à géographie variable du droit international. 

Par  le référendum des mois de septembre et octobre 1991, réalisé sans l'aval du gouvernement serbe, le  Kosovars choisissaient l'indépendance. 

On connaît la suite : entre le 24 mars 1999 et le 10 juin 1999, l’OTAN procèdait à des frappes aériennes sur la Serbie, dont les troupes étaient venues défendre cette partie de son territoire ; le 17 février 2008, le Parlement de la province serbe du Kosovo, jouissant déjà (comme la Crimée dans l’ Ukraine) d’un large régime d’autonomie, réuni en session extraordinaire, votait  le texte présenté par le premier ministre Hashim Thaçi proclamant l'indépendance du Kosovo, malgré les protestations de la Serbie dont il faisait encore officiellement  partie ; dans les quelques  jours qui suivirent, les États-Unis, la France, l'Allemagne et  le Royaume-Uni reconnaissent l'indépendance du Kosovo ( à noter que personne, à ce moment-là, ne s’est jamais préoccupé du sort des importantes minorités serbes vivant dans cette province autonome de Serbie). 


Où était la différence, du point de vue du droit international , entre la Crimée et le Kosovo? 

Si on fait appel à l’ Histoire, le comportement occidental n’y trouve guère davantage de justifications : 
 
  • tout comme l’Ukraine fut le berceau historique de la Russie, les Slaves n’étant chassés vers Moscou que par les invasions des Tatars mongols des XIIème et XIII ème siècles, le Kosovo fut le berceau historique de la Serbie ;
 
  •  la Crimée a été « donnée » à l'Ukraine en 1954, par décision unilatérale et solitaire de Khrouchtchev (ancien dirigeant du PC ukrainien), sans consulter ses habitants, traités ainsi comme des esclaves d’autrefois, qu’on pouvait vendre  ou offrir à sa guise, sans leur demander leur avis.

Certes, on a vu en Tchétchénie la manière dont Poutine appliquait, à l'occasion, « le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes »; mais, en Ukraine, il ne fait que tirer les conséquences de la promesse faite par l' Occident à Gorbatchev et non tenue de ne pas intégrer dans l' OTAN les pays ex-communistes d' Europe de l' Est si la Russie les évacuait : l' Occident a le Poutine qu'il mérite. 
 
Gageons toutefois  que le parallèle entre la Crimée et le Kosovo s’arrêtera là : il me semble peu probable que l’ OTAN procède à des frappes aériennes sur la Russie, si ses troupes continuaient à venir  contrecarrer localement les positions diplomatiques occidentales : le « droit d’ingérence » n’a jamais été que le droit d’ingérence du fort sur le faible. Selon que vous serez puissant ou misérable... 

Gageons aussi que, pour l’avenir, certaines déceptions attendent les habitants de la Crimée : parmi les multiples et complexes raisons des révoltes ukrainiennes, figure indiscutablement le désir de ses citoyens d’être gouvernés par dirigeants moins corrompus que ceux qui se sont succédé à sa tête depuis sa « révolution orange » de 2004 ; et, de ce côté-là, il est peu probable que le passage sous l’autorité du régime de Poutine leur apporte satisfaction... Mais ceci est une autre histoire. 


______________________________________________________________________________



Tiré du blog de Geoffroy Géraud Legros :  
http://www.7lameslamer.net/quand-les-nazis-menent-le-bal.html

Un article édifiant !
QUAND LES NAZIS MENENT LE BAL




Un article plus récent  ( 1er mars 2014) 
http://7lameslamer.net/ukraine-annee-zero.html


Antagonisme Est-Ouest

Ukraine, année zéro ?



_______________________________________________________________________________

 

 

Matzneff : vive la Crimée russe !-  

Le Point.fr - 17/03/2014

J'ouvre au mot "Crimée" le célèbre Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet paru chez Hachette en 1843, je lis : "La Crimée, la Chersonèse Taurique des anciens, presqu'île de la Russie d'Europe, sur la mer Noire." Cette définition a la clarté du cristal.
Délivrée en 1783 du joug turc par Catherine II - l'impératrice des Lumières, amie de Diderot, de Voltaire, de Grimm, de Giacomo Casanova -, ce fut en 1791 que la Crimée devint définitivement russe. Cet exemple de la Crimée allait stimuler de manière admirable les patriotes grecs, et trente ans plus tard ce sera la Grèce qui, à son tour, se soulèvera contre l'occupation étrangère.
Qu'il s'agît de la Crimée ou de la Grèce, de l'impératrice Catherine de Russie ou de lord Byron, l'Europe progressiste, favorable à l'autodétermination des peuples, suivit avec enthousiasme ces reculs de l'impérialisme ottoman, ces victoires de la liberté.

Une politique décidée à Washington

Qu'en est-il aujourd'hui ? Les dirigeants européens semblent ignorer tout de leur propre histoire, ils sont comme frappés d'amnésie. Sans doute est-ce une des raisons de leur servile ralliement à la politique étrangère américaine. Lors de la guerre de l'Otan contre la Serbie, le président des États-Unis, le démocrate Clinton, aurait voulu que l'aviation turque bombardât Belgrade. Ce fut François Mitterrand qui le dissuada de commettre une pareille folie. L'ignorance qu'avait Clinton de l'histoire européenne, son successeur Obama en a, c'est l'évidence, hérité. Hélas, en 2014, à Paris, nous n'avons plus un François Mitterrand pour éclairer sa lanterne et désormais l'Élysée, le Quai d'Orsay ne sont que les caisses de résonance de la politique décidée à Washington.
Au train où vont les choses, je ne m'étonnerais pas que dans les mois à venir Obama et ses vassaux européens n'invitent leurs amis turcs à faire valoir leurs droits sur la Crimée. Ne l'ont-ils pas occupée de 1475 à 1783 ? La Turquie n'est-elle pas membre de l'Otan depuis 1952 ? Aux yeux des États-Unis, ces deux titres leur donnent assurément des droits à la reconquête, le second surtout, car pour les Américains les Européens se divisent en deux blocs : les bons qui font partie de l'Otan et les méchants qui ne lui appartiennent pas. Si les Polonais et les Ukrainiens sont présentement si bien vus de la Maison-Blanche, c'est parce qu'ils appellent de leurs vœux la protection de l'Otan contre les Russes, se montrent des serviteurs zélés et dociles des intérêts américains.

Deux poids, deux mesures

Dans le cas où Obama, pour se venger de Vladimir Poutine, encouragerait les Turcs à envahir la Crimée comme, il y a quarante ans, ils envahirent Chypre, je suis convaincu que M. Laurent Fabius, notre infatigable ministre des Affaires étrangères, pourrait obtenir de Son Altesse turque Erdogan qu'en échange de l'appui de la France il nomme Mamamouchi le vaillant président François Hollande. "Mamamouchi, vous dis-je. Je suis Mamamouchi." (Le Bourgeois gentilhomme, acte V, scène 1.)
Lundi matin, à Europe 1, dans sa revue de presse, la spirituelle Natacha Polony raillait tel quotidien de gauche parisien qui, après avoir soutenu le démembrement de la Yougoslavie, applaudi à la mainmise sur le Kosovo, berceau historique de la Serbie, par une bande de mafieux islamistes, à présent refuse aux habitants de la Crimée le droit de se sentir et de se vouloir russes. De fait, ce qui est choquant dans cette affaire, c'est le deux poids, deux mesures. Il est certes toujours délicat d'accuser les gens qui ne pensent pas comme vous de malhonnêteté intellectuelle, mais, si ce perpétuel deux poids, deux mesures pratiqué par certains intellos n'est pas de la mauvaise foi, ça y ressemble diablement.
Ah ! la Chersonèse Taurique des anciens Grecs ! Quel nom charmant ! Et plus que jamais d'actualité. Connaissez-vous le titre de l'exarque du patriarche de Moscou en France ? C'est celui d'évêque de Chersonèse. Depuis toujours, à chaque liturgie eucharistique, dans les paroisses orthodoxes de France qui dépendent du patriarcat de Moscou, nous prions pour l'évêque de Chersonèse. Ceux d'entre les lecteurs du Point qui me font l'honneur d'avoir mes livres dans leur bibliothèque savent que l'un de ces prélats m'inspira même un poème intitulé précisément "Chersonèse".

Vive la Crimée russe !

En ce temps pénitentiel de carême, je vous ferai un aveu. De son vivant, je fus jaloux de mon ami le théologien Olivier Clément. Je l'aimais beaucoup, il fut le témoin de mon mariage religieux à Londres, je suis le parrain de son fils, mais le patriarche de Constantinople lui avait conféré la distinction de Grand Chartophylax du Trône oecuménique, et cela m'épatait à un point dont vous n'avez pas idée. Faire graver sur ses cartes de visite : "Grand Chartophylax du Trône oecuménique", un rêve !
J'ai longtemps espéré que le patriarche de Constantinople, sensible à la place éminente qu'occupe l'Église orthodoxe dans mon travail d'écrivain, ferait de moi aussi un Grand Chartophylax, mais le temps passe, et telle Mme de Marlborough, je ne vois rien venir. Désormais, tous mes espoirs se tournent vers le patriarche de Moscou. Si je réussis à convaincre M. François Hollande de tenter à son tour de convaincre son ami Obama d'accepter que la Crimée reste russe et de renoncer à de misérables représailles d'ordre économique, ne pourrais-je pas recevoir l'Ordre de Saint-Vladimir (de Kiev, soit dit par parenthèse) ou, tel Tintin dans Le Sceptre d'Ottokar, être fait chevalier de l'Ordre du Pélican d'or ? Une telle distinction réjouirait mes vieux jours et, assurément, m'emplirait de bénignité envers l'actuel chef de l'État. La semaine dernière, dans ces colonnes, grâce à Christophe Girard, je me suis réconcilié avec M. Manuel Valls. Si demain, grâce à Sa Sainteté Cyrille Ier, je me mettais à écrire du bien de François Hollande, ce serait un miracle comparable à ceux de Lourdes ! Le Mamamouchi et le Chartophylax la main dans la main ! Embrassons-nous, Folleville ! Vive la Syldavie indépendante ! Vive la Crimée russe !


_____________________________________________________

 
A signaler :  Un panorama particulièrement exhaustif consacré à l'UKRAINE dans   " Les crises.fr " (http://www.les-crises.fr/ ).
En voici le schéma général.

cf.
Olivier Berruyer
www.les-crises.fr/
Blog d'Olivier Berruyer (mais pas que !)
En LIEN sur " U zinu"



Série Ukraine
Voici les billets composant la série Ukraine réalisée depuis la fin mars pour mieux comprendre cette zone stratégique. Pour information, une grande série récapitulative sur la situation en Ukraine est en cours
LE billet de synthèse
Pour tout comprendre en un billet  [[Synthèse de la crise en Ukraine] Le gouvernement fascisant de Kiev que nous soutenons…]urlblank:http://www.les-crises.fr/le-gouvernement-fasciste-de-kiev-que-nous-soutenons/  
Série Générale (en cours de diffusion – elle aura 30 billets…)

Chapitre 1  : Comprendre l’Ukraine
  • [[U1-1] Comprendre l’Ukraine – Le Pays]url:http://www.les-crises.fr/comprendre-l-ukraine-le-pays/
  • [[U1-2] Comprendre l’Ukraine – L’Histoire du pays (1/2)]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-l-histoire-du-pays-1/
  • [[U1-2] Comprendre l’Ukraine – L’Histoire du pays (2/2)]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-l-histoire-du-pays-2/
  • [[U1-3] Comprendre l’Ukraine – La Population]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-la-population/
  • [[U1-4] Comprendre l’Ukraine – La Religion]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-la-religion/
  • [[U1-5] Comprendre l’Ukraine – Les langues]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-les-langues/
  • [[U1-6] Comprendre l’Ukraine – Le PIB]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-le-pib/
  • [[U1-7] Comprendre l’Ukraine – Le commerce international]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-commerce-international/
  • [[U1-8] Comprendre l’Ukraine – La politique depuis 1991]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-la-politique/
  • 25 cartes et graphiques pour comprendre l’Ukraine
  • Les 5 Ukraines
Chapitre 2  : Le rôle de l’UE
  • [[U2-1] L’enjeu central des accords commerciaux & Le rôle des Oligarques]url:http://www.les-crises.fr/les-accords-commerciaux/
  • [[U2-2] La responsabilité de l’UE dans la crise ukrainienne (1/2)]url:http://www.les-crises.fr/responsabilite-ue-ukraine-1/
  • [[U2-3] [ÉNORME] La responsabilité de l’UE dans la crise ukrainienne (2/2)]url:http://www.les-crises.fr/responsabilite-ue-ukraine-2/
Chapitre 3  : Le phénomène nazi en Ukraine
  • [[U3-1] Le phénomène nazi en Ukraine – La Galicie]url:http://www.les-crises.fr/nazis-ukraine-la-galicie/
  • [[U3-2] Les Juifs d’Europe orientale]url:http://www.les-crises.fr/les-juifs-d-europe-orientale/
  • [[U3-3] Les Juifs de Galicie & Les mouvements nationalistes ukrainiens]url:http://www.les-crises.fr/les-juifs-de-galicie/
  • [[U3-4] L’invasion nazie en 1941 et la guerre]url:http://www.les-crises.fr/l-invasion-nazie-en-1941/
  • [[U3-5] Le sort des juifs en Galicie (1/2)]url:http://www.les-crises.fr/le-sort-des-juifs-en-galicie-1/
  • [[U3-5] Le sort des juifs en Ukraine (2/2)]url:http://www.les-crises.fr/le-sort-des-juifs-en-galicie-2/
  • [[U3-6] L’UPA en action et les Massacres de la Volhynie]url:http://www.les-crises.fr/u3-6-l-upa-en-action-et-les-massacres-de-la-volhynie/
  • [[U3-7] La résurgence néonazie depuis 1991 en Ukraine : du SNPU au parti Svoboda]url:http://www.les-crises.fr/u37-du-snpu-a-svoboda/
  • [[U3-7] Députés de Svoboda : cachez ces néonazis que nous ne saurions voir…]url:http://www.les-crises.fr/u372-deputes-de-svoboda/
Billets Majeurs
  • [[Synthèse de la crise en Ukraine] Le gouvernement fascisant de Kiev que nous soutenons…]url:http://www.les-crises.fr/le-gouvernement-fasciste-de-kiev-que-nous-soutenons/
Série : On a oublié de vous dire
Série initiale. Elle reprend les informations chronologiquement.
  • [[1] Les racines de la crise]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-1/
  • [[2] Les néonazis font monter la violence pro-européenne]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-2/
  • [[3-1] Svoboda : une “Liberté” toute relative…]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-3/
  • [[3-2] Les puissances occidentales soutiennent un coup d’Etat en Ukraine]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-3-2/
  • [[4] Quand Washington s’emmêle…]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-4/
  • [[5.1] Le coup d’État…]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-5/
  • [[5.2] L’imposture du “gouvernement démocratique”]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-5-2/
  • [[6] On n’humilie pas la Russie en vain…]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-6/
  • [[7] Classique du coup d’État : OUPS, ce sont peut-être les “gentils” qui ont tué des manifestants…]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-7/
  • [[8] Géopolitique…]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvd-8/
Série : On a oublié de vous montrer
Série constituée de photos (souvent à peine croyables), peu vues dans les médias.
  • [[1] Le choc des photos – Les manifestants]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvm-1/
  • [[2] Le choc des photos – Les néo-nazis de Maïdan]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvm-2/
  • [[3] Le choc des photos – Sous les pavés… l’essence !]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvm-3/
  • [[4] Le choc des photos – Les armes de Maïdan]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvm-4/
  • [[5] Le choc des photos – La guérilla urbaine]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvm-5/
  • [[6] Le choc des photos – Les morts]url:http://www.les-crises.fr/ukraine-oaodvm-6/
Série : Vidéos Série : Voix de la sagesse
Quelques analystes lucides et équilibrés… Série : AutoDéfense intellectuelle Documents Actu’Ukraine Billets d’information Billets d’analyse  
_________________________________________


SITUATION EN AOÛT 2014

Il  semblerait que Fabius et Hollande, relayés par l'ensemble des médias français  pratiquent  et alimentent une russophobie qui relève du délire.
Voici qu'ils prônent pratiquement une intervention armée de l'OTAN !



__________________________________________

 

L’affaire du Mistral ou la victoire de la diplomatie BHL

Jeudi 4 Septembre 2014 
 
Jack Dion
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne 
 
 

Comme par hasard, la France annonce la suspension de la vente du Mistral à la Russie le jour même où s’ouvre le sommet de l’Otan, sur fond de crise en Ukraine. En fait cette décision témoigne d’un alignement atlantiste proche de la vision manichéenne d’un Bernard-Henri Lévy.

 
 
 

Il y a peu, Laurent Fabius assurait qu’il n’était pas question de revenir sur la vente du porte-hélicoptères Mistral à la Russie. Il était seulement question de rediscuter de la livraison du second navire, ce qui pouvait se concevoir vu le contexte du moment. 

Le 24 juillet dernier, le ministre des Affaires étrangères déclarait, en riposte aux injonctions de David Cameron, petit télégraphiste de la Maison Blanche : « Il y a une règle que les contrats signés sont payés et honorés ». Au passage, et non sans raison, Laurent Fabius lui rappelait que la Grande-Bretagne continuait à livrer des armes autrement plus sophistiquées à Vladimir Poutine, que Londres était la capitale d’adoption des oligarques russes, et donc qu’avant de faire la leçon aux autres il devrait commencer par balayer sa propre carpette. 

Tout ça est oublié. Fabius fait du Cameron, et Hollande rentre sagement dans le rang des bons soldats de l’Otan. Car il ne faut pas chercher ailleurs la raison du revirement tricolore. L’explication se trouve moins du côté de Donestk qu’à Newport, au Royaume-Uni. C’est là que s’ouvre le sommet de l’Otan, cette organisation militaire née à l’époque de la guerre froide, toujours en vigueur alors que l’ennemi soviétique a disparu de la carte, et qui entend régenter le monde en lieu et place de l’Onu, dont c’est pourtant la vocation première. 

D’ailleurs qui parle encore des casques bleus, aujourd’hui ?  Dès qu’apparait une crise quelque part, au Proche-Orient, en Europe ou ailleurs, c’est l’Otan qui entre en scène, autrement dit l’armée des Etats-Unis et ses supplétifs, quitte à reprocher aux autres (les Russes par exemple) de vouloir s’inspirer de la prétention américaine à jouer au gendarme. 

La crise en Ukraine ne s’explique pas autrement. Au lendemain de l’effondrement du camp soviétique, au lieu de bâtir un nouveau système de sécurité collective, l’Occident a voulu arrimer la Géorgie et l’Ukraine à l’Otan. C’était la pire des provocations vis-à-vis de la Russie, de son histoire et de sa géographie. 

Du temps de Gorbatchev le mollasson, puis d’Eltsine le roi de la bouteille, cela pouvait passer. Avec Poutine, un président héritier des traditions tsaristes et nationalistes de la Russie, et qui se fait une certaine idée de son pays, cela ne passe plus. Mais au lieu de négocier avec Moscou, au lieu d’avancer vers cette Europe de l’Atlantique à l’Oural dont parlait le général de Gaulle, les Occidentaux ont tout fait pour utiliser l’Ukraine comme tête de pont politico-militaire contre la Russie, en dépit des appels à la raison entendus ici et là, y compris aux Etats-Unis. 

Dans cette histoire, la France a joué les mouches du coche, comme en témoigne l’affaire du Mistral, après l’alignement sur les sanctions. Qui peut croire que c’est la non livraison de ce navire qui va empêcher Poutine de continuer à soutenir manu militari les rebelles de l’Est ukrainien, qui ont quelques récriminations fondées à l’égard du pouvoir en place à Kiev ? Pourquoi se priver d’un tel contrat quand on connaît la situation de l’économie et de l’emploi en France ? Comment assumer une telle décision et négocier au même moment avec cette grande démocratie qu’est l’Arabie saoudite pour lui vendre des lance-missiles ? Comment convaincre les clients potentiels à l’achat du Rafale (l’Inde par exemple) que la France peut respecter ses engagements ? 

Cette décision est une Bérézina commerciale doublée d’un Waterloo politique. C’est la victoire de la diplomatie à la Bernard-Henri Lévy, l’homme du chaos en Libye, qui voit le monde divisé entre Bons et Méchants. Poutine, à qui on ne donnerait pas le bon Dieu orthodoxe sans confession, est évidemment dans cette dernière catégorie, alors que tous ceux qui lui sont opposés sont d’une candeur absolue, y compris les apprentis fascistes qui œuvrent dans l’ombre à Kiev. 

Aujourd’hui encore, dans Le Parisien,  BHL somme l’Europe de désigner la Russie comme l’ennemi à abattre. Au détail près, c’est la ritournelle en vigueur au Monde et à Libération. Le mercredi 3 septembre, Libé titrait : « Ukraine : guerre à l’Europe », vitupérant au passage « l’inertie occidentale », comme si les néocons à l’américaine avaient pris le contrôle du journal fondé par Jean-Paul Sartre. 

Mais que veulent-ils ? Foncer sur la Russie ? Bombarder Moscou ? Soyons sérieux. Plutôt que de s’aligner sur les apprentis sorciers de l’Otan et ses adjudants en chemise blanche, il serait temps de retrouver le sens des réalités. Dans le dossier ukrainien, rien n’est simple, rien n’est univoque. A jouer la carte de l’escalade, le pire est possible. Mieux vaudrait s’en apercevoir avant qu’il ne soit trop tard. 

_________________________________________
 


Tiré du site HERODOTE.NET


 

Faut-il nous battre pour Donetsk ?




29 août 2014

Faut-il nous battre pour Donetsk ?

 
 
Voilà que la guerre reprend en Ukraine, aux portes de l'Union européenne !
Vingt-cinq ans après la fin de la guerre froide, cette crise incongrue résulte d'un malentendu historique entre la Russie et les Occidentaux.
On peut lire aussi notre éditorial : Gare à ne pas désespérer la Russie.
« Sont-ils tous devenus fous ? » se demandait récemment Jacques Attali à propos des dirigeants européens (*). 
Après les manifestations de Maidan, à Kiev, à l'automne 2013, le nouveau gouvernement ukrainien n'a rien eu de plus pressé que d'ôter au russe, langue parlée par un tiers de leur population, son statut de langue officielle.
Et c'est avec les encouragements de l'Union européenne, de l'OTAN  et de quelques intellectuels déphasés qu'il est entré en guerre contre les séparatistes russophones de Crimée et du Donbass, qui ne supportaient plus d'être traités en parias.
Ainsi les dirigeants occidentaux violent-ils en Ukraine le droit à l'autodétermination des peuples qu'ils approuvent quand il concerne les Catalans, les Écossais, les Corses ou encore les Tibétains. Il est vrai que tout est permis quand il s'agit de repousser l'ogre russe et relancer la « guerre froide ».

D'Eltsine à Poutine, quelle différence ?

Ah, c'est sûr, les Occidentaux avaient plus de sympathie pour Boris Eltsine que pour Vladimir Poutine, qui lui a succédé en 1999 à la tête de la Fédération russe.
D'abord, il avait l'alcool joyeux. Ensuite, il avait accueilli à bras ouverts les « Chicago boys » et, sur les conseils de ces missionnaires du néolibéralisme, il avait bradé l'économie russe aux anciens apparatchiki du Parti communiste. Cette politique éclairée avait conduit à l'effondrement démographique de la Russie.
Poutine a, lui, tous les défauts. Il est issu de la police d'État, le FSB (ex-KGB), dont l'historienne Hélène Carrère d'Encausse rappelle avec une nuance d'humour qu'il est le vivier des cadres russes, à l'égal de l'ENA en France. Ses manières sont celles d'un tsar et il ne cache pas son mépris des démocraties occidentales.
Plus gravement, il s'est mis en tête de redresser son pays en instaurant des barrières protectionnistes pour sauver l'industrie, en mettant au pas les hiérarques, voire en les jetant en prison, et en brutalisant les médias. Le pire est qu'il semble y réussir comme le montrent les indicateurs démographiques relevés par le démographe Emmanuel Todd. Cela lui vaut d'être immensément populaire dans son pays. 
La Russie (145 millions d'habitants) n'est plus menacée de disparition à moyen terme. Son indice de fécondité (1,2 enfants par femme en 1999, 1,7 en 2013) est remonté au-dessus de celui de la Chine (1,5), de l'Ukraine (1,5) et bien sûr de l'Europe, pour ne rien dire de l'Allemagne (1,4). Niveau d'éducation, accession des filles à l'enseignement supérieur, mortalité infantile, suicide... tous les indicateurs témoignent de ce que la population russe reprend lentement confiance en son destin.
C'est cette renaissance encore fragile de la plus grande nation du continent que les dirigeants européens s'appliquent à briser avant qu'un disciple de Charles de Gaulle ne s'avise de construire « l'Europe de l'Atlantique jusqu'à l'Oural ».

En finir avec la Russie ?

Certains, en Suède et plus encore en Pologne, cachent à peine leur désir de venger Poltava et Katyn. « Isolons la Russie et renvoyons-la dans ses lointaines steppes asiatiques », clament-ils.
Les gens de Bruxelles (l'OTAN et la Commission européenne) s'y sont essayé en 2008 avec la Géorgie. Ils ont encouragé celle-ci à rompre avec Moscou et se rapprocher de l'Union européenne, voire entrer dans l'OTAN, en violation de la promesse faite en 1991 à Mikhail Gorbatchev, dernier chef d'État soviétique, de ne pas étendre l'alliance aux portes de la Russie. La tentative a fait long feu après que Vladimir Poutine eut brutalement ramené la Géorgie au bercail.
Oublieux de la leçon (*), ils ont donc récidivé cinq ans plus tard avec l'Ukraine, ou « petite Russie », en l'invitant à s'émanciper de Moscou et se rapprocher de l'Union européenne et de l'OTAN, ce que les Russes ont perçu comme une nouvelle manifestation d'hostilité à leur égard.
L'Ukraine ! Jusqu'à ces derniers mois, nous méconnaissions ce pays tout autant que la Géorgie. À sa partie orientale russophone, la « Nouvelle Russie », les Soviétiques ont rattaché la partie occidentale, enlevée aux mondes balkanique, carpathique et polonais. De ces régions pauvres mais fières sont issus les nationalistes qui s'associèrent aux envahisseurs allemands pendant la Seconde Guerre mondiale et aussi ceux qui se sont retrouvés sur Maidan à l'automne 2013 pour renouveler leur sympathie à l'adresse de l'Europe, de l'Allemagne et de la Pologne.
Cette sympathie justifie-t-elle que nous enfonçions un coin entre l'Ukraine et la Russie ? Est-il urgent et utile de nous rapprocher de l'Ukraine, avec son économie en lambeaux, sa société en loques et sa démographie sinistrée ? L'Ukraine, notons-le, est, de tous les pays de la planète, celui dont la population devrait le plus diminuer d'ici 2050 (34 millions d'habitants au lieu de 45 millions dans les frontières de 2013 d'après les démographes de l'ONU).
Las. Après un échec cuisant sur la Crimée, reprise par la Russie le 17 mars 2014, le président ukrainien Petro Porochenko a retourné son armée contre ses concitoyens russophones du Donbass, ne leur offrant que la « paix des cimetières ». Au lieu de calmer ses pulsions bellicistes, les Européens se sont enferrés dans leur erreur. Ils ont choisi de s'en prendre exclusivement à son homologue russe. 
Il s'en est suivi une escalade ukraino-occidentale, combinant sanctions économiques contre la Russie et opérations de guerre contre les séparatistes du Donbass, soutenus en sous-main par les Russes.
Le président Barroso, qui, avec Bush Jr, Blair et Aznar, a envoyé les Irakiens en enfer, s'est autorisé à menacer la Russie de ses foudres. Et tant pis si l'économie européenne, qu'il a déjà mise à terre, risque de s'enfoncer dans des profondeurs encore insoupçonnées. Les Russes ont fait comprendre qu'ils sauraient se passer des pommes de Pologne, du poulet français, des machines allemandes et aussi des bateaux Mistral construits à prix d'or par la France... Tant mieux pour les agriculteurs brésiliens, les fabricants de machines-outils japonais et les fabricants d'armements israéliens qui déjà se frottent les mains.

« Mourir pour Donetsk ? »

Autrement plus habile que les stratèges de Bruxelles, Poutine a laissé les Ukrainiens épuiser leurs maigres ressources dans la guerre du Donbass. Un moment déstabilisé par le crash imprévu de l'avion MH17 de la Malaysia Airlines, le 17 juillet 2014, au-dessus de la zone des combats (298 victimes), vraisemblablement dû à un tir de missile, il a fait le gros dos avant de reprendre l'initiative un mois plus tard, une fois l'affaire oubliée. 
Le 27 août 2014, après avoir amusé la galerie avec un convoi humanitaire, il a engagé quelques milliers de militaires en Ukraine et, en quelques heures, brisé l'armée de Kiev. Petro Porochenko, pris au piège de son incurie, appelle à l'aide les Européens et l'OTAN après avoir perdu son armement et écrasé sous les bombes la principale région industrielle de son propre pays. 
Devons-nous donc prendre le risque de mourir pour Donetsk ? Quand la question fut posée en 1939 à propos de Dantzig, il y avait de bonnes raisons pour répondre oui. Le dictateur qui menaçait Dantzig et la Pologne ne cachait pas ses visées sur le reste de l'Europe.
Rien de tel aujourd'hui. Poutine, que l'Ukrainien Porochenko et le Portugais Barroso ont choisi d'affronter, ne demande qu'à poursuivre le redressement de son pays sans être isolé de ses alliances traditionnelles ni menacé par l'installation de l'OTAN à ses portes. Il sait que ses compatriotes ne lui pardonneraient pas de reculer là-dessus ni d'abandonner les russophones d'Ukraine à la vengeance des Galiciens. Lui-même n'acceptera jamais de renvoyer la Russie dans les ténèbres eltsiniennes.
Faut-il donc l'acculer dans ses retranchements ? Sauf à vouloir en finir avec la Russie, cette option est indigne de tout homme d'État digne de ce nom, qui se doit au contraire de ménager à ses adversaires une issue honorable. L'Union européenne a provoqué la crise actuelle en tentant de détacher l'Ukraine de la Russie alors qu'elle n'en a ni les moyens financiers ni la capacité politique. Il lui appartient maintenant d'amorcer la désescalade. 
Il s'agit : 1) d'entériner le retour de la Crimée dans le giron russe, 2) d'imposer une fédéralisation de l'Ukraine, seule voie de sortie après les troubles de ces derniers mois qui ont creusé un abîme entre les différentes composantes du pays. Ces  avancées politique peuvent s'accompagner en contrepartie d'un rapprochement économique entre la Russie, l'Ukraine et l'Union européenne, profitable à toutes les parties, en faisant fi de la brutalité du président russe et de son approche peu démocratique des conflits (*).
Le ballet diplomatique des derniers jours d'août 2014 donne à penser que cette solution raisonnable finira par être mise en oeuvre sous l'impulsion des deux seuls « hommes » d'État qui restent en Europe : la chancelière Angela Merkel et Vladimir Poutine. La première, devenue le chef de facto de l'Union européenne, a tenté le 23 août, à Kiev, de calmer l'Ukrainien Porochenko et l'a invité à faire enfin des concessions à ses compatriotes russophones. Le second, après avoir fait la preuve de sa détermination, est en situation aujourd'hui de calmer le jeu à son avantage, en obtenant une neutralisation de l'Ukraine.
Joseph Savès



________________________________________________
 




 


Ukraine : le retour des somnambules

  
 
OLIVIER BERRUYER*   -   MARIANNE -  Samedi 13 Septembre 2014


 
 
Tribune parue dans Marianne daté du 5 septembre

Comme en 1914, l'inconscience semble s'être emparée des dirigeants européens. Comparée à la précédente, la nouvelle guerre froide qui a déjà commencé est très inquiétante, pour plusieurs raisons. Son cœur est à la frontière russe, considérée par Moscou comme essentielle à sa sécurité (25 millions de Soviétiques sont morts pendant la guerre).

Nos sociétés, anesthésiées par des décennies de paix, semblent avoir oublié la « peur collective » : le risque de conflit nucléaire, terreur des années 60, est désormais ressenti comme inexistant, tout comme les conséquences financières apocalyptiques d'une « simple » crise avancée.

La modération réciproque qui s'était construite durant la guerre froide, portée par de grands hommes d'Etat compétents, a disparu. La crise est aggravée par l'absence d'opposition au bellicisme ambiant — ni en politique (le nouveau Jaurès du pacifisme ne risque pas d'être assassiné, il n'existe pas !), ni dans les médias qui célèbrent apparemment les 100 ans de la déclaration de la guerre de 14-18 par une reconstitution du bourrage de crâne de l'époque.

La propagande guerrière est ainsi à son comble, et, alors que fin juillet le gouvernement de Kiev venait de tuer près de 500 civils russophones et le gouvernement israélien, près de 1 000 civils palestiniens, que l'ONU indiquait que 700 000 Ukrainiens avaient trouvé refuge en Russie, elle a abouti à ce que l'Europe sanctionne la Russie !

Le plus déplorable est que des faits graves soient peu discutés, ou même escamotés. Qui sait qu'un des deux partis représentés dans le gouvernement ukrainien, Svoboda, a été qualifié de « néonazi » par le Congrès juif mondial ? Que son leader, Oleh Tyahnybok, a été décoré de la croix d'or des vétérans de la Waffen SS Galicie en 2010 et a été désigné par le centre Wiesenthal comme l'un des 10 pires antisémites mondiaux en 2012 ? Que des députés de Svoboda ont participé à des cérémonies de réinhumation de Waffen SS avec les honneurs militaires ou ont qualifié la période de la Shoah de « période de lumière dans l'histoire » ? Le deuxième parti au pouvoir, Patrie, qui est un allié électoral de Svoboda, dont il compte dans ses rangs le cofondateur, et son ancienne dirigeante, a appelé au meurtre des Russes... On comprend que ce gouvernement ait voté en février la suppression ahurissante du russe comme langue officielle régionale, mettant délibérément le feu aux poudres dans ce pays fragile et divisé...

On entend souvent que Poutine soutiendrait la rébellion dans l'Est. Les faits montrent que le soutien est très limité, vu que les rebelles reculent. Au contraire, il a refusé de reconnaître les Républiques autoproclamées et ne revendique pas ces territoires, demandant un cessez-le-feu et des négociations pour une Ukraine fédérale. Extrémisme ?

Si un coup d'Etat survenait en Belgique, où des Flamands néofascistes interdisaient le français dans le pays, serait-il étonnant que la Wallonie fasse sécession ? Et que ferions-nous si l'armée belge l'attaquait et bombardait Liège, causant, comme en Ukraine, près de 3 000 morts civils ?

Alors, sanctionner la Russie si elle soutient les combattants dans l'Est, pourquoi pas, mais alors par l'ONU et non par les Etats-Unis ou la France ! Pas après l'Afghanistan, l'Irak, la Libye, pas après avoir livré des armes à des islamistes — les mêmes que le « maître de la Maison-Blanche » bombarde actuellement en Irak, et en Syrie pour y déstabiliser le gouvernement. La Russie, qui n'a envahi aucun pays depuis soixante ans, se retrouve accusée d'impérialisme par les Etats-Unis, qui ne passent pas une année sans bombarder un pays sur la planète : on croit rêver !

Et qui parle de l'absence de sanctions envers les Etats-Unis pour avoir abattu un Airbus iranien en 1988 ou envers l'Ukraine lorsque son armée a déjà abattu par erreur (tiens donc...) un avion civil en 2001 ? Qui sait qu'il y a 60 % de Russes en Crimée, contre 25 % d'Ukrainiens ? Qui parle de ce sondage américain réalisé en mai 2014 en Crimée, montrant que 91 % des habitants estiment que le référendum d'indépendance y a été honnête et que la cote de confiance de Poutine y atteint 93 % ! Le but est-il de faire la guerre économique pour rendre malheureux 93 % des habitants de Crimée ? 

Face à ce manque d'information du public, ces mots d'Orwell dans 1984 résonnent durement : « Si tous les autres acceptaient le mensonge imposé par le Parti — si tous les rapports racontaient la même chose —, le mensonge passait dans l'histoire et devenait vérité [...] [mais en réalité] il y avait la vérité, il y avait le mensonge, et si l'on s'accrochait à la vérité, même contre le monde entier, on n'était pas fou. » 


__________________________________


APRES LES ELECTIONS UKRAINIENNES  

u zinu
Octobre 2014

La désillusion ne fait que commencer.
- Bientôt l'Ukraine sera, comme la France, soumise aux volontés des E.U et de notre bonne amie Merkel, avec moins encore de possibilités de résistance aux exigences de l'ultra libéralisme.
- Porochenko risque de ne pas être un caniche aussi docile que le nôtre. Sa mentalité et sa formation "de terrain" ne l'y prédisposent pas .
- Yatséniuk, par contre , créature directement télécommandée par ses parrains américains, devrait se montrer plus empressé à les servir.

- Question prévarication, concussion et corruption, cela ne devrait pas beaucoup changer. Cela risque même d'empirer. J'en sais quelque chose : on vous demande par exemple un bakchich simplement pour ouvrir une porte menant aux archives, puis un autre pour trouver le rayon adéquat, puis un autre pour ouvrir un registre d'état civil destiné à des recherches familiales.
- L'égérie de la révolution orange n'était plus utile aux yeux de ses commanditaires. La belle Ioulia  a donc vécu. Il ne reste plus que la peau de l'orange.
- Svoboda n'a pas disparu : il a été fait en sorte que son score ne soit pas trop important pour masquer sa présence fascisante et lever l'hypothèque que ce parti faisait peser sur les "démocrates" de Maîdan. Ses sbires (et ceux d'autres groupes nazis) "officient" toujours aux côtés des troupes régulières ukrainiennes dans les régions séparatistes. Soit dit en passant, il faudra un jour forger l'équivalent du terme "nazi" en ukrainien, puisque cette idéologie perdure dans le pays.
- La disparition du fossile de parti communiste qui préexistait est assez logique. Le bolchevisme et le stalinisme n'ont jamais été très tendres avec l'Ukraine. L'holodomor, moins connu et moins instrumentalisé que la Shoah, est encore dans tous les esprits, ainsi que la servilité du camarade Khrouchtchev devant un Staline au faîte de sa puissance lors de la terreur bolchevique.



 
_________________________________________________



 

Ukraine: une coalition de la paix a peu de chances


Publié par Karine Bechet-Golovko - Blog Russie politics -  http://russiepolitics.blogspot.fr/
Jeudi 30 octobre 2014.



 
 
 
Les élections parlementaires terminées, l'Ukraine doit maintenant former un Gouvernement tenant compte de la répartition des forces à la Rada. Et même avant la fin du décompte, les négociations ont commencé et les luttes également. Le Président Poroshenko annonce tout de suite son plan de coalition, plan que Yatséniuk rejette par principe: c'est lui le vainqueur des élections parlementaires, c'est à lui de constituer la coalition pour le Gouvernement. Or sa position est encore plus radicale que celle de Poroshenko. La paix a peu d'avenir en Ukraine, car les élus sont arrivés à la Rada en surfant sur la vague agressive du nationalisme guerrier. Ils ont plus un plan contre la Russie et pour l'UE, qu'une politique socio-économique pour l'Ukraine.
 
Plusieurs questions viennent à l'esprit lorsque l'on regarde ce qui se passe dans cette phase incertaine de négociations. Tout d'abord, pourquoi Yatséniuk s'annonce-t-il vainqueur alors qu'il a moins de députés que le Bloc Poroshenko? Ensuite que contiennent les accords de coalition des deux grands prétendants ? La composition de la Rada laisse-t-elle encore une chance à un Gouvernement "pacifiste"?
 
 
Le combat ouvert entre Yatséniuk et Poroshenko
 
Alors que leur lutte d'influence était plus ou moins souterraine avant les élections, maintenant les enjeux sont tels que le combat ne peut qu'être ouvert. D'un point de vue personnel, c'est la lutte pour le pouvoir entre deux personnalités. Les deux bénéficient du soutien de l'Occident. Les deux ont été montés et mis en place pour ensuite que le choix soit validé par des élections. Pourtant, ils ont une certaine différence et c'est justement ce qui a justifié que Yatséniuk soit au Gouvernement et Poroshenko à la présidence.
 
Yatséniuk est considéré comme une marionnette des Etats Unis, notamment en raison de ses orientations religieuses, ou sectaires. Il est un membre influent de la scientologie, sa sœur vivant aux Etats Unis depuis plus de 15 ans y dirige une très importante organisation. Comme instrument placé au pouvoir, il est un levier particulièrement important de la politique américaine en Ukraine. Et si l'on regarde sa rhétorique fondée sur la haine de l'autre, le culte de la force, il est évident que l'avenir de la paix est faible. Pour sa part, Poroshenko est un oligarque, dans le sens classique du terme dans l'espace post-soviétique. Il est donc par nature plus orienté vers le dialogue et le compromis, ne serait-ce que dans l'intérêt du business. Si Poroshenko peut envisager un dialogue avec la Russie, Yatséniuk ne le peut pas.
 
C'est pourquoi, Poroshenko doit être à la présidence. Il permet de garder une apparence de bonnes relations avec la Russie, d'initier des négociations ou de prendre des décisions - qui ne seront pas toujours appliquées. Parallèlement, le centre du pouvoir doit rester entre les mains de Yatséniuk. Ainsi, les négociations du gaz sont torpillées de l'intérieur, les commandants de bataillons peuvent choisir à qui obéir etc. Un certains chaos reste en permanence en place, permettant selon les circonstances soit d'en appeler à la législation révolutionnaire à titre d'exception (les lustrations, les expropriations, le maintien de l'ordre par des structures non étatiques ...) soit à l'ordre constitutionnel.
 
Et ici Yatséniuk fait une intéressante pirouette. Il affirme avoir gagné les élections et donc avoir le droit de former lui-même la coalition gouvernementale, dans la bonne vielle tradition européenne. Donc, en l'occurrence on rejette les circonstances révolutionnaires. Mais Yatséniuk a-t-il réellement gagné? Non. Il a eu plus de voix que le Bloc Poroshenko lors des élections de liste, mais pas en ce qui concerne les élections nominatives. Car finalement Poroshenko va compter environ 130 députés et Yatséniuk 100. Or, a gagné celui qui a le plus de députés au final. Donc, ici, Yatséniuk n'a pas gagné et selon la tradition européenne le Premier ministre peut être un des membres du Bloc Poroshenko.
 
Ce qui serait inacceptable pour l'Occident. Le tandem doit tenir, avec un Président affaibli et petit à petit décoratif, et un Premier ministre qui gouverne, dans l'intérêt exclusif de l'Occident. Donc la communication autour des résultats est déjà faussée. Yatséniuk doit prendre le premier rôle dans le pays. La question qui se pose est Poroshenko aura-t-il suffisamment de ressources pour faire face à cette attaque? La question de la formation des coalitions sera fondamentale. Soit c'est Poroshenko qui arrive à garder l'initiative et le Président pourra avoir une chance de gouverner, soit Yatséniuk prend l'avantage suite à sa déclaration refusant a priori le plan Poroshenko, car justement il vient de Poroshenko, et dans ce cas la tournure des événements va encore se radicaliser plus vite.
 
La teneur des plans de coalition de Poroshenko et Yatséniuk
 
Le plan de Poroshenko est largement inspiré de ce qu'il avait alors intitulé Stratégie-2020, accompagné d'une liste de projets de lois que la coalition parlementaire devra rapidement adopter. Il envisage également une réforme de la doctrine militaire du pays avec entre autre la création de forces d'interventions rapides, de forces de protection des frontières, etc. Le plus intéressant est l'adoption progressive des standards de l'OTAN et le développement de la coopération militaire avec les Etats Unis, le Canada, l'Asie du Sud-Est et l'UE. En ce qui concerne l'indépendance énergétique, il est proposé de prévoir en 2018 une limitation à 30% des besoins annuels en gaz pour chaque compagnie fournissant du gaz. Afin de compenser l'importation de gaz russe, il est proposé de développer le gaz en provenance de l'UE par un gazoduc Nord-Sud. Il faut également mettre en place la libéralisation du secteur de l'énergie électrique et la diversification des fournisseur en ce qui concerne les centrales nucléaires fournissant l'électricité. La libéralisation du marché du travail, en fait sa dérégulation, est prévue, notamment par la simplification extrême de la procédure de licenciement et d'embauche.
 
Pour Yatséniuk, l'important est qu'il ait le pouvoir de former la coalition. Sur le fond, peu de différences affichées. La concurrence ici est plus institutionnelle qu'idéologique. Il insiste sur l'implantation de l'accord de coopération avec l'UE, annonce aussi avoir exactement 36 projets de lois qu'il faudra rapidement adopter. Son cynisme est incroyable: il affirme qu'il n'est pas nécessaire de faire semblant d'imaginer un plan politique, il existe déjà et a été mis en place par l'UE. Au moins, il est clair. Si Poroshenko fait encore semblant de mener une politique "nationale", Yatséniuk, lui, revendique son affiliation. Et d'ailleurs il entend appeler sa coalition "européenne".
 
Lundi les négociations doivent commencer et chacun envisage une alliance avec les radicaux et les extrémistes. Les deux hommes, devenus "partenaires stratégiques" selon Yatséniuk, vont se confronter pour savoir qui a le leadership. Même si la part des pacifistes dans la Rada semble plus que réduite.
 
La paix faiblement représentée
 
A la rada sont entrés des partis et des personnalités qui connaissent mieux la guerre que la politique. Qu'il s'agisse des membres du Secteur droit, à titre individuel même si le parti n'a pu en tant que tel être représenté, avec notamment son président Iaroch. On y voit également le commandant du bataillon Azov, A. Biletsky. Sans oublier la dizaine de commandants des divers bataillons qui ont combattu dans le Donbass.
 
