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Channel: U ZINU alias l'oursin - Le blog de Jean Maïboroda.
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PAUVRE HOLLANDE , PAUVRE CORNEMUSEUX

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PAUVRE HOLLANDE , PAUVRE CORNEMUSEUX


Pauvre cornemuseux ! Son instrument n'est plus qu'une outre à vent.


Le vaillant capitaine de pédalo n'est plus qu'un pauvre capitaine de radeau.

PAUVRE HOLLANDE , PAUVRE CORNEMUSEUX

Las ! La flûte enchantée du Bourget n'est plus qu'un pitoyable pipeau.


SCAPINUS BRUTUS MACRONUS

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SCAPINUS BRUTUS MACRONUS

E. Macron ou la naissance de la « Social-Finance »


 
Si le concept existe bien en langue anglaise pour désigner une politique de financement à vocation sociale, le néologisme de "Social-Finance" que nous forgeons ici désigne tout autre chose, de bien spécifiquement Français, dont E. Macron pourrait bien être l'initiateur comme le nouvel acteur. Après tout, on parlait bien jusqu'alors de "social-traître", n'est-ce pas ?

Commentaire " u zinu" :
 

Comme César, Hollande pourra s’écrier : « Tu quoque mi fili » !

Mais à César de comédie , Brutus de comédie.
En attendant, nous avons Scapin.


Je complète et précise mon petit commentaire en reproduisant un portrait  brossé par @ Elliot, rédacteur et commentateur d'AGORAVOX dont j'apprécie le style et l'humour qui caractérisent ses analyses.


 

Macron : naissance d’une étoile et crépuscule des Dieux ?

 

Battez tambours, sonnez trompettes, il arrive, Macron, le merle blanc prêt à se sacrifier pour sortir la France des ornières qu'il a un peu contribué à creuser dans une autre vie, chez la banque Rothschild où on ne professe pas exagérément le souci de l'intérêt général.

Jeune homme, présentant bien, portant avec une décontraction toute britannique sesélégants habits de ministreil évitesoigneusement d'aller à contre-emploi en prenant ces postures martiales qu'un de sesmentors, Valls, affectionntant.

Il n'a pas non plus la faconde lisse du notable de province d'un Hollande.
Hollande qui a réchauffé ce serpent en son sein et lui a ouvert les portes du pouvoir au point d'aiguiser aujourd'hui chez ce petit jeune homme un appétit à peine dissimulé pour la mandature suprême car ni la modestie ni la reconnaissance n'étouffent l'arrivismde celui qui a su se faire un nom et s'imagine maintenant un destin.

Il lui manque ce petit air canaille qui en ferait un Rastignac moderne et son beau sourire dont il use et abuse met parfois mal à l'aise quand il est appuyé par un regard d'acier qui souligne lemanque d'empathie pour ceux auxquels il s'adresse.

Macron est ce que l'on appelle chez les Ressources humaines du monde des affaires ou de l'industrie un grand format mais en politique c'est un pur produit de marketing et il a été choisi par le barnum médiatique de prose ou de toc parce qu'il pourrait être l'homme providentiel d'une période donnée, qu'il pourrait représenter la nouvelle clé de voûte ( ou l'étai provisoire ) d'un système ébranlé.

Au moins une chose est sûre : fort du coup de pouce de la médiacratie et n'écoutant que sa petite voix intérieure ou l'appel de la Providence, il s'est propulsé lui-même avec un sens consommé de l'opportunisme à la quête de la bonne fortune.

N'ayant jamais soumis sa distinguée personne au suffrage universel, il ne souffre pas du discrédit qui s'attache comme le fruit de la Bardane ( dite plaque-madame ) aux basques des politiciens de métier.

Il prend le masque de l'homme neuf et recycle, sous couvert de modernisme, des idées vieillottes dont il se contente seulement de changer le flacon.


 

Il ne paraît donc pas fragilisé par son absence de socle électoral et en effet on peut considérer - comme il doit le penser en son for intérieur - que ce qui, dans un passé récent, était un handicap rédhibitoire, est devenu aujourd'hui un atout majeur et, n'ayant rien eu à promettre, il ne se sent pas engagé par les promesses d'autrui et il ne peut encourir le soupçon de trahison : le champ des promesse est pour Macron une terre vierge qui s'offre à son exploitation.

En outre, il aura finalement beau jeu de décréter – non sans un certain sens de la vérité - que la politicaillerie a sapé son action et n'a eu de cesse de vider de leur substance toutes ses initiatives et poussant le cynisme à son paroxysme, il se pourra poser en victime de machinations plutôt qu'en complice avéré du système.

Aux Français las de toutes les chamailleries politiciennes et désespérant de la grisaille et de l'absence de perspectives, il voudrait qu'on le fît paraître comme un porteur de projet, une manière de délivrance.
Néanmoins ne nous laissons pas non plus abuser par le tapis rouge que lui déroulent les faiseurs d'opinion ou qui se prétendent tels, la route est encore longue pour convaincre le peuple de France et l'excès d'honneurs suffit parfois à crever une bulle médiatique.

 

De toute manière, Macron prend maintenant grand soin de l'image que lui ont en fait construite Hollande et Valls qui doivent être pour l'heure fort marris de l'indocilité imprévue de leur poulain ; aujourd'hui il cultive sa popularité ( présumée car les sondages aussi savants soient-ils n'équivalent pas au suffrage universel ) en alliant au conformisme économique pourtant le plus éculé quelques petites manifestations de rébellion distillées avec la sagesse de celui qui sait qu'il ne doit pas aller trop loin trop vite ; entre petites phrases et retraites tactiques, il cultive l'ambiguïté des propos et l'équivoque des attitudes.

Face à des Français qui rejettent en masse la particratie, il cultive sa différence et s'adosse à un mouvement, fruit d'une génération « spontanée « qui ne se revendique ni de la Droite ni de la Gauche » ( Ouf, merci ! ), qui n'est pas au Centre non plus mais est ailleurs ( on sait d'expérience historique que le tropisme de l'ailleurs tend vers la Droite ).

Il importe finalement peu à ceux chez qui on a créé l'attente que le financement de son mouvement soit à la charge des puissances d'argent : ils ont le beurre, le sourire de Macron et n'attendent plus que l'argent du beurre.

Son programme ?

On en connaît déjà une partie, celle qu'on l'a empêché de mettre en œuvre et dont la France na pas pu bénéficier. Caliméro Macron aura été en somme victime de sa trop grande délicatesse et de la pusillanimité de ses « chefs », c'est du moins le message que les médias semblent sommés de répercuter à satiété.
Il est remarquable de noter que Macron et Juppé, Juppé et Macron bénéficient d'une couverture médiatique qui tourne parfois au dithyrambe tandis que d'autres impétrants sont soumis à une critique sévère, justifiée ou pas, et parfois dans le cas de Mélenchon malveillante.

Il fut un temps où l'électeur se déterminait en fonction des promesses bien qu'il eût à peu près conscience qu'elles ne seraient pas tenues : on lui vendait du rêve et il se prenait à rêver...

Qui a été dupe de François Hollande en 2012 ?

A-t-il séduit sur son programme ou sur la répulsion qu'inspirait son adversaire ?

Macron séduit parce qu'il prétend nommer les choses sans s'embarrasser de métaphores inutiles et qu'importe si, au fond, son « parler vrai » n'est qu'un habillage, un travestissement de la seule vérité qu'il connaisse, celle du profit.

Ces derniers temps il a donné un coup d'accélérateur à sa mise en jambe en soignant sa publicité et ses airs de feinte modestie ne trompe personne : la Une de Paris Match sur son couple est bienvenue même s'il ne l'a pas sollicitée.

Il cible ses interventions et ce n'est pas un hasard si, à l'occasion d'une visite en Belgique pour une conférence dans une Haute école internationale de Bruges, il a confié au grand quotidien belge « Le Soir » que son mouvement travaillait à l'élaboration d'un programme présidentiel.

Comme on doute fort qu'il pût rouler pour quelqu'un d'autre que sa personne, on peut légitimement s'imaginer qu'il spécule sur un effondrement de Hollande et de ses soutiens et se tient prêt à se précipiter dans la brèche ouverte par un désistement prématuré.

Macron est un homme de chiffres et si l'on est élu sur les chiffres, nul mieux que lui n'est à même de les solliciter au bénéfice de ses thèses, c'est aussi un analyste sec qui sait qu'à partir d'aujourd'hui, un an avant les Présidentielles, il doit être toujours sur le pont, omniprésent dans les médias, faire parler de lui ; il faut qu'il pèse sur les consciences et les imaginations.

A cet égard, Hollande s'inquiétant à l'occasion d'une visite d'entreprise de son absence dans sa suite directe (alors que, quelques longueurs derrière, Macron faisait le beau en sympathisant avec des employés) fut pathétique...


MACRON. Pas le nôtre ! Le Romain.

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MACRON. Pas le nôtre ! Le Romain.

Honni soit qui mal y pense ! Seul un esprit chagrin ou quelque fanatique illuminé  effectuerait un rapprochement entre le triumvirat que nous connaissons de nos jours, à savoir Hollande - Valls - Macron, et les trois personnages de l'histoire romaine ci-après évoqués : Tibère, Séjan et ...... Macron.

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tiré du site :
http://latogeetleglaive.blogspot.fr/2012/07/macron.html
 

Macron.


                                        Il ne vous aura pas échappé que mes sujets de prédilection dans l'Histoire romaine concernent la période des Julio-Claudiens, et plus particulièrement le règne de Tibère : ce n'est pas pour rien que c'est par sa biographie que j'ai inauguré ce blog. Je compte bien m'attaquer prochainement à la République, aux Rois, au Bas-Empire, etc... Mais, pour aujourd'hui, j'ai eu envie de rédiger une courte notice biographique sur Macron, le préfet du prétoire de Caligula, celui-là même qui aurait assassiné mon cher Tibère. Et je me sens suffisamment en forme pour maintenir à son égard une neutralité toute professionnelle, et réussir à achever ce billet sans écrire une seule fois les mots "raclure" et "salaud". (Ah, zut : c'est perdu...)
 
L'empereur Tibère, mon chouchou... (Musée du Louvre)

                                        Je parle d'une courte notice biographique, parce qu'on ne sait finalement pas grand chose de Macron. De son nom Latin Quintus Naevius Cordus Sutorius Macro, il serait né aux alentours de 21 av. J.-C., à Alba Fucens, une ville romaine située au pied du Monte Velino. Des fouilles archéologiques ont mis au jour des inscriptions attestant qu'avant de devenir préfet du prétoire, Macron avait officié en tant que préfet des vigiles (équivalents des pompiers). On peut donc en déduire qu'il était vraisemblablement d'origine modeste, mais on n'en sait pas davantage...
 
Alba Fucens : vue des ruines romaines et du château.

                                        Il apparaît dans les écrits à l'occasion de son intervention devant le Sénat, en 31, lorsque l'Empereur Tibère l'emploie pour se débarrasser de son préfet du prétoire, le redoutable Séjan. Celui-ci, exerçant une forte influence sur Tibère, avait profité de sa réclusion volontaire à Capri pour devenir le vrai maître de Rome et, éliminant un à un tous les éventuels successeurs, nourrissait l'ambition de monter sur le trône. Or, Tibère avait enfin ouvert les yeux sur la vrai nature de son protégé, et il avait percé à jour le double jeu de Séjan. C'est dans circonstances qu'apparaît Macron, en qui Tibère voit l'un des rares hommes de confiance qu'il lui reste : il le charge de lire devant le Sénat une lettre, dans laquelle il s'en prend violemment à Séjan, provoquant sa disgrâce et ordonnant son arrestation. Pendant tout ce temps, Macron est à la manœuvre : ayant écarté les gardes prétoriens, c'est lui qui dirige les cohortes des vigiles qui procèdent à l'arrestation, puis à l’exécution du scélérat. De même, il ordonne l'épuration qui suit, faisant assassiner toute la famille de Séjan, plusieurs sénateurs et des chevaliers proches du condamné. Nommé par Tibère, il prend la place laissée vacante, et devient à son tour préfet du prétoire.

                                        Tibère vieillissant, Macron se rapproche du dernier petit-fils adoptif vivant de l'Empereur, le futur Caligula. Suétone, Dion Cassius et Tacite rapportent notamment qu'il aurait poussé sa propre femme, Ennia Nevia, dans le lit du jeune homme : il faut dire que celui-ci lui avait promis de l'épouser, s'il devenait un jour Empereur. Le mari, bafoué mais complaisant, avait donc tout à y gagner... Tibère, pas dupe, avait d'ailleurs bien perçu le manège de Macron puisqu'il lui lança : "Tu as raison d'abandonner le soleil couchant pour t'empresser au soleil levant." (Dion Cassius, Histoire Romaine, LVIII - 28.) Sa méfiance était plus que fondée, comme nous allons le voir...

                                        En mars 37, Tibère est victime d'un malaise, dans sa villa du Cap Misène. Tout le monde le croit mort, et Caligula se fait acclamer Empereur par la garde. Un peu trop précipitamment puisque Tibère reprend conscience, et qu'il n'en finit pas de mourir... C'est la débandade : Macron imagine déjà la réaction du vieil homme, si jamais il en réchappait, et sa colère envers Caligula et ses partisans, devant la rapidité avec laquelle ils l'ont enterré ! Selon Tacite, Macron aurait alors donné l'ordre que Tibère soit étouffé sous des linges - mais les historiens modernes contestent cette version, et accréditent plutôt la thèse d'une mort naturelle.
 "Le dix-septième jour avant les calendes d'Avril, sa respiration s'arrêta et on crut qu'il avait accompli sa destinée mortelle ; et déjà, dans un grand concert de félicitations, Caligula sortait pour prendre possession de l'Empire, quand soudain on annonce que Tibère recouvre la parole et la vue et demande qu'on lui apporte de la nourriture pour réparer sa défaillance. C'est la consternation générale : on se disperse à la hâte, chacun prend un air d'affliction ou d'ignorance ; Caius (Caligula), muet et figé, tombait de la plus haute espérance et attendait les dernières rigueurs. Macron, sans se troubler, donne l'ordre d'étouffer le vieillard, sous un amas de couvertures et de quitter les lieux. Telle fut la fin de Tibère, dans la soixante-dix-huitième année de son âge." (Tacite, Annales, VI, 50)

Suétone, toujours aussi modéré, incriminait quant à lui Caligula en personne, qui aurait joyeusement étouffé son grand-père avec un oreiller. Mais on connaît la partialité de cet auteur...
 
La Mort de Tibère. (Tableau de Jean-Pierre Laurens.)

                                        Une fois Tibère définitivement refroidi, restait encore à ouvrir son testament : ce fut Macron qui se chargea de lire le document devant le Sénat. Le vieux Tibère avait institué comme héritiers à parts égales Caligula et Tiberius Gemellus, son petit-fils par le sang (fils de Drusus II). Mais le premier se débarrassa rapidement du deuxième, accusé de complot et exécuté en 37.
 
Pièce de monnaie à l'effigie de Caligula et Gemellus.



                                        Jusqu'ici, Macron avait servi les intérêts de Caligula, même dans les moments difficiles. Il était donc confiant, persuadé que son protégé lui serait reconnaissant du soutien qu'il lui avait apporté, et escomptant sans doute une promotion rapide pour les services qu'il lui avait rendus. C'était mal connaître Caligula. Les historiographes anciens sont unanimes pour mettre la disgrâce de Macron sur le compte de l'ingratitude de l'Empereur. Philon assure qu'il ne supportait pas les remontrances que le préfet lui adressait en permanence, tant sur sa conduite que sur son gouvernement.
"Lorsque Caligula le voyait venir, il disait à ceux qui l'entouraient : "Pas de sourire, faisons la tête ! Voilà le sermonneur, la franchise personnifiée, celui qui se mêle d'être le pédagogue d'un adulte et d'un empereur, tout juste maintenant que le temps en a écarté et congédié ceux qu'il avait depuis sa première jeunesse." (Philon, Contre Flaccus, 15)
 
Il est possible que Caligula ait été exaspéré par les réprimandes de Macron. Mais en réalité, la raison de sa disgrâce me paraît bien plus prosaïque... Il semblerait que Macron, plutôt traditionaliste, ait montré une certaine désapprobation vis-à-vis du virage monarchique à l'Orientale amorcé par Caligula, qui s'éloignait en cela des règnes d'Auguste et de Tibère. Caligula craignait-il que Macron, qui avait contribué à le porter sur le trône, soit suffisamment puissant pour tenter de le renverser ? Le "cas Séjan", malgré son dénouement, avait montré l'importance prise par le préfet du prétoire, et Caligula ne pouvait pas risquer que son allié se retourne contre lui... L'attitude d'Ennia Naevia, toujours amante de Caligula et, si l'on en croit les auteurs antiques, aussi avide de pouvoir que son mari, n'arrangeait pas les choses. Petit à petit, l'Empereur prit ses distances, attaquant même publiquement Macron. Jusqu'au moment où il décida de se défaire du couple terrible, décidément trop encombrant.
 
Caligula. (Photo Flickr Indy-catholic.)

                                        Là, les versions diffèrent : la plupart des sources assurent que Macron fut déchu de son poste. Mais Fernand de Visscher avance que Caligula, dans une manœuvre rappelant celle dont Tibère avait usé contre Séjan, aurait promu Macron au rang de gouverneur d’Égypte - titre prestigieux s'il en était. Cependant, alors que Macron et Ennia s'apprêtaient à embarquer à Ostie pour Alexandrie, ils auraient été arrêtés par l'armée et Macron aurait été démis de ses nouvelles fonctions. Pierre Renucci, pour sa part, pense qu'après cette nomination visant à endormir leur méfiance, Caligula aurait retenu Macron et Ennia à Rome, leur demandant de répondre d'une accusation dont nous ignorons la teneur. Une chose est cependant certaine : Macron et sa femme reçurent l'ordre de se suicider. Selon Suétone, "ils périrent d'une mort sanglante" en 38.

 

CHOMSKY LE GRAND/Zemmour le petit.

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CHOMSKY LE GRAND/Zemmour le petit.


U Zinu :                                                                    
Celui que le New York Times qualifie de « plus important intellectuel de notre époque »  a  en effet une autre envergure que notre petit Zemmour national.
Qu'on en juge :
                                     































Tiré de :  ANTIPRESSE

"L’Antipresse est une lettre d’information rédigée par Slobodan Despot et Jean-François Fournier. Elle paraît chaque dimanche matin à sept heures. Elle est gratuite, mais financée par les dons de ses abonnés". ( Les auteurs)
http://www.antipresse.net/
http://www.despot.ch/




N° 23 | 8.5.2016
 
 
 
LA RÉVOLUTION CHOMSKY

 
J’écoutais distraitement la radio lorsque je fus accaparé par un refrain obsessionnel : Noam Chomsky is a soft revolution! Et cela émanait d’un rockabilly endiablé !
 
Après une brève recherche, j’ai retrouvé le morceau et son auteur. Le refrain était le titre du morceau. Il venait de sortir. Et l’auteur : Foy Vance, auteur-compositeur-interprète venu d’Irlande du Nord. Casquette en tweed, moustache « Brigades du Tigre » et mobilhome pour les tournées.
Dans sa chanson, Vance mêle ses préférences musicales, d’Aretha Franklin à Willie Nelson, aux influences intellectuelles : Jean-Paul Sartre si tu as perdu ton âme, Dostoïevski si tu veux vraiment savoir…
…pour conclure, à chaque couplet, que Noam Chomsky est une douce révolution.
 
De la linguistique à la résistance idéologique.

Cette ritournelle fut ma madeleine de Proust. Elle m’a ramené à une vie précédente où j’essayais de suivre une voie universitaire. Ruminant à la bibliothèque sur les montagnes de théories pédantes, sophistiquées et provisoires qu’on nous obligeait à ingurgiter, j’étais tombé sur une anthologie de textes de Noam Chomsky.
A mes yeux, il s’agissait uniquement, jusqu’alors, de l’illustre linguiste, inventeur de la grammaire générative et transformationnelle, une innovation qu’on qualifiait aussi de révolution chomskyenne. Je découvris soudain que la vraie révolution chomskyenne, la plus importante, était ailleurs. Non dans le champ de la science, mais dans le champ de la conscience.
Je découvrais ce qu'on ne m'avait pas dit du grand savant : qu'il était un opposant, un penseur politique et un veilleur. A ce moment précis, l'Empire du Mal soviétique était sur le point de s'écrouler, le triomphe de l'Amérique et de son idée paraissait total et absolu. Chomsky, pourtant, continuait de pointer du doigt l'oncle Sam.
Du temps de la Guerre froide, ses adversaires avaient beau jeu de déclarer qu'il « jouait pour le camp adverse », qu'il était un agent soviétique. Mais les agents soviétiques se sont évanouis le jour même où leur employeur a fait faillite. La critique de Chomsky n'était pas partisane au sens où elle aurait servi un camp contre l'autre dans une guerre. Elle était absolue, c'est-à-dire ancrée dans les principes de la morale universelle. Il est des choses, nous disait-il, qu'on ne fait pas, même si l'adversaire ne se prive pas de les faire lui non plus.
Pour cette raison, les écrits politiques de Chomsky ont traversé les époques et conservent toute leur valeur. L'auteur n'a fait qu'ajouter des étages à son édifice, notamment dans ses prises de position sur la Palestine. Même si l'on n'épouse pas toutes ses causes, on est subjugué — et éduqué — par l'intelligence du regard. Son bref exposé sur Les dessous de la politique de l'Oncle Sam n'est pas un manifeste politique, mais avant tout un traité sur la manipulation des esprits.
 
La loi du « deux poids-deux mesures »

En tant que linguiste, c'est sur la novlangue que Chomsky s'est d'abord fondé pour déconstruire une propagande foncièrement totalitaire. Avec l'aide de ses étudiants, il s'est livré à de sérieux travaux de médialogie, les rares vraiment utiles. Étant entendu que les « recherches » de la filière officielle, en matière de sciences humaines, ne servent jamais à confondre le discours officiel, mais au contraire à le renforcer soit en lui ajoutant une justification académique, soit en brouillant et estompant toute représentation claire de la réalité vécue.
A rebours de ces méthodes, Chomsky va droit au but, avec des mots simples et des arguments concrets. Deux de ses exemples me sont restés en mémoire et ont changé ma manière de penser et de voir le monde.
Dans les dernières années du bloc soviétique, nous étions quotidiennement abreuvés de nouvelles sur la lutte du syndicat Solidarnošć et de la Pologne catholique contre la dictature communiste. L'élection d'un pape polonais — le premier non italien depuis des siècles — avait évidemment offert à cette cause un écho mondial. La nouvelle de la torture et de l'assassinat de l'aumônier du syndicat, le père Popieluszko, en 1984, a sonné le glas du régime du général Jaruzelski. 500'000 personnes ont assisté aux funérailles du prêtre martyr, qui fut béatifié en 2010.
Le père Popieluszko, victime d'un régime communiste, est une belle et lumineuse figure de résistant au totalitarisme. Cependant, Chomsky et son coauteur Herman ont placé cette tragédie unique en regard du sort de nombreuses autres figures catholiques martyrisées à la même époque par des régimes « amis » des USA. Et elles ne sont pas peu : 72 religieux tués en Amérique latine entre 1964 et 1978, 23 au Guatemala entre 1980 et 1985, et surtout l'assassinat de Mgr Romero et de quatre religieuses américaines au Salvador en 1980. Il y avait parmi ces victimes des exemples de dévouement et de foi non moins admirables que celui du père Jerzy. Mais la comparaison de l'espace médiatique objectif alloué, aux États-Unis, à ces ensembles d'événements aboutit à un résultat sidérant. Il apparaissait qu'un prêtre assassiné par le régime polonais « pesait », en matière de couverture médiatique, 666 fois plus lourd qu'un prêtre assassiné par un régime satellite des USA !
Il serait superflu de relever les exemples de ce procédé d'escamotage dans l'actualité récente. Il ne s'agit plus de cas, du reste, mais du mode même de l'information passant par l'ensemble des médias de grand chemin occidentaux. Les rédactions, ou plutôt les journalistes isolés, qui essaient de rééquilibrer un tant soit peu la balance, sont aussitôt stigmatisés par leur milieu même. Les « décideurs » n'ont même pas à intervenir.
 
Un auto-aveuglement total.

L'autre étude de cas proposée par Chomsky est encore plus instructive quant au fonctionnement de la propagande occidentale. Elle prend pour point de départ un incident stupéfiant survenu à la radio soviétique en 1983 lorsqu'un courageux animateur, Vladimir Dantchev, dénonça l'occupation soviétique de l'Afghanistan au cours de cinq émissions successives avant d'être limogé et envoyé aux soins psychiatriques. La presse occidentale salua abondamment le courage de ce dissident, non sans se rengorger : « cela ne pourrait jamais arriver chez nous ».
Prenant cette autosatisfaction à la lettre, Chomsky s'attela à trouver des exemples de critique semblables dans les médias du mainstream américain au sujet de la calamiteuse guerre du Vietnam. Il n'en trouva… aucune !
« En bref, il n'y a pas de Danchevs chez nous. Dans le mainstream, il ne se trouve personne pour appeler une invasion “invasion”, ou même pour prendre conscience du fait ; il était impensable qu'un journaliste US appelle publiquement les Sud-Vietnamiens à résister à l'invasion américaine. Une telle personne n'aurait pas été envoyée dans un hôpital psychiatrique, mais il est improbable qu'elle eût conservé sa position professionnelle et son statut social. »
Et Chomsky ajoute encore ceci:
« Il est à remarquer que dire la vérité, de ce côté-ci, ne demande pas de courage, seulement de l'honnêteté. Nous ne pouvons invoquer la violence d'État, comme le font ceux qui suivent la ligne du parti dans un pays totalitaire. »
 
Parler bas pour penser haut.

L'école de pensée de Chomsky n'a rien de révolutionnaire. Elle repose, en somme, sur le vieux dicton évangélique de la paille et de la poutre. Mais le calme, la persévérance et la constante lucidité du vieux linguiste ont modifié la conscience de millions d'Américains et d'Occidentaux, précisément en leur ouvrant les yeux sur la matrice qui les conditionne eux-mêmes, le plus souvent à leur insu. Chomsky n'a pas besoin de dresser des barricades ni de faire de l'agitation politique, même s'il reste, curieusement, un démocrate très discipliné. Sa révolution est dans les têtes, et dans des têtes, souvent, fort éloignées des hautes sphères de la vie intellectuelle.
Comme le dit Foy Vance : « Jamais aucun être humain n'a parlé aussi doucement en délivrant des vérités aussi dévastatrices que Noam Chomsky lorsqu'il a partagé ses idées. Il est réellement une douce révolution. »



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Infos the global conversation
http://fr.euronews.com/2015/04/17/noam-chomsky-l-interview-qui-denonce-l-occident/
 
 
Noam Chomsky : l’interview qui dénonce l’Occident

"L'Europe est la servante des États-Unis"
 

Noam Chomsky, l'un des plus grands intellectuels du monde, est l'invité de Global Conversation
http://eurone.ws/LLwpy
 
Il est l’un des plus grands intellectuels du monde, auteur prolifique et anarchiste autoproclamé. A 86 ans, l‘âge ne semble pas le ralentir.
Il combat toute une série d’injustices, avec l’Occident en général dans sa ligne de mire. 
 
Noam Chomsky : une vie de militant
 

· Noam Chomsky est né le 7 Décembre 1928 à Philadelphie, Etats-Unis
· Il a commencé à travailler à l’Institut de Technologie du Massachusetts en 1955
· Il est un éminent linguiste, philosophe et militant politique
· Son travail dans les années 50 a révolutionné le domaine de la linguistique
· Il se fait connaître pour son activisme contre la guerre du Vietnam
· Il s’oppose aux élites dirigeantes et est devenu un critique acerbe de la politique étrangère américaine et occidentale
· Il a écrit des centaines de livres
 
Noam Chomsky nous a reçus dans son bureau à l’Institut de Technologie du Massachusetts.
 
Isabelle Kumar, euronews :
Noam Chomsky merci d‘être avec nous. Le monde en 2015 semble très instable, mais d’une façon générale, êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste ?
Noam Chomsky :
Au niveau mondial, nous courons vers un précipice : nous ne pouvons que chuter dans l’abîme, ce qui réduit fortement nos chances d’une survie décente.
Isabelle Kumar:
De quel précipice s’agit-il?
Noam Chomsky :
Il y en a deux en fait : le premier est environnemental. Une catastrophe écologique est imminente, et nous n’avons que très peu de temps pour la limiter. Nous n’allons pas dans le bon sens. L’autre date de 70 ans, c’est la menace d’une guerre nucléaire, qui est en fait toujours croissante. Si vous regardez bien ce dossier, c’est un miracle que nous ayons survécu.
Isabelle Kumar :
Regardons les questions environnementales d’abord. Nous avons demandé aux internautes, sur les réseaux sociaux, de nous envoyer des questions, et nous en avons reçu des milliers. Nous avons reçu cette question de Enoa Agoli, qui demande : “quand vous analysez la question de l’environnement avec le regard d’un philosophe , que pensez-vous du changement climatique ?”
Noam Chomsky :
L’espèce humaine est vieille d’environ 100 000 ans, et elle est maintenant face à un tournant de son histoire. Cette espèce est dans une position où elle va bientôt décider, d’ici quelques générations, si l’expérimentation de la vie dite intelligente peut continuer, ou si nous sommes déterminés à la détruire. Les scientifiques reconnaissent que les combustibles fossiles doivent être laissés dans le sous- sol si nos petits-enfants veulent avoir des perspectives décentes. Mais les structures institutionnelles de notre société font pression pour essayer d’extraire la moindre goutte. Les effets, les conséquences humaines prévisibles du changement climatique dans un avenir proche, sont catastrophiques et nous courons vers ce précipice.
Isabelle Kumar :
En termes de guerre nucléaire, nous savons tous maintenant que l’Iran a conclu un accord préliminaire. Est-ce que cela ne vous donne pas une lueur d’espoir que le monde pourrait être un endroit plus sûr ?
Noam Chomsky :
Je suis pour les négociations avec l’Iran, mais ces discussions sont profondément viciées. Il y a deux états au Moyen-Orient qui multiplient les agressions, la violence, les actes terroristes, les actes illégaux, en permanence. Ils sont tous les deux des États très puissants, dotés d’armes nucléaires et de tout un armement. Et leurs armes nucléaires ne sont pas prises en compte.
Isabelle Kumar :
A qui faites-vous allusion ?
Noam Chomsky :
Les Etats-Unis et Israël. Les deux états nucléaires majeurs dans le monde. Après tout, il y a une raison qui explique pourquoi, dans les sondages internationaux, gérés par des instituts de sondages américains, les États-Unis sont considérés comme la plus grande menace à la paix mondiale par une majorité écrasante. Il est assez intéressant de constater que les médias américains aient refusé de publier cela.
Isabelle Kumar  :
Vous n’accordez pas une très grande estime au président américain Barack Obama. Mais avec cet accord avec l’Iran, ne le voyez-vous pas sous un meilleur jour ? Le fait qu’il s’efforce de réduire la menace d’une guerre nucléaire ?
Noam Chomsky :
En fait il ne fait rien. Il a juste lancé un programme de plusieurs milliards de dollars pour la modernisation des armes nucléaires américaines, ce qui signifie l’expansion du système nucléaire. C’est une des raisons pour lesquelles la célèbre horloge de l’apocalypse, établie par le Bulletin of Atomic Scientists, a, il y a quelques semaines, avancé de 2 minutes, donc plus près de minuit. Minuit est la fin. Il est maintenant 3 minutes avant minuit. C’est du jamais vu depuis 30 ans, depuis les années Reagan quand il y avait un risque imminent de grande guerre nucléaire .
Isabelle Kumar :
Vous avez mentionné les États-Unis et Israël avec l’Iran. Maintenant, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rejette l’accord préliminaire sur le nucléaire iranien, et il dit…
Noam Chomsky :
Nous savons pourquoi. L’Iran a de très faibles dépenses militaires, même selon les normes de la région. La doctrine stratégique de l’Iran est défensive. Elle est conçue pour tenir à distance une attaque, assez longtemps, pour que la diplomatie prenne le relais. Les États-Unis et Israël, deux Etats voyous, ne veulent plus tolérer la menace. Aucun analyste stratégique ne pense que l’Iran puisse un jour utiliser une arme nucléaire. Même s’il le faisait, le pays serait simplement vaporisé, et il n’y a aucune indication que les mollahs au pouvoir, quoi que vous en pensiez, veulent voir leur pays détruit.
Isabelle Kumar :
Encore une question sur ce problème, par l’intermédiaire des réseaux sociaux, de Morten A. Andersen qui demande: “Croyez-vous que les Etats-Unis puissent un jour parvenir à un accord qui serait dangereux pour Israël ?”
Noam Chomsky :
Les États-Unis mènent en permanence des actions qui sont dangereuses pour Israël, très sérieusement. Tout en faisant croire qu’ils soutiennent la politique israélienne. Dans les 40 dernières années, la plus grande menace pour Israël a été sa propre politique. Si vous regardez en arrière, en 1970, Israël a été l’un des pays les plus respectés et les plus admirés dans le monde. Il y avait beaucoup d’attitudes favorables. Il est maintenant l’un des pays les plus détestés et craints dans le monde. Au début des années 70, Israël a pris une décision. Ils avaient le choix, et ils ont préféré l’expansion à la sécurité, avec des conséquences très dangereuses. C‘était déjà évident à l‘époque – je l’ai écrit et d’autres personnes l’ont fait : si vous préférez l’expansion à la sécurité, cela conduit à une dégénérescence interne, la colère, l’opposition, l’isolement et la destruction ultime éventuellement. Et en soutenant ces politiques, les Etats-Unis contribuent à la menace à laquelle Israël est confronté.
Isabelle Kumar :
Cela m’amène à la question du terrorisme, un fléau mondial et certaines personnes, je pense, y compris vous-même, diront qu’il y a un retour de bâton de la politique américaine internationale. A quel niveau les États-Unis et ses alliés sont-ils responsables des attaques terroristes dans le monde entier ?
Noam Chomsky :
Rappelez-vous que la pire campagne terroriste dans le monde est de loin, celle qui est orchestrée à Washington même. C’est une campagne mondiale d’assassinat. Il n’y a jamais eu de campagne terroriste de cette échelle.
Isabelle Kumar :
Quand vous parlez de campagne globale d’assassinat…
Noam Chomsky :
La campagne de drones – c’est exactement cela. Sur de grandes parties du monde, les Etats-Unis, publiquement, ouvertement – il n’y a rien de secret dans ce que je dis, nous le savons tous – réalisent une campagne d’assassinat de personnes suspectées de nuire un jour au gouvernement américain. Et en effet c’est, comme vous l’avez dit, une campagne de terreur, et quand vous bombardez un village au Yémen, par exemple, que vous tuez quelqu’un – peut-être la personne que vous visiez, peut-être pas – et que d’autres personnes qui se trouvaient dans le quartier meurent elles-aussi – comment pensez-vous que les gens vont réagir ? Ils vont se venger .
Isabelle Kumar :
Vous décrivez les États-Unis comme le principal Etat terroriste. Comment se place l’Europe alors selon vous?
Noam Chomsky :
Eh bien, c’est une question intéressante. Une étude récente, je crois qu’elle a été faite par la Fondation Open Society [indique que] la pire forme de torture, c’est le transfert de prisonniers.
Vous prenez quelqu’un que vous pensez être responsable de quelque chose, et vous les envoyez à votre dictateur favori, peut-être Assad ou Kadhafi ou Moubarak, pour qu’il soit torturé, en espérant que peut-être quelque chose va en sortir. C’est extraordinaire ce transfert. L‘étude s’est penchée sur les pays qui ont participé, bien évidemment les dictatures du Moyen-Orient, car c’est là que les prisonniers ont été envoyés pour être torturés, et l’ Europe. La plupart des pays européens ont participé : l’Angleterre, la Suède, d’autres pays. En fait, il y a une seule région du monde où personne n’a participé : c’est l’Amérique latine. Ce qui est assez dramatique. L’Amérique latine est maintenant à peu près hors de contrôle des États-Unis. Quand elle était contrôlée par les Etats-Unis, il n’y a pas si longtemps, c‘était le centre du monde de la torture. Maintenant, l’Amérique latine ne participe pas à la pire forme de torture qui soit. L’Europe a participé. Quand les maîtres rugissent, les serviteurs se couchent.
Isabelle Kumar :
L’Europe est la servante des Etats-Unis ?
Noam Chomsky :
Certainement. Ils sont trop lâches pour adopter une position indépendante.
Isabelle Kumar :
Quel portrait faites-vous de Vladimir Poutine ? Il est décrit comme l’une des plus grandes menaces pour la sécurité, non ?
Noam Chomsky :
Comme la plupart des dirigeants, il est une menace pour sa propre population. Il a décidé des actions illégales, évidemment. Mais le décrire comme un monstre fou qui souffre d’une maladie du cerveau et qui est atteint d’Alzheimer, une créature maléfique, c’est un standard de fanatisme orwellien. Je veux dire, quoi que vous pensiez de ses politiques, elles restent logiques. L’idée que l’Ukraine puisse rejoindre une alliance militaire occidentale serait inacceptable pour tout dirigeant russe. Cela remonte à 1990, lorsque l’Union soviétique s’est effondrée. Il y avait déjà la question de ce qui se passerait avec l’OTAN. Gorbatchev a accepté l’idée que l’Allemagne soit unifiée et rejoigne l’OTAN. C‘était une concession assez remarquable avec un quiproquo : que l’OTAN ne s‘étende pas d’un pouce vers l’est. C’est l’expression qui a été utilisée.
Isabelle Kumar :
Donc, la Russie est tombée dans une provocation ?
Noam Chomsky :
Qu’est-ce qui est arrivé ? L’OTAN s’est déplacé jusqu’en Allemagne de l’Est, puis Clinton a étendu la prépondérance de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie. Maintenant, le nouveau gouvernement ukrainien, après le renversement du précédent, a voté à 300 voix contre 8 ou presque, la résolution pour rejoindre l’OTAN.
Isabelle Kumar :
Mais vous pouvez comprendre pourquoi ils veulent adhérer à l’OTAN, vous pouvez comprendre que pour le gouvernement de Petro Porochenko, ce serait assurer la protection de leur pays ?
Noam Chomsky :
Non, non, non, ce n’est pas une protection. La Crimée a été prise après le renversement du gouvernement, n’est-ce pas ? Personne ne protège l’Ukraine. Tout cela menace l’Ukraine d’une guerre majeure. Vouloir rejoindre l’OTAN n’est pas une protection. Le fait est que cela représente une menace stratégique sérieuse pour la Russie, quel que soit son dirigeant, c’est bien connu.
Isabelle Kumar :
Si nous regardons la situation en Europe maintenant, il y a aussi un autre phénomène intéressant qui se déroule. Nous voyons la Grèce se rapprocher de l’Est, c’est en tout cas le souhait du gouvernement Syriza. Nous voyons aussi Podemos, qui est en train de gagner du pouvoir en Espagne, ainsi qu’en Hongrie. Pensez-vous qu’il y a une possibilité que l’Europe se rapproche des intérêts russes ?
Noam Chomsky :
Jetez un œil à ce qu’il se passe. En Hongrie la situation est totalement différente. Syriza est arrivé au pouvoir sur la base d’une vague populaire qui montre que la Grèce ne veut plus se soumettre aux politiques de Bruxelles et aux banques allemandes qui détruisent le pays. Ces politiques ont été faites pour augmenter la dette de la Grèce, par rapport à sa production de richesse ; environ la moitié des jeunes sont au chômage, presque 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, on détruit la Grèce.
Isabelle Kumar :
Faut-il annuler la dette grecque ?
Noam Chomsky :
Oui, comme en Allemagne. En 1953, quand l’Europe a annulé la plupart de la dette de l’Allemagne. Juste comme ça, pour que l’Allemagne soit en mesure de rembourser les dommages de guerre.
Isabelle Kumar :
Donc, on devrait aussi annuler la dette du Portugal ? Et de l’Espagne aussi ?
Noam Chomsky :
Qui a engagé cette dette ? Et à qui doit-on la rembourser ? La dette a en partie été contractée par des dictateurs. En Grèce, c‘était la dictature fasciste, soutenue par les États-Unis. La dette, je pense, était plus brutale que la dictature. C’est ce que l’on appelle en droit international, une « dette odieuse », qui ne doit pas être payée, et c’est un principe introduit dans le droit international par les Etats-Unis, quand il était dans leur intérêt de le faire. Une grande partie du reste de la dette, ce qu’on appelle les paiements à la Grèce sont des paiements aux banques, allemandes et françaises, qui ont décidé de faire des prêts très risqués avec de faibles taux d’intérêt, et qui sont maintenant confrontées au fait qu’ils ne peuvent être remboursés.
Isabelle Kumar :
Je vais maintenant vous poser la question de Gil Gribaudo qui demande : “Comment l’Europe va t-elle se transformer dans le futur, avec les défis existentiels qui arrivent ?” Parce qu’il y a la crise économique, et il y a aussi une montée du nationalisme, et vous avez également décrit certaines lignes de failles culturelles qui ont été créées à travers l’Europe. Comment voyez-vous l’Europe se transformer ? ‏
Noam Chomsky :
L’Europe a de graves problèmes. Certains sont le résultat de politiques économiques conçues par les bureaucrates de Bruxelles, la Commission européenne et ainsi de suite, sous la pression de l’OTAN et les grandes banques, surtout celles de l’Allemagne. Ces politiques ont un certain sens du point de vue des concepteurs. Ils veulent être remboursés pour leurs prêts et leurs investissements risqués et dangereux. Ces politiques érodent l’Etat-Providence, qu’ils n’ont jamais aimé. L’Etat-Providence est l’une de ces contributions majeures de l’Europe à la société moderne, mais les riches et puissants ne l’ont jamais aimé.
Il y a un autre problème en Europe : cette dernière est extrêmement raciste. J’ai toujours pensé que l’Europe est plus raciste que les États-Unis. Jusqu’ici ce n‘était pas aussi visible en Europe parce que les populations européennes dans le passé ont eu tendance à être assez homogènes. Donc, si tout le monde est blond aux yeux bleus, alors vous ne semblez pas raciste, mais dès que la population commence à changer, le racisme vient de nulle part. Très vite. Et c’est un problème culturel très grave en Europe.
Isabelle Kumar :
J’aimerais terminer avec une question de Robert Lumière sur une note plus positive. Il demande: “Qu’est-ce qui vous donne de l’espoir ?”
Noam Chomsky :
Ce qui me donne de l’espoir : un certain nombre de choses dont nous avons parlé. L’indépendance de l’Amérique latine par exemple. C’est d’une importance historique. Nous le voyons avec la réunion du Sommet des Amériques à Panama. Dans les dernières réunions continentales, les États-Unis ont été complètement isolés. C’est un changement radical par rapport à il y a 10 ou 20 ans, lorsque les États- Unis trempaient dans les affaires latino-américaines. En fait, la raison pour laquelle Obama a fait ses gestes envers Cuba était d’essayer de surmonter l’isolement des États-Unis. Ce sont les États-Unis qui sont isolés, pas Cuba. Et sans doute ce sera un échec. On verra. Les signes d’optimisme en Europe sont Syriza et Podemos. Espérons qu’il y ait enfin un soulèvement populaire contre les écrasements, les politiques économiques et sociales destructrices qui viennent de la bureaucratie et des banques, et c’est très encourageant. Ou ça devrait l‘être.
Isabelle Kumar :
Noam Chomsky, merci beaucoup d’avoir été avec nous.
 
 
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Pour un complément d'information sur Noam Chomsky :
http://www.noam-chomsky.fr/
 
 
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"PANAMA gate". MANIPULATION?

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Devant le tsunami "dénonciateur " qui prend source au Panama et déferle à travers les médias mainstream, il ne semble pas inopportun de faire figurer ici quelques articles alternatifs présentant l'affaire sous un autre angle.
                                                                                                                                                                                                                         u zinu

 





« Panama papers » : la part du feu et l’enfumage !



Par VICTOR - AGORAVOX

Au bistro de la Toile.

- ...Teng Victor, je cherche mais je trouve pas ton blaze dans la liste des crapules qui ont fait marcher la machine à laver le pognon sale au Panama. Je suis fier de connaître quelqu'un d'honnête !
- Il n'y a pas le tien non plus Loulle. Nous, on est de la petite poiscaille.
- On y trouve des gens comme Platini, quelques membres de la Fifa, des joueurs de foot-ball, l'entourage de Poutine, de Bachar, de la Corée du Nord et même une grosse banque française, la Société générale. C'est pas de la petite poiscaille effectivement.
- Mais si, Loulle. C'est tout ce qu'il y a de louche cette histoire de « Panama papers ». Par principe, moi, dès que sort dans les me(r)dias une grosse info dans ce genre, je suis dubitatif. Et je cherche ce que ça cache. Je cherche l'enfumage.
Attends, Loulle. Une centaine de journalistes ont eu ces données pendant un an. Pourquoi des journalistes et pas des officiels de l'ONU par exemple ?
- Mouais. Peut-être parce qu'il n'existe pas d'agence internationale chargée de traquer ce genre de fraudeurs !
- Bien vu Loulle. Mais qui sont ces journalistes « Robin des bois », redresseurs de torts ? Ce sont des membres d'un consortium pompeux, le “International Consortium of Investigative Journalists”, qui est financé et organisé par le Center for Public Integrity des Etats-Unis, officine inondée de pognon par Ford Foundation
, Carnegie Endowment
, Rockefeller Family Fund
, W K Kellogg Foundation, 
Open Society Foundation, oui celle du sulfureux milliardaire Soros.
- Effectivement, faut pas s'attendre à voir dénoncer les sales secrets des plus grandes multinationales ou des banksters. On jette à la populace quelques noms complètement kramés pour qu'elle puisse s'offusquer, ce qui permet de planquer les magouilles des vrais crapules. Tiens, pour ce qui est de la France, on aurait pu s'attendre à trouver les noms des dirigeants des entreprises du Caca-Rente. Mais que dalle. Même Tapie n'a pas eu l'honneur de ces gazettes…
- Il doit se sentir humilié !
- C'est la part du feu Loulle, ce truc. On sacrifie quelques pantins, quelques entreprises dont la pourriture est trop voyante, on jette la suspicion sur la Russie, la Syrie, l'Iran, quelques princes arabes trop voyants pour faire bonne mesure. On disqualifie un pays comme l'Islande qui a su dire merde aux capitalisme mondial. Et ainsi les gros poissons passent à travers le filet. A noter qu'il n'y a pas d'Etasuniens et pas d'entreprises étasuniennes dans les noms qui « fuitent ». Rien que ça met la puce à l'oreille !
Cette escouade de journalistes mondiaux qui ont eu un an pour fouiller dans ces infos, qu'auraient-ils trouvé s'ils avaient cherché les milliers d'entreprises qui relient les cartels de la drogue mondiaux aux leaders de la politique américaine, incluant des membres de Congrès, des gouverneurs d’Etats, des maires de villes, des membres de la Cour Suprême des Etats-Unis et une poignée d’ancien président des Etats-Unis ? Et s'ils avaient cherché sur toutes les entreprises en bourse sur toutes les places boursières du monde ? Et s'ils avaient cherché sur la liste connue des quelques milliers de milliardaires qui constituent le 1 % de ceux qui possèdent autant que les 99 % du reste des habitants de cette boule puante magnifique appelée Terre ?
- Mouais… Effectivement. T'as raison Victor. Cette affaire, c'est trop beau pour ne pas être louche. Au fait, qui a balancé ? Un employé de ce cabinet d'avocats panaméens ? Facile à trouver. Il a intérêt à planquer ses miches le mec ou la nana !
- Récolter plus d'un million de données n'est pas à la portée d'un lanceur d'alerte. Il faut des moyens. Et rien ne se fait au Panama, véritable colonie de fait étasunienne, sans l'assentiment des maîtres de Washington. Il y aurait la patte de la CIA ou de quelque autre officine malfaisante derrière ce truc que ça ne m'étonnerait pas.
- Fort possible Victor. Et puis au fait, ces cent journalistes dans le secret, il seraient plus crédibles s'ils laissaient le peuple fouiller et juger par lui-même, en mettant en ligne l'ensemble de ces informations !
- Compte là-dessus, Loulle… En attendant, mets ma tournée !
 
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Un commentaire (avisé) et non moins plaisant :


Le 421  - 7 avril - AGORAVOX

Moi, je pense doucement à toutes ces mauvaises langues...
Ces gens qui ont accusé le papy Le Pen d’avoir dépouillé la maison Lambert pour ensuite planquer des lingots de Suisse aux Bahamas alors que c’est totalement faux !!
Ces gens qui ont accusé Nicolas Sarkozy d’avoir tapé du blé à mamie zinzin pour sa campagne électorale alors que c’est totalement faux !!
Ces gens qui ont accusé Cahuzac d’avoir du pognon en Suisse ou en Malaysie alors qu’il avait juré les yeux dans les yeux que c’était totalement faux !!
Ces gens qui ont accusé Sarkozy (encore) d’avoir été financé par Kadhafi pour ses menus frais alors qu’en fait, c’était juste un peu de fric à Claude Guéant qui avait vendu des tableaux inestimables à un avocat Malaysien, prouvant ainsi que c’était totalement faux !!
Ces gens qui harcèlent les pauvres Balkany, les accusant de malversations dans la gestion de leur ville de Levallois, de posséder des propriétés à Marrakech, à St Martin et autre, alors que ces malheureux vivent chichement dans des masures locales, prouvant ainsi que c’est totalement faux !!
Ces gens qui accusent Eric Woerth d’avoir été un intermédiaire avec Mme Bettencourt pour N.S. alias Paul Bismuth, d’avoir vendu l’hippodrome de Compiègne, bien public, pour une bouchée de pain à des copains, alors que c’est totalement faux !!
Bref.
Il y en a marre et plus que marre de ces mauvaises langues qui ne pensent qu’à médire de toutes ces braves personnes ayant pignon sur rue et qui prouvent, par leur réélections successives que, soit ils sont parfaitement intègres et honnêtes ou que soit les français sont parfaitement immatures et cons...
Au choix.



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Les Panama Papers sont de la propagande soutenue par Soros, Rockefeller et la CIA…



Par Folamour -  AGORAVOX
vendredi 8 avril 2016


Note de l'éditeur : sans aucun doute, il y a beaucoup de corruptions qui passent par le Panama, bien que beaucoup de ces dernières soient également considérées comme légales. Le point, c’est qu’aucun joueur occidental n’a été nommé dans ces documents qui ont été obtenus et conservés plus d'un an.
Sachant maintenant qu’il a été confirmé que les groupes d'establishment occidentaux étaient derrière le « piratage », il est peu surprenant que les « fuites » aient été organisées afin de ne cibler que des ennemis ou des menaces envers l'élite occidentale. Les seules personnes occidentales nommées sont subordonnées à ceux des niveaux supérieurs du pouvoir. La personne américaine la plus importante nommée étant ... la chanteuse Tina Turner !
Les médias de masse ont saisi sur les soi-disant Panama papers, liés au cabinet d'avocats Mossack Fonseca, l’opportunité d’amasser des condamnations sur le président russe Vladimir Poutine.
L’« ICIJ [Consortium international des journalistes d'investigation] est une coalition internationale de médias qui ont étudié le trésor des papiers, et qui auraient révélé un réseau clandestin impliquant des associés du président russe Vladimir Poutine, et des liens d'affaires entre un membre du comité d’éthique de la [Fédération Internationale de Football Association FIFA] et des hommes que les ont mis en accusation pour corruption », rapporte CNN ce matin.
Poutine est en vedette dans le scandale émergeant, bien qu'il ne soit pas directement lié au stratagème pour déplacer des milliards de dollars dans des paradis fiscaux offshore. 12 leaders mondiaux actuels ou anciens, et 128 autres hommes politiques et des fonctionnaires, sont directement impliqués, mais ils jouent les seconds violons par rapport à Poutine dans les actualités des médias de masse.
L'establishment n'a pas pris la peine d'enquêter sur le consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), l'organisation derrière la fuite. Un voyage à sa page Webrévèle ses sources de financement et de soutien : l’Open Society Foundations (tenue par George Soros), la Fondation Ford et une foule d'autres fondations. L’Obsession anti-russe de Soros est bien connue. Moins connu est le fait que la Fondation Ford est connectée à la CIA, elle est spécialisée dans la propagande culturelle internationale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Craig Murray souligne que l’ICIJ est financé et organisé par le Center for Public Integrity (CPI), un groupe libéral des « chiens de garde » célèbres pour avoir dépeint Patrick J. Buchanan comme un partisan de la suprématie blanche pendant la course présidentielle de 1996. Murray, note qu’IPC, est financé par un radeau d’intérêts globalistes, y compris la Fondation Ford, la Fondation Carnegie, le Fond de la famille Rockefeller et la Fondation Open Society.
« Les médias de masse, comme The Guardian et la BBC au Royaume-Uni, ont un accès exclusif à la base de données que moi et vous ne pouvons pas voir. Ils protègent eux-mêmes ces informations sensibles afin que les sociétés occidentales ne puissent apparaître, en ne regardant que les documents qui sont mis en place pour des recherches spécifiques, tels que les chasseurs de sanctions des Nations Unies. Ne jamais oublier que le Guardian a détruit ses copies des fichiers de Snowden sur instruction du MI6 », a écrit Murray.
L’ICIJ et la CPI tentent de détourner le journalisme d'investigation et de capitaliser sur la notoriété d'Edward Snowden et de WikiLeaks pour abattre Poutine et Bachar al-Assad, le chef controversé de la Syrie.
Les documents du scandale des Panama Papers exposent les paradis fiscaux en Suisse, aux Bahamas, aux Grands Caïmans et le Panama, mais ne disent rien sur le nouvel arrangement légalisé sous le nom de FATCA, la loi sur Foreign Account Tax Compliance.
La loi « rend la mise en évidence de l'argent sale américain étranger pratiquement impossible. Alors, où va cet argent - il reste aux États-Unis », écrit Zéro Hedge. « Et, pour couronner le tout, il y a une entreprise spécifique qui est le fer de lance de la conversion des États-Unis au Panama : Rothschild. »
L'institution de bankster internationale a ouvert un trust à Reno, au Nevada. « Il déplace maintenant les fortunes de clients riches étrangers de paradis fiscaux comme les Bermudes, sous réserve des nouvelles obligations d'information internationales, en trust géré par les Rothschild au Nevada, qui en sont exonérés ». Bloomberg rapporte que « Les États-Unis sont effectivement le plus grand paradis fiscal dans le monde », a vanté Andrew Penny de Rothschild. L'un des plus importants fournisseurs mondiaux de comptes offshore, Trident Trust, a ouvert un bureau à Sioux Falls, dans le Dakota du Sud.
L'élite financière se fera un plaisir de sacrifier Sigmundur David Gunnlaugsson, le Premier ministre de l'Islande, et même la famille de David Cameron, pour se payer Vladimir Poutine.
Source(s) : Crashdebug.fr via Hangthebankers.com sur la piste de Blacklistednews
Traduction :  folamour



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Panama Gate. Questions ouvertes au journal Le Monde


par Jacobin - AGORAVOX
mercredi 6 avril 2016


L'affaire Panama Papers, révélée par le Monde pose quelques questions que visiblement, aucun organe de presse professionnel n'a décidé, ne serait-ce que d'évoquer.
Question 1 : le Monde, qui nous parle de plus de 100 médias ayant participé à cette action, se révèle incapable d'en fournir la liste. A la question d'un lecteur à ce sujet, le Monde renvoie sur le site de l'ICIJ et la liste des journalistes, pas des médias. A J+2 de cette opération, la liste complète des médias participants n'est toujours pas publiée. Le Monde aurait-il quelque chose à cacher sur cette liste ? La valeur de ses participants ? Ou leur orientation ? Les journalistes français regarderaient-ils ailleurs pour ne pas s'étonner de cette absence ?
Question 2 : le fait qu'aucun média US notable ne participe à cette opération a-t-il une signification ?
Question 3 : le Monde dément catégoriquement tout financement de Soros dans cette opération. Alors comment se fait-il que sa fondation Open Society(Soros) finance ICIJ (siège Washington) et qu'elle finance aussi OCCRP, autre participant de l'opération qui est, elle même financée aussi par USAID, l'agence du gouvernement US ?
Question 4 : est-ce que ce ne serait pas la réponse à la question 3 qui impliquerait la prudence de la grande presse US sur le sujet ?
Question 5 : que dirait le Monde si une officine de journalistes indépendants basée à Moscou et financée par des fondations d'oligarques proches de Poutine, lançait en pâture au public une liste de personnalités ayant des comptes secrets au Delaware ou au Luxembourg, ne comptant que des personnalités politiques majeures membred de l'OTAN et seulement une paire de sous-fifres Tchétchnènes ou Kazhaks déjà archigrillés pour faire bonne mesure ? Que dirait le Monde ?