Au niveau des partis politiques, Liachko a eu un faible résultat car ses voix ont été reprises par le parti du maire de Lvov, qui est financé par Kolomoïsky. Ce parti "Samopomoch" est une version politisée du combat armé, donc ne prévoit rien de bon non plus. Sans oublier que de toute manière, la rhétorique politique des partis, à l'exception du Bloc d'opposition qui fait à peine 10%, est fondée sur la victoire, la guerre, la lutte contre la Russie et l'asservissement à l'Ouest comme voie de libération nationale.
 
Dans ces conditions la paix a peu de chances de survivre. D'autant plus que l'UE menace la Russie de sanctions aggravées si elle reconnait les élections du Donbass.
 
Pour autant, peut-on réellement maintenant parler de paix? Et cette "paix"-là est-elle réellement dans l'intérêt tout autant de l'Ukraine, de l'UE et de la Russie? On peut en douter.
 
_________________________________________________________________________________________________________________________________________
 
 
L’Intégrité Territoriale de l’Ukraine : une aimable plaisanterie

par Le Kergoat   - AGORAVOX 
http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/l-integrite-territoriale-de-l-148968

vendredi 7 mars 2014
L' "intégrité territoriale" d'un pays est-elle sacrée ?
Ce concept porté haut et fort par les pays Occidentaux à propos de l'Ukraine comme il l'était hier à propos de la Géorgie est-il pertinent ? Et les Occidentaux sont-ils légitimes pour le brandir ?
 
Le nécessaire respect de L'INTÉGRITÉ TERRITORIALE DE L'UKRAINE : UNE AIMABLE PLAISANTERIE.


Le 1er mars de cette année, au plus fort de la crise ukrainienne, M. Jean-Marc Ayrault, chef du gouvernement français en appelait au "respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine".
Le leitmotif était lancé. Le tabou était rappelé.
Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu'une nouvelle fois, la diplomatie française singeait celle des Etats-Unis, puisque M. Kerry avait tenu un discours identique quelques jours plus tôt : le mercredi 26 février.
D'autres pays Occidentaux ou alliés des Occidentaux en faisaient de même, comme le Canada, le 28 février, le Japon, le 2 mars ou la Turquie, ce qui était franchement cocasse, nous reviendrons là dessus, le 27 février.
 
L'INTEGRITE TERRITORIALE ET SON RESPECT, C'EST QUOI ?

Le dictionnaire, celui de l'Académie Française, s'il vous plaît, nous dit « intégrité » : état d'une chose qui n'est pas entamée ou altérée.
Toucher à l'intégrité territoriale d'un pays, c'est donc faire entamer ou altérer son territoire.
Notez bien qu'avec cette définition, retirer à un pays un territoire qui ne lui appartient pas, ou qui lui a été indûment attribué, ce n'est pas porter atteinte à son intégrité territoriale.
Donc, rectifier les frontières d'un pays en lui ôtant des territoires qui ne lui appartiennent pas, ce n'est pas « porter atteinte à son intégrité territoriale ».
 
QUELS TERRITOIRES APPARTIENNENT À QUI ?

Il nous reste à savoir, pour appliquer cette règle, quels territoires appartiennent à qui ?
Une règle non-écrite a semblé exister, depuis la décolonisation : on ne touche pas aux frontières internationalement reconnues, sinon, il se déclenchera des conflits et des guerres un peu partout.
Notons bien que cette règle est censée, car elle limite de facto, le nombre de conflits armés.
Elle est peut-être contestable, puisque si nous revenons à la définition ci-dessus, si un état, s'est vu attribué, suite à la décolonisation ou à l'éclatement de tel ou tel empire, un territoire qui n'est pas sien, il viole, dès sa naissance, l'intégrité territorial d'un autre état !
Mais admettons ! puisque cette règle pourrait garantir la paix, en figeant, en gelant les frontières à un instant t, pourquoi ne pas l'appliquer ?
Et si on l'applique, alors peut être que les Chancelleries Occidentales ont raison ?
Garantissons l'intégrité territoriales de tous les pays du monde, celles des frontières définies à la décolonisation ou à l'éclatement des empires et... tout ira bien !
C'est une idée. Mais encore faudrait-il donner l'exemple...
 
ET QU'AVONS NOUS DONC FAIT ?

Généreuse idée qui est exposée là ? Intéressante et noble idée , porteuse de paix comme toutes les bonnes idées de MM. Obama et Hollande, n'est-ce pas ?
Sauf que...
Sauf que les états occidentaux ne respectent absolument pas cette logique de « respect de l'intégrité territoriale » des états qu'ils prétendent imposer au Monde !
Faites ce que je dis, mais surtout ne faîtes pas ce que je fais, pourrait désormais remplacer les devises française, américaine ou britanniques, sur les frontons de nos ambassades.
Depuis 1973, j'ai recensé pas moins de... 7 cas de violations par les Occidentaux, soit directement, soit indirectement du respect de l'intégrité territoriale d'états souverains :
 
  • 2008 : le cas le plus célèbre, que nous avons tous en tête : l'indépendance du Kosovo, reconnue pas les Occidentaux à quelques exceptions prêts ( comme l'Espagne ) qui s'assoient alors sur l'intégrité territoriale de la Serbie !  Mais le Kosovo, n'est pas un cas isolé !
 
  • 2011 : le Sud-Soudan est détaché du Soudan.
Au nom de quoi ? Quelle est la réalité historique, la légitimité d'un état indépendant au Sud-Soudan et de la destruction de l'intégrité territoriale du Soudan ? A part que le Soudan n'a ni les moyens de la Russie, ni ceux de la Chine ni ceux des USA pour faire valoir son point de vue, je me le demande encore.
 
  • En 1983, la République Turque de Chypre Nord est créé par la Turquie en violation totale de l'intégrité de la République de Chypre.
La Turquie alors, et toujours d'ailleurs, membre de l'OTAN et candidat à l'entrée dans l'UE, a perpétré cette violation sans que les gouvernements occidentaux, si bavards aujourd'hui à propos de l'Ukraine, ne s'en émeuvent outre mesure et sans bien sûr qu'à aucun moment aucune sanction économique ne soit évoquée contre la Turquie ! Et pourtant, une résolution de l'ONU, la résolution 253 demande expressément le départ des troupes turques de Chypre  ! Visiblement nos gouvernants moralistes à deux balles aujourd'hui sur l'Ukraine, se sont aussi joyeusement assis sur l'intégrité territoriales de la République de Chypre !
Et nous ne sommes pas dans la théorie, mais dans la réalité, car cette occupation accompagnée d'une épuration ethnique se prolonge aujourd'hui, 165.000 réfugiés chypriotes grecs et leurs descendants attendent toujours de pouvoir rentrer chez eux !
Et là, avouez que quand vous lisez que le premier ministre turc se soucie aujourd'hui de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, il y a de quoi bondir !
 
  • 1981 : Annexion du Golan par Israël faisant fi de l'intégrité territoriale de la Syrie !
Avez vous entendu parler de sanctions contre Israël par l'Occident, suite à cette annexion ? Pourtant, comme pour Chypre, cet acte fut condamné par l'ONU (résolution 497).
Là encore, comme à Chypre, comme au Kosovo, comme au Sud-Soudan, les gouvernements occidentaux se sont assis sur les principes qu'ils prétendent imposer aujourd'hui à la Russie !
 
A cette liste, il convient d'ajouter :
  • L'Erythrée, détachée de l'Ethiopie en 1993.
Au nom de quelle légitimité l'Ethiopie fut-elle dépecée ? Au nom de quel Droit Supérieur, l'intégrité territoriale de l'Ethiopie fut-elle bafouée ? Nul ne sait. Toujours est-il que le résultat de ce dépeçage béni des démocraties occidentales est aujourd'hui... l'une des plus dures sanglantes dictatures du monde.
  • Les Fermes de Chebaa : territoire libanais annexée par Israël en 1981 au mépris de l'intégrité territoriale du Liban, en toute impunité.
 
  • Le Sahara Occidental, dont l'occupation de 80 % du territoire par le Maroc, ami, presque démocratique de l'Occident, de 80% du territoire, soucie finalement assez peu nos gouvernants donneurs de leçon. Pourtant ce pays grand comme la moitié de la France est quand même reconnu par 40 états !

Nous avons donc 7 cas de violations, par les gouvernements occidentaux, donneurs de leçons de violation directe de l'intégrité territoriale d'états souverains ! Les 7 pêchés capitaux en quelques sortes !
 
ET POUR VOIR PLUS LOIN.
A ces sept violations flagrantes de l'intégrité territoriale d'états souverains, il conviendrait d'ajouter des dizaines d'autres violations de l'intégrité territoriales de pays indépendants qui ne se sont pas traduites par des détachements de territoires, mais qui sont des violations quand même, au sens où l'intervention des pays occidentaux a altéré – voir définition plus haut - les territoires où ils se sont immiscés :
 
  • l'Iraq.
Où l'intervention américaine de 2003 a provoqué un éclatement du pays en 3 parties, sunnite, chiite et kurde sans parler de la fuite des Chrétiens.
  • La Lybie,
Où l'intervention franco-britannique de 2011 a plongé le pays dans le chaos !
  • La Somalie etc...etc...

Nous pourrions aussi plonger dans le passé plus lointain. Là, ce serait très intéressant de découvrir que si les Etats-Unis sont aujourd'hui aussi vastes, c'est tout simplement parce qu’ils ont détaché à leur profit d'immenses territoires mexicains et donc n'ont pas respectés, eux-même, l'intégrité territoriale du Mexique !
 
POUR NE PAS CONCLURE.
 
Qu'on le regrette ou qu'on s'en félicite, il n'y a pas dans le Monde de ce début de XXIem siècle de Loi ou d'Ordre International.
Il n'y a pas de règle écrite, de tribunal compétent pour donner raison à tel ou tel, dont l'autorité serait mondialement reconnu.
Donc, la seule qui prévaut est celle du plus fort.
Donc, le discours des leaders occidentaux tendant à brandir des principes qu'eux mêmes ne respectent pas, ou seulement quand ça les arrange, de « respect de l'intégrité territoriale » de « démocratie » (comme si nos alliés saoudiens ou turcs étaient plus méritoires que les Russes en la matière) ne sont , au mieux, d'aucune utilité sur la scène internationale ; au pire, ils nous ridiculisent.
Depuis toujours et jusqu'à plus amples informé, ce sont les états et les rapports de force qui modèlent les rapports internationaux. Les modèles idéologiques sont au services des états, et pas l'inverse.
 
 
 
___________________________________________________________________________________________________________________________________________

 

Méfrange : Libre opinion : ​
Russia delenda est : l’Empire se fait les griffes sur le Donbass

par Méfrange   - AGORAVOX.
lundi 8 décembre 2014
 
Comme pour la crise de 2008 qui n'avait pas été prévue et qui a révélé l'incompétence de nos élites en matière économique, la crise ukrainienne en dévoile leur incompétence en politique étrangère et stratégique. Maintenant on sait.
Après 2009, ceux qui ont créé la paupérisation d'un continent entier sont toujours en poste et n'ont pas changé.
Après le coup d'état de 2013 en Ukraine, ceux qui ont créé le chaos et laissé mettre en place un régime fasciste en Ukraine sont toujours en poste.
Quand est-ce que les personnes sous le joug UE (on n'ose plus parler de citoyens) en tireront-ils les conséquences ? 
Cet article n'oublie pas les femmes, vieillards, enfants déchiquetés à coup de roquette Grad dans l'Est de l'Ukraine, les transformateurs électriques bombardés, les canalisations de gaz, les stations d'épuration sciemment détruites. On est dans le crime de guerre, net, patent, réitéré, assumé. L'hypothèse du précédent article  est malheureusement avérée.
Envoyez vos dons humanitaires. Qu'écrire d'autre que d'insignifiant quand les "cloportes terroristes" du Donbass se plaignent de ne pas pouvoir même retrouver les morceaux des corps de leurs enfants réduit à l'état de puzzle pour au mons les enterrer dignement.
 
Ruban de Saint-Georges
Soyons donc fiers de soutenir les cloportes avec l'images des doryphores : le ruban de l'ordre de Saint-Georges térassant le dragon.
Cet article n'oublie pas les armes envoyées par les USA et le Canada à Kiev ni l'argent donné par l'Union Européenne qui permet au régime fasciste ukrainien d'acheter massivement des armes.  
Cet article n'oublie naturellement pas les occidentaux zombifiés par les jeux vidéos qui partent faire des safari d'hommes en Ukraine et de s'en glorifier sur leur page Twitter.
Cet article n'oublie pas le blocus au sens militaire du terme fait par la presse occidentale, les organisations soit-disant « humanitaires », les gouvernement occidentaux naturellement, sur un peuple dont le seul défaut semble être de vouloir parler sa langue, honorer ses morts de 1941-45 et garder des contacts économiques avec la Russie.  
Cet article n'oublie naturellement pas la veule lâcheté de beaucoup de nos concitoyens petits-bourgeois européens ou américains sans laquelle tout ceci serait impossible, qui ne veulent tout simplement pas être dérangés dans leur confort avant les fêtes Fichez-nous la paix ! J'ai droit au bonheur petit-bourgeois. Merde quoi !
Mais on s'égare : un article AgoraVox ne peut pas être trop long. Il faudra se concentrer sur trois thèmes
1.      - La résurgence programmée et instrumentalisée du nazisme sur le continent européen et en quoi ceci est très alarmant.
2.      - La stupidité de la politique étrangère des pays européens opposée à la politique belliciste mais cohérente des États-Unis : entraîner le monde dans la guerre.
3.      - La mobilisation générale de la Russie qui lui est imposée. La Russie ne sera pas prise au dépourvu par un blitz de couleur. 
 
1 : La résurgence du nazisme sur le sol européen et son application au Donbass.
 Le retour de la barbarie
« Les cloportes du Donbass ». C'est ainsi que la clique au pouvoir à Kiev (qui n'est pas le peuple ukrainien) désigne des hommes femmes enfants très humains quoique pauvres (c'est normal on leur vole leur richesses). Ce terme renvoie à un vocabulaire utilisé par les nazis mais aussi par les coloniaux.
Et après cette foire à la Francophonie dont on retiendra que la dernière organisation un peu indépendante de l'empire BAO sera gouverné par une ancienne gouverneure du Canada c'est à dire la représentante directe de la reine d'Angleterre dans un de ses dominions, pourquoi ne pas faire parler des voix africaines pour mieux comprendre ce qui se passe en Ukraine.
1 : Aimé Césaire  : discours sur le colonialisme.
On est dans un temps où il faut faire vite et aller à l'essentiel. Pourtant c'est bien l'intégralité du texte  de Césaire qui serait d'actualité. Les parties coupées sur la vidéo ne sont pas moins instructives que les autres (celle sur l'UE de Schuman par exemple) . Il faudrait avoir le temps de lire et comme le faisait remarquer judicieusement Césaire ne pas filtrer les parties qui ne nous flattent pas.
 
Aujourd'hui les pratiques nazies que les empires coloniaux inventèrent sont appliqués dans l'Ukraine de Poroshenko/Yatseniuk. Paraphrasons : à chaque fois que dans le Donbass une fillette est déchiquetée et qu'on accepte, à chaque fois qu'un vieillard est enterré vivant et qu'on accepte, à chaque fois qu'un adolescent est brûlé vif et qu'on accepte, à chaque fois qu'un prisonnier est supplicié et qu'on accepte, il y a le progrès lent et sûr de l'ensauvagement du continent.  
De tout le continent de Lisbonne à Sofia. Pas seulement de l'Ukraine.
Qu'on remplace malgache ou nègre par ruskal (russe du Donbass).
Qu'on écoute bien Porochenko : «  ils ne savent rien faire ». Disait-on autre-chose des vietnamiens ou des africains ?  
 
Ben oui et de très loin. En 2014 la cause est entendue et nous nous trouvons pied et poings alliés avec cette force destructrice insatiable et déchainée. Le destin de ceux qui ne sont pas américains ou ne pensent pas comme des américains c'est d'être pulvérisés. Quand cette force s'exerçait au dépens des pays d'Amérique latine, c'était loin. Mais le typhon se rapproche et via les pions Goldman Sachs et le grand marché transatlantique va aspirer les richesses d'Europe sans le plus petit état d'âme. 
On pourrait juste rajouter israélienne car qui ne voit que le destin des « ruskals » s'ils perdent, c'est Gaza et s'ils se révoltent des bombes au phosphore. La formule de la présidente lituanienne « l'Ukraine a le droit de choisir son destin » reprend même la terminologie que « Israël a le droit de se défendre ». Ces gens ne reculeront devant rien.
La présidence de l'Union Européenne par la Lettonie permettra 6 mois de plus d'hystérie anti-russe exacerbée. Pays où naturellement la population russe n'a pas le droit de vote, citoyens de seconde juste tolérés et où la waffen SS lettonne peut impunément commémorer ce qu'elle veut.
2 : Le professeur Coovi Gomez  (qui démontre un bonne fois pour toute que les africains n'ont pas vendu librement les africains aux européens, mais ce n'est pas l'objet de cette article) rappelle que le système de l'exploitation et du pillage (« traire les autres « jusqu'à ce que le sang remplace le lait ») est une entreprise hiérarchisée dans laquelle on peut discerner plusieurs niveaux de responsabilité. :
1.      les planificateurs, au plus haut niveau
2.      la logistique (ceux qui fournissent l'argent, les armes etc ...), puis
3.      les organisateurs étrangers sur place (infiltration, espions, faux marchands), puis
4.      les bras armés, les hommes de main, les mercenaires, puis
5.      les complices sur place, les collabos du plus haut niveau au plus local, 
Appliquer cette grille à l'Ukraine permet d'y voir plus clair. Il faudra remplir les cases avec des noms. Les nazis d'Ukraine ? On les voit bien dans la catégorie : »bras armés » quitte à s'en débarrasser une fois le job fait et qu'on aura plus besoin d'eux. Les planificateurs et les organisateurs étrangers sur place ? Beaucoup d'aller-venues de Pologne, des États-Unis ; Et puis tout en bas les ukrainiens qui sont allés sur le Maidan recevoir leur billet chaque jour ou qui vendent leur vote aux élections. Les idiots utiles de cette farce rondement menée qu'on enverra ensuite au front dans le sud-est. 
Continuons à dérouler le fil. Bon, c'est acté : un président légitimement élu a été renversé et la paire Poroshenko/Yatseniuk est aux commandes. Pour quoi faire ? Piller l'Ukraine ça va sans dire, faire fonctionner le régime colonial européen orchestré aujourd'hui par l'Allemagne (on se passe le relais de siècles en siècles) mais surtout militariser et fanatiser l'Ukraine et la lancer contre la Russie. Il s'agit bien de 3 ème guerre mondiale. Désolé pour la tranquillité du petit bourgeois à la veille des fêtes. Ben oui, c'est sérieux.  
Depuis que les républicains ont gagné les mid-terms aux Etats-Unis, c'est le parti de la guerre qui est arrivé aux États-Unis, qui gagnera probablement en 2016 et on a le sentiment qu'après les atermoiements (pour eux !) d'Obama, leur but est de rattraper le temps perdu sur un plan, une feuille de route que nous sommes réduits à deviner par ses effets secondaires comme Neptune fut découvert par les irrégularités de l'orbite d'Uranus. 
Tout au plus peut-on dire que l'Ukraine était à l'ordre du jour des réunions dites Bilderberg de 2014. Que la liste des membres fournit une assez bonne image d'un conglomérat d'intérêts mêlant têtes couronnées, premiers ministres, directeurs généraux de banques ou de très grandes entreprises, membres des organisations militaires. A côté l'ENA, c'est juste minable. Qui n'a pas participé à une réunion Bilderberg à 50 ans peut-il prétendre avoir réussi sa vie ? Il y a aussi le forum de Davos, les young leaders, les dîners de siècle etc … Toutes ces organisations ont un point commun : le secret et la cooptation. Le système du club. L'anti-démocratie. Chaque année les membres changent et il y a des cuvées plus ou moins « prestigieuses ». Celle de 1996 n'était pas mal avec Kissinger, Jospin, Wolfowitz, la reine d'Espagne, Goldman sachs, le chancelier d'Autriche, la banque centrale de Hongrie, Georges Soros, la Croix Rouge internationale, David Rockefeller, Mario Monti, la reine des Pays-Bas, des rédacteurs en chef de journaux (Die Zeit ;, The Telegraph, , The Wall Street Journal , Reuters, des directeurs d'universités, la fondation Carnegie, les ciments Lafarge, Fiat, Endowment for International Peace etc . Etc ; etc . Celle de 2014 est un peu différente bien que similaire avec l'entrée de quelques chinois et la présence du journal "Le Monde". 
Dans ces conditions il ne faut pas trop s'étonner du silence assourdissant de la croix-rouge dans le Donbass.
Ces gens de l'espace euro-atlantique principalement se sont cimentés en un bloc d'intérêts  : le bloc BAO. On a une petite idée de la case 1, celle des planificateurs. A partir du moment où ces décisions sont prises, ce que disent les politiques comme les élections d'ailleurs n'a que peu d'importance : c'est de la gestion d'opinion publique comme il y a un département markéting dans une entreprise. 
On constate en France un président tétanisé et quasi démissionnaire, un ex-président connu pour son alignement sans faille sur Israël et Washington qui se positionne pour être en position d'avoir le contrôle des armées françaises en 2017 et de la bombe atomique, le Japon qui se donne les moyens constitutionnels de réarmer massivement et d'intervenir hors de son territoire, la prise de contrôle brutale et accélérée de l'Afrique, des dirigeants sud-américains qui attrapent le cancer comme d'autres attrapent la grippe.
Une veillée d'armes. Une expression anglaise saute à l'esprit en voyant ces grandes manœuvres :« go in to the kill ». Achever, donner le coup de grâce.  
Le 21 novembre 2014 à 15 heures 17 minutes, l'Union Européenne a lâchement tourné le dos à ce qui est sur le papier sa raison d'être ; Elle s'est unanimement abstenue à l'ONU sur un texte condamnant la résurgence du nazisme dans le monde. Le karma colonial, la russophobie et surtout les injonctions du vrai maître, les États-Unis qui votent régulièrement contre ce genre de texte ont mis les choses au clair. C'en est fini de disons la spécificité de l'Europe. Encore un signe : on resserre les boulons et la discipline avant l'attaque.
La majorité de la planète a voté pour une telle résolution à 115 voix pour contre 3 voix contre (USA, Canada, Ukraine) et 55 abstentions (L'UE principalement, l'Australie)
Un regroupement de pays ayant été directement victimes du nazisme et parfois de façon terrible refuse d'en condamner la résurgence. Cela veut dire que tous les discours, anathèmes, lourdes condamnations de ceux qui osent exprimer disons un certain écart au discours-norme ne sont qu'à usage interne et qu'à usage externe le nazisme est parfaitement acceptable. On le finance même en Ukraine. Il peut servir à faire tomber des présidents et les remplacer par d'autres. Il est bien utile.
La vassalisation suicidaire de l'EU
L'Europe est sortie ruinée de la période 1935-1945 et de l'application à elle-même et sur son sol des théories racistes qu'elle n'avait aucun problème à appliquer aux non blancs. Si des Italiens, des Français, des Allemands, des Polonais ou des Anglais ont pu accepter un temps de cohabiter ensemble, c'est au nom de cette coalition contre leur démon intérieur colonialo-nazi qui est là, tapi dans un recoin et qui attend toujours qu'on lui ouvre la porte. Le démon nazi que l'Europe a au moins tenté un temps de mettre hors d'état de nuire par mutualisation. Cette mutualisation a fonctionné à peu près jusqu'en 2000 (épisode Heider). Depuis cette date et après le baroud d'honneur Chirac-Villepin et les deux French bashing punitifs de 1995-96 (essais nucléaires) et 2003-2007 (Véto français à la guerre en Irak) + des émeutes de banlieues, la France a baissé le ton et s'est couchée. Les États-Unis sont puissants ! Les promesses d'Europe « contrepoids » sont devenues des illusions perdues pour ceux qui ont jamais voulu y croire. 
L'Union Européenne a été phagocytée comme prévu par l'anglais venu de l'Ouest et de revers de l'Est (pays baltes et scandinaves).
Dès 2007 la France elle-même neutralisée par sarkozysation qui est une révolution de couleur à lui tout seul, le retour dans l'OTAN, la lutte contre les nazis semble être nettement moins d'actualité et urgente que celle contre Poutine.
Bon, les gouvernements ont peur et leurs dirigeants ne veulent pas finir comme Stauss-Kahn, la société générale ou Christophe de Margerie.  Les messages sont clairs. On a affaire à un système international clairement mafieux en pleine action. On serait surpris que les gouvernements européens fassent autre-chose que simplement rien. « Go in to the kill  ». « Ils » ne se donnent même plus la peine d'être discrets. 
Et les peuples européens ? Laisseront-ils faire ? Le nazisme reste encore en travers de la gorge de beaucoup d'européens en âge de voter. Nos dirigeants ? Aucune illusion à se faire : ce ne sont plus tant des dirigeants ou des décideurs que des administrateurs coloniaux.
La politique de l'UE en Ukraine risque d'être le révélateur de l'imposture UE=OTAN=guerre. Encore une fois, au moins on sait et la situation se clarifie.
Le retour de la barbarie nazie en Ukraine, Europe, 2014
Faut-il alourdir ce bien trop long article par ce que les lecteurs d'Agora-Vox connaissent probablement déjà ? On tue, on viole, on arrose d'essence avant de brûler, on force les habitants non combattants à vivre dans les caves, on vise délibérément les stations d'électricité, de gaz, les station d'épurations. Les américains et le Canada livrent du matériel militaire à l'armée ukrainienne. Les masques tombent. Une guerre d'extermination a lieu dans le Donbass en espérant que la Russie ne puisse pas faire autrement que d'intervenir. Il faut là scinder nettement l'appel à l'aide humanitaire et l'analyse géopolitique.
Pour l'appel à l'aide humanitaire, relayer l'appel du Donbass aux peuples européens. Les gouvernements, comme la croix-rouge, comme l'ONU ne feront rien. Nous sommes rentrés dans un régime d'omerta. La balle est dans le camp des peuples et des associations petites ou moyennes.
Si on considère que le but est de faire entrer les troupes russes en Ukraine pour avoir un prétexte pour y faire rentrer librement les troupes des pays de l'OTAN, les provocations iront en s'amplifiant jusqu'au niveau de l'intolérable pour la Russie. Pourquoi pas des gaz ? Un accident nucléaire mis sur le compte des "terroristes". L'Ukraine (c'est maintenant un fait même si la version « Buk tiré par les insurgés » tourne en boucle comme un fait sur tout les média internationaux) a bien pu assassiner des populations étrangères d'un avion civil pour internationaliser le conflit. En d'autres temps cela aurait signiifié la rupture des relations diplomatiques ou une déclaration de guerre. Ça n'a pas marché mais on continuera ; Les souffrance du peuple du Dombass ne sont pas terminées.  
Les nazis et les héros.
Comme à Gaza où la déshumanisation du soldat israélien le rapproche de ses ex-bourreaux nazis au point qu'on se demande s'il n'y a pas copier-coller quelque-part, le soldat ukrainien se déshumanise progressivement par ses propres crimes.
L'armée ukrainienne s'est déjà rendue coupable de tous les crimes de guerre listés à Nuremberg et a déclaré ne plus respecter la convention de Genève.
On en est à l'extermination de peuple et face à cette agression formidable le milicien du Donbass retrouve les qualités du poilu de 1914 : même esprit de sacrifice, même calme détermination, même courage. Un homme comme Alexandre Scriabine, père de famille, qui s'est fait sauter le 6 juillet avec une grenade pour arrêter un char ukrainien en passant dessous ne représente pas tous les hommes du Dombass.
Valerie Lyakhov, 16 ans, qui serait morte Lissitchansk avec un groupe d'adolescents franc-tireurs (en franc-tireuse – les forces d'autodéfense n'acceptent pas les adolescents dans leurs rangs) qui a pu retenir les chars ukrainiens pendant deux jours avec des fusils ne représente pas toutes les jeunes femmes du Donbass.
Mais on retrouve le peuple russe de 1941. Pas de drapeaux blancs. Des héros d'un autre siècle comme il y en a eu tant en 1914-18 ou à Boulogne en 1940.
 
L'homme festif d'Europe de l'Ouest a du mal à comprendre que des français aillent se battre en Nouvelle Russie contre le fascisme ("leur vie doit être bien vide pour qu'ils aillent se battre"). "Imbéciles", leur aurait répondu Bernanos - On avait bien prédit qu'un homme comme Malraux, si engagé dans la guerre d'Espagne, deviendrait inintelligible à une mentalité hédoniste du XXI ème siècle. Cet homo hédonicus-festicus-festicus aura peut-être moins de mal à comprendre la psychologie des l’hommes de Verdun. Regardez au Donbass. L'héroïsme ordinaire qui force le respect même de l'adversaire ou attise sa rage selon son degré de délabrement moral, le don de sa vie pour garder allumée une autre flamme, plus haute. On est loin de l'état d'esprit du mercenaire, du pilote de drone qui fait son job ou même de la recrue ukrainienne qui reçoit son ordre d'incorporation.
Si les résistants du Donbass ont tous ce courage, l'armée ukrainienne aura bien du soucis à se faire pour son offensive d'hiver et la feuille de route risque de s'enrayer. Compte tenu du prix atrocement payé pour chaque mois que cette population fait perdre au "plan", on ne peut qu'espérer que la mobilisation de l'opinion publique sera au rendez-vous. Le précédent des guerres coloniales montre que ce ne sont pas les manifestations en soi qui les empêchent. Mais elles font douter, minent la bonne conscience, entravent, font perdre du temps, font se rencontrer et soudent des gens qui ne se connaissaient pas. L'aide décisive viendra naturellement de Moscou.
Quant aux mains de Porochenko pour paraphraser Macbeth, tout l'océan pourrait-il les laver du sang qui les tâche ? Porochenko / Yatseniuk et compagnie ne dormiront plus qu'au bout d'une corde.
 
CHAPITRE 2 : - La stupidité de la politique étrangère des pays européens opposée à la politique d'agression cohérente mais décodée des États-Unis.
Avant toute chose, lever un malentendu possible : le terme stupide ne doit pas être entendu dans son sens courant comme péjoratif envers nos aimables diplomates. Stupide doit être pris au sens étymologique « (s)teu  » racine indo-européenne qui donne à la fois le verbe frapper, marteau, stupéfiant (paralyser, étourdir), être en état de sidération, être hébété. La diplomatie des différents pays européens est en état de sidération.
D'un point de vue de realpolitik, la question avec la Russie est pourtant assez claire : est-ce qu'on veut la Russie comme amie et profiter de ses immenses possibilités de développement en profitant de la liberté laissée par des sanctions américaines qui éliminent de féroces concurrents du marché russe ou préfère-t-on s'aligner sur les États-Unis avec qui on est en concurrence sur tous les marchés et qui sont en position de faire pression pour remporter in fine les contrats. Veut-on garder une économie française ou la vassaliser. Ce qui se passe avec les ventes d'armes ou de centrales se passera demain à l'échelle régionale ou municipale si le traité de libre échange transatlantique est voté : un marché de dupes complet.
Avec le polonais Tusk à la place de Von Rompuy et la Lettonie comme présidente de l'Union, une période de 6 mois minimum de russophobie implacable est assurée.
La Russie aura droit à toutes les provocations, humiliations, coup bas, chausse-trappes imaginables repris à l'unisson par la totalité de la presse internationale, nationale, régionale. Un « bashing » d'ampleur planétaire, un tir de barrage et d'aucuns diront une préparation d'artillerie massive.  
Veut-on la paix sur le continent européen ou la guerre. Le reste est accessoire. Qu'il y ait, une, 2, 3 Ukraines n'est pas sur le même plan.
Ce n'est en tous cas certainement pas avec le nazisme et l'hyper-violence que l'Ukraine se rapprochera des peuples européens. L'illusion européenne risque de faire long feu assez vite.
Mais le but n'est pas là : le but final est la guerre contre la Russie et le redécoupage du Monde.
Reconnaître et décrypter le jeu des Etats-Unis. « Go in to the kill to Russia ».
« Move in to the kill » comme « lie like hell » sont des expressions joliment imagées qui disent bien ce qu'elles veulent dire. Comme l'auteur de ces lignes l'écrivait déjà très modestement  il y a deux ans à propos de la Libye et de la Syrie, un système en instabilité financière ne peut plus prendre de gants et doit y aller à fond pour aller piller. Le Dombass résiste, la Russie fédère les BRICS, elle fédère autour d'elle des pays jusque-là hésitants ou prudents. C'est le pays à abattreet vite. L'Inde commence à basculer. La Chine a conçu avec la Russie un habile moyen de renvoyer le dollar au stade de simple monnaie comme les autres. C'est l'apoptose du système financier occidental qui est en jeu. Soros ne doit pas être content. On flaire la panique. Le plan ne se passe plu comme prévu. Que faire ? Flinguer.
Le plan est assez bien connu maintenant compte tenu des fuites et des recoupements :
Il y a ce qui est public comme ce que publie Brzezinski : avancer d'une case supplémentaire sur le grand échiquier en direction de l'est. Offrir aux rejetons de la classe urbaine polonaise (fait), ukrainienne (fait) russe (à faire) des études aux États-Unis et la renvoyer aux postes de commandement en direction des cases député, ministre, président. Aider la « transition vers la démocratie » au moyen le cas échéant d'une « révolution de quelque-chose ». Politique maintenant bien connue de Zbigniew Brzeziński, appelée par les Russes « agression douce » par « cinquième colonne » interposée éventuellement aidée par la Turquie et mouvement pan-touranien par quelques mouvement séparatistes régionaux. Cette politique est cohérente, impériale . Les États-Unis qui pillent un dollar au Monde quand ils en consomment un (l'American way of life) sont devenus un complexe militaro-industriel avec quelques bricoles autour, le tout tenant grâce au pétro-dollar habilement manufacturé par Kissinger en faisant exploser la guerre du Kippour de 1973.
Ça a tellement bien fonctionné avec la Pologne par exemple que l'ex-président Kwasniewski se trouve se partager la même entreprise de gaz avec le fils Biden et, couvert d'honneurs et membre de tous les ordres et grand-croix du continent européen, pantoufle de conférence en conférence où il n'a manifestement pas grand-chose à dire (à part du mal de la Russie puisque c'est pour ça qu'i est invité) et dont on ne demandera pas le prix. Il va sans dire que pas un de ces ces gens-là ne prendra le risque de scier la branche dorée sur laquelle il est assis. Il n'y a pas que Sarkozy qui fasse de juteuses conférences en anglais, langue de l'occupant. En tapant sur google Kwasniewki et Bilderberg, on tombe naturellement sur Bilderberg 2008. On s'y attendait tellement ! 
Ce qui arrive en Europe n'a rien de nouveau. C'est ce que l'Amérique Latine expérimente depuis le XIXème siècle (trop loin de Dieu, trop près des Etats-Unis).
Le problème de ce plan est qu'il marche trop bien. Il s'emballe. Tel Frankenstein, il semble avoir un peu échappé à son créateur, repris en mode automatique par administration, CIA, secrétariat d’État, NGOs, Pentagone. Pour marcher, ce plan devrait rester discret.
De plus il est déjà décodé. On sait maintenant comment fonctionne une guerre moderne.

Le but de cette politique est Moscou la ville sainte ou maudite c'est selon, convoitée par Napoléon et Hitler, la partition de la fédération de Russie en quelques morceaux inoffensifs, Le contrôle de la Caspienne et de l'Asie Centrale, des gisements de pétrole et de gaz russes, des mines d'or, de diamant. L'évacuation par oléoducs.
Seulement une politique pareille demanderait doigté, finesse et discrétion. Edouard VII l'avait bien compris d'où son succès indéniable quoique coûteux contre la Russie tsariste puis contre l'Allemagne impériale.
 
1 = Grande Finlande 2 : Kaliningrad 3 : Grand Bélarus 4 : Grande Ukraine 5 : Fédération du Caucase 6 : Sibérie chinoise 7 : Sakhaline et îles kouriles japonaises. Source
Certains diront "d'ou vient cette carte ?". D'autres en trouveront d'autres un peu différentes. Le précédent historique des accords Sykes-Picot ou autres montre que ce qui serait étonnant c'est que de telles cartes n'existent pas. Il n'y a pas non plus de raison pour que des tracés absolument précis soient déjà arrêtés. The" end of the game" (le but final) recompose le Monde en une dizaine de morceaux inféodés à l'Amérique du Nord. Le Canada n'existe plus spécifiquement ce qui explique la fusion des élites Canada-Etats-Unis. Harper n'est plus tant le premier ministre du Canada qu'un membre de l'Amérique du Nord et Centrale.
On ne sait pas :
1.      Combien il faudra tuer de gens pour créer ce "nouveau monde".
2.      Si ce plan réussira. Napoléon et Hitler avaient eux aussi des plans grandioses de remodèlement du Monde. Les deux se sont cassé les dents sur la Russie après avoir parfaitement su casser les reins à leurs peuples. 
On notera le cadeau donné à la Chine (la vide et riche Sibérie) reproduisant en extrème orient le schéma USA/Canada (matières premières au Nord / population industries au Sud). 
La politique américaine n'est pas stupide. C'est une politique impériale. Elle part du principe que la destruction de la Russie est un préalable à un redécoupage du monde. Si un conflit mondial est nécessaire ce projet semble l'envisager et le préparer depuis une vingtaine d'années par un réseau de bases tissé autour d'elle à l'occasion de la « guerre contre la terreur » ou l'élargissement de l'OTAN. La « crise ukrainienne » permet de militariser les pays baltes.
A l'issue du conflit, l'Ukraine presque doublée en superficie se verrait attribuer le rôle de coupure entre la Moscovie résiduelle et les champs de pétrole du Caucase. C'est le plan Hitler 1942.
L'armée américaine + OTAN avec toutes ses bases peut légitimement penser qu'elle a les moyens de sortir affaiblie mais victorieuse d'une 3ème guerre mondiale. L'empire Britannique avait fait le même calcul avant 1914 puis en 1940. : la préservation de l'Empire à tout prix.
La Russie analyse naturellement ces mouvements et depuis le flingage de Khadafi cherche les parades tactiques et les trouve avec brio. Parades tactiques qui ne changent rien à la tendance. La tendance est l'avancée vers Moscou et Saint-Petersburg. Ceci est très dangereux pour la paix. La Russie doit avoir la main sur la gachette en permanence, quand Narva (OTAN) est à 150 km de Saint-Petersbourg (la seconde capitale, 5 millions d'habitants et Sumy en Ukraine à 600 km de Moscou. Pour donner un ordre de grandeur le temps de vol du feu pershing I était de 77 secondes pour ateindre 700 km). Quel pays peut accepter d'être à une minute de la destruction ? Si l'OTAN déploie des vecteurs dans les pays baltes, le stress imposé à la Russie se compera en secondes. C'est gagner une guerre sans tirer un coup. L'accident n'est qu'une question de temps. Quant à la parade statégique, on l'attend toujours. La Russie ne parvient pas à faire peur au grand patron. Ni contre-révolution de couleur, ni désorganisation de l'armée adverse, ni retournement de personnages clef, ni arme révolutionnaire. L'entrée des pays baltes dans l'OTAN s'est fait en échange de leur non militarisation mais l'OTAN peut renier ses engagement sans que l'autre partie fasse autrement que protester. Un début de parade stratégique semble(rait) avoir été finalement trouvée de concert avec la Chine : ruiner le dollar. On verra si le risque de la ruine systémique sera de nature à faire reculer l'OTAN ou l'engagera dans une fuite en avant supplémentaire dans son « drang nach osten ».
Connaissant les russes, ils sont bien capables de créer une Novi-Petersburg de l'autre côté de l'Oural et de faire brûler la précédente. Ce ne sont pas les précédents qui manquent et en temps de crise existentielle, on revient à ses fondamentaux.
La politique stupide vient de la « diplomatie » « européenne »
La politique inspirée par les néo-con pense que l'OTAN gagnera la 3ème guerre mondiale (75 % des dépenses militaires mondiales) et qu'il faut faire la guerre maintenant parce que dans 10 ans ce sera trop tard. La Chine serait devenue la première puissance économique mondiale, la Russie termine un plan de modernisation militaire d'ampleur gigantesque. Brzezinski ne s'en cache même pas mais naturellement sur le mode de l'inversion BAO : « il faut militariser l'Ukraine pour que Poutine ne puisse pas y faire une révolution de couleur ».(source)
La stupidité vient de l'UE qui naturellement sera un des champs de bataille privilégié et quel que soit le vainqueur un champ de ruine. L'UE c'est la paix hein ! De plus cet empire/protectorat mal ficelé serait probablement brisé en plusieurs morceaux dès le premier choc sérieux. Pense-t-on les espagnols prêts à mourir pour les lituaniens ou des polonais qui entreraient en Ukraine ou les Autrichiens (neutres on le rappelle) pour des Roumains qui annexeraient la Moldavie ?
Toute la rhétorique de diabolisation de la Russie est juste de la poudre aux yeux grotesque. La Russie n'est ni l'URSS ni l'empire tsariste. Non seulement parce qu'elle dispose d'un territoire et de ressources très largement suffisantes pour sa population et ses besoins de développement mais parce qu'en plus en bascule lentement et avec le reste du Monde vers l'Asie : la Chine est devenue la première puissance économique du monde qui achète et vend tout. S'il faut s'attendre à une lutte très dure pour éjecter les anglo-américains de l'Asie Centrale (les américains vont souffrir en Afghanistan dès l'année prochaine), du Caucase (la Caspienne et le couloir géorgien), si probablement il y aura à un condominium sino-russe sur l'Asie-Centrale et la nouvelle route de la soie TGV, Ukraine n'a plus l'intérêt économique qu'elle avait au XIX et XX ème siècles. C'est vieux, obsolète, dépassé et ne vaudrait pas une guerre s'il n'y avait pas le problème des populations russes et l'épée de Damoclès statégique. Même du point de vue agricole, la Russie est désormais autosuffisante et même exportatrice de bon blé sans OGMs. 
Penser que la Russie ne trouvera pas d'autres producteurs pour remplacer des fruits et légumes importés d'Union Européenne est grotesque et provincial. La Russie est à l'échelle du Monde et se fiche des politiques de clochemerle. L'UE donnera ses légumes sans goût et irradiés à ses pauvres qu'elle sait si bien produire industriellement ou à ses consommateurs d'hypermarchés : ils les irradieront au micro-ondes, deviendront un peu plus mous et zombies et se révolteront moins … En quoi ceci peut concerner un pays de la taille et de la force morale comme la Russie, en pleine régénération après les épreuves terribles de l'ère Yeltsin ? On voudrait avoir ne serait-ce que le dixième de la force d'un russe. Même leurs femmes plongent dans l'eau à 0°C à l’épiphanie. Quand il fait 10 ° les français commencent à se plaindre et à attraper une bronchite. La France homme malade de l'Europe n'est pas en mesure de se mesurer à la Russie sans prendre la baffe qu'elle aurait alors amplement mérité. Le français de 2014 n'est pas celui de 1807. Par contre on peut monter des ukrainiens ou des Polonais contre des russes avec la technologie du Rafale et de la bombe AASM. dans un empire, on se partage les rôle. La direction générale ne sera certainement pas à Paris.
Les français commencent d'ailleurs à quitter leur pays alors que la Russie attire des immigrants de partout.  
La priorité aujourd'hui est le TGV Moscou-Kazan et ensuite le Transsibérien à très grande vitesse. Face à des chantiers aussi gigantesques protégés par une armée qui disposera en 2020 de toute la panoplie des armes les plus modernes, la décision européenne de s'isoler est le symptôme de plus d'un déclin déjà bien amorcé.
Les États-Unis peuvent-ils gagner seuls une guerre contre la Russie ?
La réponse est probablement non. Sans infanterie-chair à canon locale, ils n'arrivent plus à rien avec pourtant le premier budget militaire supérieur à tous les budgets militaires de la planète réunis. C'est une hyperpuissance excellente pour la guerre économique, la subversion mais médiocre quand il s'agit de se battre (par rapport aux moyens alloués). L'Irak n'est pas sécurisé loin de là, l'Afghanistan est une défaite plus ou moins bien maquillée. Il est probable que les talibans reprendront la place aidés dans la lutte anti-drone par tel ou tel état dont les États-Unis se seront fait un ennemi.
Les soldats américains reviennent avec des PTSD (post traumatic stress disorder) dans la nomenclature DSM IV ou V, il faut les soigner , leur donner des pensions et ils finissent souvent homeless-sdf. Les États-Unis ne savent plus gagner de guerres au sol.
Depuis la guerre de Libye et de Syrie en cours, on préfère donner des dollars et des armes à des groupes violents ou fanatiques et leur donner juste le soutien aérien. Quitte à les rebombarder ensuite quelques années après si les armes distribuées sont tombées entre de mauvaises mains requalifiées à ce moment en « terroristes ».
Du côté de la suprématie aérienne écrasante, le F35 ne fonctionne toujours pas et ce qui fonctionne n'a pas de productivité : contre Daesh c'est de l'ordre d'un mort par rotation de chasseur en moyenne. Ca fait cher le mort. D'autre part les S300 et 400 russes sont redoutables et les Sukoï nouvelle génération aussi. Les États-Unis sont en train de perdre la maîtrise absolue de l'air.
Du point de vue naval le sentiment d'invincibilité en a pris un coup suite au survol d'un navire américain en mer noire par un Sukoï qui a déconnecté à distance toute l'électronique Aegis. Çà ça fait mal et c'est une humiliation terrible ! Comme le drone bourré de technologie capturé, démonté, copié et exibé par les iraniens.
Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule la Chine semble avoir mis au point un missile capable de détruire un porte-avion.
Si on met un Sukoï avec un missile chinois cela peut poser de réelles difficultés existentielles aux armadas BAO.
Militairement, la défense semble prendre l'avantage sur l'attaque ce qui convient parfaitement aux pays travailleurs qui ont autre-chose à faire que d'aller piller les autres.
La tactique suivie actuellement est donc la meilleure : prendre par la force le contrôle d'un pays, le sur-armer, fanatiser sa jeunesse et l'envoyer contre la Russie. La vieille tactique britannique. Comme en 1905 armer le Japon et l'envoyer contre la Russie. Comme en 1915 armer les arabes et les envoyer contre les turcs quitte à leur promettre un état (ils ont eu Israël à la place et demain peut-être le Grand Israël), armer les irakiens et les envoyer contre les iraniens.
Armer les ukrainiens et les géorgiens et les envoyer contre la Russie ; Avec un peu de chance faire participer les polonais et les lituaniens à la croisade. Et à partir du moment où un pays de l'OTAN est agressé faire jouer la clause de sécurité collective .
Faire baisser le pouvoir d'achat en dessous d'un niveau à partir duquel le jeune sans avenir poussera la porte du bureau de recrutement de l'armée pour être « volontaire ». Ensuite, il sera pris en charge et on lui donnera la manette d'un drone qui ira appuyer les efforts des alliés contre la barbarie russo-poutinienne.
Le concept de poutinisme et de régime poutinien sera forgé . Le chroniqueur du journal local nous parlera de la paix à sauvegarder face au poutinisme, que les gens qui sont tombés à Verdun l'ont été pour que le poutinisme ne revienne jamais et chaque 8 mai 45 un autre chroniqueur, membre éventuel de la fondation Robert Schuman nous dira que l'Amérique continue de nous sauver du poutinisme. Un autre nous expliquera doctement qu'il faut libérer les Russes du poutinisme qui les a tellement lavé le cerveau qu'ils ne peuvent plus voter librement puisqu'ils votent pour lui. On exagère à peine.
  