Commentaires :

 
diogène 6 avril 

Il existe des médias qui font leur travail d’analyse et d’investigation :

« Le filtrage des informations de Mossack Fonseca par les médias est le reflet direct de l’agenda gouvernemental occidental. Bien qu’ils soient leurs principaux clients. aucune grande société occidentale, aucun milliardaire occidental n’est mentionné parmi ceux qui ont utilisé les services de Mossack Fonseca, Et le Guardian se dépêche de les rassurer en disant que « la plus grande partie des informations fuitées ne sera pas divulguée ».

A quoi vous attendiez-vous ? La fuite est gérée par un organisme qui porte le nom grandiose, mais qui prête à rire quand on connait l’oiseau, de « Consortium international des journalistes d’investigation ». Il est entièrement financé et géré par le Centre des États-Unis pour l’intégrité publique. Leurs bailleurs de fonds comprennent :
- La fondation Ford 
- La fondation Carnegie
- La fondation de la famille Rockefeller
- La Fondation W K Kellogg
- La Fondation pour une société ouverte (Soros)

Le Consortium International des journalistes d’investigation (ICIJ) fait partie du Projet de rapport sur le crime organisé et la corruption (OCCRP) qui est financé par le gouvernement américain à travers l’USAID.

La « fuite » consiste en un ensemble de données sélectionnées par des organisations amies des Etats-Unis à partir d’une base de données, probablement obtenue par les services secrets américains, qui contient sans aucun doute beaucoup d’informations fort compromettantes sur des personnes et des organisations « occidentales ».

La publication d’informations triées sur le volet à partir des données « fuitées » a deux objectifs :

- Elle salit divers « ennemis de l’empire », même si c’est seulement par personne interposée comme les présidents Poutine et Assad.

- Elle prévient d’autres personnalités, celles qui figurent dans la base de données, mais dont les noms n’ont pas encore été révélés, que les Etats-Unis ou leurs « partenaires médiatiques » peuvent, à tout moment, exposer leur linge sale en public. C’est donc un moyen de chantage idéal. »

 

 http://www.moonofalabama.org/2016/04/selected-leak-of-the-panamapapers...


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JMBerniolles 7 avril 
La confusion soigneusement entretenue voudrait que ce scandale de détournements frauduleux ait été révélé par une investigation journalistique.
Ce n’est pas cela. L’information d’un volume informatique énorme a été fournie à un consortium de journalistes, dont les financements le relie à la haute finance mondiale et à l’administration américaine à son service.
Cette association de journalistes a ensuite mis en forme les données recueillies de cette manière.
ET la caisse de resonnance habituelle, pro OTAN, atlantiste ; Südeutsche Zietung, L Monde The Guardian .... a joué son rôle d’amplificateur.
Au bout du compte l’information a été plusieurs fois manipulée et si elle est sans doute vraie ( peut-être pas exactement dans la présentation qui en est faite) elle est inutilisable sur le plan juridique.
Elle a donc avant tout un rôle politique

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Gieller 7 avril 

Si seulement les Luxleaks avaient fait autant de bruit...
Ah mais non, là ce n’est pas possible car il y aurait trop de beau monde incriminés parmi les amis de nos gouvernements européens...

Moi ce que je retiens de tout ce merdier :
- Hollande nous a pris pour des cons quand il se faisait le champion de la lutte contre la finance et la fraude fiscale.
- Hollande nous a pris pour des cons lorsqu’il y a 6 semaines il a signé la sortie du Panama de la liste grise
- Sapin nous prend pour des cons lorsqu’il dit qu’il réfléchissait depuis longtemps à remettre le panama sur liste noire car pas coopératif (alors que lui aussi a milité pour le sortir de la liste grise)
- Sapin nous prend pour des cons lorsqu’il nous dit ne pas être au courant des malversations de la société générale
- Eckert nous prend pour des cons lorsqu’il dit que le transfert d’argent par compensation est parfaitement tracé par tracfin et n’existe quasiment plus en France.
- Sapin nous prend pour des gros cons lorsqu’il nous sort sa super liste de 6 pays classés comme étant des paradis fiscaux... même des pays comme la Nouvelle Zélande sont capables de fournir l’anonymat en off shore...
- Hollande nous prend pour des cons lorsqu’il dit prendre la mesure de l’évasion fiscale et mettre les moyens pour lutter contre alors qu’on est INFOUTUS de se procurer les fichiers en question et que le gouvernement a fait voter un amendement pour supprimer la seule loi nous donnant un outil pour lutter contre l’évasion.
- Les journalistes du monde nous prennent pour des cons lorsqu’ils sortent des noms de personnes déjà complètement grillées ou des références d’illustres inconnus dont tout le monde se fout éperdument.
- Les journalistes de la planète nous prennent pour des cons lorsqu’ils nous jettent en pâture des noms de dirigeants anti système alors qu’ils ne sont même pas impliqués dans la liste.
- L’expert financier du monde nous prend pour des cons lorsqu’il dit que peu de client US dans la liste car ils ont le Delaware ou je ne sais quel autre état US pour ouvrir des sociétés en Offshore.
- L’ICIJ nous prend pour des cons lorsqu’elle dit travailler uniquement avec des médias pour la qualité de leur travail dans le milieu de l’investigation.
- Les US prennent le reste de la planète pour des cons et se marrent bien à voir tout le monde s’agiter autour de ces Panama Papers alors que pendant ce temps ils sont en train de nous coloniser militairement (culturellement, financièrement et politiquement) et faire en sorte de devenir quasiment les seuls à proposer un paradis fiscal en off shore.

Et on pourrait continuer comme ça sur trois pages tellement dans cette histoire tout le monde nous prend pour ce que nous sommes peut être, une bande de gros cons devant croire ce qu’on leur dit de croire...


 


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Panama Papers : ça sent quand même un peu l’arnaque



par Greg - AGORAVOX
jeudi 7 avril 2016
 
 
Au premier abord, j’ai constaté dans cette affaire des Panama Papers que l’on tapait essentiellement sur Vladimir Poutine. A l’ouest rien de nouveau me direz-vous, dans cette période où la propagande anti-russe dans les médias occidentaux atteint des sommets. Soit.
 
En se penchant un peu sur le sujet, on se rend compte que l’organisme à la base de cette fuite, et qui a coordonné l’enquête, ne fait pas partie de ces organismes (Wikileaks, etc.) qui ont l’habitude de faire trembler les puissants avec leurs révélations. Les dirigeants du « monde libre », qui à l’accoutumée suent à grosses gouttes quand on évoque un « leak », applaudissent cette fois-ci. Bizarre. Il y a quelque chose de différent dans cette affaire.
 
On s’aperçoit aussi que dans le cadre de la « plus grande fuite de l’histoire du journalisme », il n’y a au final pas énormément d’occidentaux mis en cause, pas vraiment de dirigeants de pays membres de l’OTAN ou d’hommes d’affaires de premier plan et surtout pas d’américain ! Oui, les Etats-Unis pourtant première puissance économique mondiale sont épargnés. C’est quand même étrange.
 
Le but de cet article n’est en aucun cas de tenter de défendre les personnalités qui sont actuellement mises en cause dans le cadre de l’affaire des Panama Papers. Je n’ai, en ce qui me concerne, que peu de doute sur le fait que des dirigeants comme le Roi Mohamed VI du Maroc, le milliardaire et président Ukrainien Petro Poroschenko ou encore les présidents russe et chinois puissent avoir des pratiques douteuses et vouloir échapper à l’impôt. Il est de notoriété publique que le pouvoir corrompt.
 
Je cherche simplement à expliquer pourquoi les médias occidentaux mainstream, si favorables à l’establishment mondial et à l’OTAN tapent, à l’unisson et à grand renfort de publicité, sur les mêmes que d’habitude, à savoir principalement des indépendants et non-alignés avec les Etats-Unis, alors que l’évasion fiscale est un phénomène qui touche tous les pays du monde, à tous les niveaux.
 
Il paraît légitime de s’interroger. Ce qui m’amène à écrire mon premier article.
 
Qui mène l’enquête ?
 
Le média qui a reçu les premiers documents est le Süddeutsche Zeitung, journal de centre-gauche allemand parmi les trois plus grands quotidiens du pays (Déjà là, le lanceur d’alerte aurait pu faire mieux niveau presse indépendante, mais il débutait sûrement). Très vite le média allemand se tourne, par manque de moyens par rapport à la quantité de documents (11 millions), vers l’organisme qui va coordonner l’investigation et répartir le travail : l’ICIJ (Consortium international des journalistes d'investigation). La suite de l’opération s’est donc faite en collaboration avec plus d’une centaine de médias de 76 pays du monde.
 
La consultation de son site internet nous permet d’apprendre que l’ICIJ, fondée en 1997 par Charles Lewis est en fait un projet du Center For Public Integrity, lui-même fondé par Charles Lewis, mais en 1989. Cette dernière structure, dont le CEO est aujourd’hui Peter Bale, est une ONG (organisation non gouvernementale à but non lucratif) basée à Washington, « à deux pas de la Maison Blanche ». Pas mal.
 
Comme écrit sur son site internet, le but de cet organisme est de « servir la démocratie en révélant les abus de pouvoir, la corruption, l’abus de la confiance du peuple par les institutions puissantes publiques ou privées, grâce aux outils du journalisme d’investigation ».
 
Si l’on s’intéresse aux personnages clés de ces organisations on apprend que Peter Bale, le CEO du Center For Public Integrity, est un ancien de CNN International. Charles Lewis est quant à lui un journaliste d’investigation, ancien producteur de la chaine ABC News et de l’émission 60 minutes. Ces deux personnalités viennent donc de deux des plus grosses chaînes d’infos des Etats-Unis. ABC News étant la propriété de The Walt Disney Company et CNN celle de Time Warner. D’accord.
 
Les médias qui font partie du réseau ICIJ sont parmi les plus mainstream de la planète. Pour en citer quelques-uns : Le Monde en France, Le Soir en Belgique, The Guardian et la BBC en Angleterre, Süddeutsche Zeitung en Allemagne. Autant dire qu’à l’ICIJ on fait plutôt dans le média de masse, bien-pensant, détenu par de riches investisseurs que dans le journalisme indépendant. Le genre de journalisme, comme celui du Guardian, qui détruit les données fournies au péril de sa vie par Edward Snowden sur les pratiques de la NSA.
 
Côté financement, ce qui en dit souvent beaucoup, l’organisme est financé par des particuliers et par de généreux mécènes, parmi lesquels on trouve entre autres : Ford Foundation, W.K. Kellogg Foundation, Open Society Foundation (George Soros), Rockefeller Brothers Fund, Rockefeller Family Fund. L’indépendance avant tout on vous dit !
 
Comment procèdent-ils ?
 
La méthodologie a de quoi surprendre. Comme nous le précise Süddeutsche Zeitung dans un de ses articles sur l’affaire, repris dans un post de Craig Murray, un ancien diplomate britannique, et dont l’extrait suivant a été traduit par le sakerfrancophone :
 
«Les journalistes ont réuni des listes de politiciens importants, de criminels internationaux, d’athlètes professionnels bien connus, etc. Le traitement numérique a permis de rechercher ensuite si des noms de ces listes figuraient dans les fuites. Une liste « scandale des dons au parti » contenait 130 noms, et la liste des sanctions de l’ONU plus de 600. En quelques minutes, le puissant algorithme de recherche a comparé les listes avec les 11,5 millions de documents.
 
Pour chaque nom trouvé, un processus de recherche détaillé a été lancé au moyen des questions suivantes : quel est le rôle de cette personne dans le réseau des entreprises ? D’où vient l’argent ? Où va-t-il ? La structure est-elle légale ? »
 
On comprend donc que les journalistes s’appuient principalement sur une liste de politiciens qu’ils ont sélectionnés (ou que les propriétaires des médias pour lesquels ils travaillent ont choisis ?), de personnes sanctionnées par l’ONU autant dire non-alignées avec la politique de l’OTAN et encore moins membres de l’OTAN. La méthode a donc consisté à choisir quelqu’un qui ne plaît pas à au pouvoir en place aux Etats-Unis, à entrer son nom dans le moteur de recherche en espérant qu’il en sorte quelque chose. Comme le dit Craig Murray dans son article, « ne vous attendez pas à une réelle révélation sur le capitalisme de l’ouest. Les sales secrets des sociétés occidentales ne seront pas publiés. » Et de continuer « et si les recherches dans la base de données portaient sur les propriétaires des médias de masses, leurs entreprises, tous les éditeurs et les journalistes ? (…) sur les plus hauts placés à la BBC ? (…) sur chaque donateur du Center For Public Integrity ? (…) sur chaque entreprise cotée dans une bourse occidentale ? (…) sur chaque millionnaire de l’ouest qu’ils pouvaient trouver ? ». En effet, cela aurait été plus fun, mais on ne tape pas sur les copains. Ce n’est pas le but de la manœuvre.
 
Les américains étrangement épargnés, pas leurs ennemis
 
Comme je le disais en introduction, les Etats-Unis sont la première puissance économique mondiale. Ils sont aussi le pays qui compte le plus de milliardaires au monde, soit 536. Suivent la Chine et l’Allemagne avec respectivement 213 et 10320. Je ne prétends pas ici faire la démonstration d’une science exacte qui voudrait que puisqu’un pays soit premier au classement du nombre de milliardaires ; il doit forcément avoir un plus grand nombre de contribuables impliqués dans la fraude fiscale. Mais ça serait logique. Pour qu’il n’y ait aucun américain, ni aucune société américaine cités, c’est soit que l’ensemble du peuple américain est foncièrement honnête et ne compte donc aucun fraudeur, soit que le Panama n’est pas assez paradisiaque fiscalement pour eux, soit qu’on nous prend pour des truffes.
 
Concernant les autres pays occidentaux, j’évoquerai uniquement la France, simplement par méconnaissance des autres pays européens et de leurs personnalités. L’affaire des Panama Papers fait ressortir les noms de quelques français comme Michel Platini, Patrick Balkany, Jérôme Cahuzac, ou Fréderic Chatillon, un proche de Marine Le Pen. Seulement ces révélations touchent des personnalités déjà inquiétées par la justice pour la plupart. Michel Platini dans une affaire de « conflit d'intérêt » et « gestion déloyale » qui lui a probablement couté la présidence de la FIFA. Patrick Balkany, pour fraude fiscale et corruption passive. Jérôme Cahuzac est accusé d’évasion fiscale. Philippe Chatillon est mis en examen pour financement illégal dans le cadre de la campagne de 2012 de Marine Le Pen. On prend les mêmes et on recommence. On n’abime pas la réputation de nouvelles personnalités, on enterre un peu plus ceux qui l’étaient déjà. Idem pour les sociétés, on nous parle de la Société Générale, qui avait déjà fait l’objet d’une enquête en 2012.
 
Passe aussi à la moulinette médiatique une poignée de millionnaires inconnus, ou disons de second plan, pour la forme. On n'apprend rien de nouveau ou de transcendant, un non-événement en somme.
 
En ce qui concerne la Russie et particulièrement Vladimir Poutine (alors qu’il n’est pas cité dans les documents), ou le président Bachar Al Assad (pas cité non plus), les dirigeants chinois ou vénézuéliens, c’est un autre son de cloche. Ils font les unes de tous les médias occidentaux, surtout le président russe. Mais je ne reviendrai pas dessus vous en avez assez, et en aurez encore, dans les médias de masse.
 
Ça grince aussi beaucoup à la FIFA et à l’UEFA, que l’on ne pardonne sûrement toujours pas de n’avoir pas attribué la Coupe du Monde 2022 aux Etats-Unis. C’est en effet après l’attribution au Qatar que l’enquête du FBI a commencé provoquant ensuite de nombreux scandales.
 
L’affaire aurait sans doute été différente si les données avaient été partagées et rendues publiques via une plateforme du type Wikileaks. Chacun aurait pu, comme il est de coutume, faire ses propres recherches et les résultats auraient été foncièrement différents. Gerard Ryle, le directeur de l’ICIJ, se veut rassurant pour l’establishment en disant : « nous n’avons pas dévoilé l’ensemble de la base de données et nous ne le ferons pas ». Ouf ! Quelqu’un aurait pu trouver quelque chose d’intéressant et de vraiment compromettant.
 
Alors, quel est le but de cette fuite ?
 
Il y aurait plusieurs raisons à cette fuite d’information contrôlée. La première est apportée par Ernst Wolff, journaliste et auteur, spécialiste de la finance. Selon lui les Etats-Unis tenteraient de « vider les paradis fiscaux actuels, dans le but de se positionner comme le principal paradis fiscal ». Certains états comme le Dakota du Sud, le Delaware ou le Nevada sont souvent appelés « nouvelle Suisse » car ils bénéficient de lois permettant une extrême opacité. « On estime que les entreprises offshores possèdent environ 30 à 40 trillions de dollars. Et les Etats-Unis souhaitent évidemment rediriger cet argent dans leur pays. (…) D’un côté, cela affecte négativement certains paradis fiscaux : les individus et les entreprises vont retirer leur argent de là et le rediriger vers le Nevada ou le Dakota du Sud. Et d’un autre côté, cela permet de jeter la pierre à Poutine. » Compte tenu du contexte économique actuel cela semble être en effet un motif crédible pour augmenter à terme les rentrées fiscales sur le territoire américain.
 
Un autre motif serait de prévenir « d’autres personnalités, celles qui figurent dans la base de données, mais dont les noms n’ont pas encore été révélés, que les États-Unis ou leurs partenaires médiatiques peuvent, à tout moment, exposer leur linge sale en public. C’est donc un moyen de chantage idéal ».
 
Dans tous les cas, cela permet à coup sûr de salir les opposants à l’OTAN et à la politique impérialiste américaine tels que la Russie, la Chine et le Venezuela, sans avoir l’air d’y toucher. La classe américaine.
 
Greg

UNE FAÇON DE VOIR L'EURO 2016

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UNE FAÇON DE VOIR L'EURO 2016

Comment Usbek et Rica* comprennent l’euro 2016

 


Hayder al-Khoei est chercheur au Centre d'études universitaires chiites à Londres. Ses recherches portent sur l'histoire du Moyen - Orient, la politique et les études islamiques.
Il vient de mettre enligne sur le site Moon of Alabama un texte savoureux concernant les affrontements des supporters à Marseille. Une sorte de point de vue de Sirius humoristique, mais aussi un regard ironique sur les procédés utilisés par les médias européens pour relater les événements du Moyen Orient. Nous tentons ci-dessous une traduction que nous espérons fidèle :

 
 
« Les affrontements de Marseille annoncent une guerre des sectes généralisée.
 
Marseille - Des affrontements ont éclaté aujourd'hui entre partisans de deux sectes qui se rencontraient pour pratiquer un jeu rituel ancien. Les observateurs craignent que ces échauffourées dégénèrent et se transforment en « guerre des sectes » dans toute l'Europe. La milice locale est intervenue mais comme sa propre religion est méprisée par les deux parties qui s’opposaient, elle a fini par participer à la bagarre. Des combats de rue ont commencé quand des partisans déterminés de l'équipe russe orthodoxe ont lancé des bouteilles de bière sur les partisans éméchés des protestants anglais. Lancer des bouteilles de bière est considéré comme une insulte en Europe. La milice catholique française a utilisé des gaz lacrymogènes et molesté les bagarreurs des deux côtés sans distinction ainsi que les spectateurs. Les indigènes ont accusé la milice de s’en prendre à son propre peuple et ont exigé la fin immédiate du régime Hollande.
 
Protestants anglais, Français catholiques et orthodoxes slaves se détestent les uns les autres en raison de l'histoire profonde des ces sectes, à l’origine d’une longue série de guerres en Europe. Une violence horrible est enracinée dans les conflits qui remontent aux guerres franco-anglaises du 13ème siècle et l’invasion de la Russie par Napoléon. En 1627, le siège de La Rochelle représente le point culminant des tensions entre sectes en France. Il s’est terminé par une victoire catholique malgré le renfort apporté par les protestants venus d'Angleterre. Les affrontements entre les États-Unis soutenus par les Anglais et les Chinois soutenus par les Russes en France font également partie d'une guerre par procuration entre le capitalisme et le communisme dans la mer de Chine méridionale.
 
Quand sa milice a fini par perdre le contrôle de la bagarre, le gouvernement catholique de France a promis d'envoyer des renforts et de sévir sur tous les fronts. Les organisations humanitaires ont exigé une garantie de retenue et demandé de ne pas blesser les modérés impliqués dans les bagarres. Les experts régionaux ont suggéré de fournir des armes à certains participants, moins sectaires que les autres. Les autorités catholiques de Pologne ont saisi l'OTAN et tiennent Poutine pour responsable de ces affrontements à Marseille. « L'agression russe contre des membres de l'OTAN ne peut être tolérée », ont-ils déclaré.
 
Hayder al-Khoei »


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OMAR 12 juin 17:50

Omar9
Marine le Pen, Houellebecque, Finkielcrotte, E. Zemour jurent avoir entendu « Allah Akbar » parmi ces supporters déchainés.

TF1 dit que ça venait du coté russe...
Et Antenne2 du coté anglais...
Seul BFMTV prouve que cela provenait de la police...
 

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Elliot 12 juin 22:22
 
Je voudrais apporter quelques précisions à l’information donnée ci-dessus par Omar.

Finkielkraut a perçu derrière ces événements à tort qualifiés de rixes entre supporteurs anglais et russes une descente des quartiers nord maghrébins de Marseille sur la ville.

En raison du laxisme généralisé dont se nourrit l’antisémitisme qui n’était pas absent des échauffourées ( l’envoyé très spécial de BFM Télé a entendu des Allah Akhbar, cri de ralliement bien connu des antisémites ) , les autorités compétentes ( pourtant alertées par le CRIF dont la ligne directe avec Manuel Valls n’a pas correctement fonctionné, sabotage ? ) ont laissé des bandes soi-disant rivales s’affubler des oripeaux de supporteurs des deux camps pour créer des incidents ( on soupçonne des fiancements saoudiens ).

D’ailleurs le prédicateur bien connu, l’imam autoproclamé Sidi ben Mohammed ibn Mahmoud alias Abou Ramadan, bien connu des services de police pour son prosélytisme, a dans une fatwa tenue secrète autorisé ses ouailles à la consommation immodérée d’alcool pour la gloire d’Allah le miséricordieux et il a levé à cette occasion l’obligation du jeun et de la tempérance.

Heureusement un vent favorable en a apporté l’écho aux oreilles averties du grand philosophe, gloire de nos médias, qui sur France Culture en a communiqué la teneur d’une voix rendue chevrotante par l’indignation.

Zemmour a fait de ces sanglantes émeutes une analyse plus politique et a vu - selon des informations lui confirmées par Robert Médard, lui-même initié par Marion Maréchal qui les tenait du maire de Fréjus averti par la concierge de l’hôtel de ville qui avait recueilli l’information de source sûre au bar de la Marine – une provocation de l’islamisme radical portée par des réfugiés ayant traversé la Méditerranée à la nage pour échouer sur les côtes phocéennes. 
L’endroit de la côte sud de la Méditerranée d’où ces terroristes sanguinaires se sont jetés à l’eau pour traverser la mer n’est pas encore clairement déterminé, on évoque une escale interdite par les règlements en Corse ou en Sardaigne, ce qui ne permet pas encore l’homologation du record.

Houellebecq a vu dans tout ça la confirmation de sa lucidité mais il déplore dans ses vapeurs de ne pas avoir mieux anticipé le « timing ».
Enfin Nadine Morano nous rappelle qu’elle l’avait prévu mais elle avait simplement confondu la gare du Nord et la Cannebière, ce qui est ma foi ! excusable car ayant abusé de la bibine, elle a confondu les quais.

Pour Florian Philippot, le discrédit qui frappe injustement leurs supporteurs devrait faire comprendre aux Anglais qu’il n’y a plus d’avenir pour la Grande Bretagne dans l’Union européenne. 
Marine Le Pen se tait dans toutes les langues : elle aurait perdu la sienne. 

 
 
 

9 mythes russophobes

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En cette période de russophobie extrême, russophobie orchestrée et entretenue par la grande majorité des médias français l'excuse du communisme ou du stalinisme n’existant plus, la Russie est vilipendée (et cernée militairement par l'OTAN) pour des raisons de rivalité économique et géopolitique simples à comprendre, mais soigneusement occultées.
Les socialistes et Hollande en particulier prennent d’ailleurs une large part dans cette russophobie ambiante et dans l’affrontement voulu, organisé et entretenu par leurs inspirateurs et maîtres atlantistes.
Il est heureux que des médias alternatifs apportent leur contribution à la lutte contre la gigantesque campagne de désinformation et d'intoxication entreprise par les médias mainstream.


9 mythes russophobes

Tiré de AGORAVOX
Jacobin
jeudi 30 juin 2016



PARTIE I :
Mythe n°1 : Le Pacte Molotov-Ribbentrop fut un coup de poignard dans le dos des Anglo-Français
Mythe n°2 : C’est l’hiver qui a arrêté des Allemands
 
PARTIE II
Mythe n°3 : C’est grâce aux convois alliés de l’Arctique que les Russes ont arrêté les Allemands
Mythe n°4 : Les Russes pouvaient reculer indéfiniment
Mythe n°5 : Les généraux Russes étaient nuls et ne savaient qu’offrir la poitrine de leurs soldats
 
Partie III
Mythe n°6 : Les Russes se sont comportés comme des barbares avec les Allemands
Mythe n°7 : L’Armée Rouge était sous-équipée et moyenâgeuse
Mythe n°8 : Sans le débarquement allié, les Russes étaient cuits
Mythe n°9 : C’est la bombe atomique qui a fait capituler les Japonais
 
En cette heure où le révisionnisme le plus surprenant le dispute à la propagande la plus insensée. En cette époque où de plus en plus de quidams, intoxiqués au lait débilitant d’Hollywood, croient dur comme fer que les USA ont gagné la guerre contre les Allemands à eux tout seul ou presque, il semble important de remettre les pendules à l’heure sur quelques lieux communs forts répandus et pourtant sans aucun fondement sérieux. Les Allemands, après les Français et les Suédois, ont commis ce 22 juin 1941, la terrible erreur de sous-estimer le peuple Russe. J’aimerai que la bande de somnambule qui travaille à nous amener au même désastre ne commettent pas la même erreur dont nous devrons payer le prix pour eux. Ces mythes, acquis pour beaucoup, en dépit de toute la documentation et de la simple observance des faits, participent à ce déferlement acharnés de mépris haineux pour tout ce qui est Russe. Ce genre de rumeur xénophobe précède presque tout le temps celui des bottes. Gardons présentes à l’esprit les erreurs d’hier pour faire taire les boutefeux du jour.
 
I)Le Pacte Molotov-Ribbentrop fut un coup de poignard dans le dos des Anglo-Français :
 

Qui n’a pas entendu cette antienne déclamée des dizaines, des centaines de fois dans un souffle outragé par un interlocuteur rétrospectivement indigné ?
Cependant…
Cependant, pour qu’il y ait « coup de poignard », eut-il encore fallu qu’il y eut une alliance, un contrat, ou tout au moins un accord à trahir. Or, il n’y avait aucune alliance, aucun accord, pas le moindre, entre les anglo-français et l’URSS. Aucun. Bien au contraire, les premiers, adversaires implacables des seconds depuis 1917, encourageaient chaleureusement le Drang nach Osten du régime nazi ; la peur du rouge étant bien plus affirmée que celle du nazi. Ces mêmes puissances venaient, elle-même, un an à peine avant, de renier leur parole et de faire leur propre pacte de non-agression avec les nazis à Munich, sans aucunement consulter les Russes et à l’indignation de ceux-ci. La jeune Tchécoslovaquie en fut dépecée et même la Pologne participa au festin. Donc, non, le pacte germano-soviétique ne fut nullement une trahison mais un juste retour de berger à la bergère. L’URSS ne nous devait rien. Strictement rien et elle avait même toutes les raisons de jouer perso. Par contre, il est étonnant de constater que personne, mais alors jamais personne ne parle des USA qui nous ont proprement laissé tomber en 39 face à l’ogre germanique.
 