Un état de guerre est excellent : prise de contrôle (enfin !) d'Internet (cet internet ne peut plus durer) , de ces satanés smartphones qui filment ce qu'il ne faudrait pas et l'envoient sur le net, plan vigie pirate rouge, monnaie au cours forcé, caméras, lois d'exception etc … 
Puis viendra le moment où il faudra faire « des sacrifices » pour « l'effort de maintien de la Paix " permettant d'acheter plus d'armes pour « libérer » le Donbass de ses enfants et de ses vieillards.
Compte tenu de la modernisation et réorganisation en cours de l'armée russe, c'est maintenant qu'il faut attaquer et pas en 2020. 2016 est plausible une fois qu'Obama sera parti. Ensuite les faucons républicains pourront rencontrer un général comme David Petraeus ou un autre qui mettra la machine de guerre en mode turbo pour sa nouvelle croisade. Les victimes collatérales se compteront en centaines de millions et on pourra payer les dettes ou les intérêts avec les prises de guerre attendues à l'issue du conflit. 
Car ça urge ! De la même façon que la première guerre mondiale coïncide curieusement avec une faillite imminente de la place de Londres on voit maintenant des pays essayer de rapatrier leur or des États-Unis. Que les guerres de la Révolution coïncident explicitement avec des coffres vides à remplir, que la guerre du Kippour dont on connaît maintenant les arcanes coïncide avec la nécessité pour les États-Unis de mettre en place leur pétro-dollar, le système financier mondial appuyé sur les 3 pilliers pétrole/armes/drogue est en état de banqueroute, is bust. L'auteur de ces lignes n'est pas économiste mais ça sent le roussi. Soros qui publie dans le Monde un article hallucinant  montrant un ours déchiqueter l'Europe : ça sent la perte de sang-froid.
Les actions qui montent quand l'or et le pétrole baissent (en période de pic énergétique) pour saigner à blanc le Vénézuela et la Russie sent le « move to the kill » sur un mode kamikaze. Ces procédés sentent la panique. Le jour où les nazis encagoulés n'accepteront plus de dollar fraîchement imprimés pour faire leurs basses œuvres mais de l'or, la Russie se trouvera naturellement bien placée pour faire ce qu'elle jugera bon de faire. 
Les États-Unis ne peuvent pas ruiner la Russie à cause de la Chine qui est prête à tout acheter. Il y aura quelques années difficiles pour réorganiser les carnets de commandes ce qui ne se fait pas en un jour. Tant que la Chine existe rien n'y fera. La Chine peut tout acheter et a un intérêt permanent à faire sauter le verrou du détroit de Malacca. Très inquiète pour la sécurité de ses côtes l'appoint de la marine russe d'extrème-orient ne peut que la pousser aux rapprochements.
On ne comprend tout simplement pas la logique de ces sanctions et de ces manipulations de cours contre la Russie : la Russie qui en a vu bien d'autre dans son histoire achètera à la Chine contre du pétrole et assez vite du gaz et le clearing sera fait en or. Ce ne sont pas des sanctions mais une dé-globalisation partielle  : une catastrophe pour l'occident dont le moteur est justement depuis le Xvème siècle d'ouvrir toujours de nouveaux territoires de pillage et de surfer économiquement et financièrement sur les bulles créés. Une magistrale balle dans le pied d'un système aux abois.  
Il semble que les planificateurs de guerre acceptent une destruction partielle de leur économie pour faire hypothétiquement mal à la Russie. (des emplois et des marchés détruits, des Mistrals livrés ou non peu importe le contribuable paiera le milliard de pénalité, des chômeurs qui iront fouiller dans les poubelles) Ces dirigeants ne représentent en rien les intérêts de leurs peuples. On ne peut plus adhérer à leurs décisions.
La Chine, l'Inde se frottent les mains et troquent le dollar contre l'or. Le Vénézuéla lui est très durement touché. Un nouveau membre des Brics au prochain sommet ? On va avoir le BRICSV ? Il faudra trouver un autre sigle. Ça devient imprononçable. La Russie est touchée naturellement (c'est le but de la manœuvre) mais elle a des réserves , les reins solides et se renforce psychologiquement. 
 
Chapitre 3 : Vous n'aurez pas la Russie : mobilisation générale.
Le pays par excellence qui ne peut pas accepter la résurgence du nazisme est la Russie et les générations qui ont connu la seconde guerre mondiale en Ukraine. La supercherie Russie de 2013 = Staline fait naturellement sourire ou franchement rire en Russie. Combien de temps ça peut durer à l'ouest ? Pour un temps et compte tenu du « russian bashing » en cours du système des médias occidentaux, on assiste à une schizophrénie de l'information entre ce que disent les média russes et les media occidentaux. Comme internet ne peut pas être coupé, la vérité suinte, goutte, comme le sang des victimes du Donbass. La vérité est qu'il n'y a pas d'invasion de l'Ukraine par la Russie, que les séparatistes sont plus résolus que jamais à ne jamais avoir Poroshenko chez eux, que la population d'un bon sud de l'Ukraine commence à bouger (Odessa, Kharkov, Mariopol) et que le black-out occidental se fissure.  
La Russie et ses illusions occidentales perdues.
Jusqu'en 2012, l'orientation de la Russie vers l'Europe semblait n'être qu'une question de temps et de questions techniques à aplanir entre « partenaires ». La délicate question de la suppression des visas était sur le point d'être résolue et le continent réunifié avec l'Ukraine et les populations russophones des pays baltes comme synapses monde russe – UE. 
La présidence Medvedev, adepte des réseaux sociaux, des selfies et autres coolitudes a incarné ce rêve qui s'est brisé dans les sables de Libye. 
Le « râteau » est à la mesure des illusions passées. Comme un amoureux éconduit par une garce, la Russie retourne brusquement à ses racines russes, à son histoire et les « patriotes » peuvent enfin se faire entendre.
Puis est venu 2013 et le Maidan de Kiev. La Russie a essayé de montrer pièces à l'appui qu'il se passait quelque-chose de bizarre. Puis après avoir compris qu'il s'agissait d'un coup monté de Washington, une période intermédiaire au cours de laquelle la diplomatie russe a essayé de dissocier les États-Unis des pays d'Europe. Elle a pu comprendre le degré d'asservissement des dirigeants européens à leur « patron ». L'embargo assymétrique sur les produits agricoles importés l'a été pour une période limitée.
C'est le sommet de l'OTAN de Bristol le 4 septembre qui a fini d'ouvrir les yeux à l'opinion publique russe sur les plans occidentaux. Bien que Porochenko ait annoncé un cessez-le-feu finalisé le 5 septembre à Minsk, le sommet de l'OTAN a annoncé comme prévu de nouvelles sanctions contre la Russie et l'Otan la nécessité de militariser les pays de l'est de l'OTAN. Une feuille de route préétablie et suivie contre vents et marées malgré des efforts de paix russes indéniables. 
Après quelques autres invasions imaginaires de l'Ukraine par la Russie, quelques dizaines de milliers d'articles contre Poutine-Hitler dans la presse mondiale, la Russie a fait l'expérience de la violence du « bashing » (lynchage) médiatique. En termes militaires un tir de barrage étanche du plus petit journal local au plus grand journal international en passant par tous les grands média audiovisuels. On a au moins pu tester l'indépendance et le courage des journalistes. Maintenant on sait. Période de dissipation accélérée des illusions et de reprise de contact avec la réalité, du côté russe tout du moins.
Le sommet du G20 du 15 et 16 novembre à Brisbane restera dans les annales de la muflerie internationale. 
L'express  du 16/11/2014 qui montre une photo de la bande des 8 (Mariano Rajoy Brey, Matteo Renzi, Francois Hollande, Barack Obama, David Cameron, Angela Merkel, Jean-Claude Juncker et Herman Van Rompuy) et non pas des 20 – c'est le G20 (Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne), ce qui donne une image très différente  de « l'isolement » russe 
On a fait comprendre à Poutine qu'il ne faisait plus partie du « club high select » ce dont il semble d'ailleurs très bien s’accommoder.
Cette position de Hitler-paria international lui permet d'être très populaire dans son pays et de faire prévaloir en Russie la ligne patriotique sur une ligne plus pro-occidentale.
Cette ligne patriotique est incarnée par des personnes dont certaines n'auront plus le privilège d'avoir un visa Schengen pour aller admirer le fleuron de l'art post-moderne que constitue l’œuvre de Paul Mac Carthy érigée place Vendôme par Bruno Julliard. On comprend que ce soit une sanction qui fasse mal et ait du mal à passer. 
Citons en quelques-uns :
Igor Panarine
politologue, auteur d'un livre dont l'avenir dira s'il représente les fantasmes de l'auteur ou une analyse pertinente des tendances qui travaillent les États-Unis (le système et ses termites). Sa thèse principale est que la Russie est soumise à une agression de type médiatique venant de l'Ouest et qu'elle doit trouver les moyens de s'en protéger. (RT america fait mal dans l'autre camp) .
Son autre idée est que si l'Ouest crée le chaos chez les autres, il le crée aussi chez lui et qu'on ne sait pas ce qui ira le plus vite, d'où sa thèse de la désintégration possible du centre producteur du chaos, les États-Unis eux mêmes. Livre malheureusement non traduit en français.       
Krach dollar et dislocation USA
Dmitri Rogozine
Il est vice-premier ministre russe et ministre des armements. Il fait enrager l'occident par sa capacité à comprendre ce dont l'armée russe a besoin et à l'expliquer au président. Compte tenu de la population de la Russie, il faut à la Eussie un soldat hyper armé qui en vaille 5 classiques. Soldat avec sa tablette en contact avec les radars et les autres unités pour tirer au but à coup sur loin de l'adversaire. 30 % de soldats hypermodernes en 2015. 70 % en 2020. Modernisation de la force de frappe nucléaire à 100 %. La reconstitution de la flotte se fait selon le même principe : passer directement à la marine du XXI siècle. Les crédits suivent.               
Sergey Glazyev
Chargé depuis 2012 du marché commun Bélarus, Russie, Khazakstan.
Selon Glazyev l'Ukraine est désormais un pays sous occcupation américaine et, après militarisation endoctrinement et modernisation, l'armée ukrainienne sera lancée contre la Russie.
Serait selon Jason Hamlin (article traduit) celui qui aurait soufflé à Poutine le moyen d'échanger le dollar contre l'or physique et de mettre ainsi le bloc BAO K.O. en quelques rounds.
Sergueï Lavrov
Le ministre des affaires étrangères de Russie, le bulldozer selon certains, « mister niet » selon d'autres. Ne mâche pas ses mots et appelle un chat un chat. Adepte de la diplomatie ouverte. Excellent tacticien sur la scène internationale sa dernière trouvaille ayant été de forcer les européens à montrer au monde entier et à l'ONU qu'ils sont d'horribles hypocrites concernant leur condamnation du nazisme. Très apprécié dans les pays du Sud.
Selon lui, les pays de l'Ouest veulent un changement de régime en Russie.              
Evgeny Fedorov
Député à la Duma russe. Théoricien de la 5ème colonne. Leader du Mouvement de Libération Nationale (PLM). Prédit l'attaque de la Russie par les Etats-Unis - Otan pour 2015. Très bonne connaissance des dossiers géopolitiques et grande faculté d'analyse : Le Donbass sert à aguerrir les soldats, de camp d'entrainement grandeur réelle avant de lancer les soldats ukrainiens contre la Russie.
Néammoins selon lui, la Russie a selon luiles moyens de reproduire le « miracle russe » de 1812 et 1941-45      
 
 
 
 
 
 
Conclusion. La France peut-elle renaître dans le bon camp ?
On a parlé de Renan en mal. Parlons-en différemment en donnant à lire à l'honorable lecteur un fragment tiré de la « réforme intellectuelle et morale » qui décrit l'état de médiocrité abyssaloù était tombé la France avant le désastre de 1870-71. On se croirait aujourd'hui bien qu'aujourd'hui soit probablement bien pire. Puisse ce texte toucher quelque-chose dans ce corps amorphe. La France petite-bourgoise sclérosée et dont la seule boussole est le pouvoir d'achat et les moyens de l'obtenir aurait pourtant besoin du dynamisme russe. Ce « matérialisme hideux » (Renan dixit) ne peut pas fonder une civilisation mais une anti-civilisation. . Au lieu de fermer les visas, faites les sauter, créez d'un côté comme de l'autre de flux intenses. La France sent le renfermé. Toute initiative nécessite un « parcours du combattant » et est punie d'une taxe toujours hors de proportion avec son objet. La vie en France consiste trop souvent à remplir des papiers pour avoir droit à d'autres papiers qui donnent des droits sur le papier. 
Entre la sclérose par plaques française, le pillage américain et le mercantilisme allemand, sortir la France de l'ornière relève de l'exploit.
Encore un fois, soutenir tout parti, toute personnalité qui ne demande pas fermement la sortie de l'OTAN et la signature d'un pacte d'amitié et de non agression avec la Russie est faire le jeu de ceux qui veulent entraîner la France dans une guerre mondiale.
La France ne peut naturellement pas empêcher les américains de faire la guerre mais la Russie et la Chine ont les moyens de se défendre et même de faire payer cher des agressions.
Ce que peut faire la France, c'est au moins de ne pas mettre son potentiel économique et militaire au service de l'effort de guerre de la puissance belliqueuse dominante.
Et devenir membre observateur des BRICS n'aurait rien d'exceptionnel dans un monde qui ne serait pas celui d'aveugles gouvernés par des laquais.
_______________________________________________________________________
 
Ernest Renan : « La réforme intellectuelle et morale »
Après avoir montré que la France d'avant 1871 bien que riche n'était pas en état de soutenir une guerre, Renan en décrit les causes. 
Un tel parti, qui est celui de l'immense majorité des Français, est trop superficiel, trop borné pour pouvoir, conduire les destinées d'un pays. L'énorme sottise qu'il fit à son point de vue quand il prit en 1848 le prince Louis-Napoléon pour gérant de ses affaires , il la renouvellera vingt fois.Son sort est d'être dupe sans fin , car il est défendu à l'homme bassement intéressé d'être habile ; la simple platitude bourgeoise ne peut susciter la quantité de dévouement nécessaire pour créer un ordre de choses et pour le maintenir.

Pendant que la fortune publique, en effet, prenait des accroissements inouïs, pendant que le paysan acquérait par ses économies des richesses qui n'élevaient en rien son état intellectuel, sa civilité, sa culture, l'abaissement de toute aristocratie se produisait en d'effrayantes proportions ;la moyenne intellectuelle du public descendait étrangement. Le nombre et la valeur des hommes distingués qui sortaient de la nation se maintenaient, augmentaient peut-être ; dans plus d'un genre de mérite, les nouveaux venus ne le cédaient à aucun des noms illustres des générations écloses sous un meilleur soleil ; mais l'atmosphère s'appauvrissait ; on mourait de froid.
L'Université, déjà faible, peu éclairée, était systématiquement affaiblie ; les deux seuls bons enseignements qu'elle possédât, celui de l'histoire et celui de la philosophie, furent à peu près supprimés. L'École polytechnique, l'École normale étaient découronnées … Les exigences cléricales auxquelles on se soumettait ne laissaient passer qu'une inoffensive médiocrité ;tout ce qui était un peu original se voyait condamné à une sorte de bannissement dans son propre pays...Paris était envahi par l'étranger viveur, par les provinciaux,qui n'y encourageaient qu'une petite presse ridicule et la sotte littérature, aussi peu parisienne que possible, du nouveau genre bouffon. Le pays, en attendant, s'enfonçait dans un matérialisme hideux. N'ayant pas de noblesse pour lui donner l'exemple, le paysan enrichi, content de sa lourde et triviale aisance, ne savait pas vivre, restait gauche, sans idées. Oves on habentes pastorem, telle était la France : un feu sans flamme ni lumière ; un cœur sans chaleur ; un peuple sans prophètes sachant dire ce qu'il sent ; une planète morte, parcourant son orbite d'un mouvement machinal.
La corruption administrative n'était pas le vol organisé, comme cela s'est vu à Naples, en Espagne ;c'était l'incurie , la paresse , un laisser aller universel, une complète indifférence pour la chose publique. Toute fonction était devenue une sinécure, un droit, une rente à ne rien faire … Celui qui hasardait quelque critique devenait vite un être à part et bientôt un homme dangereux. On ne le persécutait pas ; cela était bien inutile. Tout se perdait dans une mollesse générale, dans un manque complet d'attention et de précision. Quelques hommes d'esprit et de cœur, qui donnaient d'utiles conseils, étaient impuissantsL'impertinence vaniteuse de l'administration officielle, persuadée que l'Europe l'admirait et l'enviait, rendait toute observation inutile et toute réforme impossible. …
Méfrange 2014
 
 

Sur le même thème
Convoi humanitaire russe vers l'Ukraine, un pas de plus vers la guerre nucléaire ?
Le gambit de la Reine Russe en Ukraine
Les décisions que prend Vladimir Poutine seraient imprévisibles !
Obama joue à la roulette russe...mais le canon est sur la tempe des peuples
Nous sommes le Donbass

________________________________________________________________________________________________________________________________


 
2 décembre 2014 Europe-Russie : les occasions manquées
 

Tiré du site HERODOTE Net en date du 3 décembre 2014.
 

Toute l'Histoire avec Herodote.net - Actualité, dates, récits ...

www.herodote.net/
 


Une fois n'est pas coutume, notre chroniqueur Joseph Savès sort de ses gonds. Comme quelques rares analystes et historiens, il s'inquiète de l'absurde tension entre l'Europe et la Russie et des risques de guerre qu'elle réveille...
Est-il possible, cent ans après Sarajevo, 25 après la chute du Mur, de rallumer les feux de la guerre ? C'est le jeu insensé auxquels se livrent les gouvernants européens en poussant leur voisin russe dans ses derniers retranchements.
Ignorants de l'Histoire, qu'espèrent-ils en s'immisçant dans le pré carré de Moscou ? En proposant à la Géorgie en 2008 puis à l'Ukraine en 2014 un billet d'entrée dans l'OTAN, une alliance conçue pour un autre temps, quand il s'agissait de contenir l'URSS, une superpuissance qui n'existe plus depuis un quart de siècle ?
Bien malin qui se rappelle les causes de la tension actuelle entre l'Europe et la Russie... L'annexion unilatérale de la Crimée  russophone ? Ce n'était que le dernier ou l'avant-dernier rebondissement d'une longue série de malentendus entre les Européens de l'Ouest et leurs cousins de l'Est.
Humiliations et promesses non tenues
Reportons-nous trente ans en arrière. Maître tout-puissant de l'URSS pendant deux décennies, Leonid Brejnev meurt impotent, à 75 ans, le 10 novembre1982, après un dernier bras de fer avec les États-Unis de Ronald Reagan. C'est la crise des euromissiles.
Lui succède Iouri Andropov, réformateur issu du KGB, la police politique, et donc bien plus conscient que Brejnev des réalités géopolitiques. Également vieux et malade, il meurt quinze mois plus tard, le 9 février 1984.
La vieille garde brejnévienne relève la tête mais ne trouve rien de mieux que de placer à la direction du Comité central du Parti communiste un autre malade, le conservateur Konstantin Tchernenko. Il meurt à son tour le 10 mars 1985, à 73 ans.
Comme ils n'ont plus de vieux malades encore disponibles, les conservateurs laissent la place à un dirigeant jeune (54 ans) et réformateur, Mikhaïl Gorbatchev. Jouant d'audace, il renverse la table, bouscule les vieux brejnéviens et entreprend de libéraliser le régime. Deux mots courent sur toutes les lèvres, de Vladivostok... à San Francisco : glasnost (« transparence ») et perestroika (« reconstruction »).
Les pays d'Europe centrale en profitent pour soulever le joug soviétique qui les oppresse depuis plus de quarante ans. Partout la guerre civile menace et l'on craint une intervention militaire soviétique comme à Berlin (1953), Budapest (1956), Prague (1968).
Gorbatchev, en bons termes avec les dirigeants occidentaux, conclut avec eux un pacte : « Je laisserai les choses se faire mais promettez-moi que jamais vous n'étendrez l'OTAN vers l'Europe centrale, à nos frontières, car cela serait ressenti comme une menace directe par le peuple russe ».
Promis, répondent en chœur les Occidentaux.
C'est ainsi que s'effondre l'« Empire du Mal », dans l'allégresse générale et sans presque une goutte de sang.
Premier malentendu, première trahison : les 15-17 juillet 1991, au G7 de Londres, Mikhaïl Gorbatchev mesure l'ingratitude des Occidentaux quand il sollicite l'aide économique qui lui sauverait la mise et surtout assurerait à son pays une transition en douceur. Les Britanniques et surtout les Américains font la sourde oreille.
À la différence des Européens qui bénéficient d'une longue expérience historique, les Américains n'ont pas encore compris que toute guerre doit se terminer par un compromis négocié. Ils entendent que celle-ci - la guerre froide - se termine sur l'anéantissement de l'URSS.
Deuxième trahison : le 12 mars 1999, la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ratifient leur entrée dans l'OTAN, bientôt suivies par les États baltes, anciennement soviétiques, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie.
Cette intrusion dans l'« étranger proche » est amèrement ressentie par les Russes. Ils y voient une manifestation d'hostilité et de rejet à leur égard d'autant moins justifiée que le joyeux trublion installé à la tête de la Russie, Boris Eltsine, a « libéralisé » à outrance son économie suivant les conseils de ses nouveaux amis occidentaux.
Il a appliqué à la lettre les conseils des « Chicago boys », économistes de l'école ultralibérale de Milton Friedman. C'est ainsi que tous les actifs du pays (mines et usines) ont été bradés aux anciens cadres du Parti, transformés en oligarques à l'avidité sans limite.
Le naufrage économique de la Russie a des conséquences sur les indicateurs humains du pays. Déjà très mauvais à la fin de l'URSS, ils se dégradent encore au cours des années 1990 : espérance de vie, taux de suicide, mortalité infantile, indice de fécondité. À l'aube du XXIe siècle, on ne donne pas cher de la survie du pays, qui vieillit et se dépeuple.
Poutine et la volonté de revanche
Mais le 31 décembre 1999, Boris Eltsine, usé par l'alcool, cède la présidence de la République à un inconnu de 47 ans, Vladimir Poutine, officier du KGB devenu patron du FSB, l'organe qui lui a succédé. L'homme cache son jeu. C'est un patriote pur jus qui va se donner pour mission de redresser la Russie.
Démocratiquement élu - quoiqu'avec des méthodes brutales -, il devient immensément populaire pour des raisons objectives. L'économie russe se redresse, entraînée par la hausse de prix des énergies dont regorge le sous-sol russe (gaz et pétrole) ainsi que par le protectionnisme douanier destiné à protéger ce qui reste de l'industrie. Au passage, Poutine remet au pas les oligarques quand il ne les emprisonne pas (sous les clameurs indignées des démocrates de l'Ouest).
Les indicateurs humains de la Russie témoignent de ce redressement comme l'atteste l'anthropologue Emmanuel Todd. L'indice de fécondité, en particulier, remonte de 1,2 à 1,7 en quinze ans, éloignant le spectre de la disparition physique de la Russie. En matière de fécondité, la Russie fait bien mieux que l'Ukraine, la Pologne ou encore l'Allemagne.
En matière géopolitique, Poutine ne cache pas son ambition de restaurer l'influence russe dans son « étranger proche » et de redevenir un interlocuteur respecté de l'Occident. Mais ce dernier va multiplier les chausse-trappes.
La première concerne le Kossovo, province serbe à majorité albanaise. Le 10 juin 1999, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité comme il se doit la résolution 1244 qui prévoit d'accorder à la province une très large autonomie au sein de la Yougoslavie ou de ce qui en reste (la Serbie).
La Russie, membre permanent du Conseil, a bien voulu lever son veto à la condition expresse qu'il ne soit pas question d'indépendance car elle ne veut pas déchoir face à la Serbie alliée et amie. Mais au vu et au su des milliers de fonctionnaires internationaux présents sur place, les Albanais s'émancipent et proclament unilatéralement l'indépendance du Kossovo  le 17 février 2008.
Moscou encaisse difficilement cette troisième trahison. Au demeurant, les Occidentaux n'ont guère à se féliciter de leur exploit : l'État croupion du Kossovo est devenu un repaire mafieux arrivant même à corrompre les hauts fonctionnaires européens chargés de le contrôler !
En août 2008, quand les dirigeants libéraux de la Géorgie se prennent à rêver d'Europe et d'OTAN, Poutine se dit qu'on ne l'y prendra plus et il remet au pas ce petit pays dont on voit mal comment il pourrait se passer de la protection de la Russie, coincé au fin fond du Caucase, entre la Turquie et l'Azerbaïdjan.
Poutine serait-il naïf ? On a peine à le croire. Pourtant, il se fait rouler une nouvelle fois dans la tragédie libyenne.
Le 17 mars 2011, au Conseil de sécurité, il laisse passer une résolution qui autorise des frappes aériennes destinées à protéger les civils de Benghazi. Mais l'OTAN va outrepasser l'autorisation en engageant sa puissance de feu aérienne aux côtés des rebelles. C'est même un avion de l'OTAN qui va ôter la vie au dictateur Kadhafi.
Le résultat est calamiteux avec un État libyen livré aux bandes armées et le Sahel mis à feu et à sang par les anciens mercenaires de Kadhafi.
La fois suivante, quand il est question d'intervenir en Syrie contre le dictateur Assad, Poutine, instruit par la leçon libyenne, se rebiffe et use de son veto au Conseil de sécurité... Avec un résultat hélas tout aussi calamiteux : une guerre civile interminable et le chaos islamiste.
Tout à coup, l'Ukraine
Pendant ce temps, l'Union européenne, représentée par l'inconsistant Barroso et l'ineffable Lady Ashton, engage un dialogue avec l'Ukraine. L'Ukraine ? Un État artificiel et très pauvre créé par Lénine, qui réunit des territoires autrefois polonais, austro-hongrois et surtout russes. Sa capitale, Kiev, est connue comme la « mère des villes russes ».
Une politique judicieuse eut consisté pour les Européens à organiser un rapprochement entre l'Union et la sphère russe, Ukraine et Biélorussie comprises, en vue de mutualiser les capacités financières, industrielles et énergétiques des uns et des autres. Mais de cela, il n'est pas question du fait de l'opposition de principe des Polonais, Baltes et Suédois qui ont un contentieux historique de quelques siècles avec Moscou, sans parler des Allemands qui se souviennent en leur for intérieur de Tannenberg et Stalingrad.
Oublieux du précédent géorgien, les Européens ont donc préféré détacher l'Ukraine de sa sœur siamoise, la Russie, avec l'enchaînement qui en découle : la Russie tente de retenir l'Ukraine et, faute d'y arriver, engage l'épreuve de force en Crimée et dans le Donbass ; l'Europe promulgue des sanctions économiques contre la Russie, laquelle est menacée de s'effondrer...
Ultime rebondissement (2 décembre 2014) : Poutine se rapproche du président turc Erdogan, bien que la Turquie fasse partie officiellement de l'OTAN et soit, pour la galerie, candidate à l'Union européenne.
Une nouvelle manche s'engage et rien ne dit que l'Europe la gagnera. Dans le grand jeu des alliances, en effet, elle pourrait se retrouver isolée et plus bas que terre. 
La chute de Poutine et le retour de la Russie à l'ère Eltsine, autrement dit au néant, signifieraient la mainmise totale des États-Unis sur l'Europe. Protectorat militaire, traité de libre-échange... nous ne serions plus en état de leur refuser quoi que ce soit. 
Les pays du « Sud » ne veulent à aucun prix de ce retour à l'hégémonie américaine. Pas plus les Turcs que les Chinois, les Iraniens, les Brésiliens, les Indiens ou les Arabes. C'est pourquoi tous font les yeux doux à la Russie et refusent d'appliquer de quelconques sanctions à son égard.
Enfin, ne l'oublions pas. Jamais la Russie ne s'est révélée aussi forte que lorsqu'elle a été acculée, que ce soit par Napoléon ou par Hitler. Qui parierait que les généraux de l'OTAN feront mieux que ces deux-là ? 
Dire que tout est venu du flirt inapproprié entre un certain Barroso et un président ukrainien dont nous avons déjà oublié le nom... Et la France dans cette affaire ? Elle suit et perd de juteux marchés avec la Russie.
Pourquoi tant de haine ?
Les médias gentiment endoctrinés diffusent dans l'opinion publique l'image d'une Russie archaïque, forcément archaïque, dirigée par un tyran sanguinaire. Ils déplacent le débat sur le terrain compassionnel : un président déterminé et autoritaire, un chef de guerre qui fait usage des armes, cela se peut-il ?... Il est drôle au passage de voir les Australiens (!) et leur fantasque Premier ministre faire la leçon à Poutine sans rien connaître des enjeux européens !
Est-ce donc à dessein que l'Occident humilie la Russie ou par inconscience ?
La question est ouverte. Le secteur militaro-industriel lié à l'OTAN peut trouver avantage à relancer une nouvelle « guerre froide » pour sécuriser ses effectifs et ses commandes. Piètre calcul évidemment contraire à l'intérêt général.
Plus subtilement, Washington souhaite peut-être éviter que l'Europe fasse corps « de l'Atlantique à l'Oural », selon la formule du général de Gaulle -, car elle pourrait alors devenir un concurrent sérieux des États-Unis.
Dans le champ de l'inconscience, les hypothèses sont diverses et s'additionnent. Ainsi, l'Allemagne, qui domine plus que jamais l'Europe, puise dans les réserves humaines de l'Est de quoi compenser son déficit de naissances. Elle a pu prendre le risque de défier la Russie simplement pour faire main basse sur les ressources de l'Ukraine en main-d’œuvre bon marché et immigrants potentiels. Plus sûrement, la Pologne mais aussi la Suède, rêvent de faire la peau à l'ours russe avec le concours de l'OTAN.
Il est piquant de voir les Polonais exiger des Français qu'ils renoncent à livrer aux Russes les navires de guerre Mistral alors qu'eux-mêmes ont choisi peu avant d'équiper leur aviation d'appareils américains plutôt qu'européens et français. Solidarité (« Solidarnosc » en polonais) a changé de sens... tout comme l'expression Union européenne, assimilable désormais à une machine de guerre.
Joseph Savès
Publié ou mis à jour le : 2014-12-03 19:20:10



_________________________________________________________________________________________________________________________________



Un commentaire "russophile" tiré du forum de MARAINNE.


Sev Denis


Bon, à propos de la pensée russe, je n'exprimerai modestement que ce qu'il me semble avoir capté. Déjà, il n'est pas inintéressant de savoir que l'Europe (Est et Ouest) a historiquement et géopolitiquement plus d'intérêt à s'unir à la Russie qu'aux USA. Et le "russie bashing", très en vogue partout dans les médias, n'est pas non plus un hasard. Whashington force l'Europe ultra fragilisée à dessein à rejeter l'ours russe car les américains craignent par dessus tout que le centre de pouvoir, américain jusqu'à aujourd'hui, ne finisse par basculer tout naturellement vers le projet Eurasie. La France, totalement vassalisée par Whashington, est juste en train de s'auto-détruire en exécutant les ordres des faux-cons d'outre-atlantique... mais c'est un autre débat...
La pensée russe est une pensée particulièrement proche de la nôtre, mais leur immense territoire, leur histoire d'une grandeur et d'une violence notoire ajoutent une évidente "sauvagerie" à leur pensée. Sur le plan du raisonnement, la Russie a toujours été d'un très haut niveau. Les américains le savent très bien et c'est bien pour cela aussi qu'ils n'ont de cesse d'anéantir ce pays. Les russes sont un mélange étonnant de gravité, parfois grossière, et de finesse. Dans ce pays, jusqu'à il y a peu, dire de la poésie dans les réunions en ville, entre amis, est une chose normale. Voyez en France où en est la poésie...
C'est aussi le pays où on joue aux échecs n'importe où, leur structure de pensée est donc largement stratégique aussi, la logique est très présente. Pas sûr que le rationnel le soit autant que chez nous, mais il faut dire aussi que les français adorent tout ce qui peut être étiqueté "raison" ! C'est ce qui fait que nous sommes perçus dans le monde comme arrogant. L'orthodoxie russe maintient encore une dimension mystique intéressante dans les esprits russes. En France, le rejet de toute mystique est devenu le jeu favori des zélus qui se revendiquent trèèèès modernes !



___________________________________________________________________________________________________________________________________

 
La Russie doit être notre alliée

 

Paru dans L'Express | Publié dans Géopolitique  - 9 février 2015 |    Blog de Jacques ATTALI.

Une fois de plus, nous pouvons être entraînés dans une guerre absurde, contre ceux qui devraient être nos alliés dans d’autres combats infiniment plus importants.
Il est en effet totalement absurde de se poser en défenseur d’un gouvernement ukrainien aussi incohérent que les précédents, incapable de proposer un programme de reconstruction de l’État, et qui ne trouve pas mieux pour exister que de réaffirmer que le russe, langue maternelle d’une partie significative de sa population, n’est plus langue nationale.
Alors, faut-il s’indigner de voir la Russie se poser en défenseur des droits de ces minorités ? Nous opposerions nous aux Hollandais s’ils volaient au secours des Flamands à qui un gouvernement belge aurait interdit de parler leur langue ? Et nous, Français, ne réagirions nous pas si le gouvernement suisse interdisait à ses citoyens de parler le français ?
Si l’Ukraine ne veut pas donner à ses russophones un statut décent, il est normal que ceux-ci veuillent l’obtenir, et qu’ils appellent à l’aide la Russie voisine, où beaucoup d’entre eux se sont déjà réfugiés.
Ne nous laissons pas entrainer par ceux qui prétendre que la Russie voudrait ensuite se saisir de la Pologne ou des pays baltes, en réalité invulnérables parce que membres indéfectibles de nos alliances. Ne nous laissons pas non plus entrainer par ceux qui prétendent inviolables les frontières de l’Europe quand cela les arrange et qui ne se sont pas opposés à la sécession de la Slovaquie, à la partition de la Yougoslavie ni même au redécoupage des frontières lors de la naissance du Kosovo !
Enfin, le conflit qui menace désormais avec la Russie, pour la défense d’un gouvernement ukrainien incompétent, est d’autant plus absurde que nous avons bien des combats essentiels à mener en commun avec les Russes.
Ne voit-on pas que le terrorisme fondamentaliste est en train de tenter de s’organiser en un état islamiste unique, qui irait du Nigéria à la Tchétchénie, en passant par le Mali, la Libye, la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan et une partie du Pakistan ? Ne voit-on pas que ce qui se joue avec le terrorisme en Europe renvoie en écho à cette même bataille ? Ne voit-on pas que les compétences de l’armée russe en matière de lutte antiterroriste nous seraient fort utiles dans cet affrontement majeur ?
La France doit donc pousser les Européens à se dégager de l’influence ici délétère de ceux qui, aux États-Unis et en Europe, en particulier en Pologne, continuent de confondre Poutine avec Hitler. Et de ceux qui, comme dans les organes de direction de l’OTAN, sont heureux d’inventer un ennemi imaginaire pour justifier leur existence.
Il est urgent de proposer à nos partenaires européens de parler à la Russie comme un allié potentiel et non comme un ennemi imaginaire. Ce serait, d’ailleurs, la seule façon de pousser ce pays vers la démocratie.
Il est en conséquence aussi urgent de repenser notre loi de programmation militaire. Et en particulier nos stratégies de défense.
La France est l’un des rares pays au monde à maitriser la dissuasion nucléaire, les opérations spéciales, et la projection de forces conventionnelles et d’entrée en premier sur un théâtre. Elle est par ailleurs le seul pays d’Europe à posséder un porte-avion nucléaire. Mais son effort de défense n’est pas adapté à la nature des menaces à venir, et il décline depuis 1995 (avec notamment une baisse de 30% des effectifs en vingt ans). L’opération Serval au Mali a ainsi révélé les failles de nos équipements de renseignement (drones), de logistique (transporteurs), et de ravitaillement en vol, où certains de nos matériels en service le sont depuis plus de 50 ans ! Alors que nous dépensons des sommes indues, depuis trop longtemps, pour maintenir la chaine de production du Rafale, pour le seul bénéfice de l’entreprise qui le produit.
Tout cela serait à repenser. D’urgence. Il faudrait pour cela, en toute priorité, débattre, au Parlement, de notre vision du monde et de ses menaces. Beau débat. Bien plus intéressant et important que tous ceux qui agitent aujourd’hui notre classe politique.
j@attali.com


________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________




 



Sur France Inter, Bernard Guetta, disk jockey de la géopolitique,
choisit la musique ...

par Pchetchkov  
jeudi 26 février 2015 - AGORAVOX.

Extrait de l'article :
 
« Se taire, certes, c’est ce à quoi la plupart des journalistes sont habitués, depuis qu’ils sont enrôlés dans la guerre de propagande qui se livre depuis le début des événements qui se déroulent en Ukraine, et qu’ils ne se sentent plus autorisés qu’à présenter une version manichéenne de la réalité, celle d’un Occident irréprochable face aux méchants russes » !


______________________________________________________________________________________________________________________________________


ENQUÊTE

18 octobre 2015 -  Par Amélie Poinssot - MEDIAPART


 
Ukraine: à Odessa, Saakachvili mène ses réformes à marche forcée



L'ancien président géorgien Mikhaïl Saakachvili a été nommé fin mai gouverneur de la région d'Odessa, sur les bords de la mer Noire. Il a aussitôt fait venir d'anciens collaborateurs de Tbilissi pour réformer radicalement l'une des villes les plus corrompues d'Ukraine. Une tâche titanesque… et des méthodes qui interrogent. Reportage.
 
Odessa (Ukraine), de notre envoyée spéciale. - Il est tard, ce soir de mai, lorsque Vladimir Zhmak, alors président de la filiale ukrainienne de Rosneft, reçoit un texto de « Micha », son ancien collègue de la fac de Kiev. « Veux-tu venir à Odessa avec moi ? »Mikhaïl Saakachvili, ancien président géorgien (2004-2007 et 2008-2013), a été nommé le jour même par le président ukrainien gouverneur de l'une des régions les plus corrompues d'Ukraine : l'oblast d'Odessa, cette grande ville portuaire de la mer Noire, encadrée par la Crimée annexée par la Russie d'un côté, et la Transniestrie de l'autre, province séparatiste de la Moldavie. « Comme quoi ? » interroge Zhmak. « Comme premier conseiller. »
Vladimir n'aura besoin que de quelques minutes de réflexion. La réponse est oui. « Je fais partie de ces gens qui aiment créer des choses. Dans le passé, j'ai monté un cabinet juridique avec mon épouse, nous nous sommes hissés parmi les 50 premières places du pays. Puis j'ai lancé la compagnie de téléphonie mobile Kyivstar, sur un marché caractérisé par une situation de monopole. Quand Kyivstar est devenu le n°1 en Ukraine, j'ai démissionné, ma mission était achevée. Ensuite, j'ai pris la tête de la société pétrolière mixte TNK-BP, rachetée par la suite par le russe Rosneft… »
En matière de business, Zhmak joue dans la catégorie poids lourds. Là, il se lance dans un nouveau défi. « Micha est un grand réformateur de l'Europe, si ce n'est le plus grand. Travailler avec lui et faire d'Odessa un exemple pour l'Ukraine est quelque chose de complètement différent de ce que j'ai fait jusqu'à présent. C'est cela qui me plaît. Si l'on m'avait proposé un poste de ministre, je n'aurais pas accepté : cela aurait signifié rentrer dans un système sclérosé. Ici, c'est autre chose : toute l'équipe est nouvelle, tout le monde est là pour faire quelque chose, non pas pour avoir quelque chose. »
Depuis sa nomination officielle début juillet, Vladimir Zhmak travaille donc au conseil de l'oblast d'Odessa. Le plus proche équivalent français serait la préfecture ; l'oblast a autorité sur les permis de construire, les créations d'entreprise, l'attribution des terrains (en Ukraine, chaque citoyen a droit de recevoir gratuitement de l’État un lopin de 1 000 m²), la délivrance de papiers de toutes sortes… et sur la police.
Autrement dit, c'est une institution au cœur des pratiques de corruption. La tâche est immense. Et le salaire ridicule : 4000 hryvnias, soit l'équivalent de 150 euros par mois.« Un dîner assez simple dans Paris », sourit cet homme qui a dû passer une bonne partie de sa vie à fréquenter hôtels cinq étoiles et restaurants de luxe. Pour venir à Odessa, il a démissionné d'un poste où il touchait 6 millions de hryvnias en 2014 (240 000 euros).« J'ai acquis une certaine fortune qui me protège de toute tentative de corruption », dit-il.
 
D'anciens réseaux bien entretenus à travers l'ancien bloc soviétique, des décisions impulsives, un solide ancrage aux États-Unis : « Micha » a d'emblée posé sa marque à Odessa en faisant venir des proches et des fidèles en qui il a entière confiance. Vieux camarades de fac, anciens conseillers de Tbilissi, jeunes figures ayant éclos lors des rassemblements du Maïdan, à Kiev, pendant l'hiver 2013-2014 et qu'il côtoyait depuis.
Depuis la révolution du Maïdan, en réalité, Saakachvili n'avait pas quitté l'Ukraine. Il ne cessait de rencontrer du monde, préparant activement son retour en politique. Ces hommes et ces femmes croisés ou retrouvés pendant ces mois où tout a basculé à Kiev sont maintenant aux postes-clefs de la région d'Odessa. Certains sont en outre candidats pour les élections locales de dimanche prochain. La plupart ont fait leurs classes dans les grandes universités américaines ou sont passés par les programmes de bourses outre-Atlantique. Ils touchent désormais des salaires ridicules, la fonction publique étant largement sous-dotée en Ukraine. Qu'importe, ils sont issus de bonne famille, ou s'appuient sur des fortunes acquises dans une autre vie.
La marque de fabrique Saakachvili, c'est aussi la rapidité et la visibilité. Le gouverneur a ciblé deux réformes qui seront immédiatement perceptibles par la population, et c'est là que les moyens financiers ont été concentrés : police et services administratifs. Des choix politiques décidés main dans la main avec l'exécutif à Kiev qui veut faire d'Odessa la vitrine des réformes ukrainiennes. On trouve d'ailleurs à Kiev plusieurs personnalités géorgiennes, en particulier Eka Zguladze — ancienne ministre adjointe de l'intérieur qui a mené la réforme de la police à Tbilissi – ou encore David Sakvarelidze, propulsé conseiller du ministre de la justice, et qui passe la moitié de la semaine à Odessa pour conseiller Saakachvili.
« Les réformes géorgiennes, c'est une marque internationale », se vante cet homme de 34 ans qui fut procureur général à Tbilissi à la fin des années 2000. À l'écouter, c'est une révolution en marche. « Tout doit changer, les employés, les pratiques, la législation. » Mais c'est aussi une belle reconversion pour tous ceux qui ont perdu les élections dans leur pays en 2013, lorsque les Géorgiens mènent l'opposition au pouvoir.
Rue Evreiskaïa, dans le centre d'Odessa. Nous avons rendez-vous avec le chef de la police en poste depuis trois mois, Giorgi Lortkipanidze, Géorgien lui aussi, ancien conseiller du ministre de l'intérieur à Tbilissi en charge de la réforme de la police à la fin des années 2000. Comme ses collègues et Saakachvili lui-même, il a obtenu la citoyenneté ukrainienne cette année sur décret présidentiel. Sur le bureau de la secrétaire trône un magistral Mac tout neuf. Clavier et souris sont sagement rangés devant l'écran, beaux objets dont on n'a ni l'utilité ni le mode d'emploi.
Giorgi ne se déplace pas sans l'un de ses deux gardes du corps. Une protection rapprochée qui le suit depuis deux tentatives d'assassinat subies à Tbilissi. Ici, dit-il, le niveau de corruption est « dix fois pire » qu'en Géorgie à l'époque. « Si c'était ne serait-ce que deux fois pire, je serais le roi du monde ! » assure-t-il dans un sourire. À son arrivée à Odessa, plusieurs personnes des services portuaires ont tenté de passer un marché avec lui, dit-il. « Ils ont reçu comme réponse qu'avec moi, il n'y avait pas moyende négocier quoi que ce soit. » Il y a quelques jours, l'adjoint du responsable des douanes du port a été pris la main dans le sac. 50 000 dollars de pots-de-vin.
 