II) c’est l’hiver qui a arrêté les Allemands.
 
Voici un mensonge, un mythe particulièrement scélérat car il insulte la mémoire de millions d’hommes et de femmes qui se sont battus pied-à-pied dans les six premiers mois de la guerre pour résister à une horde de barbares fanatisés et lui infliger, dès ce moment, au prix de leur sacrifice, une blessure dont elle ne se remit jamais. Que penserait-on si un pays enseignait officiellement que c’est l’eau qui a arrêté les Allemands sur la Marne en 14, ou la pluie à Verdun en 1916 ? Grotesque et scandaleux non ? Alors imaginez la tête d’un brave Russe à qui vous expliquez que chez nous, officiellement, c’est le général Hiver qui a arrêté les Nazis.
Du fait que les Russes, mal préparés, trop souvent horriblement mal encadrés par des officiers généraux très récents et de fait incompétents, ont subi des désastres d’une ampleur encore jamais vue dans l’Histoire -cinq millions de soldats tués, prisonniers ou disparus dans les six premiers mois de la guerre- on a véhiculé l’idée d’une promenade victorieuse de l’armée allemande seulement arrêtée par la distance, l’usure du matériel et surtout le fameux et terrible hiver Russe.
On « oublie » au moins une petite chose : dans le même temps, dans ces mêmes six premiers mois, l’armée allemande avait perdu près de 600 000 hommes( !!!). Il est certain que c’est moins que les 5 millions de soviétiques, mais c’est déjà deux fois les pertes Allemandes de Verdun et ce chiffre aussi était totalement nouveau, impensable, à l’époque. Dès fin aout l’état-major Allemand paniquait en constatant que le plan avait pris deux mois de retard, et que les blessures inouïes infligées à l’ours ne l’avaient pas abattu. Gudérian, le génie des chars le résume assez bien : « qu’une armée mal équipée, mal commandée, ayant perdu 5 millions de soldats et reculé de près de mille kilomètres continue à se battre pied à pied, c’est un cas de figure que nous n’avions jamais envisagé à l’école de guerre ». Ce n’est pas l’hiver qui a arrêté les nazis à 50 kilomètres de Moscou, ce sont les Russes. Comme ce sont les Russes qui ont arrêté les nazis devant Leningrad. Le grand Joukov avait encore 700 000 sibériens en réserve autour de Moscou quand les Allemands ont été stoppés. Et il ne les a engagés que dans la terrible contre-offensive d’hiver, où, comme en 1813, les Russes auraient pu déferler jusqu’à Berlin sans l’incroyable génie militaire et humain allemand qui a tenu la ligne dans ce désastre de l’hiver 41-42 .
D’ailleurs, lors des opérations de l’été 42, à aucun moment, Hitler n’a repris d’offensive vers Moscou, pourtant à moins de 400 km des lignes. Il savait, d’une part ne pas en avoir les moyens, et, d’autre part, que ça ne servait à rien. Même Moscou prise, comme en 1812, l’URSS n’aurait pas capitulé. Toute la puissance industrielle restait presque intact, ayant été transférée loin à l’Est dés le début des années 30 et les dernières usines Ukrainienne démontées sous le canon ennemi par des ouvriers et ouvrières héroïques avant d’être remontées dans l’Oural ou derrière la Volga sous les premières neiges, les ouvriers travaillant déjà sous les premiers flocons tandis qu’on n’avait pas encore installé les toits.
On dit de Verdun ou de la Marne qu’elles furent des victoires Françaises car l’attaquant était allemand et qu’il n’avait pas atteint ses objectifs initiaux. De la même manière, au prix d’un sacrifice presque insensé, les Russes furent victorieux de l’opération Barbarossa car aucun, strictement aucun des buts Allemands ne furent atteints. Les Japonais ne s’y trompèrent pas, et considérant les Allemands cuits dès septembre octobre 41 et ayant gouté à l’efficacité Russe à la frontière Mongole en 1939, ils renoncèrent à déclarer la guerre à l’URSS malgré l’insistance d’Hitler.
Hitler avait parié sur une guerre éclair. Sur un effondrement rapide à la Polonaise ou la Française, il entrait par force dans une guerre d’usure qu’il n’avait aucun moyen de gagner.
Pas plus en 1941 qu’en 1812, l’hiver Russe ne causa la défaite de l’agresseur, il la rendit seulement désastreuse.


III c’est grâce aux convois anglo-saxons de l’Arctique que les Russes ont arrêté et vaincu les Allemands.

Celui-ci est intéressant car il est relativement récent. En effet, jusqu’aux années 80, nul n’aurait osé proférer une si profonde stupidité. Mais comme, depuis une dizaine d’année, on voit un retour en force de la propagande anglo-saxonne aux relents de guerre froide la plus impertinente matinée, depuis peu par le révisionnisme pathologique le plus crétin des hystériques des confins orientaux de l’UE ainsi que celui des allumés messianiques néocons de partout, il convient de considérer et de répondre brièvement à l’inanité de ce mythe-là.
Tout d’abord, on l’a vu dans le deuxième opus de cette série, les Allemands avaient déjà perdu en Octobre 1941, n’ayant atteint aucun de leurs objectifs initiaux, ayant perdu, à la fin de l’hiver 41-42 plus d’un million et demi d’hommes(morts, blessés, prisonniers, disparus) et étant forcés à une guerre d’usure dont ils ne voulaient à aucun prix. Blessure mortelle, le reste ne fut qu’agonie et sursaut. Or, l’effort incontestable des alliés pour fournir matériels et matériaux à l’URSS par l’océan Arctique n’a commencé à être réellement significatifs qu’à mi-42. Les Russes ont été totalement seuls aux pires moments de 41 et les quelques petits convois de cette année-là, en plus d’être tardifs, furent plus symboliques que réellement effectifs dans l’effort de guerre, sans parler même d’être décisifs. Une petite vingtaine de cargos de 5000 tonnes chaque ne pouvaient avoir qu’un effet infime dans l’affrontement colossal en cours. A mi-42, les Allemands, définitivement bloqués devant Moscou et Léningrad, n’ont réussi qu’une ultime percée sans lendemain au sud vers les champs de pétrole du Caucase et n’ont avancé que de trois cent kilomètres à l’est avant d’être bloqués à Stalingrad et de perdre toute leur sixième armée et 600 000 hommes des troupes non germaniques de l’Axe, Roumains, Hongrois et surtout Italiens. La fourniture par l’Arctique a vraiment donné à plein à partir de 43 et si les Russes ne pouvaient pas se permettre de dédaigner ce qui représentait tout de même presque 10% de leur équipement, essentiellement sous forme de camions et voitures, à aucun moment, l’effort allié n’a été en mesure de se comparer aux plus de cent milles canons, cent mille chars, dizaines de milliers d’avions, d’armes individuels, les millions de tonnes de munitions les centaines de millions de tonne de matière premières produites par l’URSS elle-même. Prétendre que ce sont les livraisons alliés qui ont brisé la machine de guerre nazi est si surréaliste qu’on se demande même comment on peut en arriver à être obligé d’argumenter là-dessus.
 
IV Les Russes pouvaient reculer indéfiniment.

Là encore, un mythe qui perdure, et qui perdure par simple méconnaissance géographique. Les Allemands auraient eu des distances énormes à franchir, et il suffisait que les Russes reculent en attendant l’hiver. Ils pouvaient reculer indéfiniment. Regardez quoi, 1600 km de Berlin à Moscou.
Sauf que.
Sauf que ce n’est pas la distance de capitale à capitale qui compte. C’est le départ de la ligne de front, aux confins de l’actuelle Lithuanien au Nord, presque à la frontière Biélorusse pour l’attaque sur Moscou, et sur la frontière orientale de la Roumanie pour le front sud. Or, au nord, sur le front de Léningrad, la distance d’arrêt définitif des Allemands fut de 700km. Sur le Front de Moscou de 900 km et à peu près autant sur le front d’Ukraine au sud. Les Russes n’ont pas reculé de 2000 km.
Et au-delà, il faut considérer le timing de Barbarossa. Loin d’être une poussée continue, inexorable de juin 41 à fin octobre, il y eu trois phases. La première, vraie guerre éclair, magistrale, dura, encore moins qu’en Pologne et en France, à peine trois semaines. Dans ces laps de temps, du 22 juin au 9 juillet, la Wehrmacht détruisit des millions d’homme, des armées entières et avança comme dans du beurre de 400 km au nord et au centre, tout en se limitant à 100km au sud. Et là, comme en France, ils crurent la partie gagnée. Dans l’histoire de l’humanité, nulle nation n’avait jamais pu poursuivre le combat après de telles pertes encore jamais vues de mémoire d’homme. Mais là, à partir du neuf juillet jusqu’au 1er septembre, en deux mois, les Allemands n’avancent plus que de 150 km au nord même s’ils s’enfoncent comme dans du beurre dans ce qui est la partie ouest de l’Ukraine. Deux mois à découvrir l’opiniâtreté du soldat Russe qui meure plutôt que de se rendre. Deux mois à comprendre enfin ce que disait Murat en 1812, que ce fantassin Russe, on était obligé de le tuer deux fois. Deux mois à commencer à gouter la technologie Russe et à apprendre à subir des pertes énormes à son tour.
Au premier septembre, la horde nazi n’est plus qu’à 300 km de Moscou. Et ni septembre, ni octobre, ni novembre ne lui permettront d’atteindre ses objectifs.
Si on compare les distances, c’est un peu comme si les alliés, en mai 40 avaient bloqué les Allemands quelque part entre Paris et la Loire vers le 1er juin, puis, leur avaient fait payer horriblement cher une poussée de deux mois jusqu’à la Garonne où les troupes n’auraient plus reculé, alimentées en homme et en arme par les ressources immenses des deux empires Français et Britanniques, adossés à la puissance industrielle américaine. Voilà le niveau de la performance Russe.
Comme lors du rétablissement miraculeux et insensé des Français sur la Marne en 1914, ce ne fut pas une histoire de génie d’état-major ou de suprématie logistique, ce ne fut ni une histoire de généraux ni de politiciens. Ce ne fut pas une question de distance ou de rigueur saisonnière. Ce fut la victoire de millions de citoyens-soldats qui luttèrent, pied à pied, au prix de souffrances inouïes, pour leur survie contre un ennemi monstrueux, parmi les plus répugnants de l’Histoire humaine. 
Est-ce cet héroïsme que nous n’avons pas eu que nous ne pouvons leur pardonner, nous forçant à chercher tous les prétextes pour le dévaloriser avec la mauvaise foi typique du vaincu ?
 
V. Les généraux Russes étaient nuls et ne savaient qu’offrir la poitrine de leurs soldats.

Dans les premiers mois de la guerre, c’était vrai. C’était d’autant plus vrai qu’une fantastique opération de « magie-noire » des services secrets Allemands avait réussi le prodige d’intoxiquer Staline et de lui faire exécuter pour « trahison » , 95% des officiers généraux et 80% des officiers supérieurs de l’Armée Rouge en 1938. . Et manipuler des brigades, des divisions, des corps ou des armées de milliers, de dizaines, de centaines de milliers d’hommes, sur des distances importantes en combinant des armes aussi complexes et avides de logistique que l’artillerie, les blindés et l’aviation, ne s’improvise pas facilement. Ce corps d’officiers était donc globalement, notoirement incompétent au moment du premier choc. Ces chefs incompétents, totalement débordés par leur tâche et menacés du peloton au moindre soupçon de trahison, n’avaient qu’une seule ressource, profondément stupide, profondément meurtrière, qu’on savait totalement absurde dés 1914, celle de faire charger leurs hommes bêtement face à la puissance de feu moderne. Les dégâts furent cataclysmiques.
Cependant, très rapidement, d’excellents généraux, et Joukov en particulier, s’élevèrent contre cette stupidité criminelle et l’état major en vint même, dés 42, à menacer du poteau les officiers lançant leurs troupes à l’assaut sans préparation d’artillerie, support aérien et blindé. Au fur et à mesure que se révélaient des officiers de valeur, ce genre d’anachronisme mortifère diminua sensiblement puis finit par disparaître. D’ailleurs, le rapport des pertes au combat Allemand-Russe s’équilibre en 43 et devient favorable aux Russes en 44. Comme souvent, c’est la première année de guerre qui fut la plus meurtrière. Ce fut le cas pour les Français en 14 quand la première année de combat, celle de Joffre, totalisa autant de perte que les 3 autres années de guerre. Là aussi, beaucoup de généraux et officiers supérieurs, pourtant dûment brevetés, se montrèrent totalement dépassés. Ce fut aussi le cas des troupes Américaines inexpérimentées en Normandie qui, en deux mois de combat, comptèrent la moitié de leurs pertes totales sur le front européen avec pourtant, une suprématie aérienne totale et contre des combattants Allemands démoralisés et loin d’être les meilleurs de la Wehrmacht.
Durant, cette guerre, on a eu aussi l’exemple de charges profondément stupides et suicidaires chez les Japonais. Là aussi, la profonde incompétence d’officiers eu une part prépondérante. Mais curieusement, l’inconscient collectif occidental ne montre nul mépris, nulle arrogance face à cette stupidité barbare mais au contraire, la magnifie d’une mystique quasi romantique.
Les Russes eurent, eux aussi, leurs grands généraux, Timochenko,Tchouïkov, Meretskov Petrov,Rokossovsky, Joukov étant le plus illustre d’entre eux. Mais il est vrai qu’on a peut-être du mal à reconnaître le génie militaire d’un ancien ajusteur, cavalier rustique, autodidacte, monté « par le poignet » et qui dés 1939 infligea un déroute décisives aux Japonais sur la frontière Mongole.
 
VI Les Russes se sont comportés comme des barbares avec les Allemands.

Celle-là, il fallait l’oser. Mais beaucoup font le pas. Un « documentaire » français, Apocalypse, ouvre sur un Berlin en ruine, avec une musique de circonstance et une voix sinistre qui annonce…. Qui annonce quoi au fait ?
Les six millions de juifs assassinés ?
Le million de Tziganes exterminé ?
Les trois millions de Polonais tués ?
Les 27 millions de soviétiques martyrisés ?
Les deux millions de civils Allemands tués à dessein dans des bombardements terroristes ?
Les deux millions de bengalis morts de famine pour nourrir le soldat Anglais ?
 
Non, la voix, sépulcrale annonce : « alors qu’on entend encore les voix des femme Allemandes violées par les soldats Russes… » tel quel.
Quand on considère les innombrables et innommables crimes commis par les Allemands en URSS ; les milliers de villages exterminés, la réduction en esclavage, les viols par millions, de femmes, d’enfants, commis par les soldats Allemands, plus de 15 millions de civils assassinés ou tués au travail, on se dit que le soldat Yvan qui découvrait ça au fur et à mesure de son avance vers l’Ouest, n’avait aucune raison d’éprouver la moindre sympathie pour le barbare qui avait fait subir ça à son peuple. Mais là encore, le viol, s’il fut massif, ne fut pas le propre de l’armée rouge. Les troupes alliées pratiquèrent aussi massivement cet apanage du soudard à travers les âges mais on retient essentiellement l’action d’Yvan Popov qui lui, avait pourtant plus de circonstances atténuantes que le gars du Kentucky ou le sujet quelconque de l’Empire Français. Et il faut bien avouer, qu’en la matière, il faut croire les Allemand(e)s sur parole, les sources n’étant ni consensuelles ni impartiales, loin de là. Rappelons qu’en Algérie, des historiens affirment que la troupe Française a violé et assassiné massivement, on parle là en millions pour les viols. Pourtant ceci est très contesté en France. En quoi les assertions allemandes et leurs alliés tout comme celles d’anglo-saxons en pleine guerre froide, seraient-ils plus fiables que les démentis officiels Russes ? Rappelons-nous encore récemment, les bébés tués dans les couveuses au Koweit, les génocides imaginaires au Kosovo ou en Libye, les ADM en Irak, les djihadistes modérés en Syrie ou les 36 invasions de l’Ukraine par l’armée Russe depuis 2014…
Dans les mémoires de Cavanna, « Les Russkofs », l’auteur entre dans un Berlin très fraichement investi et voit, à chaque carrefour, une police militaire de « femmes solides » qui traque sans pitié le moindre laisser-aller des troupiers. Mettre en place des régiments entiers de police militaire féminine, chose unique dans l’Histoire, note d’une manière certaine, la volonté de tenir la troupe. Tout état-major, et surtout un état-major de l’implacabilité disciplinaire de celui de l’Armée Rouge abhorre laisser les hommes salir l’honneur de leur commandement et surtout est bien conscient qu’une troupe qui se comporte en soudard n’est plus maîtrisable. 
Dans le registre de la « barbarie Russe », on parle aussi tout le temps du traitement affreux du malheureux soldat Allemand prisonnier, envoyé en Sibérie.
Sauf que les Russes firent 2.7 millions de prisonniers Allemands qui avaient martyrisé leur peuple et en rendirent 2.3 millions.
Sauf que les Allemands firent 6 millions de prisonniers Russes qui ne leur avaient rien fait et n’en « rendirent » que 2. Quatre millions furent tués dans des conditions inimaginables de perversion et de cruauté, affamés, exploités à mort, traités comme des esclaves, pour le plus grand profit de l’industrie allemande, servant aux expériences sur les gaz, cobayes des nombreux Mengelé auxquels le « peuple des seigneurs » offrit un tremplin d’abomination.
400 000 morts d’un côté, 4 millions de l’autre. 15% contre 60. Qui est le barbare ?
Veut-on comparer avec le comportement Anglais ou Américain des prisonniers ? Encore une fois, ni les uns ni les autres n’ont été envahi et n’ont eu 20% de leur population martyrisée. Les USA ont perdu moins de 200 000 soldats sur le front Européen, les Russes, 9 millions. Et dans les 15 millions de civils. Et sur le front Pacifique, on occulte pudiquement le fait que les US Marines ne faisaient pas de prisonniers.
 
VII L’Armée rouge était sous-équipée, moyenâgeuse.
 

Ce mythe-là, tenace, est des plus étonnants, car il n’a pour origine aucune propagande. Aucun historien, aucun journaliste professionnel (il y en eu), même résolument anti-soviétique, n’a jamais osé affirmer, à juste titre, une telle énormité. Hélas, on apprend beaucoup plus l’Histoire par le cinéma, le bistrot ou à l’heure du digestif familial qu’en lisant des livres sérieux. Et donc, on entend depuis 1945, cette énormité comme quoi l’URSS était incapable de concevoir et produire des armes modernes. Encore une fois, seules les livraisons des alliés par l’Arctique ont pu palier à cette nullité technologique.
C’est incroyable de prétendre une chose pareille, car pourtant, s’il y a un point où le consensus est total, c’est bien sur celui-là.
Il suffit d’ouvrir n’importe quel livre d’Histoire ou page internet sur le détail des productions industrielles d’armement par pays pendant la Seconde Guerre Mondiale pour être édifié. Entre juin 41 et mai 45, les Russes ont produit plus de chars et de canons que les USA et l’Allemagne réunis.
Plus de de 60 000 exemplaires du seul T34 dans ses différentes versions (à titre d’exemple, les Allemands disposaient de moins de 3000 chars pour la campagne de France.) furent produits. Le T34, char rustique, solide, très novateur en calibre, en courbure de tourelle, en blindage, en largeur de chenille (boue, neige), en solidité, en facilité d’entretien, fut le cauchemar de l’armée Allemande et d’après les Allemands eux-mêmes, le meilleur char de grande série de la guerre, le Panzer V n’apparaissant qu’en 1943 et le VI Tigre construit en moins de 2000 exemplaires et très fragile mécaniquement.
Les Russes inventèrent aussi la fameuse Katioucha, le lance-roquette multiple, l’Orgue de Staline, deuxième souvenir le plus terrifiant du fantassin Allemand avec le T34. Les Allemands d’ailleurs, reprirent immédiatement le concept tout comme les Américains.
Ils conçurent et fabriquèrent aussi d’excellents chasseurs, comme le Yak 1, inférieur sur le papier aux merveilles techno Allemandes mais, à l’image des Russes, toujours solide, fiable, astucieux, capable de voler par n’importe quelle température et un des chasseurs les plus protecteurs pour les pilotes. D’ailleurs, les pilotes Français de l’escadrille Normandie-Niemen adoptèrent longtemps ce « moudjik » de l’air, les Russes proposant aussi le Yak 7, les Mig 1 et 3, le Lagg 3, pas mal pour une industrie moyenâgeuse…
Les Russes surent aussi concevoir et produire en masse le meilleur avion d’attaque au sol de la guerre, le Sturmovic. Encore une fois, un outil rustique, hyper blindé, hyper armé, le premier tueur de char, terreur du tankiste Allemand.
Ils conçurent et fabriquèrent plus de 100 000 canons d’excellente facture.
Ils conçurent et produisirent aussi les excellents pistolets mitrailleurs PPS41 et 43, avec, grande innovation, sélecteur pour le tir en rafale ou au coup par coup, très simples à produire, quasiment impossibles à enrayer. Ils étaient si valables que les fantassins Allemands délaissaient leur M40 pour récupérer les PPS de l’ennemi.
Effectivement, ils purent se concentrer sur cette production car les USA leur fournissaient la quasi-totalité de leurs camions et voitures, des dizaines de milliers de véhicules. Cet apport indéniable Américain et les ressources propres en pétrole permirent à l’Armée Rouge d’être très supérieurement mécanisé à l’armée Allemande, que le manque de ressource pétrolière condamnait au train et à l’aide de plus d’un million de chevaux. Contrairement à l’imagerie populaire, l’armée Allemande fut, de loin, l’armée la plus hippomobile de la seconde guerre mondiale. Il ne faut pas s’y tromper, l’URSS conçut et fabriqua la quasi-totalité de son équipement de guerre. Un excellent équipement, sans chichi, robuste, astucieux, peu onéreux, hyper opérationnel.
 
VIII Sans le débarquement allié en Normandie, les Russes étaient cuits. 
 
Ce mythe inepte, là encore, véhiculé par le « bon sens » populaire, est de plus en plus prégnant à mesure que les sirènes de la russophobie se font pressantes.
Tout le monde connait le D-day. De John Wayne à Tom Hanks, en un jour le plus long, la cavalerie US réussi à débarquer en Normandie, au prix du « terrifiant » chiffre de 9000 morts ( 1000 000 à Stalignard) et le soir, fusil à la bretelle, le brave G.I Joe sifflotant gaiement, la guerre est presque finie, les Russes empêtrés de leur côté, sauvés par cette diversion providentielle. Amen.
C’est beau Hollywood.
Sauf que.
Sauf qu’il suffit de regarder une carte du front de l’est en juin 44. En juin 44, l’URSS a repris toute l’Ukraine, la moitié de la Biélorussie et campe devant Riga. Elle a fait reculer les Allemands de 700 km au nord et de 1000km au sud les faisant revenir quasiment à la position de départ de 1941. Entre temps, les Allemands n’ont pas réussi leur offensive d’été 41, ont pris une terrible trempe en Janvier 42, une bien plus désastreuse encore à Stalingrad et une autre encore à Koursk en 43, ils ont déjà eu 4 millions de tués, plus encore de blessés graves. Plus d’1.5 millions de prisonniers. L’URSS, l’URSS seule a brisé l’échine de la bête et il n’y a aucune raison qu’à juin 44, le sort des armes s’inverse.
Par contre, si tout le monde connait le D-day, beaucoup moins nombreux sont ceux qui connaissent l’effroi et l’intensité meurtrière de la bataille de Normandie qui dura deux longs mois et causa la moitié des pertes US sur le théâtre d’opération européen. Bataille de Normandie où les britanniques (avec ANZAC et Canadiens) d’ailleurs étaient plus nombreux que les Américains et où ils firent vraiment le sale boulot en poussant le gros et le meilleur des Allemands vers le nord. Les Britanniques sont les autres victimes et grands lésés de cet accaparement de la victoire par les USA et leurs contempteurs. 
Tout le monde connait le D-day, mais assez peu sont ceux qui connaissent le nom « Opération Bagration ».
Et pourtant.
Et pourtant, cette offensive soviétique, débuta à la date anniversaire de Barbarossa, le 22 juin 44, au moment où les alliés en bavaient dramatiquement dans le bocage Normand. Sur un front de près de 1000km, l’Armée Rouge reprit l’initiative et durant deux mois, infligea aux Allemands encore plus de 300 000 morts et autant de prisonniers ou blessés dans ce qui reste très officiellement, en Allemagne même,« le plus grand désastre militaire de l’histoire Allemande ».
Si une bataille soulagea considérablement quelqu’un, ce n’est pas le D-day qui soulagea des Russes dépassés, mais bien Bagration qui, concentrant en catastrophe l’essentiel des restes de l’armée Allemande, soulagea les Alliés piétinant sur leur tête de pont.
 Mais Hollywood n’est ni sur le Don ni sur la Volga…
 
IX C’est la bombe atomique qui a fait capituler les Japonais.

Voici un mythe très très solide, et pourtant contredit par des gens aussi experts que Mac Arthur ou Eisenhower.
Que viennent faire les Russes là-dedans ?
Attention, prétendre que les Russes ont participé à la défaite Japonaise serait complètement fantaisiste. Hormis les Britanniques qui ont participé aux confins Birmans, les USA ont assuré la quasi-totalité de la guerre et de la victoire contre l’Empire du Soleil Levant, les Chinois l’ayant essentiellement subi.
Que viennent alors faire les Russes là-dedans ?
Ils viennent jouer le rôle de croque-mitaine, de parfait cauchemar. Conformément aux accords inter-alliés de Yalta qui prévoyaient leur déclaration de guerre contre le Japon 3 mois jour pour jour après la cessation des combats à l’ouest , les Russes déferlent en Mandchourie balayant les troupes impériales. 
Les stratèges US attendaient ceci avec impatience. Mac Arthur et même Truman, rigolards, comptaient sur l’effroi des Japonais à la perspective d’être envahis et occupés par les troupes soviétiques pour les forcer à capituler rapidement dès l’offensive lancée.
Celle-ci intervient le jour de Nagasaki, trois jours après Hiroshima, conformément aux accords initiaux.
Si la bombe a secoué l’Empereur et les éléments modérés de son cabinet, les nationalistes eux, restent droits dans leurs bottes. Le Japon a l’habitude des raids dévastateurs de l’aviation US qui ont cumulés dans les un million de morts civiles, 100 000 pour le seul raid sur Tokyo. Cette vision d’holocauste serait même compatible avec leur mystique délirante : Une sorte de charge Banzaï au niveau de tout le peuple.
Mais l’avancée fulgurante des Russes en Mandchourie laisse envisager une invasion imminente de l’archipel. Et c’est l’effroi de cette perspective qui fait basculer le rapport de force. Le pays inhumé dans un gigantesque sacrifice aux Kamis, pourquoi pas, une occupation par l’ogre soviétique, JAMAIS ! Plutôt capituler rapidement devant les Américains. Le même genre de calcul qui a fini par prévaloir sur le front Européen dés Hitler suicidé.
Jusqu’à leur mort, et Mac Arthur et Eisenhower, ont toujours nié l’efficacité de bombes dans la capitulation Japonaise. Ce mythe, comme toujours, fut affaire de politiques et de communicants dans une guerre froide naissante. 
Et là encore, on s’est rassuré avec la fable de bombes atomiques sauvant 1000 000 de vies et on a ricané sur les « vautours » soviétiques qui attaquaient un Japon à terre, déjà vaincu par la bombe atomique plutôt que de saluer leur respect des accords et leur action décisive dans la précipitation de la capitulation.
 
Voilà, cette série est finie. Son but, hors rendre justice au génie et à l’héroïsme Russe est de rappeler que tous ceux qui ont attaqués ce pays, et s’y sont perdus, Polonais au XVIIe siècle, Suédois au XVIIIe , Français au XIXe et Allemands au XXe, l’ont fait par suite d’une sous-estimation dramatique de ce grand peuple. A entendre, lire et voir le déchainement quotidien invraisemblable de haine, de mépris et de déprisement pour la Russie, on est en droit d’être effrayé que nos enfants aient à payer, un jour proche, le prix de cet hybris occidental.
 