Grand balayage

Mais le problème, il est avant tout au sein même des forces de l'ordre. Les bons éléments de la police, Giorgi Lortkipanidze les compte sur les doigts de la main. Dix-sept policiers ont déjà été placés sous les verrous depuis qu'il est en poste, parmi lesquels le chef de la police municipale, qui avait exigé quelque 10 000 dollars à des hommes d'affaires pour fermer les yeux sur une construction illégale.
Au département des stupéfiants, quatre officiers ont été arrêtés, complices de dealers de tout un circuit de vente de drogues, délation et enlèvements pour extorquer des fonds. Dans un russe teinté d'accent géorgien, le chef de la police régionale explique : « Je n'ai pas de passé en Ukraine, on ne peut rien me reprocher. C'est ce qui me permet de m'attaquer de front à tous ces problèmes. »
La réforme de la police repose sur trois principes : du sang neuf, et jeune, pour patrouiller à l'extérieur (le recrutement était ouvert aux 21-35 ans). Une surveillance permanente – les jeunes recrues sont enregistrées en continu pendant leur service. Et des salaires nettement au-dessus de la moyenne. Pavel a du mal à le croire quand on lui dit qu'il touche plus de deux fois le salaire du premier conseiller de Saakachvili. Mais c'est pourtant la vérité : ce jeune homme de 23 ans, engagé dans la police cet été et déjà en poste après une formation expresse, touche 9 800 hryvnias par mois (près de 400 euros). Et bénéficie d'une couverture sociale complète, précise-t-il, le sourire jusqu'aux oreilles.
Au total, ils sont 480 officiers à avoir été ainsi recrutés pour la région d'Odessa (ils seront 800 au total quand la réforme sera achevée). Ils ont tenté cet été d'apprendre le métier en deux mois, à raison de six jours de cours par semaine : maniement du pistolet, de la matraque et des menottes, tactiques de maintien de l'ordre, techniques de communication avec la population, loi ukrainienne… Tout cela avec le soutien actif des États-Unis. C'est en effet la police fédérale californienne qui est venue former les instructeurs ukrainiens. Les uniformes des nouvelles recrues sont aussi des cadeaux d'outre-Atlantique tandis que les armes, tient à préciser Pavel, sont d'authentiques « Fort-17 », made in Ukraine.
Le reste des effectifs de la militsia, quelque 10 500 hommes pour la région d'Odessa, sont pour l'heure toujours en poste. Ils gagnent 6,5 fois moins que leurs jeunes confrères (1 500 hryvnias) et sont désormais cantonnés à l'intérieur des commissariats – mais restent en charge de toutes les affaires criminelles. Tout cela va encore changer d'ici peu : une nouvelle police criminelle va être mise en place, les anciens policiers vont devoir faire eux-mêmes acte de candidature pour rester en poste. Il n'y a pas de tension particulière entre les deux générations, assure Pavel, mais « les anciens ont maintenant peur de perdre leur emploi, alors ils essayent de bien bosser ». Dans quelques semaines, un examen fera le tri entre les « bons » et les « mauvais »…
La même philosophie est à la base de la réforme de l'administration de la préfecture. D'un côté, le grand balayage : la moitié des 829 employés de l'oblast d'Odessa a été licenciée en quelques semaines, sur la base de tests que l'ensemble du personnel a dû passer. Deux mois de préavis, un mois d'indemnités.
De l'autre, la création d'une nouvelle structure, un centre de services administratifs pensé pour les citoyens, où quiconque a besoin d'un papier de la part de l'État ou d'un document d'identité pourra l'obtenir, nous promet-on, en quinze minutes, quand cela prenait des semaines auparavant si l'on n'avait pas les quelques billets adéquats à glisser à l'employé. Soixante-dix-huit personnes ont été recrutées ; leur formation, qui a duré deux mois, vient de s'achever. Là aussi, la référence, c'est le modèle géorgien : le gouvernement Saakachvili avait créé un lieu similaire à Batoumi.
Vendredi 16 octobre 2015. Inauguration en grandes pompes de ce nouveau service, dans un bâtiment clair et lumineux, qui abritait il y a encore peu le siège d'une banque. En rang d'oignon, les jeunes recrues attendent, figées, la venue du président ukrainien. Petro Porochenko en personne fait le déplacement depuis Kiev. Au premier rang : la garde rapprochée de « Micha » est là, plus les grands chefs d'entreprise de la région. Ensuite, ce sont les caméras, plus nombreuses que les invités officiels. Un quatuor à cordes interprète de célèbres morceaux du répertoire classique. Le président arrive enfin.« Odessa est le symbole des réformes en Ukraine ! martèle Petro Porochenko. La guerre n'est pas une raison pour ne pas conduire les réformes. […] Avec ce nouveau service, iln'y aura plus de corruption, plus de queue. »
S'ensuit un tour express dans les locaux, le temps pour le président et Saakachvili de faire quelques clics devant la meute de photographes sur l'un des ordinateurs flambant neufs mis à disposition des administrés. Pourquoi Porochenko a-t-il choisi Odessa comme ville exemplaire de sa politique de réformes, lui demande-t-on pendant le bref point presse qui suit l'inauguration. « La région d'Odessa présente un défi particulier, répond-il à Mediapart. La Russie a tenté de déstabiliser la situation ici. Odessaconcentre également les problèmes de corruption, de contrôle des frontières, de douanes. Elle peut devenir l'exemple de notre bataille contre la corruption et contre le vieux style de management soviétique. »
La rupture est consommée avec le « grand frère » russe. Cette nouvelle structure doit tout aux États-Unis. 300 000 dollars ont été mis sur la table par l'agence américaine USAID. Une fondation européenne a complété à la marge, en prenant en charge les frais de formation et de communication. Cela fait trois mois que l'oblast est en communication directe avec les Américains, nous explique-t-on au siège de la préfecture. Ce n'est pas faute d'avoir sollicité, également, les Européens. Mais ces derniers se montrent visiblement beaucoup moins intéressés qu'outre-Atlantique par le soutien aux réformes ukrainiennes.
La journée continue. Saakachvili, insaisissable, court d'une cérémonie à l'autre. Pendant l'attente de son troisième point presse de la journée, devant une résidence de travail en bord de mer, son attachée de presse nous glisse dans la main un chocolat Roshen – la marque aux mains de Petro Porochenko, oligarque qui ne s'est pas délesté, depuis qu'il occupe les fonctions présidentielles, de ses deux empires, le chocolat et les médias.
Saakachvili, avec sa démarche pataude, sort enfin du bâtiment flanqué de sa toute dernière recrue : Ioulia Marouchevska, 26 ans, ancienne activiste de Maïdan, héroïne, en février 2014, d'un clip qui a fait le tour du monde. La rumeur courait dans la ville depuis des jours, c'est désormais officiel : cette diplômée en sciences humaines de l'université de Kiev, qui a passé l'année dernière à Harvard, manifestement plus compétente en communication qu'en matière fiscale ou de réforme des administrations, sera la nouvelle chef des douanes du port d'Odessa, haut lieu de la corruption en Ukraine s'il en est : plaque tournante de tous les trafics, il voit s'envoler des milliards de hryvnias chaque année.
Marouchevska, expérience zéro dans ce domaine, pour s'attaquer à tel empire ? Cela paraît bien naïf. La jeune femme explique que son but est de dégager des recettes au-delà des objectifs fixés par Kiev : la moitié de l'excédent sera alors affectée à l'entretien des routes de la région. Mais quel est l'objectif chiffré, précisément ? L'intéressée est bien incapable de nous le dire.
 
En campagne électorale

Deux micro-questions au gouverneur sont enfin accordées à la journaliste française, savamment mises en scène pour les médias locaux. L'intérêt que suscite Odessa dans les médias internationaux est tout à son avantage, à une semaine des élections locales où il espère bien voir arriver, à la mairie comme au conseil régional, des élus de son bord politique. Le niveau de corruption de cette région du sud de l'Ukraine est-il comparable à celui de la Géorgie des années 2000 ? Réponse à toute allure. « Quand vous avez touché le fond, vous êtes au même niveau. La différence que j'observe entre les deux, c'est qu'il y a une jeune génération à Odessa beaucoup plus désoviétisée que la population de Géorgie à l'époque. À Tbilissi, nous n'étions qu'une toute petite équipe de réformateurs. »
On s'étonne, devant l'absence dans son équipe de conseiller issu d'un pays membre de l'Union européenne, devant l'origine quasi exclusivement géorgienne de ses conseillers.« Les Géorgiens ont une expérience similaire à celle des Ukrainiens, leur expertise est la plus adéquate. Les Européens sont vraiment très en avance sur nous, ils ne peuvent pas comprendre les changements que nous devons entreprendre ici. » Et les pays d'Europe centrale comme la Pologne ? Saakachvili botte en touche. « Il y a un Lituanien dans le gouvernement à Kiev, il y a un Slovaque aussi, qui conseille l'exécutif. Notre objectif àOdessa, de toute façon, c'est de recruter de plus en plus d'Ukrainiens à la région… »
Dimanche 25 octobre, les Ukrainiens élisent leurs maires, conseillers municipaux et régionaux. Saakachvili, pourtant tenu à une certaine réserve en tant que représentant de l’État dans la région, fait campagne tous azimuts. Son premier conseiller le reconnaît, la nouvelle équipe de l'oblast d'Odessa fait tout pour montrer un maximum de réalisations avant les élections. Et « Micha », la star locale depuis le début de l'été, promeut en personne les candidats du parti gouvernemental, le « Bloc Porochenko ». Le voici sur une affiche en compagnie de Maria Gaïdar, figure russe de l'opposition à Poutine, naturalisée ukrainienne ces derniers mois et candidate au conseil régional ; le voilà sur une autre, en compagnie de Sacha Borovik, quadra ukranien qui a passé la moitié de sa vie à l'étranger, revenu du monde des affaires pour s'engager en politique et candidat à la mairie…
Pour ces personnes totalement inconnues de la population odessite, l'enjeu est en effet avant tout de se faire connaître. « Quand j'ai annoncé ma candidature, le maire sortantavait 47 % d'opinions en sa faveur. Je n'en avais que 7. Les électeurs, tout simplement, ne me connaissaient pas », raconte Sacha Borovik à l'issue d'une réunion de campagne avec plusieurs chefs d'entreprise locaux. Nous sommes dans un espace de co-working, au cœur de l'Odessa jeune et branchée. Le candidat vient d'expliquer pendant deux heures à une quarantaine d'entrepreneurs les raisons qui l'ont poussé à se présenter aux élections.
La plupart des personnes présentes sortiront complètement conquises par le personnage, comme ce chef d'entreprise à la tête d'une dizaine de parfumeries de luxe à travers le pays, qui ne connaissait pas le candidat il y a encore dix jours. « On voit de manière évidente qu'il n'a aucune expérience en matière de politique. Mais il a un parcours universitaire extraordinaire, il parle un tas de langues ! C'est le genre de personnes pour qui il n'est pas compliqué de s'engager dans quelque chose de nouveau. »
Ce chef d'entreprise a été particulièrement séduit par la détermination du candidat à se battre contre la corruption. Actuellement, 10 % de son chiffre d'affaires, dit-il, passe dans des pots-de-vin. « Mais je serais prêt à perdre davantage d'argent si tout était fait légalement, si l'on voyait les retombées sur les services publics du pays. Cela ne peut pas être toutefois 45 % de taxes comme le veut actuellement la loi ukrainienne… Aucune entreprise ne s'acquitte correctement de ses impôts. Il faut trouver un juste milieu. »L'homme d'affaires s'impatiente. « Rien n'a changé depuis Maïdan. On se doutait bien qu'il faudrait attendre quelques mois pour que les changements se mettent en place, mais là… cela fait un an et demi ! Rien ne nous dit que les choses vont enfin se mettre à bouger, on n'a aucune idée de qui va remporter les élections. » C'est pourquoi, aussi, ce quarantenaire préfère garder l'anonymat. « On ne sait pas comment le vent va tourner », finit-il par lâcher.
Sacha Borovik sera plus direct. « Ces élections, nous explique le candidat à la mairie d'Odessa, c'est un choix entre mafia et réformes. Est-ce que nous voulons reconduire le maire actuel, qui est le smotriachi, c'est-à-dire le gardien, le relais des deux gros mafiosos, installés à Londres, qui organisent tout le trafic dans le port d'Odessa ? »
Sacha Borovik a grandi en Ukraine. Mais très vite, en conflit avec un père officier du KGB qui voulait l'envoyer sous les drapeaux, il fuit l'URSS. Il fait carrière, entre autres, chez Microsoft. Il travaille dans la Silicon Valley, à Munich, à Seattle, à Londres. Puis revient au pays en février 2015, sur une invitation du président Porochenko à rejoindre son équipe de conseillers. Il tourne alors le dos, dit-il, à un salaire annuel d'un demi-million de dollars, ses économies pouvant largement le faire vivre pendant trois ans.
Mais il se brouille avec le premier ministre Arseni Iatseniouk qu'il trouve trop focalisé sur la guerre. Il est sur le point de repartir quand Saakachvili l'appelle (« Ma meilleure amie d'Havard, une Géorgienne, a travaillé pour son gouvernement quand il était président… c'est elle qui nous a mis en contact »). Il accepte aussitôt de rejoindre le gouverneur d'Odessa, qui en fait son poulain pour les élections. Borovik porte un regard neuf sur son pays d'origine, mais cette fraîcheur apparaît tout autant réjouissante que décalée. « Odessa est une ville gouvernée par des bandits. Je suis l'homme qui va les combattre », veut-il croire. Mais comment imposera-t-il son autorité sur de puissants réseaux opaques aux multiples ramifications ?
Autre figure clef de l'équipe de Saakachvili : Maria Gaïdar, candidate pour le conseil régional. Cofondatrice, il y a une dizaine d'années, avec l'opposant Alexeï Navalny, du mouvement démocratique « Da » avant de militer aux côtés de Boris Nemtsov (assassiné l'hiver dernier), elle n'est autre que la fille d'Igor Gaïdar, l'un des pères de la transition à l'économie de marché après l'effondrement de l'URSS. N'a-t-elle pas le sentiment de faire aujourd'hui partie d'une minorité pour le monde russe ? « Cela ne me gêne pas d'être une voix minoritaire. Les grands changements dans l'histoire sont souvent venus d'une minorité. »
 
 
Geste populiste

Maria Gaïdar s'est spécialisée dans les questions de santé. À son arrivée, elle a découvert un stock de 500 000 prothèses de dents pour une région d'un million d'habitants. « La corruption est à tous les niveaux. Le système de santé ukrainien est soi-disant public, mais dans la réalité, rien n'est gratuit. Ainsi, pour accoucher dans le public, il faut mettre 700 dollars sous la table. Mon objectif à la région est de rendre le système transparent et de réintroduire des critères de performance. Il ne s'agit pas de tout privatiser, il faut conserver le service public, mais il faut laisser le privé venir sur le marché. Diversifier les fournisseurs, faire des audits, mettre en place des appels d'offre transparents. Ne plus financer des structures mais des services. » Un exemple : la création d'un hôpital d'un millier de lits en Ukraine entraîne automatiquement la création d'un certain nombre de postes, dont un emploi de musicien. « C'est absurde ! »
« Saakachvili et son équipe sont très forts sur la communication, reconnaît Alexandre Valmojko, figure de la presse locale, fondateur du site indépendant Lojniy kourrierIls répètent en boucle qu'ils se battent contre la corruption, qu'ils jouent la transparence. Ils ont une grande force de conviction. Mais en face, les attentes sont immenses… et pour l'instant, les résultats sont faibles. »
Au mois d'août, Saakachvili a fait détruire un bout de mur sur une de ces plages privées illégales d'Odessa, afin de rétablir un accès à la mer pour les habitants. Un geste spectaculaire qui a été très médiatisé. « Mais pour moi, la destruction de ce mur, c'est un geste populiste. La vérité, c'est que les mafieux ont toujours leurs plages fermées et on les laisse bien tranquilles. L'action de Saakachvili est essentiellement tournée vers les médias. »
L'arrivée de l'ancien président géorgien a permis en tout état de cause d'ouvrir une nouvelle page de l'histoire d'Odessa, alors que la ville ne s'est pas complètement relevée du tragique incendie de la maison des syndicats, le 2 mai 2014. Au moment où le conflit séparatiste s'embrasait dans le Donbass, des mouvements de foule et des affrontements entre pro et anti-Maïdan ont provoqué ce jour-là à Odessa la mort, côté pro-russe, de quarante-huit personnes. Peu après, une commission de journalistes et d'experts s'est formée, représentant les deux camps, pour établir les faits et couper court aux rumeurs les plus folles qui se propageaient alors dans la ville. « D'un côté, la propagande russe battait son plein ; de l'autre, l’État ukrainien racontait n'importe quoi », explique le journaliste Sergueï Dibrov, membre de ce groupe de travail, et qui a filmé, avec sa caméra, l'ensemble des événements.
Puis la justice a ouvert une enquête. Mais aujourd'hui, seulement trois personnes ont été arrêtées côté pro-ukrainien (22 personnes au total sont poursuivies). On s'étonne devant un chiffre aussi faible. « Ils étaient en situation de légitime défense, ils croyaient qu'ils faisaient face à une rébellion séparatiste, ils faisaient le boulot que les autorités ne faisaient pas ! » tente de justifier Sergueï, qui a pourtant perdu quatre amis dans le désastre.
De fait, d'après les conclusions de son groupe de travail, rien n'était prémédité et les foules étaient devenues incontrôlables en l'absence de leader, d'un côté comme de l'autre. En revanche, la responsabilité des forces de police et des pompiers, qui ne sont pas intervenus, est immense. De là à innocenter les lanceurs de coktails Molotov… Les autorités semblent juger avec moins de sévérité un côté que l'autre. Ainsi, cet été à Odessa, on a retrouvé une personne enlevée chez un membre de Pravye Sektor, l'ultra-droite ukranienne. Le militant a été placé sous les verrous, mais des manifestations en sa faveur ont aussitôt obtenu sa libération.
Depuis l'incendie du 2 mai 2014, la maison des syndicats est la destination, chaque samedi, de Moris Ibrahim, Russe aux origines libanaises, ancien n°1 du parti communiste d'Odessa. Il y tient à chaque fois des discussions avec les passants et, une fois par mois, organise un rassemblement en hommage aux disparus. Il s'insurge contre les réformes de Saakachvili. « C'est un agent des Américains », dit-il, pointant les financements venant des États-Unis et la visite de plusieurs personnalités américaines ces derniers mois. « Et puis, c'est très étrange. Il a des autorisations spéciales de la part de Kiev que n'ont pas les autres gouverneurs, il fait des choses avant même que la loi ne le lui permette. La loi sur la nouvelle police, par exemple, n'est même pas encore entrée en vigueurLa vérité, c'est que les électeurs n'ont que faire de lui. Leur problème, c'est le prix du pain, du gaz, de l'électricité… »
Si les tensions sont désormais apaisées à Odessa, les opinions continuent de diverger très fortement. Moris fait partie de ceux qui, contrairement au nouveau gouverneur, veulent continuer de regarder vers la Russie.« L'Ukraine doit coopérer avec les deux côtés. Nous avons intérêt à rester amis avec la Russie, pense-t-il.C'est un grand pays, c'est notre voisin. Si nous sommes fâchés avec elle, notre économie s'effondre. » Il refuse de croire que Moscou est responsable de ce qui se passe dans le Donbass. « Ce qui se passe dans cette région est un conflit interne à l'Ukraine, c'est le résultat de la politiqueagressive du gouvernement arrivé au pouvoir à Kiev. »
En réalité, les plus radicaux du camp pro-russe n'apparaissent plus en public à Odessa depuis longtemps. Les observateurs estiment qu'ils sont très tôt partis prêter main forte aux séparatistes du Donbass. La ligne de fracture, aujourd'hui, s'est déplacée. Odessa ne fait pas tant face à une opposition entre « pro-ukrainiens » et « pro-russes » qu'entre réformateurs à tout crin et défenseurs de l'ancien système – que ce soit par intérêt, par conservatisme ou par crainte légitime du changement. À cet égard, le scrutin de dimanche prochain sera révélateur des nouveaux équilibres. Si l'ancien maire, Guennadi Trukhanov, qui passe pour le protecteur de la plaque tournante du port d'Odessa, n'est pas reconduit, cela signifie que la volonté réformatrice est bel est bien majoritaire chez les Odessites.
Reste à savoir si les pratiques suivront dans la réalité. Depuis un mois qu'il patrouille en binôme sur les routes de la région, Pavel a signé avec son collègue pour environ 35 000 hryvnias d'amendes. Mais les pratiques de l'ancien système sont loin d'être révolues. Sur 50 contraventions par jour, une trentaine de personnes en moyenne tentent de le soudoyer. « Les gens ne sont pas encore prêts », conclut le jeune policier.


___________________



 
COMMENTAIRES " U ZINU" :


MEDIAPART ne se distinguant pas, généralement ou ordinairement, par une russophilie particulière, je suis fort surpris (en même temps qu'agréablement) par cet article relativement objectif. 
Sous l'éloge de la "lutte anti-corruption" qu'elle décrit, assez peu dithyrambique en vérité, Amélie Poinssot laisse apparaître avec la prudence requise, des choses moins enthousiasmantes. 
Derrière le "village Potemkine" de la lutte anti-corruption qui aurait été entreprise par les "chevaliers blancs" en question, on peut apercevoir, par quelques fissures dans les panneaux ou quelques planches disjointes, une réalité plus évidente : la totale mainmise "U.S" sur l'Ukraine via les affidés qu'ils ont formés.
Le fait que des Géorgiens évincés du pays où ils avaient "exercé" soient devenus rapidement, comme le remarquent nombre de commentateurs, hiérarques ukrainiens, en dit long sur la nouvelle Ukraine issue de la révolution "démocratique" (les guillemets s'imposent) de Maïdan.
 
________________
 
- Belle Ukraine que celle issue du coup de force  de Maïdan !
- Belle Ukraine que celle où les partis  néo-fascistes et les héritiers de la collaboration avec les nazis tiennent, en même temps que le haut du pavé, nombre de postes ministériels.
- Belle Ukraine que celle où l'OTAN installe aux marches de la Russie ses bases et ses officines.
- Belle Ukraine que celle  envahie par des "investisseurs" dont la seule préoccupation est la réalisation de bénéfices colossaux en pillant le potentiel agricole du pays.
- Belle Ukraine que celle où des sbires et des séides formés dans les  agences "occidentales" deviennent d'éminents responsables politiques voués à la construction d'une nation vassalisée.
- Belle Ukraine que celle où des mannequins ignares se transforment en conseillères techniques de hiérarques au passé douteux.
- Belle Ukraine que celle où des nervis font la loi et règnent par l'intimidation, la terreur et le crime.

- Pauvre Ukraine dont les médias français, du "Monde" au "Nouvel Obs" en passant par "Libé", voire Mediapart, chantent la gloire "démocratique" en l'opposant au régime "dictatorial" de la Russie voisine.

- Pauvre France,  vouée à  la "désinformation de masse" par tout ce que ce pays compte de radios et de télés officielles ou inféodées à l'atlantisme.
 
 

·

LA RUSSIE ET L'ISLAM

$
0
0
LA RUSSIE ET L'ISLAM
 

« La Russie et l’Islam »



 

Conférence de Pascal Mas au Cercle Aristote     http://cerclearistote.com/
Le 11 janvier 2016

 

Pascal MAS, en tant que conférencier, n’a pas le brio du regretté Henri Guillemin, mais les informations qu’il apporte sont intéressantes, même si elles traduisent l'idéologie de leur auteur et méritent d’être recoupées ou validées par d’autres sources. 

https://www.youtube.com/watch?v=Qj5hd8O_yR8
 


DE L'AMOUR DE LA FRANCE

$
0
0
DE L'AMOUR DE LA FRANCE
Alain Finkielkraut en habit vert - par henry  - vendredi 29 janvier 2016 – Agoravox.






u  zinu :

Finkelkraut, nouvelle icône des bien-pensants, n'est pas de mes fréquentations ordinaires ou coutumières. Je lui préfère Onfray , ou mieux Alain Badiou. 
Je ne résiste donc pas à transcrire ici un petit pamphlet fort plaisant, signé d'un contributeur que j'ai appris à connaître à travers divers médias, et dont j'apprécie généralement le style et l'aisance dans le maniement de la langue française.






























 






Heureux comme un immortel en France ( pamphlet )

 

par Elliot -   AGORAVOX
samedi 30 janvier 2016



 

Finkielkraut à l'académie française obligé de se torturer les méninges et de secouer son chiffon à poussière pour rendre un hommage appuyé à Félicien Marceau, né Louis Carette, dont il hérite du siège, on peut voir cela comme une espièglerie de l'histoire ou y trouver un sentiment de continuité idéologique : le flacon reste le même et seul a changé de nature le fiel qu'il contient .

Félicien Marceau est un écrivain belge condamné à 15 ans de prison en Belgique pour faits de collaboration au terme d'un procès expéditif mais il n'en mit pas moins sa plume au service de l'Allemagne nazie ( ce qui est moins le cas de Céline, aujourd'hui encore poursuivi par la vindicte des âmes pures ) 

Il avait trouvé asile en France apparemment moins sévère dont il obtint finalement la nationalité.
En l'occurrence, Louis Carette n'aurait eu aucune raison de se retourner dans sa tombe ( pour peu qu'il n'eût pas tiré les leçons de son passé tumultueux ) car le ci-devant Finkielkraut, converti au nationalisme d'exclusion a donné suffisamment de gages de son inlassable zèle obsessionnel à pourchasser les intrus au teint bistre ou bronzé qui font le malheur de l'identité française..

Les quelques ouvrages que j'ai lus de ce que la rumeur médiatique nomme un philosophe ( mais au fond pourquoi pas ? tout le monde peut en revendiquer la qualité dès lors qu'il soumet son environnement à la question comme on aurait dit au Moyen-âge ) ne me laissent pas du point de vue littéraire un souvenir impérissable mais il faut cependant lui reconnaître de jargonner avec une belle constance sur un même thème lancinant : plus français que lui, tu meurs

 

Selon toutes les apparences, l'Académie de langue et littérature française devient un peu une manière de légion d'honneur octroyée à des célébrités médiatiques pour peu qu'elles aient commis l'un ou l'autre opuscule...

Pourtant je me sens quelque légitimité citoyenne à porter un jugement sur un signe des temps : les fausses valeurs font du chiffre d'édition car au fond l'important n'est plus de bien dire les choses mais de dire avec un mépris contenu ce que veut entendre la multitude vile ( comme l'a si bien définie un réprouvé de son temps Charles Baudelaire )

Les fleurs du bien, la grande peur des bien-pensants que révulse le soupçon de complaisance avec les ennemis de la nation, ont évacué dans les poubelles du conformisme les fleurs du mal portées par les malfaisants, ces derniers humanistes accrochés à leur valeurs qui piquent du nez vers les abysses.

Bon vent tout de même à Finkiekraut chez les immortels, ce plus court chemin pour passer du radotage à l'immobilité créatrice.

Tellement immortels d'ailleurs ces sociétaires qu'il y a parmi eux quelques vénérables qui sont déjà sortis du souvenir de leurs concitoyens, ingrats peut-être mais si oublieux de leurs titres de gloire.

Au moins pourront-ils déclamer à l’unisson leurs lamentations perpétuelles, ataviques, qui marquent leur ADN de pleurnichards institutionnalisés.

Et on te récrimine par ci et on te revendique par là, on te geint comme un écorché vif pour faire pleurer Madeleine dans les chaumières ( mais Madeleine n'en a cure trop occupée à boucler ses fins de mois ), personne ne nous aime, c'est assez vrai ! Le vulgum pecus les ignore ( mais ceux qui comptent font assaut de vaseline ), la corne d'abondance des déplorations, et des jérémiades éculées n'est pas près de se tarir, on avancera ses pions, on continuera à se faire la courte échelle.

Un million de personnes ( dont des centaines de milliers de Misérables ) à l'enterrement de Victor Hugo, voilà qui vous pose un siècle...mais où sont les neiges d'antan ?

A quand un fauteuil pour l’ineffable BHL, autre gloire de la société du spectacle maraboutant les plus hauts sommets de l’état pour expérimenter les théories économiques de Schumpeter en politique : la destruction créatrice de l'état libyen et de son Léviathan pour faire refleurir un jour mais bof ! qu'est ce qu'un jour en regard de l'éternité ? les fleurs de la liberté.

Ah mais oui, j’oubliais ! 

Ils aiment la France, à la manière de Zemmour, un autre futur impétrant ? qui assène avec style des contre-vérités agréables à entendre, ils aiment la France peut-être pas tellement pour elle-même mais parce qu'elle leur renvoie une image de leur vanité.
Certains dans ce vénérable cénacle aiment sans doute la France comme le paysan aime sa charrue, parce qu'elle sert leurs intérêts.



__________________________


Commentaire annexe d'Elliot :
 

Depuis le fond des âges, l’identité nationale est plurielle, elle est le produit d’un creuset où s’amalgament après bien des rejets et des difficultés des gens d’origines différentes.

A chaque fois que le thème de l’identité a servi de moteur à l’action politique, ce fut pour de mauvaises raisons et cela a débouché sur des crises plus ou moins graves et plus ou moins meurtrières, les massacres des Cathares, des protestants par les catholiques et des catholiques par les protestants, la chasse aux Juifs pendant l’occupation, la haine islamophobe aujourd’hui.

Pétain n’avait que l’identité de la France à la bouche, il embouchait les trompettes du patriotisme mais il livrait en même temps le peuple de France au bon vouloir de l’Allemagne, il préemptait le thème de la lutte pour la civilisation contre le bolchevisme et se soumettait à la barbarie nazie.

Aujourd’hui certains de ceux qui ont abandonné les droits régaliens de la France se défaussent sur le thème de l’identité nationale, ils donnent un fantasme à ronger au peuple pour faire oublier leurs abandons.

Alors pour être très clair, je ne fais pas partie de ceux qui croient que notre identité – déjà bien faisandée par l’American way of live - soit menacée par quelques foulards ou par quelques mosquées car le génie de la France éternelle - qui n’est heureusement pas la France politique - ne se limite pas à ressasser le passé.

Le passé on l’honore, on essaye de se montrer digne de ses plus belles pages et d’éviter la répétition de ses drames mais surtout il consiste à inventer l’avenir avec tous les enfants de France.



 

 
 

 
 

ACTUALITÉ 2016 - TAUBIRA DANS TOUS SES ETATS

$
0
0
ACTUALITÉ 2016 -  TAUBIRA DANS TOUS SES ETATS


TAUBIRA CHEZ  RUQUIER ( ONPC  - 06/02/2016)
 
 
Taubira n'est ni ange ni diablesse, ni sublime ni médiocre : elle est femme politique.
A ce titre elle met semble-t-il sa culture et ses éminentes qualités intellectuelles au service de ses intérêts immédiats ou de ses ambitions à moyen terme.
S'agissant de Hollande, elle ménage sans doute son propre avenir en ne l'attaquant point, voire même en le flattant de manière outrancière. N'était-il pas question dernièrement d'une place gratifiante (à plus d'un titre) ?
En dehors d'une telle perspective, que l'on a tout de même peine à imaginer, tant le rapprochement serait aisé avec le respect déférent qu'elle déclare porter à Hollande, il se peut aussi que Taubira, en se drapant dans la toge de la fidélité à ses convictions, envisage une carrière du côté de ce qu'il reste de gauche.
Vêtue d'une tunique tissée de lin blanc, celui de la de la probité et de la double fidélité (à ses valeurs et à Hollande) elle peut ainsi, dans l'immédiat, jouer sur deux tableaux.
Pour autant, ses contradicteurs de la soirée, l'effraie vociférante et l'expert en sémantique pinailleuse, ne sont pas exonérés de leurs suffisantes prétentions coutumières.
Malgré l'obstination de Taubira à défendre l'indéfendable Président dont elle chante la louange, créditons la néanmoins d'une classe largement supérieure à celle, fort médiocre, de nombre de ses détracteurs de Droite et d'Extrême droite, qui ajoutent souvent la muflerie raciste et la haine à leurs basses critiques.

Quant à ceux qui se plaisent à rappeler son passé indépendantiste, 
 je me permettrai de leur conseiller la lecture d'une célèbre lettre (de jeunesse - 12 juin 1789) de Napoléon à Pascal Paoli. 
Elle commence ainsi : "Général, je naquis quand la patrie périssait. Trente mille Français vomis sur nos côtes, noyant le trône de la Liberté dans les flots de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint le premier frapper mes regards. Les cris du mourant, les gémissements de l’opprimé, les larmes du désespoir environnèrent mon berceau dès ma naissance. Vous quittâtes notre île et, avec vous, disparut l’espérance du bonheur… "

ACTUALITÉ 2016 vue par "u zinu"

$
0
0
ACTUALITÉ 2016 vue par
 
Raphaël Glucksmann :
"l’Arabie saoudite est le principal sponsor de l’idéologie qui nous attaque"


Lundi 04 Janvier 2016 - MARIANNE.
Louis Hausalter
 
Pour l’essayiste, interrogé ce lundi sur France Inter, « on ferait mieux d’arrêter de tapiner à Doha et à Ryad » plutôt que de changer la Constitution.


 
u zinu :

« On ferait mieux d’arrêter de tapiner à Doha et à Ryad »
Judicieux propos.
Mais venant de Raphaël Gluksmann, cela prête à rire. Ses aventures géorgiennes et ses accointances otano-ukrainiennes étant bien connues,  je me contenterai de le paraphraser en disant : "on ferait mieux d'arrêter de tapiner à Kiev".
Pourquoi Raphaël Glucksmann ne recherche-t-il pas les sponsors de la "révolution démocratique" ukrainienne ?



__________________________________________________


 
Abdelhamid Abaaoud s'est aussi rendu à Londres sans difficulté en 2015




u zinu : 
 
C'était peut-être l'époque où se constituait la fameuse "armée syrienne libre", composée de "démocrates" patentés, destinée, sous l'égide des Occidentaux, à abattre Bachar El Assad ?




__________________________________________________





 
PROCES CAHUZAC


09/02/2016

Je ne voudrais pas me faire l'avocat du diable, mais je n'ai nulle envie d'aboyer avec le commun des commentateurs  et  des éditorialistes patentés.
- Que la droite fulmine théâtralement et vitupère, rien de plus logique. Elle est dans son rôle ordinaire.
- Que le pouvoir en place se drape dans la toge de la vertu après avoir tenté d'étouffer le scandale n'est pas très glorieux.
Quant au Procureur qui "en rajoute",  en tançant vertement le malheureux prévenu, je ne suis pas loin de penser qu'il n'est pas très charitable.
Il est vrai que je suis encore sous influence, ayant pas plus tard qu'hier au soir visionné le film "' section spéciale".
 
N'ayant pas coutume de hurler avec les loups ou d'accompagner les hyènes et les chacals, je ne me joindrai donc pas à la curée générale.
Je n'ai aucune affinité avec le personnage, et je condamne à la fois ses pratiques professionnelles mercantiles et ses pratiques d'évasion fiscale.
Mais dans le chœur  des politiciens de tous bords qui poussent des cris d'indignation et font mine d'abominer ses vilenies, je crois que Cahuzac, assez averti des choses de la dissimulation financière, doit connaître ou reconnaître nombre de ses semblables.


__________________________________________________   


 
VICTOIRE DE BERNIE SANDERS DANS LE NEW HAMPSHIRE

10/02/2016
1. Aux États Unis le rose pâle est perçu comme du rouge vif.
2. Bernie n'a pas encore affronté les États qui comptent dans la primaire.
3. Il paraît difficile d'imaginer que les lobbies habituels ne réagissent pas d'une manière ou d'une autre. Certaines méthodes risquent d'être fort "expéditives". A tout le moins ils découvriront bien quelques erreurs de jeunesse, voire quelques turpitudes visant à le discréditer (Cf. Assange).
4. Enfin, pourvu que Bernie ne soit pas un nouvel Obama , ou pire, un nouvel Hollande, en ce sens que les mille fleurs de la campagne peuvent devenir rapidement des fleurs fanées.



_________________________________________________



 

La petite musique discordante d'Henri Guaino

$
0
0
La petite musique discordante d'Henri Guaino


 
http://lelab.europe1.fr/
19 février 2016
 
SEMAINE COUPS DE GUEULE.
A chaque jour son coup de gueule avec Henri Guaino. Lundi, il s’est plaint du manque de "sensibilité gaulliste" au sein des Républicains .[… ] Vendredi 19 février, l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy a fortement critiqué le projet de loi sur le droit du Travail, défendu par la ministre Myriam El Khomri, qui entend notamment déverrouiller les 35 heures, plafonner les indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif. Sur iTélé, Henri Guaino a déploré la "course à l’échalotte ultra-librale" dans un échange avec le journaliste Bruce Toussaint.

- Henri Guaino : Je suis frappé par cette espèce de course à échalote pour savoir lequel sera le plus thatchérien, le plus schrödérien, le plus ultra-libéral. Quoi ? On va résoudre le problème du chômage comme ça ? Quand on aura supprimé toutes les garanties sociales, toutes les protections sociales ? (…) On peut aussi revenir au 19e siècle, on peut embaucher les gens le matin, les débaucher le soir !

- Bruce Toussaint : Vous êtes devenu de gauche ?

- Henri Guaino : Mais non (...) Je ne vais pas, au nom de mon parti, renier ma propre histoire. Si vous voulez supprimer les congés payés, par exemple, vous ferez sans moi. C’était une mesure de gauche, je la prends à mon compte. Voilà, vive Léon Blum et vive le Front populaire pour ce qui est de la limitation du temps de travail et des congés payés. Ma famille politique, c’est celle qui a fait la sécurité sociale, c’est celle qui a fait les allocations chômage. Ma famille politique, ce n’est pas celle qui trouve que le Smic est trop élevé et que c’est ça la cause du chômage. C’est extraordinaire, vous allez dans des assemblées, vous voyez des gens qui gagnent cinq, six, dix fois le Smic et qui vous expliquent que le Smic est trop élevé (…)

______________________________


 
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2016/02/19/
Réforme du droit du travail: Henri Guaino célèbre Léon Blum et le Front populaire

[….]  C'est extraordinaire», s'est-il étranglé. « Pour faire bonne figure dans la mondialisation, il nous faudrait renoncer à humaniser le capitalisme, à édicter des règles sociales, à préserver la dignité du travail, la dignité des travailleurs », a dénoncé Henri Guaino. [….] Pour le disciple et ancienne plume de Philippe Séguin, ce projet de loi est l'occasion d'affirmer plus clairement sa filiation gaulliste et par là même, son émancipation de la doctrine libérale de son parti. « Ma famille politique, c'est celle qui a fait la sécurité sociale, (...) c'est celle qui a fait les allocations-chômage», rappelle-t-il, avant d'estimer ne pas appartenir à une famille «qui trouve que le SMIC est trop élevé et que c'est ça la cause du chômage ».
Ce discours n'est pas entièrement nouveau pour le partisan du « non » au traité de Maastricht lors du référendum de 1992. Mais l'ex-conseiller spécial de Nicolas Sarkozy va plus loin cette fois-ci, mettant dos à dos droite et gauche en fustigeant « cette course à l'échalote pour savoir lequel sera le plus thatchérien, le plus schröderien, le plus ultralibéral ». Une vision que ne partage pourtant pas une majorité de ses collègues des Républicains, ce que semble assumer Henri Guaino.
 
L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy se lamente à longueur d'interviews et de discours sur l'absence d'une "sensibilité gaulliste" parmi les candidats à la primaire de la droite. Et se verrait bien l'incarner lui-même... s'il était sûr de ne pas se planter.


______________________________
 

http://www.marianne.net/
Henri Guaino ira-t-il à la primaire ? Le député des Yvelines est tiraillé.
Mercredi 17 Février 2016
Louis Hausalter


[...]  "J'ai mis mon discours de samedi sur ma page Facebook. J'ai plusieurs milliers de personnes atteintes et pas de message d'insultes", savoure-t-il. Ce discours, c'est celui qu'il a prononcé devant le conseil national du parti Les Républicains (LR), réuni à Paris le week-end des 13-14 février. Quinze minutes pendant lesquelles il a dit ce qu'il avait "sur le cœur", comme il l'avait annoncé. Un réquisitoire très applaudi pour tailler en pièces ce qu'est devenue, selon lui, sa "famille politique". Pas assez gaulliste, pas assez souverainiste, pas assez sociale. Avec quelques piques à la clé contre celui dont il a longtemps écrit les discours, Nicolas Sarkozy. Exemple : "Ma famille politique, c'est celle qui ne refuse pas à des enfants un repas de substitution sans caractère religieux à la cantine." Un sujet sur lequel il n'hésite pas à contredire ouvertement l'ancien chef de l'Etat. Comme sur la déchéance de nationalité : Henri Guaino avait voté contre trois jours auparavant, contrairement à ce que préconisait le patron de LR. Assis quelques mètres derrière lui, Sarkozy a dû encaisser devant tout le monde.
[...] "Je n'ai peur de rien", assure-t-il à Marianne. Mais il ne veut pas "ajouter à la confusion générale". Car pour lui, la primaire, c'est du sérieux, comme dirait son ex-mentor Sarkozy. "Plein de gens ont envie d'aller occuper la scène. Mais ce n'est pas un jeu, un concours de beauté, un truc où l'on va pour faire un tour, voir si on peut faire 5% et être Premier ministre !" Une référence au parcours de Manuel Valls, qui s'était présenté à la primaire socialiste en 2011.
[...]  Et pourtant, on le sent très tenté, lui qui déplore à longueur d'interviews l'absence "d'une sensibilité gaulliste" chez Les Républicains. [...] Mais a-t-il une chance de trouver un écho dans l'électorat de droite ? 


______________________________


"u zinu"

 
Je ne voudrais pas me faire l'avocat du diable, car je ne suis pas, tant s'en faut, de sa chapelle. Si l'on peut lui reprocher beaucoup de choses, notamment d'avoir servi de trop servile "ghost writer" à qui vous savez, et de s'être commis idéologiquement avec ce dernier, une objectivité élémentaire fait que l'on ne peut lui contester une certaine classe, un maniement de la langue française plus brillant que celui de nombre de ses congénères en politique, et (apparemment) le sens de la repentance.
En dehors d'une "fibre sociale" plus évidente et surtout plus sincère que celle de Hollande, il serait intéressant qu'il fasse connaître de manière mieux "déclarée" ses conceptions "gaulliennes" en matière de politique étrangère, lesquelles devraient être en toute hypothèse moins inféodées à l'atlantisme, moins Russophobes que celles de François Gribouille ,et  mieux équilibrées au Proche Orient.

 

PAUVRE PS, PAUVRE MISÈRE !

$
0
0
PAUVRE PS, PAUVRE MISÈRE !

Et s'il fallait remplacer Jean-Marc Ayrault ?

Par Christophe Barbier, publié le 25/10/2012 - l'EXPRESS.Fr

u zinu :

Non pas à la manière de BARBIER, mais à celle du célèbre émir de la pub :


Aubry ?
- Elle a trop bourré ce que tu sais. D'autres diraient qu'elle à volé au dessus d'un nid de coucou, pardon, d'une urne, mon fils.
Ségolène ?
- Hélas, mon fils, si nous étions en Inde, elle serait ravalée au rang d'intouchable par les hiérarques du  P.S.
Le Valls ?
- Trop prétentieux,  trop droitier, et même excessivement sécuritaire, mon fils.
Montebourg alors ?
- Sympathique, mais un peu brouillon et contradictoire, mon fils! 
Hamon, peut-être ?
 - Tu as vu sa  tête de tchékiste sectaire et dogmatique, mon fils !  
Moscovici ?
- As-tu pris connaissance de son parcours sinueux, mon fils ?
Fabius ?
- Depuis quand aimes-tu  les revenants, mon fils ? Et puis quelqu'un a dit de lui qu'il avait une tête de vrai-faux catholique !
La belle  Najat ?
- Tu n'y penses pas ! Nous sommes en France, mon fils, pas en Amérique ! 


_____________________________________


 

PAUVRE PS, PAUVRE MISÈRE !

Le Parti socialiste appelé à "garder la nuque raide" et à répondre "coup pour coup" aux attaques de l'opposition

Le HuffPost avec AFP  |  Publication: 


u zinu :

Congrès du PS 2012 -  TOULOUSE - A  la manière de BRASSENS :
 
Avec une rose à la main
Avec une langue de bois
Avec une langue de bois
Avec à l’âme aucun courage
Il s’en allait tenir congrès
Pauvre P.S, pauvre misère
Creuse le vide, creuse l’ennui !

________________________________


 

Valls se défend d'avoir ordonné l'arrestation et l'expulsion d'Aurore Martin

Par , publié le  03/11/2012

Sous le feu de la critique, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a assuré dans un entretien à Sud Ouest Dimanche n'avoir pris "aucune décision" dans la mise à exécution du mandat d'arrêt européen lancé en 2010 contre la militante basque Aurore Martin.


u zinu : 

J'ai pour les républicains espagnols (ceux de 1936-39, cela va de soi) la plus grande estime, le plus grand respect, voire même des affinités idéologiques affichées.
La conception républicaine de Manu Valls me laisse donc à tout le moins perplexe.
 
Si j'étais de ses amis, je dirais à Manu :
 
"Hé ! Manu ! Attention ! Pour la Droite et la droite extrême, tu n'en feras jamais assez ! Il t'en sera demandé toujours plus" ! Souviens- toi du social-démocrate Gustav Noske !


__________________________________________

 

Arme chimique en Syrie: Laurent Fabius pousse un coup de gueule aux côtés de John Kerry

Le HuffPost  |  Publication: 

Samedi, lors d'une conférence de presse commune, les journalistes présents ont surtout pu entendre le gros coup de gueule poussé par Laurent Fabius . Le ministre des Affaires étrangères a dénoncé avec virulence l'usage de l'arme chimique par le régime de Damas. Une colère froide qui montre la détermination de Paris de se positionner aux côtés des Américains dans la résolution de cette crise internationale.