Face à cette montée inexorable des provocations et des tensions envers l’Ours, on ne peut que chanter avec Sting : « I hope the Russians love their children too ».*
 
* « j’espère que les Russes aiment leurs enfants autant que nous les nôtres »
 

L'ISLAM SUICIDAIRE

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"u zinu" se fait un plaisir de reproduire les deux textes qui suivent, dont les auteurs sont d'éminentes personnalités marocaines qui, au delà des polémiques stériles et des discours de haine, cherchent à comprendre l'Islam actuel à travers son historicité mais aussi à travers les causes et conditions qui régissent et alimentent ses dérives d'aujourd'hui.



Http://www.quid.ma/chroniques/lislam-suicidaire/

 
L’islam suicidaire

Par Driss Ajbali
juin, 17 à 10:14
 
* Sociologue et activiste associatif, Driss Ajbali est membre du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger.
 


« Il te suffit de t’élancer, de mourir et te voilà au Paradis. Et à ce moment là, plus de souci, plus d’épreuve. Que de la jouissance ». C’est ainsi que Laroussi Abballa, après son forfait, s’est adressé, par Facebook, à tout djihadiste qui se dissimule. C’est en vertu de ce qui est pour lui une évidence dogmatique qu’il a commis l’irrémédiable. Il est 20h 20, en ce jour de ramadan. Le ftour en France est à 21h 20. Il est donc à jeun, la crapule. Il a dû même faire ses ablutions et prières pour se purifier avant de commettre  son rituel sanglant. Il a commencé par lâchement poignarder l’homme. Puis, une fois au domicile, il a égorgé la jeune maman. Devant son enfant de trois ans. Incapable de réussir son certificat d’aptitude, le voilà devenu, au milieu des cadavres, expert en matière d’excursion au paradis.
Franco-marocain, Laroussi est né en 1991. Il a exactement  l’âge des furies et des convulsions que vit L’islam aujourd’hui. C’est l’année de la première guerre du golfe. Il n’avait que 3 ans quand, en 1994, des jeunes comme lui ont frappé et selon la même logique, Marrakech après s’être entrainés en Bosnie. Il n’avait que quatre ans quand Khaled Kelkal a semé la terreur en en sous-traitant en France, la guerre féroce du GIA en Algérie. Que dix ans quand les deux tours se sont effondrées. Il a l’âge de la longue marche de l’Islam suicidaire.
Il est comme tous les autres, les Kouachi, Coulibaly, Laabaoud et consorts. Ils ont emprunté le chemin de Dieu par la voie la plus odieuse. Ils sont les avatars d’une collusion méphistophélique entre l’Islam radicale et la délinquance. Sans quoi, il faut nous expliquer  pourquoi ils sont presque  tous, issus de l’immigration maghrébine ou africaine, qu’ils dépassent exceptionnellement les vingt cinq ans et qu’ils soient tous fichés  comme « connus des services de police ». Ils ont tous slalomé, après leur échec scolaire, entre la délinquance et la prison. C’est ne pas les absoudre que de dire cela. C’est pour saisir en quoi ils sont les cibles favorites des idéologues de cette asymétrique guerre à outrance. Ce n’est pas l’Islam qu’ils aiment. C’est la possibilité d’action qu’il est le seul à offrir aujourd’hui. Avec, en prime, une possibilité de rédemption. La promesse d’absolution à la condition de réaliser le funeste et ravageur sacrifice. La collusion entre l’l’Islam radical et la délinquance a fécondé une barbarie apocalyptiques jamais atteinte. Et rien ne semble endiguer l’horreur.
A supposer que le voyage dans l’au-delà tienne ses promesses. A supposer que le vœu de jouir de soixante-dix vierges,  ne soit qu’un improbable désir à la débauche et à l’orgasme sans limite. Est-ce là le sens d’une religion ? Quid du spirituel dans ces équarrissages sacrificiels. Quid du sens même de la compassion dans ce « nettoyage des kouffars » et des mécréants? Quid de la miséricorde dont le texte sacré est truffé, à commencer par les qualités premières d’Allah. Il y a un vice de forme quelque part.
Ceux qui nimbent  l’Islam d’un voile d’innocence et qui prêchent que celui-ci n’à rien avoir avec ces abjections, doivent nous expliquer pourquoi ces jeunes répondent, avec discipline, aux injonctions d’Abou Mohamed Al Adanini plus qu’ils n’entendent les leurs.  Comment des jeunes, « avec un cerveau vide comme un cendrier », sans loi, mais avec une nouvelle foi, exécutent un ordre aussi fou que péremptoire qui les somme de « tuez les avec des couteaux, crachez leurs au minimum à la figure, mais désavouez-vous d’eux ».
Face à cet usage totalitaire d’une religion, les responsables de l’Islam en Europe doivent nous expliquer leur asthénie et nous traduire leur aphonie. Les gouvernements de France et de Belgique doivent nous justifier pourquoi ils ont tellement essentialisé l’immigration au point de faire des imams autoproclamés leurs seuls interlocuteurs.
La vérité de l’Islam  en Europe est dramatique. C’est un Islam confisqué par des incultes. Il est pauvre, balkanisé et mercantile avec des leaders sans leadership rivalisés par des dealers qui s’en sont emparés pour en faire un commerce de la mort. En France, en Belgique ou aux Pays-Bas, les responsables autoproclamés de l’Islam font carrière, fortune et commerce avec la foi des gens.  « L’Islam des Darons », comme l’a expliqué Gilles Kepel, n’a plus aucune espèce de prise sur la dérive meurtrières des soldats d’Allah. L’Islam « Blédard » ne peut rien contre l’Islam 4G trusté par les nouvelles générations nihilistes. La France en vit les affres aujourd’hui. Et la France fulmine. Avec le risque que  tout cela finisse mal. Non pas dans les urnes. Mais dans la rue.


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"L’islam suicidaire’’, un texte d’une explosive beauté. Slogan destructeur ou triste réalité ?

par maidoc25  (son site)  
mercredi 29 juin 2016
AGORAVOX

 

C’est une analyse faite au scalpel du chirurgien, doublée par les mots percutants d'un esthète sociologue. Un pensum ciselé-mains, un uppercut digne de Mohamed Ali Clay ! Ce sont aussi les échos stridents et les cris d'une scie d'acier. Le brouhaha éperdu, mais vrai, de trois générations, tronquées, trompées, déracinées d’émigrés.
 Ce sont les exhortations têtues d'une couche déstabilisée, qui jaillissent entre les lignes de ce texte de M Ajbali, où il maudit superbement les actes des assassins-suicidaires.

C’est une civilisation, une culture, une résistance, une époque, une religion, c’est aussi un espace et des nations-états, minés et laminées.
Ces souffrances, morales ou intellectuelles, de gens hors repères, sont celles des millions de marocains, déracinés économiques, ouvriers et techniciens, qui rapportent sentiments et argent, leurs économies qu’ils dépensent ou placent dans leur premier pays, pour une retraite partagée entre leurs deux mondes !
Cette couche de ‘’réfugiés’’, spoliée, stigmatisée et moquée, est régulièrement narguée pour le récessus vestigial de ses crédos antiques et de ses référentiels nationalistes vrais. Cette tranche d’émigrés, voit impuissante ses plus jeunes fils, dévoyés et méprisés, abâtardis entre plusieurs langues. Ces jeunes délurés ou pommés, apostats ou zélotes convertis à la hâte, cherchent vengeance contre leurs hôtes, face à leurs narquois mépris structurel. Leurs concitoyens autochtones, sont suffisants et arrogants derrière leurs fières identités et ils s’affichent face à eux comme des êtres supérieurs. Ne sont-ils pas les descendants richissimes et cultivés, de ces past-seigneurs des colonies, qui gardent leurs attaches dans leurs serres, diriez-vous ? Ne sont-ils pas les vainqueurs de la deuxième guerre mondiale ! Auto-flatteries, gargarismes et flagorneries !
Cet état de fait, une autosuffisance, défie cette couche de déçus, qui voit les jeunes devenir extrémistes dans leur recherche ratée des repères. Celles éperdues de leurs racines perdues, entre autres passifs de la mal-vie. S’ils aspirent à la simple vengeance des classes, ils maugréent et peinent, faute d’accéder à plus haut, face aux dénis.
Voici que depuis deux ou ans qu’un exploit, extrémiste, s'offre à eux. Il répond à la reconnaissance de leurs forces de caractère et de militance. La révolte face à l'ennemi conjuré,. Celui néanmoins au flanc duquel ils vivent, alors qu’il les exècre et les défie ! Une jactance que ces égarés relèvent. Un défi d’une atrocité extrême, faite de démence, qui signifie pour eux l’acceptation finale du suicide. Un geste mortel et criminel, qu’ils savent terroriste mais qu’ils estiment vengeur ! Là où ils ne font plus que végéter entre les drogues, les larbins et les rapines, ils voient une autre issue ! Kamikazes, martyrs, héros ! Les voilà fanatisés à l’extrême, daéchisés, face aux forces de répulsion qui les ont de toujours rejetés. Anoblis, honorés, ils sont reconsidérés devant leurs propres yeux, et ce contre la dynamique de marginalisation, établie depuis un siècle et qui les a humilié quotidiennement.
Là, au sein de ces ruines sociologiques, dans ces champs périurbains et ces bas-quartiers, où cumulent les sentiments de répulsion et s’amoncèlent les lois du mépris. Paupérisés, (relativement) incultes, les voilà devenus d'ignares vengeurs. Ceux d'une culture pour le moins fanatisée, une déviance instrumentalisée, par cet opium des peuples, la religion. Ils accèdent au suicide vrai des faux militants qu’ils furent. Et ils portent en eux la tenue ou le masque des résistants à toutes ces valeurs qui les amoindrissaient. Ils sont antisionistes, antiaméricains, anti-occidentaux, anti-riches, anti-libertés, anti-démocratie, anti-pauvreté, anti-injustice, anti tout.
De fallacieux arguments, pense-t-on, pour de fallacieux résistants, il est vrai ! Ils sont le cliché raté, les antonymes d'une nation, éperdue et en peine, incapable de retrouver le brillant médiéval de sa civilisation passée.
 
Hélas cette comptabilité nous met en porte-à-faux, une porte à fous, avec autant de ratés, qui sont en fait aussi les nôtres. On doit s’en détacher pourtant. Car ces combats sont difficiles, anachroniques, lointains et inaccessibles, inopportuns et contreproductifs. Nous avons des horizons plus pacifiques à gagner pour nous développer, grâce aux meilleurs de nos émigrés, là justement. Et ils font honneur au pays maghrébin, en excipant de leurs valeurs et modernes vertus. De leur islam du juste milieu, raisonné, réadapté et équilibré.
Cette admonestation, n’est-elle pas un aveu de faiblesse et de désarroi ? Une déclaration critique, où le penseur lance sa part d’excommunications, afin de conjurer les implications ? Tel un poids dont il veut se libérer, avec nous, ces slogans dénonciateurs veulent casser des chaînes et faire aveu d’impuissance. Une disculpation, pour s’innocenter ! Il interpelle et indexe la démence déphasée et fatidique de certains Libertadors. Ses imprécations stigmatisent les terroristes et les kamikazes et à travers ces prosélytes, leurs suppôts et leurs séides. Les fanatiques, néo-libérateurs préfabriqués et reflexes, leurs zélotes conjurés, se sont trompés d’époque et de moyens de combat !
Ces chiffres et ces noms, ceux des rebelles devenus des maudits, sont ceux aussi des victimes, collatérales des guerres du Moyen-Orient. Ils doivent nous faire penser à nous défaire de ces étiquettes morbides et de ces combats individuels ou d’appartenance mercenaire, qui ne sont pas les nôtres, ni ceux de notre idéal ! Nous sommes pour la dialectique, diplomatique, et non le lâche défaitisme, et ce dans le cadre de la respectabilité, de la dignité et de la paix. Ici et au Moyen-Orient, sur ces terres prophétiques, pétrolifères et de bellicismes volcaniques.
 
Dr Idrissi My Ahmed , Kénitra, le 18 juin 2016

 
 


Après la disparition de Rocard.

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Personnellement j'ai estimé et apprécié le Rocard du P.S.U.
Je n'ai pas approuvé son "passage" au P.S et sa mue en chantre de la "deuxième gauche".
J'ai encore moins admis son adhésion béate et satisfaite à l'Europe du capital, de la finance et des lobbies.
Si je partage absolument la critique cinglante qu'il fait de Mitterrand et la critique plus "soft" du pâle clone de ce dernier, le patelin et mensonger Hollande, je n'absous pas Rocard de sa trahison de la belle utopie autogestionnaire.
Pour le reste, nul ne songerait à nier la magie de son écriture et le fulgurance de certaines de ses idées.

APRÈS LES DÉCLARATIONS DU FLNC

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APRES LES DECLARATIONS DU FLN CORSE
 
Il est curieux de constater que de la longue déclaration en cinq feuillets du FLNC, les médias nationaux, tant ceux de la presse écrite que ceux de la radio ou de la télévision, insistant sur la "déclaration de guerre du FLNC à l'État Islamique" , et passant volontiers sous silence les messages adressés de manière plus spécifique aux Musulmans de Corse , à l'État Français et au Peuple corse, 
n'ont retenu,  commenté et propagé, qu'une partie du communiqué.
A première vue, donc, sinon à première lecture, l'on pourrait ne retenir que la mise en garde comminatoire, voire prétentieuse, du FLNC à l'encontre de l'islamisme terroriste.
Nombre d'habitués des réseaux dit "sociaux" en ont d'ailleurs profité pour saluer la "sommation" adressée aux islamistes radicaux, et louer au passage, 
dans le combat contre ces derniers, l'intransigeante détermination des Corses. 
D'autres commentateurs se sont inquiétés d'une déclaration de guerre intempestive et à tout le moins inopportune, qui risquait de "mettre le feu aux poudres" et de provoquer quelque acte de terrorisme touchant directement ou indirectement la population corse.
Il paraît donc nécessaire de conseiller aux commentateurs officiels et à ceux qui jacassent dans les différents "Cafés du Commerce" ouverts dans les forums, une lecture attentive du texte diffusé par le FLNC.
A défaut de le reproduire ici "in extenso", et pour nous en  tenir aux informations, assez exhaustives au demeurant, de  la presse locale (Corse Matin), il convient de livrer ici quelques "morceaux choisis" extraits de la déclaration du FLNC, mais différents de ceux véhiculés par les médias nationaux.

1. à l'adresse des Musulmans de Corse :

"La communauté de destin n'est pas un vain mot; aujourd'hui plus que jamais nous avons le devoir de rechercher la capacité à faire que ce peuple, petit par le nombre, soit grand sur le projet de vie commune" […]
" Musulmans de Corse, depuis un demi-siècle vous partagez notre destin, et cela vous place dans les semaines, les mois et désormais les années à venir face à un enjeu de taille: pour vivre sereinement sur notre terre il faudra, si cela s'avère nécessaire, résister avec nous pour vaincre les fanatiques sanguinaires"
(Nous n'attendons pas) "de votre communauté qu'elle renie ses origines ou trahisse sa religion" […]
 […] Vous êtes les premières et principales victimes de la barbarie du djihadisme. A Nice, près de 40% des victimes sont des Musulmans […]
Si l'E.I revendiquait des actions terroristes sur le terrain nous ne pourrons les vaincre qu'ensemble."

2.  A l'adresse de l'État français :

Le monde occidental, avec la France en tête, essaie sans plus y parvenir, de se donner bonne conscience en oubliant qu'il est grandement responsable de la catastrophe que nous vivons[…]
Après 2003 et le scandale de l'administration Bush en  Irak; après 2011 et le renversement de Kadhafi en Libye puis la gestion chaotique de la crise syrienne, il fallait bien s'attendre à des retombées en Europe et aux États-Unis.
[…] Il faudra que la France cesse sa propension à intervenir militairement et donner des leçons de démocratie à la terre entière si elle veut éviter que les conflits qu'elle sème à travers le monde ne reviennent comme un boomerang sur son sol."
"Gouvernants français, le peuple corse n'a déjà que trop payé le prix de votre histoire impérialiste […] évitez de mépriser le monde qui vous entoure. Peut-être alors réussirez-vous à endiguer la violence qui vous agresse aujourd'hui."

3. Au peuple corse :

Nous appelons notre peuple à la vigilance et au calme face à la barbarie.
Ceux qui chez nous se sentent des affinités avec des partis ou associations d'extrême droite  corse ou française se trompent de combat […]
 
Les quelques extraits cités permettront d'avoir une idée plus complète, plus juste, plus équilibrée, de la "mise en garde" du FLNC, et surtout d'en clarifier l'esprit.
Ceci dit, ne nous faisons pas d'illusion : chacun retiendra de la déclaration du FLNC ce qui s'accordera le mieux avec sa propre idéologie et en applaudira ou incriminera certains passages en fonction de ses convictions et de ses préconisations personnelles.
 

NOUVELLES DU FRONT SYRIEN

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NOUVELLES DU FRONT SYRIEN
Des ONG présentes en Syrie accusent la coalition contre Daech de minorer le bilan de ses victimes civiles. - Sipa
 
La coalition anti-EI reconnaît 55 victimes civiles en Irak et en Syrie :
très insuffisant pour les ONG

Vendredi 29 Juillet 2016 à 17:43
Marie Lombard MARIANNE

 
Dans un communiqué daté du 28 juillet, la coalition internationale contre l'Etat islamique reconnaît de nouvelles victimes civiles, mortes sous ses bombardements en Irak et en Syrie, portant le bilan officiel à 55 civils innocents tués ces derniers mois. Un chiffre décrié par les ONG qui dénoncent une sous-évaluation du nombre de morts.
 
La coalition internationale contre l'Etat islamique a reconnu ce jeudi 28 juillet sa responsabilité dans la mort de huit nouveaux civils irakiens en avril dernier, touchés par des frappes aériennes. Ce constat, qui porte le bilan officiel des victimes civiles à 55 morts depuis le début des frappes contre Daech en août 2014, reste toutefois très loin du triste décompte effectué par les ONG sur place.
Dans son communiqué émanant du Centcom (le commandement militaire américain au Moyen-Orient), la coalition évoque sept victimes abattues les 5 et 29 avril avril à Mossoul, en Irak, et une autre victime touchée le 26 avril près de Qayyarah, toujours en Irak. Une reconnaissance bien tardive, puisqu'elle survient entre trois et quatre mois après leur décès. La coalition internationale contre l'EI, menée par les Etats-Unis, n'a en effet l'habitude de reconnaître (ou pas) sa responsabilité qu'après une enquête approfondie - et donc longue - des circonstances du décès de la victime.
Ce communiqué arrive alors que des ONG présentes sur le terrain accusent la coalition de sous-estimer largement le nombre des victimes. Le fossé entre les chiffres officiels et ceux des organisations présentes en Syrie est en effet très large. Face aux 55 victimes reconnues officiellement, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), disposant de nombreuses sources en Syrie, évoque ainsi 600 morts depuis le début des frappes aériennes,  dont 136 ebfabts. L'ONG londonienne Airwars en décompte 1.500 en Irak et en Syrie.
Les victimes civiles des frappes à Manbij : la "bavure" de trop
Les frappes sur Manbij, effectuées par la force internationale dans la nuit du 18 au 19 juillet dernier, ont cristallisé les tensions. Selon l'OSDH, 56 civils auraient en effet péri dans les bombardements aériens cette nuit-là. Une "bavure" d'envergure qui a déclenché la colère de l'opposition syrienne et une demande d'enquête de la part des Etats-Unis sur la responsabilité de la flotte aérienne de la coalition. A l'issue d'une réunion des ministres de la Défense de la coalition le 20 juillet, le ministre de la défense américain Ashton Carter a ainsi promis la "transparence" dans l'enquête concernant les victimes civiles et s'est engagé à faire le maximum "pour protéger les civils" pendant les bombardements. Reste à savoir combien de victimes seront bel et bien reconnues à la fin de l'enquête.
Anas al-Abdé, le président de l'opposition syrienne, a pour sa part envoyé une lettre aux chefs de la diplomatie des pays membres de la coalition anti-EI, leur demandant "la suspension immédiate des opérations militaires de la coalition en Syrie afin de permettre une enquête approfondie". L'opposition a ainsi souligné que des incidents tels que celui survenu sur Manbij "montrent une grande faille dans les règles opérationnelles actuelles suivies par la coalition lorsqu'elle mène des frappes dans des zones peuplées". Elle dénombre quant à elle pas moins de 125 civils tués dans les frappes du 19 juillet.

A lire aussi  : 

 Syrie : quand les "alliés" modérés de la coalition usent "d'armes prohibées" contre les Kurdes

Syrie : des rebelles "modérés" décapitent un enfant
 
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U Zinu: 

 
Relevons à tout le moins un traitement inégal de l'information en ce qui concerne les "dommages collatéraux" respectifs.
Les "bavures" occidentales sont,  soit passées sous silence, soit minimisées, soit rapidement "évacuées".
Celles des Russes et de Bachar El Assad sont amplifiées, dénoncées, répétées en boucle, et condamnées avec véhémence (of course) .
L'article ci-dessus semble constituer une exception.
Quant aux réactions officielles du pouvoir socialiste, et singulièrement de Hollande, elles sont uniquement consacrées à l'accusation de l'axe Moscou/Damas et à la glorification de la coalition occidentale.
 
Aux dernières nouvelles, Al Qaida aurait "autorisé" le groupe Al Nosra (chanté, louangé et glorifié par Fabius pour son "excellent boulot" en Syrie) à rompre son allégeance.
Il y a lieu de se demander si cette pseudo rupture d'allégeance n'est pas une ruse "conseillée" par les "occidentaux": E.U - Angleterre – France de Hollande and Co, afin de dédouaner ces "bons" djihadistes  de leurs crimes et turpitudes, et les présenter désormais à l'opinion internationale sous un jour plus "avenant", plus présentable et mieux acceptable par les troupeaux de benêts et de jocrisses qui s'abreuvent aux "informations" généreusement  distribuées par les médias mainstream.
Il est bien connu que plus la ficelle est grosse, plus les gobe-mouche accordent créance à la désinformation.


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Autres articles consacrés par " u zinu" à la Syrie" :

- LA CAMPAGNE DE SYRIE
- LA SYRIE ET LES MEDIAS : ENTRE MAINSTREAM ET ALTERNATIFS.


 

PITOYABLE POLITIQUE ÉTRANGÈRE FRANÇAISE

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"u zinu"  se fait un plaisir de reproduire ci-après in extenso un article émanant du "contributeur" Sigismond, paru dans AGORAVOX.
Cet article, incisif mais clair et limpide autant que solidement étayé, dénonce la politique "gribouillesque" menée au plan extérieur sous le septennat de François Hollande et singulièrement sous la houlette du laudateur d'Al Nosra, le petit marquis Fabius, caniche exemplaire.


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Quelques considérations sur le déclin de notre politique étrangère

 
par Sigismond  
dimanche 14 août 2016 - 
 
Qu'ont en commun le grand Colbert, Talleyrand, Chateaubriand, Thiers, Guizot, Gambetta, Jules Ferry, Poincaré, Aristide Briand, Laval, Léon Blum, et Jean-Marc Ayrault ? Ils auront tous été un moment de leur vie parfois assez court, ministre des affaires étrangères de la France. De tous, sauf celui en titre évidemment, l'histoire, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire, a retenu le nom. Ne me prêtez pas de vertus de prescience pour cette affirmation, mais les chances que Ayrault entre dans l'histoire semblent ridiculement minces. Il faut dire que là on a vraiment touché le fond. Cela dit mieux vaut peut-être ce qu'on appellera pudiquement une certaine discrétion que les sorties de son prédécesseur, l'ex ancien plus jeune premier ministre de la France, déclarant par exemple qu'un chef d'Etat en exercice ne mérite pas de vivre tandis que ceux qui s'emploient à exaucer ce vœu font du bon boulot. Je parle ici respectivement de Bachar el Assad et du front al nosra, filiale locale d'al qaida.
 
De fait on m'objectera que sous la 5ème République la politique étrangère se traite à l'Elysée. Ce qui n'était pas faux jusqu'à une certaine époque. Ça l'est moins maintenant, et même de moins en moins. Reste que néanmoins il était sans doute possible d'éviter de placer à la tête du Quai d'Orsay des clowns comme Kouchner en son temps ou Ayrault aujourd'hui pour en faire la démonstration. Ce ne sont que deux exemples parmi quelques autres choisis ainsi pour des raisons d'impartialité de ma part, et aussi parce qu'ils sont assez récents pour qu'on ne les ait pas complètement oubliés. Même si le souvenir de leur action n'a pas laissé de trace on a encore leur tête en mémoire. J'inclus d'ores et déjà Ayrault dans ce temps passé et sans risque que l'avenir me contredise. C'est dire l'importance qu'ont les affaires étrangères désormais en France. Parce qu'autant le dire tout de suite, même à l'Elysée on n'en fait plus guère. Dans ce domaine également il ne reste plus guère que la com en guise de paravent du néant.
La com, c'est ce qui permet, de plus en plus mal, de masquer davantage que notre impuissance. Car davantage que celle-ci, corrélative à un abaissement de la place de la France au niveau international, c'est d'un abandon tout à fait volontaire de souveraineté dont il s'agit. On n'accablera pas particulièrement Ayrault et son chef qui ne sont que les continuateurs d'un mouvement engagé depuis longtemps qu'on peut associer à un renoncement général à assumer un rang conféré par l'histoire. Certes on me dira que la première guerre mondiale, la seconde, l'entre-deux-guerres, la collaboration, la décolonisation, tout ça a contribué à ce que nous nous montrions humbles. Peut-être. Mais reste que de Gaulle qui avait eu le temps d'apprendre à Londres qu'être peu de chose pouvait être compensé par la volonté, reste que de Gaulle qui organisant la décolonisation de l'Afrique (mettons à part l'Algérie qui en tant que colonie de peuplement, la seule, ne pouvait connaitre une même évolution) garantit pour des décennies, et nous sommes arrivés à la fin des effets de cette politique, notre influence sur une bonne partie de l'Afrique, reste que de Gaulle qui dotant la France du nucléaire militaire (et civil) pouvait tirer un grand bras d'honneur aux Américains et s'extraire de la logique des blocs, nous démontrait qu'une puissance devenue moyenne pouvait avoir une influence supérieure à son poids réel grâce à une politique étrangère volontariste et surtout indépendante. Tout ça est à comparer avec un président qui se sachant écouté par son allié américain ferme sa gueule, avec un président qui à quelques heures de bombarder la Syrie se fait lâcher par ce même allié américain qui oublie de le prévenir et repart la queue entre les jambes attendant la prochaine humiliation qui viendra quelques mois plus tard quand après avoir annoncé haut et fort qu'un contrat est un contrat décide de suspendre la vente de deux navires à la Russie à la veille d'un sommet de l'OTAN sans évidemment aucune contrepartie. Quel chemin parcouru en à peine un demi-siècle ! Nos progressistes de tout poil sauront apprécier sans doute, parce que la Françafrique c'est caca, parce que les moyens sur lesquels peut s'appuyer une politique étrangère c'est cher et ça tue. Et donc vive la Chinafrique ou l'Usafrique, et vive l'affaiblissement continu de notre outil militaire qui nous aura permis de faire plein de social sans discernement, car le discernement c'est aussi de la stigmatisation, ou encore de recruter encore davantage d'enseignants dans l'éducation nationale pour les résultats que l'on sait, cela justifiant d'augmenter encore et toujours les effectifs, la quantité devant sans doute pallier la qualité mais aussi les problèmes d'organisation et gestion des ressources humaines.
 
On se retrouve ici face à la question hautement métaphysique de l'antériorité de l'œuf par rapport à la poule et réciproquement. A savoir, est-ce l'affaiblissement moral au profit du moralisme qui a engagé la France (et on pourrait élargir à la majorité des pays d'Europe occidentale) qui a conduit à l'affaiblissement de notre (nos) pays sur la scène internationale, où est-ce l'abandon de la part de nos dirigeants successifs d'une relative volonté de puissance, en fait d'influer sur le destin du monde, qui a été accompagné de campagnes moralisatrices destinées à masquer le déclin ? En fait les deux sont très imbriqués et se légitiment mutuellement.
Si nous considérons notre politique étrangère elle semble être légitimée, même si ça ne tient guère la route si on fait le petit effort d'observer les contradictions, par la morale. Le monde serait divisé entre gentils et méchants, et comme nous on est des gentils, forcément gentils puisque nous avons compris nos grandes fautes historiques, la colonisation, l'esclavagisme et tout ça, dont nous nous repentons et qui datent de l'époque où nous étions méchants, on s'oppose naturellement aux méchants. Nous avons été enfin touchés par la grâce. Les gentils d'un côté, les méchants de l'autre, c'est en quelque sort la reprise de la rhétorique de l'axe du mal si cher à Bush. Nous nous la sommes approprié. Alors les méchants c'est qui pour nous ? Ben… la Russie, les islamistes, Bachar el Assad, pour faire court, tous ceux que nous désigne Washington. Et les gentils c'est les autres, avec des plus gentils parmi eux qui nous achètent des armes en même temps que notre patrimoine. C'est simple et surtout con. Parce que cette politique justifiée par une morale à deux balles ne tient aucunement en compte les principes de ce que devrait être une politique étrangère, à savoir nos intérêts fondamentaux. Cette maxime, parait-il de de Gaulle encore, "Les Etats n'ont pas d'amis mais des intérêts" semble avoir été oubliée. Or ni Poutine, ni Bachar par exemple n'ont jamais constitué une menace pour nos intérêts tandis que certains de nos amis, financiers internationaux de l'islamisme par exemple, en constituent un évident. Notre politique étrangère, parce que soumise et parce que sensible à des fables gains financiers à court terme, n'aura cessé d'aller contre nos intérêts fondamentaux. Tous ceux qu'on a aidé à chasser du pouvoir, qu'on a même dézingués, les Ben Ali, les Moubarak, les Kadhafi et aujourd'hui Assad, et quoiqu'on puisse leur reprocher par ailleurs, même si c'étaient des salauds, agissaient non pas en fonction de mais en cohérence avec nos intérêts. C'est peut-être cynique mais c'est ainsi. Cela dit le cynisme est sans doute préférable à l'ignorance, cette ignorance béate qui a consisté à croire qu'une démocratie bienheureuse allait émerger de ce bordel que nous avons contribué à propager dans le monde arabo-musulman. Car évidemment la politique étrangère ne peut s'abstraire d'une connaissance intime des mentalités, en fait de la culture, qui existent dans les zones où elle s'applique. Or cette intelligence est en voie de disparition, parce qu'inutile à une politique aux ordres, parce que opposée aux discours officiels qui sous-tendent cette politique. Par exemple jusque après l'intervention au Mali, le Quai d'Orsay virait des experts qui avaient une toute autre vision que celle exposée par la propagande gouvernementale des origines de la crise (ce fut le cas de celui qui prononçait cet exposé 6 mois avant l'intervention :https://www.youtube.com/watch?v=Rn67xaLPCBM  ). De fait on dispose d'une politique étrangère cul-de-jatte, ignorante des intérêts de notre pays et se privant de l'intelligence pour des raisons idéologiques pour comprendre le monde. Son dernier éclat remonte au discours de de Villepin en 2003 devant le Conseil de Sécurité, dernier feu follet dans une nuit qui a commencé sous Mitterrand lequel nous a embringué par son suivisme dans un processus qui allait conduire à notre réintégration pleine et entière dans l'OTAN. Enfin presque puisque notre nucléaire reste sous notre commandement propre en attendant que un de nos futurs dirigeants ne trouve logique de le brader également, comme le reste.
Or qu'est-ce que l'OTAN ? Une vaste illusion, un marché de dupes qui nous fait croire qu'il est inutile de nous donner les moyens de nous protéger puisqu'un puissant allié viendra nous défendre le cas échéant en échange de notre soumission à sa politique internationale, donc à ses intérêts même s'ils ne sont pas les nôtres. Ce marché de dupes a commencé en 1918 quand au prix de seulement 117000 morts le président Wilson joue les maitres de cérémonies lors du traité de Versailles, avec en perspective une autre guerre mondiale 20 ans plus tard, et a continué en 1944 quand Roosevelt se partage l'Europe avec Staline à Yalta créant les conditions d'une guerre froide qui allait mettre l'Europe de l'Ouest sous la dépendance des Etats-Unis via l'OTAN. Ça valait le coup pour eux d'intervenir même si ce n'était pas d'emblée. Quant à nous Français, hormis la parenthèse gaulliste, quant à nous Européens en général, nous avons trouvé cette situation passablement confortable, puisqu'elle nous permettait de négliger notre outil de défense, donc de faire des économies, au point de le réduire à un corps expéditionnaire capable, et encore à condition qu'on lui apporte un soutien logistique extérieur pour cela, d'intervenir ponctuellement en Afrique et de garder l'entrée des synagogues et des mosquées. J'oubliais les gares et aéroports. Parce que sans défense digne de ce nom, nous ne pouvons que servir de supplétifs à celui qui est devenu notre maitre et qui ne supporte pas qu'on lui dise "non", souvenez-vous de la campagne anti-française de 2003. Ne reste ensuite qu'à entretenir l'illusion d'une menace, en l'occurrence une menace qui viendrait de Russie pour que l'édifice tienne. Car après tout si ça dérapait un jour, car ce sont les risques d'une telle politique s'appuyant sur une provocation permanente, ce serait l'Europe qui prendrait tout. Et sans aucune garantie que les Etats-Unis viendraient à notre secours.
 
Voilà donc où nous en sommes. Nous avons au fil du temps fini par abdiquer ce qui constitue un pilier, peut-être le pilier essentiel de ce qui faisait de nous un Etat indépendant, notre politique étrangère. Sans parler évidemment du reste bradé à l'Union Européenne donc à terme aux mêmes dès lors que sera signé ce fameux traité que quoiqu'en en dise et malgré les rideaux de fumée du moment on finira par signer. Pas étonnant dans ces conditions qu'Erdogan nous l'enfonce profond. Car lui, contrairement à nous sait défendre ses intérêts, comme c'est d'ailleurs le cas de la Russie dont la diplomatie dans sa forme est remarquable. Contrairement d'ailleurs à celle des Etats-Unis à laquelle nous nous sommes volontairement soumis et qui si elle peut s'appuyer sur la force, ce qu'elle n'oublie pas de faire, manque singulièrement d'intelligence et de profondeur et aboutit à la création de monstres comme al qaida et l'Etat islamique. Quand elle n'est pas asservie à des intérêts particuliers. Faites simplement une recherche associant les mots Clinton et Rosatom pour en être convaincus. Ce n'est qu'un exemple.
 

Fabius dans tous ses états

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- Oncques ne vîmes petit marquis plus infatué.
- Oncques ne vîmes tournesol plus empressé à suivre la course du soleil politique de l’instant.
- Oncques ne vîmes plus fossoyeur de la vérité.
- Oncques ne vîmes plus intrigant serviteur d’ambitions personnelles étrangères au bien public
- Oncques ne vîmes caniche plus empressé à servir ses maîtres atlantistes.
- Oncques ne vîmes louangeur, laudateur et glorificateur plus dithyrambique que lui des « démocrates » syriens d’Al Nosra et de nos « bons amis » saoudiens ou Qataris.

DU TERRORISME ISLAMISTE

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 Exergue
 
Extraits d’une interview de Michel Onfray- - CORSE MATIN – 01/09/2016
J’ai fait mon travail en posant la question que tout philosophe devrait poser: d’où vient le terrorisme ? Soigner une maladie suppose qu’on en connaisse au moins la cause. Certains renvoient à la mauvaiseté congénitale des terroristes, au caractère intrinsèquement violent de l’Islam : on n’est guère avancés ! Pour ma part, je mets ce terrorisme comme partiellement en relation avec notre politique étrangère indexée depuis 1991 sur celle des Etats-Unis qui bombardent des pays musulmans et ont fait 4 millions de morts, musulmans, depuis cette date.
 
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A l'heure où il convient, paraît-il, de suivre le conseil lancé par Élisabeth Badinter, qui clame haut et fort : "Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe", oubliant qu’il fut un temps où certains hurlèrent, avec les conséquences que l’on sait : « il ne faut pas avoir peur de se faire traiter de judéophobe »,  je laisserai à cette dame la responsabilité de son propos, sans pour autant clamer, a contrario : « il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophile ».
Je ne suis en effet ni islamophobe ni islamophile.
Je ne craindrai pas cependant d’aller à l’encontre du sentiment dominant en n’attribuant pas à la religion musulmane seule la responsabilité des tragiques événements que nous vivons, bien qu’elle serve de justification facile aux « radicalisés » qui s’en prévalent pour commettre leurs crimes.

Devant les actes de terrorisme aveugle ou ciblé :
- Il y a ceux qui, quel que soit le pays et la population frappée, éprouvent une compassion réelle pour les victimes et leurs proches. Je suis de ceux-là.
- Il y a ceux qui instrumentalisent la douleur des familles et l'émotion de l'opinion publique à des fins partisanes politiques. Ces derniers sont presque aussi nombreux chez les "Socialistes" que chez les "Républicains" ou au FN, qui détient la palme en ce domaine, car cela constitue son fonds de commerce ordinaire. (Vous observerez en passant que je dote de guillemets aussi bien le terme "Socialiste" que celui de "Républicain") .
Mais de même que j'ai refusé d'être de manière moutonnière un "Charlie", je refuse de crier à l'unisson haro sur l'Islam au motif que cette religion serait la source, ou plus précisément l'unique cause de tous les maux qui nous accablent.
Cela ne me prémunit pas du terrorisme aveugle qui frappe désormais la France, et je ne suis aucunement à l’abri, comme tant d’autres de mes concitoyens, de quelque acte perpétré par ce qu’il est désormais convenu d’appeler un « radicalisé ». Mais cela ne m’empêche pas de rechercher les origines et les facteurs de l'extrémisme et de la violence terroriste.
C'est déjà  excuser, voire  cautionner le terrorisme islamiste, que d'adopter une telle démarche, disent certains. Cette assertion est à la fois inepte et dangereuse. Il ne s'agit ni d'excuser ni de disculper, mais simplement de comprendre, afin d'ailleurs, de mieux prévenir. Chercher à comprendre le pourquoi des choses est une attitude qui me parait à la fois logique et saine.

Dans une telle optique, il y a lieu bien évidemment de rechercher ce qui, dans la religion musulmane a historiquement prêté source et prête actuellement source à des dérives du genre de celles que nous connaissons. Mais précisons que cet axe d'investigation est valable pour toutes les religions, et notamment pour celles qui nous sont coutumières parce que traditionnelles.
Les lectures du Coran sont multiples. Ce livre saint offre aisément matière à toutes les exégèses, à toutes les traductions et à toutes les interprétations, allant de la plus bienveillante à la plus contemptrice. Ceci est d’autant plus aisé que l’Islam ne comporte pas de clergé constitué, voire institutionnalisé, clergé qui, à l’instar de celui de l’Eglise catholique, veillerait au respect et à l’observance d’un dogme rigoureusement défini.
Un mien ami, ayant reçu de ses parents un héritage religieux non rigoriste,  et moins encore comminatoire, n'étant guère pratiquant, et  se qualifiant volontiers de "musulman sociologique culturel et non cultuel", utilise volontiers une formule qui me semble fort pertinente : "il n'y a pas un Islam, mais des Islams". 
 
Il ne s’agit pas ici de trouver des circonstances atténuantes à la criminelle dérive de ceux qui, notamment dans les cités, au- delà du repli identitaire ou communautaire, choisissent la voie du terrorisme pour exprimer on ne sait quel mal d’être ou de ne pas être.
S'il est difficile de connaître les causes profondes ou immédiates personnelles qui sont à l’origine d’actes terroristes commis sous couvert d’observance religieuse par les « radicalisés », du moins est-on en droit de s’interroger sur le cheminement qui les a conduits à ce type d’extrémisme.
 
Il est permis de penser que les jeunes et moins jeunes de nos cités couvrent souvent du manteau de la foi découverte ou retrouvée une vie antérieure faite de délinquance et de « perdition » profane. Certains versets du Coran leur offriraient, à en croire des exégètes se disant « informés », de quoi justifier leur « retournement » en autorisant leur repentance et surtout en leur recommandant le rachat ou la rémission de leurs péchés par des actes relevant d’un djihad salvateur.
Les stratèges de l'E.I (et plus en amont ceux de l’Arabie saoudite et du Qatar) alimentent d'ailleurs chez ces derniers une telle lecture du Coran afin qu’ils se précipitent allègrement ou sereinement dans le totalitarisme et la violence.
 
Que les conditions de l'intégration des populations issues de l’immigration arabo-musulmane, soient « interrogées », cela n'est pas en outre infondé ou malvenu.
- Le nombre d’immigrés d'origine maghrébine ou d’Afrique noire est d’abord un effet induit, (on pourrait aussi parler d’effet boomerang), de la colonisation/décolonisation.
Il y lieu de considérer en premier lieu que l’attrait exercé de manière paradoxale par les conditions d’existence dans l’ancien pays colonisateur, (largement plus favorables que celles offertes dans leur propre pays), a alimenté et continue d’alimenter un flux migratoire relativement massif.
Cependant, les enfants et petits-enfants de ces immigrés ne sont pas insensibles à l’histoire du pays d’origine de leurs parents, voire à leur propre histoire familiale, et ne manquent pas d’éprouver des ressentis émotionnels largement influencés par les séquelles mémorielles des guerres et des répressions coloniales.
- Cet afflux est aussi le résultat direct de l'importation massive - il fut un temps -  d'une main-d’œuvre non qualifiée à la fois "docile" et "bon marché". Le « regroupement familial » a, soit dit en passant, davantage répondu au désir de mieux « fixer » cette main-d’œuvre qu’aux préoccupations humanitaires sous lesquelles il a été volontiers présenté.
- Ajoutons au caractère « quantitatif » de l’immigration considérée, les aspects « qualitatifs » de «l’accueil » des populations concernées.
Nul ne songerait à nier le caractère "ghettoïsant" de leur « installation », qui les a rejetés vers la périphérie des villes ou dans des zones bien déterminées laissées rapidement à l’abandon.
L'une des explications de leurs agissements est qu'ils croient utile ou justifié d'apporter une réponse violente à l'exclusion dont ils sont persuadés ou dont on les persuade qu'ils ont été ou sont les victimes.
-  Pour faire bonne mesure, n'oublions pas que la plupart des populations en question sont musulmanes, donc adeptes d'une religion présentant des risques de dérive "totalitaire" (en ce sens qu'elle prétend régenter à la fois la sphère privée, la sphère politique, sociale ou sociétale, et même la sphère économique). Nos bons amis wahhabites d’Arabie saoudite et autres fondamentalistes du Qatar, d’Egypte, ou d’autres pays à dominante musulmane se font d’ailleurs un devoir de répandre à travers la planète cette conception globalisante de leur religion.
Le problème est qu’ils le font désormais dans un pays comme la France, dont les traditions chrétiennes (d’autres se plaisent à dire judéo-chrétiennes) demeurent vivaces malgré le fait qu'elles aient été édulcorées depuis la révolution française et surtout depuis 1905.
 
A ces causes « intérieures » spécifiques à la France s’ajoutent des considérations « extérieures » relevant de la politique menée par les « grandes puissances », et singulièrement par les Etats Unis et leurs alliés (nous devrions dire les gouvernements qui leur sont inféodés, au premier rang desquels se placent l’Allemagne, la Pologne, la « nouvelle » Ukraine et la France).
- Est-il utile de rappeler la guerre « bushienne » en Irak, la guerre atlantiste en Lybie (où se sont distingués Sarkozy et le bouffon philosophe BHL, guerroyeur affublé de la chemise blanche du défenseur intransigeant des droits de l’homme, la guerre de Syrie menée initialement par les excellents démocrates de l’ASL  et d’Al Nosra, tant louangés par Fabius,  puis récupérée par l’E.I, dont il commence à se dire que sa création doit beaucoup à de sombres « docteurs Folamour »  issus de la C.I.A.
-  N’oublions pas Israël, obnubilé à la fois par sa survie dans un Moyen Orient à large dominante arabo-musulmane et par sa crainte d’une résurgence de la puissance iranienne.
- Parmi les facteurs de la radicalisation, notamment chez les jeunes des cités ou dans les masses arabes, il ne faut pas oublier en effet de mentionner une cause volontairement occultée, ou sciemment ignorée par les médias mainstream, celle relative au sort réservé aux Palestiniens, aussi bien ceux de Cisjordanie que ceux de Gaza.
 
Pour conclure, je reprendrai une nouvelle fois Onfray, qui dans l’interview citée en exergue déclare :
« l’athée que je suis ne croit pas que l’athéisme soit plus une garantie contre la barbarie que la religion. Il y a des athées barbares, Lénine, Staline, Mao, et des croyants qui font avancer la civilisation, Montaigne, François d’Assise, Bach, Michel Ange par exemple.
 

On ne transforme pas des monstres en êtres humains à coups de lois

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Ali Chibani. Ecrivain
On ne transforme pas des monstres en êtres humains à coups de lois

le 16.09.16 | EL WATAN
 
On ne transforme pas des monstres en êtres humains à coups de lois
Dans le nouvel ouvrage de Ali Chibani Mes poches vides, mon miroir brisé, publié aux éditions Koukou, l’auteur nous propose une expérience douleureuse, mais vitale. On revient aux années 90’ pour confronter nos boureaux devenus « respectables » dans l’Algérie d’aujourd’hui.
 
 
- Au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture de votre livre Mes poches vides, mon miroir brisé, paru cette année aux éditions Koukou, vous rappelez ces années où notre pays était figé dans une histoire sanguinaire. Qu’a vécu votre personnage ?
 
Le livre rappelle effectivement ce que l’Algérie et les Algériens(nes) (il est important de préciser que c’est le peuple qui a subi cette période) ont vécu comme meurtres, décapitations, rapts, viols, destructions, humiliations, terreurs, explosions, barrages, faux-barrages… qui nous ont marqués à jamais. Mais il ne se contente pas de rappeler cela. Il cherche aussi à comprendre dans quel lieu, dans quel autre drame cette folie trouve son origine.
 
Ce livre, comme Il était une fois, l’Algérie de Nabile Farès, remonte jusqu’à la colonisation et même au-delà. Cela permet de trouver des similitudes entre les violences (réelles et symboliques) coloniales et les violences exercées cette fois par des Algériens de quelque bord politique qu’ils soient contre d’autres Algériens. Outre la façon de tuer qui se répète, ce livre évoque une loi coloniale qui interdisait aux écoliers d’introduire dans l’espace de l’école des livres qui ne sont pas au programme.
 
Cette loi a été perpétuée par l’Etat algérien. Pourquoi ? En plus de chercher dans l’histoire algérienne, de la colonisation aux années 90’, ce qui a présidé à ce qu’on appelle aujourd’hui la « Décennie noire », ce livre relève les symptômes actuels d’une prochaine répétition de ces violences et s’interroge sur leurs acteurs et leurs victimes. De fait, après l’indépendance, Ben Bella et Boumediène disaient qu’il n’était pas encore temps d’écrire l’histoire de la guerre d’Algérie. Cela nous a condamnés à refouler les violences de la colonisation.
 
Et le retour du refoulé, trente ans après, a fait 200 000 morts au moins et des milliers de disparus. Aujourd’hui, on veut nous interdire de parler des violences des années 90’, et pire que cela, les bourreaux sont devenus des héros humiliant les victimes forcées au silence et qualifiées de « malades ». Et ce refoulé commence à manifester les signes de son retour : il n’y a qu’à voir la multiplicité des crimes et des violences armées actuellement en Algérie et à les comparer avec ce que nous avons vécu dans les années 90’ pour le comprendre.
 
On peut aussi s’intéresser, comme je le fais dans ce livre, aux langues et découvrir, qu’aujourd’hui en Algérie, les langues sont atteintes par la violence dont elles deviennent les moyens d’expression. Je rappelle que l’Algérie a connu les mêmes atteintes aux langues pendant la colonisation et à l’émergence du FIS. Le hasard vient aujourd’hui, malheureusement, donner raison au contenu de cet ouvrage et aux appréhensions qu’il exprime. Je veux parler de ces enfants qui ont été tués et découpés en morceaux ces derniers mois.
 
C’est le souvenir d’un événement similaire qui est à l’origine de ce récit. Dans les années 90’, je me souviens avoir lu dans un journal, dans un encadré tant ce type d’information était devenu banal, la nouvelle d’un village attaqué par les terroristes. On se préparait à célébrer un mariage alors que les islamistes avaient décrété les fêtes «haram». Parmi les nombreuses victimes, se trouvait une enfant de huit ans. Elle avait été décapitée, puis découpée en morceaux avant d’être ainsi jetée dans l’eau bouillante qui devait servir à cuir la viande.
 
Cette nouvelle m’a traumatisé à jamais. J’étais un adolescent à l’époque et, depuis que j’ai pris connaissance – par le récit journalistique – de cette horreur, il ne s’est pas passé un jour sans que je ne pense à cette fillette et sans que je ne me demande comment on peut en arriver à un tel degré d’horreur, d’autant qu’elle est gratuite. Du moins, à mes yeux. C’est pour cette raison qu’il est aujourd’hui possible de dire que ce livre, qui porte pour sous-titre « Les tripes de la petite Zohra dans une bassine d’eau javellisée», a tenté de penser l’impensable et de donner un nom à cette fille.
 
- Ce livre s’adresse-t-il aux survivants ? Aux morts ? Aux terroristes repentis ou aux décideurs invisibles ?
 
Ce livre ne peut pas s’adresser aux islamistes en général, ni aux terroristes en particulier. D’ailleurs, je refuse le terme de « repenti ». Aucun terroriste ne considère qu’il  s’est trompé ou qu’il doit se repentir, à supposer que cela puisse intéresser les victimes. Les islamistes assument leurs crimes et s’en vantent quand l’occasion leur est donnée. Il ne peut pas s’adresser aux décideurs non plus, qu’ils soient visibles ou invisibles, d’autant que cela ne les intéresse pas, sauf s’ils peuvent y trouver des idées pour rester là où ils sont.
 
Ce qu’ils ont fait, qui a mené à la catastrophe des années 90’, ce qu’ils font, et qui mènera à une autre catastrophe, l’a été pour garder le pouvoir qui est, à leurs yeux, plus important que la vie et l’avenir des enfants algériens. Mon livre s’adresse à ceux qui refusent la censure, qui veulent qu’on débatte sainement sur ce qu’on a vécu pour que cela ne se reproduise plus. Il s’adresse aux enfants pour qu’ils sachent que lorsqu’on oublie une guerre, celle-ci ne nous oublie pas pour autant. Il rappelle enfin que nous avons une dette envers nos morts. Cette dette, nous ne pouvons l’honorer qu’en retenant la leçon qu’ils ont donnée à l’humanité malgré eux.
 
- Et certainement à une génération sacrifiée qui parle aujourd’hui à son tour dans des livres, des films...
 
Nous sommes une génération détruite. Il faut être aveugle pour l’ignorer ou le nier. Certaines personnes qui sont de cette génération répètent les violences qui nous ont marquées dans la rue, dans les stades, sur les plages, avec des sabres, des armes à feu, des grossièretés gratuites…
 
D’autres s’expriment à travers la création artistique et/ou scientifique. Je veux faire partie de cette deuxième catégorie, même si cela n’est pas toujours facile. Comme cela est arrivé lors de l’écriture de ce livre, lorsque la pensée se heurte à l’impensable, on met en péril sa propre santé physique et psychique. Ici, je tiens à remercier votre hebdomadaire pour le travail qu’il fait dans le but de faire connaître les travaux qui reviennent sur cette période que beaucoup veulent faire oublier.
 
C’est courageux et c’est salutaire. J’espère que d’autres acteurs veillent à leur diffusion pour toucher un grand public. Il ne s’agit nullement de les imposer, mais de les proposer, de simplement faire savoir qu’ils existent. Chacun-e y recourra quand il/elle sentira que le moment est venu pour lui/elle de le faire. Il faut veiller à ce que cette réflexion sur un traumatisme qui marque plusieurs générations d’Algériens(nes) ne doit pas se transformer à son tour en violence.
 
- Pensez-vous qu’en Algérie nous avons réussi à écarter les assassins d’hier pour cohabiter avec eux aujourd’hui ? Ou sommes-nous juste en train de simuler ?
 
Il n’y a pas de cohabitation possible si la rencontre ne se fait pas par la parole et si elle exclut de fait les victimes et fait des bourreaux des privilégiés. Qui peut discuter, de son plein gré, avec un égorgeur d’enfants ? Qui peut voir un être humain dans un terroriste qui se délecte de raconter la manière dont il a égorgé un soldat de vingt ans ou qui se dit fier d’avoir assassiné un syndicaliste ?
 
On ne transforme pas des monstres en êtres humains à coups de lois. Il y a tout un travail social et psychologique à faire. Ce travail est possible. Il se fait au Rwanda, il s’est fait en Afrique du Sud, en Algérie où l’incommunication et la rupture des liens sociaux sont érigés en pratiques politiques, on préfère institutionnaliser le tabou. Je crois que le silence de beaucoup d’Algériens(nes) aujourd’hui s’explique uniquement par la peur qui arrange tous les puissants.
 
- Vous le dites dans votre livre : ils ont la capacité de s’adapter, qui fait d’eux des ennemis redoutables, principalement à cause de leurs idées...
 
Oui, je dis que les intégristes ont un objectif politique qu’ils veulent atteindre. Ils adaptent leurs actes aux pires doctrines qui existent et quand celles-ci n’existent pas ou sont contraires à ce qu’ils accomplissent comme gestes, meurtres…, ils en inventent qui les arrangent. Les intégristes refusent le doute, le questionnement, la remise en question.
 
C’est d’ailleurs ce que dit Tahar Djaout dans le premier chapitre du Dernier été de la raison. Bref, ils veulent le pouvoir, surtout le pouvoir social pour transformer les mœurs du pays et imposer un libéralisme sauvage. Ils ont combattu l’Etat pour prendre ce pouvoir. Ils ne l’ont pas eu, aujourd’hui ils intègrent l’Etat qui leur a concédé ce qu’ils veulent.
 
- Fuir le pays pour une nouvelle terre a été le choix de beaucoup de personnes dans les années 90’. Vous cassez cette idée de fuite et vous décrivez la réalité et l’accueil glacial...
 
Je montre surtout que la terre d’accueil qu’est la France est aussi traversée, dans le présent, par l’héritage colonial qu’elle aussi a préféré refouler ou ignorer. C’est ce que démontre en particulier la ségrégation dont souffrent les Français d’origine africaine de manière générale, comme je le montre dans les premières pages du récit. La France n’accepte toujours pas l’indépendance de l’Algérie et ce refus, qui se transforme souvent en haine, est ce qui détermine le rapport de beaucoup de Français, en tout cas de la France officielle (Etat, politiques et médias) à la figure de l’étranger ou de l’immigré devenu, aux yeux de la droite et de la gauche, un argument économique pour ou contre son intégration, voire son assimilation.
 
Tous les discours islamophobes que l’on entend aujourd’hui découlent de là et visent surtout les Algériens. L’Histoire contemporaine étant ce qu’elle est, les politiques français de droite et les médias ont pensé que l’islamophobie pouvait cacher le racisme colonial qui les anime. La gauche ne fait pas mieux puisqu’elle nous refuse toute citoyenneté et veut nous enfermer dans une identité qu’elle paramètre et limite à l’appartenance religieuse réelle ou supposée.
 
- Dans un autre passage, vous dites que « La politique commence là où l’on brûle la poésie». Le poète est-il ennemi en son pays ? Ce qui a forcé nos intellectuels à partir, même après le retour au calme, ils ne veulent pas revenir. Pourquoi selon vous ?
 
Le poète a toujours été érigé en ennemi : Platon l’exclut de sa République, la Bible et le Coran le condamnent à leur tour parce qu’il serait un concurrent de Dieu, avec cette particularité que Dieu dit et fait, alors que le poète dit et ne fait rien. Moïse n’a qu’à jeter une corde pour qu’elle se transforme en serpent ; le poète peut jeter autant de cordes qu’il veut, elles resteront toujours des cordes. A moins que le public reçoive la métaphore et voit ce que le poète lui demande silencieusement de voir. Cette condamnation a été reprise par les Etats et les mouvances politiques extrémistes.
 