U ZINU


La carrière de Fabius restera marquée, entre autres :
- par sa protestation de petit marquis  « outré » face à Chirac lors d'un débat célèbre où il fut (pertinemment)  traité de roquet.
- par l'affaire qu'il traîne comme une tunique de Nessus.
- par son alignement inconditionnel sur la politique de Washington sous la présidence de François Hollande.


_________________________________ 

PAUVRE PS, PAUVRE MISÈRE !
Fabius menace Moscou de sanctions « dès cette semaine »
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters | 11.03.2014
 
u zinu : :
 
En ce mois de mars 2014 me voici contraint d'ajouter au palmarès de Fabius olibrius, ses gesticulations belliqueuses à l'encontre de la Russie.
Il est plaisant par ailleurs de remarquer que celui qui avait parlé de caniche des Etats-Unis à propos de Sarlozy, est devenu lui-même, avec Hollande, un caniche encore plus docile et empressé.

 

 

__________________________________________                    


 
                                                                              L'AFFAIRE MONTEBOURG/HAMON

Mi-août 2014 et fin août 2014.

"Le bel Arnaud" s'efforce en vain de  se situer au centre d'un cercle idéologique et politique dont il ne sait pas tracer la circonférence, son compas étant une équerre, comme dirait Frère  Xavier Bertrand.
Ce n'est cependant pas le plus antipathique de la bande, ni le moins charismatique, encore que l'on puisse voir en lui un bateleur de foire plutôt qu'un bateleur de tarot.
Mais pourquoi s’acoquiner avec un petit apparatchik qui, s'il avait été acteur, eût pu remarquablement se glisser dans le rôle d'un tchékiste bolchevique ?
Quant aux députés pseudo-frondeurs, leur crédibilité serait accrue s'ils se décidaient à prendre le risque d'un retour devant leurs électeurs plutôt que de s'accrocher aux prébendes et gratifications de leur actuel office. Pour l'instant ils se contentent de crier, comme dans une mauvaise comédie: " retenez moi ou je fais un malheur".
 
Aux dernières nouvelles, Montebourg persiste et signe.
Si vraiment il était opposé à la politique suivie par le duo Valls-Hollande, politique qu’il a avalisée jusqu’ici, il aurait dû démissionner sans tenter de se faire « expulser » par le biais d’ un « éclat » purement politicien qui ne le grandit pas.

A propos de Montebourg :


-  Le prof de de philo : "élève sympathique, parfois brillant, mais souvent superficiel".
-  Son  ancienne maîtresse d'école : "des possibilités, mais ludion à ses heures".
-  u Zinu "Après le sous commandant Marcos, voici le sous Che Arnaud".
-  Les ouvriers de Florange : "Cause toujours, tu  m'intéresses"
-  L'épicier du coin : "on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre"
.
__________


Exit Montebourg, exit Hamon, Exit Filipetti.

Je me repens d'une double faute : celle d'avoir voté Montebourg (avec un enthousiasme très relatif)  lors de la primaire,  et celle d'avoir voté Hollande (faute de mieux)  lors des Présidentielles.
Mais, dans le conflit entre le social-libéral (désormais déclaré) et son contempteur affiché, je ne  prendrai guère parti.
L'un se révèle tel qu'en lui même il est devenu (ou a toujours été), tant dans sa personnalité que dans son idéologie.
L'autre  est une sorte de compromis entre Rodomont et Trivelin, uniquement préoccupé de se construire un personnage apte à concourir, lors de la prochaine primaire, dans les décombres de ce pauvre PS, devenu une sorte de Gaza sur Seine.
Quant au second couteau de Montebourg, le petit apparatchik Hamon, laissons  le  se complaire dans une  posture (opportunément retrouvée) d'homme de gauche intransigeant.
Soyons enfin plus indulgent pour Aurélie, qui fit un assez beau discours d'adieu (encore que tant soit peu hypocrite et "convenu").

 

__________________________________  

 
APRES LA NOMINATION DE MACRON 


C'est se donner trop facilement bonne conscience que de tomber à bras raccourcis sur Mozart.
Entre les socialistes qui clament leur irréductible pureté, la Gauche qui hurle à la trahison,  les médias bobos qui se rachètent une vertu (opportuniste à souhait) en l'agonisant de sottises autant que de reproches, ce pauvre Macron n'est pas auréolé, comme il a cru pouvoir le dire, mais plutôt couronné d'épines.
Je ne participerai donc pas à la curée, et moins encore à son lynchage, car ce n'est pas mon genre.
Pour autant je n'irai pas me joindre au chœur de ceux qui s'excusent prudemment de l'encenser ni, cela va de soi, à celui de ses de ses thuriféraires déclarés.
Clone de Blair, sans doute.
Blaireau, pas évident du tout.
En tout état de cause, qu'il ait été "banquier de chez banquier" ne constitue pas un stigmate irréversible. Combien d'autres, parmi ses détracteurs, sont passés allègrement, du col mao au Rotary !
28/08/14

___________________________________________     


 
LES SOUPIVORES REPENTIS

A propos de Montebourg, Hamon, Filipetti.... et la Duclos.    

Voici que nos quatre soupivores repentis quittent la scène au motif qu'on leur leur aurait retiré indûment, ou, à tout le moins de mauvaise manière, la gamelle régalienne.
N'ayant plus accès aux miettes de la cène, voici qu'ils administrent à leur ancien maître de banquet des coups de pied asinins.
Ils pensent aussi sans doute pouvoir retirer plus tard de leur diatribes incertaines les deniers électoraux de leur dérisoire trahison.
Las ! N'est pas Judas qui veut, et moins encore Froissart.
Et puis le bon peuple préférera toujours les histoires de chambres à coucher plutôt que les souvenirs des cabinets ministériels. 
C'est pourquoi ils ne peuvent espérer atteindre les tirages de certain ouvrage où il est question des malheurs de Valérie et ne seront sans doute pas remercies, par le peuple électoral, de leur tardive et insolite repentance.



_________________________________________________          

 
A Propos du  nouveau gouvernement

- Félicitons la jeune et belle Najat pour sa brillante promotion, et souhaitons-lui de résister vaillamment aux assauts conjugués de mère Boutin des anges, et de tout ce que la France compte de cathos intégristes et de fachos demeurés.
- Félicitons Fleur,  à l'encontre de laquelle il est assez difficile, même pour certains hiérarques simplets ou hargneux de l'UMP,  d'instruire quelque procès en incompétence.
- Félicitons Christiane, intelligente et cultivée, digne face à l'injure, impériale dans ses répliques et réparties. Hourra Taubira !
Pour autant, n'absolvons ni Valls ni Hollande de leur dérive libérale, assumée autant que déclarée.


_______________________________________ ______  

 

Valls, Cambadélis, Le Guen : la bande de la MNEF aux affaires


Samedi 18 Octobre 2014 
 
HERVÉ NATHAN - MARIANNE

u zinu :

Sans l'intervention divine et celle de la méchante fée Nafissatou, nous eussions pu avoir un quatuor (ou bien un quarteron, aurait dit De Gaulle)  en lieu et place du trio cité dans le titre de cet article.


_____________________________________________    


 
La mère AUBRY, ou le sacre de le "reine des frondeurs"

octobre 2014
" u zinu" 

Pour moi, la mère Aubry restera toujours celle qui, par une sombre nuit solférinesque, vola la victoire de Ségolène.
Peu me chaut donc, qu'elle devienne aujourd'hui l'égérie d'une bande de frondeurs sans fronde accrochés à leurs prébendes parlementaires plutôt qu'aux convictions qu'ils affichent et qu'ils proclament.


______________________________________________  


 

MONTEBOURG 2015



Il faut convenir que "Monsieur Meuble" Montebourg devient une sorte de matamore doublé d'un cabotin, voire d'un histrion.


____________________________________________      

 

CAMBADELIS ELU 1er SECRETAIRE DU P.S


29 mai 2015.

 
N'étant ni encarté, ni sympathisant PS, notamment, soit dit en passant, du fait de l'atlantisme servile de ce parti, je n'en suis que plus à l'aise pour, sinon tresser une couronne de lauriers guerriers à Cambadélis, du moins reconnaître son habileté politicienne.
Par ailleurs, le Camba, c'est autre chose que l'hyper a-charismatique Harlem. A propos de ce dernier, j'éviterai d'ailleurs, par pure charité, d'ajouter les autres qualificatifs qui me viennent à l'esprit pour le décrire ou le dépeindre.
Apparatchik formé à l'école trostko, Cambadelis a conservé effectivement de cette "éducation" l'art de la manœuvre partisane et du compromis idéologique tactique.



__________________________________________           



1er semestre 2015

POLITIQUE ETRANGERE DU PS A L'ENCONTRE DE LA RUSSIE


 

Hollande et Fabius mènent une politique résolument alignée sur les E.U, et se complaisent à diaboliser la Russie. 
Le P.S et la Gauche "bobo" participent largement à la formidable campagne de désinformation entreprise pour justifier une adhésion  de l’Ukraine à l’Europe et à l’OTAN.
La reprise systématique, par certains médias, des « éléments de langage »  distribués et répandus par les « Occidentaux », contraignent nombre de lecteurs ou d’auditeurs à « compenser » ce matraquage par des visites sur d’autres médias, et singulièrement par des incursions dans les arcanes de la presse alternative.

_______________

 
L'Union Européenne exerce son imperium en avançant armée du  bouclier de l'OTAN et de l'épée "atlantiste". Elle donne son appui aux révolutions "démocratiques" colorées, et autres manœuvres  de déstabilisation.
Les jappements de nos  caniches accompagnent ces  manœuvres. 




_________________________________________________________


 


 


 


PAUVRE PS, PAUVRE MISÈRE !
DEUX GRIBOUILLES EN VISITE AU ROYAUME D'ARABIE




Voir ces deux brillants Gribouilles présenter leurs respects et faire d'amples salamalecs à leur ami Saoudien, pourtant puissant "propagateur" d'un wahhabisme fondamentaliste à travers la planète, si ce n'est d'un salafisme radical qu'ils prétendent combattre, ne manque pas de sel.

Pour ne considérer que l'incohérente diplomatie de celui qui nous sert présentement de ministre des affaires étrangères, lorsque l'on aperçoit dans quelque lucarne ce personnage suffisant et prétentieux, aux allures de petit marquis infatué, l'on ne peut s'empêcher de se remémorer son humiliation (justifiée) lors d'un débat resté célèbre. 

Depuis, sa politique de jusqu'au-boutiste en Syrie, déguisée en vertueuse préoccupation  démocratique, ses rodomontades en Iran, lorsqu'il  se tenait droit dans ses escarpins pour durcir les conditions  pourtant déjà draconiennes d'un accord-diktat" sur le nucléaire, puis son revirement obséquieux dès le changement de cap opéré par les E.U, ont achevé de le discréditer.


_________________________________________________________


 

PAUVRE PS, PAUVRE MISÈRE !
 
LES IDES DE MARS  2016 - PAUVRE PS, PAUVRE MISÈRE.  
PAUVRE POUVOIR, PAUVRE  MISÈRE  !


http://img.over-blog-kiwi.com/0/75/00/89/20150106/ob_de3595_blog-rats-quittent-le-navire-ministre.jpg
 
01/03/2016

u zinu
 
C'est fou ce qu'il a en ce moment de "plumes" qui deviennent des "anciennes plumes", de valets qui changent de maîtres, de rats qui fuient le rafiot, d'anciens et anciennes ministres ou sous-ministres qui récitent des actes de contrition, de repentis tardifs, d'apostats, de relaps, et même de Polyeuctes qui brisent les idoles qu'ils adoraient ! Tout n'est que débandade, fuite éperdue, reniements et renoncements. On en pleurerait !



_________________________________________________________


 
MACRON -  VALLS


J'ai lu quelque part que l'un était une sorte de Blair et l'autre une sorte de  blaireau.
Disons que l'un est un libéral égaré (momentanément) dans le socialisme, l'autre un socialiste égaré (définitivement) dans le libéralisme.



_________________________________________________________
 


HANOUNA TEL QU'EN LUI-MEME

$
0
0


Le Français moyen se voit offrir avec Hanouna la télé et le genre d'animateur qu'il réclame et qu'il mérite. Histrion plus souvent hilare qu'hilarant, Turlupin médiatique hissé au rang d’icône du P.A.F, le personnage en question,  pétri de suffisance et de prétention, règne sur un peuple d'auditeurs prenant la vulgarité pour le summum du raffinement humoristique.
On a connu, et l'on connait toujours les "idiots utiles". Le P.A.F connaît ses bouffons utiles, au demeurant prébendiers avisés d'un ministère lucratif, celui de l'amusement public.

LA SYRIE ET LES MEDIAS : ENTRE MAINSTREAM ET ALTERNATIFS

$
0
0


A l'heure où les interventions occidentales en Syrie sont présentées par le pouvoir et les médias d'Etat ou les médias atlantistes, comme nécessaires et bénéfiques, car elles auraient pour but, au nom des droits de l'homme, de soutenir des rebelles démocrates baptisés djihadistes modérés, et de chasser du pouvoir un dictateur brutal et sanguinaire, appuyé par la Russie, tout en éradiquant les djihadistes extrémistes de l'E.I, il ne paraît pas inopportun de regrouper ci-après quelques  points de vue "alternatifs" .
Dans son désir de "gloire démocratique", le pouvoir hollando-socialiste n'avait pas manqué de saluer le départ de combattants non moins démocratiques qui, catalogués comme tels en quittant la France, se retrouvèrent djihadistes en arrivant ..... au port.
Se lamenter à présent sur le nombre élevé de Français "séjournant" en Syrie relève donc soit de l'hypocrisie soit d'une politique à tout le moins "gribouillesque".
Est-il inconvenant de dire que la fameuse "armée syrienne libre", pure création des officines occidentales, armée qui a guerroyé au demeurant davantage dans les médias que sur le champ de bataille, n'était qu'une sorte de golem qui s'est logiquement retourné contre ses  créateurs ?
"U zinu" reproduit ci-après quelques articles tirés d'AGORAVOX, qui présentent la problématique syrienne sous un jour différent de celui qui nous est quotidiennement  servi et "administré" par le Pouvoir en place et les médias "mainstream".
Les lecteurs  en tireront les conclusions qui leur paraîtront  opportunes ou valides.




 
 

Comprendre ce qui se passe en Syrie

 

Retour sur les raisons, les enjeux et les perspectives du conflit qui se joue en Syrie. Que va-t-il advenir du destin de ces peuples soumis aux pires atrocités, comment va réagir l'Islam et le monde musulman, quel rôle peut avoir la France et l'Occident dans ce conflit qui se mondialise. 

Le sujet conduit à toutes les fantaisies et toutes les interprétations, en témoignent les peurs légitimes ou non qui agitent la France, les musulmans et le monde dans son ensemble. La question est effroyablement complexe et les explications, de ce fait, dans les médias et chez nos politiques, où la concision est nécessaire, sont souvent ténues.

J'ai pu m'en apercevoir lors d'une conférence donnée à l'Ecole Normale Supérieure par Alain Frachon, journaliste qui a officié au Monde et qui a été correspondant de nombreuses années à Jérusalem, Pierre Razoux, historien spécialisé dans les conflits contemporains et les relations internationales et Pierre Conesa, haut fonctionnaire et praticien des relations internationales et stratégiques et qui a longtemps officié au Ministère de la Défense, autrement dit, trois hommes qui étaient là pour tenter de déminer l'épineux sujet. Je vais tâcher de faire la synthèse de leur propos, qui me semble essentiel en y ajoutant mes propres connaissances sur le monde arabo-musulman. Il est possible que je fasse quelques approximations. Ne pas hésiter à me les signaler.

10-4_ch08-e2-carte-mo

 

  1. Tout a commencé en 1979 

Cette date est majeure. Elle correspond à la révolution iranienne et à la chute du Shah d'Iran au profit de l'Ayatollah Khomeini. Il s'agit d'un nouveau régime théocratique musulman. Mais surtout d'un régime chiite, la seconde branche la plus importante de l'Islam. Or, la grande puissance sunnite et qui déteste les chiites, notamment ceux implantés sur son territoire, c'est l'Arabie Saoudite. Voilà longtemps que les deux pays sont rivaux.

manifestation-iran-revolution-1979_324.jpg
La révolution irannienne en 1979

Cette date c'est aussi celle la guerre en Afghanistan, menée par les soviétiques et dont Oussama Ben Laden se fait un des adversaires les plus tenaces. Encore jeune Saoudien, influencé par le wahhabisme, une ramification du sunnisme qui régit la vie politique et sociale de l'Arabie Saoudite, et qui est considérée comme particulièrement radicale, il est approché par des autorités saoudiennes pour organiser la guerre sainte contre les soviétiques mais aussi contre l'influence grandissante de l'Iran chiite. Il sera par la suite, dans un contexte de Guerre Froide, soutenu indirectement par les puissances occidentales. C'est l'émergence des moudjahidine (combattants de la foi) qui appellent au djihad (la lutte) mais un djihad armé, et surtout de l'islamisme, la traduction politique de l'Islam, bien plus important que le panarabisme et le communisme qui étaient alors les idéologies dominantes dans la région.Les Soviétiques, on le sait, se cassèrent les dents en Afghanistan. Ils n'arrivaient plus à être décisif dans une région connue pour son insoumission. L'erreur sera refaite par les Américains 30 ans plus tard.

0afgh1g.jpg
Les moudjahidine afghans dans les années 80

En 1979, également, Saddam Hussein renforce son pouvoir en Irak, Irak qui est également la grande rivale de l'Iran voisine. Hussein est sunnite, il veut le pouvoir. Il lâche la Syrie, alors amie pour ne pas avoir un allié encombrant, alors qu'il est de la même branche politique que les syriens au pouvoir, le parti Baas. La Syrie, qui est alors aux mains du père de Bachar El-Assad trouve un nouvel allié, l'Iran, d'autant plus que le régime syrien est chiite alaouite, cela ne pose donc pas de problèmes confessionnels. Mais surtout, c'est pragmatique. L'Iran cherche un débouché vers la Mer, que la Syrie lui offre et surtout, elle peut se rapprocher de la communauté chiite du Liban, restée fidèle au régime iranien. Ces chiites libanais sont incarnées notamment par le Hezbollah, jouant aujourd'hui un rôle majeur dans le conflit.

239446_vignette_militaire-hezbollah.jpeg
Le Hezbollah libanais
 

2. La guerre entre l'Iran et l'Irak

Ce conflit méconnu est déterminant pour l'équilibre de la région, une guerre qui dura plus de sept ans et s'étala sur toutes les années 80, faisant près d'un million de morts, une guerre inutile qui plus est puisqu'elle conduit à un statu quo. Hussein ne peut tolérer la montée en puissance du régime chiite de Khomeyni. ll tente alors de le déstabiliser, en vain.

 

3. La guerre du Golfe : déstabilisation de la région

En 1991, la Guerre du Golfe sonne le glas des vélléités de conquête de Saddam Hussein qui avait entrepris de conquérir le Koweit. Cela fait suite en fait à la guerre qui venait d'opposer l'Iran et l'Irak. Les Irakiens considéraient le Koweit comme faisant partie intégrante du territoire irakien, prétextant que l'indépendance de ce petit Etat était le fait d'une entente illégitime entre Britanniques et pays arabes. A cela s'ajoute le pétrole, qui profitait à l'Arabie et au Koweit et qui mettait en difficulté le régime de Hussein. Ne respectant pas les règles de quota pétrolier, le Koweit provoquait l'Irak qui n'attendait que ça pour entrer en guerre. S'ensuivit un conflit d'une rare intensité, où une coalition de 34 pays, sous l'égide des Nations Unies battait l'armée irakienne en quelques semaines. Les conséquences ? Une série de sanctions pour l'Irak, exsangue. Kurdes et Chiites, armés par les coalisés furent massacrés par le régime irakien pendant le conflit. On notera dans cette coalition la forte participation des pays du Golfe et de la Turquie. Cela aura son rôle par la suite. Isolé, Hussein parvient à se maintenir cependant au pouvoir.

33.jpg
Un Soldat américain en Irak en 2003. REUTERS/Yannis Behrakis

2003 marque la chute du régime, puisqu'une nouvelle offensive coalisée - à laquelle la France avait refusé de participer (discours de De Villepin à l'ONU en 2003)- précipite dans le gouffre le pays. Cette fois-ci les arguments pour légitimer la guerre sont beaucoup plus douteux. Profitant de violations des sanctions par Saddam Hussein, de la situation dramatique des minorités kurdes et chiites du pays et souhaitant stabiliser une région où le pétrole reste encore essentiel, les Etats Unis renversent le régime et tente d'installer une démocratie, avec à leur tête un gouvernement chiite. Les Kurdes obtiennent une région autonome, notamment militaire, au nord du pays. Le problème de ce conflit, c'est l'interventionnisme de l'Occident, qui s'est mêlé de la politique moyen-orientale pendant plus de 20 ans et aussi son incompréhension des enjeux de la région. La démocratie ne pouvait fonctionner que par un gouvernement de coalition sunnite-chiite mais les USA n'y sont pas parvenus. Ne touchant également pas aux frontières, qui sont pour les Américains essentielles, mais qui sont un vrai problème, notamment pour les Kurdes, le conflit ne résolvait rien. L'Iran devenait maîtresse de la zone, sans avoir participé aux combats. Elle pouvait à présent exercer son influence sur les chiites irakiens et soutenir les répressions sanglantes qui allaient s'en suivre.

 

4. Les révolutions arabes

En 2010 éclatent les premières manifestations en Tunisie puis rapidement dans de nombreux pays arabes. Il s'agit de se libérer souvent de dictatures plus ou moins masquées (En Egypte, en Tunisie, en Libye mais aussi au Bahrein ou au Yémen par exemple). Il s'ensuit une destabilisation de l'ensemble de ces pays. L'Arabie Saoudite est elle-même menacée, la Lybie est en proie aux séditions et aux exactions, l'Egypte s'en remet à peine et la région a laissé place à une myriade de groupuscules islamiques plus ou moins extrémistes. C'est dans ce contexte qu'éclatent des troubles en Syrie, troubles qui vont donner l'occasion à des organisations terroristes de semer la terreur et de légitimer leurs actions.

wu_egypte
Manifestion en Egypte, Place Tahrir

Printemps-Arabe-Q-01-01-1.jpg

 

5. Le djihadisme mondialisé 

Il nous faut faire un petit retour sur le djihadisme, ses motivations, son organisation. En effet, il est nécessaire de sortir de l'ornière occidentale sur le sujet et de ne pas confondre les termes. Islamisme ne signifie pas djihadisme, djihadisme ne signifie pas non plus terrorisme. La dénomination des termes est délicate. Mais les comprendre c'est comprendre ce qui agite aujourd'hui l'Islam et qui la menace car avant d'être une menace pour les occidentaux, le terrorisme islamiste est une menace pour les musulmans, notamment pour le sunnisme dont il se réclame et dont il dévoit le message. Nous sommes bien l'ennemi qu'ils voudraient abbatre. Mais ils n'en ont pas les moyens, fort heureusement, si ce n'est tenter de déstabiliser par des attentats, provoquer l'affrontement. En réalité ces mouvement ont déjà forts à faire avec les pays musulmans qui refusent de se plier à leurs injonctions.

Nous avons déjà vu comment a émergé Al-Quaida. Ces mouvements djihadistes trouvent leurs origines dans le salafisme, un mouvement religieux sunnite qui veut revenir aux fondements (uniquement se baser sur le Coran et la Sunna (pour plus d'infos, cf. lexique en fin d'article). Le salafisme peut être prédicatif ou armé comme les djihadistes. Ces derniers sont en lien avec les Frères Musulmans (cf. lexique) dont ils partagent la doctrine politique. Mais il faut remonter encore plus loin pour voir d'où viennent ces mouvements. D'Arabie Saoudite essentiellement. Ben Laden était Saoudien et il a largement été influencé par une branche radicale du sunnisme, le wahhabisme, confondu avec le salafisme, considéré d'ailleurs comme sectaire par les sunnites, et combattu par les musulmans au 19ième siècle. Néanmoins le wahhabisme est devenu, avec l'ascension de la famille Saoud dans l'immédiate après-guerre le principal mouvement religieux en Arabie. Son radicalisme, on le connaît : charia, droits des femmes bafoués, et c'est un véritable problème. Seulement, encore une fois, être wahhabite ne fait pas de vous un terroriste. Le djihad armé reste rare mais est soutenu par les croyants de cette branche.

Azizfdr.jpg
Protection contre Pétrole, la doctrine signée en 1945 par les Saoudiens et les Américains

Le terme djihadiste est lui aussi un terme complexe : djihad c'est la lutte, mais bien souvent cette lutte est simplement conceptuelle, religieuse, plus rarement armée. Là encore, ce terme théologique musulman est à prendre avec grande précaution.

Il ne faut pas voir non plus ces mouvements comme unis : ils sont rivaux, souvent s'entretuent (c'est le cas d'Al Nostra et de Daech, les deux étant issus d'Al Quaida). Il ne faut pas croire que leurs objectifs sont les occidentaux. Il s'agit d'une lutte politique, d'une prise de pouvoir, d'un contrôle de territoires musulmans, en un mot l'islamisme. Leurs premières victimes ce sont les musulmans modérés, pour Daech, traîtres, mauvais croyants. Cela s'applique aussi aux chiites que Daech, sunnite, ne peut tolérer mais aussi à ceux qui refusent de suivre la doctrine wahhabite-salafiste du groupe terroriste. Enfin, une autre caractéristique de ce mouvement c'est son radicalisme : pas d'idolatrie, pas de recueillement excessif, une radicalité et une religion de l'épure. Cela s'est traduit par la destruction de lieux archéologiques (tombeau d'Eve, cimetière de Médine, forteresse et patrimoine ottomans en Arabie, en fait 98% de son patrimoine historique) mais aussi par la destruction actuelle de lieux en Syrie ou en Irak (Palmyre entre autres...) Cette négation de l'histoire est évidemment terrible. De plus elle est cynique, les objets récupérés étant souvent revendus à des musées ou des collectionneurs.

L'objectif stratégique majeur aujourd'hui est de contrer ces groupes, d'empêcher leurs jonctions pour juguler le chaos. C'est exactement ce que fait la France au Mali ou au Niger et prochainement en Libye. Nous reviendrons sur le rôle de la France plus tard. Le problème reste bien l'Arabie, qui est au fond un état islamique mais qui est aussi un allié. On a fermé longtemps les yeux sur ses implications, pour des raisons stratégiques et diplomatiques et la diplomatie n'est pas la morale, nous le savons, comme le prouve l'implication de l'Arabie dans le 11 septembre 2001 : 15 des terroristes étaient Saoudiens et le commerce occidental florissant avec ce pays !

EODE-TV-EXPERTS-lm-QUELLE-GUERRE-AU-TERRORISME-EN-AFRIQUE-2015-07-19-FR-3.jpg

 

6. Les débuts du conflit actuel

Départ de feu en Syrie 

Une révolte des modérés musulmans s'oppose à Bachar El-Assad, dans la lignée des révolution du Printemps arabe.

Assad réagit 

Il réprime de manière brutale. La bourgeoisie sunnite qui constituait l'essentiel de la classe moyenne de la Syrie et sa force vive commence à partir.

Les Frères Musulmans entrent dans la danse

A la révolte s'ajoutent les Frères Musulmans, que Assad avait muselé des années durant. Ils sont soutenus par la Turquie de Erdogan, son parti politique étant issu de la même mouvance. Les Frères Musulmans prône un état musulman califale, un royaume musulman en somme, sunnite et anti-chiite.

 

Une guerre de position, comme en 14

Le conflit se fige. La Syrie de Bachar El-Assad peut compter sur l'Iran qui est son alliée depuis des années, nous l'avons vu. Le Hezbollah libanais entre dans la danse du côté de Assad, car il est le soutien traditionnel des puissances chiites dans la région. Armé et très organisé, il fait valoir ses revendications, fragilisant le Liban, déjà très affaibli. Un front se forme.

rita.jpg

Le jeu terrible des alliances et des poupées russes, comme en 14

Il faut décentré le conflit pour voir que la Syrie n'est que le terrain d'affrontement d'un subtile jeu d'alliances entre grandes puissances régionales. L'enjeu c'est en fait l'Iran contre l'Arabie Saoudite, l'Irak et la Syrie, anciennes puissances étant presque totalement détruites. Deux blocs se forment : d'une part l'Arabie, la Turquie, le Qatar, le bloc sunnite contre l'Iran, le sud de l'Irak et la Syrie de Assad, le bloc chiite. Ce qui n'était à la base, nous l'avons vu, qu'un jeu d'alliance stratégique, militaire et politique, devient une véritable guerre de religion.

L'Irak, situation similaire à la Syrie

En Irak, il se produit la même chose. La population est majoritairement arabe, de confession chiite pour 60% et sunnite pour 40%. On a également une grosse minorité kurde au nord, qui va jouer, nous allons le voir, un rôle déterminant. Le parti Baas, sunnit, qui était auparavant au pouvoir, sous la houlette de Saddam Hussein avait martyrisé les chiites, pour des raisons politiques (s'opposer à l'Iran et pour asseoir le pouvoir). Mais à présent, depuis que les Américains ont porté au pouvoir les chiites, ces derniers, tout naturellement, se vengent. Maliki, qui était jusqu'à très récemment au pouvoir, premier ministre irakien, soutenu par les USA se sentait très proche de Bachar el-Assad. Le gouvernement actuel continue de soutenir le régime syrien. Il n'a pas voulu faire le choix de la concorde et à permis des exactions à l'encontre des sunnites et les Kurdes et malgré les injonctions occidentales, à continuer son exercice de vengeance.

La fulgurante ascension de l'EI

Il n'en fallait pas moins à l'Etat Islamique pour mener la révolte. Au printemps 2014 il commence à occuper le Nord de l'Irak puis s'étend en Syrie. Fort, riche, il met aisément à mal le faible Etat irakien qui lui abandonne des armes américaines et occidentales. L'Etat Islamique - ou Daech ou ISIS en anglais - est soutenu et financé par le monde sunnite, c'est-à-dire, la péninsule arabique. La Turquie est plus partagée mais adopte une politique du laissez-faire. L'EI est d'abord un mouvement issu du wahhabisme-salafiste saoudien. L'EI tourne son regard vers l'Arabie (qu'il convoite) et négocie selon les besoins avec les autres factions (dont Bachar El-Assad), fonctionnant à la manière d'une entreprise très souple. Il détruit tout (fosses communes, destructions de quartiers entiers, exécutions sommaires). La guerre se radicalise.

Russes et Occidentaux tirent-ils les ficelles ? 

Changeons d'échelle à présent. Au-dessus de ce conflit plâne l'ombre de la Russie, vieille alliée du régime de Damas depuis 1973. Elle a une base à Tartous, sur la façade méditérannéenne de la Syrie, en plein coeur de la minorité chiite du pays. Elle y a à présent une force militaire et une base aérienne. Elle ne lâche jamais ses alliés, ses clients. La Russie de Poutine est obsédée par l'idée de souveraineté. Mais il ne faut pas imaginer que pour les Russes, Assad est irremplaçable. Ce qu'ils veulent c'est d'abord conserver leurs intérêts. La personne leur importe assez peu. La Russie est donc du côté du monde chiite. Elle entretient de bonnes relations avec l'Iran bien que les deux pays soient rivaux. De l'autre côté nous avons les USA et l'OTAN (dont fait partie la Turquie), ainsi que les pays du Golfe, le monde sunnite donc. La France est ce côté également, car très proche du Qatar et de l'Arabie Saoudite.

Ce conflit se déroule donc à trois échelles : à l'échelle locale en Syrie et en Irak, à l'échelle régionale entre Iran et Arabie (monde chiite contre monde sunnite), à l'échelle mondiale entre le bloc occidental de l'Otan et la Russie, même si Occident et Russie sont aussi alliés selon les circonstances. Il ne reste que l'Asie, en dehors de tout ça. Mais il y a fort à parier qu'elle finira par intervenir - nous verrons cela par la suite.

4799590_6_535c_2015-10-28-b9b3fe6-27661-1qxhxby_3eda212978692bec7d409e4e103d81b4.jpg
Le jeu des alliances... ou de la poupée russe

La question des Kurdes est essentielle 

Les Kurdes sont une minorité très importante, peut-être la plus grande nation sans état. Elle représente en effet entre 30 et 35 millions de personnes. Après la Guerre du Golfe, création par les USA d'une région autonome kurde au nord de l'Irak, qui n'a pas été acceptée par le gouvernement irakien. Cette région avait notamment une autonomie militaire. Les relations avec le gouvernement de Maliki ont été exécrable et c'est toujours le cas avec le gouvernement actuel. Le PDK se constitue, Parti démocratique du Kurdistan, le rêve de tout Kurde, celui d'un état indépendant et souverain. Ce parti se lie avec les Kurdes turques, très nombreux pour s'ouvrir vers l'extérieur. Les Kurdes syriens sont, eux, divisés, comme le montre la carte ci-dessous, tantôt avec Assad, tantôt contre lui. Ils se sont organisés au sein du PKK, un parti marxiste-léniniste très discipliné (Parti des Travailleurs Kurdes), considéré comme terroriste par les Occidentaux. La Turquie est elle-même menacée par ces mouvements de sédition car les Kurdes réclament le Kurdistan depuis que les Français et Britanniques leur avait promis en 1918, avec les accords Sykes-Picot. Mais voilà, la Turquie kémaliste, en pleine essor, avait repris les territoires kurdes concernés et l'Europe laissa faire, pensant à juste titre que la Turquie laïque de Kémal serait une vraie alliée.

carte-syrie-irak-FR-7-1.png

L'intervention occidentale

Les bombardements des Occidentaux et des Russes ont cassé l'avancé de l'EI qui avait été fulgurante. Les Kurdes d'Irak ont repris tout le terrain pris par l'EI, notamment la ville clé de Sinjar. Les frappes sont cependant trop faibles et l'EI tient ses positions.

Mossoul et Rakka, deux exemples d'une situation inextricable

Mossoul est une ville sunnite au main de l'EI, qui en a fait sa capitale symbolique, une sorte de quintessence du sunnisme. Aujourd'hui la ville a perdu 500 000 habitants, soit la moitié de sa population (les chrétiens, la bourgeoisie et les Kurdes ayant fui). Les milices chiites irakiennes pourraient y aller mais cela ne servirait à rien car sans une coalition gouvernementale qui uniraient en son sein chiites et sunnites, la ville retomberait aux mains d'un autre groupe séditieux sunnite et cela recommencerait. Le problème est donc un problème du gouvernance irakienne.

Raqqa est une ville syrienne où la communauté kurde est importante. Les Américains aident les Kurdes à préparer une offensive pour reprendre la ville mais les Kurdes refusent de gouverner et d'administrer la ville, où ce serait impossible pour eux. Cela prouve encore une fois que le problème doit venir des grandes puissances régionales et non simplement des minorités pour tenter d'apaiser l'immense guerre politico-religieuse où s'entremêlent également guerres civiles et révolutions nationalistes. Raqqa reste sous influence de Daech, avec la complaisance de Assad, qui a négocié l'électricité pour la ville contre la conservation d'une partie de son territoire. Cela n'empêche pas les deux factions de s'affronter ailleurs pour autant. C'est l'un des paradoxes de cette guerre.

722980-alep.jpg

 

7. Conséquences et perspectives 

Doit-on lâcher Bachar El-Assad ?

Il faut savoir que la personne de Assad n'intéresse que peu de monde. Les Russes veulent garder leurs intérêts, qu'importe le dirigeant, pourvu qu'il reste dans l'escarcelle russe. Les Iraniens, qui soutiennent le régime veulent conserver aussi une influence parmi les chiites alaouites de Syrie et également un soutien politique, mais ce n'est pas tellement Assad qui les intéresse.

Bachar El-Assad, par sa politique de répréssion est de toute façon compromis. Personne n'acceptera qu'un homme qui a exercé de nombreuses exactions sur son propre peuple reste au pouvoir. Il a été soutenu parce qu'il représentait un équilibre dans la région, son régime avait été stable pendant des années. Mais l'avenir, incertain, de la région redistribuera forcément les cartes politiques.

L'Arabie Saoudite, grande perdante ?

Les Saoudiens sont cernés. D'une part, Daech et toutes les organisations qui avaient été soutenues plus ou moins officiellement par les Saoudiens sont aujourd'hui devenues incontrôlables. L'Arabie n'a plus de pouvoir de décision sur l'avenir. Elle est obsédée par l'Iran alors que l'Iran considère l'Arabie comme un ennemi parmi d'autres. L'Arabie, et on en parle assez peu, est aussi elle-même confrontée à des problèmes avec sa minorité chiite qui occupe en fait un territoire où se concentre les puits de pétrole, une vraie bombe à retardement. De plus, la baisse de l'importance stratégique du pétrole pour les Américains et les Occidentaux fait que l'Arabie est fragilisée dans ses alliances. Nous nous tournons davantage vers le monde chiite et l'Iran à présent. Enfin, elle est confrontée au problème du Yémen, un Etat au sud de la Péninsule arabique qui est en pleine guerre ouverte entre des groupes chiites et des groupes sunnites. La situation, très tendue, peut enfler évidemment au sein de la Péninsule Arabique entière. Si l'on regarde une carte, on voit que le monde arabique sunnite est cerné par le monde chiite.La situation au Yémen est telle que ce sont les prochains réfugiés qui viendront en Europe, probablement.

103426114.jpg

o-YEMEN-570.jpg

Daech, une hydre à plusieurs têtes

Daech n'est que la surface d'un iceberg, entouré d'une myriade de groupes plus radicaux les uns que les autres. Là où ils ont réussi c'est à instaurer un proto-état. Ce qui en fait une organisation riche et solide. Mais, leur objectif est d'instaurer un califat, c'est à dire un royaume islamique. Pour cela il lui faut contrôler les lieux saints, qui sont en Arabie Saoudite - le calife est par définition le protecteur des lieux saints. Ce pays qui a initié les mouvements salafistes se trouve lui-même pris à son propre jeu.

Daech, désignée comme ennemi par les Occidentaux et notamment par la France n'est pas la seule menace. L'armée française l'a compris puisqu'elle frappe d'autres groupes djihadistes en Afrique notamment. Pour autant, faire tomber Daech ne changera pas la situation de la Syrie, de toute façon condamnée à une guerre longue et meurtrière. Abatter l'EI et un autre prendra sa place.

Le rôle de l'Occident

Il est inutile de pavoiser à ce sujet. D'une part les échecs des Américains à installer un régime stable en Irak, malgré un interventionnisme colossal, d'autre part les conséquences des accords Sykes-Picot en 1918 (sans parler du rôle de Lawrence d'Arabie) signés par la France et la Grande-Bretagne qui donnaient ainsi la Syrie et le Liban à la France, la Palestine et l'Irak aux Britanniques, des territoires taillés à la serpe et qui ne tenaient pas compte de rivalités internes (sans parler du Kurdistan, l'Etat Kurde promis à cette minorité qui ne l'a jamais obtenu et qui fait tout pour aujourd'hui) sont dramatiques. La France, qui oublie aujourd'hui de parler de son passé dans la région a donc eu un rôle déterminant à une époque qui peut paraître éloignée mais, en histoire, les peuples n'oublient pas les blessures. De plus, nous avons lâché les Iraniens des décennies durant, eux ne l'ont pas oublié, avec notamment les embargos que nous avons mis en place. Or, aujourd'hui l'Iran est en position de force, surtout depuis que nous nous sommes tournée vers elle depuis l'année dernière.

La coalition occidentale engagée aujourd'hui dans le conflit tend la main aux russes. Mais ce n'est pas si simple car s'allier est bien mais nous sommes détestés. Rappelons que les Russes sont sous le coup d'une Fatwa saoudienne qui incite à les combattre en Syrie. Les Russes sont très mal vus et les Occidentaux aussi et l'idée de la Croisade est une idée insupportable pour les musulmans. Nous ne sommes plus les maîtres du jeu. Les sociétés universalistes que nous sommes, la France imaginant que la démocratie et la paix sont possibles partout, perdent du terrain et ces idées, certes belles, sont aujourd'hui mises à mal. Elles n'ont plus l'influence qu'elles avaient autrefois. De plus, nos intérêts dans la région sont moins importants, notamment pour les Américains pour qui le pétrole n'est plus la priorité. Nous avons échoué à rétablir la paix et l'équilibre de la région. Il faut rester en retrait, et continuer de bombarder les menaces directes pour avoir notre mot à dire, mais ne pas aller plus en avant dans une guerre dont les enjeux nous échappe. Pour la première fois depuis longtemps le Moyen-Orient est maître de son destin quelque part. Nous ne parviendrons pas à y imposer nos vues. La redistribution des cartes se fera avec l'Iran, la Turquie, la Russie, avec qui il faudra négocier.

La France a son mot à dire mais ne pourra pas être décisive

L'idée de "guerre" invoquée par François Hollande est un mot rassurant mais qui n'a pas de réalité géostratégique. Le conflit ne nous concerne que très indirectement. Il est néanmoins nécessaire à la France de sauvegarder ses intérêts. Elle a prouvé sa capacité à réagir immédiatement mais elle a cependant une capacité de projection limitée car elle est déjà présente sur de nombreux fronts :

  • Opération Barkhane au Sahel où la France combat rebelles et terroristes pour empêcher la jonction de groupes djihadistes notamment.
  • Mission Corymbe au large du Golfe de Guinée : surveiller ce lieu maritime stratégique pour le commerce.
  • Opération Atalante, en Mer Rouge et en Somalie, essentielle pour notre commerce avec l'Asie.

Opération Chammal : celle dont nous parlons aujourd'hui, en Irak et à présent en Syrie.Opération de bombardement, de renseignement, de coordination et de formation pour des groupes rebelles et Syrie et en Irak.

3106379-operation-chammal-infog-jpg_2735303.jpg

Ces différentes opérations ont les objectifs suivants :

  • La liberté de circulation à Suez, dans les détroits et en Méditérannée. Il faut également pacifier la Mer Rouge pour rejoindre l'Asie. Cette région est vitale pour l'économie française.
  • Empêcher les groupes djihadistes d'atteindre la mer Méditerranée, l'espace maritime doit être pacifié sinon tout est possible. On s'intéresse notamment à la Libye menacée actuellement et menace par là-même l'Europe.
  • Eviter aux groupes djihadistes de faire jonction car ce serait terrible.
  • Sauvegarder nos intérêts au Liban et en Israel car cela concerne directement nos ressortissants : beaucoup de bi-nationaux. Le Liban est gravement menacé actuellement. Il faut donc surveiller la région. S'il cède il faudra intervenir de manière bien plus forte.

Pour Daech, la France doit agir pour stopper les trafics en tout genre, pétrole mais aussi humains (prostitutions), oeuvres d'art, etc. Il faut couper les trois routes vers l'extérieur de Daech : la frontière turque, la frontière d'Arabie Saoudite et la Jordanie. Mais c'est très difficile et cela ne dépend pas que de nous.


La France doit négocier. Frapper actuellement permet de mieux négocier. La solution intéressante actuellement pourrait être l'Egypte, un Etat très solide malgré les évènements récents, porté par Al-Sissi qui tend la main aux Occidentaux. Il faudra revoir aussi nos alliances avec les pays du Golfe dont les ambiguités mettent la France dans une posture délicate. Il est cependant clair que nous sommes assez isolés et en cela nos ambitions ne peuvent qu'être limitées. L'Allemagne a consenti à nous aider, les Britanniques agissent également mais l'Europe reste inexorablement divisée. Les USA sont en retrait, et même si les Américains viennent de subir un attentat, il n'est pas sûr qu'ils interviennent plus en avant. L'expérience irakienne reste un échec cuisant et la région est moins intéressante pour les Etats-Unis. De plus, nous avons refusé d'aider les Américains en 2003. A présent nous voulons qu'ils nous aident, et donc, il est compliqué d'obtenir un soutien, malgré celui affiché de façade par Barack Obama. Le changement de président l'année prochaine risque de ne pas changer grand chose. Le concept de Défense Stratégique Avancée, qui est notre doctrine militaire actuelle, est loin de faire l'unanimité au sein de nos partenaires. Un autre enjeu crucial est de résoudre le problème palestien qui alimente une partie de la haine du monde musulman pour les Occidentaux. L'intégrisme juif est terrible et la France est dans une posture paradoxale, du fait de sa communauté juive mais aussi de sa communauté musulmane. Elle doit privilégier la négociation entre Israeliens et Palestiniens. Le souci est de sortir de nos ornières universalistes : la démocratie n'est pas la paix et si Israel est une démocratie, son joug n'en est pas moins terrible pour les musulmans de la région. Nous participons, de plus, activement à la Conférence de Vienne, sensée réunir les bélligérants mais pour le moment aucun des pays impliqués directement dans le conflit n'est venu s'asseoir à la table.

La France devra surtout agir à l'intérieur de son territoire : empêcher la montée du salafisme et du djihadisme terroriste, mais aussi rassurer la communauté musulmane, essentiellement sunnite, qui paie cher le coût de l'extrémisme religieux d'une poignée de fanatiques. Elle devra aussi gérer la crise migratoire, qui risque de s'aggraver. Elle en a, avec l'Europe, les moyens car détrompons-nous, nos Etats sont forts et solides et ont des marges de manoeuvres. La solution passera par une politique des frontières européennes qui ne doivent pas non plus être de la poudre aux yeux. Quoi qu'on fasse, une frontière reste franchissable. Elle devra éviter la paranoia collective, et la montée de l'extrémisme, ce qu'attend des groupes salafistes comme Daech. La meilleure défense c'est la cohésion nationale et non l'inverse. Cela semble évident mais ce n'est pas simple à faire.

Conflit mondialisé et long 

L'Asie n'est pas encore intervenue dans le conflit. On peut s'en étonner. L'Asie a des intérêts réels dans la région, celui de la circulation commerciale mais aussi le pétrole, notamment pour la Chine. Actuellement, 4 des 5 membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU sont engagés dans le conflit (Russie, USA, G-B, France). La Chine, probablement, finira par rejoindre la coalition, pour défendre le pétrole du Golfe.

Le conflit nous place dans une posture d'observateurs. Il sera long, peut-être 20 ans. Il invite à un redécoupage des zones d'influences. Il faudra compter avec les Kurdes. Cela conduira peut-être à la création d'un Kurdistan. Il faudra aussi compter sur les sunnites, pourquoi pas la création d'un Sunnistan, ce qui calmera les revendications des groupes sunnites dans la région. La zone sera en tout cas totalement transformée : la Syrie et l'Irak ne seront plus jamais ce qu'elles étaient. Le Liban et les petits Etats du Proche-Orient risquent de tomber (La Jordanie souffre d'afflux de migrants qui sont énormes par rapport à ceux en Europe et fait face à une crise humanitaire). La Péninsule Arabique est menacée. Le Pakistan et l'Afghanistan risquent aussi de tomber dans des affrontements terribles, déjà en cours. L'Inde fera peut-être quelque chose. Seuls des pays très solides comme la Turquie, Israel, l'Egypte, Les Emirats Arabes Unis et l'Iran devraient tenir. Le reste est sujet à caution. Le sunnisme est malade. Gangréné par le salafisme, il faudra du courage pour parvenir à stopper l'hémorragie.

Il faudra aussi que des pays lèvent leurs ambiguités. Le cas de la Turquie est primordial. Erdogan est issu d'un parti politique proche des Frères Musulmans. Or, comme nous l'avons vu tout à l'heure, les Frères Musulmans ont une aspiration politique proche de celle de Daech ou du salafisme. Erdogan carresse le rêve d'une Turquie musulmane prédominante, un peu comme l'Empire Ottoman d'autrefois, mais il défend aussi l'Etat moderne et démocratique turc, et a permis quelques réformes dans le bon sens avant de faire plus récemment marche arrière. Il est à la fois kémaliste et islamiste, ce qui est un curieux paradoxe. Quoiqu'il en soit, il ne contribue pas à défaire Daech et se bat surtout contre les Kurdes, ennemi héréditaire et vraie menace intérieure. Doit-on abandonner pour autant les Turcs ? Non. Les Turcs sont stables, ils sont essentiels pour l'Occident. Ils sont membres de l'OTAN et c'est parce qu'ils le sont qu'ils sont moins dangereux pour nous. En effet nous leur offrons un dispositif de riposte nucléaire, des armes, des missiles, de quoi se rendre menaçant pour des rivaux comme l'Iran. Garder la Turquie sous notre influence, c'est donc se prémunir d'une puissance qui pourrait par la suite se retourner contre nous puisqu'elle est dépendante. L'est de la Turquie, pauvre, est l'enjeu actuel, car les Kurdes et Daech s'en rapprochent et l'instabilité est proche.

Des minorités souffrent terriblement, mais passeront sûrement inapercues dans la table des négociations, c'est le cas des Yézidis, une vieille communauté religieuse monothéiste zoroastrienne, datant de 7000 ans. Les Tchétchènes, musulmans, continuent de souffrir au Sud de la Russie, Poutine estimant que ces potentiels terroristes ne doivent plus revenir dans le pays. Les Turkmènes, soutenus par les Turcs, sont aussi sous le joug russe. Cela explique une partie des tensions entre Turquie et Russie actuellement.

Les perspectives sont donc sombres et incertaines. Il est impossible de présager de l'avenir de la région, dans un conflit qui concentre toutes les préoccupations internationales et qui risque de s'éterniser. Le sunnisme est mal au point, puisque le djihadisme terroriste pollue tous les pays musulmans du monde à présent, du Maroc à l'Indonésie. La France, doit rester prudente et observatrice, réfléchir avant d'agir car le risque d'y laisser des plumes est réel. Ce conflit rappelle nos vieilles guerres européennes, jeu d'alliances, guerre de position, avec une étrange modernité, celle de propagande, des réseaux sociaux, au service d'idées bien souvent moyennâgeuses. 

AFP_130619_7n39j_syrie-aleppo-decombres_sn635.jpg

 

La question du vocabulaire

Il faut savoir utilise les bons termes pour évoquer le conflit. La confusion qui règne sur les mots entretient également une confusion sur les enjeux du conflit. Voici un aperçu de quelques mots clés.

Sunnisme : branche majoritaire de l'Islam. Le wahabisme de la péninsule arabique et qui a donné le salafisme, islam des djihadistes (dont Al-Quaida ou Daech) est une branche radicale - au sens, fondamentaliste- du sunnisme. Le sunnisme modéré, comme dans les pays du Maghreb ou au Liban ou en Syrie est celui que l'on retrouve en France. La Turquie également est sunnite, tout comme les pays du Golfe.

Chiisme : seconde branche de l'Islam, présente en Perse (Iran, Iraq) et dans d'autres pays.

Wahhabisme : branche dissidente du sunnisme au 19ieme siècle qui se solda par la prise de la Mecque, et par une condamnation du mouvement par le sultan ottoman de l'époque. En effet le sultan, par définition, est calife. Le calife entend régner sur l'ensemble des musulmans et cela se traduit par la possession des lieux saints de l'Islam, notamment Médine et La Mecque mais aussi Jérusalem. Cette notion de califat est essentielle pour comprendre les mouvements djihadistes actuels - Bagdani, le leader de Daech, s'étant autoproclamé calife. Le mouvement Wahhabite fut d'abord rejeter par les musulmans qui le considéraient comme sectaire. Mais la famille des Saoud, celle qui règne sur l'Arabie Saoudite, et soutenue par les USA pour des raisons géopolitiques évidentes, le pétrole, imposa ce système de pensée à partir des années 50. Le mouvement, on le voit, est paradoxalement très moderne alors qu'il se réclame d'un retour au véritable Islam : charia, femmes soumises, pure invention bien entendu mais qui s'est traduit par des sociétés musulmanes traditionalistes : fin du droit des femmes, ce qui n'était pas le cas auparavant, retour à la polygamie, auparavant rare, et ce genre de choses sympathiques. Ce système de pensée religieuse, étendu par un pouvoir financier considérable, tend aujourd'hui à polluer la pensée sunnite. Les financements de mosquées et de fondations religieuses wahabites et salafistes est un fait. Les riches saoudiens ont en effet souvent achetés des indulgences, suite à des entorses à la loi musulmane, pour financer justement ce système et ce jusqu'au terrorisme. La raison est cependant bien plus pragmatique que la religion, qui est un instrument de domination. Il s'agit de concurrencer l'Iran chiite, rival de l'Arabie et donc de contribuer à la victoire du sunnisme.

Salafisme : Une branche radicale du sunnisme, proche du wahabisme, voire confondu avec lui, centré sur le Coran et la Sunna. C'est le mouvement officiel des groupes djihadistes comme Al Quaida ou Daech.

Djihadisme : Le djihad est une notion religieuse complexe. Il ne s'agit pas de nécessairement faire du terrorisme. Le djihadisme appelle tout simplement à la lutte. La notion est dévoyée par des groupes terroristes islamistes qui l'utilisent pour justifier leurs actions au nom d'une guerre sainte. Le terrorisme islamiste est du djihadisme mais le djihadisme n'est pas nécessairement du terrorisme. Prêcher la guerre ou la lutte, contre un ennemi très divers, en droit, ne suffit pas à faire de soi un criminel. Entre dire et agir il reste une nuance qu'il faut absolument conserver.

Islamisme : c'est la traduction politique de l'Islam. Donc, l'Islam n'est pas l'islamisme. Puisqu'on peut croire par exemple et vivre sous la loi française. Lorsque l'on vit sous une loi islamique, la Charia, on est dans un état islamique et quelque part théocratique (gouverné par des principes religieux). La charia, est cependant très fluctuante et est l'objet d'une instrumentalisation politique et n'est pas si catégorique qu'on le croit.

Charia : ensemble de préceptes qui codifient la vie publique et privé du musulman. Elle varie selon les époques, les religions, les types de confession musulmane. La charia ne prône pas nécessairement la polygamie ou le port du voile. Ce n'était pas le cas jusqu'à assez récemment. L'interprétation de la charia est un donc un enjeu politique pour les islamistes, car un enjeu de pouvoir. On peut ainsi imposer ses vues de la charia à une nation ou un peuple, ce qui peut être terrible si cette intérprétation est radicale (c'est le cas dans le salafisme). Historiquement, la charia n'est pas une nécessité pour les musulmans. L'émergence au 19ième siècle d'un droit civil dans les pays musulmans montre que le musulman peut être croyant sans respecter tous les préceptes de la charia, et en se pliant à des lois nationales étatiques modernes (c'est le cas en Tunisie, au Maroc, etc... et dans de nombreux pays). Pour les salafistes et les islamistes, ceux qui ne respectent pas la charia sont de mauvais musulmans.

Les Frères musulmans : il s'agit d'un mouvement politique, mais surtout d'une société secrète à l'origine avec des organes militaires et politiques. Il s'agissait de promouvoir une renaissance musulmane (Nahda) mais en réalité l'instauration d'un califat. Il est soutenu par des classes moyennes et populaires. Aujourd'hui il a abandonné, officiellement,ses désirs de violence pour souhaiter une démocratie pluraliste musulmane. En Syrie est soutenu par Istanbul où il a son siège et financé par le Qatar et les pays du Golfe, montrant le jeu d'alliance que nous avons décrit précédément. Erdogan, le président de la Turquie actuelle est lui-même issue de cette mouvance au sein de son parti politique. Cela le rapproche, dès lors, de mouvements djihadistes. Pour autant, Erdogan est aussi un réformateur. Il considère, par rapport à d'autres partis des Frères Musulmans que la démocratie et le libéralisme sont comptatibles avec l'Islam. Il est donc un paraxode, qui pourrait se résumer dans la formule suivante : un kémalisme islamiste, c'est-à-dire un état séculaire moderne mais religieux traditionaliste. Les frères musulmans ont été très sévèrement réprimés par la famille Assad, il n'est pas étonnant de les voir aujourd'hui lutter et plus encore être soutenus par la Turquie contre Assad. 

La Ligue Arabe : une organisation sous l'égide de l'ONU qui lie les intérêts de plusieurs états arabes dont la Syrie, l'Irak, l'Arabie.... On en voit tout l'échec aujourd'hui. La Turquie n'est pas dedans car la Turquie n'est pas arabe, arabe étant une ethnie, qui va du Maroc à l'Irak. Les arabes et les turcs dans l'histoire se sont détestés cordialement, sous l'Empire ottoman notamment.

Les Turcs : les turcs sont avant tout un peuple, une ethnie. En cela, ils diffèrent des arabes. Voilà pourquoi si arabes et turcs sont sunnites, de la même branche religieuse de l'Islam ils sont aussi dans un rapport de force et dans une certaine forme de détestation.

Les Arabes : peuple originaire de la péninsule arabique, celle que l'on connaît avec ses tribus et ses familles issues de la Mecque, de Médine, etc... Considéré pendant longtemps comme des barbares aux yeux du peuple turc, durant l'Empire Ottoman en particulier, les Turcs s'estimant civilisé. Aujourd'hui le nationalisme prime sur l'ethnie. Ainsi, si des pays comme l'Egypte sont arabes, ils n'en sont pas moins rivaux avec d'autres pays arabes comme ceux de la Péninsules Arabiques.LChiisme : l'autre branche famille de l'Islam. Bachar El-Assad, à la tête de la Syrie est un chiite alaouite (une branche sectaire du chiisme). Le grand pays chiite est l'Iran, mais on retrouve aussi une grosse minorité chiite en Irak et jusqu'au Liban où le Hezbollah libanais est un mouvement armé chiite et allié depuis longtemps avec l'Iran. Le chiisme et le sunnisme ont souvent conduit à des guerres de religions et c'est encore le cas aujourd'hui.

Soufisme : une des branches de l'Islam considérée comme détestable par les djihadistes de Daech. Elle se fonde avant tout sur un universalisme et une philosophie spirituelle. Elle n'est pas une branche à proprement parlé de l'Islam mais une sorte de mouvement spirituel transcendant.

Parti Baas : socialisme et nationalisme panarabique, c'est à dire la création d'un état arabe laic unifié. En effet, les baasistes pensent que seule la laicité pourra unir les musulmans, ces derniers étant confessionnallement trop divisés. Ce parti était celui de Saddam Hussein en Irak et de Bachar El-Assad en Syrie.

Alaouites : c'est l'ethnie religieuse dont Bachar el-Assad est issue. Elle est une forme de peuple au sein de la Syrie, montrant encore une fois la complexité ethnique et confessionelle de ce pays. Il se raccrochent au chiisme mais ce n'est pas toujours le cas, ce qui complexifie encore les choses.

Druzes : minorité musulmane hétérodoxe du Mont Liban, une des nombreuses minorités religieuses du Liban. On les trouve aussi en Syrie ou en Israel.

Maronites : chrétiens proches du Saint-Siège, plus forte communauté chrétienne du Liban.

Kurdes : les kurdes sont une nation sans état et probablement le plus grand peuple sans structure étatique (on dénombre entre 30 et 35 millions de kurdes). Ils sont répartis actuellement sur un territoire allant de l'est de la Turquie au sud de la Russie, passant par le nord de la Syrie et de l'Irak. En Syrie, jusqu'à présent ils n'avaient pas de problèmes. En Irak en revanche, ils avaient obtenu suite à l'intervention des Etats-Unis une sorte de région autonome. En Turquie, en revanche, ils ont toujours été détesté par les turcs. Pour en comprendre l'origine il faut revenir aux débuts de la Turquie, c'est-à-dire à la fin de la Première Guerre Mondiale. Les accords Sykes-Picot, qui donnaient à la France la Syrie et le Liban, anciennes régions de l'Empire ottoman totalement détruit et vaincu à la fin du conflit et qui donnaient aux anglais la Palestine et l'Irak avaient aussi prévu un état kurde au sud de la Turquie, le Kurdistan. Seulement, les turcs, sous l'égide de Mustafa Kemal se réunifiaient sous un état moderne, républicain et laic. Ainsi, la Turquie retrouva un peu d'envergure territoriale et les Occidentaux n'eurent rien à dire car l'Etat turc promettait une vraie stabilité. Le problème kurde est donc un problème aujourd'hui non résolu.

Le PKK : Parti des Travailleurs du Kurdistan. C'est un parti marxiste-léniniste classé aujourd'hui comme groupe terroriste par les autorités internationales. Il est l'une des branches armées des nationalistes kurdes au nord de la Syrie mais aussi en Irak et en Turquie. Bien que nous ne l'aidons pas officiellement, ils représentent aujourd'hui une alternative politique en Syrie. Ils sont également soutenus par les Russes. Il est l'un des principaux ennemis de Daech et du régime de Bachar El-Assad. Les combattants kurdes sont appelés Peshmerga, nottament en Irak. On entend souvent ce terme dans les médias.

Les Yézidis : méconnue, cette minorité est en fait une religion à part entière, groupe d'ethnie kurde dont la religion est zoroastrique monothéiste et qui remonterait à 7000 ans. Ils sont la cible d'exaction de toutes parts et de massacres depuis le début du conflit. Les kurdes n'ont pu les aider lors de la prise de Sinjâr, une ville du nord de l'Irak où ils sont très nombreux par l'Etat Islamique. Leur rôle reste cependant mineur et il est à fort à parier qu'ils tomberont dans l'oubli lors du redessinage de la région.

Al-Quaida : largement connue en Occident il s'agit de la branche armée formée par Ben Laden et d'autres partisans. Si Daech en est la petite soeur en quelque sorte, il est à noter que les deux organisations sont en guerre ouverte et en concurrence. C'est le cas du Front Al-Nostra, apparu pendant la guerre en Syrie et qui s'est battu frontalement avec Daech.

Daech ou EI ou encore ISIS : si, comme Al-Quaida, ce mouvement est un mouvement djihadiste salafiste et qu'il vise aussi l'instauration d'un califat, il est le seul à avoir une vraie emprise territoriale et une administration, une armée et des services publics. C'est pour cela qu'on parle d'Etat Islamique. Etat très riche, il n'en demeure pas moins très contesté. Il vit essentiellement, non pas du pétrole, qui est un marché fragile mais d'exactions, de trafics et de pillages en tout genre (le traffic concerne les armes, les antiquités, la prostitution, la drogue...). Son objectif est de créer un état islamique dont la tête serait un califat, en l'occurrence le calife Bagdadi, un irakien qui avait fait ses armes à Al Quaida. Il ne faut pas croire que les étrangers notamment francais sont le cœur de l'organisation. Ils ne sont qu'une périphérie, les bras armées d'un pouvoir aux mains d'une poignée d'Irakiens. De plus, les attentats de Paris ne sont que de la poudre aux yeux. Si nous sommes les ennemis de Daech c'est que nous nous sommes autoproclamés comme tels. Certes, ils ont affirmé vouloir voir Rome tomber dans un communiqué récent mais ils n'ont en pas les moyens. Nous sommes leur ennemi juré mais ils ont bien d'autres préoccupations car, bien qu'ils haïssent l'Occident, les objectifs de Daech sont d'abord régionaux, éradiquer les mouvements chiites et tous les "faux musulmans"(soufis, etc...), détruire le régime Saoudien, qui, si il l'a vu naître n'en est pas moins le possesseur des lieux saints que l'EI convoite. Daech est un monstre qui échappe à tout contrôle. Il organise son expansion et son traffic sur trois points : l'Arabie, la Turquie et la Jordanie et pour le vaincre il faudrait fermer tous les points de passages. Daech veut aussi atteindre la mer, avoir un débouché sur la Mediterrannée, ce qui serait dramatique, cette mer étant pour l'instant pacifiée.

Sunna : L'ensemble des pratiques de l'Islam dites dans le Coran et appliquées par le Prophète dans sa vie (les Hadith). Ces applications pratiques varient évidement selon les interprétations. La Sunna c'est la base du sunnisme, fondé sur la pratique d'un Islam basé sur les faits et gestes de Mahomet.

Hadîth : recueil des traditions faites par le Prophète durant sa vie. Ces traditions font partis, avec le Coran, de la Sunna.




________________________________________________________________





 

 

La géopolitique du moyen orient expliquée à Hollande, Fabius et autres imposteurs qui nous gouvernent

 

Qu’est-ce que l’EI ?
L’EI n’est pas une simple organisation terroriste de plus. En effet, derrière la façade islamiste se cache une structure bien pensée, très organisée et capable d’agir suivant plusieurs dimensions :
– Militaire : les combattants sont encadrés très efficacement par des anciens cadres de l’armée de Saddam Hussein
– Idéologique : ils empruntent l’idéologie salafiste pour s’assurer du soutien des sunnites radicaux
– Financement : l’EI contrôle une partie des puits de pétrole irakiens et syriens qui lui assurent des revenus conséquents avec la complicité de la Turquie et des occidentaux
– Recrutement : l’organisation recrute au moyen orient et également dans le reste du monde pour renforcer son armée et remplacer ses pertes
– Communication : une habile propagande jihadiste à tendance « gore » attire de nombreuses recrues à travers les réseaux sociaux
Cet organisation est apparue en 2006 en Irak à la suite de la destruction de ce pays par les américains, elle se propage depuis plusieurs années dans les pays voisins. Les sunnites du nord de l’Irak, laissés pour compte par le pouvoir chiite issu des urnes constituèrent un terrain favorable pour la genèse de ce mouvement.
La complicité active de certains pays du golfe est avérée, l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie leur fournissent du matériel, des armes et de la logistique.

Cet organisation a ensuite été rejointe par des groupes extérieurs [3] :
– environ 5000 wahhabites saoudiens
– des talibans
– des combattants tchétchènes venus de Russie
– de nombreux jihadistes recrutés au moyen orient et accessoirement en occident dont nos fameux « crétins des banlieues »

L’EI, avec la peur engendrée par son ultra-violence a rapidement conquis de grandes portions de l’Irak, bien aidé si l’on peut dire par l’inefficacité chronique de l’armée régulière irakienne formée par les américains.

En terme d’effectifs, le chiffre de 30 000 jihadistes annoncé par les médias est ridicule, il est clair qu’on ne tient pas l’équivalent d’un pays avec un si petit nombre, le chiffre réel des combattants est probablement au moins 10 fois supérieur [4].

L’EI a enfanté de nombreuses filiales à l’étranger
Donnée fondamentale, l’EI apparu en Irak, a été rejoint par plusieurs organisations islamistes internationales qui lui ont prêté allégeance. Ainsi, la Libye (n’ayant plus d’état), l’Égypte, le Yémen, le Caucase (Tchétchénie), la Tunisie, l’Algérie, l’Afghanistan et même l’Arabie Saoudite ont vu l’apparition de « filiales » de l’EI venus renforcer la puissance de cette organisation.

Une armée d’invasion organisée et la complicité active de la Turquie
Profitant d’un début de guerre civile en Syrie, l’armée de l’EI a passé la frontière syrienne et a décidé d’étendre le jihad dans ce pays. Cette dernière s’est emparée de puits de pétrole dans le nord/ouest de la Syrie, elle vend cet or noir à une compagnie anglo-turque qui l’écoule à son tour (blanchi) sur le marché international.

La Turquie, membre de l’OTAN, en discussions pour entrer dans l’UE et dans l’OCS, joue donc un double jeu voire même un triple jeu dans cette région.

Le SU24 russe lâchement abattu par la chasse turque dans le ciel syrien sous prétexte de viol de son espace aérien (*) donne une idée du camp choisi par Erdogan, le dirigeant islamiste turc : celui de l’état islamique.
Cette agression constitue un acte de guerre avéré de la part d’un pays de l’OTAN envers la Russie.

(*) La Turquie de son coté ne se prive pas de violer réellement l’espace aérien grec

Le terrorisme international au service de la stratégie de l’EI
Les islamistes et en particulier l’EI, sont à l’origine des principaux actes terroristes commis dans le monde, avec bien entendu les attentats récents à Paris. On nous répète que les principales victimes du terrorisme islamique dans le monde sont des musulmans en général chiites, cela est exact, mais il ne faut cependant pas oublier les assassinats massifs de chrétiens dans les zones d’influence des islamistes.

Ce qui précède montre que l’EI n’est pas qu’un simple groupe terroriste, mais une organisation sophistiquée avec de gros moyens déployés suivant plusieurs axes. Cela induit donc un certain nombre de questions sur cette organisation ainsi que et sur ses alliés. En effet, le soutien des Saoudiens, du Qatar et de la Turquie suffit il à expliquer la puissance de cette entité ? (*)
En effet, un certain nombres d’analystes [4][5] considèrent qu’à l’instar d’Al-Qaïda, l’EI serait une création de la CIA dont les 2 objectifs initiaux étaient :
(1) de couper la route à l’Iran pour stopper leur aide militaire au Hezbollah libannais, un des rares mouvement capable de résister militairement à Israel .
(2) d’entrer en guerre contre Bachar el-Assad pour le destituer
Le fait que l’ancien candidat républicain à la présidence US John Mc Cain aie reconnu sur Fox News être en contact permanent avec l’EI va dans le sens de cette assertion.

(*) Voir les analyses du criminologue Xavier Raufer, article et interview.

Ces considérations liées à la religion étant posées, il existe un facteur majeur sans lequel le moyen orient ne ferait jamais l’actualité à travers les guerres permanentes qui s’y déroulent.
Ce dernier concerne bien évidemment la présence abondante de matières premières stratégiques pour toute la planète dans le sous-sol de cette région.

Le problème des matières premières : pétrole et gaz.
Avec les 2/3 des réserves mondiales de pétrole et 40% de celles de gaz, on comprend que cette région attise les convoitises des nations industrialisées très importatrices de ces ressources.

La plus grande partie des réserves pétrolières de la région sont concentrées dans 4 états (classement indicatif) :
– Arabie Saoudite : 1ières réserves mondiales
– Iran : 2e
– Irak : 4e
– Koweït et Émirats arabes : 5e

A noter que la Syrie possède une position stratégique pour le transport du gaz vers la méditerranée [6].

Petrole en orient-cut

PARTIE 2 : L’INTERVENTIONNISME DES ÉTATS-UNIS AU MOYEN ORIENT

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale les États-Unis sont en quête d’hégémonie sur toute la planète. Au vu des immenses réserves de pétrole présentes au moyen orient, ils ne pouvaient que devenir la principale puissance étrangère intervenant directement ou indirectement dans cette région.

La stratégie mondiale des États-Unis
Après une quarantaine d’années de bi-polarité partagée avec l’URSS, les États-Unis se sont retrouvés pour un temps dans un contexte unipolaire après la chute de leur rivale au début des années 1990. Le pays s’est alors doté d’une nouvelle stratégie, centrée sur un modèle géopolitique, pour conserver sa suprématie toute récente .

 

La géopolitique est une discipline dont les bases furent inventées par Mackinder et Spykman dans la première moitié du 20e siècle. En synthèse, le modèle Mackinder prédit que si une puissance réussit à unifier l’Europe de l’ouest et l’Europe orientale, alors cette dernière dominera le monde.
Les américains doivent donc l’empêcher.
Pour ce faire, la première étape est de constituer une doctrine avec des ennemis créés de toutes pièces. Ce fut l’objectif des travaux de Brzesinsky, du PNAC et autres concepts dechoc de civilisations.

En résumé, pour garder leur suprématie, les États-Unis doivent atteindre 4 objectifs :
1) conserver leur large supériorité militaire mondiale
2) prendre le contrôle des matières premières
3) empêcher par domination ou confinement d’autres états ou alliances d’états, d’atteindre un niveau de puissance comparable
4) Convaincre les opinions publiques de leur bonne foi

Aspect militaire
Le budget de la défense US, largement auto-alimenté par l’influence de leur complexe militaro-industriel est de loin le plus important de la planète. Il leur permet une suprématie militaire offensive quantitative dans tous les domaines.
Ce point mérite cependant un bémol, en effet, les Russes possèdent une stratégie inverse, à savoir défensive et leur technologie dans ce domaine est supérieure à la technologie offensive des américains [4].

Le contrôle des matières premières et des pays du moyen orient
Dès la fin de la seconde guerre mondiale, les États-Unis se sont alliés pour une durée de 60 ans renouvelables à la théocratie islamiste (*) d’Arabie Saoudite (1ière réserve de pétrole mondiale) lors du fameux pacte scellé sur le croiseur US Quincy en 1945 par F.D. Roosevelt.
Ce pacte comportait la sécurité en approvisionnement pétrolier pour les américains en échange de leur protection militaire.
Après cette alliance de longue durée avec le premier producteur mondial de pétrole et lorsque la superpuissance rivale eut disparu, la « destinée manifeste » des américains les conduisit naturellement à tenter la prise de contrôle quasi totale du moyen orient. D’autant que les régimes laïcs de cette région (Libye, Irak, Syrie) plutôt orientés pan-arabes représentaient une menace pour l’allié numéro 1 Israël [6].
Toutes ces raisons justifiaient donc la volonté de remodelage militaire du proche orient des années 2000 lancées sous l’ère W. Bush et poursuivies plus tard par des états clients des américains : France et Grande Bretagne.

(*) Le régime Wahhabite de l’Arabie Saoudite est une théocratie barbare basée sur une application stricte du salafisme . Ce dernier a inspiré l’idéologie affichée par l’état islamique. Les princes saoudiens financent le terrorisme islamiste international et fournissent l’État islamique en armes, principalement américaines et françaises . La France a également livré directement des armes aux islamistes, en particulier de puissants missiles antichar Milan se sont retrouvés aux mains d’Al-Nosra.

Les États-Unis sèment la zizanie en Europe
Conformément à la doctrine Mac Kinder, la stratégie des États-Unis pour l’Europe occidentale est d’éviter à tout prix une alliance de cette dernière avec la Russie.
Le premier axe de cette stratégie fut donc de vassaliser l’Europe de l’ouest avec un protectorat militaire (OTAN), un contrôle politique total (Union Européenne) et économique en cours de finalisation (TAFTA).
. Le second axe fut donc de diaboliser la Russie afin de faire croire aux populations occidentales que le régime de son président est de type dictatorial expansionniste même si les faits démontrent exactement l’inverse.

Contenir les puissances émergentes : BRICS
Les puissances émergentes BRICS, plus particulièrement Russie et Chine ayant une puissance militaire en pleine croissance doivent absolument être confinées (containment) par tous les moyens afin de les empêcher de peser significativement sur la géopolitique de la planète.
Cette stratégie, associée à la vassalisation de l’Europe aux États-Unis et plus récemment de la France [7], explique le « Poutine bashing » récurrent dans la classe dirigeante et dans les médias mainstream, propriétés de l’oligarchie.

La stratégie des États-Unis appliquée au moyen orient
Les objectifs des États-Unis étant clairement définis, il ne restait plus qu’à les réaliser.
D’après le modèle de propagande établit par Noam Chomsky [8], dans un état démocratique, il faut faire adhérer les populations à une politique donnée grâce à la « fabrication du consentement ».
En 2000, d’après le rapport du PNAC (déjà cité), il ne manquait plus qu’un casus belli pour lancer les premières opérations militaires. Ces dernières étaient destinées à atteindre l’objectif de maitrise des ressources en matières premières du moyen orient.
Par un coup de chance phénoménal (*), moins d’un an après, les attentats du 11 septembre fournirent une magnifique opportunité.
Quelques jours après la chute des 3 tours, on apprend avec stupeur que les plans d’attaque pour intervenir militairement contre 7 pays du moyen orient étaient déjà prêts.
Cette information capitale fut révélée en 2007 par le général américain Wesley Clark :


https://youtu.be/vE4DgsCqP8U

D’après le général Clark, la liste des états à « traiter » était la suivante : Iraq, Lybie, Iran, Syrie, Liban, Somalie, Soudan.

(*) rappelons que la version officielle, toujours non prouvée, du complot exogène d’Al-Qaïda renferme d’innombrables incohérences et questions sans réponses.

2003-2008, L’ère W. Bush la grande déstabilisation du moyen orient
L’invasion de l’Afghanistan en réponse au 11/9 puis celle de l’Irak à la suite du célèbremensonge historique de Colin Powell à l’ONU, a donc initialisé le processus de remodelage à l’américaine du moyen orient.
Le résultat de cette brillante stratégie fut rapidement visible avec la reprise du pouvoir en Afghanistan par les talibans et l’apparition de l’EI en Irak.
Comme on l’a vu précédemment, l’EI s’est alors étendu comme sous la forme de métastases afin de recréer un califat au moyen orient, avant vraisemblablement de s’attaquer au reste de la planète.

Malgré ces échecs, quelques années après en 2011, un « coup » similaire révélé par Roland Dumas (*) se préparait en Syrie :


https://youtu.be/Is8o-wiRY4s

(*) Interview sur Radio Courtoisie en octobre 2013.

La Syrie, dans le collimateur des euro-atlantistes
Durant des siècles, la minorité alaouite de Syrie, une branche du chiisme, n’avait subi que persécutions de la part de la majorité sunnite. En 1970, cette situation changea avec la prise de pouvoir de l’alaouite Hafez El Assad à la suite d’un coup d’état [6]. Ce dernier réussit à stabiliser politiquement le pays grâce à un régime autoritaire qui réussit à contenir par la fermeté les premières tentatives de rébellion islamistes.
Depuis 2000, la Syrie est gouvernée par le président Bachar el-Assad qui succéda à son père après sa mort.
Le régime de Bachar est de type laïc et pan-arabe [6].
Il possède le soutien de facto des alaouites, des druzes, des chrétiens et également de nombreux sunnites puisque ces derniers sont traités à égalité des autres citoyens grâce à la laïcité.

La Syrie est aujourd’hui sur l’agenda des euro-atlantistes pour au moins deux raisons liées à l’énergie [6].
En effet, il existe un projet de gazoduc pour transporter le gaz du Qatar vers la méditerranée afin de fournir l’Europe et rendre cette dernière moins dépendante du gaz russe.
Ensuite, de très importants gisements de gaz (offshore et onshore) auraient été découverts en Syrie, ce qui attise la convoitise des compagnies occidentales.
Et puisque Bachar el-Assad, très lié avec les Russes, refuse le projet de gazoduc, il faut donc que ce dernier quitte le pouvoir.
Le départ exigé d’Assad n’a donc évidemment rien à voir avec de quelconques raison humanitaires.

Depuis 2011, la Syrie est donc victime d’un embargo occidental très dur pour la population. Ce dernier étant justifié par un storytelling prétendant qu’une révolution populaire démocratique était réprimée par le pouvoir et qu’une guerre civile venait de commencer.
Contrairement à ce que prétend cette propagande occidentale, la guerre civile en Syrie n’a pas commencé en 2011 [6].
En effet, cette dernière a commencé en 1980 lorsqu’un commando des frères musulmans s’est introduit dans l’école d’officiers d’Alep et a exécuté les élèves alaouites (chiites) en épargnant les sunnites.
Ce massacre n’est que l’application d’une ancienne fatwa émise au 14e siècle par le salafisteIbn Taymiyya contre les alaouites.
Cet attentat sanglant avait été fermement réprimé en 1982 par l’oncle de Bachar avec la destruction de la ville de Hama, fief de cette confrérie.
Les affrontements n’ont dès lors jamais cessé, mais les médias occidentaux ne s’y sont pas intéressés jusqu’en 2011.

Le 15 mars 2011, la manifestation d’une poignée d’opposants au régime est montée en épingle par les médias occidentaux qui tentèrent de nous faire avaler un nouveau printemps arabe. Cette propagande médiatique fut une sorte de répétition avant celle qui allait suivre en Ukraine en janvier 2014 [2].

La Syrie est en guerre (et non pas en guerre civile)
Progressivement, des mouvements salafistes prennent les armes contre le régime et en particulier Al Nosra la branche syrienne d’Al-Qaïda, soutenue militairement par les saoudiens, les qataris, la Turquie et…la France !

Cette guerre civile s’est rapidement transformée en guerre tout court.
En effet, hormis le soutien actif de puissances étrangères, le conflit s’est internationalisé avec l’entrée en lice de l’État Islamique d’Irak (EII) en 2012, ce dernier se rebaptisa État Islamique (EI).
Les motivations déclarées par l’EI sont de considérer la conquête de territoires en Irak et en Syrie comme la renaissance du califat Ottoman né au 16e siècle, age d’or du pouvoir islamiste dans la région [6].
Cependant, si l’EI est bien une création de la CIA, les vraies raisons de son intervention en Syrie, liées à la stratégie américaine, ont déjà été évoquées.

En Syrie, les forces en présences sont aujourd’hui au nombre d’environ 80 groupes armés différents !
Le moins que l’on puisse dire est que la situation s’est grandement complexifiée

Anti ISIS coalition

Ces derniers sont constituées d’un coté par les alliés du gouvernement Syrien : Iran, Irak, Russie et Hezbollah Libanais.
En face, l’EI et Al-Qaïda forment les groupes les plus puissants épaulés par les Saoudiens, qataris et turcs (membres de l’OTAN).

Selon l’observatoire Syrien des droits de l’homme, un organisme proche des frères musulmans, ce qui est appelé la répression (*) aurait fait plus de 200 000 morts civils.
Ce chiffre, largement repris par les propagandistes est sans doute en dessous de la réalité [4], cependant, il englobe tous les morts de cette guerre. D’abord, les combattants des différentes armées (les pertes du seul régime sont estimées à 100 000) et groupes paramilitaires divers, les nombreux morts civils assassinés par les islamistes (décapitations, égorgements,…) et bien sur les morts civils collatéraux liés aux offensives de l’armée syrienne.
La désinformation médiatique occidentale laisse entendre que 100% des tués sont des civils victimes de l’armée de Bachar el-Assad…

(*) Le terme répression est il bien choisit dans le cas où un état souverain lutte contre des forces d’invasion islamistes de tout poil ?

Comment mener une guerre en zone urbaine ?
Puisque l’on aborde la question des morts dus à cette guerre, il faut évoquer le problème de la libération d’une zone urbaine pénétrée par des jihadistes.
Observons d’abord les moyens mis en œuvre par la France à Saint Denis pour arrêter les quelques survivants du groupe terroriste responsable du massacre parisien.
Pas moins de 110 hommes du RAID et de la BRI auxquels se sont ajoutés 50 militaires ont été nécessaires pour déloger une poignée de terroristes certes bien armés.
Le résultat est parlant, plus de 5000 munitions tirées par les forces de l’ordre et un immeuble partiellement détruit.

Analysons maintenant le contexte syrien.

Ce pays possède d’importants fiefs salafistes dont les effectifs sont de plusieurs milliers de terroristes potentiels. Ces derniers lancent à tout moment des opérations sanglantes contre les civils en Syrie à l’image de ce que l’on a vécu à Paris le 13 novembre dernier.
La question est donc de déterminer comment l’armée régulière d’Assad peut déloger un groupe de plusieurs centaines de terroristes armés installés dans une zone urbaine sans faire de victimes civiles.
La réponse est simple, c’est impossible [4].
Il n’y a pas d’autre choix que de détruire la zone urbaine avec hélas tous les dégâts collatéraux que l’on imagine.

Ces questions se sont également posées durant la seconde guerre mondiale et les alliés n’ont pas proposé d’autres solutions que des bombardements urbains massifs pour vaincre les nazis.
L’exemple historique de la bataille de Stalingrad illustre également parfaitement cette problématique.

On voit aujourd’hui les américains et leurs affidés donner des leçons de morale au régime syrien.
Ces derniers sont particulièrement mal placés au vu de la longue liste des victimes civiles faites sur sol étranger par leur armée depuis 60 ans (Vietnam : 4 millions, Irak : entre 0.5 et 1 million, etc).

L’illusion d’une opposition modérée
En ce qui concerne les atlantistes, l’objectif est de faire chuter le régime d’Assad par procuration en fournissant de l’aide en armements et logistique au groupe Al Nosra, prétendument « islamiste modéré », oxymore inventé pour la circonstance.
Un autre groupe nommé « armée syrienne libre » ou ASL constitué à l’origine par des déserteurs de l’armée régulière syrienne est supposé représenter une alternative démocratique au régime d’Assad. Cependant, si cette mouvance possède bien une représentation diplomatique, elle n’a en revanche quasiment aucune infrastructure de commandement militaire centralisée et légitime.

La coalition occidentale en guerre contre les islamistes ?
La coalition menée par les États-Unis contre l’état islamique d’abord en Irak puis en Syrie a démarré son action depuis plus d’un an. La stratégie de cette dernière est principalement basée sur des frappes aériennes des forces de l’EI.
Ces dernières ne semblent pas avoir obtenu beaucoup de résultats, puisqu’au contraire, l’état islamique relativement contenu en Irak a conquis plus des 2/3 du territoire syrien.
Ces frappes semblent donc plus destinées aux opinions publiques et à occuper le terrain médiatique plutôt que celui conquis par l’EI.
Cela s’explique d’ailleurs par le seul objectif politique annoncé par les américains et leurs vassaux qui est la destitution de Bachar el-Assad. La destruction des islamistes entre alors en contradiction avec cet objectif, en effet, il suffit d’attendre que ces derniers fassent le boulot.
Hélas pour eles américains, cette brillante stratégie fut remise en cause par l’intervention Russe d’octobre 2015.

La stratégie Russe est en revanche claire et rationnelle.
Cette dernière consiste à affaiblir les islamistes (EI et Al Nosra) par des frappes aériennes massives et la destruction de leurs ressources, pour permettre à l’armée régulière syrienne de reprendre le terrain.
Après 2 mois d’intervention, les premiers résultats sont sans comparaisons avec ceux de la coalition américaine.

PARTIE 3 : LA FRANCE, NOUVEAU VASSAL DES ÉTATS-UNIS

Depuis 2007, la France de Sarkozy s’est totalement vassalisée aux États-Unis. En particulier, au niveau militaire, le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN fut un geste fort de soumission à Washington [7].
Les échecs systématiques de la politique militaire américaine auraient du sembler évidents à tout le monde mais cela n’a pas empêché Sarkozy et Cameron d’appliquer, sur la « suggestion »de Washington (*), cette dernière en Libye.
Ce comportement effarant n’est pas sans rappeler celui de la politique économique où nos dirigeants semblent croire qu’en appliquant encore et encore les mêmes recettes, on finira par obtenir un résultat différent.
Rappelons une fois de plus la citation d’Albert Einstein :
“La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent.”

(*) Les américain, de plus en plus impopulaires dans le monde, sous-traitent les interventions militaires à leurs vassaux.

La « nouvelle » France, 100% atlantiste entre dans le jeu
En 2011, la Libye était un état laïc et stable.
C’est à cette date que Sarkozy avec son mentor le grand penseur BHL tentent de faire croire à l’opinion française qu’une révolution colorée vient de se produire, et que cette dernière est réprimée sauvagement par le colonel Kadhafi.
Outrepassant la résolution 1973 de l’ONU, l’aviation anglo-française détruit l’infrastructure militaire du dirigeant libyen, entrainant sa chute avec celle de tout l’appareil d’état libyen. Comme en Irak 8 ans avant, le champ était libre pour les islamistes.
Sarkozy a donc contribué à la création d’un nid d’islamistes en Libye malgré les exemples encore fumants de l’Afghanistan et surtout de l’Irak (un autre ex état stable et laïc) où les mêmes causes avaient produits les mêmes effets.

Un enfant de 6 ans aurait été en mesure de comprendre avec 2 exemples aussi flagrants que toute intervention occidentale destinée à établir la « démocratie » dans un pays qui n’y est pas préparé se traduit par la prise de pouvoir de religieux islamistes extrémistes.

C’était semble t’il trop compliqué à comprendre pour le successeur « socialiste » de Sarkozy et son brillant ministre des affaires étrangères Fabius

Le « cas » Fabius
Nous pensions avoir touché le fond avec Kouchner, le ministre des affaires étrangères de Sarkozy. C’était sans compter avec le talent de François Hollande pour dénicher les apparatchiks les plus incompétents du sérail « socialiste ».
Laurent Fabius choisit systématiquement la pire option lors de chacune de ses prises de positions. Il est censé suivre la politique étrangère définie par le président, à moins que ce ne soit l’inverse.

Commençons par rappeler les top 3 des déclarations de Laurent Fabius :

  1. « Ils (Jabhat Al-Nosra) font du bon boulot » – Le Monde, 13/12/2012
    Rappelons qu’Al-Nosra est la branche syrienne d’Al-Qaïda désigné par W. Bush comme responsable des attentats du 11 septembre. Donc, Mr Fabius fait l’apologie du terrorisme et considère que ceux qui ont détruit les tours jumelles font du bon boulot.
  2. « Bachar El Assad ne mériterait pas d’être sur terre » – En visite en Turquie dans un camp de réfugiés – 17/12/2012
    Appel à l’assassinat du dirigeant d’un état souverain en guerre contre des islamistes…
  3. « Le parti Svoboda (Ukraine) n’est pas d’extrême droite » – France inter – 11/03/2014
    Le parti Svoboda est un parti ouvertement néo-nazi. Pour Fabius, il s’agit d’un parti de droite relativement modéré.

Vous ne rêvez pas, ces propos furent bien le fait du ministre des affaires étrangères en exercice dans notre pays.
Le fait que Fabius n’ait pas été remercié immédiatement, ni poursuivi en justice (*) après de telles déclarations n’est pas simplement scandaleux en soi, mais également profondément honteux pour l’image et la crédibilité de la France à l’étranger.

(*) Il serait opportun qu’un juriste vérifie si ces propos ne tombent pas sous le coup des article 421-2-5 et 121-7 du Code pénal pour apologie du terrorisme et appel au meurtre.

Quand l’état refuse la liste des jihadistes français
Il semblerait par ailleurs qu’en 2013, la Syrie aie proposé à l’état français une liste des jihadistes français présents dans ce pays. Cette affaire a été révélée par Bernard Squarcinil’ancien patron de la DST/DCRI.
Manuel Valls aurait donc refusé cette liste sous la pression de Fabius (encore lui), car les Syriens demandaient en échange la coopération entre les deux services de renseignements.
Ce sujet de la dimension d’un scandale d’état n’a évidemment pas fait la une des grands journaux, sans doute ont ils estimés qu’il s’agissait d’une information mineure.

« Bachar doit partir »
Personne en revanche ne peut reprocher au gouvernement français d’avoir une politique absconse pour ce qui concerne la Syrie.
Cette dernière tient en 3 mots : « Bachar doit partir » !

C’est lisible certes, mais un peu court.
Depuis des mois, on n’entend plus que cette antienne gouvernementale sur toutes les ondes. Puisque l’élite le dit, alors examinons ce scénario d’un peu plus près.

Le scénario du départ de Bachar el-Assad
Certains pays du Maghreb et du moyen orient ont vécu des changements de régime ces dernières années. Dans certains cas,des mouvements populaires plus ou moins spontanés ont imposé le départ du dirigeant en place et la tenue d’élections (Tunisie, Égypte).
Et le résultat fut le même dans tous les cas de figure, c’est le groupe dominant ou le mieux implanté dans le pays qui a pris le pouvoir, à savoir les islamistes.
Il suffit d’examiner quelle est l’entité la plus puissante en Syrie, la réponse que personne ne conteste est qu’il s’agit de l’état islamique ou EI.

En Syrie, nous avons vu qu’il n’existe aucune alternative politique crédible au président actuel.
Il est donc évident que si Bachar chute en pleine guerre contre les islamistes, alors l’EI et Al Nosra termineront l’invasion de la Syrie et se retrouveront rapidement au pouvoir à Damas.
La suite est facile à imaginer, les alaouites considérés comme des apostats et les druzes/chrétiens comme des infidèles risquent l’extermination.
De plus, des islamistes seraient pour la première maitres d’un pays entier.

Enfin, certains sont allé se rendre compte sur place de la situation en Syrie. Ils ne tiennent pas exactement le même discours que l’Élysée ou le quai d’Orsay, ce dernier ayant été élaboré depuis un bureau avec vue sur la seine. Le rapport du colonel Hogard de retour de Syrie accompagné de députés français est très instructif [9].