Pendant la colonisation, des poètes, comme Slimane Azem, ont été recherchés et exilés par l’armée française, alors que Feraoun a été assassiné par l’OAS. Dans les années 90’, les acteurs de la guerre ont assassiné Djaout, Matoub, Alloula, Medjoubi et bien d’autres. Avant eux, Jean Sénac a été assassiné on ne sait toujours pas par qui. Il y a une confrontation des récits : religieux, politique et poétique. La poésie a cette force de proposer au monde des symboliques qui lui permettent d’affronter et de gérer la folie à laquelle les fous, de toute part, veulent « le programmer» comme le dit Nabile Farès.
 
Ce n’est donc pas un hasard si le système capitaliste, pour pérenniser ses violences, a marginalisé la poésie qui recrée, par le discours, par la métaphore, les liens brisés par la guerre et par les différentes formes d’exploitation de l’être humain par d’autres êtres humains. Sans prétendre à aucun « faire », la poésie guérit les blessés, ouvre des perspectives et élève l’humanité pour ce qu’elle a de plus fragile, de plus sensible et non pour sa force de domination. Le poète est la sensibilité humaine offerte en partage de manière désintéressée. Par la métaphore, il met à nu les fourbes et les puissants et montre la grandeur et la richesse de ceux qui ne possèdent rien d’autre que leurs rêves qui sont aussi, crie-t-il, une force.
 
Alors oui, la politique commence là où l’on brûle la poésie parce que la politique, telle qu’elle est pratiquée de nos jours, a besoin d’enfermer l’humanité dans la cruauté du Réel et de ne lui laisser aucune chance de penser, de s’évader, d’aimer, d’être à lui et à l’Autre. Dans cet enfermement, ceux qui affolent les peuples peuvent prétendre à tous les pouvoirs.  Pour répondre à la deuxième partie de votre question, le retour en Algérie n’est pas évident pour celles et ceux qui sont partis. L’Algérie d’aujourd’hui va mal. Comme je l’indique dans le livre, un certain nombre de signes, de violences, indiquent que l’avenir peut vite nous échapper.
 
Parmi ces signes, la vulgarité des gens dans l’espace public, le paysage défiguré, les commerçants sans scrupules, la pollution qui atteint des pics qui devraient inquiéter plus d’un, mais qui n’inquiètent qu’une minorité de personnes, la corruption généralisée, le terrorisme routier, les faux barrages, le business de la santé qui tue et qui handicape... En Algérie, la paix n’est pas revenue, même si on est sorti – pour le moment du moins – des tueries des années 90’, on s’est habitué à la violence. L’Etat algérien s’est aussi construit sur la haine de l’intellect et de l’art, haine qui est reprise aujourd’hui par ses défenseurs et sesdits opposants.
 
- Notre peuple s’accroche aux symboles, à la dérision et notre « pays est devenu une fabrique de blagues » que nous évacuons dans les rues, les stades et les cafés», dites-vous. Personne pour conscientiser. Où allons-nous ?
 
Les personnes pour conscientiser existent. Vous vous faites vous-mêmes l’écho de ces artistes et des ces associations culturelles qui agissent un peu partout dans le pays. Elles font à leur niveau un travail louable et socialement essentiel. Le problème est que l’intérêt donné à leur travail n’est pas suffisant pour les raisons que j’ai évoquées précédemment. Il y a aussi un manque de communication qui fait que les œuvres naissent et meurent sans être connues, que les activités n’attirent pas les foules… Alors, parce que chacun a besoin de s’exprimer, on invente des blagues généralement d’auto-flagellation, cruelles à l’égard de nous-mêmes.
 
Ces blagues permettent de socialiser nos peurs, nos échecs et c’est toujours mieux que de laisser un individu comme Ali Benhadj prendre le micro pour faire ce travail en défiant l’Etat et ses chars. Néanmoins, le rire ne suffit pas et ne guérit pas les traumatismes. Où allons-nous ? J’ai l’impression aujourd’hui qu’en Algérie tout est possible. Le meilleur et le pire. Il existe une jeunesse qui ne tombe plus dans le piège des discours nationalistes ou du religieux idéologisé ; il existe aussi une jeunesse qui ne vit que dans l’espoir de mourir pour une cause quelconque.
 
On voit un Algérien menacer avec un revolver une ministre alors qu’elle n’a fait qu’exprimer des évidences mondialement connues (on n’a pas le droit de rendre publique l’image d’un mineur sans l’accord de ses parents, l’enseignant n’a pas à exprimer ses opinions politiques et religieuses devant ses élèves…), à Tizi Ouzou, on entend des manifestants de la cause amazighe scander : «Pour elle nous vivrons ; pour elle nous mourrons», comme le faisaient les militants du FIS ; les femmes et les enfants subissent des violences multiples et quotidiennes de la part d’une société qui considère que la violence est un langage comme un autre…
 
Cela dit, tout sur l’intériorisation des discours et des violences des années 90’ et sur leur répétition actuelle. Enfin, le pouvoir algérien est en train de se transformer. De nouveaux acteurs, des civils riches l’intègrent tant bien que mal. Les puissants se multiplient et le gâteau à partager est de moins en moins important.
 
Cela peut donner lieu à des luttes qui, si elles devaient se régler dans la rue, mèneraient au pire. Une nouvelle fois. Cela dit, mon livre ne se veut pas de mauvais augure. Il veut juste réfléchir sur ce qui ne va pas, participer au débat à ce propos, pour espérer une Algérie à la hauteur des rêves et des sacrifices de ses meilleurs enfants. Ce n’est pas un livre qui prône la haine de l’Algérie ou sa dévalorisation. C’est un livre écrit par amour d’un pays qui s’arrange pour faire souffrir ceux qui l’aiment. Il lui tend le miroir, il tend le miroir à chacun de nous.
 
Même si ce miroir, comme nous, est brisé. Même si nous n’avons rien à vanter, sinon notre histoire littéraire. Cette histoire m’amène à laisser les textes de Mohammed Dib, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Tahar Djaout, Rachid Mimouni, Lounis Aït Menguellet, Lounès Matoub, Brahim Tayeb, Fadéla M’Rabet, Amine Zaoui, Assia Djebar, Nabile Farès et Jean Amrouche… traverser mon texte.
 
- Dans quelle catégorie classeriez-vous Mes poches vides, mon miroir brisé ? Sa structure est différente du roman, d’un recueil de poésie...
 
Ce livre se veut un « récit poétique et analytique ». J’ai d’abord voulu faire un essai sur les années 90’. J’ai même commencé le travail de recherche qui a fini par servir à la réalisation de ce livre. C’est ce qui en fait un récit analytique. Il y a une part d’analyse scientifique importante qui repose sur des connaissances anthropologiques, littéraires, psychanalytiques, religieuses et historiques.
 
Si je n’ai pas fait l’essai que je voulais, c’est d’une part par manque de temps – le capitalisme occupe nos vies, notre corps et notre temps comme l’armée coloniale a occupé notre pays et comme les terroristes ont occupé nos champs devenus leur « maquis ». D’autre part, il m’a été très éprouvant de replonger dans les violences des années 90’. Je crois que quand on est enfant, on a une certaine facilité à garder les violences à distance. Cette force, on la perd en devenant adulte. Je revivais donc, pendant mes recherches, la terreur de cette décennie mais, cette fois, en tant qu’adulte.
 
Aussi ai-je fait le choix de me protéger en faisant un travail de symbolisation soutenu qui me permette de dire la violence réelle et sa cruauté sans les contourner, mais en même temps en les tenant loin de moi. Par ce travail, je fais l’éloge de la métaphore, ce livre en est devenu poétique. D’ailleurs, le texte le plus travaillé dans ce livre est un poème. Je crois qu’il y a là un nouveau genre littéraire qu’il convient de travailler encore pour l’enrichir et le perfectionner.
 
 Ali Chibani
 
Auteur du recueil poétique L’Expiation des innocents et du récit poétique Mes poches vides, mon miroir brisé. Ali est docteur en littérature comparée avec une thèse soutenue à la Sorbonne et publiée sous le titre Tahar Djaout et Lounis Aït Menguellet. Temps clos et ruptures spatiales.


BOTUL LE MAGNIFIQUE

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BOTUL LE MAGNIFIQUE
 
Parmi les faux-monnayeurs de la démocratie et des Droits de l'Homme, BHL se distingue particulièrement par son interventionnisme médiatique et ses démarches occultes ou ostensibles dans les arcanes du Pouvoir.
Chacun connaît l'ardeur avec laquelle il contribua à faire de la Libye, sous le règne de son ami Sarkozy, ce qu'elle est devenue, un pays où règne un chaos absolu, un pays où le Nord devient une terre d’élection de Daech et le Sud un lieu de transit idéal pour les diverses branches islamistes qui guerroient en Afrique saharienne ou subsaharienne.
Je m’abriterai derrière trois sources d’information pour évoquer le personnage et ses grandes œuvres (non point philosophiques ou littéraires qui, à ce que l’on dit, ne brillent pas d’un éclat particulier), mais politico-guerrières, lesquelles ont largement contribué à sa notoriété et à l’éclat de sa renommée.

I. Le personnage avait été remarquablement été décrypté  dans un ouvrage qui fit autorité :
Le nouveau B.A. BA du BHL  -  Enquête sur le plus grand intellectuel français – La Découverte éditeur.
Collection : Cahiers libres  - Parution : septembre 2011
Xavier LA PORTE (de), Jade LINDGAARD
 
II. Dans le contexte actuel, je me garderai de faire référence à oumma.com pour citer le propos (d’autres diraient l’aveu) de BHL à la Convention du CRIF, et, en toute prudence, je citerai le compte rendu qu’en a donné le respectable FIGARO.

III. Enfin , un extrait d’ANTIPRESSE - L'info telle que vous l'espériez -www.antipresse.net/
fait litière de la  gloire philosophique et des immenses qualités intellectuelles de notre personnage.

N° 42 | 18.9.2016


I. la découverte - Le nouveau B.A. BA du BHL  -  Enquête sur le plus grand intellectuel français

Bernard-Henri Lévy porte beau : photogénique, il a le sens de la formule et semble toujours prêt à surgir dans votre poste de télévision pour dénoncer l’injustice et les nouvelles « barbaries ». En apparence, un démocrate militant, un intellectuel de gauche engagé, à la Sartre. Vous pensez peut-être qu’il est un philosophe courageux, prompt à réveiller les consciences endormies.
Vous avez tort. BHL n’est ni philosophe, ni intellectuel influent, ni militant des sans-grade, ni journaliste chevronné. Comme le montre cette enquête fouillée – version actualisée et largement remaniée du B.A. BA du BHL (La Découverte, 2004) –, c’est un excellent publiciste, une star des médias et un essayiste à succès. Et aussi un ami des grands patrons et des dirigeants politiques, à commencer par Nicolas Sarkozy. C'est que BHL propose une offre qui rencontre une demande : il fait le spectacle, produisant le grand récit hollywoodien du monde que les médias aiment relayer et que les pouvoirs chérissent, car il les protège du feu de la critique. Il a occupé le devant de la scène lors du déclenchement de la guerre en Libye et, au nom de l'ingérence humanitaire, se préoccupe de l'Iran et du Darfour. Mais sa défense des opprimés passe au second plan lorsqu'il s'agit d'Israël, dont il relaie la communication officielle. Et son féminisme est à géométrie variable : il défend l'Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani, menacée de lapidation, tout en décrétant par principe Dominique Strauss-Kahn innocent de l'accusation d'agression sexuelle portée contre lui.
À soixante ans passés, l'intellectuel est un cas plus intéressant que sa propre personne. Il incarne un mouvement qui le dépasse, mais dont il fut l'un des moteurs : la réinvention du pouvoir médiatique en illusion intellectuelle.
 
II. Le Figaro
 
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/11/20/97001-20111120FILWWW00182-libye-bhl-s-est-engage-en-tant-que-juif.php
Libye: BHL s'est engagé "en tant que juif"
Publié le 20/11/2011

Le philosophe Bernard-Henri Lévy a déclaré aujourd'hui que "c'est en tant que juif" qu'il avait "participé à l'aventure politique en Libye", lors de la première Convention nationale organisé par le Conseil représentation des organisations juives de France (Crif). "J'ai porté en étendard ma fidélité à mon nom et ma fidélité au sionisme et à Israël", a-t-il déclaré.
Le Crif tenait à Paris sa première convention nationale, intitulée "Demain les Juifs de France", à laquelle participaient de nombreux intellectuels, politologues, sociologues, chercheurs. Près de 900 personnes ont ainsi assisté à des débats, très ouverts, souvent animés, sur les défis communautaires, les nouveaux visages de l'antisémitisme, ou les nouveaux défis pour les juifs de France.
Bernard-Henri Lévy, invité à s'exprimer sur ce thème a déclaré: "C'est en tant que juif que j'ai participé à cette aventure politique, que j'ai contribué à définir des fronts militants, que j'ai contribué à élaborer pour mon pays et pour un autre pays une stratégie et des tactiques". "Je ne l'aurais pas fait si je n'avais pas été juif", a poursuivi le philosophe. "Ce que je vous dis là, je l'ai dit à Tripoli, à Bengazi, devant des foules arabes, je l'ai dit lors d'une allocution prononcée le 13 avril dernier sur la grand place de Benghazi devant 30.000 jeunes combattants représentatifs de toutes les tribus de Libye", a-t-il ajouté.


III. ANTIPRESSE
 
CANNIBALE LECTEUR de Pascal Vandenberghe
TÊTE À CLAQUES… ET À TARTE

[…] Les « Français instruits », dont parlait Slobodan ne seraient pas si nuisibles s’ils ne possédaient une telle aura médiatique dès qu’ils sont apparentés à la catégorie des « intellectuels ». Dans le cas de BHL, c’est peu dire : pur produit de la télévision estampillé « nouveau philosophe » dès sa première apparition à Apostrophes en 1977 (même si son imposture intellectuelle a été immédiatement dénoncée par de nombreux philosophes, de Gilles Deleuze à Cornelius Castoriadis, notamment), son exploit est d’avoir su traverser ces quarante dernières années en maintenant l’illusion d’une « pensée », voire d’un « engagement ».
Cette enquête retrace tout le parcours de BHL, et permet de comprendre comment il a su user de son pouvoir (en tant qu’ami des grands patrons et des hommes politiques de tout bord) pour réellement imposer sa voix aux médias. Et quand j’écris imposer, le mot n’est pas trop fort : les auteurs détaillent le « réseau » mis en place pour servir ses intérêts et propager son image et ses propos. Et gare à ceux des médias qui rechignent à relayer la propagande de notre homme : ils seront frappés par le courroux et la foudre de notre grand-philosophe, qui démontre de la sorte sa conception très particulière de la « liberté intellectuelle ». […]
 
 
 

PITOYABLE POLITIQUE ÉTRANGÈRE FRANÇAISE

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"u zinu"  se fait un plaisir de reproduire ci-après in extenso un article émanant du "contributeur" Sigismond, paru dans AGORAVOX.
Cet article, incisif mais clair et limpide autant que solidement étayé, dénonce la politique "gribouillesque" menée au plan extérieur sous le septennat de François Hollande et singulièrement sous la houlette du laudateur d'Al Nosra, le petit marquis Fabius, caniche exemplaire.


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Quelques considérations sur le déclin de notre politique étrangère

 
par Sigismond  
dimanche 14 août 2016 - 
 
Qu'ont en commun le grand Colbert, Talleyrand, Chateaubriand, Thiers, Guizot, Gambetta, Jules Ferry, Poincaré, Aristide Briand, Laval, Léon Blum, et Jean-Marc Ayrault ? Ils auront tous été un moment de leur vie parfois assez court, ministre des affaires étrangères de la France. De tous, sauf celui en titre évidemment, l'histoire, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire, a retenu le nom. Ne me prêtez pas de vertus de prescience pour cette affirmation, mais les chances que Ayrault entre dans l'histoire semblent ridiculement minces. Il faut dire que là on a vraiment touché le fond. Cela dit mieux vaut peut-être ce qu'on appellera pudiquement une certaine discrétion que les sorties de son prédécesseur, l'ex ancien plus jeune premier ministre de la France, déclarant par exemple qu'un chef d'Etat en exercice ne mérite pas de vivre tandis que ceux qui s'emploient à exaucer ce vœu font du bon boulot. Je parle ici respectivement de Bachar el Assad et du front al nosra, filiale locale d'al qaida.
 
De fait on m'objectera que sous la 5ème République la politique étrangère se traite à l'Elysée. Ce qui n'était pas faux jusqu'à une certaine époque. Ça l'est moins maintenant, et même de moins en moins. Reste que néanmoins il était sans doute possible d'éviter de placer à la tête du Quai d'Orsay des clowns comme Kouchner en son temps ou Ayrault aujourd'hui pour en faire la démonstration. Ce ne sont que deux exemples parmi quelques autres choisis ainsi pour des raisons d'impartialité de ma part, et aussi parce qu'ils sont assez récents pour qu'on ne les ait pas complètement oubliés. Même si le souvenir de leur action n'a pas laissé de trace on a encore leur tête en mémoire. J'inclus d'ores et déjà Ayrault dans ce temps passé et sans risque que l'avenir me contredise. C'est dire l'importance qu'ont les affaires étrangères désormais en France. Parce qu'autant le dire tout de suite, même à l'Elysée on n'en fait plus guère. Dans ce domaine également il ne reste plus guère que la com en guise de paravent du néant.
La com, c'est ce qui permet, de plus en plus mal, de masquer davantage que notre impuissance. Car davantage que celle-ci, corrélative à un abaissement de la place de la France au niveau international, c'est d'un abandon tout à fait volontaire de souveraineté dont il s'agit. On n'accablera pas particulièrement Ayrault et son chef qui ne sont que les continuateurs d'un mouvement engagé depuis longtemps qu'on peut associer à un renoncement général à assumer un rang conféré par l'histoire. Certes on me dira que la première guerre mondiale, la seconde, l'entre-deux-guerres, la collaboration, la décolonisation, tout ça a contribué à ce que nous nous montrions humbles. Peut-être. Mais reste que de Gaulle qui avait eu le temps d'apprendre à Londres qu'être peu de chose pouvait être compensé par la volonté, reste que de Gaulle qui organisant la décolonisation de l'Afrique (mettons à part l'Algérie qui en tant que colonie de peuplement, la seule, ne pouvait connaitre une même évolution) garantit pour des décennies, et nous sommes arrivés à la fin des effets de cette politique, notre influence sur une bonne partie de l'Afrique, reste que de Gaulle qui dotant la France du nucléaire militaire (et civil) pouvait tirer un grand bras d'honneur aux Américains et s'extraire de la logique des blocs, nous démontrait qu'une puissance devenue moyenne pouvait avoir une influence supérieure à son poids réel grâce à une politique étrangère volontariste et surtout indépendante. Tout ça est à comparer avec un président qui se sachant écouté par son allié américain ferme sa gueule, avec un président qui à quelques heures de bombarder la Syrie se fait lâcher par ce même allié américain qui oublie de le prévenir et repart la queue entre les jambes attendant la prochaine humiliation qui viendra quelques mois plus tard quand après avoir annoncé haut et fort qu'un contrat est un contrat décide de suspendre la vente de deux navires à la Russie à la veille d'un sommet de l'OTAN sans évidemment aucune contrepartie. Quel chemin parcouru en à peine un demi-siècle ! Nos progressistes de tout poil sauront apprécier sans doute, parce que la Françafrique c'est caca, parce que les moyens sur lesquels peut s'appuyer une politique étrangère c'est cher et ça tue. Et donc vive la Chinafrique ou l'Usafrique, et vive l'affaiblissement continu de notre outil militaire qui nous aura permis de faire plein de social sans discernement, car le discernement c'est aussi de la stigmatisation, ou encore de recruter encore davantage d'enseignants dans l'éducation nationale pour les résultats que l'on sait, cela justifiant d'augmenter encore et toujours les effectifs, la quantité devant sans doute pallier la qualité mais aussi les problèmes d'organisation et gestion des ressources humaines.
 
On se retrouve ici face à la question hautement métaphysique de l'antériorité de l'œuf par rapport à la poule et réciproquement. A savoir, est-ce l'affaiblissement moral au profit du moralisme qui a engagé la France (et on pourrait élargir à la majorité des pays d'Europe occidentale) qui a conduit à l'affaiblissement de notre (nos) pays sur la scène internationale, où est-ce l'abandon de la part de nos dirigeants successifs d'une relative volonté de puissance, en fait d'influer sur le destin du monde, qui a été accompagné de campagnes moralisatrices destinées à masquer le déclin ? En fait les deux sont très imbriqués et se légitiment mutuellement.
Si nous considérons notre politique étrangère elle semble être légitimée, même si ça ne tient guère la route si on fait le petit effort d'observer les contradictions, par la morale. Le monde serait divisé entre gentils et méchants, et comme nous on est des gentils, forcément gentils puisque nous avons compris nos grandes fautes historiques, la colonisation, l'esclavagisme et tout ça, dont nous nous repentons et qui datent de l'époque où nous étions méchants, on s'oppose naturellement aux méchants. Nous avons été enfin touchés par la grâce. Les gentils d'un côté, les méchants de l'autre, c'est en quelque sort la reprise de la rhétorique de l'axe du mal si cher à Bush. Nous nous la sommes approprié. Alors les méchants c'est qui pour nous ? Ben… la Russie, les islamistes, Bachar el Assad, pour faire court, tous ceux que nous désigne Washington. Et les gentils c'est les autres, avec des plus gentils parmi eux qui nous achètent des armes en même temps que notre patrimoine. C'est simple et surtout con. Parce que cette politique justifiée par une morale à deux balles ne tient aucunement en compte les principes de ce que devrait être une politique étrangère, à savoir nos intérêts fondamentaux. Cette maxime, parait-il de de Gaulle encore, "Les Etats n'ont pas d'amis mais des intérêts" semble avoir été oubliée. Or ni Poutine, ni Bachar par exemple n'ont jamais constitué une menace pour nos intérêts tandis que certains de nos amis, financiers internationaux de l'islamisme par exemple, en constituent un évident. Notre politique étrangère, parce que soumise et parce que sensible à des fables gains financiers à court terme, n'aura cessé d'aller contre nos intérêts fondamentaux. Tous ceux qu'on a aidé à chasser du pouvoir, qu'on a même dézingués, les Ben Ali, les Moubarak, les Kadhafi et aujourd'hui Assad, et quoiqu'on puisse leur reprocher par ailleurs, même si c'étaient des salauds, agissaient non pas en fonction de mais en cohérence avec nos intérêts. C'est peut-être cynique mais c'est ainsi. Cela dit le cynisme est sans doute préférable à l'ignorance, cette ignorance béate qui a consisté à croire qu'une démocratie bienheureuse allait émerger de ce bordel que nous avons contribué à propager dans le monde arabo-musulman. Car évidemment la politique étrangère ne peut s'abstraire d'une connaissance intime des mentalités, en fait de la culture, qui existent dans les zones où elle s'applique. Or cette intelligence est en voie de disparition, parce qu'inutile à une politique aux ordres, parce que opposée aux discours officiels qui sous-tendent cette politique. Par exemple jusque après l'intervention au Mali, le Quai d'Orsay virait des experts qui avaient une toute autre vision que celle exposée par la propagande gouvernementale des origines de la crise (ce fut le cas de celui qui prononçait cet exposé 6 mois avant l'intervention :https://www.youtube.com/watch?v=Rn67xaLPCBM  ). De fait on dispose d'une politique étrangère cul-de-jatte, ignorante des intérêts de notre pays et se privant de l'intelligence pour des raisons idéologiques pour comprendre le monde. Son dernier éclat remonte au discours de de Villepin en 2003 devant le Conseil de Sécurité, dernier feu follet dans une nuit qui a commencé sous Mitterrand lequel nous a embringué par son suivisme dans un processus qui allait conduire à notre réintégration pleine et entière dans l'OTAN. Enfin presque puisque notre nucléaire reste sous notre commandement propre en attendant que un de nos futurs dirigeants ne trouve logique de le brader également, comme le reste.
Or qu'est-ce que l'OTAN ? Une vaste illusion, un marché de dupes qui nous fait croire qu'il est inutile de nous donner les moyens de nous protéger puisqu'un puissant allié viendra nous défendre le cas échéant en échange de notre soumission à sa politique internationale, donc à ses intérêts même s'ils ne sont pas les nôtres. Ce marché de dupes a commencé en 1918 quand au prix de seulement 117000 morts le président Wilson joue les maitres de cérémonies lors du traité de Versailles, avec en perspective une autre guerre mondiale 20 ans plus tard, et a continué en 1944 quand Roosevelt se partage l'Europe avec Staline à Yalta créant les conditions d'une guerre froide qui allait mettre l'Europe de l'Ouest sous la dépendance des Etats-Unis via l'OTAN. Ça valait le coup pour eux d'intervenir même si ce n'était pas d'emblée. Quant à nous Français, hormis la parenthèse gaulliste, quant à nous Européens en général, nous avons trouvé cette situation passablement confortable, puisqu'elle nous permettait de négliger notre outil de défense, donc de faire des économies, au point de le réduire à un corps expéditionnaire capable, et encore à condition qu'on lui apporte un soutien logistique extérieur pour cela, d'intervenir ponctuellement en Afrique et de garder l'entrée des synagogues et des mosquées. J'oubliais les gares et aéroports. Parce que sans défense digne de ce nom, nous ne pouvons que servir de supplétifs à celui qui est devenu notre maitre et qui ne supporte pas qu'on lui dise "non", souvenez-vous de la campagne anti-française de 2003. Ne reste ensuite qu'à entretenir l'illusion d'une menace, en l'occurrence une menace qui viendrait de Russie pour que l'édifice tienne. Car après tout si ça dérapait un jour, car ce sont les risques d'une telle politique s'appuyant sur une provocation permanente, ce serait l'Europe qui prendrait tout. Et sans aucune garantie que les Etats-Unis viendraient à notre secours.
 
Voilà donc où nous en sommes. Nous avons au fil du temps fini par abdiquer ce qui constitue un pilier, peut-être le pilier essentiel de ce qui faisait de nous un Etat indépendant, notre politique étrangère. Sans parler évidemment du reste bradé à l'Union Européenne donc à terme aux mêmes dès lors que sera signé ce fameux traité que quoiqu'en en dise et malgré les rideaux de fumée du moment on finira par signer. Pas étonnant dans ces conditions qu'Erdogan nous l'enfonce profond. Car lui, contrairement à nous sait défendre ses intérêts, comme c'est d'ailleurs le cas de la Russie dont la diplomatie dans sa forme est remarquable. Contrairement d'ailleurs à celle des Etats-Unis à laquelle nous nous sommes volontairement soumis et qui si elle peut s'appuyer sur la force, ce qu'elle n'oublie pas de faire, manque singulièrement d'intelligence et de profondeur et aboutit à la création de monstres comme al qaida et l'Etat islamique. Quand elle n'est pas asservie à des intérêts particuliers. Faites simplement une recherche associant les mots Clinton et Rosatom pour en être convaincus. Ce n'est qu'un exemple.
 

Fabius dans tous ses états

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- Oncques ne vîmes petit marquis plus infatué.
- Oncques ne vîmes tournesol plus empressé à suivre la course du soleil politique de l’instant.
- Oncques ne vîmes plus fossoyeur de la vérité.
- Oncques ne vîmes plus intrigant serviteur d’ambitions personnelles étrangères au bien public
- Oncques ne vîmes caniche plus empressé à servir ses maîtres atlantistes.
- Oncques ne vîmes louangeur, laudateur et glorificateur plus dithyrambique que lui des « démocrates » syriens d’Al Nosra et de nos « bons amis » saoudiens ou Qataris.

DU TERRORISME ISLAMISTE

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 Exergue
 
Extraits d’une interview de Michel Onfray- - CORSE MATIN – 01/09/2016
J’ai fait mon travail en posant la question que tout philosophe devrait poser: d’où vient le terrorisme ? Soigner une maladie suppose qu’on en connaisse au moins la cause. Certains renvoient à la mauvaiseté congénitale des terroristes, au caractère intrinsèquement violent de l’Islam : on n’est guère avancés ! Pour ma part, je mets ce terrorisme comme partiellement en relation avec notre politique étrangère indexée depuis 1991 sur celle des Etats-Unis qui bombardent des pays musulmans et ont fait 4 millions de morts, musulmans, depuis cette date.
 