PARTIE 4 : QUE FAUDRAIT-IL FAIRE ?

Voilà maintenant le paragraphe que devraient lire nos dirigeants pour ouvrir les yeux et mettre en place une véritable stratégie politique en Syrie, et plus généralement pour rationaliser notre politique étrangère.

Notons d’abord qu’il est impossible d’analyser positivement la politique russe au moyen orient sans se faire taxer de pro-Poutine par les chiens de garde médiatiques des euro-atlantistes. Ces derniers ne font que jouer leur rôle de propagandistes de la stratégie américaine.
Cependant, dès lors que l’on analyse rationnellement les faits, les médias dominants sont moins à l’aise pour contre argumenter.

La politique de la Russie : un modèle de cohérence

Les Russes ont des intérêts en Syrie, un risque islamiste majeur sur leur territoire et un objectif politique clair
En effet, les intérêts de la Russie sont visibles, ils ont un accord avec la Syrie pour l’accès de leurs marine militaire à la méditerranée avec le port de Tartous. De plus, parmi les combattants de l’EI, on trouve des Tchétchènes, ces derniers représentent donc une grave menace potentielle s’ils rentrent à domicile.
L’objectif des Russes est d’éradiquer les islamistes de Syrie en aidant ce pays à reprendre possession de la partie de son territoire occupée par ces derniers.

Les Russes respectent totalement le droit international
Le président Assad a demandé officiellement l’aide des Russes pour combattre les islamistes, ces derniers ont répondu favorablement à cette demande, l’intervention des russes aux cotés de l’armée Syrienne est donc parfaitement légale.
Par ailleurs, la stratégie militaire des Russes est parfaitement rationnelle.

Les Russes ont une véritable stratégie politique et militaire
Ils ont d’abord un objectif clair : vaincre les islamistes en Syrie (et en Irak ?) et les repousser hors des frontières de cet état.
Pour atteindre ce dernier, il ne suffit pas de faire du buzz en bombardant (illégalement) quelques positions islamistes désertées [5], il faut agir suivant 2 voies complémentaires :
– couper les sources d’approvisionnement de l’EI
– reprendre le terrain conquis et neutraliser son armée

L’EI ayant conquis de vastes zones pétrolières en Irak et en Syrie revend l’or noir qu’ils extraient en le transportant par camion vers le complice turc.
Ce n’est pas aux Russes que l’on va rappeler la stratégie du maréchal Joukov à Stalingrad en 1943, ce dernier a gagné la bataille contre l’armée allemande de Paulus en coupant cette dernière de ses sources d’approvisionnement.

Pour assécher leurs revenus pétroliers, les russes bombardent donc massivement les camions citernes de l’EI qui font la navette vers la Turquie.
Par ailleurs, la priorité est de reprendre les territoires à la frontière turque afin de couper la route du pétrole [10].

Syrie et Irak militaire
La carte ci-dessus montre qu’il ne reste qu’une bande de 80 km environ à fermer (entre les 2 points rouges) pour couper la route de la Turquie aux camions de l’EI. La stratégie la plus évidente serait de favoriser la jonction entre les Kurdes de l’est et ceux de l’ouest.

Deux conditions indispensables : le renseignement et une armée de terre
Les 3 piliers de la guerre moderne à gérer en parfaite synchronisation sont les suivants [5] :
(1) l’information
(2) la force aérienne
(3) l’armée de terre

Pour reprendre le terrain, il est indispensable d’avoir des troupes au sol, cependant, la projection d’une infanterie en Syrie demanderait d’énormes moyens, de plus, pour déterminer les points faibles de l’armée adverse, il faut un renseignement précis présent sur le terrain.
Or, il existe déjà un système de renseignement et une armée de terre expérimentée parfaitement opérationnels dans la région, ces derniers sont sous le contrôle de Bachar el-Assad.
Cette observation n’a pas échappé au président Poutine et à son brillant ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov qui, pour ce qui le concerne, ne joue pas dans la même cour que Fabius.
La stratégie évidente et la moins couteuse est donc, d’utiliser les informations des services syriens et d’appuyer leur armée avec une force aérienne assez puissante pour préparer le terrain à l’infanterie et affaiblir les jihadistes.
L’aviation Russe est alors synchronisée avec l’infanterie syrienne et celle de ses alliés pour leur permettre d’avancer et d’effectuer la reconquête.
La coalition montée par les Russes inclut non seulement la Syrie mais également l’Iran et l’Irak, première victime de l’EI.

La non politique de la France, y a t’il un pilote dans l’avion ?
« Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » Charles De Gaulle

La France n’a pas d’intérêts en Syrie
Mise à part le fait que la Syrie fut sous administration française dans le passé, il ne nous reste que des liens culturels avec ce pays.
Par ailleurs, le régime de Damas ne menace en aucun cas notre pays, il souhaitait au contraire des relations politico/commerciales normales.
Nous n’avions donc rien à faire en Syrie.

La France ne respecte pas le droit international
Le syndrome du « Bachar doit partir » est une ingérence inacceptable dans les affaires d’un état souverain. De plus, faire appel à des considérations morales est d’une hypocrisie sans bornes. Si l’on va sur ce terrain, alors il faut immédiatement stopper toute relation avec l’Arabie Saoudite et le Qatar qui sont des régimes anti-droits de l’homme où l’on applique la charia, bien pires que celui de Damas.
François Hollande bombarde en Syrie sans aucune légitimité, il n’y a eu aucune demande du gouvernement syrien ni résolution de l’ONU qui sont les 2 seuls cas légaux où un état peut intervenir sur le sol d’un autre.

Pourquoi bombardons-nous en Syrie ?
Donc, la France bombarde, fort bien, mais quel est l’objectif politique de ces bombardements ?
Nul ne le sait, et c’est logique vu qu’il n’y en a pas.
La seule raison de ces bombardements repose sur une opération de communication envers les sans dents si appréciés par notre président. La France s’est associée, vraisemblablement sur ordre, à la coalition américaine qui bombarde l’EI depuis un an sans le moindre résultat.
Comme on l’a vu, le pari des américains est que l’EI finira par vaincre l’armée régulière de Bachar, entrainant donc la chute de ce dernier. Il ne faut donc pas faire trop de mal aux islamistes afin de les laisser réaliser cet objectif.

Cependant, contre toute attente, l’armée de Bachar résiste depuis 4 ans. Cela se comprend car cette dernière est dos à la mer et si elle est vaincue, ce sera la mort pour tous les combattants.
Il s’agit donc de vaincre ou mourir.

En conséquence, on bombarde « mollement » l’état islamiste et on aide d’autres islamistescomme al Nosra. Seulement, même bombardé mollement, l’EI a réagit avec les attentats du 13 septembre dernier qui a fait plus de 130 morts à Paris.

La politique atlantiste de Hollande/Fabius s’est donc comme on n’a vu retournée contre ces derniers…

Hollande et Fabius se sont mis dans une position intenable
L’alignement atlantiste avec Washington s’est donc retourné contre le couple infernal de l’exécutif qui, après avoir marché sur la queue du serpent, a provoqué sur le sol français le plus grave attentat terroriste de notre histoire.

Nous avons alors assisté à une invraisemblable tournée internationale de Hollande qui persista dans son obsession irrationnelle du « Bachar doit partir ».
Nous sommes maintenant dans une situation politique très difficile.
En effet, la situation d’urgence absolue impose maintenant de rejoindre la position russe sans pour autant se dédire en reniant la position précédente totalement incompatible.

Bien entendu, la stratégie anti-Bachar américaine a obligé les Russes siffler la fin de la récréation et à intervenir à leur tour afin d’éviter des dégâts irréversibles.

Ce qu’aurait fait un vrai président de la république française
Si nous avions eu un vrai président (comme les Russes), il n’aurait d’abord jamais mis les pieds en Syrie pour contribuer à traiter un problème 100% créé par les américains, c’était à eux seuls de réparer leurs dégâts.
Annoncer quelques frappes sur l’EI pour suivre « l’ami » américain, améliorer les sondages et continuer à démontrer les capacités de nos Rafales nous aurait évité un désastre à Paris.
Maintenant que l’on a mis un coup de pied dans le nid de frelons, il ne reste qu’une seule option qui consiste à rejoindre la coalition Russe afin de favoriser la reconquête par l’armée syrienne et l’éradication de l’EI.

Le choix du camp sunnite terroriste contre le camp chiite est une grave erreur commise par le gouvernement français.

La rhétorique propagandiste atlantiste relayée par la presse mainstream est aujourd’hui de plus en plus difficile à justifier.
On constate cependant, que même poussé par un événement d’une gravité sans précédente qui démontre l’inanité complète de sa politique, François Hollande n’arrive pas à s’adapter à un contexte nouveau.
Cette observation complète l’analyse de Philippe de Villiers sur ces énarques incapables de sortir de ce syndrome de l’escalade d’engagement [1].

Un léger espoir était apparu en 2003 avec un début de politique française amorcée par Chirac soutenant un axe franco/allemand/russe.
Cette politique, non alignée sur les États-Unis allait dans la bonne direction, à savoir celle du général De Gaulle avec son célèbre : une « Europe de l’atlantique à l’Oural ».

Elle fut sans lendemain comme on l’a vu avec le rapprochement total opéré par le régime Sarko avec l’oncle Sam [7].

L’Europe de l’atlantique à l’Oural
La définition d’une politique répondant aux intérêts d’un pays découle tout simplement de l’observation d’une carte, c’est la base de la géostratégie.

L’Europe est un continent et rien d’autre.
L’Europe est simplement un continent qui va de l’atlantique à l’Oural, nous sommes très loin d’une Europe politique qui n’existera sans doute jamais.
Il apparait à l’évidence que notre intérêt, comme l’avait énoncé De Gaulle, serait de constituer une alliance des grandes puissances de notre continent (France, Allemagne, Russie) en favorisant une synergie des points forts de chaque nation.
Cette lecture a été faite depuis très longtemps par Vladimir Poutine qui depuis des années tente sans succès de se rapprocher de l’Europe de l’ouest. Les américains comme on l’a vu ont réussi (pour l’instant) à verrouiller cette dernière à leur hégémonie.

Cette politique réaliste, pronée par le général De Gaulle est pour l’instant en stand-by.

Une alternance à l’UMP-PS, c’est pour quand ?
Le second tour des élections régionales a largement démontré que Marine Le Pen avait parfaitement raison de dénoncer la coalition « UMPS ».
Sous couvert de « front républicain », mots vides de sens, les atlantistes de l’UMP (ou LR) et du P « S » ont tombé le masque et ont montré leur connivence sur la plupart des questions, qu’elles soient économiques ou géopolitiques.

Terminons en remarquant que contrairement à certains pays de l’U.E., les forces de la vraie gauche sont maintenant en déroute dans ce pays.
Cette observation est encore démontrée par les résultats des dernières élections où le flot des mécontents s’est largement orienté vers le Front National. Ces derniers, de plus en plus nombreux, semblent voir en Marine Le Pen une dirigeante potentielle ayant la dimension de la fonction.

A ce sujet, personne à l’heure actuelle, ne peut anticiper la politique qui serait menée par cette dernière si elle arrivait au pouvoir.

Après 2 mandats successifs correspondant à une alternance de façade, on peut en revanche avoir la certitude qu’en 2017, la politique de n’importe quel candidat de l’UMP-PS serait strictement identique à celle d’aujourd’hui, quel que soit le discours électoral de campagne.

Notons que le seul parti à avoir un programme clair de sortie de l’atlantisme est l’UPR qui prône la sortie des 3 entités (OTAN, UE, Euro) qui aliènent la souveraineté de la France.

La question est bien de déterminer ce qu’il faudra faire en 2017 au second tour…

Source ici.

Liens
[1] Philippe De Villiers « Il est temps de dire ce que j’ai vu » – 2015
[2] Synthèse sur l’Ukraine, une contre-propagande médiatique
[3] Jacques Sapir et Jacques Myard à Sciences Po : L’UE a-t-elle une politique étrangère ?Podcast ici
[4] Entretien avec Thierry Meyssan – Octobre 2015 – Podcast ici
[5] Interview colonel Régis Chamagne – Meta TV – Part 1Part 2Part 3
[6] Aymeric Chauprade – Chronique du choc des civilisations – 4e édition 2015
[7] Les 4 cas de haute trahison commis par l’ex président Sarkozy
[8 Noam Chomsky – La fabrication du consentement – 2008
[9] Retour de Syrie – Colonel Jacques Hogard
[10] Le grand coup de Poutine – Chroniques dugrandsoir
 

________________________________________________________________



Billard à trois bandes en Syrie : la stratégie d’Israël révélée par les e-mails d’Hillary

 

Dans son article paru le 23 février 2016 dans Politico, Robert Kennedy Jr. avait dépeint le conflit en Syrie comme une guerre globale pour le contrôle des ressources énergétiques de la région, avec, d'un côté, les États-Unis, l'Union européenne, Israël, les pays du Golfe et la Turquie, supportant l'opposition à Bachar el-Assad, de l'autre, la Russie, la Chine et l'Iran, soutenant le régime. RFK Jr. insistait surtout sur l'action des États-Unis, du Qatar et de l'Arabie saoudite dans le soutien à l'insurrection. Certes, il avait bien souligné qu'Israël était également déterminé à faire dérailler le « pipeline islamique », choisi par Assad en juillet 2011, qui aurait enrichi l'Iran et la Syrie, ainsi que leurs « proxys », le Hezbollah et le Hamas ; cependant, certains lecteurs ont pu estimer que la place d'Israël dans ce conflit méritait une analyse un peu plus poussée. La messagerie électronique d'Hillary Clinton, dont WikiLeaks a récemment mis en ligne de très nombreux e-mails, nous renseigne justement sur les intérêts et la stratégie d'Israël dans cette guerre.

Les intérêts de chacun des belligérants connus, nous nous demanderons si le mythe des rebelles « modérés », en passe d'être enterré, n'était précisément pas une ruse des anti-Assad visant à focaliser l'attention publique sur le seul État islamique et à laisser les mains libres aux principales forces qui, de fait, durant cinq ans, ont sapé l'État syrien. L'occasion, une nouvelle fois, de mettre en garde contre la désinformation galopante dans cette guerre – comme dans toute guerre.


Assad tombé, Iran isolé, Israël sécurisé

JPEG - 49.5 ko
James Rubin

Le 16 mars 2016, WikiLeaks a lancé un moteur de recherche pour explorer des archives contenant 30.322 e-mails et pièces jointes, envoyés vers ou par le serveur de courrier électronique privé d'Hillary Clinton, à l'époque où celle-ci était secrétaire d'État, du 30 juin 2010 au 12 août 2014. Dans cette masse d'échanges, se trouve un courrier envoyé le 30 avril 2012 par James P. Rubin à Hillary Clinton. Pour information, James Rubin était secrétaire d'État adjoint pour les relations publiques et porte-parole en chef du Département d'État entre 1997 et mai 2000. Dans l'administration Clinton, il était considéré comme le bras droit de la secrétaire d'État Madeleine Albright (une femme qui déclarait, en 1996, que la mort de 500.000 enfants irakiens, victimes de l'embargo décidé par le Conseil de sécurité de l'ONU, valait la peine). Rubin a également été membre de l'équipe de campagne d'Hillary Clinton pour sa nomination par le Parti démocrate dans l'optique de l'élection présidentielle de 2008.

Voici l'essentiel de son message « BEST OF LUCK ON CHINA TRIP » traduit :


« J'ai voulu transmettre quelque chose que j'ai l'intention de publier sur la Syrie et l'Iran, parce que je pense qu'il vaut la peine d'essayer de presser le Président et ses conseillers politiques à agir. [...] Comme vous verrez dans la pièce jointe, je crois qu'une action en Syrie préviendra le plus grand danger à l'horizon, à savoir qu'Israël lance une attaque surprise sur les installations nucléaires iraniennes. Bien que la pression ait maintenant baissé pour de multiples raisons, elle reviendra. D'autre part, l'action de Washington sur la Syrie éliminera pour une bonne part, je pense, le caractère d'urgence de l'action israélienne. Autrement dit, une politique plus agressive en Syrie [...] atténuera considérablement la pression sur Israël pouvant le conduire à attaquer l'Iran et à déclencher peut-être une guerre plus large au Moyen-Orient [...]. Je sais que vous pouvez ne pas être d'accord, mais j'ai pensé qu'il était mieux de partager cela avec vous comme au moins une façon nouvelle d'aborder le problème. »

L'e-mail se conclut ainsi : « All best, your friend, Jamie », montrant la grande familiarité entre les deux protagonistes.

On découvre le titre de la pièce jointe dans un autre e-mail adressé quelques heures plus tard par Hillary Clinton à Robert Russo, lui demandant d'imprimer ce texte : « Please print ».


JPEG - 4.7 ko
Robert Russo

Robert Russo est au service de la réussite d'Hillary Clinton depuis dix ans, comme nous l'apprend son profil sur Linkedin. Actuellement directeur de la correspondance et des briefings pour le site de campagne Hillary for America, il a notamment été adjoint spécial auprès de la secrétaire d'État entre janvier 2009 et février 2013.

Voici la substantifique moelle de ce texte de James Rubin, « NEW IRAN AND SYRIA 2.DOC » :

« La meilleure manière d'aider Israël à traiter la capacité nucléaire croissante de l'Iran, c'est d'aider le peuple de Syrie à renverser le régime de Bachar el-Assad. Les négociations pour limiter le programme nucléaire iranien ne résoudront pas le dilemme de sécurité d'Israël. [...] Au mieux, les pourparlers [...] permettront à Israël de reporter de quelques mois sa décision de lancer une attaque contre l'Iran, qui pourrait provoquer une guerre majeure au Moyen-Orient.

Le programme nucléaire iranien et la guerre civile en Syrie pourraient sembler sans rapport, mais ils sont liés. Pour les chefs israéliens, la réelle menace d'un Iran doté de l'arme nucléaire n'est pas la perspective d'un chef iranien fou lançant une attaque nucléaire délibérée sur Israël, qui conduirait à l'annihilation des deux pays. Ce que les militaires israéliens redoutent vraiment — mais sans pouvoir le dire — c'est de perdre leur monopole nucléaire. Une capacité iranienne en matière d'armes nucléaires [...] pourrait aussi inciter d'autres adversaires, comme l'Arabie saoudite et l'Égypte, à se nucléariser de la même façon. Le résultat serait un équilibre nucléaire précaire, dans lequel Israël ne pourrait pas répondre aux provocations avec des frappes militaires conventionnelles en Syrie et au Liban, comme il le peut aujourd'hui. Si l'Iran acquerrait le statut d'État doté de l'arme nucléaire, Téhéran trouverait plus aisé d'appeler ses alliés en Syrie et au Hezbollah à frapper Israël, sachant que ses armes nucléaires lui serviraient de force de dissuasion pour empêcher Israël de répondre contre l'Iran lui-même.

Revenons à la Syrie. C'est la relation stratégique entre l'Iran et le régime de Bachar el-Assad en Syrie qui permet à l'Iran de saper la sécurité d'Israël — non à travers une attaque directe qui, en trente ans d'hostilité entre l'Iran et Israël, ne s'est jamais produite, mais à travers ses proxies au Liban, comme le Hezbollah, qui sont soutenus, armés et entraînés par l'Iran via la Syrie. La fin du régime d'Assad mettrait fin à cette dangereuse alliance. Le pouvoir en Israël comprend bien pourquoi vaincre Assad est maintenant dans ses intérêts [Rubin cite une déclaration du ministre de la Défense israélien, Ehud Barak, faite sur CNN la semaine précédente, allant dans ce sens].

Avec Assad parti, et un Iran devenu incapable de menacer Israël à travers ses proxies, il deviendrait possible pour les États-Unis et Israël de se mettre d'accord sur la ligne rouge qui indiquerait à quel moment le programme de l'Iran aurait atteint un seuil inacceptable.

Washington devrait commencer par exprimer sa volonté de coopérer avec des alliés régionaux, comme la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar, pour organiser, entraîner et armer les forces rebelles syriennes. L'annonce d'une telle décision pourrait probablement causer, par elle-même, des défections substantielles au sein de l'armée syrienne. Ensuite, utilisant des territoires en Turquie et peut-être en Jordanie, des diplomates américains et des officiels du Pentagone pourront commencer à renforcer l'opposition. Cela prendra du temps. Mais la rébellion est partie pour durer un long moment, avec ou sans l'implication des États-Unis.

La seconde étape consiste à développer un soutien international pour une coalition menant des opérations aériennes. [...] Armer les rebelles syriens et utiliser la force aérienne occidentale pour empêcher les hélicoptères et les avions syriens de voler est une approche peu coûteuse et à forte valeur ajoutée. [...] La victoire ne viendra pas rapidement ou facilement, mais elle viendra. Et la récompense sera importante. L'Iran sera isolé stratégiquement, incapable d'exercer son influence au Moyen-Orient. Le nouveau régime en Syrie verra les États-Unis comme un ami, pas un ennemi. Washington remporterait une reconnaissance importante en se battant pour le peuple dans le monde arabe, et pas pour des régimes corrompus. »

James Rubin, comme il y fait référence dans son e-mail à Hillary Clinton, fera par la suite publier ce texte, à peine remanié, dans Foreign Policy, le 4 juin 2012. L'article s'intitule « The Real Reason to Intervene in Syria ».

En résumé, Rubin considère que, pour parer au plus grand danger qui guette le Moyen-Orient, à savoir une attaque d'Israël contre les installations nucléaires iraniennes, il faut œuvrer pour dissuader Israël de passer à l'action. En effet, son intervention pourrait constituer les prémices à une guerre de très grande ampleur. Pour atteindre cet objectif, il faut parvenir à faire baisser la pression que ressent Israël, en affaiblissant les organisations terroristes qui le menacent directement (Hezbollah au Liban, Hamas et Jihad islamique palestinien à Gaza), et qui se trouvent être des proxies de l'Iran, qu'il soutient via la Syrie. En rompant le lien entre l'Iran et la Syrie, ces proxies deviendraient inopérants. Et, pour rompre ce lien, il faut briser son maillon le plus faible : le régime de Bachar el-Assad. Il faut donc soutenir la rébellion contre lui, jusqu'à ce qu'il tombe. Assad tombé, les proxies iraniens rendus quasi inoffensifs, Israël pourrait suspendre son intention de bombarder l'Iran. Et des négociations plus apaisées sur le programme nucléaire iranien pourraient reprendre avec le soutien des États-Unis.

Pour contextualiser ces propos, rappelons qu'à cette époque le conflit en Syrie a commencé depuis plus d'un an, et que Mahmoud Ahmadinejad, bête noire des États-Unis et d'Israël, est encore au pouvoir en Iran. Il y restera jusqu'au 3 août 2013. James Rubin a anticipé le refus russe d'une telle opération, ce qui interdit de passer par le Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que la réticence de certains États européens, ce qui rend également difficile le recours à l'OTAN. L'opération ne pourra résulter, selon lui, que de l'accord de pays occidentaux et du Moyen-Orient, en particulier l'Arabie saoudite et la Turquie. Rubin semble ignorer qu'au moment où il fait ses préconisations, la CIA soutient déjà l'opposition syrienne depuis 2006, et que la Turquie, le Qatar et l'Arabie saoudite arment, entraînent etfinancent déjà des combattants jihadistes sunnites venus de Syrie, d'Irak et d'ailleurs pour renverser le régime d'Assad. Son texte nous éclaire donc essentiellement sur l'intérêt d'Israël dans la tentative en cours du renversement du régime syrien.

Israël et l'art de la guerre

JPEG - 19 ko
Sidney Blumenthal

Un autre e-mail intéressant a été envoyé à Hillary Clinton par Sidney Blumenthal le 23 juillet 2012. Ancien assistant et conseiller spécial du président Bill Clinton, journaliste spécialisé en politique américaine et internationale, Blumenthal est un ami et confident de longue date d'Hillary Clinton. En novembre 2007, il était devenu le « conseiller principal » de sa campagne présidentielle. The Daily Caller du 7 mars 2016 nous rappelle que, sur les dizaines de notes des Renseignements qu'il a envoyées à Hillary Clinton alors qu'elle était secrétaire d'État, 23 contenaient de l'information classifiée comme «  confidentielle » ou « secrète ». Ceci fait de Blumenthal l'un des partageurs les plus prolifiques d'informations classifiées avec Clinton. Ses notes sont « particulièrement intrigantes », dans la mesure où l'homme n'a pas travaillé pour le gouvernement. Pendant la période où il envoyait ses notes à Clinton, il travaillait pour la Fondation Clinton, aussi bien que pour diverses organisations à but non lucratif entretenant des liens étroits avec Hillary Clinton. Il a aussi travaillé, durant une partie de cette période, comme rédacteur pour The Daily Beast.

Dans son e-mail, non classifié, Sidney Blumenthal établit un rapport d'informations émanant de plusieurs sources proches de différents services de renseignement (il n'émet pas d'avis personnel). Voici la substantifique moelle de ce texte, « SYRIA, TURKEY, ISRAEL, IRAN » :


« 1. Selon un individu ayant accès aux plus hauts niveaux des gouvernements européens, les services de renseignement de ces pays rapportent à leurs directeurs que les chefs de l'armée israélienne et de la communauté du renseignement pensent que la guerre civile en Syrie est en train de s'étendre aux pays voisins, notamment le Liban, la Jordanie et la Turquie. Ces officiels européens sont inquiets que le conflit en cours en Syrie puisse mener à des soulèvements dans ces pays qui amèneront au pouvoir des régimes islamiques de plus en plus conservateurs, remplaçant les régimes laïcs ou modérés actuels. Ces individus ajoutent que les responsables de la sécurité israélienne pensent que le Premier ministre Benjamin Netanyahu est convaincu que ces développements les rendront plus vulnérables, avec uniquement des ennemis à leurs frontières.

2. Dans des conversations privées, de hauts représentants du renseignement et de l'armée israélienne déclarent à leurs associés européens qu'ils ont longtemps vu le régime du président syrien Bashar el-Assad, bien qu'hostile, comme une valeur sûre et un amortisseur entre Israël et les pays musulmans plus militants, une situation qui est menacée par les succès croissants des forces rebelles de l'Armée syrienne libre. Cette source est convaincue que ces chefs israéliens sont maintenant en train d'élaborer des plans d'urgence pour traiter avec une structure régionale où les nouveaux régimes révolutionnaires qui reprennent ces différents pays seront contrôlés par les Frères musulmans et peut-être des groupes plus problématiques comme Al Qaïda, ce qui ne présage rien de bon pour les Israéliens.

3. [...] ces chefs d'État européens reçoivent des rapports indiquant que si Israël devait attaquer les installations nucléaires iraniennes en ce moment, cela ne ferait qu'aggraver ses relations avec ses voisins. [...]

 

4. Selon une source ayant un accès direct, les chefs de l'armée turque ont déclaré dans des discussions privées avec les plus hautes autorités de leur gouvernement qu'une attaque d'Israël sur l'Iran déclenchera sûrement une guerre régionale "avant que la première attaque aérienne d'Israël ne soit retournée à sa base". Les évaluations du renseignement turc, supportées par leurs agents de liaison dans les services de renseignement d'Europe de l'Ouest, informent que des milliers de missiles et de roquettes tomberont sur Israël lancées d'Iran, du Liban, de Syrie et de Gaza. [...]

7. Une source particulière déclare que les services de renseignement britanniques et français pensent que leurs homologues israéliens sont convaincus qu'il y a un aspect positif à la guerre civile en Syrie ; si le régime d'Assad tombe, l'Iran perdrait son unique allié au Moyen-Orient et serait isolé. En même temps, la chute de la Maison Assad pourrait bien provoquer une guerre sectaire entre les chiites et la majorité sunnite de la région, s'étirant jusqu'en Iran, qui, du point de vue des chefs israéliens, ne serait pas une mauvaise chose pour Israël et ses alliés occidentaux. D'après cet individu, un tel scénario distrairait l'Iran de ses activités nucléaires et pourrait les entraver pendant beaucoup de temps. De plus, certains analystes supérieurs du renseignement israéliens pensent que cette tournure des événements pourrait même s'avérer être un facteur dans la chute finale du gouvernement actuel d'Iran. [...]

9. En même temps, une source sensible distincte a ajouté que les services de sécurité européens sont inquiets que cette stratégie de la corde raide puisse mener à des fautes qui pourraient, à leur tour, conduire à une guerre régionale. A cet égard, ces services européens restent en rapport étroit avec leurs homologues israéliens, qui tentent de manipuler les événements tout en évitant un conflit général en ce moment. Cet individu déclare qu'un officier supérieur de l'armée israélienne a décrit la situation actuelle dans la perspective israélienne en citant Sun Tzu dans L'ART DE LA GUERRE : "Il gagnera celui qui sait quand combattre et quand ne pas combattre." »

En résumé, nous voyons s'exprimer deux appréciations opposées concernant la guerre en Syrie, du point de vue israélien. La première consiste à craindre que cette guerre civile ne s'étende aux pays alentours, conduisant ainsi à une prise de pouvoir de forces islamiques radicales, qui constitueraient autant d'ennemis mortels pour Israël. En outre, il est précisé que Bachar el-Assad, bien qu'hostile à Israël, représente un moindre mal, une force modératrice dans la région. La seconde appréciation voit dans la guerre en Syrie l'opportunité de renverser l'unique soutien de l'Iran au Moyen-Orient. Cette fois, la guerre régionale entre sunnites et chiites, que la chute d'Assad pourrait provoquer, est vue positivement, car elle détournerait pour un long moment l'Iran de ses activités nucléaires ; elle pourrait même conduire à la chute du gouvernement d'Ahmadinejad.

Depuis le 14 juin 2013, rappelons-le, c'est le modéré Hassan Rohani qui est au pouvoir en Iran. On pourrait ainsi penser que la seconde appréciation a dès lors perdu de sa pertinence (ces propos datant de l'été 2012) ; pour autant, Hassan Rohani n'est pas éternel et un gouvernement plus radical et plus farouchement hostile à Israël reviendra vraisemblablement un jour aux affaires. Au fond, le rapport de Sidney Blumenthal ne nous permet pas de connaître à coup sûr la stratégie d'Israël ; mais on peut deviner que l'État hébreu joue avec le feu, en espérant que la guerre fera tomber Assad et isolera durablement l'Iran, son principal ennemi, tout en priant pour que l'opération n'aboutisse pas à l'accession au pouvoir partout autour de ses frontières de régimes islamistes, bien plus hostiles encore que ne peut l'être celui actuellement en place à Damas. Comme nous le fait saisir la citation de Sun Tzu, la guerre en Syrie permet à Israël de ne pas combattrepour le moment directement l'Iran, un tel affrontement lui faisant présager de graves représailles. En laissant la situation pourrir en Syrie et dans toute la région, Israël, dans une situation d'attente, combat indirectement son ennemi.  

Nous rejoignons la notion de « guerre par procuration », développée par Robert Kennedy Jr., et reprise à son compte par l'économiste Jeffrey Sachs, consultant spécial de Ban Ki-moon à l'ONU. D'ailleurs, de même qu'à travers la Syrie, c'est en fait l'Iran et la Russie, ses puissants alliés, que visaient les États-Unis, à travers la Syrie, c'est l'Iran que vise essentiellement Israël. Rappelons ce que déclarait Sachs :

« C’est précisément la dépendance du régime d’Assad à ses soutiens russes et iraniens qui a déterminé l’intérêt des États-Unis à son départ. Le renversement d’Assad, pensaient les responsables américains de la sécurité, affaiblirait l’Iran, discréditerait le Hezbollah et restreindrait le champ d’action géopolitique de la Russie.  »

Quant à la Turquie, à l'Arabie saoudite et au Qatar, ils pariaient sur le remplacement du régime alaouite en Syrie par une direction sunnite. Un tel renversement aurait affaibli leur concurrent régional, l’Iran, et, plus largement, réduit l’influence chiite au Moyen-Orient.

Du malheur d'être le maillon faible

L'e-mail de Sidney Blumenthal a fait l'objet de quelques recensions dans la presse alternative, comme dans Sputnik le 18 mars, mais en n'en mentionnant que les informations contenues dans son point 7, qui sont certes les plus dérangeantes. Idem avecWaqar Rizvi, journaliste sur la chaîne de télévision iranienne Press TV, repris et commenté par Jean Bricmont sur Facebook.


En revanche, Gilad Atzmon a bien noté la double option israélienne dans Global Research le 19 mars :

« Cet e-mail nous permet d'observer un vif débat politique qui a eu lieu en 2012. L'État juif avait à décider d'il fallait détruire le peuple syrien juste pour affaiblir l'Iran ou bien détruire l'Iran pour la destruction de l'Iran. L'Histoire suggère qu'une décision a été prise pour détruire les Syriens d'abord. Et le résultat doit être décevant pour Israël — l'Iran est maintenant plus fort que jamais. »

Pour autant, Atzmon se trompe lorsqu'il attribue l'e-mail de James Rubin, que nous avons relevé plus haut, à Hillary Clinton elle-même ; son erreur concerne également sa date :

« De manière choquante, à la fin 2015, après trois ans de guerre civile syrienne désastreuse, avec des centaines de milliers de morts et des millions de personnes déplacées, Clinton semble toujours cramponnée à la formule selon laquelle l'inquiétude d'Israël vis-à-vis de l'Iran devrait être traitée aux dépens du peuple syrien. Dans un courrier électronique que la candidate à la présidence des États-Unis, Hillary Clinton, a envoyé à un compte inconnu le 30 novembre 2015, celle-ci écrit :

"La meilleure manière d'aider Israël à traiter la capacité nucléaire croissante de l'Iran, c'est d'aider le peuple de Syrie à renverser le régime de Bachar el-Assad." »

L'erreur a été commise par d'autres sites assez orientés, comme Fort Russ. Simple erreur ou manipulation ? Impossible à dire. La date du 30 novembre 2015 est en réalité celle à laquelle le Département d'État a rendu public cet e-mail, envoyé le 30 avril 2012.

Quoi qu'il en soit, Hillary Clinton n'avait pas besoin des conseils de James Rubin ou des rapports de Sidney Blumenthal pour déclarer, dès le 18 août 2011, qu'Assad devait quitter le pouvoir en Syrie. Sous la pression d'Israël ? La question peut se poser. En effet, un autre e-mail de Sidney Blumenthal, daté du 28 mars 2010, nous apprend que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait tenu des propos fort irrespectueux à l'endroit de la secrétaire d'État américaine lors d'une réunion à huis-clos de l'APAIC, ce puissant lobby visant à soutenir Israël aux États-Unis : il aurait déclaré, comme le rapportent Ynet etForward le 1er mars 2016 : «  Si nous ne pouvons pas dormir, Hillary ne dormira pas », alors même qu'il demandait aux participants à cette réunion de faire pression sur les États-Unis afin qu'ils soient plus agressifs envers l'Iran et son programme nucléaire. La source de cette information, un ancien employé du Département d'État, qui y a travaillé durant 30 ans, trouva, nous dit-on, « tout cela très inquiétant ».


Ce 21 mars 2016, Hillary Clinton a donné tous les gages nécessaires à l'occasion de laconférence annuelle de l'AIPAC, réaffirmant, bien entendu, que la sécurité d'Israël n'était « pas négociable », mais surtout qu'elle n'hésiterait pas à recourir à la force contre l'Iran si nécessaire. « Le prochain président devra être capable [...] d'imposer de vraies conséquences à la moindre violation de (l')accord  » sur la politique nucléaire de l'Iran entré en vigueur en janvier. « Nous emploierons la force si besoin  », a-t-elle promis devant un public conquis. Face à Trump, dont elle a stigmatisé la tiédeur, la volonté de rester neutredans le conflit israélo-palestinien, Clinton a lancé à son auditoire qu'il y avait « une grande différence entre dire que Téhéran doit rendre des comptes et le faire vraiment  ».

Au final, dans ce conflit syrien, on observe donc une double motivation chez les opposants à Bachar el-Assad : certains des belligérants par procuration, tels l'Arabie saoudite et le Qatar, agissent pour maintenir leur domination sur l'Iran en tant qu'exportateurs d'énergies en direction du marché européen ; d'autres visent à contenir l'Iran principalement pour assurer la sécurité d'Israël. Dans le premier cas de figure, la Syrie paie son refus du pipeline qatari en 2009 et son choix du pipeline iranien en 2011 ; dans le second, elle paie son alliance, unique au Moyen-Orient, avec l'Iran, plus puissant qu'elle et dangereux à attaquer de front. « Tu es le maillon faible, au revoir  », ou quand la géopolitique du Moyen-Orient pourrait pratiquement s'expliquer avec la seule formule cynique et sadique de Laurence Boccolini.

Le « mythe » des rebelles modérés et le « leurre » de Daech

JPEG - 15.8 ko
Caroline Galactéros

Dans ce jeu de dupes, on est en droit de se demander, avec Caroline Galactéros, docteur en sciences politiques, colonel de la réserve opérationnelle, administratrice de l'ASAF etjournaliste au Point, si la focalisation médiatique sur le groupe État islamique n'a pas pour fonction de nous faire oublier les autres groupes, tout aussi terroristes, qui œuvrent inlassablement au démembrement de l'État syrien. Dans un article du 6 mars 2016, publié sur le site de l'ASAF, elle enterrait profondément, en s'appuyant sur les propos du général Castres, « le mythe des rebelles modérés ». Un article décoiffant qui mérite d'être largement cité :

« La vérité finit toujours par être dévoilée. Ce sont au départ de simples “signaux faibles” [...] et autres “bas bruits” qui deviennent peu à peu visibles jusqu’à irriguer entièrement le débat public et atteindre enfin le noyau dur des thèses officielles.

S’agissant des rebelles syriens, aimablement qualifiés depuis quelques années de“modérés”, nous en sommes encore au stade des “signaux faibles”, mais la situation évolue dans le bon sens. On ne peut que se réjouir du reportage “Un œil sur la Syrie” ([...] diffusé sur France 2 le 18 février) qui présente enfin un regard neuf sur le conflit syrien… cinq ans après son commencement. [...]

Ainsi, le général Didier Castres, Sous-chef opérations de l’État major des Armées, a-t-il été auditionné le 16 décembre 2015 par la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat. Voici ce que l’officier français révèle au grand jour :

Les forces combattantes de Daech sont estimées à un effectif de 30.000 en Syrie et en Irak, dont 40 % de combattants étrangers. Ils sont opposés à 140.000 Kurdes du nord de l'Irak, 7.000 Kurdes syriens et 130.000 membres des forces de sécurité irakiennes. En outre, il existe en Syrie une constellation de combattants très divers de l'ordre de 100 000 personnes, dont la France estime que 80.000 d'entre eux appartiennent soit à des groupes terroristes désignés comme tels par les Nations unies, soit à des groupes salafistes extrémistes.

[...] Première information : la puissance de Daesh est largement surestimée dans nos médias. Avec seulement 30.000 hommes (d’autres sources parlent de 50.000) en Irak et en Syrie, l’Etat islamique n’est pas d’un poids considérable sur un plan militaire. Son expansion territoriale depuis trois ans montre ce que plusieurs observateurs syriens (dont l’archevêque d’Alep) ont déjà amèrement dénoncé : les Occidentaux ont beaucoup parlé, mais étrangement peu agi pour détruire cette hydre vert foncé.

Seconde information : si les membres de l’EI sont répartis de façon à peu près équilibrée entre l’Irak et la Syrie, on peut considérer qu’il y a entre 15 et 20 000 combattants de Daech présents principalement autour de Raqqa. C’est donc bien moins que les autres terroristes islamistes présents en Syrie, dont le général Castres nous dit qu’ils sont probablement autour de 80.000 dans les zones que nos médias et nos représentants politiques qualifient facilement de “rebelles”. On a donc un rapport de 1 à 4 entre les islamistes de l’État islamique et les “autres” (dont une écrasante majorité, autour du Front al-Nosrah, sont affiliés officiellement ou officieusement à al-Qaïda, berceau originel... de Daech). Les chancelleries occidentales, si elles tenaient compte des chiffres que leur fournit le renseignement notamment militaire, devraient en conséquence tenir des propos beaucoup plus proches de ceux tenus par Sergeï Lavrov ou… Bachar el-Assad lui-même. [...]

Troisième information : il reste donc à peu près 20.000 rebelles dits “modérés” d’après le renseignement militaire français. C’est peu… d’autant qu’ils combattent dans les mêmes zones que les 80.000 “terroristes”, dont ils sont de facto les alliés sur le terrain.[...]

La veille de cette édifiante audition du Général Castres, le 15 décembre 2015, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian était lui-même auditionné devant cette même Commission du Sénat. Si l’on croise leurs deux déclarations, et compte tenu du fait que notre ministre ne pouvait ignorer ces informations du renseignement militaire, le grand écart devient inquiétant.

[...] comment croiser [...] la déclaration du ministre de la Défense sur le renforcement de l’aide aux “insurgés” et celle du général Castres sur les 80.000 terroristes parmi les 100.000 “rebelles” sans conclure à l’impossibilité manifeste d’un tel croisement… sauf à comprendre que la France et les pays occidentaux soutiennent directement ou indirectement le terrorisme islamiste.

[...] Comment ne pas s’interroger sur la fonction de “leurre” de l’État islamique ? Daech et ses modes d’actions terrifiants et spectaculaires ne sont-ils pas au moins partiellement le paravent horrifiant qui cristallise l’attention populaire, médiatique et politique, la détournant ainsi d’une entreprise bien plus grave de déstabilisation profonde de la région et du monde. Daech fait oublier al-Qaïda qui agit en deuxième (et performant rideau), de manière rhizomique. Ses multiples avatars désormais labellisés “rebelles”, “insurgés”, ou “islamistes modérés” en sont par contraste, redevenus fréquentables et poursuivent leur démembrement méthodique de l’État. »

En focalisant l'attention publique sur le combat (assez mou) des forces occidentales contre Daech, et en entretenant le mythe de rebelles « modérés » (certes existants, mais très minoritaires et collaborant de fait avec les islamistes), on a habilement fait oublier le gros des « insurgés » que l'on soutient, et qui sont affiliés à Al-Qaïda. Daech a ainsi permis d'occulter le travail de sape mené en Syrie par les soi-disant « rebelles », composés en vérité à 80 % de terroristes reconnus comme tels.

D'autres articles ont récemment paru, qui tordent le cou à cette propagande. Le 15 mars 2016, Jamal Maarouf, ancien membre de l’Armée syrienne libre, déclarait dans Le Monde, que celle-ci était désormais « sous la coupe d’Al-Nosra » :

« Les chefs actuels de l’ASL sont obligés de composer avec Nosra, qui prélève une partie de l’aide humanitaire et militaire qui leur est envoyée. Les leaders de Nosra leur laissent les missiles TOW car ils ne sont pas bêtes. Ils savent que s’ils les saisissent, les livraisons cesseront aussitôt. Et ils ont besoin de ces missiles pour détruire les tanks du régime. En gros, Nosra dit à l’ASL où et comment les utiliser. »

RFK Jr. avait aussi, de son côté, dénoncé le portrait « délirant » fait par la presse de l'Armée syrienne libre, composée de bataillons unis de Syriens soi-disant modérés.

Le 21 décembre 2015, on apprenait en Belgique, dans Le Vif, qu'« une majorité des rebelles syriens [étaient] favorables à l'idéologie de l'EI ». L'information émanait d'un rapport du think tank Centre on Religion and Geopolitics, et avait été relayée par plusieurs médias britanniques, comme le Guardian le 20 décembre 2015. Extrait :

« Au moins 15 milices, représentant environ 65.000 combattants, pourraient combler un vide laissé par l'Etat Islamique. "L'Occident risque de réaliser une erreur stratégique en ne se focalisant que sur la lutte contre l'EI. Défaire l'organisation militairement ne mettrait pas un terme au jihadisme global [...]", estime le think tank, qui fait partie de la Faith Foundation de l'ancien Premier ministre Tony Blair.

"Le plus grand danger pour la communauté internationale ce sont les groupes qui partagent l'idéologie de l'EI, mais sont ignorés dans la bataille pour défaire l'organisation terroriste", ajoute le Centre on Religion and Geopolitics. »

Mais, plus tôt encore, dès le 29 octobre 2015, c'est la députée non-inscrite de VendéeVéronique Besse, qui, à son retour de Syrie, où elle avait rencontré avec deux autres députés Bachar el-Assad, avait osé déclarer : « La France soutient des groupes modérés soi-disant modérés – mais qui sont proches d'Al-Qaïda et donc proches de l'État islamique ». « La France soutient notamment Al-Nosra », avait-elle ajouté. Des propos qui lui avaient attiré les foudres de la présidente de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Elisabeth Guigou. Cette dernière avait en effet « condamné avec force [d]es allégations scandaleuses », « indignes », qui étaient « la preuve directe [d'une]instrumentalisation par le chef du régime syrien, co-responsable de la poursuite de la guerre et de son cortège d'atrocités ».

Une rhétorique usée jusqu'à la corde, que déplorait également Caroline Galactéros dansson article, en notant que « le déni de réalité est un pêché fort répandu et [qu']il reste plus facile d’accuser les journalistes de France 2 de reprendre la propagande du régime syrienque d’admettre un biais politique ou un déficit d’intelligence de situation (comme il fut d’ailleurs plus facile il y a quelques semaines d’accuser les journalistes de Canal + de reprendre la propagande du Kremlin dans leur reportage sur la révolution du Maïdan et la guerre civile ukrainienne dans le Donbass.  »

De la propagande organisée à la satire déguisée : une désinformation multiforme

La première victime de la guerre, entend-on parfois, c'est la vérité. En effet, chaque camp y va de sa désinformation pour tromper l'ennemi, et de sa propagande pour mettre les opinions publiques de son côté. Celui qui dit la vérité pourra ainsi facilement être discrédité en arguant qu'il reprend à son compte la propagande de l'ennemi. Salir le messager pour éviter d'avoir à considérer son message : la technique est connue.

Nous avons aussi vu, avec les e-mails mis en ligne par WikiLeaks, que des erreurs d'interprétation (de l'auteur du message ou de sa date) étaient possibles, qui constituaient un motif supplémentaire de désinformation (chacun reprenant à son compte l'interprétation erronée). Et c'est sans compter sur les sites spécifiquement dédiés à la propagande, que l'on ne détecte pas toujours au premier coup d'œil, comme nous l'avons vu dans un précédent article avec le cas d'AWD News.

Il est si facile de se faire piéger que c'est ce qui est arrivé au célèbre philosophe slovèneSlavoj Žižek, dans un article paru le 9 décembre 2015 dans News Statesman, et intitulé « We need to talk about Turkey ». Voici ce qu'écrivait Žižek :

« En octobre 2015, Hakan Fidan, le chef de l'Organisation nationale du renseignement et l'allié le plus loyal du président turc, a condamné l'intervention russe en Syrie, accusant Moscou d'essayer de "réprimer" la révolution islamiste syrienne. "L'EIIL est une réalité et nous devons accepter que nous ne pouvons pas anéantir une création bien organisée et populaire telle que l'État islamique ; donc je recommande vivement à mes collègues occidentaux de revoir leur mentalité au sujet des courants politiques islamiques, mettre de côté leur mentalité cynique et contrecarrer les plans de Vladimir Poutine d'écraser les révolutionnaires islamistes syriens”, a déclaré Fidan dimanche, selon Anadolu News Agency. »

En fait, si l'on clique sur le lien censé renvoyer à l'Anadolu News Agency, on tombe sur un article de l'inévitable AWD News du 18 octobre 2015, qui, comme à l'accoutumée, ne renvoie pas vers la supposée source initiale. En l'espèce, cette source première n'existe pas : la déclaration d'Hakan Fidan est une pure invention de la part d'AWD News. Le siteNews Statesman a rapidement corrigé l'erreur, de manière transparente, avec une note au bas de l'article. L'agence de presse turque a également tenu à dénoncer cette désinformation.

JPEG - 13.2 ko
« Disclaimer » - World News Daily Report

Plus comique, on pouvait récemment lire au détour d'un site dissident, se présentantcomme « un groupe de réflexion stratégique au profit de toutes les organisations patriotiques », qui « se donne pour objectif de faire émerger de nouvelles élites  », un article au titre aguicheur : « Edward Snowden affirme que Ben Laden serait toujours en vie », et dont la source était, cela ne s'invente pas, AWD News en date du 18 mars. La source originale, qu'une rapide recherche sur Google permet de retrouver, est en fait un article du site World News Daily Report, daté du 25 août 2015 et signé Barbara Johnson. Laprésentation de la journaliste, lanceuse de scoops, ne manque pas de saveur :

« Barbara Johnson est une jeune journaliste qui s'est fait un nom grâce à ses recherches minutieuses et son style d'écriture soutenu. Ancienne pornstar, elle a rapidement atteint le sommet dans sa nouvelle profession grâce à sa beauté et à ses compétences "sociales". »

Vous l'aurez peut-être compris, Barbara Johnson, l'ancienne pornstar reconvertie avec succès dans le journalisme grâce à ses talents relationnels, n'existe pas... et World NewsDaily Report s'avère être un site 100 % satirique. Il faut certes fouiller un peu dans un recoin du site pour dénicher la vérité cachée ; c'est un court paragraphe dans la rubrique « Démenti » qui nous avertit :

« WNDR assume [...] toute la responsabilité de la nature satirique de ses articles et de lanature fictive de leur contenu. Tous les personnages apparaissant dans les articles de ce site – même ceux basés sur des personnes réelles – sont entièrement fictifs et toute ressemblance entre eux et toute personne, vivante, morte, ou morte-vivante, serait purement miraculeuse. »

Ce site, discrètement loufoque, est régulièrement repris comme une source fiable, comme l'a fait le site alternatif Le Nouvel Ordre Mondial le 26 août 2015, en diffusant la pseudo révélation de Snowden sur Ben Laden. A en croire les statistiques affichés au-dessus de l'article, celui-ci aurait été « liké » 31.000 fois et partagé 93.800 fois sur Facebook (des chiffres colossaux), et retweeté 644 fois, ce qui fait suspecter une absence totale de vérification de la part de ces internautes, qui n'ont pas encore acquis les bons réflexes. Parmi les personnes qui ont fait circuler l'intox sur Twitter, on retrouve étrangement, non plus un philosophe star, mais un écrivain renommé : Régis Jauffret.

 

Au milieu des révélations qui abondent sur la Toile, entachées d'autant de désinformations, la morale du funambule s'affirme invariablement comme notre boussole la plus sûre. De l'audace face au conformisme, certes, mais de la réserve aussi face à toute information qui ne nous convient que trop bien, parce que sensationnelle, révélatrice d'un noir secret, ou que sais-je... Rien ne remplace la pratique, qui assouplit petit à petit l'esprit et le rend de plus en plus apte à affronter les périls. Sur le chemin, se forme – à son rythme – le citoyen vigilant, cauchemar des pouvoirs et pilier de la démocratie.


Extraction pétrolière "off shore" au large des côtes italiennes .... et corses

$
0
0
Extraction pétrolière
La CORSE est concernée, dans la mesure où les côtes italiennes sont visibles pratiquement à l’œil nu depuis celles de l’île.
On imagine aisément les dégâts occasionnés en Corse par un « accident » survenant dans l’extraction « off shore ».
 
"u zinu"


____________________________________


 
 
À l’approche d’un référendum sur le pétrole offshore en Italie, les liens entre une ministre et Total font scandale
par Pressenza  (son site)   - AGORAVOX
mercredi 6 avril 2016
 
Par Olivier Petitjean  pour Observatoire des multinationales

Le 17 avril doit se tenir en Italie un référendum sur l’avenir des plateformes pétrolières et gazières dans les eaux côtières du pays (dont une partie appartient à… EDF). Alors que le gouvernement de Matteo Renzi cherche à faire échouer ce scrutin en prônant l’abstention, il se trouve aujourd’hui plongé dans une crise politique en raison du traitement de faveur réservé par l’une de ses ministres au groupe français Total.
Les Italiens sont appelés à se prononcer par référendum le 17 avril prochain sur l’avenir des sites d’extraction pétrolière et gazière offshore au large des côtes de la péninsule. La question qui leur est posée est de savoir si les sites offshore situées dans les eaux côtières (à moins de 12 miles des terres) pourront être exploités jusqu’à leur épuisement, comme le veut une nouvelle législation adoptée par le gouvernement de Matteo Renzi en 2015, ou si leur exploitation doit être limitée dans le temps.
Ce référendum d’initiative populaire a été initié par neuf régions littorales de l’Italie [1 ], les plus exposées aux conséquences environnementales de ces activités. Il est activement soutenu par les grandes organisations écologistes comme Greenpeace, qui met en avant les pollutions occasionnées par ces plateformes offshore, l’absence de supervision publique adéquate et les royalties très faibles versées par leurs opérateurs.
En cas de victoire du oui (et surtout, en l’occurrence, de quorum suffisant), ces sites pétroliers – 92 sur 135 au total dans les eaux italiennes, les autres étant situées au-delà de la limite des 12 miles – devront tous cesser leurs opérations dans quelques années. L’enjeu concret est limité dans la mesure où les sites offshore concernés ne fournissent qu’une proportion modeste du gaz et une proposition infime du pétrole consommés en Italie. D’un point de vue symbolique, cependant, le référendum n’en représente pas un moins une occasion pour les citoyens italiens de voter la fin anticipée d’une bonne partie de l’extraction d’hydrocarbures dans les eaux de la péninsule, d’accélérer la transition énergétique et de désavouer les relations étroites entre administration et industrie pétrolière.
Les liens entre gouvernement et industrie pétrolière font scandale
À l’approche du référendum, pour lequel le gouvernement de Matteo Renzi a appelé à s’abstenir afin de garder un pouvoir discrétionnaire sur le secteur, un nouveau scandale est d’ailleurs venu mettre en lumière ces liens étroits – même lorsqu’il ne s’agit pas de l’entreprise nationale Eni. La ministre Federica Guidi a dû démissionner après qu’il ait été révélé qu’elle avait fait passer un amendement sur mesure dans la loi de finance 2014 visant à débloquer un projet pétrolier de Total, auquel son compagnon était associé en tant que sous-traitant. L’affaire a déclenché une crise politique sérieuse en Italie car elle implique également une autre ministre, très proche de Matteo Renzi.
L’amendement en question permettait au gouvernement italien d’autoriser directement l’exploitation par la firme française du gisement de Tempa Rossa, tout au sud du pays, malgré l’avis négatif des deux exécutifs régionaux concernés (Pouilles et Basilicate). Un responsable local de Total est visé par une enquête du parquet dans le cadre de cette affaire.
Une autre firme française est directement concernée par le référendum du 17 avril : EDF. À travers sa filiale Edison, active dans le domaine de l’extraction de pétrole et de gaz dans toute la région méditerranéenne et en mer du Nord, elle détient 15 des 92 plateformes offshore qui devront cesser leurs activités dans les années à venir en cas de victoire du oui au référendum [2 ].
 
 
[1 ] Vénétie, Marche, Molise, Basilicate, Calabre, Campanie, Ligurie et Sardaigne. L’autre moyen d’organiser un référendum d’initiative populaire en Italie est de recueillir les signatures de 2% du corps électoral.
[2 ] L’essentiel des autres sont opérées par Eni.
 
Source : http://multinationales.org/A-l-approche-d-un-referendum-sur-le-petrole-offshore-en-Italie-un-amendement
Lien sur Pressenza.fr

 
 
 

"PANAMAgate". GIGANTESQUE MANIPULATION?

$
0
0
Devant le tsunami "dénonciateur " qui prend source au Panama et déferle à travers les médias mainstream, il ne semble pas inopportun de faire figurer ici quelques articles alternatifs présentant l'affaire sous un autre angle.
                                                                                                                                                                                                                         u zinu

 





« Panama papers » : la part du feu et l’enfumage !



Par VICTOR - AGORAVOX

Au bistro de la Toile.

- ...Teng Victor, je cherche mais je trouve pas ton blaze dans la liste des crapules qui ont fait marcher la machine à laver le pognon sale au Panama. Je suis fier de connaître quelqu'un d'honnête !
- Il n'y a pas le tien non plus Loulle. Nous, on est de la petite poiscaille.
- On y trouve des gens comme Platini, quelques membres de la Fifa, des joueurs de foot-ball, l'entourage de Poutine, de Bachar, de la Corée du Nord et même une grosse banque française, la Société générale. C'est pas de la petite poiscaille effectivement.
- Mais si, Loulle. C'est tout ce qu'il y a de louche cette histoire de « Panama papers ». Par principe, moi, dès que sort dans les me(r)dias une grosse info dans ce genre, je suis dubitatif. Et je cherche ce que ça cache. Je cherche l'enfumage.
Attends, Loulle. Une centaine de journalistes ont eu ces données pendant un an. Pourquoi des journalistes et pas des officiels de l'ONU par exemple ?
- Mouais. Peut-être parce qu'il n'existe pas d'agence internationale chargée de traquer ce genre de fraudeurs !
- Bien vu Loulle. Mais qui sont ces journalistes « Robin des bois », redresseurs de torts ? Ce sont des membres d'un consortium pompeux, le “International Consortium of Investigative Journalists”, qui est financé et organisé par le Center for Public Integrity des Etats-Unis, officine inondée de pognon par Ford Foundation
, Carnegie Endowment
, Rockefeller Family Fund
, W K Kellogg Foundation, 
Open Society Foundation, oui celle du sulfureux milliardaire Soros.
- Effectivement, faut pas s'attendre à voir dénoncer les sales secrets des plus grandes multinationales ou des banksters. On jette à la populace quelques noms complètement kramés pour qu'elle puisse s'offusquer, ce qui permet de planquer les magouilles des vrais crapules. Tiens, pour ce qui est de la France, on aurait pu s'attendre à trouver les noms des dirigeants des entreprises du Caca-Rente. Mais que dalle. Même Tapie n'a pas eu l'honneur de ces gazettes…
- Il doit se sentir humilié !
- C'est la part du feu Loulle, ce truc. On sacrifie quelques pantins, quelques entreprises dont la pourriture est trop voyante, on jette la suspicion sur la Russie, la Syrie, l'Iran, quelques princes arabes trop voyants pour faire bonne mesure. On disqualifie un pays comme l'Islande qui a su dire merde aux capitalisme mondial. Et ainsi les gros poissons passent à travers le filet. A noter qu'il n'y a pas d'Etasuniens et pas d'entreprises étasuniennes dans les noms qui « fuitent ». Rien que ça met la puce à l'oreille !
Cette escouade de journalistes mondiaux qui ont eu un an pour fouiller dans ces infos, qu'auraient-ils trouvé s'ils avaient cherché les milliers d'entreprises qui relient les cartels de la drogue mondiaux aux leaders de la politique américaine, incluant des membres de Congrès, des gouverneurs d’Etats, des maires de villes, des membres de la Cour Suprême des Etats-Unis et une poignée d’ancien président des Etats-Unis ? Et s'ils avaient cherché sur toutes les entreprises en bourse sur toutes les places boursières du monde ? Et s'ils avaient cherché sur la liste connue des quelques milliers de milliardaires qui constituent le 1 % de ceux qui possèdent autant que les 99 % du reste des habitants de cette boule puante magnifique appelée Terre ?
- Mouais… Effectivement. T'as raison Victor. Cette affaire, c'est trop beau pour ne pas être louche. Au fait, qui a balancé ? Un employé de ce cabinet d'avocats panaméens ? Facile à trouver. Il a intérêt à planquer ses miches le mec ou la nana !
- Récolter plus d'un million de données n'est pas à la portée d'un lanceur d'alerte. Il faut des moyens. Et rien ne se fait au Panama, véritable colonie de fait étasunienne, sans l'assentiment des maîtres de Washington. Il y aurait la patte de la CIA ou de quelque autre officine malfaisante derrière ce truc que ça ne m'étonnerait pas.
- Fort possible Victor. Et puis au fait, ces cent journalistes dans le secret, il seraient plus crédibles s'ils laissaient le peuple fouiller et juger par lui-même, en mettant en ligne l'ensemble de ces informations !
- Compte là-dessus, Loulle… En attendant, mets ma tournée !
 
___________________
 
Un commentaire (avisé) et non moins plaisant :


Le 421  - 7 avril - AGORAVOX

Moi, je pense doucement à toutes ces mauvaises langues...
Ces gens qui ont accusé le papy Le Pen d’avoir dépouillé la maison Lambert pour ensuite planquer des lingots de Suisse aux Bahamas alors que c’est totalement faux !!
Ces gens qui ont accusé Nicolas Sarkozy d’avoir tapé du blé à mamie zinzin pour sa campagne électorale alors que c’est totalement faux !!
Ces gens qui ont accusé Cahuzac d’avoir du pognon en Suisse ou en Malaysie alors qu’il avait juré les yeux dans les yeux que c’était totalement faux !!
Ces gens qui ont accusé Sarkozy (encore) d’avoir été financé par Kadhafi pour ses menus frais alors qu’en fait, c’était juste un peu de fric à Claude Guéant qui avait vendu des tableaux inestimables à un avocat Malaysien, prouvant ainsi que c’était totalement faux !!
Ces gens qui harcèlent les pauvres Balkany, les accusant de malversations dans la gestion de leur ville de Levallois, de posséder des propriétés à Marrakech, à St Martin et autre, alors que ces malheureux vivent chichement dans des masures locales, prouvant ainsi que c’est totalement faux !!
Ces gens qui accusent Eric Woerth d’avoir été un intermédiaire avec Mme Bettencourt pour N.S. alias Paul Bismuth, d’avoir vendu l’hippodrome de Compiègne, bien public, pour une bouchée de pain à des copains, alors que c’est totalement faux !!
Bref.
Il y en a marre et plus que marre de ces mauvaises langues qui ne pensent qu’à médire de toutes ces braves personnes ayant pignon sur rue et qui prouvent, par leur réélections successives que, soit ils sont parfaitement intègres et honnêtes ou que soit les français sont parfaitement immatures et cons...
Au choix.



______________________________________________
 
 
Les Panama Papers sont de la propagande soutenue par Soros, Rockefeller et la CIA…



Par Folamour -  AGORAVOX
vendredi 8 avril 2016


Note de l'éditeur : sans aucun doute, il y a beaucoup de corruptions qui passent par le Panama, bien que beaucoup de ces dernières soient également considérées comme légales. Le point, c’est qu’aucun joueur occidental n’a été nommé dans ces documents qui ont été obtenus et conservés plus d'un an.
Sachant maintenant qu’il a été confirmé que les groupes d'establishment occidentaux étaient derrière le « piratage », il est peu surprenant que les « fuites » aient été organisées afin de ne cibler que des ennemis ou des menaces envers l'élite occidentale. Les seules personnes occidentales nommées sont subordonnées à ceux des niveaux supérieurs du pouvoir. La personne américaine la plus importante nommée étant ... la chanteuse Tina Turner !
Les médias de masse ont saisi sur les soi-disant Panama papers, liés au cabinet d'avocats Mossack Fonseca, l’opportunité d’amasser des condamnations sur le président russe Vladimir Poutine.
L’« ICIJ [Consortium international des journalistes d'investigation] est une coalition internationale de médias qui ont étudié le trésor des papiers, et qui auraient révélé un réseau clandestin impliquant des associés du président russe Vladimir Poutine, et des liens d'affaires entre un membre du comité d’éthique de la [Fédération Internationale de Football Association FIFA] et des hommes que les ont mis en accusation pour corruption », rapporte CNN ce matin.
Poutine est en vedette dans le scandale émergeant, bien qu'il ne soit pas directement lié au stratagème pour déplacer des milliards de dollars dans des paradis fiscaux offshore. 12 leaders mondiaux actuels ou anciens, et 128 autres hommes politiques et des fonctionnaires, sont directement impliqués, mais ils jouent les seconds violons par rapport à Poutine dans les actualités des médias de masse.
L'establishment n'a pas pris la peine d'enquêter sur le consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), l'organisation derrière la fuite. Un voyage à sa page Webrévèle ses sources de financement et de soutien : l’Open Society Foundations (tenue par George Soros), la Fondation Ford et une foule d'autres fondations. L’Obsession anti-russe de Soros est bien connue. Moins connu est le fait que la Fondation Ford est connectée à la CIA, elle est spécialisée dans la propagande culturelle internationale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Craig Murray souligne que l’ICIJ est financé et organisé par le Center for Public Integrity (CPI), un groupe libéral des « chiens de garde » célèbres pour avoir dépeint Patrick J. Buchanan comme un partisan de la suprématie blanche pendant la course présidentielle de 1996. Murray, note qu’IPC, est financé par un radeau d’intérêts globalistes, y compris la Fondation Ford, la Fondation Carnegie, le Fond de la famille Rockefeller et la Fondation Open Society.
« Les médias de masse, comme The Guardian et la BBC au Royaume-Uni, ont un accès exclusif à la base de données que moi et vous ne pouvons pas voir. Ils protègent eux-mêmes ces informations sensibles afin que les sociétés occidentales ne puissent apparaître, en ne regardant que les documents qui sont mis en place pour des recherches spécifiques, tels que les chasseurs de sanctions des Nations Unies. Ne jamais oublier que le Guardian a détruit ses copies des fichiers de Snowden sur instruction du MI6 », a écrit Murray.
L’ICIJ et la CPI tentent de détourner le journalisme d'investigation et de capitaliser sur la notoriété d'Edward Snowden et de WikiLeaks pour abattre Poutine et Bachar al-Assad, le chef controversé de la Syrie.
Les documents du scandale des Panama Papers exposent les paradis fiscaux en Suisse, aux Bahamas, aux Grands Caïmans et le Panama, mais ne disent rien sur le nouvel arrangement légalisé sous le nom de FATCA, la loi sur Foreign Account Tax Compliance.
La loi « rend la mise en évidence de l'argent sale américain étranger pratiquement impossible. Alors, où va cet argent - il reste aux États-Unis », écrit Zéro Hedge. « Et, pour couronner le tout, il y a une entreprise spécifique qui est le fer de lance de la conversion des États-Unis au Panama : Rothschild. »
L'institution de bankster internationale a ouvert un trust à Reno, au Nevada. « Il déplace maintenant les fortunes de clients riches étrangers de paradis fiscaux comme les Bermudes, sous réserve des nouvelles obligations d'information internationales, en trust géré par les Rothschild au Nevada, qui en sont exonérés ». Bloomberg rapporte que « Les États-Unis sont effectivement le plus grand paradis fiscal dans le monde », a vanté Andrew Penny de Rothschild. L'un des plus importants fournisseurs mondiaux de comptes offshore, Trident Trust, a ouvert un bureau à Sioux Falls, dans le Dakota du Sud.
L'élite financière se fera un plaisir de sacrifier Sigmundur David Gunnlaugsson, le Premier ministre de l'Islande, et même la famille de David Cameron, pour se payer Vladimir Poutine.
Source(s) : Crashdebug.fr via Hangthebankers.com sur la piste de Blacklistednews
Traduction :  folamour



______________________________________________



 
Panama Gate. Questions ouvertes au journal Le Monde


par Jacobin - AGORAVOX
mercredi 6 avril 2016


L'affaire Panama Papers, révélée par le Monde pose quelques questions que visiblement, aucun organe de presse professionnel n'a décidé, ne serait-ce que d'évoquer.
Question 1 : le Monde, qui nous parle de plus de 100 médias ayant participé à cette action, se révèle incapable d'en fournir la liste. A la question d'un lecteur à ce sujet, le Monde renvoie sur le site de l'ICIJ et la liste des journalistes, pas des médias. A J+2 de cette opération, la liste complète des médias participants n'est toujours pas publiée. Le Monde aurait-il quelque chose à cacher sur cette liste ? La valeur de ses participants ? Ou leur orientation ? Les journalistes français regarderaient-ils ailleurs pour ne pas s'étonner de cette absence ?
Question 2 : le fait qu'aucun média US notable ne participe à cette opération a-t-il une signification ?
Question 3 : le Monde dément catégoriquement tout financement de Soros dans cette opération. Alors comment se fait-il que sa fondation Open Society(Soros) finance ICIJ (siège Washington) et qu'elle finance aussi OCCRP, autre participant de l'opération qui est, elle même financée aussi par USAID, l'agence du gouvernement US ?
Question 4 : est-ce que ce ne serait pas la réponse à la question 3 qui impliquerait la prudence de la grande presse US sur le sujet ?
Question 5 : que dirait le Monde si une officine de journalistes indépendants basée à Moscou et financée par des fondations d'oligarques proches de Poutine, lançait en pâture au public une liste de personnalités ayant des comptes secrets au Delaware ou au Luxembourg, ne comptant que des personnalités politiques majeures membred de l'OTAN et seulement une paire de sous-fifres Tchétchnènes ou Kazhaks déjà archigrillés pour faire bonne mesure ? Que dirait le Monde ?


Commentaires :

 
diogène 6 avril 

Il existe des médias qui font leur travail d’analyse et d’investigation :

« Le filtrage des informations de Mossack Fonseca par les médias est le reflet direct de l’agenda gouvernemental occidental. Bien qu’ils soient leurs principaux clients. aucune grande société occidentale, aucun milliardaire occidental n’est mentionné parmi ceux qui ont utilisé les services de Mossack Fonseca, Et le Guardian se dépêche de les rassurer en disant que « la plus grande partie des informations fuitées ne sera pas divulguée ».

A quoi vous attendiez-vous ? La fuite est gérée par un organisme qui porte le nom grandiose, mais qui prête à rire quand on connait l’oiseau, de « Consortium international des journalistes d’investigation ». Il est entièrement financé et géré par le Centre des États-Unis pour l’intégrité publique. Leurs bailleurs de fonds comprennent :
- La fondation Ford 
- La fondation Carnegie
- La fondation de la famille Rockefeller
- La Fondation W K Kellogg
- La Fondation pour une société ouverte (Soros)

Le Consortium International des journalistes d’investigation (ICIJ) fait partie du Projet de rapport sur le crime organisé et la corruption (OCCRP) qui est financé par le gouvernement américain à travers l’USAID.

La « fuite » consiste en un ensemble de données sélectionnées par des organisations amies des Etats-Unis à partir d’une base de données, probablement obtenue par les services secrets américains, qui contient sans aucun doute beaucoup d’informations fort compromettantes sur des personnes et des organisations « occidentales ».

La publication d’informations triées sur le volet à partir des données « fuitées » a deux objectifs :

- Elle salit divers « ennemis de l’empire », même si c’est seulement par personne interposée comme les présidents Poutine et Assad.

- Elle prévient d’autres personnalités, celles qui figurent dans la base de données, mais dont les noms n’ont pas encore été révélés, que les Etats-Unis ou leurs « partenaires médiatiques » peuvent, à tout moment, exposer leur linge sale en public. C’est donc un moyen de chantage idéal. »

 

 http://www.moonofalabama.org/2016/04/selected-leak-of-the-panamapapers...


______________________________
 

JMBerniolles 7 avril 
La confusion soigneusement entretenue voudrait que ce scandale de détournements frauduleux ait été révélé par une investigation journalistique.
Ce n’est pas cela. L’information d’un volume informatique énorme a été fournie à un consortium de journalistes, dont les financements le relie à la haute finance mondiale et à l’administration américaine à son service.
Cette association de journalistes a ensuite mis en forme les données recueillies de cette manière.
ET la caisse de resonnance habituelle, pro OTAN, atlantiste ; Südeutsche Zietung, L Monde The Guardian .... a joué son rôle d’amplificateur.
Au bout du compte l’information a été plusieurs fois manipulée et si elle est sans doute vraie ( peut-être pas exactement dans la présentation qui en est faite) elle est inutilisable sur le plan juridique.
Elle a donc avant tout un rôle politique

____________________________
 
Gieller 7 avril 

Si seulement les Luxleaks avaient fait autant de bruit...
Ah mais non, là ce n’est pas possible car il y aurait trop de beau monde incriminés parmi les amis de nos gouvernements européens...

Moi ce que je retiens de tout ce merdier :
- Hollande nous a pris pour des cons quand il se faisait le champion de la lutte contre la finance et la fraude fiscale.
- Hollande nous a pris pour des cons lorsqu’il y a 6 semaines il a signé la sortie du Panama de la liste grise
- Sapin nous prend pour des cons lorsqu’il dit qu’il réfléchissait depuis longtemps à remettre le panama sur liste noire car pas coopératif (alors que lui aussi a milité pour le sortir de la liste grise)
- Sapin nous prend pour des cons lorsqu’il nous dit ne pas être au courant des malversations de la société générale
- Eckert nous prend pour des cons lorsqu’il dit que le transfert d’argent par compensation est parfaitement tracé par tracfin et n’existe quasiment plus en France.
- Sapin nous prend pour des gros cons lorsqu’il nous sort sa super liste de 6 pays classés comme étant des paradis fiscaux... même des pays comme la Nouvelle Zélande sont capables de fournir l’anonymat en off shore...
- Hollande nous prend pour des cons lorsqu’il dit prendre la mesure de l’évasion fiscale et mettre les moyens pour lutter contre alors qu’on est INFOUTUS de se procurer les fichiers en question et que le gouvernement a fait voter un amendement pour supprimer la seule loi nous donnant un outil pour lutter contre l’évasion.
- Les journalistes du monde nous prennent pour des cons lorsqu’ils sortent des noms de personnes déjà complètement grillées ou des références d’illustres inconnus dont tout le monde se fout éperdument.
- Les journalistes de la planète nous prennent pour des cons lorsqu’ils nous jettent en pâture des noms de dirigeants anti système alors qu’ils ne sont même pas impliqués dans la liste.
- L’expert financier du monde nous prend pour des cons lorsqu’il dit que peu de client US dans la liste car ils ont le Delaware ou je ne sais quel autre état US pour ouvrir des sociétés en Offshore.
- L’ICIJ nous prend pour des cons lorsqu’elle dit travailler uniquement avec des médias pour la qualité de leur travail dans le milieu de l’investigation.
- Les US prennent le reste de la planète pour des cons et se marrent bien à voir tout le monde s’agiter autour de ces Panama Papers alors que pendant ce temps ils sont en train de nous coloniser militairement (culturellement, financièrement et politiquement) et faire en sorte de devenir quasiment les seuls à proposer un paradis fiscal en off shore.

Et on pourrait continuer comme ça sur trois pages tellement dans cette histoire tout le monde nous prend pour ce que nous sommes peut être, une bande de gros cons devant croire ce qu’on leur dit de croire...


 


______________________________________________

Panama Papers : ça sent quand même un peu l’arnaque



par Greg - AGORAVOX
jeudi 7 avril 2016
 
 
Au premier abord, j’ai constaté dans cette affaire des Panama Papers que l’on tapait essentiellement sur Vladimir Poutine. A l’ouest rien de nouveau me direz-vous, dans cette période où la propagande anti-russe dans les médias occidentaux atteint des sommets. Soit.
 
En se penchant un peu sur le sujet, on se rend compte que l’organisme à la base de cette fuite, et qui a coordonné l’enquête, ne fait pas partie de ces organismes (Wikileaks, etc.) qui ont l’habitude de faire trembler les puissants avec leurs révélations. Les dirigeants du « monde libre », qui à l’accoutumée suent à grosses gouttes quand on évoque un « leak », applaudissent cette fois-ci. Bizarre. Il y a quelque chose de différent dans cette affaire.
 
On s’aperçoit aussi que dans le cadre de la « plus grande fuite de l’histoire du journalisme », il n’y a au final pas énormément d’occidentaux mis en cause, pas vraiment de dirigeants de pays membres de l’OTAN ou d’hommes d’affaires de premier plan et surtout pas d’américain ! Oui, les Etats-Unis pourtant première puissance économique mondiale sont épargnés. C’est quand même étrange.
 
Le but de cet article n’est en aucun cas de tenter de défendre les personnalités qui sont actuellement mises en cause dans le cadre de l’affaire des Panama Papers. Je n’ai, en ce qui me concerne, que peu de doute sur le fait que des dirigeants comme le Roi Mohamed VI du Maroc, le milliardaire et président Ukrainien Petro Poroschenko ou encore les présidents russe et chinois puissent avoir des pratiques douteuses et vouloir échapper à l’impôt. Il est de notoriété publique que le pouvoir corrompt.
 
Je cherche simplement à expliquer pourquoi les médias occidentaux mainstream, si favorables à l’establishment mondial et à l’OTAN tapent, à l’unisson et à grand renfort de publicité, sur les mêmes que d’habitude, à savoir principalement des indépendants et non-alignés avec les Etats-Unis, alors que l’évasion fiscale est un phénomène qui touche tous les pays du monde, à tous les niveaux.
 
Il paraît légitime de s’interroger. Ce qui m’amène à écrire mon premier article.
 
Qui mène l’enquête ?
 
Le média qui a reçu les premiers documents est le Süddeutsche Zeitung, journal de centre-gauche allemand parmi les trois plus grands quotidiens du pays (Déjà là, le lanceur d’alerte aurait pu faire mieux niveau presse indépendante, mais il débutait sûrement). Très vite le média allemand se tourne, par manque de moyens par rapport à la quantité de documents (11 millions), vers l’organisme qui va coordonner l’investigation et répartir le travail : l’ICIJ (Consortium international des journalistes d'investigation). La suite de l’opération s’est donc faite en collaboration avec plus d’une centaine de médias de 76 pays du monde.
 
La consultation de son site internet nous permet d’apprendre que l’ICIJ, fondée en 1997 par Charles Lewis est en fait un projet du Center For Public Integrity, lui-même fondé par Charles Lewis, mais en 1989. Cette dernière structure, dont le CEO est aujourd’hui Peter Bale, est une ONG (organisation non gouvernementale à but non lucratif) basée à Washington, « à deux pas de la Maison Blanche ». Pas mal.
 
Comme écrit sur son site internet, le but de cet organisme est de « servir la démocratie en révélant les abus de pouvoir, la corruption, l’abus de la confiance du peuple par les institutions puissantes publiques ou privées, grâce aux outils du journalisme d’investigation ».
 
Si l’on s’intéresse aux personnages clés de ces organisations on apprend que Peter Bale, le CEO du Center For Public Integrity, est un ancien de CNN International. Charles Lewis est quant à lui un journaliste d’investigation, ancien producteur de la chaine ABC News et de l’émission 60 minutes. Ces deux personnalités viennent donc de deux des plus grosses chaînes d’infos des Etats-Unis. ABC News étant la propriété de The Walt Disney Company et CNN celle de Time Warner. D’accord.
 
Les médias qui font partie du réseau ICIJ sont parmi les plus mainstream de la planète. Pour en citer quelques-uns : Le Monde en France, Le Soir en Belgique, The Guardian et la BBC en Angleterre, Süddeutsche Zeitung en Allemagne. Autant dire qu’à l’ICIJ on fait plutôt dans le média de masse, bien-pensant, détenu par de riches investisseurs que dans le journalisme indépendant. Le genre de journalisme, comme celui du Guardian, qui détruit les données fournies au péril de sa vie par Edward Snowden sur les pratiques de la NSA.
 
Côté financement, ce qui en dit souvent beaucoup, l’organisme est financé par des particuliers et par de généreux mécènes, parmi lesquels on trouve entre autres : Ford Foundation, W.K. Kellogg Foundation, Open Society Foundation (George Soros), Rockefeller Brothers Fund, Rockefeller Family Fund. L’indépendance avant tout on vous dit !
 
Comment procèdent-ils ?
 
La méthodologie a de quoi surprendre. Comme nous le précise Süddeutsche Zeitung dans un de ses articles sur l’affaire, repris dans un post de Craig Murray, un ancien diplomate britannique, et dont l’extrait suivant a été traduit par le sakerfrancophone :
 
«Les journalistes ont réuni des listes de politiciens importants, de criminels internationaux, d’athlètes professionnels bien connus, etc. Le traitement numérique a permis de rechercher ensuite si des noms de ces listes figuraient dans les fuites. Une liste « scandale des dons au parti » contenait 130 noms, et la liste des sanctions de l’ONU plus de 600. En quelques minutes, le puissant algorithme de recherche a comparé les listes avec les 11,5 millions de documents.
 
Pour chaque nom trouvé, un processus de recherche détaillé a été lancé au moyen des questions suivantes : quel est le rôle de cette personne dans le réseau des entreprises ? D’où vient l’argent ? Où va-t-il ? La structure est-elle légale ? »
 
On comprend donc que les journalistes s’appuient principalement sur une liste de politiciens qu’ils ont sélectionnés (ou que les propriétaires des médias pour lesquels ils travaillent ont choisis ?), de personnes sanctionnées par l’ONU autant dire non-alignées avec la politique de l’OTAN et encore moins membres de l’OTAN. La méthode a donc consisté à choisir quelqu’un qui ne plaît pas à au pouvoir en place aux Etats-Unis, à entrer son nom dans le moteur de recherche en espérant qu’il en sorte quelque chose. Comme le dit Craig Murray dans son article, « ne vous attendez pas à une réelle révélation sur le capitalisme de l’ouest. Les sales secrets des sociétés occidentales ne seront pas publiés. » Et de continuer « et si les recherches dans la base de données portaient sur les propriétaires des médias de masses, leurs entreprises, tous les éditeurs et les journalistes ? (…) sur les plus hauts placés à la BBC ? (…) sur chaque donateur du Center For Public Integrity ? (…) sur chaque entreprise cotée dans une bourse occidentale ? (…) sur chaque millionnaire de l’ouest qu’ils pouvaient trouver ? ». En effet, cela aurait été plus fun, mais on ne tape pas sur les copains. Ce n’est pas le but de la manœuvre.
 
Les américains étrangement épargnés, pas leurs ennemis
 
Comme je le disais en introduction, les Etats-Unis sont la première puissance économique mondiale. Ils sont aussi le pays qui compte le plus de milliardaires au monde, soit 536. Suivent la Chine et l’Allemagne avec respectivement 213 et 10320. Je ne prétends pas ici faire la démonstration d’une science exacte qui voudrait que puisqu’un pays soit premier au classement du nombre de milliardaires ; il doit forcément avoir un plus grand nombre de contribuables impliqués dans la fraude fiscale. Mais ça serait logique. Pour qu’il n’y ait aucun américain, ni aucune société américaine cités, c’est soit que l’ensemble du peuple américain est foncièrement honnête et ne compte donc aucun fraudeur, soit que le Panama n’est pas assez paradisiaque fiscalement pour eux, soit qu’on nous prend pour des truffes.
 
Concernant les autres pays occidentaux, j’évoquerai uniquement la France, simplement par méconnaissance des autres pays européens et de leurs personnalités. L’affaire des Panama Papers fait ressortir les noms de quelques français comme Michel Platini, Patrick Balkany, Jérôme Cahuzac, ou Fréderic Chatillon, un proche de Marine Le Pen. Seulement ces révélations touchent des personnalités déjà inquiétées par la justice pour la plupart. Michel Platini dans une affaire de « conflit d'intérêt » et « gestion déloyale » qui lui a probablement couté la présidence de la FIFA. Patrick Balkany, pour fraude fiscale et corruption passive. Jérôme Cahuzac est accusé d’évasion fiscale. Philippe Chatillon est mis en examen pour financement illégal dans le cadre de la campagne de 2012 de Marine Le Pen. On prend les mêmes et on recommence. On n’abime pas la réputation de nouvelles personnalités, on enterre un peu plus ceux qui l’étaient déjà. Idem pour les sociétés, on nous parle de la Société Générale, qui avait déjà fait l’objet d’une enquête en 2012.
 
Passe aussi à la moulinette médiatique une poignée de millionnaires inconnus, ou disons de second plan, pour la forme. On n'apprend rien de nouveau ou de transcendant, un non-événement en somme.
 
En ce qui concerne la Russie et particulièrement Vladimir Poutine (alors qu’il n’est pas cité dans les documents), ou le président Bachar Al Assad (pas cité non plus), les dirigeants chinois ou vénézuéliens, c’est un autre son de cloche. Ils font les unes de tous les médias occidentaux, surtout le président russe. Mais je ne reviendrai pas dessus vous en avez assez, et en aurez encore, dans les médias de masse.
 
Ça grince aussi beaucoup à la FIFA et à l’UEFA, que l’on ne pardonne sûrement toujours pas de n’avoir pas attribué la Coupe du Monde 2022 aux Etats-Unis. C’est en effet après l’attribution au Qatar que l’enquête du FBI a commencé provoquant ensuite de nombreux scandales.
 
L’affaire aurait sans doute été différente si les données avaient été partagées et rendues publiques via une plateforme du type Wikileaks. Chacun aurait pu, comme il est de coutume, faire ses propres recherches et les résultats auraient été foncièrement différents. Gerard Ryle, le directeur de l’ICIJ, se veut rassurant pour l’establishment en disant : « nous n’avons pas dévoilé l’ensemble de la base de données et nous ne le ferons pas ». Ouf ! Quelqu’un aurait pu trouver quelque chose d’intéressant et de vraiment compromettant.
 
Alors, quel est le but de cette fuite ?
 
Il y aurait plusieurs raisons à cette fuite d’information contrôlée. La première est apportée par Ernst Wolff, journaliste et auteur, spécialiste de la finance. Selon lui les Etats-Unis tenteraient de « vider les paradis fiscaux actuels, dans le but de se positionner comme le principal paradis fiscal ». Certains états comme le Dakota du Sud, le Delaware ou le Nevada sont souvent appelés « nouvelle Suisse » car ils bénéficient de lois permettant une extrême opacité. « On estime que les entreprises offshores possèdent environ 30 à 40 trillions de dollars. Et les Etats-Unis souhaitent évidemment rediriger cet argent dans leur pays. (…) D’un côté, cela affecte négativement certains paradis fiscaux : les individus et les entreprises vont retirer leur argent de là et le rediriger vers le Nevada ou le Dakota du Sud. Et d’un autre côté, cela permet de jeter la pierre à Poutine. » Compte tenu du contexte économique actuel cela semble être en effet un motif crédible pour augmenter à terme les rentrées fiscales sur le territoire américain.
 
Un autre motif serait de prévenir « d’autres personnalités, celles qui figurent dans la base de données, mais dont les noms n’ont pas encore été révélés, que les États-Unis ou leurs partenaires médiatiques peuvent, à tout moment, exposer leur linge sale en public. C’est donc un moyen de chantage idéal ».
 
Dans tous les cas, cela permet à coup sûr de salir les opposants à l’OTAN et à la politique impérialiste américaine tels que la Russie, la Chine et le Venezuela, sans avoir l’air d’y toucher. La classe américaine.
 
Greg

ONFRAY crucifié entre Islamophobos et Islamophilos

$
0
0
ONFRAY crucifié entre Islamophobos et Islamophilos
J'écrivais ceci à propos d'ONFRAY :

Il est légitime d'apprécier :

-Le Onfray de l'Université populaire.
-Le Onfray briseur d'idoles et barbouilleur d'icônes.
-Le Onfray qui nous invite à pratiquer une réflexion complexe, à rejeter les jugements binaires, et à cultiver une pensée multiple détachée des grilles de lecture préétablies ou des a priori dogmatiques.
-Le Onfray qui estime que la pensée unique s'accorde avec toutes les idéologies, qu’elles soient de droite ou de gauche.
-Le Onfray qui nous incite à ne pas quémander les images pieuses d'un "calendrier de l'avent" au demeurant dépouillé de toute religiosité pour n'être plus qu'un "attrape-petit-nigaud" bassement commercial.
-Le Onfray qui fustige avec férocité le bouffon moraliste BHL et ses palinodies de démocrate professionnel, interventionniste et belliqueux.
-Le Onfray qui remet à sa juste place certaine bécasse prétentieuse, acrimonieuse et suffisante, qui sévit dans la sphère médiacratique, et qui pense que pour remplir son office de vestale de la pensée dominante et de l'ordre établi, il suffit d'accabler ses interlocuteurs de questions aussi stupides que répétitives.
-Le Onfray qui ne trouve ni saugrenue ni pernicieuse une alliance entre souverainistes de droite et de gauche contre l'Europe et l'Euro.
 
On peut ne pas apprécier :

-Le Onfray qui s'érige en porte-parole d'un "peuple" au demeurant sommairement défini.
-Le Onfray médiatique, devenu plume prolixe et philosophe ultra lucarnier se plaignant d'être ostracisé, voire lynché par l'establishment mais se délectant apparemment de l'extension de sa notoriété, oubliant par ailleurs que celle-ci corrompt autant que les Pouvoirs qu'il se plait à dénoncer.
-Le Onfray qui se laisse aller à une certaine "sculpture de soi" et affiche parfois un contentement de ses réparties qui frise le cabotinage,
-Le Onfray aux formulations brillantes mais lapidaires ou réductrices, qui certes mettent en joie les téléspectateurs ou les lecteurs, mais qui ôtent à l'expression de ses idées le sel de la nuance ou lui confèrent une connotation démago-populiste.
-Le Onfray pour qui le brave et sympathique Poutou qui présentait pour une fois l'image d'un trotskysme innocent et pacifique, servit un soir chez Ruquier de tête de Turc un peu facile.
-Le Onfray qui invoque son passé chaque fois qu'il est interpellé sur ses nouvelles orientations, comme s'il suffisait d'évoquer ce que l'on a été pour nier les évolutions de son parcours.
-Le Onfray qui condamne haut et fort (à juste titre) les turpitudes de l'Occident et ses multiples campagnes guerrières à l'encontre des Musulmans pour arguer de sa non-islamophobie personnelle, et qui dans le même temps se plait et complaît à relever dans le Coran tous les versets qui viennent au secours de son argumentation anti-musulmane déclarée, ou rejoint ouvertement le camp des Zemmour, Finkelkraut, Houellebecq et autres contempteurs d'un Islam déclaré irréversiblement islamiste.
-Le Onfray tellement ambigu qu'il permet au Figaro, à Marine Le Pen, voire à Soral de le récupérer sans difficulté.
 
 
______________________________
 
 
Entre temps, l'ayant entendu à la radio et la télé expliciter le contenu de son dernier ouvrage "Penser l'Islam", et en  ayant attentivement lu (en attendant de lire le livre ) la présentation qu'il en fait sur son blog, j'ai quelque peu révisé mon opinion (ou mon jugement) antérieur, et je lui accorde volontiers le mérite d'une pensée libre, pensée libre qui finalement explique qu'il soit contradictoirement traité d'islamophile ou d'islamophobe selon la source des louanges ou des critiques qui lui sont adressées.  
 
« Il est difficile, ces temps-ci, de penser librement et encore plus de penser en athée. Affirmer que les idéaux de la philosophie des Lumières sont toujours d’actualité nous fait paradoxalement passer pour des réactionnaires, des islamophobes, voire des compagnons de route du Front National assimilé au fascisme. Dans un monde qui prétend en masse « Je suis Charlie », Voltaire revenu passerait pour un défenseur du fanatisme ! C’est le monde à l’envers.
Je me propose de réactiver la pensée des Lumières dans ce "Penser l’Islam". Non pas le penser en faveur ou en défaveur, ça n’est pas le propos, mais en philosophe. Je lis le Coran, examine les hadiths et croise avec des biographies du Prophète pour montrer qu’il existe dans ce corpus matière au pire et au meilleur : le pire, ce que des minorités agissantes activent par la violence, le meilleur, ce que des majorités silencieuses pratiquent de manière privée. Comment la république doit- elle considérer ces deux façons d’être musulman ? Y-a-t-il des relations et des points de passage entre minorités agissantes et majorités silencieuses, sachant que l’histoire est faite par les premières, pas par les secondes ?

Ce livre remet également en relation ce qu’il est convenu d’appeler le terrorisme   avec la politique étrangère islamophobe menée par la France derrière l’OTAN depuis des années. Nous nommons barbarie ce que nous ne voulons pas comprendre. L’islam terroriste a été partiellement créé par l’occident belliqueux. Les choses ne sont pas aussi simples que ce que, de part et d’autre, on voudrait nous faire croire. D’où la nécessité de se remettre à penser. Sur ce sujet comme sur d’autres. »

Viewing all 284 articles
Browse latest View live