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A l'heure où il convient, paraît-il, de suivre le conseil lancé par Élisabeth Badinter, qui clame haut et fort : "Il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe", oubliant qu’il fut un temps où certains hurlèrent, avec les conséquences que l’on sait : « il ne faut pas avoir peur de se faire traiter de judéophobe »,  je laisserai à cette dame la responsabilité de son propos, sans pour autant clamer, a contrario : « il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d’islamophile ».
Je ne suis en effet ni islamophobe ni islamophile.
Je ne craindrai pas cependant d’aller à l’encontre du sentiment dominant en n’attribuant pas à la religion musulmane seule la responsabilité des tragiques événements que nous vivons, bien qu’elle serve de justification facile aux « radicalisés » qui s’en prévalent pour commettre leurs crimes.

Devant les actes de terrorisme aveugle ou ciblé :
- Il y a ceux qui, quel que soit le pays et la population frappée, éprouvent une compassion réelle pour les victimes et leurs proches. Je suis de ceux-là.
- Il y a ceux qui instrumentalisent la douleur des familles et l'émotion de l'opinion publique à des fins partisanes politiques. Ces derniers sont presque aussi nombreux chez les "Socialistes" que chez les "Républicains" ou au FN, qui détient la palme en ce domaine, car cela constitue son fonds de commerce ordinaire. (Vous observerez en passant que je dote de guillemets aussi bien le terme "Socialiste" que celui de "Républicain") .
Mais de même que j'ai refusé d'être de manière moutonnière un "Charlie", je refuse de crier à l'unisson haro sur l'Islam au motif que cette religion serait la source, ou plus précisément l'unique cause de tous les maux qui nous accablent.
Cela ne me prémunit pas du terrorisme aveugle qui frappe désormais la France, et je ne suis aucunement à l’abri, comme tant d’autres de mes concitoyens, de quelque acte perpétré par ce qu’il est désormais convenu d’appeler un « radicalisé ». Mais cela ne m’empêche pas de rechercher les origines et les facteurs de l'extrémisme et de la violence terroriste.
C'est déjà  excuser, voire  cautionner le terrorisme islamiste, que d'adopter une telle démarche, disent certains. Cette assertion est à la fois inepte et dangereuse. Il ne s'agit ni d'excuser ni de disculper, mais simplement de comprendre, afin d'ailleurs, de mieux prévenir. Chercher à comprendre le pourquoi des choses est une attitude qui me parait à la fois logique et saine.

Dans une telle optique, il y a lieu bien évidemment de rechercher ce qui, dans la religion musulmane a historiquement prêté source et prête actuellement source à des dérives du genre de celles que nous connaissons. Mais précisons que cet axe d'investigation est valable pour toutes les religions, et notamment pour celles qui nous sont coutumières parce que traditionnelles.
Les lectures du Coran sont multiples. Ce livre saint offre aisément matière à toutes les exégèses, à toutes les traductions et à toutes les interprétations, allant de la plus bienveillante à la plus contemptrice. Ceci est d’autant plus aisé que l’Islam ne comporte pas de clergé constitué, voire institutionnalisé, clergé qui, à l’instar de celui de l’Eglise catholique, veillerait au respect et à l’observance d’un dogme rigoureusement défini.
Un mien ami, ayant reçu de ses parents un héritage religieux non rigoriste,  et moins encore comminatoire, n'étant guère pratiquant, et  se qualifiant volontiers de "musulman sociologique culturel et non cultuel", utilise volontiers une formule qui me semble fort pertinente : "il n'y a pas un Islam, mais des Islams". 
 
Il ne s’agit pas ici de trouver des circonstances atténuantes à la criminelle dérive de ceux qui, notamment dans les cités, au- delà du repli identitaire ou communautaire, choisissent la voie du terrorisme pour exprimer on ne sait quel mal d’être ou de ne pas être.
S'il est difficile de connaître les causes profondes ou immédiates personnelles qui sont à l’origine d’actes terroristes commis sous couvert d’observance religieuse par les « radicalisés », du moins est-on en droit de s’interroger sur le cheminement qui les a conduits à ce type d’extrémisme.
 
Il est permis de penser que les jeunes et moins jeunes de nos cités couvrent souvent du manteau de la foi découverte ou retrouvée une vie antérieure faite de délinquance et de « perdition » profane. Certains versets du Coran leur offriraient, à en croire des exégètes se disant « informés », de quoi justifier leur « retournement » en autorisant leur repentance et surtout en leur recommandant le rachat ou la rémission de leurs péchés par des actes relevant d’un djihad salvateur.
Les stratèges de l'E.I (et plus en amont ceux de l’Arabie saoudite et du Qatar) alimentent d'ailleurs chez ces derniers une telle lecture du Coran afin qu’ils se précipitent allègrement ou sereinement dans le totalitarisme et la violence.
 
Que les conditions de l'intégration des populations issues de l’immigration arabo-musulmane, soient « interrogées », cela n'est pas en outre infondé ou malvenu.
- Le nombre d’immigrés d'origine maghrébine ou d’Afrique noire est d’abord un effet induit, (on pourrait aussi parler d’effet boomerang), de la colonisation/décolonisation.
Il y lieu de considérer en premier lieu que l’attrait exercé de manière paradoxale par les conditions d’existence dans l’ancien pays colonisateur, (largement plus favorables que celles offertes dans leur propre pays), a alimenté et continue d’alimenter un flux migratoire relativement massif.
Cependant, les enfants et petits-enfants de ces immigrés ne sont pas insensibles à l’histoire du pays d’origine de leurs parents, voire à leur propre histoire familiale, et ne manquent pas d’éprouver des ressentis émotionnels largement influencés par les séquelles mémorielles des guerres et des répressions coloniales.
- Cet afflux est aussi le résultat direct de l'importation massive - il fut un temps -  d'une main-d’œuvre non qualifiée à la fois "docile" et "bon marché". Le « regroupement familial » a, soit dit en passant, davantage répondu au désir de mieux « fixer » cette main-d’œuvre qu’aux préoccupations humanitaires sous lesquelles il a été volontiers présenté.
- Ajoutons au caractère « quantitatif » de l’immigration considérée, les aspects « qualitatifs » de «l’accueil » des populations concernées.
Nul ne songerait à nier le caractère "ghettoïsant" de leur « installation », qui les a rejetés vers la périphérie des villes ou dans des zones bien déterminées laissées rapidement à l’abandon.
L'une des explications de leurs agissements est qu'ils croient utile ou justifié d'apporter une réponse violente à l'exclusion dont ils sont persuadés ou dont on les persuade qu'ils ont été ou sont les victimes.
-  Pour faire bonne mesure, n'oublions pas que la plupart des populations en question sont musulmanes, donc adeptes d'une religion présentant des risques de dérive "totalitaire" (en ce sens qu'elle prétend régenter à la fois la sphère privée, la sphère politique, sociale ou sociétale, et même la sphère économique). Nos bons amis wahhabites d’Arabie saoudite et autres fondamentalistes du Qatar, d’Egypte, ou d’autres pays à dominante musulmane se font d’ailleurs un devoir de répandre à travers la planète cette conception globalisante de leur religion.
Le problème est qu’ils le font désormais dans un pays comme la France, dont les traditions chrétiennes (d’autres se plaisent à dire judéo-chrétiennes) demeurent vivaces malgré le fait qu'elles aient été édulcorées depuis la révolution française et surtout depuis 1905.
 
A ces causes « intérieures » spécifiques à la France s’ajoutent des considérations « extérieures » relevant de la politique menée par les « grandes puissances », et singulièrement par les Etats Unis et leurs alliés (nous devrions dire les gouvernements qui leur sont inféodés, au premier rang desquels se placent l’Allemagne, la Pologne, la « nouvelle » Ukraine et la France).
- Est-il utile de rappeler la guerre « bushienne » en Irak, la guerre atlantiste en Lybie (où se sont distingués Sarkozy et le bouffon philosophe BHL, guerroyeur affublé de la chemise blanche du défenseur intransigeant des droits de l’homme, la guerre de Syrie menée initialement par les excellents démocrates de l’ASL  et d’Al Nosra, tant louangés par Fabius,  puis récupérée par l’E.I, dont il commence à se dire que sa création doit beaucoup à de sombres « docteurs Folamour »  issus de la C.I.A.
-  N’oublions pas Israël, obnubilé à la fois par sa survie dans un Moyen Orient à large dominante arabo-musulmane et par sa crainte d’une résurgence de la puissance iranienne.
- Parmi les facteurs de la radicalisation, notamment chez les jeunes des cités ou dans les masses arabes, il ne faut pas oublier en effet de mentionner une cause volontairement occultée, ou sciemment ignorée par les médias mainstream, celle relative au sort réservé aux Palestiniens, aussi bien ceux de Cisjordanie que ceux de Gaza.
 
Pour conclure, je reprendrai une nouvelle fois Onfray, qui dans l’interview citée en exergue déclare :
« l’athée que je suis ne croit pas que l’athéisme soit plus une garantie contre la barbarie que la religion. Il y a des athées barbares, Lénine, Staline, Mao, et des croyants qui font avancer la civilisation, Montaigne, François d’Assise, Bach, Michel Ange par exemple.
 

On ne transforme pas des monstres en êtres humains à coups de lois

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Ali Chibani. Ecrivain
On ne transforme pas des monstres en êtres humains à coups de lois

le 16.09.16 | EL WATAN
 
On ne transforme pas des monstres en êtres humains à coups de lois
Dans le nouvel ouvrage de Ali Chibani Mes poches vides, mon miroir brisé, publié aux éditions Koukou, l’auteur nous propose une expérience douleureuse, mais vitale. On revient aux années 90’ pour confronter nos boureaux devenus « respectables » dans l’Algérie d’aujourd’hui.
 
 
- Au fur et à mesure que l’on avance dans la lecture de votre livre Mes poches vides, mon miroir brisé, paru cette année aux éditions Koukou, vous rappelez ces années où notre pays était figé dans une histoire sanguinaire. Qu’a vécu votre personnage ?
 
Le livre rappelle effectivement ce que l’Algérie et les Algériens(nes) (il est important de préciser que c’est le peuple qui a subi cette période) ont vécu comme meurtres, décapitations, rapts, viols, destructions, humiliations, terreurs, explosions, barrages, faux-barrages… qui nous ont marqués à jamais. Mais il ne se contente pas de rappeler cela. Il cherche aussi à comprendre dans quel lieu, dans quel autre drame cette folie trouve son origine.
 
Ce livre, comme Il était une fois, l’Algérie de Nabile Farès, remonte jusqu’à la colonisation et même au-delà. Cela permet de trouver des similitudes entre les violences (réelles et symboliques) coloniales et les violences exercées cette fois par des Algériens de quelque bord politique qu’ils soient contre d’autres Algériens. Outre la façon de tuer qui se répète, ce livre évoque une loi coloniale qui interdisait aux écoliers d’introduire dans l’espace de l’école des livres qui ne sont pas au programme.
 
Cette loi a été perpétuée par l’Etat algérien. Pourquoi ? En plus de chercher dans l’histoire algérienne, de la colonisation aux années 90’, ce qui a présidé à ce qu’on appelle aujourd’hui la « Décennie noire », ce livre relève les symptômes actuels d’une prochaine répétition de ces violences et s’interroge sur leurs acteurs et leurs victimes. De fait, après l’indépendance, Ben Bella et Boumediène disaient qu’il n’était pas encore temps d’écrire l’histoire de la guerre d’Algérie. Cela nous a condamnés à refouler les violences de la colonisation.
 
Et le retour du refoulé, trente ans après, a fait 200 000 morts au moins et des milliers de disparus. Aujourd’hui, on veut nous interdire de parler des violences des années 90’, et pire que cela, les bourreaux sont devenus des héros humiliant les victimes forcées au silence et qualifiées de « malades ». Et ce refoulé commence à manifester les signes de son retour : il n’y a qu’à voir la multiplicité des crimes et des violences armées actuellement en Algérie et à les comparer avec ce que nous avons vécu dans les années 90’ pour le comprendre.
 
On peut aussi s’intéresser, comme je le fais dans ce livre, aux langues et découvrir, qu’aujourd’hui en Algérie, les langues sont atteintes par la violence dont elles deviennent les moyens d’expression. Je rappelle que l’Algérie a connu les mêmes atteintes aux langues pendant la colonisation et à l’émergence du FIS. Le hasard vient aujourd’hui, malheureusement, donner raison au contenu de cet ouvrage et aux appréhensions qu’il exprime. Je veux parler de ces enfants qui ont été tués et découpés en morceaux ces derniers mois.
 
C’est le souvenir d’un événement similaire qui est à l’origine de ce récit. Dans les années 90’, je me souviens avoir lu dans un journal, dans un encadré tant ce type d’information était devenu banal, la nouvelle d’un village attaqué par les terroristes. On se préparait à célébrer un mariage alors que les islamistes avaient décrété les fêtes «haram». Parmi les nombreuses victimes, se trouvait une enfant de huit ans. Elle avait été décapitée, puis découpée en morceaux avant d’être ainsi jetée dans l’eau bouillante qui devait servir à cuir la viande.
 
Cette nouvelle m’a traumatisé à jamais. J’étais un adolescent à l’époque et, depuis que j’ai pris connaissance – par le récit journalistique – de cette horreur, il ne s’est pas passé un jour sans que je ne pense à cette fillette et sans que je ne me demande comment on peut en arriver à un tel degré d’horreur, d’autant qu’elle est gratuite. Du moins, à mes yeux. C’est pour cette raison qu’il est aujourd’hui possible de dire que ce livre, qui porte pour sous-titre « Les tripes de la petite Zohra dans une bassine d’eau javellisée», a tenté de penser l’impensable et de donner un nom à cette fille.
 
- Ce livre s’adresse-t-il aux survivants ? Aux morts ? Aux terroristes repentis ou aux décideurs invisibles ?
 
Ce livre ne peut pas s’adresser aux islamistes en général, ni aux terroristes en particulier. D’ailleurs, je refuse le terme de « repenti ». Aucun terroriste ne considère qu’il  s’est trompé ou qu’il doit se repentir, à supposer que cela puisse intéresser les victimes. Les islamistes assument leurs crimes et s’en vantent quand l’occasion leur est donnée. Il ne peut pas s’adresser aux décideurs non plus, qu’ils soient visibles ou invisibles, d’autant que cela ne les intéresse pas, sauf s’ils peuvent y trouver des idées pour rester là où ils sont.
 
Ce qu’ils ont fait, qui a mené à la catastrophe des années 90’, ce qu’ils font, et qui mènera à une autre catastrophe, l’a été pour garder le pouvoir qui est, à leurs yeux, plus important que la vie et l’avenir des enfants algériens. Mon livre s’adresse à ceux qui refusent la censure, qui veulent qu’on débatte sainement sur ce qu’on a vécu pour que cela ne se reproduise plus. Il s’adresse aux enfants pour qu’ils sachent que lorsqu’on oublie une guerre, celle-ci ne nous oublie pas pour autant. Il rappelle enfin que nous avons une dette envers nos morts. Cette dette, nous ne pouvons l’honorer qu’en retenant la leçon qu’ils ont donnée à l’humanité malgré eux.
 
- Et certainement à une génération sacrifiée qui parle aujourd’hui à son tour dans des livres, des films...
 
Nous sommes une génération détruite. Il faut être aveugle pour l’ignorer ou le nier. Certaines personnes qui sont de cette génération répètent les violences qui nous ont marquées dans la rue, dans les stades, sur les plages, avec des sabres, des armes à feu, des grossièretés gratuites…
 
D’autres s’expriment à travers la création artistique et/ou scientifique. Je veux faire partie de cette deuxième catégorie, même si cela n’est pas toujours facile. Comme cela est arrivé lors de l’écriture de ce livre, lorsque la pensée se heurte à l’impensable, on met en péril sa propre santé physique et psychique. Ici, je tiens à remercier votre hebdomadaire pour le travail qu’il fait dans le but de faire connaître les travaux qui reviennent sur cette période que beaucoup veulent faire oublier.
 
C’est courageux et c’est salutaire. J’espère que d’autres acteurs veillent à leur diffusion pour toucher un grand public. Il ne s’agit nullement de les imposer, mais de les proposer, de simplement faire savoir qu’ils existent. Chacun-e y recourra quand il/elle sentira que le moment est venu pour lui/elle de le faire. Il faut veiller à ce que cette réflexion sur un traumatisme qui marque plusieurs générations d’Algériens(nes) ne doit pas se transformer à son tour en violence.
 
- Pensez-vous qu’en Algérie nous avons réussi à écarter les assassins d’hier pour cohabiter avec eux aujourd’hui ? Ou sommes-nous juste en train de simuler ?
 
Il n’y a pas de cohabitation possible si la rencontre ne se fait pas par la parole et si elle exclut de fait les victimes et fait des bourreaux des privilégiés. Qui peut discuter, de son plein gré, avec un égorgeur d’enfants ? Qui peut voir un être humain dans un terroriste qui se délecte de raconter la manière dont il a égorgé un soldat de vingt ans ou qui se dit fier d’avoir assassiné un syndicaliste ?
 
On ne transforme pas des monstres en êtres humains à coups de lois. Il y a tout un travail social et psychologique à faire. Ce travail est possible. Il se fait au Rwanda, il s’est fait en Afrique du Sud, en Algérie où l’incommunication et la rupture des liens sociaux sont érigés en pratiques politiques, on préfère institutionnaliser le tabou. Je crois que le silence de beaucoup d’Algériens(nes) aujourd’hui s’explique uniquement par la peur qui arrange tous les puissants.
 
- Vous le dites dans votre livre : ils ont la capacité de s’adapter, qui fait d’eux des ennemis redoutables, principalement à cause de leurs idées...
 
Oui, je dis que les intégristes ont un objectif politique qu’ils veulent atteindre. Ils adaptent leurs actes aux pires doctrines qui existent et quand celles-ci n’existent pas ou sont contraires à ce qu’ils accomplissent comme gestes, meurtres…, ils en inventent qui les arrangent. Les intégristes refusent le doute, le questionnement, la remise en question.
 
C’est d’ailleurs ce que dit Tahar Djaout dans le premier chapitre du Dernier été de la raison. Bref, ils veulent le pouvoir, surtout le pouvoir social pour transformer les mœurs du pays et imposer un libéralisme sauvage. Ils ont combattu l’Etat pour prendre ce pouvoir. Ils ne l’ont pas eu, aujourd’hui ils intègrent l’Etat qui leur a concédé ce qu’ils veulent.
 
- Fuir le pays pour une nouvelle terre a été le choix de beaucoup de personnes dans les années 90’. Vous cassez cette idée de fuite et vous décrivez la réalité et l’accueil glacial...
 
Je montre surtout que la terre d’accueil qu’est la France est aussi traversée, dans le présent, par l’héritage colonial qu’elle aussi a préféré refouler ou ignorer. C’est ce que démontre en particulier la ségrégation dont souffrent les Français d’origine africaine de manière générale, comme je le montre dans les premières pages du récit. La France n’accepte toujours pas l’indépendance de l’Algérie et ce refus, qui se transforme souvent en haine, est ce qui détermine le rapport de beaucoup de Français, en tout cas de la France officielle (Etat, politiques et médias) à la figure de l’étranger ou de l’immigré devenu, aux yeux de la droite et de la gauche, un argument économique pour ou contre son intégration, voire son assimilation.
 
Tous les discours islamophobes que l’on entend aujourd’hui découlent de là et visent surtout les Algériens. L’Histoire contemporaine étant ce qu’elle est, les politiques français de droite et les médias ont pensé que l’islamophobie pouvait cacher le racisme colonial qui les anime. La gauche ne fait pas mieux puisqu’elle nous refuse toute citoyenneté et veut nous enfermer dans une identité qu’elle paramètre et limite à l’appartenance religieuse réelle ou supposée.
 
- Dans un autre passage, vous dites que « La politique commence là où l’on brûle la poésie». Le poète est-il ennemi en son pays ? Ce qui a forcé nos intellectuels à partir, même après le retour au calme, ils ne veulent pas revenir. Pourquoi selon vous ?
 
Le poète a toujours été érigé en ennemi : Platon l’exclut de sa République, la Bible et le Coran le condamnent à leur tour parce qu’il serait un concurrent de Dieu, avec cette particularité que Dieu dit et fait, alors que le poète dit et ne fait rien. Moïse n’a qu’à jeter une corde pour qu’elle se transforme en serpent ; le poète peut jeter autant de cordes qu’il veut, elles resteront toujours des cordes. A moins que le public reçoive la métaphore et voit ce que le poète lui demande silencieusement de voir. Cette condamnation a été reprise par les Etats et les mouvances politiques extrémistes.
 
Pendant la colonisation, des poètes, comme Slimane Azem, ont été recherchés et exilés par l’armée française, alors que Feraoun a été assassiné par l’OAS. Dans les années 90’, les acteurs de la guerre ont assassiné Djaout, Matoub, Alloula, Medjoubi et bien d’autres. Avant eux, Jean Sénac a été assassiné on ne sait toujours pas par qui. Il y a une confrontation des récits : religieux, politique et poétique. La poésie a cette force de proposer au monde des symboliques qui lui permettent d’affronter et de gérer la folie à laquelle les fous, de toute part, veulent « le programmer» comme le dit Nabile Farès.
 
Ce n’est donc pas un hasard si le système capitaliste, pour pérenniser ses violences, a marginalisé la poésie qui recrée, par le discours, par la métaphore, les liens brisés par la guerre et par les différentes formes d’exploitation de l’être humain par d’autres êtres humains. Sans prétendre à aucun « faire », la poésie guérit les blessés, ouvre des perspectives et élève l’humanité pour ce qu’elle a de plus fragile, de plus sensible et non pour sa force de domination. Le poète est la sensibilité humaine offerte en partage de manière désintéressée. Par la métaphore, il met à nu les fourbes et les puissants et montre la grandeur et la richesse de ceux qui ne possèdent rien d’autre que leurs rêves qui sont aussi, crie-t-il, une force.
 
Alors oui, la politique commence là où l’on brûle la poésie parce que la politique, telle qu’elle est pratiquée de nos jours, a besoin d’enfermer l’humanité dans la cruauté du Réel et de ne lui laisser aucune chance de penser, de s’évader, d’aimer, d’être à lui et à l’Autre. Dans cet enfermement, ceux qui affolent les peuples peuvent prétendre à tous les pouvoirs.  Pour répondre à la deuxième partie de votre question, le retour en Algérie n’est pas évident pour celles et ceux qui sont partis. L’Algérie d’aujourd’hui va mal. Comme je l’indique dans le livre, un certain nombre de signes, de violences, indiquent que l’avenir peut vite nous échapper.
 
Parmi ces signes, la vulgarité des gens dans l’espace public, le paysage défiguré, les commerçants sans scrupules, la pollution qui atteint des pics qui devraient inquiéter plus d’un, mais qui n’inquiètent qu’une minorité de personnes, la corruption généralisée, le terrorisme routier, les faux barrages, le business de la santé qui tue et qui handicape... En Algérie, la paix n’est pas revenue, même si on est sorti – pour le moment du moins – des tueries des années 90’, on s’est habitué à la violence. L’Etat algérien s’est aussi construit sur la haine de l’intellect et de l’art, haine qui est reprise aujourd’hui par ses défenseurs et sesdits opposants.
 
- Notre peuple s’accroche aux symboles, à la dérision et notre « pays est devenu une fabrique de blagues » que nous évacuons dans les rues, les stades et les cafés», dites-vous. Personne pour conscientiser. Où allons-nous ?
 
Les personnes pour conscientiser existent. Vous vous faites vous-mêmes l’écho de ces artistes et des ces associations culturelles qui agissent un peu partout dans le pays. Elles font à leur niveau un travail louable et socialement essentiel. Le problème est que l’intérêt donné à leur travail n’est pas suffisant pour les raisons que j’ai évoquées précédemment. Il y a aussi un manque de communication qui fait que les œuvres naissent et meurent sans être connues, que les activités n’attirent pas les foules… Alors, parce que chacun a besoin de s’exprimer, on invente des blagues généralement d’auto-flagellation, cruelles à l’égard de nous-mêmes.
 
Ces blagues permettent de socialiser nos peurs, nos échecs et c’est toujours mieux que de laisser un individu comme Ali Benhadj prendre le micro pour faire ce travail en défiant l’Etat et ses chars. Néanmoins, le rire ne suffit pas et ne guérit pas les traumatismes. Où allons-nous ? J’ai l’impression aujourd’hui qu’en Algérie tout est possible. Le meilleur et le pire. Il existe une jeunesse qui ne tombe plus dans le piège des discours nationalistes ou du religieux idéologisé ; il existe aussi une jeunesse qui ne vit que dans l’espoir de mourir pour une cause quelconque.
 
On voit un Algérien menacer avec un revolver une ministre alors qu’elle n’a fait qu’exprimer des évidences mondialement connues (on n’a pas le droit de rendre publique l’image d’un mineur sans l’accord de ses parents, l’enseignant n’a pas à exprimer ses opinions politiques et religieuses devant ses élèves…), à Tizi Ouzou, on entend des manifestants de la cause amazighe scander : «Pour elle nous vivrons ; pour elle nous mourrons», comme le faisaient les militants du FIS ; les femmes et les enfants subissent des violences multiples et quotidiennes de la part d’une société qui considère que la violence est un langage comme un autre…
 
Cela dit, tout sur l’intériorisation des discours et des violences des années 90’ et sur leur répétition actuelle. Enfin, le pouvoir algérien est en train de se transformer. De nouveaux acteurs, des civils riches l’intègrent tant bien que mal. Les puissants se multiplient et le gâteau à partager est de moins en moins important.
 
Cela peut donner lieu à des luttes qui, si elles devaient se régler dans la rue, mèneraient au pire. Une nouvelle fois. Cela dit, mon livre ne se veut pas de mauvais augure. Il veut juste réfléchir sur ce qui ne va pas, participer au débat à ce propos, pour espérer une Algérie à la hauteur des rêves et des sacrifices de ses meilleurs enfants. Ce n’est pas un livre qui prône la haine de l’Algérie ou sa dévalorisation. C’est un livre écrit par amour d’un pays qui s’arrange pour faire souffrir ceux qui l’aiment. Il lui tend le miroir, il tend le miroir à chacun de nous.
 
Même si ce miroir, comme nous, est brisé. Même si nous n’avons rien à vanter, sinon notre histoire littéraire. Cette histoire m’amène à laisser les textes de Mohammed Dib, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Tahar Djaout, Rachid Mimouni, Lounis Aït Menguellet, Lounès Matoub, Brahim Tayeb, Fadéla M’Rabet, Amine Zaoui, Assia Djebar, Nabile Farès et Jean Amrouche… traverser mon texte.
 
- Dans quelle catégorie classeriez-vous Mes poches vides, mon miroir brisé ? Sa structure est différente du roman, d’un recueil de poésie...
 
Ce livre se veut un « récit poétique et analytique ». J’ai d’abord voulu faire un essai sur les années 90’. J’ai même commencé le travail de recherche qui a fini par servir à la réalisation de ce livre. C’est ce qui en fait un récit analytique. Il y a une part d’analyse scientifique importante qui repose sur des connaissances anthropologiques, littéraires, psychanalytiques, religieuses et historiques.
 
Si je n’ai pas fait l’essai que je voulais, c’est d’une part par manque de temps – le capitalisme occupe nos vies, notre corps et notre temps comme l’armée coloniale a occupé notre pays et comme les terroristes ont occupé nos champs devenus leur « maquis ». D’autre part, il m’a été très éprouvant de replonger dans les violences des années 90’. Je crois que quand on est enfant, on a une certaine facilité à garder les violences à distance. Cette force, on la perd en devenant adulte. Je revivais donc, pendant mes recherches, la terreur de cette décennie mais, cette fois, en tant qu’adulte.
 
Aussi ai-je fait le choix de me protéger en faisant un travail de symbolisation soutenu qui me permette de dire la violence réelle et sa cruauté sans les contourner, mais en même temps en les tenant loin de moi. Par ce travail, je fais l’éloge de la métaphore, ce livre en est devenu poétique. D’ailleurs, le texte le plus travaillé dans ce livre est un poème. Je crois qu’il y a là un nouveau genre littéraire qu’il convient de travailler encore pour l’enrichir et le perfectionner.
 
 Ali Chibani
 
Auteur du recueil poétique L’Expiation des innocents et du récit poétique Mes poches vides, mon miroir brisé. Ali est docteur en littérature comparée avec une thèse soutenue à la Sorbonne et publiée sous le titre Tahar Djaout et Lounis Aït Menguellet. Temps clos et ruptures spatiales.

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